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Fondation de la Milice du Temple

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Les débuts de l'Ordre du Temple

Les débuts de l'Ordre du Temple, d'après les chartes du Marquis d'Albon.
— Voyage en Europe d'Hugues de Payns.
— Il se rend à Rome et de là en France.
— La Champagne est la première province qui ait constitué à la milice un patrimoine en Occident (1127).
— Les prélats qui approuvèrent l'Ordre au concile de Troyes (1128) appartenaient tous à la région.
— Legrand maître du Temple et le comte Foulques d'Anjou.
— Hugues de Payns en Poitou, en Flandre, en Angleterre (1128).
— Il retourne à Jérusalem (1130).
— Saint Bernard et le recrutement de la milice.
— Les premiers défrichements.
— Caractère particulier de l'exploitation chez les Templiers.
— Les premières fondations sont l'œuvre de l'épiscopat français.
— La propagande de l'Ordre à travers les provinces.
— Succès en Champagne. Les donations se multiplient en la baillie de Provins, Barbonne et Baudement.

Origine de l'Ordre du Temple. Objet de cette étude. Victor Carrière

Voyage en Europe d'Hugues de Payns. Il se rend à Rome et de là en France. La Champagne est la première province qui ait constitué à la milice un patrimoine en Occident (1127). — Les prélats qui approuvèrent l'Ordre au concile de Troyes (1128) appartenaient tous à la région. Legrand maître du Temple et le comte Foulques d'Anjou.
Hugues de Payns en Poitou, en Flandre, en Angleterre (1128). Il retourne à Jérusalem (1130).
Saint Bernard et le recrutement de la milice. Les premiers défrichements. Caractère particulier de l'exploitation chez les Templiers. — Les premières fondations sont l'œuvre de l'épiscopat français.
La propagande de l'Ordre à travers les provinces. Succès en Champagne. Les donations se multiplient en la baillie de Provins. Barbonne et Baudement.
L'Église doit à la France la création des moines-soldats. Seuls, dans l'histoire du monachisme, les Templiers et les Hospitaliers sont d'origine française religieux et militaires, ces deux ordres caractérisent éminemment les vertus de notre race, peu faite pour la contemplation mais croyante et chevaleresque.

Ce fut un champenois Hugues de Payns (1) et un flamand Godefroy de Saint-Omer (2), tous deux chevaliers, qui fondèrent l'Ordre du Temple, en l'année 1119 (3).
Les services exceptionnels que la chevalerie était appelée à rendre à la cause du Christ en Terre Sainte lui attirèrent dès le principe la protection du roi et du patriarche de Jérusalem. Cependant les débuts du Temple furent pénibles. Etablis par Baudouin II dans les dépendances de son propre palais, tout près de l'emplacement qu'occupait jadis l'ancien temple de Salomon (7), mais là, sans règle, vêtus d'habits séculiers et vivant d'aumônes, les premiers chevaliers éprouvaient de sérieuses difficultés à leur recrutement. Des moines appelés à la vie militaire, cela déjà ne semblait pas seulement aux contemporains une gageure impossible. Destinés à secourir en Orient les pèlerins du monde entier, mais incapables de remplir leur mission sans les secours de la chrétienté, les Templiers n'y pouvaient prétendre, s'ils n'obtenaient préalablement du Saint-Siège une règle et l'approbation de leur Ordre. Ce fut l'objet du voyage en Europe d'Hugues de Payns et de ses premiers compagnons.
La durée de leur séjour « outre-mer » de 1127 à 1130 et, pour quelques-uns, les années suivantes, un peu avant la mort du fondateur (24 mai 1136) constitue une période encore mal connue et sur laquelle je voudrais apporter quelques éclaircissements (8).

Trois faits dominent cette période et la caractérisent. Et d'abord, sans qu'on l'ait remarqué, celui-ci : la Champagne a contribué, avant toute autre province, à l'établissement des pauvres chevaliers du Temple en Occident. Sortie de la noblesse, cette initiative généreuse a rencontré dans l'épiscopat d'ardents collaborateurs, et ce sont les évêques champenois qui ont établi où développé dans leur diocèse les premières installations de la milice. Enfin, l'extension des propriétés de l'Ordre en Champagne s'est produite, principalement au début, dans la châtellenie de Sézanne, en la baillie de Provins. Ces trois ordres de faits constituent, si j'ose m'exprimer ainsi, la période champenoise de l'histoire du Temple en Occident.

Vers le même temps, des gentilshommes français, affiliés à l'oeuvre charitable des Amalfitains, transformaient cette association en l'ordre nouveau des Hospitaliers de Saint-Jean (4). Ces deux ordres, nés à Jérusalem de l'inspiration de la première croisade et souvent confondus par la suite dans une même fraternité d'armes, n'eurent pas à l'origine une vocation commune. Combattre l'infidèle et protéger les pèlerins de Palestine en leur facilitant la liberté des chemins qui menaient au Saint-Sépulcre, telle fut la mission des frères chevaliers du Temple. Ce rôle de gendarme n'était pas pour déplaire à de rudes soldats.
Il en allait autrement du soin des pauvres et des malades. Longtemps l'Hôpital ne servit d'autre idéal mais le recrutement de l'Ordre parmi les croisés en fit par surcroît, à l'imitation des Templiers (5), une association militaire (6).

On est peu renseigné sur l'itinéraire des premiers chevaliers à leur retour en France. De Palestine, Hugues de Payns se rendit d'abord, en 1127 probablement, à Rome. Eut-il alors un entretien avec le pape Honorius II ? C'est pour ainsi dire certain. On peut même ajouter sans exagération que le concile de Troyes sortit de cette visite au Souverain Pontife. L'évêque Matthieu, ancien prieur de Saint-Martin-des-Champs, à qui le pape venait de conférer le titre cardinalice d'Albano, était encore à Rome (1) ; et c'est lui, en qualité de légat a latere pour le Nord de la France, qui convoquera prochainement les évêques au concile.

Hugues gagna ensuite la Champagne une impatience bien naturelle le pressait de revoir son fils, Thibaud (2), qu'il y avait laissé. La préparation du concile nécessitait en outre des démarches auxquelles il lui eût été difficile de rester étranger, et nous verrons qu'elles eurent un plein succès en Champagne même. Une charte de 1127, rédigée à Provins, en faveur des chevaliers du Temple (3), se fait l'écho des sympathies que le grand maître y rencontra sitôt son retour (4). Le document émane du jeune comte Thibaud, son suzerain, à qui, deux ans auparavant, le comte Hugues de Troyes avait cédé ses états pour se faire templier (5).

Cette charte, à vrai dire, n'est pas la plus ancienne que l'on puisse citer d'une donation faite en France au profit de la nouvelle milice. Guérard, dans son Cartulaire de Saint-Victor de Marseille (6), a publié l'acte d'une rente en grains constituée en faveur du Temple sur l'église de La Motte-Palayson, qui remonte au 1er juillet 1124. Orderic Vital, de son côté, rapporte que le comte Foulques d'Anjou, revenu de son premier voyage en Palestine (7), assigna dans ses terres une rente de trente livres angevines au profit des chevaliers (8).

