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Fondation de la Milice du Temple

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Geoges Bordonove

Origine et fondation de l'Ordre du Temple

« Tandis que de tous les quartiers du monde, riches et pauvres, filles et garçons, vieillards et enfants se hâtaient vers Jérusalem pour visiter les Lieux saints, des brigands et des voleurs infestaient les chemins, surprenaient les pèlerins, détroussaient un grand nombre et en massacraient beaucoup ». (Jacques de Vitry, Historia orientalis.)

De quelle fragilité n'était pas en effet ce petit royaume réduit à une frange côtière de Jaffa à Antioche, s'élargissant au nord par le comté d'Edesse, s'effilant au sud vers la mer Rouge !
Vainement le pape avait-il envoyé une Croisade de renfort, ou plutôt de peuplement : les Turcs l'avaient anéantie en Anatolie. Il incombait donc à une poignée d'hommes de défendre les terres franques. Les musulmans avaient en grande partie déserté les villes, sauf les aventuriers et la populace de tout poil. Baudouin Ier s'était efforcé d'implanter des colons occidentaux, auxquels il offrait des avantages considérables. Mais ces nouveaux venus étaient pour la plupart de paisibles travailleurs.

Le manque de soldat se faisait cruellement sentir, non seulement sur les frontières mais à l'intérieur du pays. Bien que les Croisés occupassent les forteresses urbaines et les châteaux en plaine, ils ne suffisaient pas, et de loin à empêcher les razzias, ni les actes de brigandage quasi permanents. Ce fut pour assurer la sécurité des faibles [principalement celle des pèlerins se rendant à Jérusalem] que Hugues de Payns rassembla quelques compagnons, comme lui donnés à Dieu et soucieux du bien public.

De ce Hugues on ne sait presque rien, hormis qu'il était de la région de Troyes et apparenté au comte de Champagne. Certains auteurs ont soutenu qu'il s'appelait en réalité Hugues de Pagan et qu'il était du Languedoc, tablant sur la sympathie immédiate et l'appui qu'il rencontra dans le comté de Toulouse. Tablant aussi sur la présence de trois têtes de Maure dans les armes des Pagan. Cette hypothèse ne résiste pas à l'examen. Le succès remporté dans la région de Toulouse par ses émissaires, lors de la tournée de propagande qu'ils y firent, a, nous le verrons plus loin, de tout autres raisons. Une tradition constante le donne pour Champenois. Sans l'aide du comte de Champagne, lui-même ami de saint Bernard de Clairvaux, il est probable et même certain que les Templiers fussent demeurés dans l'ombre.

Quant à la prétendue « simplicité » de Hugues de Payns, trop souvent invoquée par les historiens, elle se trouve démentie par l'habileté qu'il sut montrer tant pour obtenir la réunion du Concile de Troyes que dans sa défense de l'ordre naissant et, par la suite, dans les recrutements rapides qu'il effectua. Au contraire tout laisse penser qu'il s'agissait d'un homme remarquable, en lequel la piété la plus vive s'alliait au réalisme.

Ils n'étaient donc que neuf en leur début et, ayant formé le dessein de rester en Terre sainte pour se consacrer à la défense des voyageurs, à la sûreté des chemins et à la garde du Saint-Sépulcre, ils résolurent de vivre en commun suivant l'institut des Chanoines réguliers, sous la Règle de saint Augustin. Ils prononcèrent les trois voeux ordinaires entre les mains du patriarche de Jérusalem et, par un quatrième, s'engagèrent à défendre les pèlerins dans leur personne et dans leurs biens. Dès ce moment leur vocation à la fois religieuse et militaire les distingue des Hospitaliers alors exclusivement voués au soutien des pauvres et des malades.

