Shayzar ou Shaîzar
Shayzar ou Shaîzar
Shayzar se trouve sur la rive ouest de la rivière Oronte, près de Hama, dans le centre de la Syrie. http://islamicart.museumwnf.org/database_item.php?id=monument;ISL;sy;Mon01;27;fr
Shayzar ou Shaîzar
Shayzar ou Shaîzar
Certains bâtiments sont conservés au niveau du deuxième étage, y compris le toit. A première vue, il semble déjà clair que le château d'aujourd'hui est le résultat d'un certain nombre de différentes phases de construction, réparties le long espace de temps.
On sortait là de l'obédience directe des royaumes turcs pour entrer sur le territoire des petites dynasties arabes qui, à Shayzar comme à Homs et à Tripoli, avaient profité de l'affaiblissement des Saljûqides pour se rendre pratiquement indépendantes. Leur attitude à l'égard des Croisés fut en général fort différente de celle des Turcs. En territoire turc les Croisés n'avaient rencontré que la guerre. En terre arabe, ils reçurent dès le début des offres d'entente ou, tout au moins, de compromis et purent amorcer enfin une politique indigène.
« M. Bréhier fait remarquer que, dans les chapitres qui traitent des principautés arabes, le ton des « Gesta Francorum » devient beaucoup moins agressif envers les musulmans que dans les chapitres consacrés aux Etats turcs (édition de l'Histoire anonyme, p. 181). »
Shayzar ou Shaîzar
Vestiges du château de Shayzar
Le petit-fils de cet émir, 'Izz al-Dîn Abu'l Asâkir Sultan (1098-1154), — un fin politique s'il en fut, — se sentit fort ému en apprenant l'approche des Croisés. N'allaient-ils pas vouloir rendre â l'empire byzantin la citadelle perdue ?
Le mieux était de s'entendre avec eux. Tandis qu'ils n'étaient encore qu'à Ma'arrat al-Nu'mân, l'émir avait déjà entamé en ce sens des négociations avec Raymond de Saint-Gilles, négociations continuées durant la halte du comte à Kafarfâb. Quand les divers dynastes Saljûqides avaient successivement été écrasés par les Francs, ce n'était pas le petit émir Munqidhites qui pouvait être de taille à affronter l'invasion !
Du reste plusieurs familles de Ma'arrat al-Nu'mân, les Banû Sulaimân, les Banû Abî jffusaîn, réfugiées à Shayzar après le massacre de leurs concitoyens, étaient là pour enseigner la folie de la résistance. Suliân, écoutant leurs conseils de prudence, envoya donc offrir à Raymond de Saint-Gilles le libre passage à travers le territoire de Shayzar et de riches présents en or, en argent, en troupeaux, en chevaux et en provisions de tout genre, sans parler de marchés avantageux pour le reste du ravitaillement.
Shayzar ou Shaîzar
Vestiges du château de Shayzar
« Le roi de Césarée, nous dit l'Anonyme, avait mandé souvent au comte par ses envoyés à Marra et à Capharda qu'il voulait vivre en paix avec lui, qu'il lui donnerait de son avoir, qu'il honorerait les pèlerins et leur jurerait sa foi, que dans les limites de sa domination ils ne recevraient aucune offense et qu'il assurerait volontiers leur nourriture et le ravitaillement des chevaux.
Shayzar ou Shaîzar
Vestiges du château de Shayzar
Shayzar ou Shaîzar
Vestiges du château de Shayzar
Le récit de l'Anonyme tendrait à le faire croire. Les guides prêtés par Sultan, nous dit-on, étaient chargés « de conduire les Francs où ils trouveraient bonne prise ». « Ils arrivèrent dans une vallée dominée par un château et ils razzièrent plus de cinq mille bêtes, pas mal de blé et d'autres denrées, ce qui permit de refaire les forces de toute l'armée chrétienne. La garnison du château se rendit au comte (de Toulouse) et lui donna des chevaux et de l'or fin, puis jura par sa loi qu'il n'adviendrait aucun mal aux pèlerins et nous fûmes là pendant cinq jours ».
Shayzar ou Shaîzar
Vestiges du château de Shayzar
Ce qui semble faire croire que les Francs, par suite d'un malentendu, étaient tombés sur la cachette des populations arabes, c'est qu'ils y firent, en plus de la razzia des troupeaux, un énorme butin, si bien qu'ils durent aller acheter à Shayzar et jusqu'à Homs des chevaux de trait : ils en ramenèrent mille . Ce détail prouve d'ailleurs que les émirs arabes de Shayzar et de Homs cherchaient, malgré les actes de pillage dont leurs sujets étaient victimes, à maintenir des relations amicales avec les Francs. Aussi bien l'écrasement des Turcs ne laissait-il pas d'autre attitude aux Arabes de Syrie.
Sources René Grousset - Histoire des Croisades et du Royaume Franc de Jérusalem - Plon - Paris - 1934
SourcesPour les images : Elles sont Extraites du livre "Les Châteaux d'Orient" de Jean Mesqui. Edition Hazan
Les photographies en couleurs sont de Mohamad Al Roumi et Jean Mesqui.