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Quelques personnages qui ont participés aux Croisades

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Premième Croisade (Grand-Pilier) - 1096-1099

J'ai laissé Hugues de Payens, alors que l'on sait qu'il n'a pas participé à cette première croisade, néanmoins, il figure sur cette liste du « Grand-Pilier », alors, j'ai pensé qu'il ne fallait pas l'exclure.
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Godefroy de Bouillon - Avoué du Saint-Sépulcre

Première Croisade Godefroy de Bouillon - Avoué du Saint-SépulcreDuc de Basse-Lorraine, il fut un des chefs principaux de la première croisade: il fut élu par ses compagnons d'armes roi de Jérusalem, après la prise de cette ville, en 1099, et y mourut l'année suivante.

Les armoiries que nous lui attribuons ici ne sont point celles de la maison de Boulogne, dont Godefroy de Bouillon était issu; ce sont celles qui furent données au royaume de Jérusalem, en 1100, par le pape Pascal II.

Elles se blasonnent ainsi: d'argent, à la croix potencée et contre-potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes de même.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV

IX - Comment le duc Godefroy refusa de porter couronne
Dès qu'il eut ainsi, par élection, le royaume de Jérusalem, comme il était un homme pieux qui aimait la Sainte Eglise et le service de Notre-Seigneur, et sur le conseil des évêques et d'autres sages religieux de l'armée, il mit en tout premier des clercs, et établit des chanoines dans l'église du Sépulcre. Il leur donna de grandes rentes et de larges héritages, pour assurer leurs provendes. Il voulut que les églises fussent arrangées et ordonnées selon les us et coutumes des grandes églises de France. Il commença cette tâche, et l'eut accomplie complètement, si Notre-Seigneur lui eut donné plus longue vie.

Il avait amené de son pays des moines très pieux, qui lui dirent ses heures, et lui chantèrent la messe, tout le long de la route. Ils lui demandèrent, et le prièrent au nom du Seigneur-Dieu, de leur donner une abbaye dans le vallon de Josaphat. Il la leur établit, et la dota très richement de grandes dépendances. On peut bien voir, par les privilèges qui existent encore, combien il avait le coeur généreux envers la Sainte Eglise, et comme il lui donna de grands biens.

Quand il fut élu roi, tous les barons le prièrent de se faire couronner, et de recevoir l'honneur du royaume, aussi noblement que le font les autres rois de la Chrétienté. Il répondit, qu'en cette sainte cité où Notre-Seigneur Jésus avait porté la couronne d'épines pour lui et pour les autres pêcheurs, il ne porterait jamais une couronne d'or et de pierres précieuses. Il lui semblait que ce couronnement, qui avait été fait le jour de la passion de Notre-Seigneur, suffisait pour honorer tous les rois chrétiens, qui lui succéderaient à Jérusalem.

C'est parce qu'il refusa la couronne, que des gens ne veulent par le compter parmi les rois de Jérusalem. Il me semble que cela ne diminue pas son honneur, mais au contraire l'accroît et l'augmente. Il ne fit pas ce refus par mépris du sacre venant de la Sainte Eglise, mais pour éviter la pompe du siècle, et à cause de l'humilité de son coeur. Je dis donc que non seulement il fut roi, mais qu'il fut le meilleur de tous les rois, qui eurent ce royaume depuis la conquête de la Terre sainte.
Sources: Guillaume de Tyr - Chronique du Royaume Franc de Jérusalem de 1095 à 1184 - Livre IXe - Traduit par Geneviève et René Métais - Edition ICC - Paris 1999.


Godefroi IV de Boulogne - dit Godefroi de Bouillon
Né à Baisy, près de Genappe, vers 1061-Jérusalem 1100; duc de Basse-Lorraine (1089-1095); avoué du Saint-Sépulcre (1099-1100).

Fils cadet d'Eustache, comte de Boulogne, et neveu, par sa mère, du duc de Basse-Lorraine Godefroi le Bossu, à qui il succéda indirectement en 1093, Godefroi de Bouillon prit la tête de l'une des branches de la première croisade, qui atteignit l'Orient par la voie danubienne. Apprécié pour sa dévotion et sa modestie, mais plus encore pour sa prestance, sa bravoure et sa force physique, il put user de son prestige pour modérer les rivalités et arbitrer les conflits nés du partage de la conquête. Il ne joua cependant aucun rôle décisif dans la direction des opérations, jusqu'à la prise de Jérusalem (15 juillet 1099), au cours de laquelle il se distingua en atteignant le premier le sommet de la muraille. Les barons francs préférèrent ce conciliateur sans ambitions, qui ne les inquiétait pas, à l'impétueux et intransigeant Raymond de Saint-Gilles, qui avait été désigné par le pape comme chef militaire de la croisade et avait joué un rôle de premier plan. Comme il avait refusé la couronne royale, ils lui offrirent le titre d'avoué du Saint-Sépulcre avec la charge de gérer cet état nouveau-né dont nul ne savait s'il était indépendant, sur le plan temporel, du Saint-Siège qui avait organisé la croisade.
Sources: Encyclopédie Universalis


Duché de Bouillon Au Moyen Age, Bouillon était une seigneurie de Lotharingie et le siège principal de la dynastie des Ardennes-Bouillon aux Xe et XIe siècles. Au XIe siècle, ils dominaient la région et tenaient le titre de duc ainsi que de nombreux autres titres dans la région. Bouillon était la concentration dominante urbaine dans les possessions du duc.
Bouillon (en wallon Bouyon) est une ville francophone de Belgique, située en Région wallonne dans la province de Luxembourg.
Sources: Encyclopédie Universalis


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Hugues de France, surnommé « le Grand », comte de Vermandois.

Première Croisade Hugues de France, surnommé  « le Grand », comte de Vermandois.Frère de Philippe Ier, roi de France, après s'être distingué dans la première croisade par des exploits qui lui méritèrent le surnom de Grand, il revint dans sa patrie avec les débris de sa chevalerie échappés aux maladies et aux coups des infidèles.

Mais, au bout d'une année, la même ardeur qui l'avait enrôlé au concile de Clermont sous la bannière de la croix lui fit reprendre le chemin de la Terre-Sainte et il alla y mourir en héros.
Il succomba à de nombreuses blessures qu'il avait reçues en combattant, le 18 octobre 1102, à Tarse, en Cilicie.

Le père Anselme donne pour armes aux comtes de Vermandois de la maison de France: échiqueté d'or et d'azur, au chef d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or. »
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Hugues de France (fils Du Roi Henri Ier), Comte De Vermandois dit « le Grand » et le Maisné (1057 - Tarse 1101 ou 1102) - Croisé En 1095.

Le premier seigneur ayant franchi la mer était le frère de Philippe Ier roi de France, Hugues le Grand, comte de Vermandois, il fut aussi le premier qui arriva à Constantinople.

Nous ne savons pas exactement l'époque à laquelle il quitta la France; tout porte à croire que ce fut vers la mi-août. Il prit la route d'Italie et, par Rome, gagna Bari, où il s'embarqua. Par une lettre pleine de hauteur il avait avisé le basileus de son arrivée, demanda qu'on le reçoive avec les honneurs dus à son rang. Alexis rempli de méfiance et qui, de plus, ignorait quelles forces le comte de Vermandois amenait avec lui, ordonna à son neveu, Jean Comnène, gouverneur de Durazzo, de surveiller le littoral dalmate, tandis que la flotte de Nicolas Mavrokatakalon croisait au large afin d'éviter un débarquement secret. Hugues, avec magnificence, se fit annoncer par une ambassade de 24 chevaliers, qui accrut encore la méfiance dont il était l'objet; mais son arrivée n'eut rien de grandiose car, ayant perdu une grande partie de ses vaisseaux au cours d'une tempête, il débarqua presque seul entre Durazzo et le cap Palli. Un des postes qui patrouillaient la côte le mena à Durazzo, où Jean Comnène le reçut avec honneur et le garda jusqu'à ce que l'empereur eut envoyé Boutoumitès pour le chercher et le ramener à Constantinople. Aux yeux d'Alexis, Hugues était un otage important dont il convenait de s'assurer.

Avec Philippopoli, le comte de Vermandois se rendit à Constantinople, où il dut arriver en novembre. Alexis le reçut très bien, et lui remit une grosse somme d'argent. Rien ne permet de croire que les reports de l'empereur et du prince français aient été mauvais, au contraire Hugues semble avoir prêté sans difficulté le serment de fidélité et être resté volontiers à la cour impériale. Nous allons le voir par la suite et suivant l'arrivée des armées des barons servir d'intermédiaire entre Alexis et le duc de Lorraine, première armée arrivé à Constantinople.
Sources: Histoire de la première croisade - Foulcher de Chartres.


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Eude Ier duc de Bourgogne, « dit Borrel », (1058 - 1102-03)

Première Croisade Eude Ier duc de Bourgogne,  « dit Borrel », (1058 - 1102-03)Ce prince, arrière-petit-fils du roi Robert-le-Pieux, ayant fait le voyage de la Terre-Sainte, mourut à Tarse, en Cilicie, l'an 1102-03.

Les armes qu'on lui donne ici, « bandé d'or et d'azur de six pièces, à la bordure de gueules », sont celles qu'ont portées les princes de la première maison de Bourgogne jusqu'à son extinction, en 1361.

Philippe-le-Hardi, quatrième fils du roi Jean, en qui commença la seconde maison de Bourgogne, écartela son écu de France et de Bourgogne; et cet écu se chargea après lui des armoiries des diverses souverainetés acquises par ses trois successeurs.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Eudes Ier , dit Borrel (= le roux), né en 1058, mort en 1102-03, duc de Bourgogne de 1079 à 1102-03, fils d'Henri de Bourgogne et de Sybille de Barcelone.

Il aida le roi Philippe Ier de France dans sa lutte contre Hugues Ier du Puiset en 1078.

En 1087, il partit combattre les Maures en Espagne et participa à la prise de Tolède. Violent et brutal les chroniqueurs de son époque le décrivent comme un brigand qui rançonnait ceux qui traversaient ses états. Il ne semble pas s'être engagé dans la première croisade, mais se rend quelques années plus tard en Terre Sainte. Il meurt à Tarse en Cilicie en 1102-03.


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Robert III de Normandie dit Robert Courte-Heuse

Première Croisade Robert III de Normandie dit Robert Courte-HeuseConnu par son goût passionné pour les aventures, il fut un des premiers princes français qui prirent la croix; il se signala dans toute la série de combats qui marquèrent la première croisade, et vint en 1100 reprendre possession de son duché de Normandie. On sait comment il disputa malheureusement à son frère Henri Ier la couronne d'Angleterre, et acheva ses jours en prison.

Il portait pour armes de gueules, à deux léopards d'or.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV




Robert III de Normandie dit Robert Courte-Heuse (1054 - février 1134), fut comte du Maine de 1063 à 1069, puis duc de Normandie de 1087 à 1106. Il fut aussi un prétendant malheureux au trône d'Angleterre. Son surnom de Courte-heuse (Courte-botte) provient de sa taille râblée. Fils aîné de Guillaume le Conquérant, il hérita à sa mort du duché de Normandie (1087) mais se heurta aux ambitions de ses deux frères cadets, Guillaume le Roux et Henri Beauclerc, rois successifs d'Angleterre. En 1106, le second lui infligea une défaite à la bataille de Tinchebray et le captura. Robert termina sa vie comme prisonnier. L'historiographie anglo-normande le dépeint comme un prince faible et turbulent mais rappelle aussi ses exploits guerriers lors de la première croisade.

Robert Courte-Heuse n'est cependant pas un simple pèlerin. Il est un des chefs de premier plan de la croisade, à la tête d'une nombreuse troupe richement dotée, accompagné, entre autres, de ses parents Etienne de Blois et Robert de Flandre, de son oncle Eudes, évêque de Bayeux, qui mourra en chemin et sera inhumé à Palerme, et de Hugues, frère du roi de France.

Le duc de Normandie prend le chemin de Rome en septembre 1096. Il passe l'hiver dans les Pouilles, chez le comte normand Roger Borsa. Son armée rejoint les autres princes croisés à Constantinople et au siège de Nicée qu'en mai 1097. Les prouesses de Robert sont alors données en exemple par tous les chroniqueurs, mais il n'a pas trouvé de héraut pour chanter ses louanges, comme le moine Raoul de Caen le fit pour un autre normand, Tancrède, neveu de Bohémond de Tarente. On suit donc l'épopée de Robert cité parmi d'autres, mais toujours au premier rang, à la bataille de Dorylée (juillet 1097), au siège d'Antioche (octobre 1097 - juin 1098), et lors du siège et de la prise de Jérusalem (juin-juillet 1099). Son exploit le plus fameux reste la prise de l'étendard du chef de l'armée égyptienne interceptée à Ascalon le 12 août 1099.
SourcesEncyclopédie Universalis


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Raymond IV, dit Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse

Première Croisade Raymond IV, dit Raymond de Saint-Gilles, comte de ToulouseRaymond IV, dit Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse
Comme le nomment les chroniqueurs contemporains, fut le premier des princes chrétiens qui prirent la croix en 1095. Il quitta ses états l'année suivante et fut un des chefs les plus renommés de la guerre sainte. Fidèle à la croix jusqu'au bout, et renonçant au gouvernement de ses riches cités de la langue d'Oc, il accomplit le voeu qu'il avait fait d'achever sa vie en Palestine. Il mourut en 1105, dans un château qu'il avait fait bâtir près de Tripoli, qu'il assiégeait.

Ses armes sont de gueules, à la croix cléchée, vidée et pommelée d'or.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Raymond de Saint Gilles, avant son départ, se démit de tous ses états en faveur de Bertrand, son fils du premier lit; et celui-ci prit alors le titre de comte de Toulouse, de Rouergue et d'Albigeois. Les chefs des croisés avaient résolu entre eux de prendre des routes différentes, en assignant pour lieu du rendez-vous général, les environs de Constantinople.

Le premier corps d'armée, conduit par Pierre l'Hermite, était parti au printemps. Godefroi de Bouillon s'était ensuite mis en marche à la tête d'une armée formidable, au mois d'août. D'autres chefs des croisés étaient également partis, tandis que Raymond de Saint-Gilles, se disposant à une absence beaucoup plus longue, avait aussi de plus longs préparatifs à faire.