Notes chapitre 1
1. — Hugues de Payns était « issu de la maison des comtes de, Champagne », assure l'Art de vérifier les dates (Chronologie des grands maîtres du Temple, édition 1818, tome 15, page 336).
Ce n'était pas à coup sûr un des moindres seigneurs de la province, car il figure en très haute compagnie comme témoin à deux actes importants du comte Hugues de Troyes, dont l'un est daté du 21 octobre 1100 (L'Abbé Pétel, La commanderie de Payns et ses dépendances (Troyes, 1905), page IX). Peut-être accompagnat-il le comte Hugues, lorsque celui-ci entreprit son premier voyage en Terre-Sainte (1104).
2. — Godefroy de Saint-Omer était frère (consanguineus) de Guillaume, châtelain de Saint-Omer (J. Malbrancq, De Morinis et Morinorum rebus (Tornaci Nerviorum, 1639-1654, 3 volume in-4°), tome III, page 150), dont un des fils, Otton, signe comme templier à partir de 1140 (D'Albon, Cartulaire général de l'Ordre du Temple (Paris, 1913, in-4°), page 143, n° CCV).
3. — En quelle année l'ordre du Temple fut-il fondé ? 1118 est la date longtemps admise, d'après Guillaume de Tyr (1. XII, c. 7, dans Historiens occidentaux des Croisades, tome I, 1re partie, page 520), qui place cette fondation l'année même de l'avènement de Baudouin II, roi de Jérusalem.
M. l'abbé Vacandard rejette cette manière de voir et propose le millésime 1119 (Vie de saint Bernard (Paris, 1895, in-8°), tome I, page 232, n° 2), que donnent, à propos du concile de Troyes, et Guillaume de Tyr (Ibidem) et le prologue de la règle du Temple, lequel fixe l'ouverture de cette assemblée au 13 janvier 1128, « in sollempnitate sancti Hylarii, anno M° C° XX° VIII° ab incarnato Dei Filio, ab inchoatione predictœ milicise nono » (Henri de Curzon, La Règle du Temple (Soc. de l'Hist. de France, 1888, page 14). C'est aussi l'opinion de M. G. Schnurer, avec cette nuance que la milice pourrait bien n'avoir commencé que dans les premiers jours de 1120 (Die ursprungliche Templerregel (Fribourg-en-Brisgau, 1903), page 95, n° 2). Ajoutons que le millésime 1120 a pour lui l'autorité du Chronicon Turonense (Historiens, de la France, tome XII, page 470).
Ceci établi, si l'on veut serrer la question de plus près, je citerai une charte, datée également par synchronisme avec la naissance de l'Ordre. Il s'agit d'un acte donné par Thibaud, comte de Champagne, en faveur des chevaliers du Temple de Salomon, la veille de la Toussaint, en la huitième année de l'Ordre, « anno octavo ab institutione prenominatorum conmilitonum Christi » (D'Albon, Cartulaire du Temple, page 6, n° IX), c'est-à-dire en 1126, si la fondation est antérieure au 31 octobre 1119 ; en 1127, si la fondation est postérieure à cette date. Or, d'après le prologue de la règle du Temple, comme la huitième année de la milice a fini au plus tard le 12 janvier 1128, la charte de Thibaud appartient à l'année 1127, et, partant, l'ordre du Temple a été fondé dans la période comprise entre le 1er novembre 1119 et le 12 janvier 1120.
4. — J. Delaville Le Roulx, Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre (1100-1310) (Paris, 1904, in-8°), pages 38, 39, 42.
5. — « Prœdicti enim Hospitalis fratres, ad imitationem fratrum militiœ Templi, armis materialibus utentes, milites cum servientibus in suo collegio receperunt » (Jacques de Vitry, Historia Hierosolimitana, édition Bongars, Gesta Dei per Francos, tome I, page 1084).
6. — Il serait intéressant de savoir la date de cette transformation. M. Delaville Le Roulx, à défaut de preuves irrécusables, suppose qu'en 1126 elle était déjà accomplie (Les Hospitaliers en Terre Sainte, page 45).
7. — De là leur vint le nom de chevaliers du Temple ou de Templiers.
8. — Je m'aiderai à peu près uniquement pour ce travail du recueil de textes qui vient de paraître à la librairie Champion (1913, in-4°), sous le titre Cartalaire général de l'Ordre du Temple, par M. le marquis d'Albon. Ce volume, que la mort prématurée de l'auteur a laissé inachevé, contient, sans introduction ni analyses d'actes, la série complète des chartes et des bulles du Temple, de ses origines à l'an 1150.
— Art de vérifier les dates tome 15 BNF

* * *

Mais ces libéralités ont un caractère fortuit, accidentel, si j'ose dire, qui s'affirme par cela même qu'aucune d'elles n'est devenue pour l'Ordre une cause d'expansion ce sont là des faits isolés, sans répercussion immédiate dans l'histoire des premiers établissements du Temple en Occident (9).

Il était réservé à la Champagne de pourvoir, avant toute autre province, à l'établissement des pauvres chevaliers du Christ. Les circonstances semblaient l'y prédestiner. Rien de grand qui ne soit champenois dans cet Ordre à ses débuts le fondateur, le concile qui l'approuve et parmi ses membres, le plus illustre, le comte Hugues de Troyes (10).

On ne peut guère douter que le fondateur du Temple n'ait constitué à sa famille religieuse un patrimoine à Payns dont il était originaire (11). Objectera-t-on que la charte de la donation fait défaut ? L'objection serait frivole en soi.

Le titre de fondation manque également aux origines de la maison d'Y près et à la commanderie de Fontaine, près Montdidier, créées l'une et l'autre à la suite de l'abandon fait à l'Ordre, de leurs biens par les premiers coopérateurs du grand maître, Godefroy de Saint-Omer et Payen de Montdidier. Impossible d'ailleurs qu'il en soit autrement. Quand les premiers chevaliers firent profession entre les mains du patriarche de Jérusalem, se consacrant par des vœux solennels au service des pèlerins de Terre Sainte, ils durent céder, ce jour-là, sans ministère de scribe, tout leur avoir à l'Ordre qu'ils fondaient. « En la mein du patriarche voerent chastée et obedience, et renoncièrent à toute porpriété (12) », dit l'archevêque Guillaume de Tyr. Veut-on de leur désintéressement une autre preuve, le témoignage d'un contemporain ? Lisez le début de la charte que Jocelin, un des Pères du concile de Troyes, dictait à quelques années de là. Le préambule compellatif ne laisse aucun doute. S'adressant au premier grand maître « Plus généreuse a été la charité avec laquelle frère Hugues, très cher dans le Christ, vous et vos frères avez prodigué pour la défense de la chrétienté non seulement votre patrimoine mais encore vos vies, plus Nous et ceux qui ont charge de veiller sur les églises, Nous devons faire diligence à pourvoir aux besoins de votre milice (13). » L'on pourrait encore rappeler à l'appui de ce fait que la terre de Payns, sans doute à cause du souvenir du fondateur, fut érigée par la suite en chef-lieu de commanderie (14).

Payns n'est assurément pas le seul domaine que le Temple ait eu en Champagne dès les premiers temps de sa fondation. Si l'on ignore quels biens lui apporta le comte Hugues le jour de sa profession de foi, qui croira que ce prince, dont la vie édifia les contemporains par ses largesses envers les ordres religieux, ait omis précisément de favoriser celui-là même dont il faisait élection. Sa munificence lui avait réservé, chose probable, quelque fief, terre ou justice. Et j'ai cette impression que les Templiers, pauvres comme ils l'étaient, n'eussent pas entrepris leur voyage en Europe si, l'année qui le précéda (15), un secours providentiel ne leur en eût fourni les moyens.

Un fait certain, c'est l'éveil de sympathies dont cette vocation fut cause parmi les nobles de la province. Nous y avons déjà fait allusion. Une charte en porte témoignage elle est datée de Provins, le 31 octobre 1127.
Par cet acte, Thibaud, comte de Blois et de Champagne, cède aux chevaliers du Temple une exploitation rurale qu'il possédait à titre héréditaire dans la châtellenie de Sézanne, à Barbonne à la « grange » se trouvaient annexés un pré et une terre, et celle-ci, de la contenance d'une charmée, pouvait représenter cent cinquante arpents (16).

Mais Thibaud ne se contenta pas de ce don. Plusieurs de ses vassaux avaient, avant lui, disposé d'une partie, de leurs biens en faveur de l'institution naissante.
Quels étaient ces personnages ? Hugues de Payns, tout d'abord, sans nul doute. Et les autres ?...... Il faut se résoudre à les ignorer. Pourtant, le jeune comte Thibaud confirme leurs donations, toutes les donations récemment faites (17) à à l'Ordre par ses barons et les autres hommes de son comté, sous réserve du service féodal (18). Nous le montrerons plus loin, ce furent-là, dès le commencement, les premières fondations des riches commanderies. Mais déjà cette charte de 1127 est décisive en ceci, qu'il convient de souligner et de retenir: elle fait de la Champagne le berceau de la chevalerie du Temple en Occident.

