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Pénalités

[NOUVEAUX DÉTAILS SUR LA PÉNALITÉ]
Ces sont les choses par quoi frère pert la maison a tozjors

544. La premiere chose par quoi frère pert la maison a toz jors mes est symonie, quar frère qui est venus a la maison par symonie ne puet sauver s'arme et a perdue la maison ; et celui qui le ressoit pert son abit. Car symonie se fait par don ou par promesse que l'en fait as frères dou Temple ou a autre home qui li puisse aidier a venir a la maison.

545. Il avint, au tens dou Maistre frère Hermant de Pierregort (1), qu'il avoit frères proudomes qui repristnent lor consciences et se conseillèrent as saiges homes, et troverent qu'il erent venus par symonie. Si furent a grant mesaise de cuer, et vindrent devant le Maistre frère Hermant de Pierregort et li distrent as grans lermes et a grant tristesse de cuer, et descovrirent tout lor fait. Et le dit Maistre fu a grant mesaise, quar il estoient prodomes et de bone vie, et de bone religion et de nete. Et le dit Maistre ot privé conseill aveuques les viels homes et les plus saiges de la maison et ceaus qui plus savoient de ce fait ; et lor comanda en vertu d'obédience qu'il ne deussent parler a nul home de ce fait, et qu'i le conseillassent en bone foi et au profit de la maison.
1. Grand maître de 1229 à 1244, successeur de Pierre de Montaigu. La liste manuscrite des grands maîtres, conservée au British Museum (Cotton., Nero. E, 6), et suivie par l'Histoire des Templiers du Père M[ansuet] J[eune], distingue sans preuves bien concluantes un Armand de Peiragros, puis un Hermant de Périgord, qui ne sont probablement qu'un même personnage. Cet Hermant était précepteur de Sicile et de Calabre. On a du reste Peu de détails sur lui ; on sait qu'il fit relever en 1240 la forteresse de Saphet, ruinée par les Sarrazins, qui la redoutaient beaucoup. Il périt à la grande défaite de Gaza, où l'armée chrétienne fut écrasée par les Corasmiens alliés aux Égyptiens. (Cf. père M[ansuet] J[eune], I, 338-390, et Wilcke, I, 244-262.)

546. Et il le conseillèrent en tele maniere, et regardèrent que li proudome estoient si saiges et si de bone vie qu'il seroit grant damaiges et grans escandres a la maison se il perdoient la maison. Et ne voudrent mener les choses avant, et mandèrent a Rome a l'apostole (1) un frère qui li conta tout le fait, et li souplierent que il mandast son pooir a l'arcevesque de Cesaire (2) qui estoit amis de la maison et privés. Li apostoiles le fist volentiers et li manda letres.
1. Grégoire IX (1227-1241) ou encore Celestin IV (1241-3) ou Innocent IV (1243-54).
2. Le nom de ce prélat est, jusqu'à présent, impossible à identifier d'une façon certaine. Gams cite, en 1227, un certain Petrus, dont le nom, ou plutôt l'initiale, se retrouve dans divers textes, depuis 1206 jusqu'à 1230 au moins (années 1206, 1230. Strehlcke, Tabul. ordinis Theutonici, nº 40, 73-4. — 1230.
Delaborde, Chartes de Terre Sainte, page 98. — 1220.
Delaville Le Roulx, Les Archives de Malte, page 49. — 1207.
Du Gange, Familles d'outre-mer, page 758, etc.).

On a en outre un acte de 1239, qui porte le nom entier de Bertrandus (Strehlcke, nº 87). C'est plutôt à celui-ci qu'il faut attribuer l'intervention dont il s'agit dans notre texte. — Césarée, aujourd'hui Kaisarijeh, fut conquise par les chrétiens en 1101. La ville es située dans l'ancienne Samarie, sur la mer, au sud du Château-Pèlerin. (Voyez une description de ses ruines par Rey, Monumen de l'archithècture militaire en Orient, page 221, et planche XXII.)


547. Et quant eles furent venues au Maistre, li Maistres prist les letres et les frères, et les manda a l'arcevesque de Cesaire, et manda aveuques les dis frères les frères qui avoient esté au conseil privé dou Maistre une partie; et fu fait de l'un comandeor, et li dona pooir de faire frères par lor conseill. Il viridrent devant l'arcevesque aveuques les frères qui estoient a la maison par symonie et li baillèrent la chartre do pape ; et la chartre devisoit qu'il assouzist les dis frères en la forme qu'en doit assoudre de symonie ; et li frère se conseillèrent entérinement, et il lor dist qu'i couvenoit qu'i laissassent lor abit.

548. Si rendirent lor abit a celui qui estoit lor comandor. Et il le prist, et l'arcevesque les assolst, et le dit comandeor et li autre frère qui estoient en sa compaignie entrèrent en une chambre et tindrent chapistre. La vindrent li frère qui avoient laissié lor abit et requistrent por Dieu et por nostre Dame la compaignie de la maison ; et le comandor les jeta dehors et demanda as frères lor avis, et il s'acorderent a la proiere de l'arcevesque qui les en avoit proies, et a la requeste des frères. Et il les firent frères de novel, tout aussi come se il n'eussent onques esté frères.

549. Et ces choses furent faites por ce qu'il avoient esté grant piesse frères de la maison, et estoient saiges et prodomes, et de bone vie et religious ; et puis fu li uns Maistre dou Temple (1). — Et ces choses oy-je retraire as prodomes qui furent en celui tens, quar je
1. Munter propose d'identifier le personnage désigné ici avec Guillaume de Sonnac, successeur d'Armand de Périgord ; Sonnac, déjà fort âgé quand il fut élu en 1247, mourut deux ans après, en 1249 (Joinville, éd. Wailly, 269). Il était renommé pour sa sagesse et sa prudence. ne le sai mais par eaus. Et se li frère eussent esté de mauvais portement, ja ne lor eust esté faite ceste bonté Et ce meismes avint il après d'un prodome de ]a maison par sa bonté.

550. La segonde si est se frère descuevre son chapistre a nul frère dou Temple ne a autre qui n'ait esté en cel chapitre meismes. Mais se une faille est regardée en un chapistre, il la puet bien retraire, mais que il ne nome nul frère ; car se il nomoit celui qui auroit merci crié ne celui qui regarderoit la faille, il en perdroit la maison ; mais se li frère estoit mors ou avoit perdu la mason, il le porroit bien retraire et nomer sans avoir damaige. Et aussi quant li bailli se font par chapistre, il ne le doivent pas retraire ne raconter au quel s'acorde li uns ni a quel li autres, quar ce seroit descovrement de chapistre et a grant haine porroit sourdre.

551. Aussi quant il sont au conseill dou Maistre, doivent garder quant li bailli se font ; mais se l'on oit que i prodome feist un assenement en chapistre, l'en le porroit bien nomer, mais qu'il ne touchast a faille de frère qui fust a la maison. Mais se une noveleté se faisoit en un chapistre et li Maistres le savoit par aucune maniere, li Maistres porroit dire en chapistre :
« J'ai entendu que tele noveleté a esté faite, et je coumant que teles choses viegnent avant. »
En tele maniere le puet bien dire ; mais li Maistres ne doit comander fors de chapistre a dire chose qui soit faite par chapistre, mais en chapistre le puet comander, et l'autre le puet dire aussi d'une noveleté se ele est faite.

552. Car il avint a Chastiau pelerin (1) que frère pierre de Montagu, qui estoit Maistre (2), mist frères en penance et puis s'en ala en Acre. Et li frère dou chastel les levèrent de terre ; et quant li Maistre le sot, il torna arriéres, et tint chapistre, et reprist toz les frères qui s'estoient acordé a lever les frères de terre, et lor fu esgardée grant faille por ce qu'il n'avoient pooir de lever les : quar li Maistres les avoit mis.
1. Aujourd'hui Athlit, au sud d'Acre, entre Césarée et Caïpha, à la hauteur de Nazareth. La route du littoral franchissait en cet endroit un passage dangereux, coupure de main d'homme pratiquée à travers une crête rocheuse, qu'on appelai le Détroit ou Pierre-Encise. Ce lieu servant souvent aux attaques des Musulmans, les Templiers y avaient élevé une tour.
Puis, en 1218, ils construisirent sur un promontoire en face, qui abritait un petit port, une de leurs forteresses les plus considérables. Après diverses attaques infructueuses, le Château-Pèlerin tomba pour toujours aux mains des païens, en 1291, année de la ruine de l'Ordre en Orient.
(Description dans Jacques de Vitry. — Cf. surtout Rey, Étude sur les monuments de l'archithècture milititaire des croisés, 1871, in-4º. Documents inédits ; page 93-100, planches X-XI.)
Ce n'est qu'en 1838 que cet édifice intéressant fut ruiné, par les ordres d'Ibrahim Pacha, qui voulait employer les matériaux.

2. Grand maître de 1218-1229 ; il était précepteur d'Espagne et succéda à Guillaume de Chartres. On sait peu de chose de lui ; il assista à la prise de Damiette, et eut de longues luttes à soutenir contre Coradin et même contre l'empereur Frédéric II (Cf. Père M[ansuet] J[eune], page 289-337, et Wilcke, page 214-243).

553. La tierce est, se frère tue I crestien ou une crestienne, ou fait tuer, il en pert la maison.

554. Car il avint en Antyoche (1) que I frère qui avoit a nom frère Paris, et dui autre frère qui estoient en sa compaignie, firent tuer marcheans crestiens ; si fu la chose seue par autres, et on lor dist por quoi il avoient fait tel chose, et il respondirent que pechiés lor avoit fait faire. Et le comandor lor fist crier merci, et furent mis en respit ; et vint la faille devant le covent, et lor fu esgardé a perdre la maison et qu'il fussent frustes (fouettés) par Antyoche et a Triple et a Sur (2) et en Acre (3). Ensi furent frustes et crioient : « Vés ici Ia justise qui prent la maison de ces mauvais homes ; » et furent mis en prison perpetuei a Chastiau pelerin et la morurent. Et puis en Acre avint ce d'un autre frère, semblable a ce meisme fait.
1. Ceci est antérieur à 1267, la ville ayant été reprise cette année-là par Bendokdar, le sultan d'Egypte. Elle avait été prise par les croisés en 1097, après un siège fameux. (Cf. Guillaume de Tyr, IV, 9, etc., et le plan dressé par A. Longnon dans l'édition due à page Paris, tome I, page 135. — Voy. encore Rey, Arch, milit., P- 183-204.)
2. Tyr. Les Templiers possédaient des Mens autour de cette ville, qui fut conquise par les chrétiens en 1110. On trouve le nom d'un précepteur de la maison du Temple à Tyr, Fr. Geofridus Morinus, parmi les signataires d'une pièce de l'année 1187. (Italia Mera, tome III, col. 415.)
3. Acre, ou Ptolémaïde, fut prise aux Arabes en 1104 par Baudouin Ie. En 1187, Saladin s'en empara de nouveau, mais pour peu de temps, car elle retomba au pouvoir des croisés en 1191, après un siège de deux ans dirigé contre elle par Richard Coeur de Lion et Philippe-Auguste. La place resta dès lors aux francs pendant un siècle, et ne leur fui arrachée que par le siège qui ruina les derniers restes de leur puissance, en 1291, siège pendant lequel les Templiers s'ensevelirent presque tous sous les ruines de leur donjon. L'ordre du Temple avait plusieurs établissements à Acre : celui dont il s'agit ici sous le nom spécial de voute (enclos, ou lieu entouré par les flots. Cf. Du Cange, vº Volta) est évidemment le donjon et les bâtiments du grand maître et des chevaliers, situés au bord de la mer, à l'extrémité du port. C'était l'édice le plus considérable de la ville. Il était borné à l'est par la rue des Pisans et au nord par la rue Sainte-Anne. C'était aussi le principal port des Tempters, et c'est ce qui explique que le commandeur de la voûte, quoique frère sergent, soit un des dignitaires principaux de l'ordre en Orient. Voyez l'Étude sur la topographie d'Acre au XIIIe siècle, de Rey (Société des Antiquaires de France, XXXIX, 1878, page 115), qui donne le plan conservé au Vatican.

