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Possessions des Croisés en Orient-Latin

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Possessions musulmanes dans le royaume de Jérusalem en 1239

Date du document
La filia principis Rupini dont il s'agit est Marie, fille de Raymond-Roupên qui fut prince d'Antioche de 1216 à 1219 et qui dans la plupart des actes où il figure ne porte que le nom de Roupên. Ce personnage était fils d'Alix d'Arménie et de Raymond d'Antioche, fils lui-même du prince Bohémond III. Raymond Roupên avait épousé en 1210 Helvis, fille du roi Amaury II. Marie, née de ce mariage vers 1215, épousa en 1240 Philippe de Montfort. La grand-mère paternelle de Marie, Alix, était fille de Roupên III, prince d'Arménie et d'Isabelle, fille d'Etiennette de Milly, dame de la Terre oultre le Jourdain, et d'Onfroi III de Toron.

Ayant survécu à son frère Onfroi IV mort en 1198, Alix hérita des droits de ses parents sur la seigneurie de Toron et sur la Terre oultre le Jourdain avec les grands châteaux de Montréal et de Kérak (1). Tous ces domaines étaient aux mains des Musulmans. Ceux-ci gardèrent le Toron de 1187 à 1229.

Le 18 février 1229 l'empereur Frédéric II faisait avec le sultan Malek el Kamel un traité qui rendait aux Francs Jérusalem, Bethléem, Nazareth, Lydda, Jaffa, Césarée, la seigneurie du Toron, le château de Montfort des chevaliers Teutoniques, et la partie du territoire de Sidon que les Musulmans détenaient encore (2). Mais le sultan gardait Belvoir, le Thabor, Tibériade, Saphet, Beaufort et la Terre oultre le Jourdain.

En avril 1229, Frédéric II rendait le Toron à Alix d'Arménie (3). Celle-ci vivait encore en 1236 (4). C'est donc après cette date que sa petite-fille Marie hérita du Toron et de ses droits sur la Terre oultre le Jourdain.
1. Du Cange-Rey, Familles d'Outremer (Coll. des Doc. inédits), page 156 et 473.
— Rey, Les seigneurs de Montréal et de la Terre d'Outre-le-Jourdain, dans Revue de l'Orient latin, tome IV, (1896), pages 23-24.
— R. Grousset, Histoire des croisades, tome III (1936), pages 307 et 398.
— Alix avait épousé en secondes noces en 1194 Raymond.
2. Mon. Germ. Hist., Legum Sectio IV, Constiutiones, tome II (1896), pages 160-168.
3. Strehlke, Tabulae ordinis Theutonici, page 54, n° 66.
— Rohricht, Regesta Regni Hierosolymitani, pages 263-264, n° 1003.
4. Elle figure sous le titre de Alis, princessa et domina de Torono dans un acte daté d'Acre, le 10 août 1236. Strehlke, ouvr. cité, pages 66-67, n° 84.
— Rohricht, ouvr. cité, page 280, n° 1073.


Au cours de la Croisade dirigée par Thibaut IV, comte de Champagne et roi de Navarre (1239-1240), les Francs réoccupèrent Ascalon et obtinrent la rétrocession de Beaufort et de Saphet.
— R. Grousset, ouvr. cité, pages 386-392.

Observons qu'aucun des lieux obtenus par Frédéric II en 1229 ne figure dans notre texte qui énumère les possessions du sultan dans l'ancien domaine des Croisés. Il est donc postérieur à 1229. D'autre part, ce texte mentionne Ascalon, Beaufort et Saphet. Il est donc antérieur à 1240.

Remarquons aussi que Marie, fille du prince Roupên, hérita de sa grand-mère au plus tôt en 1236, et qu'elle est dans ce texte, appelée domicella. On sait qu'en 1240 elle épousa Philippe de Montfort.

Le texte fut donc rédigé entre 1236 et 1240, probablement au début de la Croisade qui commença en septembre 1239, car il semble que cette énumération des domaines du sultan constitue une mise au point des revendications à formuler par les Croisés.

Les noms des lieux

2. Scalona
Ascalon, au moyen âge Escalone, prise par les Croisés en 1153 ; en 1192, Richard Coeur de Lion répara les fortifications; en 1240-1241, Hugues IV de Bourgogne releva à nouveau ses murailles.
3. Gazarum
Gaza, au moyen âge Gadres; en 1150, le roi Baudoin III y construit une citadelle dont il confie la garde aux Templiers. Dans le traité de 1241, il fut stipulé que Gaza restait aux Musulmans.
3. Daronem
Le Darum ou le Daron (Deir el Belah), le fort le plus méridional des Francs sur le rivage de la Méditerranée. Construit avant 1170 par le roi Amaury Ier aux confins du désert pour servir de fort d'arrêt contre les armées égyptiennes qui tenteraient de pénétrer en territoire chrétien en suivant la route de la côte, ce poste pouvait en même temps constituer un lieu de concentration pour les campagnes que le roi projetait contre l'Egypte. C'était un petit fort muni aux angles de quatre tours dont une plus importante que les autres (Guillaume de Tyr, XX, c. 19).

Les Musulmans l'occupèrent après les victoires de Saladin. Ils en firent une forteresse considérable. Au cours de la 3e croisade, Richard Coeur de Lion s'en empara et la fit démolir en juillet 1192 (Ambroise, vers 10771-10772).

A la fin de 1240, le comte Richard de Cornouailles, frère du roi d'Angleterre Henri III, arriva à Acre et entreprit des négociations qui lui permirent de parfaire le traité conclu par Thibaut de Champagne ; le 23 avril 1241, outre ce qui avait été acquis antérieurement, les Francs obtenaient du sultan as Salih Aiyûb Jérusalem et Bethléem ainsi que toute la Galilée avec la cité de Tibériade, le mont Thabor, Belvoir et le Châteauneuf (Grousset, pages 393-394).

Les Francs s'étaient mis aussitôt à reconstruire des fortifications : Hugues IV de Bourgogne releva l'enceinte d'Ascalon et ne voulut rentrer en France (mars 1241) qu'après avoir vu les travaux terminés. La première pierre d'un nouveau château à Saphet était posée le 11 décembre 1240.