Partant, il allait de soi, pour ainsi dire, que le concile chargé d'examiner l'œuvre et la pensée de maître Hugues se tînt en Champagne, et c'est à Troyes que les Pères se réunirent, au cœur même du pays, à quelques kilomètres de la maison forte de Payns (19).

L'assemblée eut lieu le 13 janvier 1128, sous la présidence de l'évêque d'Albano, légat du Saint-Siège et natif du pays de Laon. Douze évêques y assistaient. A leur tête, l'archevêque de Reims et celui de Sens représentaient les provinces ecclésiastiques auxquelles appartenaient par leur naissance Hugues de Payns et ses principaux compagnons d'armes, Godefroy de Saint-Omer et Payen de Montdidier. Les autres évêques, leurs suffragants (20), les abbés de différents monastères, notamment saint Bernard (21), et des laïcs appelés à dire leur avis, comme Thibaud de Champagne et André de Baudement, tous ces personnages appartenaient à la région. Cette particularité n'est pas ce qui frappe le moins elle permet de se représenter l'état d'âme du concile. Tel que, d'emblée, on y reconnaît un choix et des influences concertées en vue d'un triomphe. Pas un assistant à qui l'entreprise des Templiers ne soit chère comme l'une des plus grandes, des plus authentiques manifestations de l'esprit national. Aussi tous l'acclament à « franches voix. »
— Voici les noms des évêques présents :
— Renaud de Martigné, archevêque de Reims.
— Henri Sanglier, archevêque de Sens.
— Geoffroy de Lèves, évêque de Chartres.
— Jocelin de Vierzy, évêque de Soissons.
— Étienne de Senlis, évêque de Paris.
— Haton, évêque de Troyes.
— Jean II, évêque d'Orléans.
— Saint Hugues de Montaigu, évêque d'Auxerre.
— Bouchard, évêque de Meaux.
— Erlebert, évêque de Châlons.
— Barthélemy de Joux, évêque de Laon.
— Pierre de Dammartin, évêque de Beauvais.

— Les autres abbés présents étaient:
— Renaud de Semur, abbé de Vézelay (Yonne).
— Saint Étienne Harding, abbé de Cîteaux (Côte-d'Or).
— Hugues, comte de Mâcon, 1er abbé de Pontigny (Yonne).
— Guy, abbé de Trois-Fontaines (Marne).
— Ursion, abbé de Saint-Denis de Reims (Marne).
— Herbert, abbé de Saint-Étienne de Dijon (Côte-d'Or).
— Guy, abbé de Molesmé (Côte-d'Or).

L'ordre du Temple une fois approuvé, Hugues de Payns entreprit d'y intéresser d'abord les Etats et les grandes familles de la chrétienté. Avait-il de Baudouin la mission de solliciter en même temps une nouvelle croisade ? On l'a prétendu, en s'appuyant sur un document tenu aujourd'hui pour apocryphe (22). Les circonstances politiques ne se prêtaient pas d'ailleurs à une action commune de l'Europe en Orient, et si des instructions lui furent données par le roi de Jérusalem, c'est seulement auprès du comte Foulques d'Anjou que ses démarches aboutirent. Foulques était à Jérusalem dans les premiers temps de la fondation du Temple. Pendant une année, il y entretint cent hommes d'armes à ses frais (23), dans la compagnie de la milice (24).

Brave, généreux, zélé, il avait plu par ses qualités à Baudouin qui, n'ayant pas de fils, songea à faire de lui l'héritier présomptif de sa couronne, en lui offrant en mariage sa fille aînée Mélisende (25). Les premières ouvertures lui en furent faites, j'imagine, par Hugues de Payns, au printemps de l'année 1128, à moins que ce ne soit sitôt son retour de Palestine, avant la réunion du concile de Troyes (26). Foulques avait alors trente-sept ans au plus (27). Veuf de sa femme Eremburge, il accepta la proposition avec joie, mais il voulut, avant de partir, consolider sa politique en Anjou par le mariage de son fils aîné Geoffroy, auquel il devait remettre son comté, avec « l'impératrice » Mathilde, fille du roi d'Angleterre, Henri Ier. Les noces furent célébrées au Mans (28), et Foulques y prit la croix des mains de l'archevêque de Tours, en présence des évêques et des seigneurs de la province (juin 1129). C'est au milieu de cette société que nous retrouvons Hugues de Payns, et l'affaire où il figure lui donne le rôle d'arbitre. Il s'agissait d'amener à résipiscence Hugues d'Amboise. Ce seigneur ayant vexé par ses exactions les sujets de Marmoutiers, il y avait pour lui une obligation stricte à réparer ses torts, s'il voulait se croiser. Le comte d'Anjou était déjà intervenu, mais vainement : car il était réservé au grand maître de vaincre l'obstination de cet homme et le ramener au bien (23 mai 1129) (29)

D'Anjou, Hugues de Payns semble être descendu jusqu'en Poitou. Trois fragments de charte témoignent du moins des libéralités qu'il y reçut (30), sans que nous sachions au juste à quelle époque. M. d'Albon suppose qu'elles eurent lieu dans les jours qui précédèrent ou suivirent de près le 31 mai 1128 (31). Mais il n'est pas douteux que son opinion ait été influencée par la date fautive qu'il attribuait à l'accord, dont je viens de parler, entre Hugues d'Amboise et les religieux de Marmoutiers.

En Flandre, un accueil enthousiaste attendait le grand maître. On sait que la Flandre avait fourni à l'armée des croisés ses principaux chefs ; c'était aussi le pays d'origine de Godefroy de Saint-Omer, celui que jusque dans les derniers temps, le sceau du Temple représentera chevauchant avec Hugues de Payns sur un même cheval de bataille (32).
32. — Le sceau des chevaliers du Temple, dont le type représente deux cavaliers montant un même cheval, a fait l'objet de plusieurs interprétations. S'il faut en croire les Bénédictins, Matthieu Paris voyait dans l'image de ce sceau, le symbole de la pauvreté primitive de l'Ordre « Unde, propter primitivæ, paupertatis memoriam et ad humilitatis observantiam, in sigillo eorum insculpti sunt duo unum equum equitantes » (Nouveau traité de diplomatique, tome IV, page 358). Malheureusement, le passage cité par les savants religieux ne se retrouve pas dans la chronique du moine de Saint-Albans (Louis de Mas-Latrie, Lettre à M. Beugnot sur les sceaux de l'ordre du Temple, dans Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 2° série, tome IV, page 387, n. 2) En outre, il semble difficile d'admettre l'explication qu'ils suggèrent, à savoir que « dans les commencements de leur Institut, les chevaliers du Temple étaient si pauvres qu'ils n'avaient qu'un cheval pour deux » (Art de vérifier les dates. Chronologie des grands maîtres du Temple, édition 1818, tome II, page 118).
Mieux fondée est l'opinion de M. Mas-Latrie. Selon lui ; le cheval aux deux cavaliers représenterait « plutôt le signe de l'union et du dévouement recommandés dans tous les ordres religieux » (Lettre à M. Beugeot, déjà citée, page 389).
Mais précisément parce que le précepte de charité fraternelle est l'assise de toute constitution monastique, on peut douter que le sceau équestre du Temple n'ait rien signifié de plus particulier.
— L'interprétation que propose à son tour Hefele (Histoire des Conciles, traduction Leclercq, tome VI, page 669-670) concilie ce qu'ont de vraisemblable les opinions précédentes pour en faire l'application aux deux principaux personnages de l'Ordre naissant. C'est l'idée qu'insinuait déjà M. Huillard-Bréholles (Grande chronique de Matthieu Pâris, Paris, 1840-1841, 9 volumes in-8°, tome I, page 275, n. 1). Et nous l'adoptons volontiers, car elle traduit à nos yeux une réalité que signalent les historiens des croisades, en attribuant la fondation du Temple aux deux chevaliers Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Orner.