Ce prince quitta ses états sur la fin d'octobre, avec cent mille hommes qui marchaient sous ses étendards et sous le titre général de Provençaux, tiré d'une partie de la Provence que sa première femme lui avait apportée en dot, quoiqu'ils fussent assemblés plus encore dans l'Auvergne, la Gascogne, le Languedoc que dans la Provence.

Au nombre des cent mille combattants qui composaient l'armée de Raymond de Saint-Gilles, étaient compris huit mille hommes qu'y avait joints Aymar de Monteil, et dont une partie avait été fournie par le Velay, et l'autre partie amenée du Valentinois par Guillaume-Hugues de Monteil son frère. Raymond de Saint-Gilles fut accompagné à la croisade par la comtesse Elvire son épouse, fille naturelle d'Alfonse VI, roi de Léon et de Castille. Ce prince était suivi par Aymar de Monteil, qui marcha à cette expédition autant comme guerrier que comme ministre de la religion, par Guillaume, évêque d'Orange qui soulagea l'évêque du Puy dans les fonctions de légat de la croisade, et par les évêques d'Apt et de Lodève. Sous ses étendards étaient aussi réunis entre-autres Héracle, vicomte de Polignac; Pierre de Fay; Gerenton de Biage; Guillaume-Hugues de Monteil; Pons et Bernard de Montlaur; Roger, comte de Foix; Raymond Pelet, seigneur d'Alais; Guillaume, comte de Forez; Guillaume, comte d'Auvergne et de Velay, et Raymond vicomte de Turenne.
Sources: Histoire du Velay jusqu'à la fin du règne de Louis XV Par Jean-André-Michel Arnaud


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Robert II, comte de Flandre

Première Croisade Robert II, comte de FlandreCe prince, issu de l'ancienne maison des comtes de Flandre, se croisa en 1095, et, après s'être signalé particulièrement devant Antioche, Jérusalem et Ascalon, il revint en 1100 dans ses étals.

Il portait d'or, au lion de sable, armé et lapinasse de gueules.

Ces armoiries passèrent successivement aux comtes de Flandre de la maison d'Alsace, dont l'un, Thierry Ier, fit quatre fois le voyage de la Terre-Sainte; puis aux comtes de Flandre de la maison de Hainaut, qui les écartelèrent des armes de leur famille.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV

Deux ans s'étaient écoulés depuis la mort de Robert-le-Frison, lorsque la publication de la première croisade vint exciter en Flandre un merveilleux enthousiasme. éveillés par les récits des pèlerins, touchés des prédications de Pierre l'Ermite, les barons, les gens des villes et le commun peuple s'étaient émus surtout d'une lettre écrite par l'empereur d'Orient, Alexis Comnène, au comte Robert de Flandre.

Alexis faisait un lugubre tableau de la situation déplorable dans laquelle les Turcs avaient jeté l'empire grec. Il retraçait leurs débauches et leurs cruautés, de manière à soulever l'indignation et la pitié. Maîtres de tout le pays depuis Jérusalem jusqu'à la Propontide, ils allaient bientôt l'être de Constantinople même, si les chrétiens ne volaient au secours de leurs frères. « Je fuis de ville en ville disait-il, et je reste dans chacune jusqu'au moment où je les voie près d'arriver. En vérité j'aime beaucoup mieux me soumettre à vous autres Latins que d'être le jouet des païens. Accourez donc avant que Byzance tombe en leur pouvoir, et faites tous vos efforts pour les prévenir et vous emparer vous-mêmes de cette capitale, certains d'y trouver une ample et incroyable récompense de vos travaux. » Puis il décrivait longuement et complaisamment les reliques et les trésors que renfermait Constantinople, leur promettait ce précieux butin pour prix de leur courage; enfin, ne négligeant rien de ce qui pouvait exciter les passions humaines, il allait jusqu'à leur vanter les charmes des femmes de la Grèce.

Aussitôt que la croisade fut résolue au concile de Clermont, une incroyable activité se manifesta dans les provinces de l'ancienne Belgique. Nulle part le zèle n'était plus ardent, nulle part le désir de tout abandonner pour voler vers l'Orient ne fut plus général. Aux environs de Douai, sur les bords de la Scarpe, dans un lieu nommé Anchin, s'élevait un monastère fondé par deux nobles hommes longtemps ennemis, et qui au jour de leur réconciliation avaient fait voeu de se dévouer entièrement au service de Dieu. C'est là que convoqués par Anselme de Ribemont, seigneur d'Ostrevant et bienfaiteur de l'abbaye d'Anchin, les chevaliers wallons vinrent en grand nombre s'enrôler dans ce que le procès verbal du tournoi fameux donné à cette occasion appelle la milice de la croix. Bauduin de Hainaut, se trouvait à leur tête. De son côté Robert de Flandre, se préparant au départ, nommait un conseil de régence, réunissait les principaux barons du pays et appelait sous son étendard les princes voisins jaloux de le suivre à la conquête de l'Orient.

C'est ainsi que le comte Eustache de Boulogne aima mieux s'attacher à la fortune de Robert qu'à celle de Godefroi de Bouillon, son propre frère. Ce dernier cependant n'était pas le moins enthousiaste de tous ceux qui prenaient la croix. Afin de pouvoir soudoyer un plus grand nombre d'hommes d'armes, il vendait sa principauté de Stenay à l'évêque de Verdun, et sa terre de Bouillon à celui de Liège. Presque tous les croisés imitaient cet exemple et l'on sait avec quelle chevaleresque imprévoyance la plupart d'entre eux abandonnaient leur fortune présente à des églises, à des monastères, à des parents, à des amis, assurés qu'ils étaient de gagner d'autres trésors ou les biens plus précieux encore du royaume céleste.

Tandis que la majeure partie des croisés cheminait par l'Allemagne et la Hongrie ou par l'Italie, dévastant tout sur son passage, Robert s'embarqua suivi de presque toute la noblesse de Flandre. Dans ce cortège de barons on distinguait le neveu même du comte, Charles fils de sa soeur Adèle, mariée à Kanut, roi de Danemark. Adèle après avoir vu massacrer son mari dans une sédition populaire, s'était réfugié en Flandre en 1088 avec une partie de sa famille; et son fils aîné qui plus tard posséda le comte de Flandre, allait en Palestine gagner les premières palmes du martyre qu'il devait un jour souffrir pour la cause de la justice et du bon droit.

Au nombre des croisés flamands

figuraient encore:
Philippe, vicomte d'Ypres, frère du comte Robert; Formold préteur d'Ypres; Bauduin fils de Winemar de Gand avec Siger, Gislebertet Winemar ses frères; Burchard de Comines, Hellin de Wavrin, Gautier de Nivelles, Gérard de Lille, Gautier de Sotenghien, Enguerrand de Lillers, Jean d'Haveskerke, Siger de Courtrai, Walner d'Aldenbourg, Gratien d'Ecloo, Hermar de Zomerghem, Steppo gendre de Winemar de Gand, Josseran de Knesselaer, Guillaume de Saint-Omer, avec ses frères Gautier et Hugues et son gendre Bauduin de Bailleul, Gilbodon de Flêtre, Rodolphe de Liederzesle, Albert de Bailleul; Gautier avoué de Bergues, Folcraw châtelain de la même ville, Godefroi châtelain de Cassel, et son fils Rodolphe; Arnoul d'Audenarde, Rasse de Gavre, Robert de Lisques, Guillaume d'Hondschoote, Thémard de Bourbourg, Francio d'Herzeele, Eustache de Térouane, Erembold châtelain de Bruges, Albo de Rodenbourg, Adelard de Straten, Robert avoué de Béthune, Etienne de Boulers, Reingotus de Molembeke, Conon d'Eynes, Guillaume de Messines, Guillaume de Wervicq, Salomon de Maldeghem, Lambert de Crombeke, Servais de Praet, Thierri de Dixmude, Daniel de Tenremonde, Herman d'Aire, Alard de Warneton, Hugues de Rebecq, et une multitude d'autres chevaliers.
Sources: Histoire des comtes de Flandre jusqu'à l'avènement de la maison de Bourgogne Par Edward Le Glay


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Gérard de Martigues (le bienheureux Gérard)

Première Croisade Gérard de Martigues (le bienheureux Gérard)Maître ou recteur de l'hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem. Avant la conquête de Jérusalem par les croisés, des pèlerins avaient fondé dans cette ville un hôpital pour accueillir ceux de leurs frères que la maladie viendrait surprendre au milieu de la visite, périlleuse alors, des saints lieux. Le premier chef de ce pieux établissement fut Gérard, natif de Saint-Geniez, aujourd'hui Martigues, en Provence.

Lorsque la victoire eut fondé un royaume chrétien dans la Palestine, Gérard obtint en 1113, du pape Pascal II, une bulle qui approuvait et confirmait l'établissement de l'hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem. Gérard de Martigues mourut en 1120; ses vertus l'ont fait ranger parmi les bienheureux.

Ses armes n'ayant pu être retrouvées, il a semblé convenable de lui donner la croix d'argent en champ de gueules, que le pape Pascal II accorda plus lard, comme armes distinctives, à l'ordre dont il avait été le premier fondateur.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


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Guillaume IX, duc de Guyenne et comte de Poitiers.

Première Croisade Guillaume IX, duc de Guyenne et comte de Poitiers. Après avoir scandalisé la chrétienté par les désordres de sa vie, il résolut d'aller les expier en Terre-Sainte, et l'an 1101 il prit la croix que, cinq ans auparavant, plonge dans ses honteux plaisirs, il avait refusé de prendre. Il partit avec Hugues, comte de Vermandois, dont nous avons parlé plus haut, et, enveloppé avec lui dans la trahison des Grecs, il revint en France l'année suivante.

Les armes du duché de Guyenne étaient de gueules, au léopard d'or armé et lampassé de gueules.

C'est de la réunion des armes de Guyenne et de celles de Normandie que se composa plus tard l'écu des rois d'Angleterre.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV



Guillaume IX, septième comte de Poitiers, neuvième duc d'Aquitaine, naquit en 1071: il n'avait que quinze ans quand il hérita de son père, Guillaume VI (1086), des domaines beaucoup plus étendus que ceux du roi de France lui-même (1). Mais il ne possédait à aucun degré les qualités de l'homme d'Etat et son long règne ne fut qu'une succession d'entreprises hasardeuses et mal conçues, que couronnèrent de lamentables échecs. En 1098, faisant valoir de prétendus droits de sa femme Philippa (ou Mahaut), fille unique de Guillaume IV de Toulouse, il envahit les états de Raimond de Saint-Gilles, qui guerroyait alors en Terre Sainte et les occupa quelque temps; mais en 1101, cédant sans doute aux injonctions de la papauté, gardienne bénévole des domaines des Croisés, il partit lui-même pour la Palestine, à la tête d'une formidable armée, qui, après un long et pénible voyage à travers l'Europe et l'Asie Mineure, fut taillée en pièces, auprès d'Héraclée. Guillaume échappa péniblement au désastre (2), et, après avoir visité Antioche et Jérusalem, il reprit le chemin de l'Europe (1102).

1. Ces domaines comprenaient, outre le Poitou et la Gascogne, le Limousin et l'Angoumois. Les comtes de Poitou devaient parler de naissance un dialecte septentrional, mais ils étaient sans doute forcés d'apprendre les divers dialectes méridionaux que parlait plus de la moitié de leurs sujets. Il est intéressant dénoter que c'est dans une langue apprise que Guillaume a composé ses vers.
2. Certains historiens admettent même, d'après un texte assez peu probant d'Orderic Vital, qu'il fut quelque temps prisonnier des Sarrasins.
Sources: Les Classiques Français du Moyen-Age - Les Chansons de Guillaume IX - Auteur Alfred Jeanroy - Editeur Librairie Ancienne Honoré Champion - Paris 1913.


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Alain IV, dit Fergent, duc de Bretagne.

Première Croisade Alain IV, dit Fergent, duc de Bretagne.Ce prince figure avec honneur dans la première croisade, de 1096 à 1101.
Il portait d'hermines, armes qui sont restées à tous ses descendants.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Alain IV de Bretagne Il est aussi connu sous le nom d'Alain le Roux, Alain Fergent, comte de Bretagne, Alain IV, duc de Bretagne et Alain Fergent, comte de Rennes. De 1084 à 1112, il est connu sous le nom d'Alain IV Fergent, duc de Bretagne dit le Roux.

Alain Fergent avait les inclinations belliqueuses. Il termina la guerre civile par la prise de Rennes, et devenu l'allié et le gendre de Guillaume, il entreprit à sa sollicitation, contre le vicomte du Maine, une guerre qui ne fut pas heureuse.

De retour dans son pays, il fut du nombre de ceux que les prédications de l'ermite Pierre déterminèrent à partir pour la Terre Sainte, vers la fin du ne siècle. Il y passa cinq ans; mais il n'y était allé que comme pèlerin et non comme prince, avec une suite et non à la tête d une armée. On n a conservé aucun souvenir de ses aventures, ou de ses exploits, qui, d'ailleurs, n'appartiendraient point à l'histoire de Bretagne.

Parmi ceux qui l'accompagnèrent dans cette croisade, l'histoire nomme Raoul de Montfort, et Alain son fils; Conan, fils de Geoffroi Botterel comte de Lamballe; Riou de Lohéac; Alain sénéchal de Dol; Hervey, fils de Guyomarch, vicomte de Léon, et Chatard d'Ancenis. Déjà les Bretons avaient pris part à plus d'une croisade.
Sources: Histoire de Bretagne Par Pierre-Antoine-Noël-Bruno Daru


Alain IV Fergent duc de Bretagne, 1084-1112. Naissance vers 1050.
En 1070, il accompagne Guillaume-le-Bâtard à la conquête de l'Angleterre.
En 1070, il est reconnu duc de Bretagne.
En 1086, il épouse Constance, fille du roi d'Angleterre.
En 1091, il soumet Geoffroy Boterel, comte de Penthièvre.

En 1093, il part pour la croisade avec Robert, duc de Normandie.
En 1101, il revient de la Terre-Sainte.

En 1106, il prend le parti de Henri d'Angleterre contre son frère Robert.
En 1112, il abdique et se retire à Saint-Sauveur de Redon.
Il meurt en 1119.

