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Châteaux de l'Orient Latin, Croisés, Templiers, Hospitaliers et Teutonique

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    Akkar al-Atiqa

    Dans le cours du XIIe siècle, un certain nombre de forts défendant l'intérieur du comté de Tripoli furent confiés à la garde de l'Ordre de l'Hôpital et de l'Ordre du Temple. Nous avons vu que le Crac des Chevaliers remis à l'Hôpital en 1142 protégeait à l'Est la frontière.

    Du haut d'un contrefort du Djebel Ansarieh il surveillait la vaste plaine, dite plaine d'Akkar, qui mettait en relation la vallée de l'Oronte avec le littoral. Et en face du Crac, à 25 km au Sud, sur un sommet à l'extrémité de la chaîne du Liban, le fort d'Akkar défendait aussi le passage.

    Dans cette plaine d'Akkar qui s'élargit en éventail du Nord de Tortose au Sud de Tripoli, un certain nombre d'ouvrages, plus ou moins importants, se dressaient sur des collines ou au confluent de deux cours d'eau. C'étaient d'anciennes positions stratégiques que les croisés avaient jugé nécessaire de fortifier à nouveau.

    Un tremblement de terre ayant en 1170 causé de graves dégâts à plusieurs châteaux du comté, le roi Amaury, qui le gouvernait pendant la captivité du comte Raymond III, donna à l'Hôpital les châteaux d'Akkar et d'Archas (situé à l'Ouest d'Akkar, près du littoral) à charge de les reconstruire.

    Le fort d'Akkar est perché à 700 mètres sur un sommet qu'on a isolé au Sud en creusant profondément le rocher. Cet éperon étroit, qui s'étend sur 150 m., est enfermé dans une enceinte de murailles que flanquent cinq tours rectangulaires dont la principale se dresse sur le roc à la pointe Sud. Dans sa face Nord, à l'intérieur du fort, se trouve la porte de cette tour à plus de 3 mètres du sol; on ne pouvait y atteindre que par une échelle que les défenseurs du fort retiraient pour être à l'abri d'une surprise. Au-dessous de cette tour, à l'extérieur, on a creusé un berquil (bassin) qui par une canalisation — on remarque la rainure taillée dans le rocher — recevait l'eau recueillie sur la terrasse.

    Au sommet de la tour est sculptée une frise de ces lions qui sont l'emblème de Beibars. On les voit aussi sur les tours du Crac des Chevaliers. En effet ce sultan enleva le fort d'Akkar le 11 mai 1271, un mois après s'être emparé du Crac.

    Le site est d'une sauvage beauté. Au midi à une petite distance, l'horizon est fermé par la muraille concave du Djebel Akkar dont les hauteurs sont boisées et couvertes de neige. De là tombent avec fracas deux abondantes cascades qui deviennent deux torrents rapides; ceux-ci se réunissent au pied du rocher que couronne le château pour former le Nahr el Akkar. Par une trouée au Nord, on aperçoit la vallée du Nahr el Kebir, au-delà le Chastel Blanc, le Crac des Chevaliers et le lourd moutonnement des monts Ansarieh.
    Sources : Paul Deschamps. Les châteaux des Croisés en Terre-Sainte : Tome I, Le Crac des chevaliers, étude historique et archéologique, précédée d'une introduction générale sur la Syrie franque. Préface par René Dussaud, membre de l'Institut. Plans en couleurs et croquis par François Anus. (Haut commissariat de la République française en Syrie et au Liban. Service des antiquités. Bibliothèque archéologique et historique, t. XIX.) Paris, Paul Geuthner, 1934.
    Paul Deschamps, Tome II, La défense du Royaume de Jérusalem, Paris, Paul Geuthner, 1939. — Tome III, La défense du comté de Tripoli et de la principauté d'Antioche, Paris, Paul Geuthner, 1939.


    Akkar ou Gibelacar

    Akkâr al-Atîqâ, Qala'a Akkâr, Gibelacar nom donné par les croisés, contraction de Jabal Akkâr.

    La plaine du Akkâr
    Vaste plaine située en bordure de la Méditerranée entre le Liban et le djebel Alaouite, le Akkar s'adosse à l'est aux plateaux basaltiques du seuil de Homs. Le Nahr al-Kabir le traverse en le partageant entre la Syrie (au nord) et le Liban (au sud). Bien que la plus grande partie de la plaine soit en territoire syrien, le nom d'Akkar tend à être réservé au secteur libanais. Malgré d'incontestables avantages naturels (sols alluvionnaires profonds enrichis par les produits de décomposition du basalte, gisements pétrolifères, eaux abondantes), le Akkar n'a pu, du fait des vicissitudes politiques, être mis en valeur.
    Sources : Jean-Marc Prost-Tournier - Encyclopédie Universalis

    Le Guibelacard - Akkar-El Atiqua

    Le Guibelacard à quarante kilomètres environ, légèrement au Sud-Est de Arqua, le château du Guibelacard ou Gibelacar (aujourd'hui, Akkar-El Atiqua) fut le point de départ d'une importante seigneurie une fois passé aux mains des francs à la suite d'un traité conclu en 1109 entre Bertrand et Toghtekin, atabeg de Damas.

    Quelle fut l'étendue territoriale de cette seigneurie ?
    Quels en furent les maîtres ?

    A la première question, tout essai de réponse resterait vague, les documents ne sont pas clairs et toute délimitation sur le terrain, faute de preuve, s'avérerait aléatoire.