Godefroy l'y avait précédé, et ses relations à la cour avaient vite élargi le cercle de sa propagande. Une tradition des plus fondées assure qu'il fit transformer en couvent de l'Ordre une vaste maison qu'il tenait de ses ancêtres en la ville d'Ypres (33). Malgré l'absence de preuves, le fait est indéniable ou autant vaut dire, car nous aurons occasion de le constater, en l'année 1131 déjà, les Chevaliers avaient une résidence à Ypres (34 Voir ci-dessous, page 327).

Cette donation de Godefroy, tout ce qu'il avait de patrimoine, préluda sans doute aux libéralités que firent à l'Ordre le comte de Flandre et les grands feudataires du pays. Quelque temps avant sa mort, survenue le 27 mai 1128, Guillaume, comte de Flandre, avait abandonné à la chevalerie le relief de tous les fiefs qui mouvaient de lui dans son comté (35). Thierry, son successeur, renouvela cette libéralité, et les barons, à l'exemple de leur suzerain, cédèrent le relief des fiefs qui leur appartenait (13 septembre). Faite avec apparat, dans l'église Saint-Pierre de Cassel, cette mémorable donation prit du coup la forme d'un hommage à l'initiative des premiers chevaliers. Hugues de Payns, Godefroy de Saint-Omer et Payen de Montdidier assistaient à la cérémonie, ayant à leurs côtés d'autres frères, peu nombreux encore, des recrues de la veille sans doute (36).

Hugues de Payns se dirigea de là en Angleterre, d'où il revint ayant avec lui de nombreux chevaliers (37). Peut-être était-il de retour à Troyes au début de l'année 1129. La charte que M. le marquis d'Albon place sous cette date (38) pourrait appartenir, elle se comprendrait mieux, au lendemain du concile, en 1128.

Nous avons vu que le grand maître était au Mans, le jour de l'Ascension 1129, à l'occasion de la prise de croix de Foulques d'Anjou (39). Celui-ci le précéda de quelques mois à son retour en Palestine. Quand Hugues y reviendra, en quittant la France par la vallée du Rhône, de nombreuses recrues l'accompagneront, portant l'habit des Templiers, robe et manteau blanc pour les chevaliers, d'étoffe sombre pour les autres. En cours de route, sa présence nous est signalée une dernière fois, le 29 janvier 1130, à la cour de l'évêque d'Avignon. Une libéralité rappelle ce souvenir c'est la donation faite à Hugues de Payns par l'évêque et son chapitre, de l'église de Saint-Jean-Baptiste d'Avignon (40)

Notes chapitre 2
1. — Cette nomination est postérieure au 20 octobre 1126 (Dom Berlière, Le cardinal Matthieu d'Albano, dans Revue Bénédictine, XVIIIe année (1901), page 123).
2. — « Théobaldus de Pahens, filius Hogonis primi magistri Templi Hierusalem », Recueil des Historiens... de la France (ex chronico Senonensi S. Columbæ), tome XII, page 288.
3. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 6, n° IX.
4. — L'acte ne désigne aucun témoin mais il est daté par synchronisme avec la fondation du Temple, et cette mention, particulière aux documents où figure le premier grand maître, me fait supposer que celui-ci était présent à la donation.
5. — Avant de céder à l'attrait de la vie religieuse, Hugues de Troyes, soupçonnant sa femme d'infidélité, avait cédé son comté de Champagne à son neveu Thibaud, comte de Blois, au détriment d'Eudes le Champenois, qu'il refusait de reconnaître pour son fils.
6. — Tome II, page 574-575, n° 1102.
7. — Foulques d'Anjou était de retour le 24 septembre 1121.
8. — « Fulco... Jérusalem perrexit, ibique, militibus Templi associatus, aliquandiu permansit. Inde cum licentia eorum regressus, tributarius illis ultro factus est, annisque singulis XXX libras andegavensium illis largitus est » (Orderic Vital, Histoire ecclésiastique, tome XII, chapitre 29, éditions A. Le Prévost, Société de l'Histoire de France, tome IV, page 423).
9. — Les Souvenirs de la Flandre wallonne (tome XIX, 1879, pages 116-121) ont également publié une charte du Temple fort ancienne la donation du domaine de Planques, près de Douai, faite aux Templiers par Baudouin Brochet, seigneur d'Hénin-Liétard.
L'éditeur place l'acte aux environs de 1120. Mais cette date ne paraît pas concorder avec la teneur du document. L'année d'après la fondation des Templiers, on eût été osé d'écrire « Quorum gloriosa fama, ubique terrarum patenter diffusa, multis innotuit et ad beneficia illis largiter offerenda, ut dignum est, multos animavit. » Et pour qui se rappelle l'état peu viable et l'insuccès de l'Ordre durant ses premières années, la date « circa 1125 » que prête à cette charte M. d'Albon (Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 2, n° IV) paraît non moins impossible.
10. — Dès 1125. Cf. H. d'Arbois de Jubainville, Histoire des ducs et des comtes de Champagne (Paris, 1861), tome II, page 140, note 1.
11. — M. l'abbé Pétel a réfuté de façon définitive l'attribution à Hugues de Payns d'une origine forézienne (La commanderie de Payns, page II-XII).
12. — Historiens occidentaux des Croisades, tome I, 1re partie, page 520.
13. — « Quanto habundantiori caritate, frater Hugo in Xpisto carissime, tu et fratres tui, non solum sustancias, verum etiam animas vestras pro Xpistianitatis defensione exposuistis, eo attentius nos et ceteri quibus ecclesiarum cura commissa est, milicie vestre usibus necessaria providere debemus » (D'Albon, Carttulaire du Temple, page 42-43, n° LIX). (Page 314)
14. — A. Pétel, La Commanderie de Payns et ses dépendances, page 1. (Page 315)
15. — En 1126 au plus tard, lors de la réception d'Hugues de Troyes, comme templier à Jérusalem.
16. — A. Héron de Villefosse, Des mesures en usage en Brie aux XIIIe et XIVe siècles (Paris, 1874, in-4°), page 19.
17. — Et peut-être « à faire » Dederint dit le texte. Ce futur antérieur enferme évidemment une imprécision, qui visait, ce semble, des biens non déclarés.
18. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 6, n° IX.
19. — Payns est à douze kilomètres de Troyes.
20. — Voici les noms des évêques présents :
— Renaud de Martigné, archevêque de Reims.
— Henri Sanglier, archevêque de Sens.
— Geoffroy de Lèves, évêque de Chartres.
— Jocelin de Vierzy, évêque de Soissons.
— Étienne de Senlis, évêque de Paris.
— Haton, évêque de Troyes.
— Jean II, évêque d'Orléans.
— Saint Hugues de Montaigu, évêque d'Auxerre.
— Bouchard, évêque de Meaux.
— Erlebert, évêque de Châlons.
— Barthélemy de Joux, évêque de Laon.
— Pierre de Dammartin, évêque de Beauvais.
21. — Les autres abbés présents étaient:
— Renaud de Semur, abbé de Vézelay (Yonne).
— Saint Étienne Harding, abbé de Cîteaux (Côte-d'Or).
— Hugues, comte de Mâcon, 1er abbé de Pontigny (Yonne).
— Guy, abbé de Trois-Fontaines (Marne).
— Ursion, abbé de Saint-Denis de Reims (Marne).
— Herbert, abbé de Saint-Étienne de Dijon (Côte-d'Or).
— Guy, abbé de Molesme (Côte-d'Or).
22. — Je fais allusion à la prétendue lettre écrite par Baudouin II, roi de Jérusalem, à l'abbé de Clairvaux, le priant d'intervenir auprès du souverain Pontife pour obtenir la confirmation de l'ordre du Temple et une nouvelle croisade de l'Europe en Orient. Ce document a été publié à nouveau par le marquis d'Albon (Cartulaire du Temple, page 1, n° I).
Cf. E. Vacandard, Vie de Saint Bernard, édition 1897, tome I, page 237, n° 4.
23. — Guillaume de Tyr, livre 1. XIV, chapitre 3. Et Historiens occidentaux des Croisades, tome I, 1er partie, page 608.
24. — « Fulco... Jérusalem perrexit, ibique, militibus Templi associatus, aliquandiu permansit. Inde cum licentia eorum regressus, tributarius illis ultro factus est, annisque singulis XXX libras andegavensium illis largitus est » (Orderic Vital, Histoire ecclésiastique, tome XII, chapitre 29, éditions A. Le Prévost, Société de l'Histoire de France, tome IV, page 423).
25. — Guillaume de Tyr, livre I. XIV, chapitre 3. Historiens occidentaux des croisades, tome I, 1re partie, page 608. S'il faut en croire les Chroniques d'Anjou (éd. P. Marchegay et A. Salmon (Société de l'Histoire de France, 1856), page 152), le roi Louis le Gros et des prélats de France consultés par Baudouin à ce sujet lui auraient désigné Foulques d'Anjou pour gendre.
26. — D'Albon, Cartulaire du Temple, page 5, n° VIII. — Le millésime 1127, qui date la charte dont il s'agit, embrasse la période comprise entre le 3 avril 1127 et le 22 avril de l'année suivante.
27. — Art de vérifier les dates Les rois de Jérusalem, éditions 1818, tome II, page 23.
28. — En 1129, dans l'octave de la Pentecôte, dont la fête tombait le 2 juin.
29. — D'Albon, Cartulaire du Temple, page 8-10, n° XII. On ne connaît de cette charte que deux copies du XVIIIe siècle, reproduisant la même erreur de compte « Actum anno. MC. XXVIII, indictione VII. » Son éditeur, M. d'Albon, place le document sous l'année 1128 (31 mai). Ce millésime est en contradiction avec l'indiction VII, qui est celle de l'année 1129 et non pas celle de 1128. La discordance entre ces dates provient, à n'en pas douter, de l'omission par le copiste de la lettre numérale, répétée quatre fois, qui terminait primitivement le millésime. L'événement auquel la charte fait allusion, la prise de croix de Foulques, comte d'Anjou, appartient effectivement à l'année 1129.
30. — D'AlBon, Cartulaire du Temple, page 10, n° XIII, XV.
31. — « Circa 31 mai 1128 », dit-il.
33. — J. Malbrancq, De Morinis et Morinorum rebus, tome III, page 150.
34. — Voir ci-dessous, page 327.
35. — D'Albon, Cartulaire du Temple, page 5, n° VII.
36. — « ..... In presencia magistri Hugonis, ejusdem supranominate milicie, fratrumque ejus Godefredi et Pagani et aliorum.... » D'Albon, Cartulaïre du Temple, page 11, n° XVI.
37. — « Hoc anno [1128], Hugo de Paens, magister militum Templi Jérusalem in Angliam veniens, multos Jerusalem secum duxit » (Chronicon Johannis Bromton (Historiée anglicanes scriptores (Londres, 1652, 2 in-folio), tome I, col. 1017). Recueil des Historiens de la France (Ex Henrici Hunlindoniensis hisonriarum libro VII), tome XIII, page 37.
38. — D'Albon, Cartulaire du Temple, page 16, n° XXII.
39. — D'après l'Art de vérifier les dates (Chronologie des grands maîtres du Temple, éditions 1818, tome II, page 118), d'aucuns disent que Hugues de Payns se rendit aussi en Espagne. Nous n'avons rencontré nulle part la preuve de cette assertion.
40. — On connaît cet acte par une analyse du XVIIe siècle (D'Albon, Cartulaire générale du du Temple, page 23, n° XXX), certainement fautive, en ce qu'elle fait naître Hugues de Payns en Vivarais.