Sources: Musée Départemental Dobree et des monnaies - Loire Atlantique


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Bohémond, prince d'Antioche

Première Croisade Bohémond, prince d'AntiocheBohémond, prince d'Antioche. L'un des fils de Robert Guiscard, célèbre, comme son père, par sa bravoure et son entreprenante ambition, il fut un des principaux chefs de la première croisade. Ce fut lui qui, au moyen d'intelligences secrètes pratiquées avec un renégat de la ville d'Antioche, assura aux croisés la prise de cette grande cité, le 3 juin 1098. Pour prix de cet important service, ses compagnons d'armes lui en abandonnèrent la possession.

— Il existe à la Bibliothèque royale un ouvrage manuscrit, composé en 1605 par le P. Goussencourt, de l'ordre des Célestins, dans lequel ce religieux a rassemblé, d'après les chroniqueurs contemporains et les cartulaires de diverses églises, les noms et les armoiries des principaux croisés; on y voit que Bohémond, prince d'Antioche, portait d'argent, à la brandie de fougère de sinople, nouée d'or, périe en pal et versée contrebas.
Sources: Auteur - Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Bohémond Ier prince d'Antioche
Fils du fondateur de l'état normand de Sicile, Robert Guiscard, Bohémond Ier participe avec son père à la lutte contre l'empereur Alexis Comnène et à l'éphémère conquête de la Macédoine (1081-1085). Intelligent et peu scrupuleux, il n'hésite pas à prendre part à la première Croisade, décidé à ruser avec Byzance et à réaliser ses ambitions orientales à la faveur de l'entreprise des chrétiens d'Occident. Il joue un rôle décisif dans la marche sur Antioche et dans le siège de la ville: il obtient en récompense de garder Antioche et son territoire (juin 1098). Il se désintéresse alors de la croisade. Le principat de Bohémond est moins brillant que la conquête d'Antioche. Prisonnier des Turcs (1100-1103), il est dépossédé par ceux-ci des régions orientales et il cède le port de Lattaquié aux Byzantins; il doit gagner l'Europe occidentale à la fin de 1104 pour y quémander des renforts qu'il ne peut obtenir. En 1107, il attaque à nouveau Byzance en épire; vaincu alors qu'il assiège sans succès Durazzo, il doit reconnaître la souveraineté byzantine sur Antioche. Humilié, il préfère demeurer en Italie.

De Constance, fille du roi de France, Philippe Ier, il a un fils qui, sous le nom de Bohémond II, règne sur la principauté d'Antioche jusqu'à sa mort, en 1130. Le neveu de Bohémond Ier, Tancrède, qui a été investi personnellement de la Galilée, assure la régence d'Antioche pendant l'enfance de Bohémond II.
Sources: Auteur - Jean Favier - Dictionnaire de la France médiévale, éditions Fayard, Paris, 1993.



Principauté d'Antioche
L'une des principautés de l'Orient latin né de la Première Croisade, organisée par Bohémond Ier de Tarente autour de la place d'Antioche, l'une des plus importantes villes musulmanes, prise par les Francs le 2 juin 1098, après un siège de près de huit mois. La principauté, et en particulier le port de Lattaquié, fut l'objet d'une âpre compétition entre Bohémond et les Byzantins. En l'absence de Bohémond, prisonnier des musulmans, puis volontairement exilé en Europe pour y chercher d'illusoires renforts, la principauté fut énergiquement gouvernée par son neveu Tancrède, qui lui succéda lorsqu'il mourut en 1111; puis, en 1112, par Roger de Salerne, qui étendit son protectorat jusque sur la principauté musulmane d'Alep.

Antioche, après la mort de Roger, en 1119, ne cessa de connaître les difficultés nées des rivalités politiques intérieures autant que de la menace turque. L'arbitrage imposé par les rois de Jérusalem, voire la régence que s'arrogèrent le roi Baudouin II et le roi Foulques, sauvegardèrent cependant la principauté jusqu'à l'avènement de Raymond de Poitiers, qui épousa en 1136 l'héritière de Bohémond II, la jeune Constance. Soumise à la menace des Byzantins, qui assiégèrent la ville en 1137 et firent reconnaître leur suzeraineté par Raymond, à celle des Turcs de l'atabeg Zengi, maître d'Alep, qui occupa rapidement toutes les terres à l'est de l'Oronte, la principauté d'Antioche fut momentanément soulagée par la Deuxième Croisade, qu'avait provoquée la chute du comté d'édesse en 1144; mais les dissentiments entre les chrétiens, avivés par les relations suspectes qu'entretenait Raymond avec sa nièce, la reine de France Aliénor d'Aquitaine, conduisirent les croisés à abandonner l'idée d'une attaque contre Alep et à se diriger vers Jérusalem, laissant Antioche dans une situation extrêmement précaire (1148). Celle-ci dura cependant plus d'un siècle, pendant lequel la place joua un rôle essentiel dans les échanges économiques entre l'Orient asiatique et l'Europe. L'importance des colonies marchandes italiennes fut, en particulier, l'un des facteurs originaux de la vie politique à Antioche.

La principauté ne put résister, au milieu du XIIIe siècle, à la pression exercée par les mamelouks d'égypte, déjà vainqueurs de Saint Louis en égypte même. Antioche tomba en 1268.
Sources: Auteur - Jean Favier - Dictionnaire de la France médiévale, éditions Fayard, Paris, 1993.


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Etienne, surnommé Henri, comte de Blois.

Première Croisade Etienne, surnommé Henri, comte de Blois.Fils de Thibaut III, comte de Troyes et de Chartres, il fit deux fois le voyage d'outre-mer, où il se rendit fameux par ses exploits. Sa prudence le fit surnommer le Sage et le Père du conseil. Il fut tué à Ramla, le 18 juillet 1102.

Il portait d'azur à une bande d'argent accompagnée de deux doubles cotices potencées et contre-potencées d'or de treize pièces.

Ces armoiries restèrent à la maison de Champagne; on les retrouve portées à la seconde croisade par Henri Ier, comte de Champagne, petit-fils d'Etienne, comte de Blois.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Etienne, surnommé Henri, comte de Blois.
Tandis que ces choses se passaient en Orient, les princes de l'Occident, ayant appris toutes les actions grandes et admirables que le Seigneur avait opérées par le bras de ceux de ses serviteurs qui avaient entrepris le pèlerinage, transportant son armée dans la terre de promission, à travers une si vaste étendue de pays, au milieu des plus grands dangers, subjuguant les nations et humiliant les Empires; les princes de l'Occident, ai-je dit, joyeux des succès de leurs frères, mais en même temps péniblement affectés de n'avoir pas été dignes de s'associer à leur illustre entreprise, résolurent de faire à leur tour une semblable expédition, et s'engagèrent formellement les uns envers les autres à l'accomplir sans retard.

Le plus grand d'entre eux était l'illustre et puissant Guillaume, comte de Poitou et duc d'Aquitaine; on remarquait encore Hugues-le-Grand, comte de Normandie et frère de Philippe, roi de France, qui avait, suivi la première expédition, et qui, après la prise d'Antioche, dénué de ressources et réduit aux dernières extrémités, était retourné dans sa patrie; et le seigneur étienne, comte de Chartres et de Blois, homme sage et de bon conseil, qui, redoutant aussi la suite de la guerre, après la prise d'Antioche, abandonna honteusement ses compagnons, et se couvrit, par cette fuite criminelle, d'une éternelle infamie. Désirant réparer ses premiers torts, et se racheter de la honte qui s'était attachée à son nom, le comte de Blois se disposa à reprendre la route de Jérusalem, et rassembla une belle escorte.

Le seigneur étienne, comte de Bourgogne, homme illustre et de grande noblesse, fit aussi ses préparatifs de départ; enfin, beaucoup d'autres nobles, distingués dans leur pays par leur conduite, leur naissance et leur valeur guerrière, enflammés du même désir, firent également toutes leurs dispositions pour cette grande entreprise, et attendaient le jour fixé pour se réunir aux princes les plus puissants, et marcher à la tête de leurs légions.


Dans le même temps les princes dont j'ai déjà parlé, et qui avaient si misérablement perdu une grande armée dans les environs de la Romanie, étaient arrivés de leur personne à Antioche; puis ils avaient marché sur Tortose, et, comme je l'ai dit aussi, après s'en être emparé en en chassant les ennemis, ils avaient livré cette place au comte Raimond de Toulouse. Comme ensuite ils dirigèrent leur marche vers Jérusalem, le roi, craignant qu'ils n'éprouvassent de nouveaux obstacles pour franchir le fleuve du Chien, prit ses chevaliers avec lui et alla occuper les défilés qui aboutissent à ce passage. L'entreprise était importante et difficile: il lui fallut, avant d'y arriver, passer auprès de quatre villes célèbres et fort peuplées, qui appartenaient aux ennemis, savoir Ptolémaïs, Tyr, Sidon et Béryte.

Enfin il parvint à s'emparer du passage, et, lorsqu'il s'y fut établi, il vit arriver, plusieurs illustres princes, le seigneur Guillaume comte de Poitou et duc d'Aquitaine, le seigneur étienne, comte de Blois, le seigneur étienne, comte de Bourgogne, le seigneur Geoffroi, comte de Vendôme, le seigneur Hugues de Lusignan, frère du comte de Toulouse, et beaucoup d'autres nobles encore, qui tous se montrèrent remplis de joie, tant en rencontrant le roi de Jérusalem qui était accouru au devant d'eux, qu'en trouvant assuré et exempt de tout péril un passage qu'ils redoutaient depuis longtemps. Au moment où ils se trouvèrent tous réunis, ils s'élancèrent au devant les uns des autres, et, après s'être salués affectueusement, ils se donnèrent réciproquement le baiser de paix et se réjouirent tous ensemble dans des entretiens familiers, en sorte qu'il semblait qu'ils eussent oublié toutes leurs fatigues et leurs pertes, comme s'ils n'eussent jamais éprouvé aucun malheur. Le roi les rassembla lotis auprès de lui, les combla de bons procédés, selon les lois de l'humanité et de la charité fraternelle, et les conduisit à Jérusalem.

La solennité de Pâques s'approchait; les princes passèrent là les jours de fête et se rendirent ensuite à Joppé, pour se disposer à retourner dans leur patrie. Le comte de Poitou, en proie à la plus affreuse indigence, monta sur un navire et parvint assez heureusement à rentrer dans son pays. Les deux comtes étienne s'embarquèrent également, et furent pendant longtemps ballottés sur la mer par la tempête; enfin, repoussés par les vents contraires, ils se virent forcés de revenir à Joppé.

Dans l'armée ennemie cependant, les hommes sages et tous ceux qui avaient le plus d'expérience des affaires militaires, ne tardèrent pas à concevoir l'espoir assuré de la victoire lorsqu'ils virent que les nôtres s'avançaient, contre toutes leurs habitudes, sans être soutenus par des bataillons d'infanterie, et que même leurs escadrons de cavalerie marchaient confusément et sans observer l'ordre de bataille qu'ils avaient coutume à prendre. Remplis de confiance à cette vue, les ennemis firent aussitôt toutes leurs dispositions et s'élancèrent en une seule masse sur les nôtres, les pressent d'autant plus vivement qu'ils étaient plus certains que ceux-ci avaient négligé les règles qu'ils suivaient ordinairement. Accablés en effet par l'immense supériorité du nombre et incapables de soutenir longtemps un tel choc, les Chrétiens furent bientôt renversés de tous côtés et mis en fuite; ceux qui succombèrent dans la mêlée ne laissèrent pas cependant de vendre cher la victoire; ils combattirent vigoureusement jusqu'au dernier moment, frappèrent et firent périr sous le glaive un grand nombre de leurs ennemis et se virent même un instant sur le point de les mettre en déroute. Mais bientôt ceux-ci reprirent courage en voyant le petit nombre d'hommes qu'ils avaient à combattre et l'immense supériorité de leurs forces; s'excitant les uns les autres à poursuivre leur succès, ils se précipitèrent plus vivement encore sur les nôtres et les mirent enfin en fuite: ceux des nôtres qui échappèrent à la mort se retirèrent à Ramla, espérant y trouver un asile assuré. Les deux comtes étienne et beaucoup d'autres nobles, dont je ne sais ni les noms ni le nombre, périrent dans ce combat. Il me semble qu'il y a lieu d'en féliciter le noble comte de Chartres et de Blois, qui fut longtemps illustre parmi les siens par l'éclat de sa naissance et, de ses actions. Il est certain en effet que le Seigneur déploya envers lui une grande miséricorde, en lui permettant d'effacer par une fin si glorieuse la tache d'infamie dont il s'était couvert si misérablement lorsqu'il abandonna l'expédition des Chrétiens sous les murs d'Antioche. Puisqu'il a racheté cette première faute par une mort si éclatante, personne n'est plus en droit maintenant de la lui reprocher, car nous pensons que ceux qui ont succombé dans les rangs des fidèles et au milieu de la milice chrétienne, en combattant pour le nom du Christ, ont mérité grâce et remise entière, non seulement de tonte tache d'infamie, mais en outre de toutes les fautes, de tous les péchés qu'ils pouvaient avoir commis.
Sources: Guillaume de Tyr - Chronique du Royaume Franc de Jérusalem de 1095 à 1184 - Livre Xe - Traduit par Geneviève et René Métais - Edition ICC - Paris 1999.


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Renaud et Etienne, dit Tête-Hardie

Première Croisade Renaud et Etienne, dit Tête-HardieRenaud et Etienne, Comtes de Haute-Bourgogne. Ces deux princes sont mentionnés avec honneur par les historiens de la première croisade, où ils moururent l'un après l'autre.

Etienne:
Naissance: vers 1060.
Décès: 1102.
Note Comte de Franche-Comté. Comte de Macon.

Ils portaient d'azur au lion d'or, l'écu semé de billettes de même.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


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Louis, fils de Thierry Ier, comte de Bar.

Première Croisade Louis, fils de Thierry Ier, comte de Bar.Il fit en 1096 le voyage de la Terre-Sainte, où Albert d'Aix raconte qu'il se distingua par de beaux faits d'armes.