En 1241, Eude de Montbéliard, prince de Galilée, relevait les murs de Tibériade et Jean II d'Ibelin fortifiait le port d'Arsouf.

Daronem
Item detinet Gazarum et Daronem quae fuerunt castra Templariorum, et fuit sedes episcopalis tempore Groecorum.
E. G. Rey. Recherches géographiques et historiques sur la domination des Latins en Orient, accompagnées de textes inédits ou peu connus du 12e au 14e siècle.

4. Sebasten
Sébaste (Sebastiyé).

Sebasten
Versus Jérusalem detinet Sebasten quoe fuit et est sedes episcopalis.
Item, detinet Xeapolim quae est unacum terra Sebasten, antiquitus Samaria dicebatur.
E. G. Rey. Recherches géographiques et historiques sur la domination des Latins en Orient, accompagnées de textes inédits ou peu connus du 12e au 14e siècle.

5. Neapolis
Naplouse, au moyen âge Naples. Dans le traité de 1241 cette ville resta aux Musulmans.

Neapolis
La province du domaine royal nommée alors terre de Montréal ou d'Oultre-Jourdain se composait de la région située à l'est de la mer Morte et de l'Ouad-Araba. Ce fut une des plus importantes et c'est celle sur laquelle nous possédons le moins de documents contemporains.
Une charte (1) du 31 juillet 1161, relative à un échange entre le roi Baudouin III et Philippe de Milly, vicomte de Naples, nous apprend que la terre dite d'Oultre-Jourdain s'étendait depuis l'Ouad-Zerka, au nord, jusqu'à la mer Rouge, au sud.
1. Cartulaire de l'Ordre Teutonique n° 3. page 3
E. G. Rey. Recherches géographiques et historiques sur la domination des Latins en Orient, accompagnées de textes inédits ou peu connus du 12e au 14e siècle.

6. Grande Gerinum
Le Grand Gérin (Djenin), ville fortifiée dans la plaine d'Esdrelon. Elle avait cour de bourgeoisie et était administrée par un vicomte. « Ginnin, oppidum muratum quidem sed collapsum, situm in pede montis Effraym. A quo oppido incipit Samaria et terminatur Galilea »
— Burchard de Mont-Sion, dans J.-C.-M, Laurent, Peregrinatores medii aevi quatuor, 1864, page 52)

Grande Gerinum
Item, detinet grande Gerinum et castrum Planorum, et castrum Fabarum quae fuerunt castra nobilissima Templariorum, et haec omnia detinet cum pertinentes suis.
E. G. Rey. Recherches géographiques et historiques sur la domination des Latins en Orient, accompagnées de textes inédits ou peu connus du 12e au 14e siècle.

6. Castrum Planorum
Il faut sans doute l'identifier avec le Castellum Areae ou Arearum (Ararah) qui appartenait aux Templiers situé sur une route allant du Grand Gérin à Césarée.
— Rohricht, Regesta regni Hierosolymitani, pages 163-169 nos 618-619, an. 1182.

Castrum Planorum
Item, detinet grande Gerinum et castrum Planorum, et castrum Fabarum quae fuerunt castra nobilissima Templariorum, et haec omnia detinet cum pertinentes suis.
E. G. Rey. Recherches géographiques et historiques sur la domination des Latins en Orient, accompagnées de textes inédits ou peu connus du 12e au 14e siècle.

6. Castrum Fabbarum ou Castrum Fabe (el Foulé)
« Un castiel c'on apielle la Fève (Ernoul, pages 98, 102, 143), situé au coeur de la plaine d'Esdrelon qu'au moyen âge on appelait La Plaine de la Fève : « Et nota quod campus Magedo et Esdrelon et planicies Galilee unum sunt et idem... et appellatur nunc communiter campus Fabe a quodam castello Faba dicto » (Burchard de Mont-Sion, page 49).
Ce château appartenait aux Templiers. Il en reste des vestiges.

C'est dans ces ruines qu'était installée une partie de l'armée turque, le 16 avril 1799, quand Kléber l'attaqua. Bonaparte puis Murât vinrent à son secours. Ce fut la bataille du Mont-Thabor.
— V. Guerin, Description de la Palestine, Galilée, I, pages 110-112.
— Rey, Colonies franques, page 439.


7. Ebron
Hébron, au moyen âge Saint-Abraham; la plus importante ville au sud du royaume de Jérusalem. Godefroy de Bouillon la fortifia aussitôt après la prise de Jérusalem. Dans le traité de 1241, Hébron resta aux Musulmans.

8. Cvitas Ficuum que Bethula antiquitus dicebatur
Nous n'avons pas rencontré ailleurs le terme cvitas Ficuum. Il s'agit probablement de Bethelia ou Betulia, aujourd'hui Beit-Lahia, village à une petite distance au nord de Gaza, siège épiscopal au début du moyen âge.
— V. Guerin, Judée, tome II, page 176.
— Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique : Bethelia.


9. Taphyla
Taphila, l'un des châteaux de la Terre oultre le Jourdain, situé entre Kérak et Montréal, la Tophel de la Bible.
— Photos dans MUSIL, Arabia Petraea, II, Edom, première partie, page 317, fig. 166.

10. Petracensis civitas... nune Cracum
Kérak à l'est de la Mer Morte, au moyen âge le Crac dans la Terre oultre le Jourdain.

Bien entendu Kérak n'est pas sur le site de l'antique Pétra. Mais pendant le haut moyen âge l'évêque de Pétra, changeant de résidence transféra à Rabba le titre de son siège épiscopal, et lorsque les Croisés eurent installé un archevêque à Kérak, celui-ci prit le titre de Pétra. Les textes latins et français du temps des croisades donnent à la ville de Kérak les noms suivants : Cracum, le Crac (ou le Crac de Montréal), Petra Deserti et Civitas Petracensis. Civitas Petracensis se trouve inscrit au revers du sceau de Renaud de Chatillon conservé au Cabinet des Médailles.