Leurs noms ne sont pas connus de façon certaine, à l'exception de ceux de Geoffroi de Saint-Omer et du comte Hugues de Champagne : celui-ci avait déshérité son fils et investi de son comté de Champagne Thibaud, son neveu, déjà comte de Brie. Rien ne prouve que les chevaliers cités dans le procès-verbal du Concile de Troyes eussent été les premiers compagnons d'Hugues de Payns. Contrairement à ce qu'affirme le chroniqueur Guillaume de Tyr, les pauvres chevaliers étaient plus de neuf en 1128. Tout montre que leur nombre s'était rapidement accru, au point de justifier très précisément la réunion d'un Concile, elle-même précédée d'une correspondance nourrie et de démarches multiples. Il n'est pas moins évident que les débuts de l'Ordre durent être d'une grande modestie. Rien, dans les premières années de leur existence ne les désignait à l'attention, mis à part un courage, une discipline et une douceur au-dessus du commun. « Le roi, écrit Jacques de Vitry, ses chevaliers et le seigneur Patriarche furent remplis de compassion pour ces nobles hommes qui avaient tout abandonné pour le Christ, et leur donnèrent certaines propriétés et bénéfices pour subvenir à leurs besoins, et pour les âmes des donateurs. Et parce qu'ils n'avaient pas d'église ou d'habitation qui leur appartînt, le roi les logea dans son palais, près du Temple du Seigneur. L'abbé et les chanoines réguliers du Temple leur donnèrent, pour les besoins de leur service, un terrain non loin du palais ». Et parce que l'enclos du temple de Salomon devint ainsi leur hébergement, ils changèrent leur dénomination de « Pauvres chevaliers du Christ » en celle de « Chevaliers du Temple, ou Templiers ».

On ne saurait préciser la date à laquelle ce changement intervint : ce fut pendant le règne de Baudouin II de Jérusalem.

Hugues de Champagne était l'ami et le disciple admiratif de saint Bernard. Il lui avait donné la terre de Clairvaux pour y établir son monastère. Il était resté en fraternelles relations avec lui, bien que saint Bernard lui tînt un peu rigueur d'être resté en Terre sainte : « Si, lui écrivait-il, pour la cause de Dieu tu t'es fait de comte, chevalier, et de riche, pauvre, nous te félicitons sur ton avancement comme il est juste, et nous glorifions Dieu en toi, sachant que ceci est une mutation à la main droite du Seigneur. Pour le reste, j'avoue que nous ne supportons pas avec patience d'être privé de ta joyeuse présence par je ne sais quelle justice de Dieu... »

Pourtant ce fut à lui que s'adressa Hugues de Champagne. Et, tout de suite, saint Bernard s'enflamma pour tant de zèle joint à tant d'humilité. Il était dans la chrétienté d'alors un guide très écouté. Sur ses pressantes instances le pape décida de réunir le fameux Concile de Troyes. Saint Bernard s'employa de même à aplanir certaines difficultés entre les membres convoqués, ecclésiastiques et laïcs.

Le Concile se réunit donc le 14 janvier 1128 dans la cathédrale de Troyes, présidé par le légat du pape, le cardinal Mathieu d'Albano, en présence des archevêques de Sens et de Reims, de dix évêques, d'une foule d'abbés, de scoliastes et de clercs.
Parmi les dignitaires du siècle figuraient le comte Thibaud de Champagne, déjà comte de Brie, et le comte de Nevers. Les frères-chevaliers Godefroi, Roland, Joffroi Bisot, Archambaud de Saint-Amant et Payen de Montdidier assistaient Hugues de Payns « Maître de la Chevalerie ». Celui-ci exposa au chapitre « la manière et l'établissement » de son ordre :
« Et modum et observantiam equestris ordinis per singula capitula ex ore ipsius predicti magistri Hugonis audire meruimus » relate Jehan Michel qui rédigea le procès-verbal. Il ajoute :
« ac, juxta noticiam exiguitatis nostrae scienciae, quod nobis videbatur bonum et utile collaudavimus ; verum enimvero quod nobis videbatur absurdum... » (ici le verbe manque) : « Et selon la connaissance de la petitesse de notre science, ce qui nous parut bon nous l'approuvâmes, ce qui nous parut déraisonnable nous l'évitâmes ».

La Règle primitive, visiblement influencée par saint Bernard de Clairvaux, comporte soixante-douze articles, dont nous possédons deux versions : le texte latin, donné par le Concile, établi par le clerc Jehan Michel, et une traduction française qui lui est postérieure. Rien ne transparaît des discussions auxquelles elle donna lieu. Il est probable que, là encore, l'autorité dont jouissait saint Bernard dut aplanir les obstacles. Observons tout de suite qu'à mesure que se développait la puissance de l'Ordre et que s'augmentaient ses privilèges, la Règle fut complétée tant par les bulles pontificales que par les « Retrais » dont il sera question plus loin. Mais ces apports ne modifièrent jamais substantiellement la Règle primitive.