Il portait d'azur semé de croix d'or recroisettées, au pied fiche, l'écu charge de deux bars d'or adossés.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV

Louis fut mentionné par Albert d'Aix.
Henri comte de Bar, cité par Joinville, fut tué à Gaza en 1239.
Philippe de Bar, second fils de Robert, duc de Bar, de Marie de France, mort en croisade à Nicopolis, est cité par Froissart, Joinville.


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Baudouin Ier, roi de Jérusalem

Première Croisade Baudouin Ier, roi de JérusalemBaudouin de Boulogne, frère de Godefroy de Bouillon, l'avait accompagné en Terre-Sainte. Il se trouva aux sièges de Nicée et de Tarse, et se détacha de l'armée des croisés pour aller conquérir la ville d'Edesse, en Mésopotamie.

Après la mort de Godefroy de Bouillon, il fut reconnu roi de Jérusalem le 2 novembre 1100. Il mourut en 1118, après un règne glorieux marqué par de nombreuses victoires et des conquêtes importantes sur les infidèles.

Il portait comme son frère les armes, du royaume de Jérusalem: d'argent, à la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes de même.
Sources: Auteur - Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Baudouin frère de Godefroy de Bouillon
Il est bon que vous sachiez la vie et les manières d'être de Baudouin. Quand il était enfant, on voulut qu'il fut clerc. On le fit étudier selon son âge. Comme il était de haute noblesse, et avait de puissants amis, il fut chanoine de Reims, de Cambrai, et de Liège. Il eut des prébendes en ces trois églises. Plus tard, je ne sais si ce fut par le conseil de ses amis ou par sa propre volonté, il quitta le clergé et devint chevalier. Puis il épousa une haute dame d'Angleterre, qui se nommait Gutuère (ou Ginièvre). Il l'emmena au pèlerinage d'outre-mer. Mais, peu avant d'arriver à Antioche, elle mourut dans la cité de Marase, comme vous l'avez su plus haut (1).

1. Baudouin, le frère du Duc, qui s'était séparé de l'armée, avait confié sa femme à ses deux frères. Elle mourut là de maladie. C'était une noble dame d'Angleterre, vaillante, sage, et bonne, nommée Gutuere (ou Ginièvre). Ils l'enterrèrent en ce lieu avec beaucoup d'honneur.
Sources: Guillaume de Tyr - Livre troisième chapitre XIX - Chronique du Royaume Franc de Jérusalem de 1095 à 1184 - Traduit par Geneviève et René Métais - Edition ICC - Paris 1999.


Baudouin frère de Godefroy de Bouillon
Fils du comte Eustache de Boulogne et frère de Godefroi IV de Boulogne dit Godefroi de Bouillon, Baudouin Ier prit part à la première Croisade mais abandonna les autres croisés avant le siège d'Antioche pour aller à édesse (actuellement Orfa), au-delà de l'Euphrate, où il s'assura, par ruse et par trahison, de la succession d'un prince arménien (mars 1098). à la mort de Godefroi de Bouillon, les barons appelèrent son frère, et celui-ci n'eut aucune peine à s'imposer comme roi, malgré les réticences du clergé. Baudouin Ier fut sacré à Bethléem, le 25 décembre 1100.

Souverain à la personnalité puissante, volontiers fourbe et violent, mais intelligent et courageux, Baudouin Ier fut le véritable créateur de la royauté franque à Jérusalem et l'unificateur du royaume latin. Il élargit la base territoriale de son autorité, en s'assurant notamment la subordination du prince d'Antioche. Il dota le royaume d'institutions qui en assurèrent la cohésion pendant près d'un siècle. Mettant fin à la résistance armée de bandes arabes, faisant passer des ports importants comme Césarée, Acre, Beyrouth et Sidon sous la domination des Francs, il accrut notablement le territoire conquis lors de la première Croisade. Une légèreté de moeurs, qu'il ne cherchait pas à cacher, lui valut l'hostilité du clergé, déjà dépité d'avoir dû consentir à la fondation du royaume. Une rocambolesque affaire de bigamie fit que le premier roi de Jérusalem mourut excommunié.
Sources: Auteur - Jean Favier - Dictionnaire de la France médiévale, éditions Fayard, Paris, 1993.


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Baudouin II, roi de Jérusalem

Première Croisade Baudouin II, roi de JérusalemSecond fils de Baudouin VI, comte de Flandre, il fut appelé de Jérusalem, parce qu'il mourut en Terre-Sainte. Il se distingua en 1098 au siège d'Antioche et à la bataille livrée devant cette ville: comme il allait en porter la glorieuse nouvelle à Constantinople, il fut attaqué en chemin par une troupe de Sarrasins, et l'on ne sut s'il était resté mort ou prisonnier entre leurs mains.

Il portait chevronné d'or et de sable de six pièces, armoiries qui furent jointes à celles de Flandre quand ce comté passa à la maison de Hainaut.
Sources: Auteur - Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Le comte Baudouin d'Edesse ou Baudouin II roi de Jérusalem
Il était surnommé Aiguillon (1). Il était bon chrétien et pieux. Il aimait beaucoup le Seigneur-Dieu, et évitait le péché. Il était un chevalier très bon et ayant fait ses preuves en maintes besognes. Il était natif de France, de l'archevêché de Reims, fils du comte Hugues de Rethel et de la comtesse Mélisende, qui fut une très bonne dame. Elle avait tant de soeurs qu'elle eut quantité de neveux et de nièces.
1. Le texte latin emploie le terme Aculeus (dard, aiguillon).

Quand on se croisa en France, ce Baudouin quitta son père, encore vivant, et se mit en route avec le duc Godefroy, son cousin. Son père était déjà d'un grand âge. Les deux frères et les deux soeurs de ce Baudouin restèrent avec Hugues, leur père. Lui; qui était l'aîné, s'en alla. L'un de ses frères, nommé Gervèse, était clerc. Par la suite, il fut élu archevêque en l'église de Reims. L'autre se nommait Manessier.

De ses deux soeurs, l'une portait le nom de Mahaut. Le châtelain de Vitry la prit pour femme. L'autre fut appelée Odierne. Elle épousa un homme noble et puissant, nommé Héribrand de Herce. Ils eurent un fils Manessier de Herce, qui fut, plus tard, connétable en la terre de Syrie, au temps de la reine Mélisende.

Quand le père de ce comte Baudouin mourut, son fils Manessier hérita de la comté (de Rethel), parce que l'aîné Baudouin était outre-mer, [et n'avait nul désir d'en revenir]. Mais ce Manessier lui-même mourut, à son tour, sans héritier. Lors, Gervèse, son frère, qui était l'archevêque élu de Reims, s'en vint en la comté de Rethel, qui était son héritage, et abandonna son archevêché et la prêtrise. Il prit femme, contre le voeu de chasteté qu'il avait fait, et contre le commandement de la Sainte Eglise. Il vécut tant avec sa femme qu'il en eut une fille, qu'il maria à un haut homme de Normandie.

Quand ce Gervèse fut mort, le fils de sa soeur Mahaut, qui avait épousé le châtelain de Vitry, hérita de la comté de Rethel, et la garda. Il se nommait Itier. Mais maintenant, je ne vous parlerai plus d'eux.
Sources: Guillaume de Tyr - Chronique du Royaume Franc de Jérusalem de 1095 à 1184 - Livre XIIe - Chapitre II - Traduit par Geneviève et René Métais - Edition ICC - Paris 1999.



Baudouin II de Rethel
Fils du comte de Rethel, Baudouin II participa à la première Croisade dans l'entourage de son cousin, Baudouin de Boulogne, qui lui céda le comté d'édesse lorsque lui-même devint roi de Jérusalem en 1100. Pris par les Turcs près de Harran (1104), il ne fut libéré qu'en 1108 contre le versement d'une rançon et avec l'assurance de son alliance, cette captivité mit un terme à la conquête franque en direction de la Mésopotamie. Il se trouvait en pèlerinage à Jérusalem lorsque mourut son cousin Baudouin Ier, et les barons présents à la cour trouvèrent normal de l'élire roi (1118). Ce fut un politique habile et parfois retors, mais aussi un roi pieux et sage, et un excellent chevalier. Malgré des échecs face aux Turcs, une nouvelle captivité et de vaines tentatives faites, avec l'alliance de la secte des Assassins, pour prendre Damas, Baudouin II jouit d'un prestige suffisant pour assurer la cohésion politique de l'Orient latin. Il contraignit à l'hommage le comte Pons de Tripoli, assuma la régence de la principauté d'Antioche et celle du comté d'édesse. Son action fut décisive à Antioche, où il élimina du gouvernement la veuve abusive de Bohémond et sauva la principauté de la menace turque.
Sources: Auteur - Jean Favier - Dictionnaire de la France médiévale, éditions Fayard, Paris, 1993.


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Henri Ier, comte d'Eu ou Beauclerc

Première Croisade Henri Ier, comte d'Eu ou BeauclercIssu d'une branche bâtarde des anciens ducs de Normandie, il marcha sous le duc Robert à la première croisade.
Guillaume II d'Eu est le père d'Henri d'Eu, 6e comte d'Eu (1075-1140).

Le Père Anselme donne pour armoiries aux comtes d'Eu, vers le commencement du XIIe siècle, d'azur, au lion d'or, l'écu semé de billettes de même.

Si je me refaire à Guillaume de Tyr et son analyse sur les hommes des Croisades, le fameux Henri Ier, comte d'Eu est Henri Ier Beauclerc. Je vous donne à lire les pages de Guillaume de Tyr sur les Croisés de Normandie.

Henri Ier, comte d'Eu ou Henri Ier Beauclerc
XXII - Du neuvième voyage, qui fut celui du duc de Normandie, et de plusieurs autres barons

Pendant ce temps, Robert, le duc de Normandie (1), et les autres grands personnages qui étaient avec lui, c'est-à-dire Etienne le comte de Chartres et de Blois (2), et Eustache, le frère du duc Godefroy, envoyèrent leurs messagers à l'Empereur et aux autres barons, pour leur annoncer qu'ils arrivaient. En leur compagnie étaient le comte Etienne d'Aubermale (3); Alain Fergent et Conan (4), deux hauts barons de Bretagne; le comte Rotrou du Perche; Roger de Barneville. Ils étaient venus en Pouilles, à l'entrée de l'hiver de l'année d'avant, avec le comte de Flandres et Hugues le Grand.

Mais quand les autres traversèrent jusqu'à Duras, eux, à cause de la rudesse de l'hiver, restèrent en Pouille et en Calabre, terres très plantureuses. Quand le nouveau temps fut venu, ils rassemblèrent leurs gens, et préparèrent leur passage. Ils se mirent en mer et vinrent à Duras.

A cause de leur retard, ils se hâtèrent beaucoup; traversèrent la Macédoine et les deux Thraces; et, à grandes journées de marche et avec beaucoup de peines, ils s'en vinrent à Constantinople. L'Empereur les fit venir devant lui. Ayant su comment les autres barons s'étaient conduits ils vinrent en son palais. Il les reçut avec joie, et tous ses barons leur firent fête. Il parla à chacun en particulier, très agréablement et avec douceur; et leur fit bon accueil.

Puis il leur demanda de lui faire hommage et serment de féauté, comme l'avaient fait les autres auparavant. Ils tinrent conseil entre eux; et se dirent qu'il n'y aurait nulle honte à suivre l'exemple de tels prud'hommes, ni de faire ce que des hommes plus puissants et plus sages qu'eux avaient fait. Ils devinrent ses hommes, et lui jurèrent féauté. L'Empereur les reçut en sa grâce, et leur fit tant de dons qu'ils s'en ébahirent tous. Les présents étaient si riches et si divers qu'ils n'en avaient jamais vu de pareils.

Ils prirent ensuite congé de l'Empereur, traversèrent le Bras saint Georges, et vinrent en grande hâte à Nicée, où les attendait l'armée des Chrétiens. Grande fut la joie à leur venue, car ils étaient les derniers. Ils se logèrent aux places qu'on leur avait gardées.

1. Robert, Courteheuse, fils ainé de Guillaume le Conquérant, ne devint duc de Normandie qu'à la mort de son père en 1087. Il disputa inutilement le trône à son frère Guillaume le Roux.
- Au moment de la croisade, il se réconcilia avec lui, et engagea auprès du Roi son duché de Normandie contre 10.000 marcs d'argent, afin de payer les frais de l'expédition.
- A son retour, en 1101, il ne put reprendre le trône d'Angleterre à son autre frère Henri I, qui s'en était emparé en 1100, à la mort de Guillaume le Roux.
- Bien plus, celui-ci prit prétexte de la plainte de certains vassaux pour lui ravir le duché de Normandie.
- Battu à Tinchebrai en 1106, il fut gardé captif, pendant 27 ans, au château de Cardiff. (M)

2. Etienne, comte de Chartres et de Blois, fils de Thibaut III, comte de Chartres et de Blois, était marié à Adèle, fille du roi Guillaume d'Angleterre.
- Il était donc le beau-frère de Robert, duc de Normandie.
- Son fils Etienne sera roi d'Angleterre (1135-1155).
- Dans une lettre à sa femme, il ne tarit pas d'éloges sur l'Empereur: En vérité, un homme pareil, il n'en existe pas aujourd'hui sous la voûte du ciel. (M)

3. Etienne d'Aubermale - Li fiu au conte Odon, dans la chanson d'Antioche. (P)

4. Alain VI, dit Ferget, père de Conan. Sont cités, eux aussi, dans la Chanson d'Antioche. (P)


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Etienne, comte d'Aumale, prince de Champagne

Première Croisade Etienne, comte d'Aumale, prince de ChampagneEtienne d'Aumale (de Troyes) avant 1070 mort avant 1130 (1126-27).

Ce prince, de la maison de Champagne, fit le voyage de la Terre-Sainte avec Robert III, duc de Normandie, et se trouva à la prise de Jérusalem en 1099. Revenu en France après le couronnement de Godefroy de Bouillon, il retourna à Jérusalem vers l'an 1120.
Arrière-petit-fils d'Eudes II, comte de Blois, il portait les mêmes armes que son parent Etienne, dont nous avons parlé plus haut: d'azur, à une bande d'argent accompagnée de deux; doubles cotices potencées et contre-potencées d'or de treize pièces.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV

En 1095, un complot mené par Eudes de Blois, Robert de Montbray et Guillaume, comte d'Eu, a pour but d'installer étienne sur le trône d'Angleterre à la place de Guillaume le Roux. Le roi déjoue la conspiration et lui confisque la seigneurie d'Holderness. Il préfère quitter l'Angleterre tandis que son père Eudes est emprisonné. Arrivé en Normandie, le comte d'Aumale porte sa fidélité au duc Robert Courte-Heuse.