Pour la bibliographie de Kérak, voir notre ouvrage : Les châteaux des Croisés en Terre Sainte, II. La défense du royaume de Jérusalem (1939), pages 39-40; sur son histoire et la description du château, pages 40-98. Dans l'album du même ouvrage, plans et photographies, planches IV-XXVII.
Ce château fut construit en 1142, par Payen le Bouteiller, vassal du roi de Jérusalem.

11. Castra Montis Regalis et Celle
Montréal (Shobak) construit en 1115 par Baudoin Ier, roi de Jérusalem, qui lui donna ce nom. Pour la bibliographie de Montréal.
— voir notre ouvrage, page 40. Photos dans l'album, planche I.

[Castrum] Celle : Sela', petit château franc dont la ruine se trouve à Pétra même sur un rocher à côté du théâtre.
— Identifié par A. HORSFIELD, Sela-Petra... dans The Quarterhy of the Département of Antiquities in Palestine, vol. VII (1938), page 5, carte et planches T, II, V, XI, XII;
— Journal of Royal Geographical Society, 1930, page 379.


Ce château franc de Sela ne figure dans aucun autre texte latin. Mais il est cité dans les chroniques arabes (Ibn al Athir, I, page 735.
— Abu Chama, Deux jardins, IV, pages 381-382).

12. Li Vaux Moïse
Vallem de Messa que les Croisés appelaient li Vaux Moïse. Ils y avaient un château que le P. Savignac a identifié avec les ruines d'Ou' aira à 3 km. e. n. e. du théâtre de Petra.
— Revue Biblique, 1903, page 114 et suivantes, photos.
— Voir aussi : MUSIL, Arabia Petraea, II, Edom, première partie, page 59 et suivantes, figures 22-23. Plan figure 27.
— Quarterly of the Département of Antiquities in Palestine, volume VII, 1938, page 14 et planches XL et XLI.
— Ce château fut construit sans doute en 1116 par les Francs.


Li Vaux Moïse
Le château de la Vallée de Moïse, nommé aussi Sela, forme hébraïque du nom de Petra, ce qui ne saurait laisser le moindre doute sur l'identification du site qui nous occupe avec celui de la capitale des Nabatéens.
Le château s'élevait sur les ruines de l'acropole de la ville antique.
Cette forteresse était nommée El-Aswit quand, en 1116, elle fut occupée par le roi Baudouin.
Voici la description de ce lieu que nous lisons dans un passage extrait de Novaïri, par Quatremère, et publié par lui dans son mémoire sur les Nabatéens... : « Là est le tombeau du prophète Aaron, frère de Moyse, situé à gauche du chemin qui conduit dans la Syrie. Près de là est le château appelé Aswit; le sultan (Bibars) s'y rendit en gravissant la montagne, et se convainquit par ses yeux que c'était une citadelle extrêmement forte et d'une architecture admirable, etc., etc. » Suit une description détaillée des ruines de Petra.
E. G. Rey. Recherches géographiques et historiques sur la domination des Latins en Orient, accompagnées de textes inédits ou peu connus du 12e au 14e siècle.

13. Castrum Saphorie
Séphorie (Safiriyé), petite ville au nord de Nazareth : « Sephora oppidum et castrum desuper valde pulchrum »
— Burchard de Mont-Sion, page 46.

Tout près de là se trouvaient les Fontaines de Séphorie dont il est question fréquemment dans les chroniques des croisades car maintes fois les troupes royales s'y concentrèrent pour barrer la route aux Musulmans pénétrant en Galilée. (Voir notre ouvrage, page 123). En avril 1799, Kléber allant rejoindre Junot dans les environs de Nazareth, dressa son camp près de ces sources.
— V. Guerin, Galilée, I, page 376.
— Rey, Colonies franques, page 446).



Saphorie
1255, 9 octobre. Henry, archevêque de Nazareth, et son chapitre donnent à Madius de Marino (Génois) deux charrues déterre, au casal de Saphorie.
Le site de ce casal se retrouve dans le village moderne de Eïlout.
E. G. Rey. Recherches géographiques et historiques sur la domination des Latins en Orient, accompagnées de textes inédits ou peu connus du 12e au 14e siècle.

14. Mont Thabor
Occupé par Tancrède aussitôt après la première croisade, des religieux bénédictins s'y installèrent et fortifièrent leur monastère. En 1183 une armée de Saladin l'attaqua mais devant la résistance des moines elle abandonna le siège.

En 1211, le sultan Malek el Adel y construisit une importante forteresse. Cette construction fut un des prétextes de la cinquième croisade (1217).

En 1213, le pape Innocent III lançant un vibrant appel à la chrétienté d'occident faisait allusion à la création de cette nouvelle place musulmane qui menaçait le port d'Acre.

En 1218, Malek el Adel craignant de se voir enlever sa forteresse préféra la démolir. La cession du Mont Thabor aux Francs fut stipulée dans le traité de 1241.

14. Castrum Burie
Burie ou Bures (Dabouriyé) au pied du Mont Thabor.
L'un des plus importants fiefs de la principauté de Galilée. La grande famille franque de Bures prit son nom de cette localité.


15. Civitas Naym
Naïm au sud de Nazareth, casal donné, avec d'autres casaux de la même région, le 25 mars 1101 par Tancrède, prince de Galilée, à l'abbé du Mont-Thabor.
— Rohricht, Regesta, page 6, n° 36).

16. Betsayda
Bethsaïde, au nord du lac de Tibériade.


17. Castrum Bellum videre
Belvoir (Kokab el Hawa). Ce château, dressé sur un promontoire des monts de Galilée au-dessus du Jourdain, commandait la route passant par le pont de la Judaire (Djisr el Madjami), fut acquis par l'Ordre de l'Hôpital avant 1168.

Les Francs l'appelèrent d'abord Coquet de son nom arabe Kokab el Hawa « l'Étoile du Vent ». Il en reste des vestiges.
— Voyez R. P. ABEL, dans Revue Biblique, 1912, pages 405-409, Photos page 406.
— Survey of Western Palestine, Memoirs, II, Samaria, pages 117-119. Plan.
— Notre ouvrage cité ci-dessus, pages 121-122, 133.