555. La quarte est larrecin, qui est entendu en pluisors manières : que l'en tient a larrecin cil qui emblent, ou celui qui ist de chastel ou de maison fermée, de nuit ou de jor, par autre part que par la droite porte qui fust overte, ne dessus ne dessous ne deignent issir. Ou celui qui embleroit les clés ou feroit contre-clef por ovrir la porte, il li seroit conté a larrecin ; quar nul frère ne doit ovrir porte se non ensi come il est acostumé a la maison. — Et se un comandor demande a un frère sergant qui sera en son comandement qu'i li mostre les choses qui sont en son pooir et par son comandement, li frère les li doit toutes mostrer ou dire la ou eles sont, et se il ne le fasoit et en retenist la montance de mi deniers en sus, il en perdroit la maison.

556. Car il avint a Chastiau blanc (1) que un frère qui estoit sur la bergerie, que son comandour li dist qu'il li mostrast toutes les choses que il avoit en son comandement, et li frère li mostra tout fors une jarre de burre et dist qu'il n'avoit plus. Et son comandor sot que la jarre estoit laiens et reprist le frère. Et li frère ne li pot neer, ains l'otroia ; si en perdi la maison.
1. Safit, à la hauteur de Tortose, au nord et dans le comté de Tripoli, une des meilleures places fortes des Templier plusieurs fois prise et démantelée par les Musulmans, finalement en 1271. Il en reste d'importantes ruines (Cf. Rey, Pages 85 à 92 planche IX).
Le donjon, rectangulaire, servant à la fois de chapelle et de fort, est à 380 mètres au-dessus de là vallée.
Deux enceintes l'enfermaient. Aujourd'hui, un village important s'est élevé dessus.


557. Se aucuns frères par ire ou par corrous laisse la maison et en porte les choses qu'il ne doit porter, il en pert la maison, car ce est larrecin. — Et saichent tuit li frère dou Temple qui laissent la maison, qu'il n'en doivent porter nule chose double. Et n'en doit porter or ni argent, ni beste mener, ne nule armeure : c'est assavoir chapiau de fer, ne hauberc, ne chauces de fer, ne arbalestre, ne espée, ne cotiau d'armes, ne jupel d'armer, ne espalieres, ne masse, ni lance, ni armes turqueses. Et briement, qui en prent nule riens qui as armes afiert et l'en portoit, il en perdroit la maison.

558. [Ce sont les choses qu'il en pevent porter - Rubrique ajoutée après coup du Manuscrit de Paris].
C'est assavoir une cote et une guarnache a penne, ou un jupel de vestir, et une chemise, et unes braies, et unes chauces, et uns soliers, ou les hueses sans les soliers, et un chapiau de bonet, et la coife, et une ceinture, et un coutiau a pain trenchier ; et toutes ces choses sont a entendre teles come il avoit vestu a la prime (2). Et puet porter I manteau ou la chape, mais se il li est demandés il le doit rendre, et s'il le retient il en pert la maison ; et se il ne li estoit demandés, si le doit il rendre arrieres, quar se il le retenoit II nuis en sus, fust demandés ou non, il en pert la maison. Car cil mauvais frère qui laissoient la maison et en portoient l'abit, le portoient parmi les tavernes et par les bordiaus et par les mauvais leus, et les metoient en gaiges et les vendoient as mauvaises persones, dont la maison avoit grant honte et grant vergoigne et grant escandre : et por ce establi li couvent et li prodes-homes de la maison, et por ce que li manteaus vaut plus que li soliers ou coutel d'armes ou masse ; quar por chascune de ces choses la perdroit il qui en porteroit I desabit, il en perdroit la maison.

559. Mais por ce ne quasserent il mie le premier establissement, que qui giroit h nuis dehors si come il est dit dessus, que il peust I an et I jor recovrer son abit. Dont cil [qui] regardent, s'il vient après la prime ou mande le mantel, que il ait perdue la maison, cil vont encontre le premier establissement que nul ne puet abatre se li couvent ne l'oste ; et aussi cil qui dient après I jor ou après vespres. Mais la nostre conscience si est tele, que cil qui tient les II nuis et l'endemain tout le jor jusques a la nuit que li jors est passés a ore de complies, que de qui en avant, se il revenoit ou mandoit [Ou s'il renvoyait son manteau], adonques le porroit om esgarder a perdre la maison ; car adonques puet l'en dire que il l'a retenu outre les II nuis et un jor entérinement. Et la conscience se porroit sauver et ne seroit brisiés li premiers establissemens ; mais por ce que ceste faille n'est ne onques ne fu bien esclarsie, por ce en dit chascuns sa conscience. Et je n'ai dit la nostre, mais je ne me charge d'autre assenement quar je ne l'oï onques faire clerement ; mais bien ai oy retraire as viels homes de la maison ce que j'ai dit dessus ; mais chascun doit sauver sa conscience.

560. Il avint que uns qui avoit a non frère Hugues laissa la maison en Acre, et rendi toutes les choses que il devoit rendre, fors le mantel que il retint II nuis, et le jor après le manda ; poi de tens après se repenti et vint crier merci a la porte si come il est establi a la maison, et li frère le regardèrent a perdre la maison. Et aucuns frères redioient qu'il n'estoit pas raisons que por le mantel perdist la maison, s'il ne l'avoit retenu plus qu'il ne l'avoit retenu, mais de ce ne distrent certainnement combien de tens il le pooit tenir. Et un ot defaute, que l'on ne sot certainement a quel hore il l'avoit rendu : et por ce s'acorda la plus grant partie dou couvent, por ce que il l'avoit plus tenu qu'il ne devoit et que les II nuis estoient passées, et ne savoient a quel hore il l'avoit rendu, il ne pooit retorner a la maison. Et sachiés que cil qui ce regardèrent et maintindrent s'en sont maintes fois repenti de ce que il regardèrent. Et se une novelletés se fait, por ce n'est-il pas establissemens que l'en doie tenir, et ne le doit l'en pas maintenir ; mais se li Maistres et li couvens establissent chose, cele doit estre tenue.

561. Il avint que uns frères laissa la maison a Chastiau pelerin et rendi tout son hernois, et puis après vint crier merci a la porte ; et li Maistres fist sa demande, et il y ot frères qui distrent qu'il avoit uns retrais [Qu'il avait retenu plusieurs choses] et qu'il le savoient bien, et por ce qu'il ne furent trovés il en perdi la maison. Et tous frères est creu sor frère, quant il laisse la maison, de ce que il die qu'il aura perdu son hernois par la faute dou frère qui ait laissée la maison.

562. Il avint que un frère laissa la maison a Albe, et s'en ala au Crac (1) et en son chemin perdi I arc qu'il portoit, et un sergent le trova et le rendi a son comandour ; et li frères dist que quant il s'en ala il avoit laissée une espée en sa place, et le comandor ne la trova pas ; puis retorna li frères et cria merci et fu mis en respit par devant le Maistre et le couvent, et vint par devant le chapistre general et cria merci. Et li frère regardèrent que por l'espée qui estoit perdue a la maison et por l'arc qui estoit perdus, — quar la maison ne l'avoit pas recovré par lui, — por chascune de ces choses li fu esgardé a perdre la maison.
1. Nous pensons qu'il faut entendre par ces deux noms les châteaux de Blanchegarde et de Karak ou la Pierre du désert, malgré leur éloignement.
Le premier, dit aussi Alba specula, était situé dans l'intérieur des terres entre Ascalon et Jérusalem, au sommet d'une colline (aujourd'hui Tell-es-Saphieh). Fondé par Foulques d'Anjou en 1140, il fut pris par Saladin en 1187. Il n'en reste que des ruines méconnaissables (cf. Rey, Archit. mil., page 123).
— Le second, situé près et à l'est de la mer Morte (aujourd'hui Kir-Moab), fut fondé en 1143 par Payen, bouteiller du royaume de Jérusalem (Guillaume de Tyr, L. XV, c. 21).
C'était aussi la résidence de l'archevêque dépendant du patriarche de Jérusalem. Cette place forte (cf. Rey, page 132, pl. XIV) fut longuement mais vainement assiégée par Saladin en 1183 (Guillaume de Tyr, XXII, 17, 29); elle ne passa en ses mains que par un traité, en 1188.
Le grand maître était alors Terric (1185-1188).
— Il y avait deux autres châteaux du nom de Krak, avec lesquels il ne faut pas confondre celui-ci ; l'un était à Montréal ou Schaubak, au sud de la mer Morte; l'autre, et le plus fameux, était le Krak des chevaliers, ou Kalaat-el-Hosn (Rey, page 39-67, pl. IV-VII), appartenant aux Hospitaliers; ses ruines, splendides et magnifiquement conservées, subsistent encore ; il était situé presque à la hauteur de Tortose, dans le comté de Tripoli, et ne fut évacué par les chevaliers qu'en 1271.


563. Il avint que un frère chapelain venoit de Triple par mer, et le prist une maladie, et de ce morut avant qu'il venist a Baruth ; et quant le comandor sot qu'il fu au port, il [l']ala querre et le fist enterrer. Et le comandor prist uns viels vestimens et l'en revesti, puis ovri les besaces dou frère chapelain et prist uns vestimens en leuc de celui ; après manda toute la robe au Maistre fors une espée. Après dist l'on au frère qu'il ne le pooit faire, et il estoit simples hons, et en cria merci par devant le Maistre. Et por ce qu'il savoit poi des usages de la maison et l'avoit fait en bone foi, et damaiges n'en estoit avenus, li Maistres pria les proudeshomes qui la erent qu'il preissent la chose sur yaus avant qu'ele alast avant. Quar s'il la vosissent metre en avant, li frères eust perdue la maison : por ce que quant frère chapelains muert es parties deça la mer, tuit si livre et ses vestimens et tuit si juel doivent I venir en la main dou Maistre, fors la robe de vestir et de gésir et les armeures, qui doivent aler la ou eles doivent aler ; et se il muert es parties d'outremer, eles doivent aler en la main dou comandor dont il est. Et se nul frère pernoit riens des choses dessus dites, l'on li conteroit a larrecin.

564. Se frère brise clef ou sereure qui ne soit en son comandement, et en prent nule chose sans congié de celui de qui ele seroit, et il fust ataint qu'il eust pris les choses, il li porroit estre conté a larrecin.

565. Se frère met la main a autrui besaces et li frères de qui eles sont disoit que il eust perdu de ce que il avoit dedens, et il le poist ataindre qu'il eust la main mise dedens ces besaces et (qu')il peust prover qu'il eust perdu de ces besaces ce qu'il avoit dit, il li seroit conté a larrecin.

566. Se frère muert et on li trove or ni argent en ses besaces ou en son hernois, et il soit frères de covent ou il l'eust mis dehors la maison ou escondu [caché] sans congié de celui qui doner li puet, et il ne le confessoit a la mort a son comandor ou a autre frère, il ne seroit mie mis en cimentire, mais seroit jetés hors a chiens et se il estoit en terres, hom le jeteroit defors, et a esté fait de pluisors autres.

567. La quinte est comune ; car comune est de il frères ou de qui en amont. Et se deus frères s'acordoient ensemble et ferroient [frappaient] un frère ou le repernoient de chose qui fust mensonge, et il estoient ataint que acordéement l'eussent fait, ce seroit tenu a comune et perdroient la maison.