Elle débute par cette belle, noble et pieuse admonestation :
« Omnibus in primis sermo noster dirigitur quicumque proprias voluntates contempnunt et summo ac vero régi militare animi puritate cupiunt, ut obedientie armaturam preclaram assumere intentissima cura implendo preoptent et perseverando impleant » etc.

Ce que le vieil auteur de la Règle française traduit ainsi : « Nous parlons premièrement à tous ceux qui méprisent à suivre leurs propres volontés et désirent avec pur courage servir de chevalerie au souverain Roi, et avec un soin studieux endosser et endossent la très noble armure d'obédience... Et donc nous vous admonestons, vous qui avez mené jusqu'ici séculière chevalerie, en laquelle Jésus-Christ n'en fut mie cause, mais que vous embrassâtes seulement par humaine faveur, pour que vous suiviez ceux que Dieu a élus de la masse de perdition et chargés par son agréable pitié de la défense de Sainte Eglise, et que vous vous hâtiez de vous joindre à eux perpétuellement. »

Et plus loin : « Bien a oeuvré Damedieu (le Seigneur Dieu, Dominus Deus) avec nous et notre sauveur Jésus-Christ ; lequel a mandé ses amis de la sainte cité de Jérusalem, en la marche de France et de Bourgogne, lesquels pour notre salut et pour l'accroissement de la vraie foi ne cessent d'offrir leurs âmes à Dieu, plaisant sacrifice. »
Les article I à VIII, outre l'admonestation ci-dessus, constituent le procès-verbal du Concile.

De IX à XVI, les devoirs essentiels des Templiers, où l'influence cistercienne est discernable, sont minutieusement définis. On peut les résumer ainsi :

— Chaque jour les frères doivent entendre la messe, en sorte que « repus du corps de Dieu, soûlés des Commandements de notre Seigneur, après le service divin, aucun ne s'épouvante d'aller en bataille, mais soit prêt au martyre ». Si, d'aventure, un frère s'en trouve empêché « pour la besogne de la Maison et de la chrétienté d'Orient », il doit dire treize patenôtres à matines, sept à chaque heure et neuf à vêpres.

— La parole de saint Paul « Probate spiritus si ex Deo sunt » leur est rappelée. Obligation leur est faite d'imposer un temps de probation aux novices. Ceux-ci ne sont d'ailleurs reçus dans l'Ordre que s'il plaît au Maître et aux frères réunis en chapitre.

— L'article XI donne les principes de la réception ; les Retrais en fixeront le cérémonial.

— Il leur est interdit de fréquenter les chevaliers excommuniés ; mais si l'un d'eux sollicite son admission au Temple, les frères peuvent le recevoir « miséricordieusement », après absolution de l'évêque. Cette disposition s'assouplira à mesure que le Temple s'émancipera des tutelles épiscopales.
— Ils ne peuvent recevoir les enfants, car il vaut mieux qu'ils soient en âge de se battre et ne se repentent pas d'être entrés trop jeunes en religion.

Les articles XVII à XXIII sont consacrés à la garde-robe, et nous donnent des renseignements aussi pittoresques que précieux :
— Les robes doivent être d'une seule couleur, soit blanches, soit noires ou grises. Mais à tous [et c'est ici l'uniforme de la pieuse milice] le Concile octroie « blancs manteaux », symbole de leur réconciliation avec le Créateur. Ces blancs manteaux signifient chasteté totale qui est « sûreté de courage et santé du corps ». Les vêtements doivent être simples, dépourvus de fourrures sauf d'agneaux et de moutons. Et si quelque frère présomptueux en sollicite un plus beau, qu'on lui donne le plus vil. Lorsque les chevaliers « touchent » une robe neuve, que l'on donne la vieille aux écuyers et aux servants, ou mieux aux pauvres. Il est défendu de porter les chaussures effilées et recourbées qui étaient alors en vogue. Bref nulle « superfluité » n'est consentie aux frères.

— Mais en raison de la forte chaleur qui règne en Orient, de Pâques à la Toussaint, il leur est permis de porter des chemises de toile.