18. In terra de Gor
le Ghor : vallée du Jourdain, castrum Marescalcia. Probablement Kharbet el Maskarah, au nord du Djebel Quruntul, mont de la Quarantaine.
— (V. Guerin, Samarie, I, page 225.
— Rey, Colonies Franques, page 428).


19. Jéricho
Petite ville fortifiée ayant cour de bourgeoisie et administrée par un vicomte; c'est en 1144 qu'elle fut donnée au couvent de Saint Lazare de Béthanie (Guillaume de Tyr, XV, c. 27). Ce monastère de Bénédictines (el Azarié) était muni d'une tour puissante destinée à servir de refuge aux religieuses en cas d'attaque des Musulmans.
— Guillaume de Tyr, XV, c. 26.
— Rey, Colonies franques, pages 386 et 390).


20. Tibériade ou Tabarie
Tancrède s'en empara et la fortifia dès 1099. Elle devint la capitale de la principauté de Galilée. Saladin s'en (empare en 1187)

Nous avons vu que, rendue aux Croisés, elle fut fortifiée par Eude de Montbéliard, prince de Galilée, en 1241. Les Croisés la perdirent définitivement en 1247.

21. Castrum quod dicitur Cava de Suet
Ce passage est extrêmement intéressant puisque c'est le seul texte qui nous donne le nom de ce fort des Croisés. Nous l'avons identifié avec la grotte-forteresse appelée el Habis Djaldak par les chroniqueurs arabes. Guillaume de Tyr parle longuement d'un praesidium munitissimum in terra de Suet, mais sans le désigner de façon plus précise, XVIII, c. 21; XXII, c. 15 et 21. Ce château de la Cava de Suet que M. Horsfield a visité à notre demande en 1933 consiste en trois étages de grottes creusées au flanc d'une montagne (Ras Hilja) dominant la rive sud du Yarmouk (Sheriat el Menadiré), rivière qui vient se jeter dans le Jourdain au sud du lac de Tibériade. Les Croisés appelaient la région située à l'est du lac de Tibériade, la Terre de Suète. Ils y possédaient des casaux et à certaines époques ils partagèrent les récoltes de cette contrée avec les Musulmans.
Jebal Habis

Ils occupèrent sans doute dès 1106 ce fort avancé dont la garnison pouvait protéger les colons chrétiens exploitant les casaux de la Terre de Suète, et aussi, en cas de conflit, surveiller les mouvements de l'armée de Damas. En 1112, la garnison franque de la Cava de Suet fut massacrée mais en 1118 le roi Baudoin II en délogeait à son tour les occupants musulmans. Le fort fut de nouveau assiégé en 1158, mais secouru à temps par Baudoin III. En 1182, les Francs le perdaient mais trois mois plus tard, il l'assiégeaient et après des combats épiques en chassaient les soldats de Saladin qui le gardaient. Les Francs abandonnèrent la Terre de Suète après la grande victoire de Saladin à Hattin en 1187.
— Voir nos articles : Deux positions stratégiques des Croisés à l'est du Jourdain, Ahamant et el Habis, dans Revue historique, tome CLXXII, (1933), pages 42-57.
— Une grotte-forteresse des croisés à l'est du Jourdain : el Habis en Terre de Suète, dans Journal Asiatique, 1935, pages 285-299.
— Et notre ouvrage cité ci-dessus, chapitre III : Le Qasr Berdaouil et la grotte-forteresse d'el Habis en Terre de Suète, pages 99-116. Album, planche XXXI.


Outre la grotte-forteresse nommée la Cava de Suet, les Croisés en avaient au moins deux autres qui portaient la même dénomination : c'est la Cavea de Tyrum, la Cave de Tyron (Shaqif Tirûn, Tirûn en Niha) située dans le Liban à l'est de Saïda et au nord de Djezzin.
— voir notre article : Une grotte-forteresse des Croisés dans le Liban.

— La Cave de Tyron, dans Mélanges syriens offerts à M. René Dussaud, tome II (1939, pages 873-882, Photos) et la Cava Belhacem dont il sera question plus loin.


22. Castrimi Saphet
Safed situé à 12 km. du Jourdain sur un sommet (alt. 838 m.) dominant la dépression Sahel el Battof qui sépare les monts de Haute-Galilée de ceux de Basse-Galilée. Cette position très forte commandait la route de Damas à Acre qui passait le Jourdain au Gué de Jacob (Djisr Benat Yakoub), ainsi qu'une route allant de Merdjayoun à Tibériade. Ricoldus de Monte Crucis considère Saphet comme la clef de la Galilée : « Castrimi Saphet, elavist tocius Galilée. »
— J.-C.-M. Laurent, Peregrinatores..., page 106.

D'après le géographe Ibn Shaddad Halabi, les Francs y construisirent un château dès l'année 1102.
— voyez notre ouvrage, pages 119-120.

Après sa victoire de Hattin en juillet 1187, Saladin fit assiéger Saphet que défendaient les chevaliers du Temple par son frère Malek el Adel. La forteresse résista plus d'une année et ne capitula qu'au début de décembre 1188. Pendant la cinquième croisade, le prince de Damas Malek al Moaddham croyant que la Palestine allait tomber aux mains des Croisés démolit en 1218 le château de Saphet.

Les Templiers ayant récupéré cette position en 1240, entreprirent, sur l'initiative d'un pèlerin, l'évêque de Marseille Benoît d'Alignan, la construction d'une nouvelle forteresse qui devait devenir le plus bel ouvrage militaire que les Croisés aient élevé en Terre-Sainte au milieu du XIIIe siècle.

Il n'en reste que des ruines informes, mais nous possédons une description détaillée de cette construction.
— De constructione castri Saphet, publiée, par BALUZE, Miscellanea, tome VI, Paris 1713, in-8° , pages 360-367; publiée, en partie par V. MORTET.
— P. DESCHAMPS, Recueil de textes relatifs à l'Histoire de l'architecture..., XIIe-XIVe siècles, tome II, Paris, 1929, pages 261-264.
— Voir aussi notre ouvrage : Les châteaux des Croisés en Terre-Sainte, tome I. Le Crac des chevaliers, 1934, pages 100-103).