568. La sisime est, se frère laisse la maison et s'en vait as sarrazins, il pert la maison.

569. Il avint que frère Rogiers l'Aleman (1) fu pris a Gadres (2), et li sarrazin li distrent que il se reneast, et li firent lever le doi et crier la loy ; et fu mis en la prison avecques les autres frères, et cria merci devant les frères, et dist encores que ne savoit que estoit ce qu'i li faisoient crier. Et fu mis en respit devant le Maistre et le couvent, et quant il fu délivres il cria mercis en chapistre general, et perdi la maison por ceste chose.
1. Il y a une famille importante de ce nom, dont un membre fut seigneur de Césarée au milieu du XIIIe siècle (cf. Du Cange, Familles d'outre-mer, 503-509), mais aucun des noms connus de cette famille ne répond au chevalier mentionné ici.
2. Ce nom peut s'appliquer à deux villes, toutes deux places fortes, toutes deux célèbres.
L'une, Gadara, dont il est très souvent question dans la Bible, est une des cités de la Décapole, a l'est du Jourdain, près et au sud du lac de Tibériade (cf. Guillaume de Tyr, XVI, 13).
L'autre, qui semble devoir être plutôt celle dont il s'agit ici, est Gaza ou Gazara, près de la mer, au sud d'Ascalon, à l'extrémité de la Palestine. Elle appartenait à l'ordre du Temple depuis 1149, fut prise en 1187 par Saladin, et reprise par les chevaliers en 1191.


570. Il avint au Safet (1) que un frère qui estoit a la grosse forge se parti dou chastel a tout son hernois por entension de laissier la maison, et ala cele nuit a un casai des Alemans (2) qui estoit garnis de sarrazins ; et l'endemain s'en repenti et vin a Acre, l'endemain après la prime, et vint droit a nostre maison, et au premier chapistre ou il fu cria de ceste chose merci. Et li frère li gardèrent a perdre l'abit, et aucun prodome parlèrent de ce qu'il avoit une nuit herbergié aveuques les sarrazins ; et se le casau ne fust a comandement des crestiens, et li baillis ne fust crestiens, il eut perdue la maison.
1. Saphet, près et au nord du lac de Tibériade, à peu près à la hauteur d'Acre.
— Cette place forte, ruinée en 1219 par les Musulmans, fut rebâtie à grands frais, en 1240, par le grand maitre Hermant de Périgord (cf. Père M[ansuet], Hist, des Templiers, I, page 369-373).
Mais elle fut encore arrachée à l'ordre et Pour toujours, en 1266, par Bendokdar, qui massacra les défenseurs jusqu'au dernier.

2. C'est-à-dire appartenant aux chevaliers Teutoniques. Il y avait, précisément entre Saphet et Acre, plusieurs châteaux forts de cet ordre (fondé vers 1190), Montfort, par exemple, le plus important. Cf. sur ce point : Prutz, Die Besitzungen des Deutschen ordens im heiligen Lande. Leipzig, 1877 (avec carte).

571. La septime [est] se frère estoit de mauvaise loy et n'estoit bien creans en la loy de Jhesu Crist.

572. La huitisme est, se frère faisoit contre nature et contre la loi nostre Seignor, il en perdroit la maison.

573. Il avoit a Chastiau pelerin frères qui usoient de mauvais pechié et manjoient de nuit en chambres ; si que cil qui estoient près dou fait, et autres qui trop l'avoient soufert, distrent au Maistre ceste chose et a une partie des prodeshomes de la maison. Et le Maistres ot conseill, que ceste chose ne venist en chapistre, que trop estoit le fait lait, mais feissent venir les frères en Acre ; et quant ils furent venus, le Maistre mist un prodome en la chambre, et autres en sa compaignie en la chambre ou il erent, et lor fist lever l'abit et metre en gros fers. Et I des frères, qui ot a nom frère Lucas, eschapa de nuit et ala as sarrazins. Et li autre dui furent mandé a chastiau pelerin ; et l'un cuida eschaper, si fu mors, et l'autres demora en la prison grant piesse.

574. La novisme est, se frère laisse son confanon et fuit por paor des sarrazins, il pert la maison. Et nostre viel home si dient, se frère sont mandés au servise de la maison et cil qui les mande lor done un comandor des chevaliers et ne porte point de confanon ; et dient, se aucun frère se partoit de son commandor et s'en fuist por paor de sarrazin, qu'il en perdroit la maison. Et aucun autre frère dient que il n'est pas [Peu importe s'il n'y a pas de confanon] confanon, et qui laisse son comandeor en bataille bien laisseroit son confanon ; par quoi c'est bien semblant que par raison le puet l'on regarder de la maison.

575. Se frère vont en servise de la maison et n'ont point de comandor, et il voient que il soient en perill de sarrazins, il puent bien eslire un d'eaus a comandeor, et puis li doivent estre obedient et tenir près de lui en fait d'armes, ausi bien come se l'on lor cust doné a comandeor.

576. Car il avint que tartars furent en cest païs (1) ; et li Maistre manda par conseill des prodeshommes XII frères en Jerusalem. Et li IIII se partirent de la vile, qu'il n'i demorerent. Le Maistres entendi le perill en quoi li frère estoient, si manda une chartre au comandor des chevaliers et as autres frères, qui se deussent retraire jusques a Japhe (2), qu'il ne fussent assailliz des tartars. Le comandor des chevaliers ne le vost faire ; sur ce IIII frères vindrent au comandor et li distrent qu'il feist ce que la chartre dou Maistre li comandoit, et il respondit qu'il ne s'en partiroit sans les frères de l'Ospital qui estoient venus en sa compaignie. Et li IIII frère prièrent le comandeor qui lor comandast par comandement qu'il demorassent en sa compaignie ; et le comandor dist qu'il ne le feroit pas. Et sur ce uns frères qui estoit li plus viels hons de la maison d'eaus toz lor fist assenement qu'il s'en pooient bien aler puis que li Maistres comandoit que il s'en alassent, et n'eussent paor de la justise de la maison, quar l'on ne lor pooit esgarder faille sur ce : cil IIII s'en vindrent, et quant il furent devant le Maistre il crièrent merci de ceste chose par lor plaine volenté.
1. Il s'agit de l'invasion que firent les Tartares en 1257, sous le magistère de Thomas Béraud, qui est ici désigné (1257-1273). Après avoir enlevé Damas et plusieurs places importantes aux Turcs, ils furent défaits à Tibériade par le sultan d'Egypte, en 1260. Plus tard, ils firent alliance avec les Templiers, sous Jacques de Molai, contre les Musulmans, leur ennemi commun (1299).
2. Joppe ou Jaffa, au bord de la mer, entre Ascalon et Césarée, au nord de Jérusalem. Cette place fut définitivement perdue par les chrétiens en 1268.

577. Et aucun distrent qu'il avoient perdue la maison por ce qu'il avoient laissié lor comandeor et lor confanon en peril de sarrazins. Et la plus grant partie d'eaus distrent que la chartre dou Maistre yere alée au commandour et a toz les frères, que il s'en venissent, et le comandeor ne lor vost faire comandement de demorer, et por ce, que li plus viels homes de tout yaus avoit assené qu'il s'en porroient venir sans avoir damaige de la maison ; car se la chartre ne fust alée en tele maniere et l'assenement ne fust fait, on lor poist faire perdre la maison. Et aucuns de ces IIII frères dist qu'il avoit congié de venir quant il voudrait, et li Maistre li en porta guarentie, et as autres fu regardée faille sans lor abit, por ce qu'il n'avoient lor comandeor atendu. Et cil qui fist l'assenement fu mis a I jor.

578. Se Dieu fait son comandement de uns des comandeors des provinces, celui qui remaint en son luec doit prendre tout le hernois au conseil d'une partie des prodomes de la maison qui la seront entor lui, et seeler les besaces de boules [Les sceaux] des comandeors qui la seront. Et la boule dou comandor qui sera mort soit mise dedens, quar les besaces doivent estre mandées au Maistres, et tuit li autre joel, et l'or et l'argent, doit estre mis en la huge dou comandeor et bouler tout ausi come les besaces ; et faire assavoir au Maistre qu'il face son comandement, car toutes les choses dessus dites doivent venir en la main do Maistre sans riens oster. Mais les bestes et la robe de vestir et de gésir et les armeures sont en la volenté dou comandour a faire ce qui li plaira ; et se il autre chose en retenoit, il en porroit perdre la maison.

579. Et se il estoit Visitour de par le Maistre et de par le couvent, si come il se doivent faire, et Dieu feist son comandement de lui outre mer, aussi doit l'en prendre ses besaces et metre leans sa boule, et tous ses menus juaus que l'en i porra metre, et qu'eles soient bien boulées de la boule au comandeor et des autres comandeors, et mandées au Maistre. Et toutes les autres choses, or et argent ou quelque chose que ce soit en sa chapele, tout doit estre mis ensemble et tout doit estre mandé au Maistre en la terre d'outre mer, et les bestes meismes. Car toutes les choses briement qui la sont, dou Maistre et dou couvent sont, se ce n'estoit robe de gésir ou de vestir, qui doivent estre donées por Dieu.

580. Il avin que frère Martins Sanches (1) estoit comandeor de Portigual et morut avant qu'il venist en sa baillie. Cil qui fu mis en son luec prist une partie des choses qu'il avoit la mandées et les dona a son escient au proufit dou Temple ; et le frère avoit poi esté en nostre maison et ne savoit la desfence. Et quant le Maistre sot coment ce fu aie, il manda querre le frère et li fist crier merci ; et por ce qu'il ne savoit l'usaige de la maison, li Maistre ot conseil aveucune grant partie des prodomes de la maison, et ne voustrent mener la chose a ce qu'ele peust estre menée, car il ne savoit especiaument les establissemens de la maison.
1. Un travail inséré dans la collection de documents publiés par l'Académie de Portugal en 1722, tome I et II, sous le titre de Cataloga dos mestres da Ordem do Templo Portuguenses, composto pelo page tome Laça de S. Catharina, nous donne quelques renseignements précis sur la question. Martin Sanchez était commandeur de Portugal en 1228, sous le roi Sanche II. Il célébra, dit l'auteur, un chapitre provincial à Castello Branco, où se trouvaient convoqués et réunis les frères des trois royaumes, Portugal, Castille et Léon ; d'où il infère que Sanchez était maître des trois provinces. Il passait pour fort habile; malheureusement il mourut l'année suivante. Son successeur, toujours selon le Luca, fut Simon Mendès, qui occupa le magistère de 1229 à 1239.

581. Et quant Dieu fait son comandement d'un des comandeors des provinces, il ne puet metre nul frère en son luec se non tant come il est vis [vivant]. Et quant Dieu a fait son comandement de lui, cil qui l'a mis en son luec doit mander au comandeor de la province et faire assavoir la mort de lor comandeor ; et il doivent venir, et doivent eslire un d'eaus, quel qui lor plaira, quant il seront assemblé en un luec covenable ou il les assènera a un jor nomé. Et celui qui est en luec de comandeor doit mostrer le fait de lor comandeor a ces comandeors et a celui qui tient luec de grant comandor, jusques a tant que li Maistre aura fait son comandement ; et cil qui sera mis en leu de comandeor doit faire assavoir au Maistre la mort de son comandour et mander les choses si come il est dit desus.

582. Car il avin que frère Guillaume Fouque (1) estoit Comandeor d'Espaigne et fu malades : estant en sa maladie il mist frère Adam en son luec. Et puis distrent aucun qu'il faisoit mal quant il ne laissoit frère Reymont de Lunel ; et il dist « de par Dieu je le lais en mon leu, » et sur ce il morut. Et quant il fu mort frère Adam dist que il estoit en luec de Comandeor, et frère Reimont de Lunel dist qu'il avoit esté avant de lui, et sur ce orent contrast [Contestation] ; et li frère de Castele et de Leon se tindrent aveuc frère Adam, et cil de Portegal se tindrent aveuc frère Reimont de Lunel, et chascun s'en ala en sa partie, et chascun tint chapistre, et firent baillis, et usa chascun de tant de pooir come puet user frères qui est en luec de Comandeor.
1. C'est le successeur de Simon Mendès, dont nous venons de mentionner le nom au sujet de Martin Sanchez (§ 580). Il occupait cette charge en 1239, sous le roi Sanche II, d'après la même liste des maîtres de Portugal. Il paraît bien que ces maîtres avaient alors les trois provinces d'Espagne sous leu commandement.