— Chacun aura son lit avec un traversin (la coltre), un matelas (le sac), un drap et une couverture (carpite). Il y dormira vêtu de sa chemise et de son caleçon fermé par une ceinture. Une lumière éclairera le dortoir jusqu'au matin.
— Les frères porteront les cheveux ras, la barbe et la moustache longues.
Les articles XXIII à XXX intéressent les repas :
— Les frères doivent manger en commun, deux par écuelle, et en silence de crainte que leur langue ne parle « malement ». Pendant le dîner et le souper, ils écoutent lire les saintes Ecritures.

— Ils mangeront de la viande trois fois par semaine, car l'abus des viandes entraîne « corruption de corps ». Toutefois leur ration sera doublée le dimanche, cependant que les écuyers et les servants se contenteront de l'ordinaire. Le lundi, le mercredi et le samedi, ils auront à choisir entre deux ou trois plats de légumes. Tous les vendredis, ils feront carême « par révérence de la passion de Jésus-Christ », de même que de la Toussaint à Pâques, les fêtes d'obligation exceptées. Les malades, les blessés en seront dispensés.

— Avant et après le repas, ils rendront grâce à Dieu soit à la chapelle si elle est proche du réfectoire, soit en celui-ci.

— Les reliefs seront distribués aux pauvres, ainsi que la dîme du pain.
— « Quand le jour s'en va et que vient la nuit », lorsque la cloche (la campane) retentit, ou l'appel, ils iront à complies, mais après avoir pris une collation modérément arrosée de vin à la discrétion du Maître.

La Règle définit ensuite la vie conventuelle (XXXI à XLIV). Elle souligne derechef la nécessité du silence. Les frères ne doivent pas s'attarder après complies, mais donner sobrement leurs ordres aux écuyers, puis s'en aller au lit en paix. Le Maître et les chevaliers les plus anciens ont licence de s'entretenir du gouvernement de la Maison, mais il leur appartient de se souvenir que « mort et vie sont en pouvoir de langue ». Les frères « travaillés por la grant besoigne de la maison » (fatigués) peuvent être autorisés à ne se lever qu'après matines, mais à condition qu'ils récitent treize patenôtres en leur lit. A tous il est formellement recommandé de ne pas exagérer les abstinences (ces moines étaient aussi des soldats, ne l'oublions pas !) et de s'entraider.

Les pouvoirs du Maître sont quasi absolus. Cependant il lui est prescrit de réunir le Chapitre afin de prendre conseil et, pour les décisions importantes, l'ensemble du couvent. Mais les frères lui doivent obéissance et soumission : si l'un d'eux se courrouçait contre lui, il le ferait contre Dieu ». Semblablement ne peuvent-ils s'éloigner du couvent sans le congé du Maître « fors de nuit au Sépulcre dans la Cité de Jérusalem » et encore à condition de s'y rendre par deux. « Nous commandons que, nul frère ne combatte ni ne repose selon sa propre volonté« , mais selon les commandements du Maître, sous lequel ils doivent s'incliner, en sorte qu'ils puissent, suivre cette sentence de Jésus-Christ : Non veni facere voluntatem meam, sed ejus qui misit me, patris ».

Pour ce motif ne peuvent-ils recevoir de dons sans l'assentiment du Maître, avoir de malles fermant à clef, lire eux-mêmes les lettres qui leur parviennent.

Les articles XLV à L traitent des fautes :
— Si celles-ci sont légères et exceptionnelles, le coupable en aura « légère pénitence ». Si elles sont trop graves ou coutumières, il sera expulsé de la Compagnie des frères ; il ne boira ni ne mangera à leur table, en attendant d'être jugé par le Maître et le Chapitre.

— Dans les cas les plus graves, il sera expulsé de l'Ordre, en tant que « mauvaise ouaille ».

— Il est interdit de médire et de calomnier. Quand un frère aura connaissance de la faute d'un autre frère, qu'il le châtie privément ; au besoin qu'il en informe un troisième frère. Si le coupable s'entête dans son aveuglement, qu'on le dénonce en plein Chapitre.

— Nul ne doit se vanter de ses faiblesses, ni des prouesses qu'il a commises dans le siècle, ni des amours qu'il a connues.