La pose de la première pierre, le 11 décembre 1240, donna lieu à une importante cérémonie avec un grand concours de peuple. Mille captifs musulmans furent employés aux travaux de la construction qui dura deux ans et demi. La forteresse avait une garnison de 2.200 hommes. Nous connaissons la hauteur des tours et des courtines, l'épaisseur des murailles, la profondeur des fossés. Le château occupait une superficie de 4 hectares, il avait sept tours rondes. D'après Victor Guérin qui visita Saphet en 1875.
— Galilée, tome II, pages 419-426; plan du site de Saphet dans Survey of Western Palestine, Memoirs, I, Galilée, page 249), le donjon de plan circulaire avait 34 mètres de diamètre; ce fut donc la plus grosse tour ronde qui ait été élevée au moyen âge.

Le château fut pris par Beibars, après une résistance héroïque des Templiers le 25 juillet 1266.
— voir notre ouvrage : Les Châteaux des Croisés en Terre-Sainte, chapitre II La défense du royaume de Jérusalem, pages 141-143).

23. Castrum Novum quod fuit domini Turonis
Châteauneuf (Hounin) à l'est de Tyr; à 900 m. d'altitude sur un sommet du Djebel Hounin, dominant la plaine de la Merdjayoun (la plaine des sources) avec les vallées du Nahr Bareigit et du Nahr el Hasbani ; il commandait la route de Tyr ainsi que celle allant du nord au sud du village de Merdj'Ayoun à Saphet et à Tibériade.

Ce château qui dépendait du seigneur de Toron fut démoli par Nour ed din en 1167. Onfroi II de Toron qui avait perdu en 1164, à la frontière de son domaine, la place de Bélinas (Banyas) et le château de Subeibe qui la domine, reconstruisit en 1178 ce Castrum Novum pour surveiller la route de Damas à Tyr et fermer l'accès de la Haute-Galilée. Onfroi qui était connétable du royaume fut blessé dans un combat dans la forêt de Banyas, vint mourir à Châteauneuf, le 22 avril 1179, et fut enterré dans l'église Notre-Dame-du-Toron.
Il reste quelques murailles de Châteauneuf.
— Plan dans Survey of Western Palestine, Memoirs, I, Galilée (1881), pages 123-125.
— Photos dans notre ouvrage : La défense du royaume de Jérusalem. Album, pl. XXXIV).


23. Le château du Toron
Aujourd'hui Tibnin) d'un mot signifie dans le français du moyen âge un mamelon, un sommet arrondi (latin : Toro, toronus, turo, turonus) donna son nom à l'une des plus importantes familles du royaume de Jérusalem. Ce château se dresse sur un sommet à 870 m. d'altitude, à l'entrée de la plaine de Tyr, à 22 km. de cette ville. La seigneurie du Toron s'étendait sur les châteaux de Maron, de Châteauneuf et de Subeibe avec la ville de Belinas (Banyas).

Hugues de Saint-Omer le construisit (1), en 1105, pour protéger la Galilée contre les incursions fréquentes de la garnison de Tyr et pour en faire une base d'opération contre ce port dont les Francs ne s'emparèrent qu'en 1124. En 1218, Malek al Moaddham démolit le château du Toron ainsi que celui de Saphet de peur qu'ils ne tombent aux mains des Croisés.

Nous rappelons qu'en février 1229, Frédéric II ayant obtenu le Toron par son traité de paix avec Malek el Kamel rendit ce château à la petite-fille d'Onfroi III, Alix d'Arménie. La petite-fille de celle-ci, Marie, épousa, en 1240, Philippe de Montfort qui en 1243 chassa de Tyr les gens de Frédéric II et s'y installa en maître. Les textes ne nous disent pas si Philippe de Montfort reconstruisit le Toron, mais cela est bien vraisemblable car, seigneur de Tyr et de tout le territoire de Haute-Galilée, il devait avoir d'abondants revenus et de plus, la forteresse du Toron était utile à la défense de sa seigneurie.
De la construction des Croisés il ne reste rien pour ainsi dire : seulement à l'ouest en avant de l'enceinte un pan de mur à bossages grossiers qui doit dater du XIIe siècle.
— voir : La défense du royaume de Jérusalem, Album, planche XXXIII B).

La forteresse qu'on voit aujourd'hui est une construction d'un émir syrien du XVIIe siècle, Daher el Omar.
1. "Castrum aedificavit, cui, quoniam in monte erat excelso admodum et cacuminato, nomen indidit Toronum » (Guillaume de Tyr, XI, c. 5).

24. Vadum Jacob quod fuit Templariorum.
En 1178, alors qu'Onfroi II de Toron construisait le Châteauneuf, Baudoin IV et les Templiers élevèrent sur une éminence à 500 m. d'altitude une forteresse au-dessus du Gué de Jacob (Djisr Benat Yakoub) par où passait la route d'Acre à Damas.



Ce fut le Chastellet (Qasr el Athra) (Victor Guerin, Galilée, I, page 341). Pendant les travaux qui durèrent six mois, le roi signa plusieurs actes « Apud Vadum Jacob. »

Ce château était d'une puissance extraordinaire (voir notre ouvrage : La défense du royaume de Jérusalem, pages 129-131) et sa construction porta ombrage à Saladin qui l'assiégea l'année suivante et s'en empara après de durs combats à la fin d'août. Il fit démolir la forteresse de fond en comble. « Il la rasa comme on efface les lettres d'un parchemin », nous dit Abu-Chama.

25. Caesarea Philippi que Bellinas
Caesarea Philippi que Bellinas vulgariter appellatur : Banyas, au moyen âge Belinas ou Panéas aux sources du Jourdain sur la grande route de Damas à Tyr. Cette ville dépendait de la seigneurie du Toron. Elle est dominée à une heure de marche à l'est par une éminence que couronne l'importante forteresse de Subeibe. Les Francs occupèrent Banyas en 1129. La place de Banyas et son château furent maintes fois disputés par les chrétiens et les Musulmans qui l'occupèrent tour à tour. En 1157, le roi Baudoin III releva l'enceinte de Banyas (Guillaume de Tyr, XVIII, c. 13) dont il reste encore d'importants vestiges. En 1164, Nour ed din enleva définitivement cette place aux Francs pendant que son seigneur Onfroi II de Toron faisait campagne en Egypte avec le roi Amaury I.