583. Et firent assavoir au Maistre le fait coment il estoit. Et le Maistre manda comandeor en Espaine et manda a ces il frères qu'i venissent en cest païs ; et il vindrent et crièrent merci de ceste chose devant le Maistre et le couvent. Et li Maistres et li couvent virent que le dui frère avoient perdue la maison, et le mistrent en respit por ce que il estoient dui prodome et de bone vie et de bone religion, et que la chose estoit novele. Après avin que la bataille se devoit faire a Gadres entre les crestiens et les sarrazins, et nos gens erent a Escalone (1). Et le Maistres assembla les frères après matines et lor pria qu'il preissent sur yaus le fait de ces II prodomes ; et il le firent volentiers et lor pardonerent lor faille. Mais sachiés qu'il avoient perdue la maison selonc noz establissemenz, por ce que il avoient usé de pooir dont il ne doivent user, selonc ce qui est dit dessus. Et si dioient li proudomes de la maison qu'en pooit bien noter ce a comune, de tout ceaus qui avoient maintenu le fait.
1. Ascalon ; sur la mer, entre Gaza et Ibelin, au sud de la Palestine. La ville ne fut prise par les chrétiens qu'en 1154, après un massacre de quarante Templiers, qui, avec le grand Maître Bernard de Tremelai, avaient imprudemment pénétré dans la ville par une brèche, et auxquels l'ennemi avait coupé la etraite. Saladin reprit la place en 1189 et la démantela en 1191, quand il dut renoncer à la garder. Bien que dès lors en la possesion des chrétiens, elle resta dans l'abandon. Sa forme était un demi-cercle (cf. Rey, Archit. milit., page 205, pl. XIX). Guillaume de Tyr en fait une description au liv. XVII (c. 21-30) de son histoire.

584. La disaime est, se frère qui soit rendus a la maison por home lai se fait ordener sans congié de celui qui doner li puet, il en porroit perdre la maison. Et se il estoit ordenés a soudiaque o de qui en sus, et il le celoit a sa promission faire et il en fust atains, il en porroit perdre la maison.

585. Car il avint que le Comandeor de France manda un frère deçà mer, qui estoit de sa baillie et s'estoit fait ordener a soudiacre, et vint en chapistre general qui estoit a Cesaire. Et i estoit frère Guiraut de Braies et frère Hugue de Monlo (Cf. § 592) et mult d'autres viels homes, et li fu regardé a perdre la maison por ceste raison qu'il s'estoit fait ordener sans congié.

586. De toutes ces choses devant dites porroit l'en perdre la maison, et si y a autres branches.
Il avin que nos aviens un frère chevalier, et y ot frères de son païs qui distrent qu'il n'estoit pas fis de chevalier ne de lignage de chevalier, et les paroles en furent si grans par la maison qu'il couvint qu'eles venissent avant en chapistre. Et les frères meismes distrent que s'il estoit en la place il seroit bien atains ; si s'acorderent li frère que l'en mandast querre, quar il estoit en Antyoche. Et le Maistre le manda querre, et quant il fu venus au premier chapistre ou il fu, il se leva et dist devant le Maistre qu'il avoit entendues paroles qui erent dites sur lui. Et li Maistre comanda que cil qui avoient dites les paroles se levassent, et il se levèrent, et fu ataint que son pere nen est chevalier ne de lignage de chevalier : si li fu ostés le manteau blanc et doné mantiau brun, et fu frère chapelain. Et cil qui le fist frère estoit outre mer, et quant il fu venu deçà il cria merci de ce qu'il avoit fait frère, et dist qu'il l'avoit fait par comandement de son comandor de Peito [Poitou], lequel estoit mort, et il se trova en vérité de ce. Et se ce ne fust qu'il trova guarentie qu'il l'avoit fait par comandement, et ce meismes qu'il s'estoit bien portés en sa baillie et estoit proudons, en li eust osté l'abit, por ce que nus ne doit doner abit a celui qui avor ne le doit ; quar nul sergent ne doit avoir mantel blanc. Et se tele chose avenoit dou Maistre, l'en li porroit faire bien si come ill a esté fait et dit dessus.

Ces sont les choses par quoi li frère perdent lor abit s'il en sont ataint, dont Dieu les gart

587. La premiere est, se frère refuse le comandement de la maison et se maintient en l'eredie [Folie, indiscipline] et ne veaut faire le comandement qu'en li aura fait, l'en li doit oster l'abit et metre en bons fers. Mais durtés seroit a faire en tel maniere, ains le doit hom laissier refroidir de son corrous et aler a lui belement et dire li : « frère, faites le comandement de la maison ; » c'est plus selonc Dieu. Et se il le fait et damaiges nen est venus, de par Dieu l'abit est en la volonté des frères ou dou prendre ou dou laissier. Au comandement de la maison ne doit hom dire « non, » mès « de par Dieu; » et se il ne le fait, l'en li puet oster l'abit et faire lui ensi come j'ai dit dessus.

588. Il avint a Tortouse (1) que le comandour fist comandement a I frère, et li frères dist : « Espoir, je le ferai. » Et le comandour fist assembler les frères et le fist crier merci de ceste chose, et li frère dist qu'il feret le comandement. Et li frères furent tuit enpeeschié de laissier l'abit, por ce qu'il n'avoit otroié le comandement a la premiere parole.
1. Tartous, au nord de Tripoli ; un des plus considérables châteaux forts des Templiers, et une des dernières places qui résistèrent aux païens ; en même temps ville maritime importante et évêché. La cathédrale était même un lieu de pèlerinage, sous le nom de Notre-Dame de Tortose. (Cf. Joinville, CXVIII.) Un acte, transcrit par M. Delaville le Roulx {Les Archives de l'ordre de Saint-Jean à Malte, page 112), a été passé à Tortose par les Templiers, en 1169. La place leur appartenait alors depuis peu d'anées. Elle ne tomba aux mains des Musulmans qu'en 1291 ; ses défenseurs furent tous massacrés. L'Ordre fit, en 1300, avec concours des Hospitaliers et d'Amaury de Lusignan, une tentative infructueuse de débarquement dans l'ile de Tortose [Rouad], l'année suivante les Templiers occupèrent l'île, mais durent se rendre peu après (22 octobre 1302). (Cf. la description et le plan dans Rey, Archit. militaire, page 69-83 et pl. VIII et XX, et Delaville le Roulx, La France en Orient au XIVe siècle, page 41.)

589. La segonde est, se frère met main sur autre frère iréement et corroussement et li fait remuer les piés de la place, ou li romp les ataiches de son mantel, l'abit ne li puet demorer. Et se la bateure est trop grant ne laide, en le puet metre en fers ; et puis que frère a esté mis en fers, il ne doit porter confanon baussant ne estre en eslection de Maistre. Et avant qu'en li face crier merci de sa faille, l'en le doit faire assoudre. Et assi se il avoit feru home de religion ou home [de] clergie, il se doit faire assoudre avant qu'en li regarde faille.

590. La tierce si est, qui fiert crestien ou crestiene [ou crestiene est ajouté en marge, dans le manuscrit de Paris] d'armes esmolues, ou de pierre ou de baston, ou chose dont a un cop le poist ocirre ou mahaignier, l'abit est en la merci des frères.

591. Il a vint en Acre que frère Hermant estoit comandour de la boverie, et dui clers pernoient colons doreiz qui estoient do colomber de la maison. Et le comandeor lor dist qu'i ne le feissent plus, et il ne le vostrent laissier. Et le comandor avoit un frère qui les agaita quant il pernoient les colons, et le comandor avec les frères les bâtirent molt bien et blecerent l'un en la teste. Et li clerc se clamèrent au Legat, et le Legat le mostra au Maistre ; et le Maistre les fist assoudre premièrement puis lor fist crier merci en chapistre, et lor fu lor abit osté, et mis en fers et mandés en Chipre1, por ce que la bateure estoit trop laide.
1. Les Templiers avaient possédé un instant toute l'île de Chypre, en 1191, pour l'avoir achetée de Richard Coeur-de-Lion ; mais, embarrassés de cette possession, ils la revendirent à Guy de Lusignan, en 1192. Dès lors, il n'est plus mention de cette île dans leur histoire avant 1291, époque de la ruine définitive et de l'abandon de leurs établissements de la terre sainte : les débris de l'Ordre se réfugièrent alors avec les Hospitaliers sur le territoire des Lusignans qui leur donnèrent asile ; ils se cantonnèrent à Limisso particulièrement. M. de Mas Latrie a reproduit, dans le le premier des Documents de son Histoire de Chypre (p. 109), un passage de la chronique inédite d'Amadi où se trouve indiqué sommairement un inventaire des biens de l'ordre du Temple en Chypre, le 1er juin 1307. Mais plusieurs passages de la Règle (cf., outre celui-ci, le § 618) prouvent l'existence, en Chypre, antérieurement au départ des Templiers de la terre sainte, de maisons ou de casaux, et la présence de frères de l'Ordre et même de commandeurs. Les Templiers, semble-t-il, avaient donc, après leur départ en 1192, conservé quelques fermes, quelques pied-à-terre dans l'île, sans doute pour servir de magasins, de comptoirs, et, à l'occasion, de retraite aux vieillards et aux infirmes, ou, comme ici, aux condamnés.

592. Il avint que li couvent estoit a Japhes, et en lor comanda qu'il feissent trousser a la mie nuit ; et frère qui estoient en I ostel ensemble orent paroles, et li uns frères mist main sur l'autre as cheviaus et les jeta a terre, et i ot frère qui le virent. Et l'endemain vint le covent au jor a Arsuf (1), et oyrent la messe et les hores. Et frère Hugue de Monlo estoit Mareschaus, qui ot entendu ces noveles ; si retint les frères en la chapele et tint chapistre, et i ot mult de frères qui s'enmerveillerent, et mist les paroles en avant qu'i avoit entendues. Li frères se leva et dist qu'il estoit batus et qu'il y avoit frères qui l'avoient veu, et li Mareschau cuida qu'il venissent avant.
1. La forteresse d'Arsuf (Antipatrida), située au bord de la mer, entre Jaffa et Césarée, appartenait aux Hospitaliers. Elle tomba définitivement aux mains des infidèles en 1265.

593. Et le frère qui avoit fait le fait se leva et cria merci, et il le manda defors le chapistre et li frères chapelain aveuc lui, qui l'assosist, quar il avoit bien le pooir ; et puis qu'il l'ot assos il revint en chapistre et li frère chapelains dist qu'il l'avoit assois. Et on li fist crier merci autre fois si come il avoit fait devant, et le jeta l'en defors ; et li fu esgardé a perdre son abit et a metre en fers. Et si i ot grant débat des viels homes de la maison, por ce que la bateure n'estoit aparissant, nen y avoit sanc ; et li autre maintenoient, puis qu'il avoit mis main sur le frère iréement et que les choses estoient venues en chapistre, que l'en le pooit bien faire. Et frère Hugue de Monlo fist assenement que l'en pooit bien faire segon les usaiges de la maison ; et li plus s'acorda a ce, et fu mis en fers et mandés a Chastiau pelerin.