Robert Courte-Heuse et étienne d'Aumale sont cousins germains puisqu'ils sont les petits-fils de Robert le Magnifique. Ils partent à la première croisade en 1096.
Sources: Wikipedia-org


18

Eustache III, comte de Boulogne

Première Croisade Eustache III, comte de BoulogneIl accompagna ses frères Godefroy de Bouillon et Baudouin de Boulogne à la croisade, et se distingua partout à leurs côtés.

Les armes de l'illustre maison de Boulogne, qui s'allia aux rois de France et donna un roi à l'Angleterre, étaient d'or, à trois tourteaux de gueules.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV



Eustache III, comte de Boulogne
Il naît à Boulogne vers 1058. Il est l'aîné et donc héritier de son père Eustache II qui tout jeune, avant 1066, confie sa formation de futur chevalier à Guillaume le Bâtard duc de Normandie dont il est l'otage. A la cour de Normandie il reçoit des leçons de bravoure, de foi, de piété. A son retour dans le giron familial il s'adonne avec son père et son frère Baudouin au jeu des batailles, des tournois et de la chasse.

Il hérite du comté de Boulogne et des domaines anglais de l'Honneur de Boulogne avant 1088.

En 1096, il part en croisade accompagnant une armée formée de Bretons, Normands, Boulonnais (au nombre de 1200), Flamands et Français et empruntant l'itinéraire par la vallée du Rhône et les cols alpins.
Aussitôt la prise de Jérusalem, son voeu accompli, il regagne son fief après l'élection de son frère Godefroy.

De retour à Boulogne, il a la malencontreuse idée d'aider son compagnon de croisade, Robert Courteheuse à s'emparer de la couronne d'Angleterre que porte Henri Beauclerc son frère cadet, tous deux fils du Conquérant (1106); mais ils échouent. En représailles Henri Ier Beauclerc confisque les biens de l'Honneur de Boulogne mais les restitue après qu'Eustache ait eu fait amande honorable. Il lui accorde même la main de sa belle-soeur Marie d'Ecosse.

De ce mariage naissent un garçon Raoul qui meurt prématurément et une fille Mathilde.

En 1118, à la mort de son frère Baudouin, il est sollicité par les barons francs qui veulent maintenir un membre de la maison de Boulogne sur le trône de Jérusalem. Il accepte cet honneur et entreprend le voyage vers la Terre Sainte, mais, arrivé en Calabre, il apprend que son cousin Baudouin de Bourcq a été sacré roi de Jérusalem le 14.04.1118. Il renonce donc à cette prétention pour ne pas jeter le trouble dans les esprits et retourne dans son comté.

Veuf, privé d'héritier mâle, il abdique à 60 ans, abandonne ses droits à sa fille Mathilde puis se retire en tant que simple moine - « Moi, Eustache, jadis comte de Boulogne, et maintenant, par la volonté de Dieu, moine de Cluny » - dans le prieuré clunisien de Rumilly qu'il avait fondé en 1105 sur les bords de l'Aa. Il y meurt en 1125.
Sources: Godefroy de Bouillon et l'érudition belge par M. l'abbé Haigneré


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Roger II, comte de Foix

Première Croisade Roger II, comte de FoixLes armes des comtes de Fois étaient d'or, à trois pals de gueules.
Sources: Auteur - Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV









Roger II, comte de Foix
La première moitié du XIIe siècle: retour de la Croisade, construction de l'église du Mas-Vieux, diffusion de la vita du pape Pascal Roger II de Foix part donc pour la Terre sainte dans l'armée de Raymond IV, qui mène des opérations dans la province d'Apamée en 1098 (H.G.L., éd. Privat, t. 3, p. 519).

La ville syrienne tombe aux mains des croisés de Tancrède le 14 septembre 1106; elle est depuis lors tenue par les Francs d'Antioche (Grousset 1991, p. 423-427). On ignore si le comte de Foix se rendit effectivement à Apamée de Syrie, mais il en eut la possibilité.

En tout cas, Roger II est de retour au pays, avec ou sans reliques, dès 1108, puisque, en conflit violent avec le pape Pascal II et des communautés monastiques, il restitue alors l'abbaye d'Alet (H.G.L., éd. Privat, t. 5, preuve CXLIX, col. 608).

On le retrouve à Saint-Antonin de Frédelas en 1111, excommunié par le pape Pascal II et en conflit avec l'abbaye; il abandonne alors tous ses droits sur la villa Fredelaci, l'expression abbatia sancti Antonini mais aussi surprise sur un castrum Appamiae. Plus loin dans le texte, on trouve les expressions almo martyri; ecclesiae beati Antonini; ejusdem martyris Fredelacensi monasterio; villa Fridilensi (H.G.L., éd. Privat, t. 5, preuve CCCLV, col. 818). Le castrum Appamiae est ensuite régulièrement mentionné: castro Appamarium en 1129 (H.G.L., éd. Privat, t. 5, preuve CCCCXII, col. 956); castellum Appamiarum en 1149 (H.G.L., éd. Privat, t. 5, preuve CCCCLXXVII, col. 1116), etc.
Sources: L'invention de Saint-Jean de Frédelas-Pamiers, par Jean-Luc BOUDARTCHOUK avec la collaboration de Patrice CABAU, Laurent CLAEYS et Marc COMELONGUE.


Roger II, comte de Foix
Roger II de Foix (mort 1124), est comte de Foix de 1064 à 1124 et comte de Couserans de 1074 à 1124. Il est fils de Pierre Bernard, comte de Foix et de Couserans, et de Letgarde.

Selon certains historiens, il hérite du comté de Foix à la mort de son oncle Roger Ier en 1064.

En tous cas, Roger II est comte de Foix et de Couserans à la mort de son père en 1074. Cependant, le comte Raymond Roger de Carcassonne était mort en 1067. Les comtes de Foix étaient les parents les plus proches par les mâles, mais Raymond Roger avait légué Carcassonne à sa soeur Ermengarde, mariée à Raymond-Bernard Trencavel. Roger II ne réussit pas à faire valoir ses droits et tente de s'emparer de la ville par la force, mais sans succès. Un traité du 21 avril 1095 consacre la renonciation officielle de Roger II sur Carcassonne et le Razès, tandis que les Trencavel renoncent au titre de comte pour prendre celui de vicomte de Carcassonne et verse à Roger II une somme importante qui lui permet de financer sa participation à la Croisade.

En effet, le 27 novembre 1095, le pape Urbain II appelle la Chrétienté à libérer les Lieux Saints de l'occupation musulmane. Roger II annonce sa participation au sein de l'armée de Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, mais diffère son départ pour une raison inconnue. Il le diffère tellement qu'il se fait excommunier par le pape, et arrive en Terre Sainte après la prise de Jérusalem. On ne sait rien de son action en Terre Sainte, peut-être participa-t-il à une des batailles de Rama ou au siège de Tripoli. Cette seconde possibilité est la plus probable, car il rentre dans ses domaines en 1105, accompagnant Guillaume de Cerdagne, comte de Tripoli, lequel ramenait avec lui la veuve et le fils de Raymond de Saint-Gilles, mort pendant le siège de Tripoli.

Après son retour, il fait édifier un château à proximité de Foix. Il fonde la ville de Pamiers qu'il nomme en l'honneur d'une ville syrienne, Apamée. Il fait en outre plusieurs donations aux abbayes de Mazernes et de Saint-Volusien pour parfaire sa réconciliation avec l'Eglise.
Sources: Wikipedia


Roger II, comte de Foix
L'Abbaye de Frédelas passa en héritage au troisième fils, le comte Pierre, évêque de Girone. Pierre la transmit à son neveu Roger, premier comte de Foix (1), et celui-ci à ses successeurs. L'un d'eux, le comte Roger II, voulant pourvoir à la sûreté des habitants qui étaient venus se regrouper à l'ombre du monastère ou « abbaye de Frédelas », fit élever sur le plateau qui dominait la plaine de Frédolas un château-fort, auquel il donna le nom d'Apamée (Appamiae).

Ce nom dont la langue romane a fait Pamias et notre langage moderne Pamiers, se rencontre pour la première fois dans un document de l'année 1111 (2), et finit par remplacer l'ancien nom de ce château-fort.

On croit généralement que Roger l'avait choisi pour perpétuer le souvenir de la première croisade, et plus spécialement celui de la ville d'Apamée en Syrie, à la prise de laquelle il avait sans doute pris part (3).

1. Vaissette, II, Pr. CCXX.
2. Vaissette, I, 623, col, 2; II 258.
3. Vaissette, II, Pr. CCCLV.
Sources: Persée 2005-2008 - Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.


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Gaston IV, vicomte de Bearn

Première Croisade Gaston IV, vicomte de BearnIl accompagna le comte de Toulouse à la première croisade, et fut un des seigneurs qui y gagnèrent le plus de gloire. A la prise de Jérusalem il se signala, ainsi que Tancrède, par un trait d'humanité peut-être unique dans cette vaste scène de carnage: étant entrés dans le temple de Salomon, où les musulmans s'étaient réfugiés en foule, ces deux seigneurs, attendris par les prières et les cris de tant de malheureuses victimes, leur accordèrent la vie, et les recueillirent à l'abri de leurs bannières. Au mois de septembre 1099 Gaston reprit la route de France avec le duc de Normandie et le comte de Flandre.

Il portait pour armes: « d'or, à deux vaches de gueules accolées, accornées et clarinées d'azur »
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Gaston IV, vicomte de Béarn
XVII - Comment les Chrétiens ordonnèrent leurs batailles - Après la prise d'Antioche
Isouart (ou Yzoart), le comte de Dié, fut chef de la onzième. Avec lui furent Raymond Pelet, Gaste (ou Gaston) de Beziers, Girart de Roussillon, Guillaume de Montpellier, Guillaume Amanieus.


XVI - Comment les Chrétiens gagnèrent de grands biens dans les tentes de Soliman
Se conduisirent bien dans cette bataille, et y gagnèrent la renommée pour toujours: Baudouin du Bourg, Thomas de la Fere, Renaud de Beauvais, Gale de Chaumont, Gasce (Gaston) de Béziers, Girart de Cherisy (Je suis surpris que Guillaume de Tyr n'ait pas parlé de la part que prirent les femmes à cette grande lutte: Feminae nostrae, dit Tudebode, in illa die fuerunt nobis in maximo refugio: quae afferebant ad bibendum aquam nostris proeliatoribus, et fortiter semper confortantes nos, et viros protegentes). (P)


XXV - Du bétail que prirent les Chrétiens devant Jérusalem
Dès que fut su dans les camps que le duc Godefroy avait reçu cette nuit des messagers de Bethléem, et qu'il avait envoyé plusieurs de ses gens dans cette ville, les gens à pied n'attendirent pas le congé des Barons. Ils ne purent patienter jusqu'au jour, mais commencèrent à s'entr'appeler en pleine nuit, pour aller à Jérusalem. Quand ils eurent cheminé un peu de temps, un des hauts hommes de l'armée, nommé Gaston de Béziers, [eut pitié d'eux, car il craignit qu'on ne les tua. C'est pourquoi] il partit avec vingt neuf autres hommes, à cheval et bien équipés.

Il décida qu'il irait près de Jérusalem pour voir s'il trouverait, hors de la ville, des bêtes ou quelque autre butin qu'il pourrait emmener. Il advint tout comme il l'avait pensé. Quand il approcha de la ville, il trouva des vaches et des boeufs, en grand nombre. Il y avait peu de pasteurs pour les garder, et ils s'enfuirent quand ils virent nos gens. Gaston se mit à ressembler les bêtes, et les emmena rapidement vers l'armée. Par leurs cris, les pasteurs avaient ameuté ceux de la ville. Il y avait là des Turcs très vaillants, et prompts à se servir de leurs armes. Ils sautèrent sur leurs chevaux, et poursuivirent les nôtres, pour reprendre leurs proies.

Gaston et ses gens les virent venir. Ils surent bien que la force n'était pas de leur côté. Ils laissèrent donc ce qu'ils emmenaient. Ils montèrent sur un haut tertre, près de là, fort contrariés de cette perte. Au bout d'un moment, ils regardèrent dans une vallée, et virent venir Tancrède qui revenait de Bethléem, à la tête de ses cent cavaliers, et s'en allait à l'armée.

Quand Gaston le reconnut, il piqua des éperons jusqu'à lui. Il lui conta son aventure et son inquiétude, car les Turcs n'étaient pas loin. Ils leur coururent sus, tous ensemble. Ils les rejoignirent, avant qu'ils puissent être dans la cité. Les Turcs se déconfirent. Ceux qui le purent s'enfuirent dans la ville. Le reste fut tué. Les nôtres recouvrèrent leurs proies, et les emmenèrent dans l'armée, à la grande joie de tous.

Ceux qui étaient dans les camps s'assemblèrent autour d'eux, et leur demandèrent d'où venaient ces bêtes. Ils leur répondirent qu'elles avaient été prises devant les portes de Jérusalem. Quand ils entendirent nommer Jérusalem, ils surent qu'ils en étaient tout près. Ils se mirent alors à pleurer. Ils tombèrent tous à genoux, et rendirent grâce à Notre-Seigneur, avec de grands soupirs. Dieu les avait tant aimés, qu'ils verraient bientôt le but de leur pèlerinage, cette sainte cité de Jérusalem, où Notre-Seigneur choisit de sauver le monde.

C'était une grande pitié de voir les larmes, et d'entendre les cris de ces bonnes gens. Ils se mirent en route, dans cet état, et marchèrent jusqu'à ce qu'ils voient les murs et les tours de la ville. Ils levèrent alors leurs mains vers le ciel, puis tous se déchaussèrent, et baisèrent la terre. Eut-il le coeur endurci, celui qui les voyait ne pouvait s'empêcher d'être ému.