En 1253, Joinville combattit sous les murs de Banyas avec une partie de l'armée de Saint Louis.
— Sur Banyas, voir : La défense du royaume de Jérusalem, ch. V, page 145 et suivantes.

Caesarea Philippi que Bellinas
Item, Caesaream Philippi quod Bellinas vulgariter appellatur, et est episcopalis sedes, et débet esse filioe dicti principis, et hoec terra protenditur per unam dietam super Tyrum, in Gavas maximas.
E. G. Rey. Recherches géographiques et historiques sur la domination des Latins en Orient, accompagnées de textes inédits ou peu connus du 12e au 14e siècle.

26. Castrum Belforte
Beaufort ou Belfort, appelé dans les textes arabes Shaqif Arnoun, à 670 m. d'altitude, dressé sur une crête rocheuse à l'extrémité méridionale de la chaîne du Liban dominant le Nahr Litani. Ce château était le plus important de la baronnie de Sidon (Saïda) dont il défendait l'accès.

De Beaufort, on découvre au nord-ouest à 30 km. de Saïda, au sud-ouest les châteaux du Maron et du Toron, au sud-est le château de Subeibe, à 21 km. La position fut occupée, en 1139, par le roi Foulque d'Anjou. Pris par Saladin, en 1190, malgré l'héroïque résistance de son seigneur Renaud de Sidon, le château fut rendu aux chrétiens en 1240.

Julien de Sidon le vendit, en 1260, aux Templiers. Beibars le leur enleva en 1268.

Le château des Croisés a été considérablement remanié par les Musulmans, mais on y distingue encore le donjon carré construit par le roi Foulque et une salle voûtée sur croisées d'ogives qui doit être l'oeuvre des Templiers.
— Voir : La défense du royaume de Jérusalem, ch. VI, page 176 et suivantes, et Album, plans et Photos, planches LIII-LXXV.

26. Cava Belciassem
Belhacem (aujourd'hui Qal'at Abi el Hasan). Il est question de ce petit fort, en 1128, dans Guillaume de Tyr (XIII, c. 25).

La position de ce château est extrêmement pittoresque. Il se dresse à 80 m. au sommet d'une éminence formant un ovale allongé du sud au nord, d'environ 120 m. de longueur. Ce rocher est dominé par un cirque de montagnes. Sa base est presque entièrement enfermée dans une boucle du Nahr el Aouali, cours d'eau qui se jette dans la mer à 4 km. au nord de Saïda.
— La défense du royaume de Jérusalem, pages 222-223, plan page 221, Photos dans Album, planches LXXXIII-LXXXVI).

Belhacem n'est pas une grotte-forteresse comme la Cava de Suet ou la Cavea de Tyron, mais un fort qui commande un défilé, une gorge étroite, d'où le terme Cava accolé au nom de Belhacem.

27. Duas Cavas
En dernier lieu le texte mentionne duas Cavas dans le diocèse de Beyrouth ; nous ignorons à quelles positions elles correspondent.
Sources : Paul Deschamps, Etudes sur un texte latin énumérant les possessions musulmanes dans la royaume de Jérusalem vers l'année 1239. In Syria. Tome 23 fascicule 1-2, 1942. pages 86-104. : Sources numérique Persée
Persée

Explications des textes

En 1877. l'archéologue E.-G. Rey, auquel on doit tant de travaux originaux sur l'occupation des Croisés en Terre sainte publiait, dans un petit recueil de documents relatifs à l'Orient latin un document du temps des Croisades comportant une énumération de villes et de forteresses qui avaient appartenu au royaume de Jérusalem et qui, lors de la rédaction du texte, étaient aux mains des Musulmans. Cette rédaction fut faite, comme nous croyons pouvoir le démontrer, vers l'année 1239. Le texte publié par Rey est une copie de la fin du XVIIe siècle insérée dans une étude de Suarez sur l'histoire du Patriarcat de Jérusalem conservée à la Bibliothèque nationale (muscrit latin 8.985, pages 235-236). A la fin du même Recueil (2), Rey annonçait qu'il croyait avoir retrouvé le texte original de ce même document dans un Provincial acquis à Toulouse par la Bibliothèque nationale en 1864 et conservé dans le supplément latin n° 17.522, f. 83. En réalité, ce texte n'est aussi qu'une copie datant du début du XVe siècle.

Récemment, M. André Vernet, secrétaire de l'Ecole des Chartes, a retrouvé trois exemplaires (3) du même document : 1. Recherches géographiques et historiques sur la domination des Latins en Orient, accompagnées de textes inédits ou peu connus du XIIe au XIVe siècle, Paris, 1877, pages 15-17.
2. page 65.
3. Nous remercions vivement M. André Vernet d'avoir bien voulu nous communiquer les copies et les photographies de ces manuscrits et de nous avoir permis de les utiliser pour cette étude.
4. Le manuscrit de Leyde a été analysé par Léopold DELISLE, dans sa notice sur les manuscrits du « Liber Floridus » [de Lambert de Saint-Omer], dans Notices et extraits des manuscrits, 38, 2, (1906), page 741.


1° Un manuscrit latin de la fin du XIIIe siècle conservé à la bibliothèque de l'Université de Leyde (Voss., lat. fol. 31, f. 221 v-222)

2° Un manuscrit latin du XVe siècle conservé à Saint-Paul en Carinthie (Stiftsbibl., sans cote, f. 91 v-92)(1). Malheureusement, M. Vernet n'a pu obtenir qu'une photographie partielle du texte.

3° Une traduction provençale inédite du XIVe siècle conservée à Londres (Br. Muséum, Egerton, 1500, f. 66 v-67).

Le plus ancien de ces cinq documents, celui de Leyde, n'est pas le texte original car il y manque un passage qui figure dans les autres. Toutes ces copies sont altérées. Dans la transcription que nous allons donner nous tenterons de nous rapprocher du texte original en utilisant surtout la copie la plus ancienne, celle de Leyde, dont nous comblerons les lacunes et corrigerons les altérations à l'aide des autres textes. Nous publierons aussi le texte provençal.
Nous désignerons sous la lettre :
A la copie de Leyde ;
B celle du supplément latin 17.522;
C celle du latin 8.985 (2);
D celle de Saint-Paul en Carinthie;
E le texte provençal de Londres.