594. La quarte est se frère est atains de jesir a feme, et nos tenons ataint le frère qui est trovés en mauvais luec [lieu] ou en mauvaise maison avec mauvaise femme : l'abit ne li doit demorer et si doit estre mis en fers, et ne doit jamais porter confanon baussant ne estre a eslection de Maistre ; et a esté fait de pluisors.

595. La quinte est, se frère met sur autre chose dont il puisse perdre la maison se il en ert atains, et le frère qui repris l'auroit ne l'en peust ataindre, l'abit ne li porroit demorer ; et puis qu'en li a fait crier merci en chapistre, et se il se desdisoit en chapitre, l'abit est en la volonté des frères ou dou prendre o dou laissier.

La sisime si est, se frère demande congié de la maison ou d'aler en autre religion, et on ne li veaut doner, et il dit que il laissera la maison, son abit est en la volonté des frères o dou prendre o dou laissier.

La septime est, se frère se met mensonge dessus por avoir congié de la maison et il en est atains, l'abit ne li puet demorer.

596. La huitisme est, se frère disoit qu'il s'en iroit as sarrazins, encor le deist il par ire ou par corrous, l'abit est en la merci des frères o dou prendre o dou laissier.

La IXe est, se frère tuast ou perdist ou mahaignast beste chevaline ou mulace par sa defaute, l'abit est en la volonté des frères ou dou prendre o dou laissier.

La Xe est, se frère portast chose de gens dou siècle ou d'autrui que dou Temple, et deist qu'il fust de la maison et il ne fust voir, et li seignorages des terres ou des mers en perdissent lor droitures ou lor paaiges, l'abit est en la merci de Dieu et des frères o dou prendre ou dou laissier.

La XIe faille est, se frère qui n'a le pooir donast beste vive de IIII piés, se ne fust chien ou chat, son abit est en la volonté des frères ou dou prendre ou dou laissier.

597. La XIIe est, se frère tuast o mahaignast ou perdist esclaf de la maison par sa defaute, l'abit est en la merci des frères o dou prendre o dou laissier.

La XIIIe si est, se frère fait maison neuve de pierre et de chaus sans congié dou Maistre ou de son comandor, l'abit est en la volenté des frères o dou prendre ou dou laissier ; mais les autres maisons decheoites puet il bien redrecier sans congié.

La XIIIIe est, se frère donast l'abit de la maison a home a cui doner ne le deust, ou qui ne fust digne de l'avoir, son abit ne li puet remanoir.

598. La XVe est, se frère prestast les aumosnes de la maison en luec ou la maison les perdist, l'abit ne li puet demorer (1).
1. Manuscrit de Rome l'abit est en la merci des frères, etc. Mais effacé et corrigé.

La XVIe est, se frère brisast la boule dou Maistre ou de celui qui seroit en son luec sans congié de celui qui doner li puet, l'abit ne li puet demorer (1).
1. Manuscrit de Rome l'abit est en la merci des frères, etc. Mais effacé et corrigé.

La XVIIe est, se frère qui n'eust le pooir donast les aumosnes de la maison as gens dou siècle ou d'autre part fors de la maison, l'abit ne li puet remanoir.

La XVIIIe est, se frère retient les rentes des gens dou siecle en maniere qu'il ne doit et dit qu'eles sont de la maison, et après soit ataint que ce ne soit pas voir, l'abit ne li puet demorer.

La XIXe est, se frère pernoit chose des gens dou siècle por entention qu'i li aidast a estre frères do Temple, l'abit ne li puet demorer, por ce que ce est symonie.

599. La XXe est, se frère refuse a autre frère alant ou venant le pain et l'aigue de la maison, si que il ne le laisse mangier avec les autres frères, l'abit ne li puet demorer, por ce que quant hom le fait frère l'en li promet le pain et l'aigue de la maison, ne nus ne li puet todre [Ne le lui peut enlever, si une faute, commise par lui, ne 'exigeait comme punition], se sa defaute ne li toit.

La XXIe est, se frère brisast serreure sans congié de celui qui doner li puet, et autres damaiges nen avenist, l'abit est en la volenté des frères o dou prendre o do laissier.

600. La XXIIe est, se frère prestast sa beste a autre frere sans congié, por mener en aucun luec ou il ne peust aler sans congié, et la beste se perdist ou mahaignast ou moreust, l'abit est en la volenté des frères ou dou prendre ou dou laissier ; mais il la puet bien prester en desduit en la vile ou il est.

La XXIIIe est, se frère fait le damaige de la maison a escient ou par sa defaute de IIII deniers en sus, l'abit est en la merci des frères ou dou prendre ou dou laissier, quar tous damaiges nos est desfendus. Et li damaiges porroit estre si grant que l'on le porroit metre en fers.

601. La XXIIIIe est, se frère chassoit et damaiges en avenoit, l'abit est en la merci des frères ou dou prendre ou dou laissier.

La XXVe est, se frère assaie armeures et damaiges en avenoit, l'abit est en la volenté des frères o dou prendre o dou laissier.

602. La XXVIe faille est, se frère passe la porte por entention de laissier la maison et puis s'en repent, l'en li porroit aler a l'abit. Et se il vait a l'Ospital ou en autre luec fors de la maison, l'abit est en la volenté des frères ; et se il gist une nuit defors, l'abit ne li doit demorer.

603. Il avint que frère Jorge le Masson se parti d'Acre et s'en aloit as Sarrazins ; et le Maistre le sot, si manda frères après lui, et fu atains, et li troverent robe d'ome séculier dessous la soe robe ; si fu mandés a Chastiau pelerin ou il fu mis en prison et morut.

604. Il avint que frère Hugue, I frère qui estoit a la croviserie [cordonnerie] dou Saphet, et son comandeor estoit frère Guillaume de Chartres (1), et I sergent vint demander soliers au quarravanier de la croviserie, et il ne li vost doner ; et li frères dist au caravaner qu'i li donast I soliers ou il li donast les clés de l'aumaire [Armoire], et le quaravaner [dist] qu'il n'en feroit riens. Et li frères brisa l'aumaire et prist uns soliers et les dona au sergent. Et son comandeor le tint a mal et reprist le frère, et le frère cria merci et otroia la chose ensi come il avoit faite, et vint en chapistre, et les frères li pristrent l'abit ; et se il eust jeté hors les choses de la maison qui estoient dedens la serreure, il eust perdue la maison, quar il li fu[st] torné a larrecin.
1. Il devint plus tard grand maître à la mort de Gilbert de Plessiez, en 1217 ; on l'a souvent confondu, à tort, avec un Montedon d'une famille du diocèse de Nîmes. C'est lui qui construisit Château-Pèlerin ; il assista au siège et à la prise do Damiette, mais mourut peu après de la peste, en 1218 (Jacques de Vitry, éd. Bongars, page 1134). Pierre de Montaigu lui succéda (cf. Père M[ansuet], page 275-289. Wilcke, I, page 198-213).

605. Il avint que li covent estoit a Casal Brahim (1) et li frère alerent desduire [Se promener en partie de plaisir] ; et I frère prist sa mace et la jeta après un oisel qui estoit sur la rive de l'aigue : la mace cheï ens et fut perdue. Et li frères cria merci de ce fait, et les frères distrent qu'en li porroit aler a l'abit por les damaiges qui en estoi[en]t avenus, et l'abit li fu laissiés por Dieu.
1. Une pièce conservée à Malte et transcrite par M. Delaville le Roulx (Archives de l'ordre de Saint-Jean..., page 134) donne la date de prise en possession de cette maison par les Templiers. En 1178, Renaud II Mansoer, seigneur de Margat, au nord de Tortose, donne au grand maître Ode de Saint-Amand plusieurs casaux parmi lesquels « Brahin quod vocatur Castellum. »

606. Il avint en Chipre que uns riches hons avoit recomande son cheval qui estoit malades a nostre maison ; et quant il fu garis, le comandeor le chevaucha et trova un lièvre et corrut après, et li chevaus cheï et se mahaigna si que de cele bleceure morut. Et li frères vint en Acre et cria merci en chapistre general, et li frère li regardèrent l'abit ; et y ot aucuns qui le cuiderent covrir, quar il disoient que le chevaus n'estoit pas de la maison, et li autres distrent que ce ne valoit riens, quar il covenoit amender, le chevau a la maison, et ne fust ja : si ne doit l'on faire a autrui damaige. Et li frères perdi son abit et aucuns distrent que l'en le porroit bien metre en fers por le damaige qui estoit si grant.

607. Il avint que un frère essaia une espée a Monpeillier, et l'espée brisa ; et le frère vint deçà mer et cria merci de ceste chose, et li frère li regardèrent l'abit, puis li laissierent por Dieu.

608. Si avint a Sur que un frère avoit un marc de gobelès (1) et li chai de la main : l'un si le brisa, et le frère de cui erent li autre prist toz les gobelès et les brisa, et puis dist que mau gré en eust Dieu et sa Mere ; et puis cria li frère merci de ceste chose. Et li frère li esgarderent l'abit por ce qu'il avoit fait le damage de la maison a escient, et puis le laissèrent por Dieu.
1. Ces gobelets, de verre probablement, formaient un jeu et s'emboîtaient l'un dans l'autre. Le marquis de Laborde cite des exemples qu'on peut rapprocher de ce texte : « 1380. Une pille de gobelets de fou (hêtre), où il y en a X en un estuy do fust. »
— « 1416. Une pille de très-petiz gobelez d'argent, etc. » (Glossaire des émaux, page 332.)
L'expression marc peut avoir ici le même sens que pille ; il semble difficile, en effet, de l'expliquer par un poids : un marc pesant.


609. Il avint que le comandour de la voûte (1) acheta une nave chargée de forment, et comanda que il fust mis au grenier ; et li frère dou guernier dist que il estoit moistes (humide) de la mer et que l'on le meist sur la terrasse, quar se il ne le faisoit il le gasteroit, et qu'il s'en descharroit. Et le comandor comanda qu'il fust mis au grenier et il i fu mis ; et au chief de poi de tens le comandour fist porter le forment sur la terrasse, et une grant partie en fu gastée ; et de ce il cria merci, et li fu levé l'abit por ce qu'il avoit fait grant damaige a son escient.
1. La voûte d'Acre sans doute : Acre, ou Ptolémaïde, fut prise aux Arabes en 1104 par Baudouin Ie. En 1187, Saladin s'en empara de nouveau, mais pour peu de temps, car elle retomba au pouvoir des croisés en 1191, après un siège de deux ans dirigé contre elle par Richard Coeur de Lion et Philippe-Auguste. La place resta dès lors aux francs pendant un siècle, et ne leur fui arrachée que par le siège qui ruina les derniers restes de leur puissance, en 1291, siège pendant lequel les Templiers s'ensevelirent presque tous sous les ruines de leur donjon. L'ordre du Temple avait plusieurs établissements à Acre : celui dont il s'agit ici sous le nom spécial de voute (enclos, ou lieu entouré par les flots. Cf. Du Cange, vº Volta) est évidemment le donjon et les bâtiments du grand maître et des chevaliers, situés au bord de la mer, à l'extrémité du port. C'était l'édice le plus considérable de la ville. Il était borné à l'est par la rue des Pisans et au nord par la rue Sainte-Anne. C'était aussi le principal port des Tempters, et c'est ce qui explique que le commandeur de la voûte, quoique frère sergent, soit un des dignitaires principaux de l'ordre en Orient. (Cf. § 143.) Voy. l'Étude sur la topographie d'Acre au XIIIe siècle, de Rey (Société des Antiquaires de France, XXXIX, 1878, page 115), qui donne le plan conservé au Vatican.

610. Il avint que frère Jaque de Ravane estoit comandeor dou palais d'Acre, et prist frères et turcoples et sergens, nostres et de la vile, et fist chevauchée a Casau Robert (1) ; et li sarrazins de la terre issirent au cri et les desconfirent et li tolirent de sa gent ; et il cria merci de ce, et li fu pris l'abit et mis en fers, por ce qu'il avoit faite la chevauchée sans congié.
1. On trouve, à la hauteur de Château-Pèlerin, entre Nazareth et le lac de Tibériade, un Castellum Roberti (aujourd'hui Kefr-kenna), qui appartenait aux Hospitaliers.

