Le Moinetre — en Arabe Mouneïtira
A 26 km à vol d'oiseau à l'Est de Giblet, ce Fort surveillait dans le Liban un col mettant en communication Baalbeck et la côte avec les ports de Giblet et de Djounié et de là à Beyrouth. C'était donc là une position stratégique importante (1) pour la défense du Comté de Tripoli.Le Moinetre
De l'arabe Mouneïtira : le petit belvédère. 1862 par le Capitaine Gelis El Mneitri.
Carte au 50 000e Kartaba : Malri à l'Ouest d'un massif qui, sur cette même carte, est appelé el Mounaïtreh.
Il semble bien que les Francs reprirent ce poste peu après, car Guillaume de Tyr (4) raconte qu'en 1176 le Comte de Tripoli Raymond III, partit de Giblet, traversa le Liban à la hauteur du Moinetre, fit irruption dans la Beqaa septentrionale du côté de Baalbeck et ravagea la campagne environnante.
Des actes portent les noms de seigneurs de ce château dépendant du Comté de Tripoli. On connaît en juin 1184 un Bernardus de Monetro (5) témoin d'une donation du comte Raymond III. En janvier 1236, un Guillelmus del Moinetre (6) signe un acte de Bohémond IV Prince d'Antioche et Comte de Tripoli.
Le hameau appelé aujourd'hui Mneitri, situé à 1260 m d'altitude, se trouve à quelques centaines de mètres au Nord d'Afqa, lieu sacré depuis une haute antiquité, où sont les sources du Nahr Ibrahim (le fleuve Adonis) (7).
De Mneitri, on atteint en peu d'instants un pont qui franchit le Nahr Ibrahim à 1200 m, à petite distance au-dessous de la grotte d'Afqa. En 1939, le colonel Bigeard a retrouvé le Fort du Moinetre couronnant un sommet isolé dominant par des à pic de 100 et de 200 mètres, le terrain environnant. Ce Fort commandait un défilé bordé par un profond ravin où coule un affluent du Nahr Ibrahim, l'Oued el-Menzelit qui surplombe au Sud, la montagne Amsaya (1715 mètres). C'est au pied de cette montagne que jaillissent les sources d'Afqa.
Le Moinetre Description
Les ruines comportent un mur d'enceinte s'élevant à flanc de coteau, entourant le sommet à une distance de 15 mètres et formant un quadrilatère de 80 m x 70 mètres. On trouve la trace de deux poternes, l'une à l'Est l'autre, la principale, à l'Ouest. On reconnaît deux puits, un escalier conduisant à un souterrain. Une source était captée pour les besoins du Fort. Tout près de là, à l'Est, on voit les ruines d'une chapelle et d'un fortin el-Hosn (8), qui peuvent dater des Croisades.Le Moinetre
Le Moinetre - Sources : Paul Deschamps
2. Edition Gibb, page 93 ; voir aussi Mirât az Zaman, page 537.
3. Ibn al-Athir, Kamel..., Historiens Orientaux des Croisades, tome I, pages 545-546 — Atabeks de Mossoul, Historiens Orientaux des Croisades, tome II, pages 235-236 — Abou Chama, Deux jardins, Historiens Orientaux des Croisades, tome IV, page 111, place cet événement en avril-mai 1167.
4. Guillaume de Tyr, livre 1 XXI, c. II, Historiens occidentaux des Croisades, tome I, page 1022 — Grousset, tome II, page 631.
5. Rôhricht, Reg., page 168, n° 637.
6. Rôhricht, Reg., pages 278-279, n° 1068.
7. « Un des sites les plus beaux du monde » écrivait Renan, et qui fut vanté par Maurice Barrés et Jérôme et Jean Tharaud. 8. Signalés aussi par le Guide Bleu, Syrie Palestine (1932), voir pages 47 et 49 ; mais nous n'avons trouvé ce fortin el Hosn sur aucune carte.
Sources : Paul Deschamps - Les Châteaux des Croisés en Terre Sainte, tome III, La Défense du Comté de Tripoli et de la Principauté d'Antioche. Editeur Paul Geuthner, Paris 1973