— Nul ne peut demander le cheval ni les armes d'un frère. Si les siens sont insuffisants, qu'il s'adresse franchement au Maître.

Comme nous le verrons, les Retrais développent considérablement cette partie de la Règle, précisent l'échelle des peines et donnent des exemples fort instructifs sur la discipline rigoureuse qui régissait le Temple.

Les articles suivants traitent de sujets divers, sans grand ordre au surplus :
— Chaque chevalier aura trois chevaux et un écuyer : si celui-ci sert de son bon gré « à la charité », le frère ne peut le battre quoi qu'il fasse.

— Les armes doivent avoir la même sobriété que le vêtement. L'or et l'argent doivent être exclus des brides, des étriers et des éperons. Si des armes argentées ou dorées sont données à l'Ordre, il convient de les peindre.

— Il est interdit aux frères de « bêtes bercer » (chasser) hormis le lion.

— L'Ordre pourra posséder des terres, des hommes libres et des serfs pour les faire valoir, et avoir part aux revenus ecclésiastiques (on se doute que cette dernière disposition rencontra quelque opposition).

— Il est recommandé tout spécialement d'honorer et de soigner les frères devenus vieux et les malades.

— Et, quand un frère « trépasse de vie à mort », on chante une messe pour le repos de son âme ; ses compagnons disent cent patenôtres pendant sept jours et l'on nourrit un pauvre pendant quarante jours. S'il s'agit d'un chevalier séculier servant à terme, il ne sera dit que trente patenôtres et l'on ne nourrira un pauvre que pendant sept jours.

— Quand un chevalier sert à terme, on lui paie la moitié de son cheval, « s'il lui plaît ».

— Quand un écuyer ou un sergent demandent à servir à terme, ils doivent verser des garanties pécuniaires pour éviter qu'ils ne changent d'avis.

— Un homme marié peut devenir « associé » du Temple. S'il meurt, la moitié de ses biens revient à l'Ordre, l'autre à sa veuve « pour le soutènement de sa vie ».

— Les frères ne peuvent être parrains, ni avoir compères ou commères.

— Enfin les articles les plus connus (LXX et LXXI) et qui valurent aux frères tant d'acerbes critiques, sinon pis : « Périlleuse chose est compagnie de femme, car le diable ancien par compagnie de femmes a déjeté plusieurs du droit sentier de paradis » Défense donc d'en recevoir aucune dans les Maisons. « Nous croyons être périlleuse chose à toute religion que de trop regarder face de femme ». Défense de recevoir aucun baiser que ce fût de mère, de soeur ou de tante.

A l'issue du Concile, les frères se séparèrent et partirent chacun dans une contrée différente, afin d'accélérer le recrutement et, si faire se pouvait, d'obtenir les donations indispensables au soutien de l'Ordre. Hugues de Payns se rendit en Normandie pour y rencontrer le roi d'Angleterre, Henri Ier. Ce dernier l'envoya outre-Manche. Les prud'hommes l'y accueillirent si favorablement qu'il put vraisemblablement y fonder une « province ». Il devait s'embarquer pour l'Orient en 1130, en compagnie de Foulques d'Anjou, futur roi de Jérusalem. D'autres frères allèrent dans les Flandres, et d'autres dans le Midi. Certains franchirent les Pyrénées et établirent les premiers contacts avec les princes espagnols et portugais. Marion Melville (dans son excellente Vie des Templiers) met l'accent sur le fait que, dès le mois de mai 1228, la reine Thérèse de Portugal leur donna « le château et l'honneur de Soure, sur le Mondego, qui fermait la marche sud de son royaume ». Il ne faut pas oublier que la chrétienté du XIIe siècle avait à combattre sur deux fronts : celui d'Orient et celui d'Espagne. Les Almoravides d'Afrique du Nord occupaient encore un peu plus de la moitié de la péninsule ibérique. Les terres chrétiennes se partageaient entre les royaumes de Portugal, de Navarre, de Castille et d'Aragon. Mais les riches contrées du sud restaient aux mains des Arabes. Dès lors on aperçoit combien la création de la milice du Temple (croisade permanente selon le mot de Michelet) dut retenir leur attention et pourquoi elles attirèrent immédiatement les frères par des donations importantes.
Sources : Texte de Georges Bordonove — Les Templiers — Editions Fayard — 1963

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