611. La XXVIIe est, se frère dou Temple porte confanon en fait d'armes et il le faisoit abaissier por achaison de ferir et damaiges en avenist, l'abit est en la volenté des frères. Et se il fiert ou non, et damaiges en avient, l'abit ne li puet demorer ; et le damaige porra estre si grant qu'en li porroit regarder a metre en fers, ne jamais ne porteroit confanon baussant, ne estre comandeor en fait d'armes, quar c'est une chose mult deffendue a la maison, por le grant perill qui i est. Car se le confanon se baisse, cil qui sont loing ne sevent por quoi il est baissiés, ou bon gré au mau gré, quar uns turs l'auroit plus tost pris ou tolu quant il est bas que quant il est haut ; et les gens qui perdent lor confanon sont mult esbaï, et porroit torner a mult grant desconfiture, et por ceste paor est il desfendus si estroitement.

612. La XXVIIIe est, se frère qui porte confanon point sans congié de celui qui doner li puet, se il n'estoit en pas estroit o en luec qu'il ne peust avoir congié si come est dit au retrait (Voyez § 242), l'abit est en la volenté des frères o dou prendre ou dou laissier. Et le damaige porroit estre si grant que l'abit ne li porroit demorer ; et li porroit l'on regarder a metre en fers, ne jamais ne porteroit confanon ne ne seroit comandour en fait d'armes, ne estre a eslection de Maistre, puis nul est mis en fers [Il doit manquer ici quelques mots. Le sens est peut-être : nul ne le peut, puisqu'il est mis en fers].

613. La XXIXe est, se frère qui est en fait d'armes poigne sans congié et damaiges en avenist, l'abit est en la merci des frères ; et le damaiges porroit estre si grant que l'abit ne li porroit demorer. Mais se il veist un crestien en perill de mort et sa conscience le repreist qu'il le peust secorre sans damaige ensi come il est dit as retrais (Voyez § 243), il le puet faire ; en nule autre maniere nul frère ne le puet faire qu'il ne mete son abit en aventure.

614. Il avin que le covent estoit herbergiés a Japhe et li turc corurent devant et orent mis deus enbuschemens a Fontaine Barbe ; et li Turcopliers issi premiers, et li bailla l'en frère Margot a tout X frères chevaliers qui le gardassent ; et li Turcopliers s'enbati entre les deus embuschemens ; et sembla as frères qui le gardoient qu'il vousissent poindre sur le Turcoplier, et des X frères qui le gardoient s'en partirent lin frères sans congié dou comandor, — et l'un n'avoit point de chapeau de fer —, et poindrent sur l'enbuschement. Et II de ces frères perdirent deus chevaus ; et puis poindrent li autre qui estoient demoré, par congié dou comandor, et mistrent a desconfiture les embuschemens, et le Turcoplier poinst après et mist les autres a desconfiture.

615. Et quant l'en tint chapistre, frère Margot ne se tint pas apaié de ceaus qui avoient point sans congié et le dist au Mareschau devant tous les frères, et li frère se levèrent et crièrent merci ; et fu regardé, a ces deus frères qui n'orent rien perdu, qu'en lor porroit aler a l'abit, et a ces deus qui perdirent lor chevaus fu esgardé que l'abit ne lor pooit demorer. Mais por ce que la chose avint bien, et li Turcoplier eust esté en aventure se cele pointe n'eust esté, a ceaus qui perdirent lor chevau laissa l'en lor abit por Dieu, et li autre deus furent a II jors ; et dist frère Hugue de Monlo (Le Maréchal - cf. § 592) que la faille avoit esté bien regardée.

616. Il avint en Acre que nostre Maistre frère Renaut de Vichier (1) desfendi que nul frère de jardin ne mangast ne ne beust l'un aveuc l'autre, se ce ne fust aigue Et il avint en poi de tens après, que li frères des jardins et de la grant vigne issirent d'Acre et s'accordèrent ensemble d'aler souper a la grant vigne ; et demorerent tant a souper que il fu grant nuit, et li frères de la grant vigne les convea [accompagna] un poi de chemin. Et puis s'en alerent les deus frères ensemble et li frère de la monoie conveoit [convenoit] celui de la chaene (2). Et quant il orent passé le flum d'Acre [le Belus - aujourd'hui Narhr Naman], il troverent sarrazins qui poindrent sur yaus et tuèrent l'un des frères et enmenerent son ronsin ; li autres fu navrés malement. Et puis si vindrent les choses en chapistre et furent mises en respit jusques au chapistre general, et adonc crièrent merci. Et i ot aucun viel home qui dist qu'il n'erent pas ataint que cil damaiges fust venus par eaus.
1. D'abord maître du Temple en France, puis maréchal en terre sainte, il succéda comme grand maître à Guillaume de Sonnac, tué à la bataille de Mansourah, en 1250. Lui-même mourut en 1256, d'après le continuateur de Guillaume de Tyr, éd. Martene, Veter. script., V, page 736 ; l'Obituaire du Temple de Reims, publié dans les Mélanges historiques, IV, page 314 (Documents inédits, in-4º), place cette mort au 20 janvier. — Cependant M. Delaville le Roulx a trouvé un acte formel du successeur de Vichiers, Thomas Bérard, qui est daté d'octobre 1252 (les Archives de l'ordre de Saint-Jean, page 181), ce qui réduirait beaucoup la durée déjà si courte du magistère, de Renaud de Vichiers. Il se serait alors démis de sa charge avant sa mort. — Joinville parle de lui plusieurs fois, au moins en 1250 ; c'est à lui qu'il s'adressa le jour où il força un des coffres confiés au trésor du Temple et qui appartenait a un sergent du roi. (Père M[an-suet], tome II, page 20-35. — Wilcke, I, page 275-284.)
2. Il y avait à Acre, à côté du Temple, une maison appelée la Chaene, selon la Description d'Acre qu'on trouve dans l'Itinéraire de Londres à Jérusalem attribué à Mathieu Paris (Itinéraire français de Jérusalem, Société Orient latin, 1882, page 134). Le frère mentionne ici était-il attaché à cet établissement ?

617. Et quant la demande vint au Comandeor de la terre de Triple [Tripoli], il demanda au Maistre se il avoit relaischié la desfence que il avoit faite as frères des jardins de boivre et de mangier ensemble, et le Maistres dist que non ; dont dist le Comandeor de la terre de Triple qu'il estoient ataint dou damaige qui estoit avenus, por ce qu'il avoient fait ce que li Maistres avoit desfendu et por ce estoit venus li damaiges. Car s'il n'eussent mangié ensemble et se chascun fust aie a son ostel belement et en pais, li damaiges ne fust pas avenus ; et por ceste raison et por autres qu'il dist, fu regardé l'abit as frères ; et frères Joffroi de Fos (1) maintint ceste raison aveuques. Et après, por ce que li frère avoient esté malades et naffré malement come a la mort, si lor fu faite ceste bonté qu'en lor laissa lor abit por Dieu.
1. C'est sans doute le nom du commandeur de Tripoli dont on vient de parler. — Ce Joffroi de Fos ou de Fox est précisément mentionné parmi les signataires de l'acte du grand maître Thomas Bérard, d'octobre 1252, lequel a été imprimé par Delaville le Roulx (Archives de l'ordre de Saint-Jean, page 181).

618. Il avint en Chipre que frères perdirent lor abit; l'un avoit a nom Johan Bouche de lièvre, et li autre frère Mathé. Et frère Johans estoit comandeor de Baffe (1), et dist a son comandeor qui avoit a nom frère Baudouin de Benrage, qu'il n'avoit de quoi faire sa maison. Et il li dist qu'il vendist de son forment tant qu'i montast jusques a VI C besanz blans [Besants d'Argent], et de IIII C feist sa maison, et les II C li gardast jusques il les manderoit querre. Après une piesse, li manda par un frère que li mandast les II C besanz, et frère Johan dist qu'i les avoit mis en la mession [dépense] de la maison. Et le comandeor le manda querre et li manda les besanz et il li dist qu'il les avoit mis et despendus, et ne li sot dire en quoi ; et le comandour se corrousa et le reprist, et vint devant le chapistre a Ricordane (2), — d'où un autre frère fust esgardés a perdre la maison selonc les establissemens de la maison. — Mais por ce que li frères avoit bone renomée, et n'entendoit le couvent que en mauvais luec les eust mis, ne jetés hors de la maison, et por ce qu'il ne nia pas les besanz qu'il ne les eust onques eus [on lui laissa l'abit]. Et s'on seust au frère nule mauvaistié, l'abit ne li pooit demorer, et encore se l'on eust en lui nule mauvaise souspeçon.
1. Bapho, l'ancienne Paphos, au bord de la mer, à l'extrémité sud-ouest de Chypre, et chef-lieu d'un des districts de l'île. Son nom ne figure pas parmi ceux des casaux et maisons des Templiers, en 1307, dont la liste est donnée par Amadi (Mas Latrie, Histoire, de Chypre, tome II des Documents, page 109).
2. Aujourd'hui Schef-Amr, à la hauteur de Gaïfa et au nord de Nazareth. Là était la source du fleuve d'Acre (cf. un acte des grands maîtres du Temple et de l'Hôpital, en 1235. Delaville le Roulx, les Archives de l'ordre de Saint-Jean, page 171).

619. A l'autre frère qui avoit a nom frère Mathé avint qu'il estoit en la Casterie (1) ; et le dit frère Johan Bouche de lièvre estoit son comandeor, et li deffendi que une lumière que li frère faisoit ardre, qu'ele n'ardist plus. Et quant le comandeor vint de son servise, il s'aparsut que la lumière ardoit encores ; et frère Johan prist la justise dou sergent, et reprist le frère de la lumière qu'il faisoit ardre sur sa desfence. Et il ne vost crier merci por son comandeor qui tenoit le chapistre et si avoit VI frères ; et por ce qu'il ne vost crier merci en son chapistre, vint devant le couvent et cria merci. Et li fu esgardé a perdre l'abit, et le perdi aveuc frère Johan Bouche de lièvre en ce meesmes chapistre de Becordane.
1. Château et casal en Chypre, aujourd'hui Gastria, dans le district de Karpas. Cf. l'inventaire des biens du Temple en 1307, dans Mas Latrie, Histoire, de Chypre, tome II des Documents, page 109, et la notice sur la carte de l'île.

620. Et por ce dist li Maistres, frère Pierre de Montagu (1218-1229), et frère Anseau le borgoignon, puis que frère est revelés [révolté] en son chapistre, pié estant [debout], li puet l'en lever l'abit et metre en fers ; et si puet l'en faire de frère qui ne vaut crier merci en son chapistre si come il est establi a la maison. Et c'est a entendre, se cil qui tient chapistre fait comandement a I frère qu'il crie merci de quelque faille que ce soit. Mais se frère de couvent reprent l'un l'autre, et ne veut crier merci, por ce ne perdra il pas son abit, quar li uns frere n'est au comandement de l'autre, mais en li porroit esgarder faille. Et quant I frere reprent autre, il doit crier merci selont l'establissement de la maison, et se il ne le veaut faire cil qui tient le chapistre li doit comander. Et s'il reprent un autre frere, il ne sera ja creus sur lui se il n'ait guaranties, quar frere est li uns et frere li autres ; mais se il nome frères, et il li faillent de porter guarenties, a celui ne puet l'en regarder faille grant ou petite sauf l'abit ; mais il puet dire « il y out frères... »

621. La XXXe faille est, se frere laisse la maison et gist II nuis defors la maison, il en pert son abit, que devant un an et un jor ne le puet recovrer. Et se il retient les choses qui sont desfendues, plus de II nuis, il en pert la maison.