* * *

Le recrutement du Temple prit à ses débuts en France un caractère original, dû sans doute à l'intervention de saint Bernard. En toute occasion et partout, surtout dans la société féodale où son influence rencontrait un terrain merveilleusement propice, l'abbé de Clairvaux s'était fait l'ardent apôtre de la milice. Chevalier de race et moine par vocation, nul mieux que lui n'était à même de faire revivre avec intensité l'idéal religieux du Temple.
Nul non plus par ses idées sur la vocation religieuse n'était porté davantage à lui assurer un recrutement à profusion. Son « Éloge de la nouvelle chevalerie » s'en fait encore l'écho (1).
Ces pages vibrantes d'émotion furent sans doute parlées avant que d'être écrites. A l'entendre, les imaginations s'exaltaient, et nombre de gentilshommes qui se sentaient une épée au côté s'empressèrent de la mettre au service de Dieu. A vrai dire, cet élan généreux portait vers le Temple des gens fort peu recommandables. « Scélérats, impies, ravisseurs, sacrilèges, homicides, parjures, adultères », ces noms peu flatteurs que l'abbé de Clairvaux applique au plus grand nombre, accuseraient-ils de la part de l'honnête chevalerie moins d'empressement à répondre aux premiers appels du Temple ?

On ne peut nier que l'Ordre y rencontra d'abord plus de sympathies généreuses que de vocations monastiques.
Fallait-il toutefois augurer mal d'un tel recrutement ?
A regarder les choses sans faux idéalisme, saint Bernard y voyait un double avantage (2) « Le départ de ces gens-là, disait-il, est une délivrance pour le pays, et l'Orient se réjouira de leur arrivée à cause des prompts services qu'il en attend. »

Les pratiques religieuses et l'héroïsme ambiant allaient en effet retremper l'acier de ces âmes vieillies. « C'est ainsi, ajoutait le pieux abbé, que le Christ sait tirer vengeance de ses ennemis non seulement il triomphe d'eux, mais il s'assure par eux un triomphe sans précédent. Il change ceux qui depuis longtemps l'oppriment en défenseurs de sa cause d'un ennemi il fait un chevalier, comme jadis d'un Saul persécuteur il a fait un Paul apôtre (3). »

Les seigneurs ne furent pas seuls à s'engouer. Bourgeois, roturiers ou vilains vinrent s'offrir, eux aussi car on faisait cordialement accueil à tous venants (4). Cet esprit démocratique, d'origine monacale, a marqué trop profondément de son empreinte les articles de la première règle du Temple pour qu'on n'y reconnaisse pas l'inspiration de saint Bernard (5).

Emmener tous ces gens en Terre Sainte, il n'y fallait pas songer. Beaucoup que leur condition première n'avait pas préparés au métier des armes eussent été là-bas de médiocres auxiliaires. En France, au contraire, leur connaissance de l'agriculture et leur aptitude au commerce allaient en faire de précieux instruments pour l'exploitation des propriétés de l'Ordre. Aussi bien de ceux-là va-t-on faire un choix, et tandis que les uns serviront les chevaliers à la guerre, les autres, ceux qui ne peuvent combattre, seront employés au travail des champs. Pour eux, en effet, l'on sollicitera des chapitres et des monastères, les grands propriétaires d'alors, des territoires propres à la culture mais inexploités, on procèdera à de vastes défrichements, les bois même seront abattus. Ainsi, à la prière des Chevaliers, l'abbaye de Saint-Pierre-le-Vif leur cède les terres de Sérilly (6), qu'ils échangeront peu de temps après avec l'abbaye de Vauluisant contre d'autres terres plus à leur convenance (7).

A La Neuville-au-Temple, près de Châlons, où les Frères avaient une exploitation dès avant 1132, veut-on savoir comment ils se sont établis ? « Ils ont trouvé dans les vastes plaines cathalauniennes un territoire voisin du cours de la Vesle et inoccupé, ils s'y sont fixés, ont construit leurs bâtiments, puis se sont mis courageusement à l'œuvre pour commencer les créations de ce domaine qui devait devenir un des plus beaux de la province (8). » Le nom de Neuve Ville en est d'ailleurs une preuve. Le même fait se vérifie à Serches (9), près de Soissons au Temple de Mondoubleau (10), en la forêt du Perche à Coulours (11), dans l'Yonne. Là, comme encore à Barbonne (12), à Coudrie (13), sous le magistère d'Hugues de Payns, les Templiers colonisent et fondent des centres d'exploitation rurale.