Après quoi nous identifierons les localités qui y figurent et nous préciserons les circonstances historiques qui ont motivé la rédaction du texte original disparu.

Texte latin

1 (3). Hic continctur tota terra quam Soldanus detinet.
2. Ex parte Egypti detinet Soldanus super maritimam Scalonam (4) ubi fuit tempore Grecorum sedes episcopalis (5).
3. Item detinet Gazarum et Daronem (6) que fuerunt castra Templariorum, et sedes episcopalis tempore Grecorum.
4. Versus Jherusalem detinet Sebasten (7) que fuit et est sedes episcopalis.
1. Indiqué par EICHHORN, Archiv der Ges. fur altere dt. Geschichtskunde, I, (1819), pages 280-282, et W. NEUMANN, Ueber die neuesten oesterreischischen Palastinaforschungen, 1905, page 12, n.
2. Nous remarquerons que les deux copies B. et C. sont presque identiques.
3. Pour rendre plus clair le commentaire, j'ai numéroté chaque paragraphe.
4. A. B. — Ascalonam : C.
5. A. — archiepiscopalis : B. C. D.
6. A. B. C. — Gazatum et Daroneam D.
7. B. C. D. — Sebastem : A.


5. Item detinet (1) Neapolim que est una cum terra Sebastensi antiquitus Samaria dicebatur.
6. Item detinet grande Gerinum (2) et castrum Planorum (3) et castrum Fabbarum (4) que fuerunt castra nobilissima Templariorum, et hec omnia detinet cum pertinentiis suis.
7. Versus (5) Arabiam et in Arabia detinet Ebron que nunc sanctum Abraham (6) nuncupatur et est sedes episcopalis.
8. Item civitatem Ficuum que Becula (7) (correction Bethula) antiquitus dicebatur et est sedes episcopalis.
9. Item castrum nobilissimum quod Traphyla (8) (correction Taphyla) dicitur.
10. Item Petracensem civitatem (9) et est archiepiscopalis (10) sedes que nunc Cracum vulgariter appellatur.
11. Item castra Montis Regalis et Celle (l2) cum pluribus aliis castris quorum nomina nescio et cum pertinentiis suis, et hec terra debet esse filie principis Rupini (13) et protenditur a Jherusalem per. v. dictas (14).
12. Item Vallem de Messa (15) que est pars Ydumee et hoc est versus Damascum; ibi (16) sunt plura castra et ville quorum nomina nescio et debet esse domicelle supradicte.
13. Item (17) versus Acon (18) et versus Nazareth castrum Saphorie (19) quod fuit regis.
14. Item montem Thabor qui fuit abbatis ejusdem loci et castrum Burie qui fuit ejusdem abbatis (20).
1. B. C. D. — detinet manque dans A.
2. A. C. D. — Grande Gericum : B.
3. A. B. C. — Castrum Planarum : D.
4. B. — Castrum Fabarum : D. — Castrum Falbarum : A. C.
5. Item versus : D.
6. A. C. — Sanctus Abracum : B. — Sanctus Abraham manque dans D.
7. A. — E donne Bethula. Tout ce paragraphe 8 manque dans B. C. D.
8. A. — Caphila : B. C. D.
9. A. D. — Pacracensem ; B. — Patracensem : C.
10. B. C. D. — Archiepiscopatus : A.
11. Cracum manque dans D.
12. A. — Castrum Montis Regalis et Sebe : B. C. Nous n'avons pas la photographie des paragraphes 11-14 de D.
13. A. — Pipini : B. — Papini : C.
14. A. — XLII dietas : B. — XVI dietas: C. — E. donne comme A : V. jornadas.
15. A. — Valle de Mossa : B. — Vallem de Mossa : C.
16. A. — ubi : B. C.
17. B. C. — Item manque dans A.
18. A. — Accon : B. C.
19. A. — Saporie : B. C.
20. A. Item montem Thabor et castrum Burie que fuerunt abbatis montis : B. C.


15. Item civitatem Naym (1) ubi olim fuit sedes episcopalis.
16. Item Betsaydam (2) civitatem Petri et Andree.
17. Item castrum quod Bellum videre (3) dicitur, et fuit Jherosolimitani Hospitalis.
18. Item in terra de Gor ubi fuit Sodoma et Gomorra castrum quod Marescalcia (4) dicitur quod fuit regis (5).
19. Item Jherico (6) que fuit abbatisse sancti Lazari de Bethania et distat ab hac parte Jerusalem per. VII. Leucas (7).
20. Item super mare Galylee civitatem Tyberiadis (8) que est sedes episcopalis et protenditur hac terra per duas magnas dietas et amplius, et hec omnia detinet cum pertinentiis suis.
21. Item versus Arabiam ex parte hac castrum quod dicitur Cava de Suet (9) qui est fluvius qui juxta Tyberiadem (10) fluens (11) fluvio Jordanis jungitur. Dominus autem Tyberiadis vocatur princeps Galilee.
22. Item versus Tyrum et Acon (12) versus montana castrum Saphet [quod fuit Templariorum].
23. [Item Castrum Novum] (13) quod fuit domini Turonis (14) quod esse debet filie principis Rupini (15).
24. Item Vadum Jacob quod fuit (16) Templariorum.
25. Item Caesaream (17) Philippi que Bellinas (18) vulgariter appellatur, et est sedes episcopalis, et debet esse filie principis Rupini (19), et hec omnia detinet cum pertinentiis suis (20), et hec terra protenditur per unam magnam dietam et amplius super Tyrum in cavas maximas (21).
1. A. — Vaim : B. C. — Baym ; D.
2. D. — Bersaidam : A. B. C.
3. A. B. C. — Bellumvidos : D.
4. A. B. C. D.
5. A. D. — B. et C. ajoutent : dicti régis.
6. A. — Gericho : B. D. — Hierico : C.
7. B. C. D. — Et distat ab ista parte a Jheruslem per VII leucas : A.
8. A. — Tiberiadis : B. C. — Thiberiados :
9. Ici s'arrête la photographie de D.
10. A. — Tiberiadin: B. — Tiberiadim : C.
11. Ce mot, qui se trouve dans B. et C, manque dans A.
12. A. — Accon : B. C.
13. Les deux passages entre crochets qui se trouvent dans B. et C. manquent dans A.
14. A. — Thironis : C. Le passage : quod fuit domini Turonis manque dans B. ; le paragraphe 23 n'est donc complet que dans C.
15. A. — B, et C. donnent filie dicti principis.
16. A. — est : B. C.
17. C. — Sesaream : A. — Sesaria : B.
18. B. C. — Relinas : A.
19. A. — filie dicti principis : B. C.
20. A. — Ce passage manque dans B. et C.
21. Ici nous avons adopté la version de B.