622. La XXXIe est, se aucun frere rent son abit par sa volonté, ou il le jetast par corrous a terre et ne le vousist reprendre por prière ne por amonestement qu'en li feist, et autre frère le levast avant qu'il ne preist son abit, devant un an et un jor ne le devroit recovrer ; et se il le pernoit avant par sa volenté, il seroit en la volenté des frères ou dou prendre ou dou laissier. Et se il par aventure ne le voloit prendre, et aucun frère preist l'abit et le tornast au col dou frère qui l'auroit rendu, le frère en perdroit le sien, quar nul frère ne doit rendre abit ne faire frère hors de chapistre ; et cil a qui l'abit seroit rendus en tele maniere seroit en la merci des frères o dou prendre o dou laissier.

623. Et en toutes ces choses fors a II derraineres, de celui qui gist II nuis fors de la maison et de celui qui rent son abit par sa volonté, qui sont d'an et de jor si come nos avons dit dessus, mais les autres failles de l'abit sont en la volenté des frères, selonc ce que la faille est faite et selonc le portement dou frère, ou dou prendre ou dou laissier.

624. Se frère dou Temple est en respit de chose dont il puisse perdre la maison ou l'abit, il ne doit estre creus sur autre frère de perdre le sien, ne porter guarentie dont il peust perdre la maison ne son abit.

625. Il avint que frères estoient a git d'estage, et le comandor lor desfendi qu'il n'entrassent au casal. Et tant avint que I frère entra en la maison d'une feme, et cuida jesir o lui cele nuit celéement et en fist son pooir. Et en cria merci si come j'ai devant dit, et li fu regardé l'abit ; et puis li laissèrent por Dieu, que il estoit devant de bone renomée.

626. Il avint que frères estoient herbergiés a Escalone [Ascalon] et portèrent tout lor hernois a la chevestrerie, et tant que un frère prist le panel [La housse ou le coussin placé sous la selle] d'un autre, et sot bien que ce n'estoit mie le sien, et l'enporta. Et avint que le Mareschau assembla les frères et lor comanda qu'il regardassent en lor place, et rendist les hernois l'un a l'autre qui l'auroit ; et sur ce le frère le tint III mois, et cria merci ensi come j'ai devant dit. Si desputerent li viel home su ce fait, et li un disoient qu'il ert lieres [Larron] et li autre disoient que non. Et s'acor-derent por ce que il ne vostrent qu'il en perdist la maison, quar il iere bons frères, et li laissèrent l'abit por Dieu.

627. En quelque maniere frère dou Temple passe la porte en entention de laissier la maison, il a perdu honor, qu'il ne doit jamais porter confanon baussant ne estre a eslection de Maistre ; et se il va a l'Ospital ou a autre part et revient le jor meismes, l'abit est en la merci de Dieu et des frères ; et se il dort une nuit, l'abit dou col ne li doit remanoir ; et se il i dort deus, il ne le doit recovrer devant i an i jor.

628. Se frère est en penance, que son abit soit en la merci de Dieu et des frères, et il s'en vait et dort une nuit dehors la maison et revient arriéres en sa penance, et quant il est levés, l'en li doit mostrer ce qu'il laissa la maison ; et se il dort deus nuis, il ne le doit recovrer devant l'an et le jor, et doit crier merci a la porte. Et de ce nul ne li doit riens mostrer, por ce que monte an et jor ; et est quite de cele penance et de toutes autres. Et se il s'en vait estant en la penance d'an et de jor et vient le jor meismes, l'aumosner le doit metre en sa penance arriéres, et n'a riens perdu de ce qu'il a fait ; mais l'en li doit mostrer qu'il laissa la maison, quant il aura recovert l'abit après l'an et le jor qu'il sera levés. Et se il dort une nuit hors de la maison, l'aumosnier ne le doit mie metre en penance, quar il a perdu ce qu'il avoit fait devant, et doit comencier de rechief ; et a celui ne doivent riens mostrer par raison, por ce qu'il comence de rechief.

629. Se frère est en l'enfermerie et autres frères est aisiés de ses bestes en l'ore qu'il vait a prime, il en est dessaisis.
Et se frère est en penance et il entre en l'enfermerie por sa mesaise, et quant il est amendés et il vait a la prime, il puet mangier (1) se il veaut ses III mangiers, avant que il torne en sa penance, sans chevauchier. Et se frère est en l'enfermerie et il puet mangier ses III mangiers, et se il veaut, il istra le jor meisme sans congié. Se a frère est regardée faille por metre autre part en penance, l'en li puet metre par devant les frères sans chapistre.
1. Ici un feuillet manque au manuscrit de Paris. Il a été arraché ou perdu avant la reliure et la collation du volume, ainsi que le feuillet correspondant du même cahier. Le feuillet précèdent se termine par le mot mangier ; le suivant commence par -re ce que li autre (§ 636*).

630. Se frère s'en vait hors de la maison et prend femme espouse, ou se met en autre religion, il n'aura ja damage se il vient requerre la maison ; mais qu'il n'en ait riens porté qu'il ne doie porter, et il ne sera de rien tenu a la femme, ne a la religion ne a nos aussi, quar il est avenu de l'un et de l'autre. Se comandeor qui est fait par chapitre laisse la maison, nul ne le puet metre en penance fors que le Maistre et le couvent.
Se frère est aisié des bestes d'un autre frère et le frère trouve ses bestes en fait d'armes, non autre part, il les prendra comme les soes.

631. Se frère est en luec de comandeor de chevaliers, il n'a pooir de donner place de lit, ni de bestes, mais il en puet aisier.
Se frère est en penance, il doit venir le dimanche a la discipline et la doit rendre avant que l'on ait commancé le chapistre ; et après doit dire : « Biaus seignors, prions Dieu qu'i nos conseaut [Qu'il nous conseille, nous vienne en aide] »
Et se frère demande congié a son chapistre de metre se en autre religion autre part hors de la maison, il ne doit jamais porter confanon baussant, ne estre en eslection de Maistre.

632. Et se un home demande a estre frère, a la mort, cil qui li donne l'abit ne li doit riens dire, mais metre li sus, quant il est bien ataint. Il le puet reprendre se il veit que il trespasse ; et se il muert a tot l'abit, l'en ne li est tenu de rien dire les pater nostre que l'on doit dire por un frère.

633. Li chastelains (1) des chastiaux sont au comandement dou comandor des chevaliers en fait d'armes, ou il a confanon ; et dedans les chastiaux n'i sont de riens, et puent mander un frère de leur comandement, sans le comandor des chevaliers, en lor besoigne et sans congié.
Se frère vait en la terre de Triple ou d'Antioche, et il se trouve a Sur ou a Triple, le comandor de la maison fera les comandemens. Mais en fait d'armes ou si cri levoit dehors la vile, et il y aloient, le comandeor de la maison seroit au comandement dou comandour des chevaliers qui merroit ces frères.
1. C'est un titre analogue sans doute à celui de Casalier que nous avons vu plus haut (§ 181), mais ici il s'agit de la garde des châteaux forts et non plus des casaux ou fermes. M. Delaville le Roulx a retrouvé bon nombre de noms de châtelains pour les Hospitaliers (Archives de Saint-Jean. Listes des officiers, page 216-27).

634. Et le comandeor qui moine les frères, se li Mareschaus l'i met et il se treuvent en autres estages, ou a Tortouse ou autre part, as comandors por chapistre general, li frère dela et deçà qui sont venu, le comandeor de l'estage fera avant comandement. Mais se le comandeor de la province avoit dit au comandeor de l'estage novel : « vos serez comandeor de l'estage, » cil qui est la est relaischiés, et cil qui vient fait les comandemens.
Tuit li frère baillis, quant il entrent en l'enfermerie, convient presenter la boule et la borse au comandeor por chapistre. Et ces qui sont par le Maistre et par le couvent ne sont tenu se non au Maistre et au couvent.

635. Se le comandeor des chevaliers de couvent et le comandeor de Chastiau pelerin et de Safete ou d'autres estages se trouvent, chascun menant frères, et le couvent, n'i soit, cil qui a plus frères est comandeor sur tous les autres.

636. Se frère chapelains faut, il doit crier merci en son chapistre, si corne nos autres frères, sans age-noillier, et doit f'ai*re ce que li autre frère li esgarderent.
Se frère chapelain a laissée la maison et puis revient crier merci a la porte, il se doit despolier a la porte dou chapistre ou en une chambre qui plus près sera dou chapistre, et venir en chapistre devant les frères et crier merci sans agenoillier. Et s'il ne fait chose par quoi il ne doie perdre la maison, l'en le doit metre en penance, et le frère chapelain en doit prendre la descepline, et doit estre I an et I jor sans son abit; et doit mangier a table de maisnée sans toaille, et doit faire toz les autres jeunes que li autre frère font qui sont en penance, tant que li frère le relaschent.

637. Et doit venir le diemenche a la descipline privéement au frère chapelain, et puet chanter sor semaine privéement sans note. Et quant li autre frère qui sont en penance laborent avec les esclaf, li frère chapelain doit dire son sautier en luec de labor. Et s'il y a frère chapelain qui soit de mauvaise vie ou qui mete discorde entre les frères ou qui mete discorde en l'ordre et escandre, l'en se puet plus legierement délivrer de lui et au mains de conseill que d'un autre frère, quar ensi le comanda l'apostoiles quant nos dona les frères chapelains (1). Et se il fait penance a son abit, il doit mangier a table de torcople sans toaille.
1. On lit dans la bulle d'Alexandre III, du 26 octobre 1173, Omne datum optimum (Rymer, Foedera, éd. 1816,1, page 27) : ... Sancimus, ut liceat vobis honestos clericos et sacerdotes, secundum Deum, quantum ad vestram conscientiam ordinatos, undecumque ad vos venientes suscipere..... Si vero aliqui horum, post factam professionem, turbatores religionis vestrae, aut domus, vel etiam inutiles apparuerint, liceat vobis eos, cum saniori parte capituli, amovere....., etc. — Une bulle plus ancienne du même pape, datée du 18 juin 1163 (Arch, nat, L. 230, nº 22), permettait déjà aux chevaliers de s'associer des prêtres et des clercs pour prendre soin de leurs âmes et vaquer plus convenablement aux offices divins.

638. Ces essamples dessus escriz furent mis por il choses de remembrance : l'une por ce que les frères qui les orront facent le comandement qui lor est fait et qu'en lor dira, quar de ces deus choses vienent presque tuit li damaiges qui a vienent as frères. — Car cil qui ne font le comandement qu'en lor fait et ne gardent les desfences qui lor sont faites, et sur ce damaiges en avenoit de ces II choses, il metent lor abit a perdre. — L'autre chose si est que cil qui regardent les failles a lor frères les saichent meaus garder, que il ne chargent lor frères plus que il ne doivent, et qu'il saichent garder la justise de la maison.

639. Car usée chose est entre nos que l'on fait d'une grant faille a un prodome une petite, et a celui de fol portement d'une petite grant, si come est dit devant (par ex. § 528). Mais se prodomes de la maison qui sera de bone vie et de bone religion meschiet d'aucune chose dont il puist perdre la maison ou l'abit, on le puet bien déporter, en tel maniere que la justise de la maison ne sera pas corrompue ; quar qui regarderoit la faille et diroit a son avis que il eust la maison perdue par l'usaige de la maison, sachiés il ne puet puis regarder autre faille. Mais s'il est si prodome come il est dit dessus, l'en li puet bien déporter avant qu'en li regarde la maison a perdre : c'est assavoir l'en le puet metre en respit et mander privéement autre part au comandement de la maison por ce qu'il demore a la maison. Et qui ne li veut faire dou tot ceste bonté, avant qu'en li regart la maison a perdre, li puet l'en regarder a perdre l'abit, mais tant puent dire a lor avis qu'en porroit plus avant aler a la faille, por ce que les jeunes gens s'apercevent de la faille quele ele est. Et sachiés que qui a desservi a perdre la maison, ill a bien desservi a perdre l'abit. Et en autre maniere li porroient faire bonté sans trop corrompre l'establissement de la maison.