Il serait facile et il est surabondant de multiplier davantage ces exemples. Leur défaut serait d'accréditer une fois de plus l'erreur où l'on est que les Templiers s'adonnaient en Europe aux travaux agricoles. Il n'en est rien car ceux-là s'y employaient seuls qui n'étaient pas chevaliers et se révélaient impropres au service de la guerre. Le personnel du Temple comprenait deux classes de religieux : les frères de couvent et les frères de métier (13). La première classe admettait, outre les chapelains, les chevaliers proprement dits et les sergents en état de porter les armes ; la seconde confondait les sergents attachés au service intérieur de la maison ou à l'exploitation du domaine. Ces derniers, d'un rang inférieur, constituaient le personnel domestique et agricole des commanderies eux seuls étaient affectés aux travaux manuels. Remarquons-le bien car ici nous atteignons la différence qui distingua toujours l'exploitation des commanderies des autres entreprises agricoles monacales. Agriculteurs, les Templiers le furent seulement dans leurs frères de métier, et encore le moins possible car ceux-ci s'aidaient à l'ordinaire de gens à gages qu'ils surveillaient. A la différence du moine défricheur, bénédictin ou cistercien, se vouant à l'agriculture moins sous la poussée du besoin que par amour de la terre et par obéissance à la règle, le moine-soldat, plus pressé de gains, attachait à la culture de la terre un intérêt secondaire. Loin de la dédaigner, s'il en recherchait toutefois, même âprement, la possession, c'était pour augmenter par elle son trésor de guerre, soit en l'exploitant à l'aide de salariés, tel un faire-valoir rural ou une manufacture, soit en la louant à des particuliers ; mais le plus souvent il l'échangeait pour des revenus moins incertains, comme la propriété bâtie et les dîmes.

Des chevaliers occupés à des métiers de vilain, c'eût été contraire à l'esprit comme au but initial de la milice ; et ceux-là le comprirent qui, dès sa naissance, lui donnèrent des domaines en pleine exploitation et d'un rapport assuré. De ce fait incontestable, les chartes des premiers temps de l'Ordre sont une illustration somptueuse ; et Mansuet en avait bien saisi toute l'importance lorsqu'il écrivait « A peine sept ou huit ans s'étaient écoulés depuis la confirmation de l'Ordre, qu'on le vit s'étendre prodigieusement. Les donations qu'on leur fit n'étaient pas de terrains incultes ou à défricher, comme ceux que recevaient les disciples de saint Norbert et de saint Bernard, c'étaient des châteaux, des fiefs, des forts, des bourgades avec leurs appartenances (14). » (Page 327)

Si instructives que soient les premières fondations du Temple, la collaboration active des Pères du Concile les passe de beaucoup en intérêt pour nous. Ce n'était pas assez d'approuver l'entreprise des Chevaliers, il fallait y collaborer, l'aider à vivre, l'enrichir, si possible. Il y avait là une lourde tâche, aussi utile que la première l'épiscopat n'y faillit point. Évêques et abbés, les évêques surtout, ne se lassent pas d'intervenir en sa faveur ou s'associent libéralement aux donations qui lui sont faites. C'est pour eux un devoir, ils ne peuvent s'y dérober.
« Nous, et ceux qui ont charges de veiller sur les églises, dira l'évêque de Soissons, nous devons faire diligence et pourvoir aux besoins de votre milice (1). »

Et dans cet impérieux mouvement de charité qui se dessine, tous des premiers, figurent les cinq évêques de Champagne.
Veut-on des faits ? Voici Renaud de Martigné, archevêque de Reims. Des évêques sont réunis en synode dans sa ville métropolitaine et saint Bernard y assiste (19 octobre 1131) (16). L'archevêque prend alors l'initiative, et tous l'approuvent, d'établir une quête annuelle en faveur des Templiers, huit jours de suite, à l'époque des Rogations, dans la chapelle de leur maison d'Ypres (17). L'assentiment des prélats (18) fut d'autant plus spontané que, si l'on excepte l'évêque d'Arras promu récemment (19), les autres avaient déjà ouvert leur diocèse aux Templiers. Ceux-ci étaient établis à La Neuville lorsqu'en 1132, Erlebert, évêque de Châlons (20), leur reconnut le droit de dîmes et toutes les terres qu'ils pourraient cultiver sur le territoire de la paroisse (21).
Même cas à Serches, près de Soissons, où l'évêque Jocelin leur cède les menues dîmes et le droit d'y avoir leur sépulture (1133) (22).
Moins que tout autre, Barthélemy de Joux (23), évêque de Laon, devait rester en arrière dans ce mouvement de fastueuse sympathie. M. Mannier lui attribue, non sans raison, la donation de la résidence que les Chevaliers possédaient à Laon en 1140 (24). Tout son épiscopat effectivement, le prélat ne cessa de favoriser l'Ordre avec un zèle, une continuité qui ne laisse pas de faire impression.
A son exemple, gens d'église, nobles ou bourgeois sont pris d'émulation, l'on se pique au bien et c'est à qui sacrifiera des terres, des rentes, ou des droits. Ses lettres de 1149, rédigées en forme de mandement, ne citent pas moins de cinquante localités où la Chevalerie avait des biens et dont les noms s'identifient encore aujourd'hui pour la plupart à des localités de l'Aisne (25).
Même vogue enfin, au diocèse de Troyes. En 1143, les lettres de l'évêque Haton remémorent quantité d'actes qui ne le cèdent pas en nombre aux chartes recueillies par le Temple dans les diocèses voisins. L'un d'eux remonte à 1129 au plus tard. Il s'agit de la donation, faite sous réserve d'usufruit, par Raoul le Gros et sa femme, de leur ferme de Preize, un des faubourgs de Troyes. Elle eut pour témoins Hugues de Payns, Godefroy de Saint-Omer, Payen de Montdidier, et deux autres chevaliers, Raoul et Jean (26).

Contentons-nous pour le moment, et il suffit à notre thèse, d'avoir montré la participation des évêques champenois à l'établissement des premières maisons de l'Ordre.
L'on pourrait citer au surplus d'autres donations épiscopales, accomplies l'année même du retour d'Hugues de Payns en Palestine (1130).
De leur ensemble, une conclusion s'impose, et j'ai hâte de la formuler dès maintenant. On a fait honneur aux princes et aux évêques espagnols d'avoir compris immédiatement de quel secours la chevalerie du Temple pouvait être contre les Musulmans car ils l'ont favorisée en lui donnant de bonne heure des établissements considérables (27). En fait, durant les dernières années de la vie d'Hugues de Payns, l'Ordre prit un accroissement prodigieux par-delà les Pyrénées, mais je crois l'avoir suffisamment établi, c'est à des Français, et cela d'abord en France, que revient l'initiative des premières fondations du Temple. Bien plus il y avait pour l'Espagne un intérêt politique immédiat à défendre ses frontières contre les Maures, et c'est là un signe, un fait qui diminue évidemment la beauté des « gestes » accomplis. Chez nous, au contraire, la magnificence de l'aristocratie et de l'épiscopat envers l'institution nouvelle, leur empressement à lui venir en aidé se sont constamment affirmés purs de tout alliage. Et nous touchons ainsi à ce fonds premier de toute œuvre bien française, le désintéressement.

Avant de regagner l'Orient, Hugues de Payns s'était préoccupé d'organiser par le monde la propagande de l'Ordre. La règle prévoyait l'envoi dans la chrétienté de religieux chargés de solliciter des aumônes et de recruter des prosélytes. Ceux qu'il délègue à cet honneur, ses fondés de pouvoir, sont des chevaliers, des frères à tout le moins. Quelques-uns ont des titres. Celui-ci est « sénéchal du Temple », cet autre « maître », ou bien encore « procureur » On aimerait à connaître l'itinéraire de ces premiers propagandistes, les suivre d'étape en étape, se représenter leur façon de vivre, la fécondité de leur action. Par malheur, les textes sont en petit nombre, peu prodigues de renseignements, et les chevauchées de ces missionnaires ne sont pas de celles qui peuvent se reconstituer d'imagination et par analogie.