A partir de ce moment, la route ne leur fut pas pénible. Ils cheminèrent allègrement, jusqu'à ce qu'ils fussent devant la ville. Là, ils se logèrent tous, aux places que leur désignèrent les Barons. Il leur semblait qu'était accomplie la parole du prophète, qui avait dit, il y a bien longtemps: Jérusalem, lève les yeux et regarde la puissance du Roi. Ton sauveur vient te libérer de tes chaînes.


XVII - Du huitième voyage, qui fut celui du comte de Toulouse, et de l'évêque du Puy, et d'autres
Ces deux prud'hommes étaient partis ensemble de leur pays avec beaucoup de monde. Plusieurs hommes de ces terres, puissants et vaillants, les accompagnaient. C'était Guillaume, l'évêque d'Orange; Rambaud, le comte de cette cité; Guillaume de Montpellier; Guillaume, le comte de Forets; Raymond Pelet (le vicomte de Narbonne); Centon de Béarn (Gaston de Béarn); Guillaume Amanieus; et maints autres barons qui, pour le service de Jésus-Christ, avaient quitté leur pays, et leur lignage, et tous leurs plaisirs. Ils vinrent tous en Lombardie et passèrent près d'Aquilée1. Ils vinrent ensuite en la terre nommée Istrie; de là en Dalmatie qui est un grand pays entre la Hongrie et la mer Adriatique. Là se trouvent quatre archevêchés: Jadres (Zara); Spalete (Spalatro); Antibare (Antivari); et Raguse.


X - Comment les Barons s'y prenaient pour assiéger Jérusalem
Ceux qui étaient restés devant Jérusalem se hâtaient, autant qu'ils le pouvaient, de dresser leurs engins.

Le duc Godefroy, le duc de Normandie, et le comte de Flandres avaient un vaillant homme, très expert et très actif, (c'était Gaston de Béarn).


XVIII - Des Chrétiens qui montèrent les premiers sur les murs de Jérusalem
Assez vite après le Duc, entrèrent le comte de Flandres, le duc de Normandie, le vaillant Tancrède, Hugues, le vieux comte de Saint Pol, Baudouin du Bourg, Gaston de Béarn, Gaston de Béziers, Thomas de Fère, Girart de Rossillon, Loys de Monçon, Conan le Breton, le comte Raimbaut d'Orange, Conon de Montagu et son fils Lambert, et maints autres chevaliers, qu'on ne peut pas tous nommer.
Sources: Guillaume de Tyr - Chronique du Royaume Franc de Jérusalem de 1095 à 1184 - Traduit par Geneviève et René Métais - Edition ICC - Paris 1999.


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Hugues VI, surnommé « le Diable », sire de Lusignan.

Première Croisade Hugues VI, surnommé  « le Diable », sire de Lusignan.Il fit le voyage de la Terre-Sainte, où il célébra la fête de Pâques dans la ville de Jérusalem en 1101, avec le roi Baudouin Ier, Il fut tué à la bataille de Ramla le 26 mai 1102, selon Foulcher de Chartres.
Il portait « burelé d'argent et d'azur »
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Hugues VI
Hugues VI, sire de Lusignan, surnommé le Diable et le Vieux, (frère utérin de Raimond de Saint Gilles comte de Toulouse), se trouvait à la défense du château de Lusignan contre le duc d'Aquitaine, en 1060.
Lorsque son père fut tombé mort à ses côtés, il envoya auprès du duc pour négocier la paix, et l'obtint.
Hugues VI souscrivit deux chartes des années 1073 et 1096, promulguées par Guillaume VI et Guillaume VII, comtes de Poitiers, en faveur des monastères de Moutier-Neuf et de la Trinité de Vendôme.
Hugues VI souscrivit avec d'autres barons d'Aimeri IV, vicomte de Thouars, la donation que celui ci fit à l'abbaye de Saint Florent de Saumur, de l'église du château de la Chèze, avec ses dépendances, par charte donnée en la cour du comte de Poitiers le 18 des calendes de février (15 janvier) 1092. (Arch de l'abbaye de Saint Florent, prieuré de la Chèze).

Le sire de Lusignan était alors marié avec Hildegarde de Thouars, fille du même Aimeri IV, vicomte de Thouars, et d'Aurengarde de Mauléon, sa première femme. L'an 1099 le vicomte Herbert II, frère d'Hildegarde confirma la fondation du prieuré de Saint-Nicolas de la Chèze, faite par feu le vicomte Aimeri, son père. Ceux qui, par cette charte, datée de la Chèze, le 7 des ides de décembre 1099, septième année du gouvernement du vicomte Herbert II, promirent de payer chacun un cens annuel à ce prieuré, furent Hildegarde femme d'Hugues de Lusignan, Maurice de Moutaigu, Ebbon de Parthenay, Simon d'Orival etc., etc. (Gall. Christ., t. II. P.p. 334, 355; Cartulaire rouge de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur, fol 36.)

L'an 1101, le comte de Poitiers, duc d'Aquitaine, prit la croix à Limoges, et conduisit 150 000 hommes à la Terre Sainte. Ce prince s'adjoignit pour le commandement de cette armée Hugues le Grand, frère de Philippe Ier, roi de France, Hugues de Lusignan, Etienne, comte de Blois, Etienne, comte de Bourgogne, Geoffroi de Preuilly, comte de Vendôme, Harpin, vicomte de Bourges, etc. (Art de Vérifier les Dates t. X, p. 106).

On connaît l'issue de cette expédition malheureuse, et l'on sait que le duc d'aquitaine, après avoir vu son armée détruite par la disette plus encore que par le fer des Musulmans, trop secondés par la mésintelligence des chrétiens, fut réduit à se sauver avec six hommes, mendiant son pain jusqu'à Antioche. (Art de Vérifier les Dates t. X, p. 107).

La dispersion de l'armée des croisés avait eu lieu le 26 mai 1102, immédiatement après la perte de la bataille de Rames. Le sire de Lusignan y avait déployé une grande valeur; mais ceux qui nous apprennent ce fait se sont trompés en ajoutant qu'Hugues VI périt dans cette journée, car il est qualifié Hugues le Vieux, (Vetulus), sire de Lusignan, dans une charte de 1106, où il figure avec ses deux fils, dont nous allons parler. Il est donc plus probable qu'après avoir rejoint le duc d'Aquitaine, (Guillaume IV), à Antioche, Hugues VI accompagna ce prince aux sièges de Tortose et d'Ascalon, et qu'il revint avec lui en Europe, en 1103. Ce qu'il y a de certain, c'est que le sire de Lusignan survécut à l'expédition dont on vient de parler, et qu'il ne mourut qu'en 1110.

Ce fut sans doute à son retour de la Terre Sainte que ce seigneur déclara la guerre à Roger de Montgommery, comte de Lancastre, époux d'Almodis, comtesse de la Marche, nièce d'autre Almodis de la Marche, mère d'Hugues VI, sire de Lusignan, dont celui ci revendiquait les droits sur le comté de la Marche. Telle a été l'origine d'une guerre qui a été longtemps héréditaire dans les maisons de Lusignan et de Montgommery.
Sources: Histoire généalogique et héraldique des pairs de France des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France Par Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles.


Hugues VI, surnommé « le Diable », sire de Lusignan
XVII - Comment le roi Baudouin s'en vint à Jaffa

Comme je vous l'ai dit, les Turcs avaient déconfit une de nos batailles. Ils poursuivirent les nôtres, en les tuant, jusqu'à Jaffa. Us recueillirent les heaumes, les écus, et les armes de ceux qu'ils avaient tués, et s'en vinrent devant la cité que tenaient nos gens. Ils leur dirent de se rendre, avec la ville, car ils ne pourraient plus s'y maintenir. En effet, le Roi était mort; et tous ceux qu'il menait avec lui, morts ou pris. Ils pouvaient bien le voir par les armes de leurs gens, qui leur étaient connues, et que les Turcs leur montraient.

La reine était dans la ville (Jaffa). Quand elle entendit ce que l'on disait, elle crut que c'était vrai. De même, le crurent tous ceux qui étaient là. Lors, commença un grand deuil, comme cela était normal pour une telle perte. Les Sarrasins, de leur côté, croyaient vraiment qu'il en était comme ils l'avaient dit.

Les prud'hommes, qui se trouvaient dans la cité de Jaffa, tinrent conseil. Ils dirent qu'il fallait envoyer hâtivement des messagers à Tancrède, qui tenait la prince d'Antioche, pour lui dire que la chrétienté de Syrie était toute perdue, s'il n'y portait remède.

Comme je vous l'ai dit, le Roi avait dormi sur le champ de la bataille. Quand il fit jour, il emmena ses gens vers Jaffa. Lors, ce même matin, il advint que les Turcs, qui s'étaient logés, la veille, devant la cité de Jaffa, et l'avaient tant effrayée, s'en retournaient. De loin, ils virent le Roi avec toute son armée. Ils crurent vraiment que c'était les leurs, qui venaient assiéger la cité, car ils ne pensaient pas qu'il puisse s'agir des nôtres, qu'ils tenaient tous pour morts. Nos gens les virent et les reconnurent bien. Ils se dirigèrent sur eux. Le Roi, tout le premier, piqua des éperons. Ses gens le suivirent. Ils trouvèrent les Turcs si surpris, qu'ils les déconfirent aussitôt. Une partie s'enfuit. Ils tuèrent les autres, et en amenèrent quelques uns prisonniers, à Jaffa.

Ils s'approchèrent alors de la ville, où l'on faisait grand deuil. Ceux de dedans apprirent qu'une troupe venait. Ils montèrent sur les murs, et se mirent aux fenêtres. Tant y furent, qu'ils virent le Roi et ses gens. Lors, ils firent une joie aussi grande, que s'ils fussent tous ressuscités de la mort. Us franchirent les portes de la ville, et coururent à leur rencontre. Ils leur racontèrent les mauvaises nouvelles qu'ils avaient entendues, et écoutèrent avec plaisir les bonnes que nos gens apportaient. Ils rentrèrent tous ensemble dans la cité. Grande fut la fête qu'ils firent cette nuit là; et la joie, venant après le deuil, en fut plus complète.

Le Roi sut que la Reine et les prud'hommes de la ville avaient envoyé des messagers à Tancrède, pour qu'il vint les secourir, car ils croyaient la situation du pays aussi mauvaise qu'on la leur avait dite. Il lui envoya donc d'autres messagers. Ils lui portaient ses lettres, dans lesquelles il lui donnait confirmation des bonnes aventures que Notre-Seigneur lui avait accordées. Ces messagers trouvèrent le vaillant Tancrède, qui se préparait à venir à Jérusalem. Quand il apprit ces nouvelles, il tendit ses mains vers le ciel, et remercia Notre-Seigneur des grands biens, qu'il faisait à son peuple.


XVIII - Comment les Barons vinrent à Jérusalem, puis voulurent s'en retourner en leur pays

Les Barons qui étaient venus dernièrement de France1, en passant par Antioche, s'étaient longuement attardés. Le Roi apprit qu'ils ne pouvaient aller jusqu'à Jérusalem; et il craignait que les Turcs ne leur barrent le chemin au fleuve du Chien2. C'est pourquoi, il prit avec lui de nombreux cavaliers, et s'avança pour occuper ce passage, avant que leurs ennemis n'y viennent. Ce ne fut pas une chose facile, car, avant d'arriver à cet endroit, il leur fallut passer de force à côté de quatre cités de Sarrasins, grandes, fortes, et bien garnies. L'une était Acre; l'autre Sur (Tyr); la troisième, Saïète; et la quatrième, Baruth (Beyrouth).

Quand le Roi leur eut garanti ce passage, les barons, qui s'étaient arrêtés là, continuèrent leur route. C'était Guillaume, le comte de Poitiers et duc d'Aquitaine; Etienne, le comte de Blois et de Chartres; Etienne, le duc de Bourgogne; Jouffroy, le comte de Vendôme; Hugues de Lisimare (Lusignan), frère du comte de Toulouse3; et plusieurs autres barons et chevaliers. Ils furent très joyeux de ce que leur route était libérée, et également de ce que le Roi était venu à leur rencontre, et voulait les conduire jusqu'à la sainte cité.

Quand ils se virent ensemble, ils s'entrebaisèrent comme s'ils se reconnaissaient. Peu leur importaient les pertes et les souffrances qu'ils avaient endurées, puisqu'ils étaient si près d'achever leur pèlerinage. Us s'en allèrent, tous ensemble, directement à Jérusalem. Parce que le jour de Pâques était proche, ils restèrent dans la ville sainte, pour y célébrer cette fête, (en 1102).

Quelques temps après, ils voulurent s'en retourner en leur pays; surtout le comte de Poitiers, qui avait perdu tout son bien en Romanie4, et ne pouvait trouver à emprunter de quoi vivre en Terre sainte. De même, les deux Etienne, de Blois et de Bourgogne. Tous s'en vinrent à Jaffa, pour s'y embarquer. Le comte de Poitiers entra en sa nef, traversa sans encombre, et s'en vint en son pays. Le comte de Blois et le duc de Bourgogne montèrent sur un autre navire. Quand ils eurent été en mer, je ne sais combien de jours, une tempête les prit, qui les ramena en arrière, et les jeta de force dans le port de Jaffa.

1. Voir Livre dixième - Chapitre XI et XII.
2. Pour ce « passage inout perilleu », entre le fleuve du Chien et Beyrouth, voir la description qui en est faite au Livre dixième - Chapitre V.
Hugo Lisiniacensis est devenu dans certains manuscrits Lisimarencis. Il fallait traduire Lusignan, et non pas Lisimare. Hugues de Lusignan (Hugues VI) était, en effet, frère utérin du comte de Toulouse, par sa mère Almodis, remariée au père du Comte. (P)
Ancien nom de l'empire de Constantinople. (M)
Sources: Guillaume de Tyr - Chronique du Royaume Franc de Jérusalem de 1095 à 1184 - Traduit par Geneviève et René Métais - Edition ICC - Paris 1999.


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Josselin-de-Courtenay, deuxième du nom

Première Croisade Josselin-de-Courtenay, deuxième du nomJosselin-de-Courtenay, deuxième du nom.