640. Et se avint a Chastiau pèlerin que frère Baudoin de Borrages estoit comandeor des chevaliers, et li turc corurent devant le chastel. Et quant il fu defors, il trova les descovreors qui avoient descovert les turcs, et li prièrent qu'il deust torner arriéres, quar li turc estoient si grant gent qu'il ne le porroient souffrir ; et il n'en vost riens faire, ains ala jusques au Merles (1), et li turc les enclostrent tout environ. Et quant il fu en mi d'eaus et il vit qu'il ne pooient eschaper, il baissa le confanon por ferir et point en mi d'eaus et s'en ala a la marine [Au rivage de la mer] et dui frère avec lui, et li autre furent tuit mors et pris, et tout li hernois perdus. Et le dit frère Baudoin ot amis qui le firent aler outre mer, et demora tant que les choses furent obliées ; et l'un des frères ala aussi outre mer, et l'autre demora au païs, ne on qu'es puis ces n'ot pooir au Temple : enssinc passèrent de ce fait.
1. Mirla, au bord de la mer, au sud de Château-Pèlerin et au nord de Césarée. « Là seint André nasquis e deprès si est la cave là où Nostre-Dame se mussa ou son fitz pur doute des Gyws, » dit l'auteur des Pèlerinages et pardouins de Acre (Itinéraires français à Jérusalem, Société de l'Orient latin, 1882, page 229).

641. Et s'en regarde a frère a perdre l'abit, il nen est pas usée chose qu'en li regarde l'autre, mais laissier li por Dieu l'abit. Se l'on regarde a un frère deus jors et le tiers, [il] n'est pas de mecredi a frère chapelain, mais au mains a un vendredi et d'un jor metre au frère chapelain. Et ces choses avons nos entendues par nos viels homes ça ent arriéres.

642. Et ces choses devant escrites qui voldra essample prendre il le puet faire, et qui ne voudra il encharge sa conscience la quele chascuns est tenus de bien garder. Et que il ne juge son frère par haine ne par corrous, ne por amor qu'il ait en li ne doit laissier a maintenir la justise de la maison ; mais selonc nos bons ancessor qui ont usé a maintenir nos bons us et les bones costumes qui furent mises en la maison, selonc celés doit chascun jugier son frère.
Et en tel maniere seront lor consciences sauves.
Dieu est comencement de toutes choses.

Cest cornent l'on doit faire les justises de la maison

643. La premiere est de perdre la maison (1), dont Dieu gart chascun.

La seconde, de l'abit perdre, dont Dieu gart chascun.

La tierce, quant l'on laisse l'abit por Dieu a aucun frère, se il est a III jors entérinement tant que Dieu et li frère le relaischent et facent merci d'un des jors ; et doit estre mis adès en sa penance, ce est sans respit. Et se il est dehaitiés, l'aumosnier li puet doner dou bruet de l'enfermerie. Et se il est malades, qu'i li conveigne aler en l'enfermerie, il doit mostrer sa mesaise a l'aumosner, et il le doit mostrer au Maistre ou a celui qui tient cel office. Et cil en doit demander as frères, et se li frère s'acordent au lever, soit levé de par Dieu ; et s'il ne s'acordent au lever, il lor doit demander si s'acordent que il soit mis en l'enfermerie, il s'i doivent acorder se le frère en a mestier, et adonc il doit entrer en l'enfermerie. Et tantost come il sera amendés, il doit retorner en sa penance sans parler as frères. Et sachiés que tout ensi come cil qui est en penance doit estre levés par l'esgart des frères, tout aussi doit entrer en l'enfermerie par l'esgart des frères, se il est malade, tant come il est en sa penance, selonc les usages de nostre maison.
1. Ce chapitre n'est que la répétition, en abrégé, d'un certain nombre des préceptes notés dans les paragraphes 493 et suivants.

644. Sachiés que se l'abit est pris a I frère en un chapistre, et en celui chapistre meismes il est rendu por la prière des frères et por sa grant repentance, puis qu'il est aies hors de chapistre sans abit, il demore a II jors, quar li tiers li est pardonés por l'abit qui li est rendus et por la honte qu'il a receue devant les frères.

645. Encores dient li viel home de nostre maison que quant l'abit est regardés a un frère et l'en l'a pris, selonc sa bone repentance et selonc son bon portement li rent l'en, par ce qu'il ait avant mangié I jor sans abit, il demore a I jor sans plus. Car li dui jor sont pardonés por la honte qui li est faite et que il a receu devant la gent dou siècle. Et cil frères est quites de toutes ces penances que il a a faire selonc les usaiges de nostre maison. Et (quant) li frère qui sont en penance ne sont pas si tost levé de terre quant on lor rent lor abit ; mais puis qu'il a mangié I mangier a terre en son abit, l'en le puet lever qui veaut, se il a faite bien sa penance ; et se il ne l'a faite bien et en pais, l'en le puet tenir longuement. — Et saichent tuit li frère dou Temple que li frère qui est a an et jor en penance, et il muert en tant faisant la, l'en doit faire de lui si come d'un autre frère.

646. La quarte est de II [jors] et le tiers la premiere semaine se le tiers i est només ; et se il n'i est només, il demore a II jors sans plus, mais se le tiers est només, il doit jeûner le jor qu'il fist la faute, quelque jor que ce fu si ce ne fust le dimenche ; et se il la fist le dimenche il doit jeûner le lundi, quar la faille doit aler avant. Et ceste faille puet l'en regarder as frères de cui l'en prent tout quant que l'en en puet prendre sans son abit, c'est deus jorz. Et ceste puet l'on regarder a frère por plus petite faille, quant l'en trespasse le comandement de la maison.

647. La quinte est de deus jors sans plus. Et frère qui est a deus jorz l'en li puet dire, se il est frères chevaliers ou frère sergant de couvent, que il se preigne garde de son hernois, et a frère de mestier que il se preigne garde de son mestier. Et frère qui est a III jorz ou a II doit mener l'asne et faire I des vils mestiers de la maison ; et doit venir le diemenche a la descipline au comencement dou chapistre ; et doivent seir belement et en pès ensur jor en lor places, et se il sevent charpentier ou d'autre chose, faire le puent. Ensinc se doivent contenir tuit li frère qui sont en penance a III jors ou a II ou a III ; et ne doivent toucher nules armeures, se ce ne fust qu'eles se gastassent en aucun luec et il ne le peust autrement amender.

648. La siste est a un jor sans plus, et celui qui est a un jor n'est pas a l'asne ne as mestiers, si come il est dit dessus de ces qui sont a III jors ou a deus.

La septime est au vendredi et a la descepline, mais se le vendredi lor est esgardé en chapistre, il ne le doivent pas jeûner dedens les octaves de noel ne de pasques ne de pentecoste, ne prendre se non dou frère chapelain descipline. Et se le frère est mesaisiés, cil qui tient le chapistre li doit dire que il prendra la descipline dou frère chapelain.

649. La VIIIe faille est quant l'en met frère en respit devant le Maistre et devant aucun des viels homes de la maison por estre assenés d'aucune chose et don li frère ne sont pas certain.

La IXe est quant l'en met frère a frère chapelain.

La Xe est quant en met en pais.

650. Sachent tuit li frère dou Temple que nul frère n'a pooir de l'abit oster sans congié de celui qui doner li puet. Li Maistres ne nus autres frères n'a pooir de lever frère de penance sans parler as frères, et se il s'acordent au lever si soit levés, et se il ne s'i acordent il ne sera pas levés.

651. Se le frère qui a laissée la maison veaut retorner por la maison recovrer, il doit estre a la grant porte de la maison et se doit agenoillier a toz les frères qui vont et qui viennent, et proier les por Dieu qu'il aient pitié de lui, et ce doit il faire soventes fois. Et l'aumosner li doit doner a mangier a la porte et le doit herbergier et le doit remembrer a celui qui tient le chapistre et qui a pooir de lui metre en sa penance Et doit dire devant tous les frères que « tel qui fu nostre frère est a la porte et requier la maison qu'il a laissée par sa defaute, et atent la merci de la maison. »
Et cil qui tient le chapistre doit dire : « Biaus seignors frères, a il nul de vos qui saiche que tel home qui fu nostre fraire, — et nomer le doit par son nom, — ait faite chose ne portée par qu'il ne puisse ne ne doie recovrer la maison ? » Et se il n'a fait le por quoi, il la doit recovrer ensi come dessus est dit.

652. Cil qui veaut la maison recovrer se doit tout nus despoillier en braies a la grant porte ou il est, une coroie au col, et ensi doit venir en chapistre devant celui qui le tient, et agenoillier soi devant lui et devant tous les frères. Et cil qui tient le chapistre doit dire : « Biau frère, vos vos estes portés folement que vos avés laissié la maison et vostre religion. » Et celui qui veaut recovrer la maison doit dire « que il est mult dolent et corroucés et folement s'est il portés, mais il s'amendera volentiers si corne il est establi a la maison. »

653. Et se li frères est coneus de mauvais portement et qu'il ne face sa penance ni bien ni en pais, cil qui tient le chapistre li doit dire en tel maniere : « Biau frère, vos saves que vos avés a faire une grant penance et longue, et se vos demandés congié d'entrer en autre religion por vostre arme sauver je cuit et croi que vos fereés que saiges, et je le vos consilleroie bien. » Et se il demande le congié, celui qui a pooir de lui metre en sa penance a le pooir de lui doner congié o le conseill des frères. Et se il ne le demande, l'en ne li puet doner quant il n'a faite chose par qu'il doie perdre la maison ; mais avant qu'il veigne en chapistre crier merci, l'en le puet bien metre en lonc respit et faire atendre longuement, par quoi il puisse bien conoistre sa folie.

654. Et se le frère est coneus de bon portement, adonc le doivent faire issir de chapistre et vestir de tel robe come il li afiert, et puis doit retorner en chapistre et on le doit metre en sa penance et une chape vestir sans crois, quar ensi est establi a la maison. Et doivent dire a l'aumosner qu'i se preigne garde de lui, et si le face dormir et herbergier en sa maison si come il est establi. Et puis qu'il est en penance, l'aumosner li doit aprendre qu'il doit faire ; et se le frère qui est en penance est malades, l'aumosner li doit doner ce que mestier li sera por sa guerison ; et doit metre en escrit le jor qu'il comensa sa penance, si que l'en en soit remembrant.

655. Nul frère qui soit en penance ne doit estre apelés a nul conseill ne a nul apel de frères qui se face por assemblée de frères, mais privéement d'une part li puet l'on bien demander conseill se mestier est.
Encores dient li viel home de nostre maison et li proudome, que nule faille par quoi frères puet perdre l'abit ne se doit regarder devant nul frère qui n'ait pooir de faire frère.
Et dient aussi que nule faille ensinc come est dit si ne se doit metre a vendredi, quar ansois la doit l'en metre a un jor ou a plus, et ansi dient qui est costume a la maison.

656. Se frère est en penance o tout son abit et le cri lieve, on li puet prester chevau et armes por aler en cele besoigne aveuc les autres frères, et quant il revendra il doit retorner en sa penance.
Nul frère qui ait laissée la maison ne doit estre en eslection de Maistre ne porter confanon baucant.
Sources : La Règle du Temple - Publiée pour la Société de l'Histoire de France par Henri de Curzon. Paris Renouard 15 avril 1886 - Approuvé par Jean Delaville Le Roulx.

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