Au lendemain du concile de Troyes, l'Ordre pénètre en Portugal à la suite d'Hugues Rigaud (mars 1128) (28).
Nous retrouvons ce religieux en compagnie de Raymond Bernard, lors d'une donation faite au Temple en Langue doc, au mois de novembre suivant (29). Puis l'un et l'autre voient leur champ d'action se préciser, s'agrandir. Tandis que celui-ci passe sur une scène plus vaste et chevauche à travers les royaumes d'Aragon et de Castille, celui-là reste en terre française, et pendant sept années, de 1130 à 1136, son activité sera partagée entre les comtés de Toulouse et de Barcelone. A la même époque, une dizaine de chevaliers figurent comme témoins de diverses acquisitions en Picardie, en Champagne, en Bourgogne ce sont des instruments actifs de propagande leurs chefs, ceux du moins que les textes désignent comme des personnages de marque, sont Payen de Montdidier, Guillaume le Faucon et Guillaume de Baudement.

Nivard, plus connu sous le nom de Payen de Montdidier (30) était originaire de Picardie. On croit qu'il donna au Temple la terre et la seigneurie de Fontaine, près de Montdidier (31) Son exemple aurait eu de nombreux imitateurs. Si le nord de la France fut longtemps pour la chevalerie une terre privilégiée, un intarissable réservoir d'hommes, ce phénomène suppose à ses origines l'action exercée dans leur propre pays par les premiers chefs de l'Ordre. L'année du retour d'Hugues en Palestine (1130), Payen obtenait de l'évêque de Noyon l'annale des prébendes de la cathédrale (32). Faut-il attribuer à son influence la donation que firent à cette époque le comte de Clermont en Beauvaisis et vingt chevaliers de sa suite (33).
Une autre fois, Payen de Montdidier paraît comme témoin dans un titre relatif à La Neuville (34).
Puis son zèle le porte au-delà du détroit et il aborde en Angleterre (35).

Guillaume Le Faucon fut un des principaux artisans de l'extension de la milice en Champagne (36). En 1133, il est chargé de recueillir outre-mer les aumônes faites aux chevaliers du Temple (37), fonctions qui lui donnent le pas sûr Guillaume de Baudement.

Guillaume était fils d'André de Baudement (38), sénéchal de Champagne, celui-là même qui assista au concile de Troyes avec les comtes de Champagne et d'Auxerre, à titre de conseillers lais. Délégué en Bourgogne avec le titre de maître, il obtenait l'enrôlement de Guy, seigneur de Til-châtel (avant 1133) (39).
Ses chevauchées en Champagne ne furent pas non plus sans profit pour le Temple (40).
Au cours de l'une d'elles, Léry de Baudement fit don au Temple de tout ce qu'il possédait à Baudement et de là jusqu'à Chantemerle (41). Cette donation rappelait en même temps une libéralité que le sénéchal de Champagne avait faite à l'Ordre, on ne sait à quelle date, en lui cédant le village du Gault (42) ; La sympathie d'André de Baudement pour le Temple datait, donc, de loin. La mort de son fils Guillaume (43) vint lui fournir l'occasion d'en donner une preuve nouvelle. En souvenir de cet enfant dont la mémoire lui était chère (44), le sénéchal joignit à l'approbation du don fait par Léry de Baudement une libéralité personnelle, correspondant sans doute à la part d'héritage qu'il eût laissé à son fils templier. Cette donation d'André comprenait les serfs et tout ce qu'il avait à Baudement en terres labourables ou non, cours d'eau, prés et ponts, même les droits de péage et les revenus du château, ne se réservant rien sinon la forteresse de Baudement, les domaines que de lui tenaient en fief ses chevaliers, et son serviteur Guy de Courbouzon (45).

En cette châtellenie de Sézanne, où, dès 1127, le Temple possédait la ferme de Barbonne (46), l'acquisition de Baudement marque un accroissement sensible. D'autres bienfaiteurs n'allaient pas tarder par leurs dons d'en étendre l'importance peut-être ceux dont il reste à faire état précédèrent-ils la libéralité d'André de Baudement ? Un foyer d'émulation rayonna là de bonne heure. A quelque classe qu'ils appartinssent, tous ceux qui avaient une part des dîmes de Barbonne s'en désistèrent en faveur des chevaliers du, Temple.
Vers le même temps, Garnier Crécy (47) signale sa piété en leur cédant ses droits sur les menues dîmes de Lachy (48). Un prêtre, Vitier de Barbonne, leur aumône toutes ses vignes, une terre arable et un pré qu'il possède à Clesles (49), un bréviaire, son missel, et, lui mort, sa maison et tous ses meubles (50).

Libéralement, Jean de Pleurs (51) gratifie les Templiers de cent sols à prendre chaque année sur le marché de Pleurs (52). A Sézanne même, Simon de Broyes (53) leur reconnaît semblable rente sur les revenus du cens ; et Nicolas de Sézanne, d'accord avec sa femme, leur abandonne la jouissance d'un étau (54).

Les quelques chartes que je viens d'analyser évoquent la période embryonnaire de l'Ordre. Du vivant même de son fondateur, le Temple possédait donc en Champagne, à l'extrémité occidentale de la province, toutes les natures de biens appelés à former son opulent patrimoine fonds de terre, dîmes, bâtiments, champs de culture, prés, vignes, sources ou rivières, droits incorporels et gens de condition servile. Nous avons ainsi la preuve que, indépendamment de la terre et seigneurie de Payns, les donations octroyées à l'Ordre avant le concile de Troyes constituèrent de suite en Champagne un centre d'attraction privilégié. On jugea même bientôt ces propriétés trop importantes pour les confier à la direction d'un seul commandeur, et on en fit le patrimoine des maisons de Barbonne et de Baudement.

Vaines seraient les recherches si l'on s'attardait à savoir, pour finir, lequel de ces deux établissements fut érigé le premier en succursale de l'Ordre. Des années encore allaient s'écouler avant que le Temple en vînt à créer pour ses domaines des centres d'exploitation monacale.
Lorsque les domaines à cultiver produisaient d'honnêtes revenus, l'intérêt commandait de ne rien changer aux conditions d'exploitation, et l'on se garda bien d'y substituer une main-d'œuvre monastique. Aussi ne peut-on poser en principe que les donations primitives aient été l'origine des premières commanderies. S'imaginer que les Templiers, à cause des souvenirs qui s'y rattachaient, s'installèrent en tels domaines, de préférence à d'autres mieux situés ou simplement plus fructueux, serait méconnaître leur incessant besoin d'argent et les grandes dépenses auxquelles ils étaient obligés de faire face. Les commanderies sont nées du besoin, vivement ressenti dès le début, de posséder dans chaque région un établissement, une succursale de l'Ordre, qui fût à la fois une maison de propagande et un centre d'exploitation rurale. C'est pourquoi, on les établit de préférence à l'intérieur ou aux portes des villes, et l'on en fit par surcroît d'imposantes forteresses.
Sources : Victor Carrière. Le Moyen âge : bulletin mensuel d'histoire et de philologie, page 308 et suivantes. Paris 1914. BNF