Il passa en Terre-Sainte l'an 1101 avec Etienne, comte de Blois.
Baudouin Ier, roi de Jérusalem, lui donna la seigneurie de Tibériade en 1115, et, quatre ans après, Baudouin II, « dit du Bourg », lui accorda l'investiture du comté d'Edesse, qu'il posséda onze années. Josselin de Courtenay fut un des plus héroïques défenseurs du royaume de Jérusalem. Il mourut en 1131 (Guillaume de Tyr. Voyez le livre XIV, chapitre - 3).

Il portait d'or, « à trois tourteaux de gueules posés 2 et 1, qui sont les plus anciennes armes de sa maison. »
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Josselin-de-Courtenay
XXIII - Comment se conduisait Baudouin du Bourg à Rohez

Il convient que vous sachiez comment Baudouin, le comte de Rohez (Edesse), se conduisait dans la terre qui était sienne (1). Il gouvernait sa baronnie bien et énergiquement. Il était aimé de ses gens, et redouté de ses ennemis qui confinaient à sa terre, de tous côtés. Jusqu'à ce jour, il avait été sans femme. C'est pourquoi, il épousa la fille d'un haut homme du pays, nommé Gabriel, duc de la terre de Mélitène (Malatya), dont je vous ai parlé plus haut (2). La damoiselle s'appelait Morphée (ou Marphie). Elle lui apporta une riche terre et une grande richesse. Ce Gabriel était Arménien de naissance. Par l'habit et le langage, il se conduisait comme un Arménien; mais pour la foi et la croyance, il était Grec.

Alors que ce Baudouin était riche et très puissant à Rohez (Edesse), un sien cousin arriva de France, et vint le voir. Il se nommait Josselin (ou Joscelin), né à Courtenay, qui est un château dans le bocage, près du Gâtinais. Quand Baudouin le reçut, il lui fit grande joie. Il savait qu'il n'avait point de terres en son pays, dont il put faire vivre lui-même et ses gens. Il pensa donc qu'il était mieux qu'il le garda avec lui, plutôt qu'il fut obligé d'aller chercher ailleurs les moyens de vivre, et d'être à la solde d'autres gens. Il vit qu'il montrait les signes et la contenance de quelqu'un qui serait sage et vaillant.

Il lui donna donc toute la terre située outre l'Euphrate, où se trouvaient deux cités, Corice et Tulupe (3). Il reçut aussi des châteaux, forts, riches, et bien garnis:
Turbessel (ou Tell Bascher), Hantab (ou Aintab), Ravendel (actuellement Rawendan), et beaucoup d'autres. Baudouin retint pour lui toute la terre en deçà de l'Euphrate, qui était plus voisine de ses ennemis. Il voulut conserver une seule cité outre ce fleuve, celle de Samosate. Celle-ci, il ne la donna pas. Le comte Baudouin fut sage, et de grande prévoyance.

Il gouverna bien tout ce qui lui avait été baillé. Il gardait fort bien ce qui lui appartenait. Aussi, disait-on qu'il était un peu avare. Mais quand il en était besoin, il dépensait si largement qu'il épuisait tout. Il était très modéré pour boire et manger; il s'habillait sans luxe et sans orgueil, il n'y attachait guère d'importance. [Pour tout cela, il était chez lui riche et redouté].

1. Baudouin du Bourg, cousin de Godefroy de Bouillon et de ses frères, avait reçu le comté d'Edesse des mains du roi Baudouin, premier comte d'Edesse. Voir Livre dixième Chapitre V. (M)

2. Voir Livre neuvième - Chapitre XXI.

3. Corice, ou Choros, ou Khoros. Anciennement Gyrrhus.
Tulupe, anciennement Dolikhé. Maintenant Duluk. (M)
Sources: Guillaume de Tyr - Chronique du Royaume Franc de Jérusalem de 1095 à 1184 - Traduit par Geneviève et René Métais - Edition ICC - Paris 1999.


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Adémar de Monteil, évêque du Puy

Première Croisade Adémar de Monteil, évêque du PuyIl commandait avec Raymond, comte de Toulouse, les croisés du midi de la France. Il était comme le chef spirituel de la croisade. Son titre de légat apostolique et la sainteté de sa vie lui méritèrent la confiance et le respect des pèlerins; ses exhortations et ses conseils contribuèrent beaucoup à maintenir parmi eux l'ordre et la discipline. Il les consolait dans leurs revers, les encourageait dans les dangers. Revêtu à la fois des insignes d'un pontife et de l'armure des chevaliers, il offrait sous la tente le modèle des vertus chrétiennes, et dans les combats il donna souvent l'exemple de la bravoure. Il mourut à Antioche, en 1098, regretté de toute l'armée.
Il portait « d'or, à trois bandes d'azur. »
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV

Adémar de Monteil
Adémar de Monteil, évêque du Puy, (vers 1050 - 1098), évêque du Puy de 1079 à sa mort en 1098, est surtout connu comme chef spirituel de la première croisade, qu'il accompagna en tant que légat du pape Urbain II. Il était issu de l'illustre famille des Adémar, comtes de Valentinois, seigneurs du Monteil, de Pierrelatte, de Donzère et d'autres lieux, maîtres de la vallée du Rhône entre Valence et Donzère, et avait sans doute exercé le métier des armes avant d'entrer dans la vie religieuse.

Elu évêque, Adémar se consacra à son diocèse: d'après la tradition, c'est lui qui aurait composé le « Salve regina », hymne en l'honneur de la patronne du sanctuaire, ainsi que l'antienne du Puy. L'évêque du Puy avait déjà fait le pèlerinage de Terre sainte, en 1086. Pendant son absence les féodaux du Velay, menés par les vicomtes Pons et Héracle de Polignac, en avaient profité pour s'attaquer aux possessions de son Eglise et s'en étaient emparés. A son retour, Adémar déclara la guerre aux usurpateurs, tout en laissant la voie ouverte à la négociation: les vicomtes acceptèrent, abandonnèrent leurs prétentions en échange d'une somme de 25 000 sous podiens. Adémar était un disciple de Cluny et il s'associa étroitement au combat que menait depuis plus d'un siècle l'abbaye bourguignonne pour soustraire l'Eglise à la tyrannie des puissances temporelles et régénérer la discipline ecclésiastique; à ce titre, il entretenait des rapports étroits avec l'abbaye Saint-Chaffre du Monastier - de son diocèse - rapports déjà fondés sur une commune idée clunisienne de croisade: c'est pourquoi il fut choisi par Urbain II, ancien moine clunisien devenu pape en 1088. A Clermont où il est venu prêcher la croisade devant une foule immense, le souverain pontife donne la direction de l'entreprise à Adémar.

Bon organisateur, le légat rechercha des chefs militaires: de son diocèse, le vicomte de Polignac, réconcilié, se joignit à son évêque dont il fut le porte-étendard, et Pierre de Fay et Gérenton du Béage, qui vendirent une part de leurs biens pour s'équiper, le suivirent. Adémar entraîna aussi le comte d'Auvergne Guillaume VI.
Il persuada surtout le puissant comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles, qui prit le commandement de l'une des trois armées des croisés et s'engagea à ne jamais rentrer en Gaule, offrant sa vie au combat contre les infidèles. Toute une partie du Languedoc accourait ainsi vers l'évêque du Puy qui sut trouver des renforts supplémentaires hors de la province, dans son pays de Valence. L'armée des croisés du Midi, commandée par Adémar et Raymond, après avoir subi quelques difficultés en pays dalmate (attaque des Petchenègues au service de Byzance), arriva en Orient: sur le plateau steppique d'Anatolie, elle se heurta enfin aux Turcs, à Dorylée (1er juillet 1097); c'est la première grande bataille, qui montre la supériorité militaire des Francs, et Adémar, ancien chevalier, ne craint pas d'y revêtir l'armure, combattant vaillamment. Un an plus tard, le légat est frappé par la peste et meurt à Antioche, le 1er août 1098, sans avoir vu la prise de Jérusalem, laissant les croisés divisés, moins soucieux de mystique que de prestige politique et de profits matériels.
Sources: Christian Lauranson-Rosaz - tirés de Louis Bréhier, « Un évêque du Puy à la première Croisade, Adémar de Monteil », Bulletin de la Société Académique du Puy et de la Haute-Loire, 8, Le Puy-en-Velay, 1923, 221-248.


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Raymond Pelet, « dit le Croisé »

Première Croisade Raymond Pelet,  « dit le Croisé »Raymond Pelet, « dit le Croisé. »

Il fut un des premiers seigneurs qui marchèrent à la croisade sous les ordres du comte de Toulouse, en 1096. Il commandait le onzième corps d'armée à la bataille d'Antioche, où il se distingua, et prit Tortose en Phénicie avec des troupes qu'il avait rassemblées à ses dépens.

Il portait « de gueules, armes qui ont continué d'appartenir aux anciens vicomtes de Narbonne »
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Raymond Pelet
XVII - Du huitième voyage, qui fut celui du comte de Toulouse, et de l'évêque du Puy, et d'autres

Ces deux prud'hommes étaient partis ensemble de leur pays avec beaucoup de monde. Plusieurs hommes de ces terres, puissants et vaillants, les accompagnaient. C'était Guillaume, l'évêque d'Orange; Rambaud, le comte de cette cité; Guillaume de Montpellier; Guillaume, le comte de Forets; Raymond Pelet (le vicomte de Narbonne); Centon de Béarn (Gaston de Béarn); Guillaume Amanieus; et maints autres barons qui, pour le service de Jésus-Christ, avaient quitté leur pays, et leur lignage, et tous leurs plaisirs. Ils vinrent tous en Lombardie et passèrent près d'Aquilée1. Ils vinrent ensuite en la terre nommée Istrie; de là en Dalmatie qui est un grand pays entre la Hongrie et la mer Adriatique. Là se trouvent quatre archevêchés: Jadres (Zara); Spalete (Spalatro); Antibare (Antivari); et Raguse.


Raymond Pelet - Après la prise d'Antioche
XVII - Comment les Chrétiens ordonnèrent leurs batailles
Isouart (ou Yzoart), le comte de Dié, fut chef de la onzième.
Avec lui furent Raymond Pelet, Gaste (ou Gaston) de Beziers, Girart de Roussillon, Guillaume de Montpellier, Guillaume Amanieus.


Raymond Pelet
XV - Comment les Chrétiens prirent la cité de Tortose

De nos camps, partirent cent hommes à cheval et deux cents à pied, ayant pour chef Raymond Pelet, un chevalier très vaillant. Ils allèrent jusque devant la cité nommée Tortose, pour voir s'ils trouveraient quelque aventure, où ils feraient du butin. Ils s'approchèrent de la cité, et commencèrent fort vigoureusement à donner l'assaut. Ceux de dedans se défendirent âprement, si bien que les nôtres ne leur firent guère de mal. La nuit vint. Ils abandonnèrent l'assaut, pour revenir plus frais le lendemain matin. Et ils attendaient d'autres gens de l'armée qui devaient les suivre.

Ceux de la ville eurent peur que, le lendemain, leurs assaillants soient plus nombreux, et qu'ils ne puissent leur résister. Alors ils partirent de la ville, de nuit et sans bruit, et s'enfuirent dans les montagnes. Ils n'emmenèrent que leurs femmes et leurs enfants, [et laissèrent tout le reste dans la ville]. Les nôtres, qui n'en surent mot, se levèrent au matin. Ils commencèrent à se rassembler, et à s'équiper pour donner l'assaut. Ils s'approchèrent tout armés. Ils n'entendirent rien. Par leurs échelles, ils montèrent sur les murs. Ils ne virent personne. Ils entrèrent dans la ville, ouvrirent les portes, et tous purent y venir. Alors ils virent bien que tous les habitants s'en étaient allés.

Ils trouvèrent la cité si comble et si pleine de biens, qu'ils furent tous riches. Ils chargèrent leurs chevaux, emportèrent tout ce qu'ils purent, et revinrent à l'armée. Ils contèrent leur aventure, dont tous se réjouirent beaucoup.
Sources: Guillaume de Tyr - Chronique du Royaume Franc de Jérusalem de 1095 à 1184 - Traduit par Geneviève et René Métais - Edition ICC - Paris 1999.


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Raymond Ier de Turenne, vicomte

Première Croisade Raymond Ier de Turenne, vicomteRaymond Ier de Turenne, vicomte - né en 1080, mort après 1127.

Il se signala à la première croisade. D. Vaissète, dans son Histoire du Languedoc, raconte qu'au siège d'Antioche soixante chevaliers, parmi lesquels était Raymond, vicomte de Turenne, défendirent un pont contre une armée de Sarrazins; et plus loin il ajoute que l'année suivante quatorze chevaliers, au nombre desquels était encore le vicomte de Turenne, mirent en fuite soixante Sarrazins qui escortaient un troupeau de cinq cents têtes, dont ils s'emparèrent. Il servit sous les ordres de Raymond Pelet, vicomte de Narbonne, à la prise de Tortose en Phénicie. En 1190 Raymond II, vicomte de Turenne, accompagna à la Terre-Sainte Philippe-Auguste, et mourut au siège d'Acre. En 1219 Raymond IV, de la même famille, se trouve au siège de Damiette. Enfin en 1252 Raymond VI, qui avait suivi saint Louis en Egypte, se trouvait à côté de ce prince dans la ville de Sidon.

Ils portaient « coticé d'or et de gueules. »
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Raymond Ier de Turenne, vicomte
En l'année 1099, Raymond, vicomte de Turenne, le vicomte de Castellane, le seigneur d'Albert et quelques autres des principaux chefs des Gascons et des Provençaux, avec cent chevaux et deux cents fantassins, se présentèrent devant Tortose.

Raymond de Turenne, qui n'avait pas assez de troupes pour entreprendre un siège et forcer la ville à ce rendre, eut recours à un stratagème qui lui réussit.
Au tout début de la nuit, Raymond de Turenne fit allumer dans un bois du voisinage un grand nombre de feux que les habitants de Tortose furent persuadés que toute l'armée Franque était venue les attaquer; ils prirent la fuite avant le jour, et se retirèrent dans les montagnes voisines avec leurs effets les plus précieux.
Le lendemain, Raymond de Turenne et les Francs s'approchèrent de la ville; ils trouvèrent les remparts déserts, et pénétrèrent sans résistance dans la place.
Sources: Histoire des Croisades par Joseph François Michaud.