26. In episcopatu Syndoniensi (1) Castrum quod Belforte (2) dicitur et Cavam Belciassem (3) cum montanis (4) et protenditur hec terra per dietam et plus (5).
27. In episcopatu Beritensi duas cavas minutissimas cum omnibus montanis, que similiter protenditur per unam magnam dietam et plus (6).
1. A. — Item episcopatum Sidoniensem : B. C.
2. A. — Belfec : B. — Belfet : C.
3. C. — Beltiassen ; B. — Releassem : A. — Manque dans E.
4. A. — Manque dans B. et C.
5. B. et C. — A : et protenditur plus quam per dietam magnam.
6. A. — Item episcopatum Biricensem duas cavas, qui similiter protenditur per dietam et plus : B. et C.


Texte provençal

4. Jeruzalem te jotz se un luoc apelat Sabasten loqual sai enreire fo ciotatz episcopals.
5. Item te Neapolim laqual amb la terra de Sabasten fo antiquamen apelada Samaria.
6. Enqucra te lo Gran Gerinum e lo Castel planorum ho dels plas e lo Castel fabbarum ho de las favas losquals sai enreire foro castels mot nobles e foro dels Templiers.
7. Item vas Arabia e [en] Arabia te jotz se Ebron laqual es avora apelada S. Abraam e es sees episcopals.
8. Item te la ciotat ficuum ho de las figuas laqual sai enreire fo apelada Bethula, e es sees episcopals.
9. Item te lo (no) noble castel apelat Telphia et C. qui se traduit ainsi : Et cette terre s'étend sur une grande journée de route et davantage vers Tyr par de grands défilés. Cava signifie tantôt un défilé, une gorge, tantôt une grotte-forteresse. Le chemin de Tyr à Banyas traverse en effet des gorges profondes. Clermont-Ganneau avait bien observé la première de ces significations : Cavea et Cava, dit-il, si souvent employé dans les documents des croisés pour désigner non pas une « caverne » mais un creux de terrain, une vallée encaissée, un chemin creux, ce que nous appelons encore en France une cavée ». (Etudes d'archéologie orientale, tome II, dans Bibliothèque de l'Ecole des Hautes-Etudes, 113e fascicule, 1897, page 127.)
Le texte A coupe en deux ce paragraphe : « Et bec terra protenditur per unam magnam dietam et amplius.
Super Tyrum tres cavas munitissimas cum montanis. » Ce qui signifierait trois grottes-forteresses très bien défendues. Il semble que le copiste a pris les trois jambages de in pour le chiffre tres.
10. Item te la ciotat Petracen [sem] e es sees archiepiscopals, e es avora apelada vulgarmen Cracum.
11. Item te los castels de la Sela de Monreial ho Selle Montis regalis amb mainhs d'autres castels amb lor pertenensas, e aquesta terra deu esser de la filha del princep Rupini e te de Jeruzalem per .v. jornadas e fora.
12. Item te jotz se Jeruzalem la Val de Mossa que es partida de Ydumee e aisso es vas Damascum hon so mainhs nobles castels e vilas que devon esser de la dicha filha.
13. Item te vas Acon e vas Nazareth lo Castel Sabone loqual fo del Rei.
14. Item te lo pueh apelat Thabor loqual fo del abat d'aquel loc e lo Castel de Buria loqual fo d'aquel abat.
15. Item te la ciotat dicha Naym ho fo antiquamen sees episcopals.
16. Item te Bersada[m] de Peire e de Andrieu.
17. Item te lo castel apelat Belveger que fo del Espital de S. Johan.
18. Item te ella terra de Gor hon fo Sodoma e Gomorra un castel apelat Marescalcia.
19. Item te Jerico que fo de la abadessa de S. Lazer de Bethania e es lonh de Jeruzalem per .VII. léguas.
20. Item te sobre la mar de Galilea la ciotat Tiberiadis que es sees episcopals e dura aquesta terra per .II. grans jornadas e plus, e aisso te to amb totas sas pertinensas.
21. Item te en Arabia de part nostra partida lo castel que es ditz Cava de Suet que es .I. flum loqual vas Tiberiadim es ajostatz amb fluvi Jorda, e lo senhor Tiberiadis es appelatz princep de Galileia.
22. Item vas Tirum e Acon vas las montanhas te lo castel apelat Saphet loqual fo dels Templiers.
23. Item lo castel Nou loqual fo del senhor Turonis.
24. Item lo castel apelat Vadium Jacob loqual fo dels Templers.
25. Item te lo castel de Phelip loqual vulgarmen es appelatz Belinas hon es sees episcopals e dura per una gran jornada e plus.
26. Item te lo castel apelat Belleforte ho Belfort el l'evescat sobre Trul (?) per tres cavas petitas amb las montanhas (1).
1. Le copiste provençal a mélangé les numéraux 25 et 26 du texte latin et a omis la Cava Belciassem. 27. Item el l'evescat Bericen[se] doas cavas menudas ho petitas amb las montanhas que dura per una gran jornada e plus.
Sources : Paul Deschamps, Etudes sur un texte latin énumérant les possessions musulmanes dans la royaume de Jérusalem vers l'année 1239. In Syria. Tome 23 fascicule 1-2, 1942. pages 86-104. : Sources numérique Persée
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