Notes chapitre 3
1. — Sancti Bernardi abbatis, De laude novæ militiæ ad milites templi liber. Migne, Patrologie, tome 182 (1854), col. 921-940.
2. — De laude novœ militiœ, chapitre V, n° 10 (Migne, Patrologie, tome 182, col. 928).
3. — C'est là tout de même un recrutement original et qu'il convient de ne point oublier, si l'on veut expliquer l'accueil facile que rencontreront plus tard les accusations contre les Templiers. (De laude novœ militiœ, cap. IV, n° 7, Migne, Patrologie, tome 182, col. 925).
4. — L'article de la règle primitive concernant l'admission dans l'Ordre ne pose aucune condition de naissance (Henri de Curzon, La Règle du Temple, n° 11). Saint Bernard dit à ce sujet « Persona inter eos minima accipitur ; defertur meliori, non nobiliori. Honore se invicem prseveniunt : alterutrum onera portant, ut sic adimpleant legem Christi. »
C'est seulement plus tard, vers le milieu du XIIIe siècle, que le récipiendaire, s'il postule comme frère chevalier, sera soumis à cette question devenue obligatoire « Estes vos chevalier et fis de chevalier, ou estes vos estrais de chevaliers devers vostre pere, en maniere que vos deiés estre et pussiés chevaliers ? » (Henri de Gurzon, La Règle du Temple, n° 431).
Cf. Ms de Ripert-Monclar, Cartulaire de la commanderie de Richerenches de l'Ordre du Temple (1136-1214) (Paris, 1907), page CXLVI.
5. — G. Schnurer, Die ursprungliche Templeiregel, page 47.
6. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 18, n° XXV.
7. — Sérilly, hameau de la commune d'Etilly (Yonne).
8. — Edouard de Barthélemy, Diocèse ancien de Châlons-sur-Marne, Histoire et documents, tome I, page 233.
9. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 42-43, n° LIX.
2. — Charles Métais, Les Templiers en Eure-et-Loir (Chartres, 1902), Page XXIII.
10. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 80, n° CXIII.
— Coulours, commune de Cérisiers, arrondissement de Joigny (Yonne).
11. — Ci-dessus, page 315.
12. — Coudrie (Vendée, commune de Challans) doit son origine aux libéralités de gentilshommes poitevins, vers 1130 ; L. de La Boutetière, Cartulaire de Coudrie, dans les Archives historiques du Poitou (Poitiers, 1873), tome II, pages 153-154.
13. — « Nul frère, ni de covent, ne de mestier, ne doit. » (Henri de Curzon, La Règle du Temple, n° 320). « Quant li frere de covent demandent as freres de mestiers les choses que lor ont besoing. » (Henri de Curzon, La Règle du Temple, n° 321). « Puet hom bien quant l'on le met en penance dire, se il est frere chevalier ou frère sergent dou couvent que il se preigne, garde de son hernois, et se il estoit frère de mestier, que il se preigne garde de son labor ou de son office » (Henri de Curzon, La Règle du Temple, n° 499).
— Voir aussi n° 509, et n° 647, etc.
14. — Histoire critique et apologétique de l'ordre des Chevaliers du Temple de Jérusalem, dits Templiers (Paris, 1789, 2 volumes in-4°), tome I, page 22.
15. — Voir ci-dessus, page 314, note 3.
16. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 31, n° XLI. Cf. page 34, n° XLV, et page 373, n° I.
17. — Cette chapelle était située en un lieudit Obstal.
18. — C'étaient :
— Milon, évêque de Thérouanne.
— Geoffroy, évêque de Chartres.
— Alvis, évêque d'Arras.
— Jocelin, évêque de Soissons.
— Barthélemy, évêque de Laon.
— Erlebert, évêque de Châlons.
19. — Alvis, évêque d'Arras (1131-1148). Les Templiers étaient établis à Arras en 1140 (D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 153, n° CCXXVI).
20. — D'Albon, Cartulaire général du Temple, page 34, n° XLV.
21. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 35, n° XLVI.
22. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 42, n° LIX.
23. — Plus connu sous le nom de Barthélémy de Vire. Mais M. R. Anchel a démontré que Vire est une faute de lecture.
— Voir Positions des thèses de l'École des Chartes, promotion de 1904.
24. — Les Commanderies du Grand Prieuré de France (Paris, 1872), page 501.
— D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 151, n° CCXXI, et page 152, n° CCXXIII.
25. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 340-344, n° DLV.
26. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 16, n° XXII, et page 22, n° XXVIII.
27. — Marquis de Ripert-Monclar, Cartulaire de la Commanderie de Richerenches de l'Ordre du Temple, page CXLVIII.
28. — D'Albon, Cartulaire da Temple, page 7, n° X et XI. Cf. page 12, n° XIX.
29. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 12, n° XVIII.
30. — « Nivardus, cognomine Paganus de Montisderio, miles Templo Domini devotus, cui Hugo, magister militum Templi, euram rerum suarum tunc temporis commiserat in partibus istis... » (D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 24, n° XXXI). 31. — E. Mannier, Les Commanderies du Grand-Prieuré de France, page 592.
32. — D'Albon, Cartulaire du Temple, page 24, n° XXXI. Peu d'années avant sa mort, en 1146, cet évêque cédera encore aux Templiers le domaine de Tracy-le-Val et un autre près de Passel, au lieudit la Bretonnière (D'Albon, Cartulaire. du Temple, page 246-7, n° CCCXCI).
Cf. Peigné-Delacourt, Histoire de l'abbaye de N.-D. d'Ourscamp, page 123.
33. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 26, n° XXXIV.
34. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 21, n° XXVIII.
35. — Pas avant 1139 (D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 140, n° CC et page 180, n° CCXX.
36. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 18, n° XXV ; page 21-22, n° XXVIII ; page 43, n° LX.
37. — « Willelmus Falco qui helemosinas militum Templi extra mare in custodia habebat » (V. Carrière, Cartulaire des Templiers de Provins, page 102, note 1). Guillaume le Faucon figure à Nantes avec le titre de maître (1141), puis en Palestine (1144) (D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 158, n° CCXXXII ; page 213, n° CCCXXVIII).
38. — André de Baudement eut au moins trois fils Guillaume, qui se fit Templier et mourut avant Pâques 1134 ; Galerand, premier abbé d'Qurscamp (commune de Chiry, arrondissement de Compiègne, Oise), mort le 29 mai 1142 ; Guy, marié (V. Carrière, Cartulaire des Templiers de Provins, charte LXXXI.)
39. — D'Albon, Cartulaire, du Temple, page 19, n° XXVII.
40. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 20, n° XXVIII et page 43, n° LX.
41. — Le tout tenu en fief d'André le Sénéchal (avant Pâques 1134).
42. — Le Gault (Marne, canton de Montmirail).
43. — La date de sa mort ne saurait être reculée après le jour de Pâques 1134 (12 avril), attendu que la charte qui y fait allusion porte le millésime 1133. (V. Carrière, Cartulaire des Templiers de Provins, charte LXXXI, page 102, note 1.)
44. — « ... Maxime pro filio suo, nomine Willelnio, qui miles Dei Templique Salomonis tunc fuerat.... »
45. — Victor Carrière, Cartulaire des Templiers de Provins, charte LXXXI, page 102, note 1. Parmi les témoins de l'acte, Dreu de Pierrefontaine donna son couteau en signe d'investiture ou de tradition.
46. — Voir ci-dessus, page 315.
47. — Crécy-en-Brie (Seine-et-Marne).
48. — Lachy (Marne, canton de Sézanne).
— D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 20-21, n° XXVIII. Cette charte confirme diverses donations faites sous l'épiscopat d'Haton, évêque de Troyes, de 1129 à 1143.
49. — Clesles (Marne, canton d'Anglure).
50. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 23, n° XXIX.
51. — Pleurs (Marne, commune de Sézanne).
52. — Cette charte est antérieure à Pâques 1134.
53. — Broyes (Marne, canton de Sézanne).
54. — D'Albon, Cartulaire général de l'ordre du Temple, page 20-21, n° XXVIII.

Sources : Victor Carrière. Le Moyen âge : bulletin mensuel d'histoire et de philologie, page 308 et suivantes. Paris 1914. BNF

Biblographies
— Albon, André.
Cartulaire général de l'ordre du Temple : 1119?-1150 : recueil des chartes et des bulles relatives à l'ordre du Temple, formé par le marquis d'Albon Paris 1913-1922. BNF

— Art de vérifier les dates tome 15. Bnf

— Marquis de Ripert-Monclar.
Cartulaire de la Commanderie de Richerenches de l'Ordre du Temple (1136-1214). Bnf

— Victor Carrière.
Cartulaire des Templiers de Provins, charte LXXXI, page 102, note 1. Parmi les témoins de l'acte, Dreu de Pierrefontaine donna son couteau en signe d'investiture ou de tradition. Provins

— E. Vacandard.
Vie de Saint Bernard, édition 1897, tome I, page 237, n° 4. Bnf

— Cartulaire de Coudrie.
Archives historiques du Poitou (Poitiers, 1873), tome II, pages 153-154. Coudrie

Librairie
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