Raymond Ier de Turenne, vicomte
M. Bonnélye, dans son Histoire de Tulle, compte aussi parmi les chevaliers de la première croisade Robert de Roffignac et Pierre de Noailles, dont les noms et les armes figurent au musée de Versailles à coté de ceux de Gouffler de Lastours, de Raymond de Turenne et d'Hélie de Malemort.

Géraud de Malefaide était seigneur de Saint-Viance, sur la Vézère. Il était proche parent de Gaubert de Malefaide, moine de Saint-Martial et sacristin de Vigeois, qui fut nommé, en 1096, abbé du monastère d'Uzerche.

Un autre seigneur limousin dont les historiens de la croisade n'ont pas parlé, mais qui prit part certainement à la guerre sainte, est Aimery IV, vicomte de Rochechouart, duquel il est dit, dans des chartes authentiques, « qu'il partit eu 1096 pour Jérusalem. »

Faut-il compter parmi les chevaliers de la première croisade un noble voisin du vicomte de Rochechouart, c'est-à-dire Jourdain, prince ou seigneur de Chabanais, au diocèse de Limoges »

Collin l'affirme dans sa Table chronologique: « Jourdain, prince de Chabanais, dit-il, accompagna Godefroy en Syrie, et enfin y meurt après plusieurs années de service. » Collin n'a pas inventé le fait, car, un siècle avant lui, François de Corlieu, dans son Histoire des comtes d'Angoulême, dit également, en parlant de « l'ainé Jourdain, prince de Chabanais », qu'il « fit le voyage d'outre-mer avec Godefroy de Boulogne (sic), lorsque la sainte cité de Hiérusalem fût conquise par les Français, l'an mil quatre-vingt-dix-neuf; auquel voyage Jourdain mourut. »
Parmi les chevaliers qui occupaient un rang distingué dans l'armée comte de Toulouse, les historiens des croisades citent en particulier Gaston, vicomte de Béarn; Raymond, vicomte de Castillon; Guillaume Amanjeu d'Albret; Raymond Pilet, seigneur d'Alais; Guillaume de Montpellier; Guillaume de Sabran; Guillaume, comte de Clermont, et les deux chevaliers limousins Raymond, vicomte de Turenne, et Gouffler de Lastours.
Sources: Les Chevaliers limousins à la première croisade (1096-1102), par l'abbé Arbellot François - Editeur R. Haton Paris 1881.


Raymond Ier de Turenne, vicomte
Raymond Ier de Turenne part en 1096, se couvre de gloire en 1099 à Jérusalem et à son retour fonde une léproserie et un hôpital appelés Nazareth (village existant encore) et Jaffa (désormais Hôpital Saint-Jean - Lot).

A ces côtés se trouvaient Raymond de Curemonte, Géraud de Malefaide de Saint-Viance, Itier de la Rivière, Pierre d'Ussel, Pierre de Noailles, Hélie de Malemort.
Sources: M. M. Macary - La Corrèze - Fernand Lanore


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Raymond du Puy

Première Croisade Raymond du PuyRaymond du Puy, fondateur et premier grand-maître de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem.

L'association des hospitaliers, créée par Gérard de Martigues, il avait été constitué en ordre religieux par une bulle du pape Pascal II. Mais les dangers dont bientôt après fut menacé le royaume chrétien de Jérusalem inspirèrent à Raymond du Puy, gentilhomme dauphinois, qui avait succédé à Gérard de Martigues comme maître ou recteur de l'hôpital, la pensée de rendre aux hospitaliers les armes que la plupart d'entre eux avaient autrefois portées, en leur faisant prendre l'engagement de ne s'en servir que pour la défense de la foi. Dans un chapitre général de l'ordre, tenu le 15 février 1113, dans l'église de Saint-Jean, cette proposition fut adoptée, et Raymond du Puy fut le premier qui prit le titre de grand-maître de l'ordre, auquel il donnait ainsi comme une nouvelle institution.

Il portait « écartelé aux 1 et 4 de gueules, à la croix d'argent », qui est de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, « et aux 2 et 3 d'or, au lion de gueules », qui est du Puy.
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Raymond du Puy
Au septième siècle de nouvelles invasions déferlèrent sur le monde byzantin lorsque des peuples voisins envahirent le territoire depuis l'Orient et les déserts d'Arabie. En l'an 614, Jérusalem tomba devant les envahisseurs Perses qui permirent la destruction de nombreux établissements chrétiens de ces lieux.

Puis survinrent les Arabes motivés par la nouvelle religion: l'Islam. Ils envahirent d'abord la Syrie, la Mésopotamie, la Perse, puis occupèrent Jérusalem en 638, le reste de l'Afrique romaine vers l'an 700, atteignant l'Espagne en 711.

Au début, le chef musulman de Jérusalem tolérait les fondations chrétiennes et les pèlerins, reconnaissant officiellement, en 807, le nouvel Empereur d'Occident, Charlemagne, en sa qualité de protecteur des chrétiens.

Charlemagne contribua à la reconstruction de certains édifices détruits, y compris un hôpital que l'on disait avoir été fondé par le Pape Grégoire en l'an 600, la grande église de Sainte Marie Latine et un monastère de moines bénédictins au service de l'hôpital.

Une seconde vague de persécutions systématiques des chrétiens sévit à la fin du dixième siècle lorsque les tolérants califes de Bagdad furent remplacés par les califes d'Egypte, plus fanatiques. Cependant, cette vague se résorba rapidement. Bientôt, les nouveaux califes conclurent un traité avec l'Empereur romain d'Occident, qui assuma la protection les Lieux Saints et commença la restauration de plus de 3000 églises et d'établissements chrétiens endommagés au cours des persécutions. De nombreux chefs d'Etat et gens fortunés d'Europe contribuèrent à rétablir la présence chrétienne en Palestine. Parmi eux, se trouvait un groupe de riches marchands de la République commerçante d'Amalfi, au sud de Naples. Ils achetèrent les ruines de l'église et de l'hôpital de Charlemagne, à proximité de l'église du Saint-Sépulcre. Ils défrayèrent le coût de la reconstruction de Hôpital, de l'église et du monastère, où les Bénédictines vécurent et travaillèrent de nouveau. Il semble que, pour manifester leur reconnaissance à leurs bienfaiteurs d'Amalfi, les moines adoptèrent la croix à huit pointes, blanche sur fond noir de l'écusson de la République d'Amalfi.

Pendant ce temps, au cours du siège de Jérusalem, l'Hôpital des Bénédictines avait continué ses activités sous la direction du Frère Gérard. Après la chute de la ville, de nombreux croisés blessés furent soignés dans son hôpital et, plus tard, ceux-ci firent des dons généreux à l'Hôpital en remerciements pour les soins reçu. Le chef élu de Jérusalem, Godefroy de Bouillon, accorda aussi à l'Hôpital son appui moral et matériel. Alors, le Frère Gérard décida de couper les liens avec les Bénédictins et réorganisa les frères servant à l'Hôpital, sous le nom de « Les pauvres frères de l'Hôpital de Saint-Jean. » La confraternité reconnut les statuts et les frères de l'Hôpital soumirent leurs nouveaux statuts au Pape Pascal 1er.
En 1113, le Pape approuva les statuts et les frères de l'Hôpital devinrent un Ordre religieux de l'Eglise. Sept ans plus tard, Gérard mourut et Raymond du Puy qui lui succéda fut un des grands innovateurs et administrateurs de l'Ordre. Il fut le premier à prendre le titre de « Maître » de l'Hôpital.

Le titre de « Grand-Maître » donné au chef de l'Ordre n'apparaît qu'au 13e siècle.
Sources: (Tirés de « The Order of Malta: Past and Present », publié par l'Association canadienne des Chevaliers de Malte, Montréal, 1978).


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Hugues de Payns, fondateur de l'ordre du Temple

Première Croisade Hugues de Payns, fondateur de l'ordre du TempleIl avait fondé, avec huit autres chevaliers, une confrérie militaire pour la défense des saints lieux et la protection des pèlerins. Ils prirent le nom de « Templiers », du temple de Salomon près duquel ils s'étaient établis.

Hugues de Payns se rendit à Rome avec Geoffroy de Saint-Aldemar, un de ses compagnons, pour demander au pape Honorius II une règle et le titre d'ordre religieux. La règle fut donnée par saint Bernard, et le concile de Troyes, en 1128, confirma l'institution de « l'ordre des pauvres soldats du temple de Salomon », dont Hugues de Payns fut le premier grand-maître. Nous donnons à Hugues de Payns, comme au bienheureux Gérard, les armes de l'ordre qu'il a fondé.

Celles du Temple sont « d'argent, à la croix pattée et alésée de gueules. »
Sources: Auteur Charles Gavard - Galeries historiques de Versailles. Armoiries des salles des Croisades - Paris Gavard (avant 1847). Imprimerie Duverger. - Charles Gavard Editeur rue du Marché Saint-Honoré Paris IV


Hugues de Payns
VII - Comment commença l'ordre du Temple
Comme Dieu envoie ses grâces où il lui plaît, des chevaliers prud'hommes, qui se trouvaient en terre d'outre-mer, eurent le désir et l'intention d'y rester, pour toujours, au service de Notre-Seigneur, et de vivre en communauté comme des chanoines réguliers. Ils firent voeu d'obéissance et de chasteté en la main du Patriarche, et renoncèrent à toute propriété personnelle. Ceux qui s'occupèrent le plus de cette affaire, en s'y engageant eux-mêmes, et qui encouragèrent les autres à le faire, furent deux chevaliers. L'un se nommait Hugues de Payns [près de Troyes]; l'autre était Godefroi de Saint-Omer.

Parce qu'ils n'avaient pas d'église, ni de maison sûre, où ils puissent vivre entre eux, le Roi leur octroya, pour la durée qui leur plairait, un logement dans les maisons qui faisaient partie du Palais royal, près du Temple de Notre-Seigneur (1). Les chanoines du Temple leur baillèrent, moyennant un cens, une place qu'ils possédaient près du Palais. Ils pourraient ainsi améliorer leur installation, et construire les bâtiments nécessaires aux gens de religion. Le Roi et les autres barons, le Patriarche et les autres prélats des églises, leur donnèrent des rentes pour leur nourriture et leurs vêtements. Les uns firent ces dons pour toujours; les autres pour un temps limité.

En pardon de leurs péchés, la première chose qu'on leur demanda, et enjoignit, fut de garder, des voleurs et des larrons qui avaient l'habitude d'y faire de grands maux, les chemins par où passaient les pèlerins. Le Patriarche et les autres évêques leur imposèrent cette pénitence. Ils restèrent ainsi neuf ans en habits laïques, car ils s'habillaient avec ce que leur donnaient, pour Dieu, les chevaliers et autres bonnes gens.

La neuvième année, un concile fut convoqué en France, près de Troyes (en 1128). Là, s'assemblèrent l'archevêque de Reims, l'archevêque de Sens, et tous leurs évêques. L'évêque d'Albano y fut lui-même, en tant que légat du Pape, ainsi que les abbés de Cîteaux et de Clairvaux, et maints autres gens de religion. Là, furent établis l'ordre et la règle qu'on leur donna pour vivre comme des religieux. Il fut ordonné, par l'autorité du pape Honorius et du patriarche de Jérusalem que leur habit serait blanc.

Comme je vous l'ai dit, cet ordre avait déjà duré neuf ans, et il n'y avait encore que neuf frères qui vivaient chaque jour des aumônes d'autrui. Dès lors, commença à croître le nombre des religieux, et on leur donna rentes et propriétés. Au temps du pape Eugène (Eugène III - 1145-1153), il leur fut ordonné de coudre, sur leurs capes et leurs manteaux, une croix de drap rouge, pour se faire reconnaître entre les autres gens. Ainsi firent les chevaliers et les frères mineurs, qu'on nomme sergents (2).

Par la suite, leurs possessions augmentèrent tant, comme vous pouvez le voir, que l'ordre du Temple est devenu puissant. Parce qu'ils furent logés, au début, près du Temple, ils sont encore appelés les frères de la chevalerie du Temple. Avec peine, pourrait-on trouver, d'un côté ou de l'autre de la mer, une terre de chrétiens où cet ordre n'ait aujourd'hui ni maisons, ni frères, ni grandes rentes. Au commencement, ils se conduisirent sagement, avec beaucoup d'humilité, comme des gens qui avaient quitté le monde pour Dieu. Mais ensuite, quand affluèrent les richesses, [il sembla qu'ils avaient oublié leurs premières intentions, et ils montèrent en grand orgueil, si bien que] pour commencer, ils s'émancipèrent du Patriarche de Jérusalem. Ils obtinrent du pape que celui-ci n'eut aucun pouvoir sur eux, alors qu'au début, c'est lui qui les avait établis et fondés avec les biens mêmes de son église.

Ils se mirent à prendre, aux autres religieux et aux églises qui leur avaient donné tant de belles aumônes, les dîmes, les prémices, et autres rentes qu'elles avaient possédées jusqu'alors. Ils nuisirent à leurs voisins, et leur firent des procès de maintes façons, comme ils font encore.


1. Il s'agit du Templum Salomonis, que les rois francs, émigrant dans la Tour de David, laissèrent bientôt aux Templiers. Cette confrérie s'appela d'abord Milice du Temple. Comme le dit le texte, sa première tâche fut d'assurer la sécurité des routes de pèlerinage entre le port de Jaffa et Jérusalem. (M)

2. L'Ordre comprenait: les chevaliers, toujours nobles; les sergents ne venant pas de la noblesse; et les clercs, qui servaient de chapelains. (M)

Hugues de Payns
XXVI - Comment les Chrétiens s'assemblèrent pour assiéger Damas, et n'en eurent pas la possibilité

Plus tard, après l'été, revinrent en Syrie Hugues de Paens, le premier maître du Temple, et d'autres gens de religion, qu'on avait envoyés au royaume de France, pour demander de venir aider les Barons, et secourir la terre d'outre-mer, afin de pouvoir assiéger la noble cité de Damas. Ils avaient ramené avec eux beaucoup de gens à cheval et à pied, mais sans grand chef. Ceux de Syrie en furent très heureux.
Sources: Guillaume de Tyr - Chronique du Royaume Franc de Jérusalem de 1095 à 1184 - Traduit par Geneviève et René Métais - Edition ICC - Paris 1999.


Croisés de l'Ain



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