    Touché par le Séisme de 1170, il confié aux hospitaliers du Crac par Amaury roi de Jérusalem lors de l'emprisonnement de Raymond III de Tripoli (1164-1172). Cette clause n'est pas de suite et sauf les périodes où le fief fut directement entre les mains des comtes, nous connaissons le nom de deux familles qui gouvernèrent tour à tour la seigneurie. Les Astafortis, d'origine italienne, sont connus de 1177 à 1187 [Rey D. G., les Colonies Franques de Syrie, aux xII-XII s. Paris, Picard, 1883)]. Puis, nous savons que c'est Raynouard II de Nephin qui, en 1205, épousa l'héritière de la seigneurie. Les Puylaurens qui possédèrent de domaines dans le voisinage, furent-ils jamais maîtres du château ? Certains historiens le pensent. [RICILARD J., le Comité de Tripoli sous la dynastie Toulousaine, Paris- Gauthier 1948, p, 76].
    Sources : Dr. Père Cezar Mourani ocd Nouvelle Edition 2002
    http://www.kobayat.org/data/books/cesar_mourani/cobiath/p1c3.htm

    château d'Akkar ou Gibelacar

    Châteaux d'Orient Jean Mesqui
    Vestiges du château d'Akkar ou Gibelacar - Sources : Châteaux d'Orient Jean Mesqui

    Le château aurait été construits au alentours de l'an 1000 par une personnalité appelée Muhriz Akkar.
    La forteresse est restée la propriété de cette famille jusqu'en 1019 lorsqu'elle est prise par le calife fatimide Al-Hakim.
    En 1109, après la prise de Tripoli, le fils de Raymond de Saint-Gilles devenu le comte Bertrand de Tripoli marche vers Rafanée. L'atabeg bouride de Damas Tughtekin préfère conclure un traité. Bertrand de Tripoli reçoit les forteresses du Moinestre et d''Akkâr, contre la promesse de ne plus attaquer Rafanée.
    Le sultan zengide Nur ad-Din prend la forteresse pendant ses campagnes en Syrie.
    En 1170 les croisés parviennent à reprendre la place. Amaury Ier roi de Jérusalem le remet aux Hospitaliers. La citadelle va faire partie de la seigneurie de Nephin pour revenir finalement au comte de Tripoli Bohémond IV en 1202.
    En 1271, Baybars après la prise du Krak des Chevaliers vient mettre le siège devant 'Akkâr qui fini par capituler.

    Le site de Qala'a Akkâr

    Le château d''Akkâr est situé sur une montagne à plus de 700 m d'altitude d'où il domine la vallée entre deux gorges. Il contrôle ainsi le passage de Tripoli vers Homs et permet ainsi de protéger la plaine d'Arqa de l'irruption des musulmans et de prévenir une coupure des communications entre Tartous et Tripoli. La position d''Akkâr permet aussi de contrôler la circulation entre la Bekaa est Homs.

    Châteaux d'Orient Jean Mesqui

    Châteaux d'Akkar
    Vestiges du château d'Akkar ou Gibelacar - Sources : Châteaux d'Orient Jean Mesqui

    Des ruines il ne reste qu'une partie de la tour nord dont l'entrée existe toujours : il fallait une échelle pour atteindre cette porte située trois mètres au-dessus du sol. Une partie de la forteresse a été reconstruite par Baybars, entémoingnet des pierres où sont sculptés des lions, emblèmes de Baybars.

    Visite de Chercheurs

    Au cours de 1994-1995, le AKPIA accueilli trois chercheurs invités. Maurice Cerasi, professeur de conception architecturale à la Faculté d'Architecture de Gênes, utilisé ses trois mois au cours de rendez-vous du printemps à faire des recherches sur la langue, la culture, et de typologie des concepts dans la genèse des types de logement dans les régions de l'Empire ottoman à l'ouest de la comparaison avec slave, syrien voisins et du Caucase. Professeur Cerasi également participé à la série de conférences et de printemps, conférence organisée par le AKPIA. Charles Hafez Chehab, professeur agrégé et coordonnateur du programme d'histoire de l'art à l'Université d'État de New York, College à Brockport, a été un chercheur invité au programme depuis 1991 et a terminé son mandat en Décembre 1994. Au cours de son dernier semestre, il a complété un article sur le «  Lion de Baibars  » à 'al' Atiqa Akkar (Liban Nord). Shakeel Hossain, un ancien élève DIS 1988, a continué son travail sur son projet Ta'zia, en présentant une conférence et d'exposition au MIT en Février intitulé «  croyances, rites, art et architecture populaire Islam : Muharram de l'Inde.  »
    Visites :
    http://web.mit.edu/annualreports/pres95/10.4.html

    château d'Akkar ou Gibelacar

    Châteaux d'Orient Jean Mesqui
    Vestiges du château d'Akkar ou Gibelacar - Sources : Châteaux d'Orient Jean Mesqui

    Probablement construite à la fin du 10e siècle après JC par Mouhriz Ibn Akkar, le château a été prise par les Croisés au 12e siècle, et re-conquis en 1271 par le sultan mamelouk Baibars.
    Au cours de la période ottomane, il appartenait à la famille féodale de la Banu Sayfa, puis autour de 1620, il a été partiellement détruit par l'émir Fakhreddine II.
    Bien que le château est en ruine, vous pouvez reconnaître deux juridictions séparées par une sorte de fossé et entourée de cinq tours rectangulaires. Le tribunal supérieur contient une citerne voûtée. La tour principale, à l'extrémité sud, qui est encore en assez bon état, est décorée d'une frise de lions sculptés au cours de travaux de restauration effectués par le Sultan Baibars. De là, il ya aussi une vue magnifique de la zone environnante.
    Sources Akkar
    http://www.ikamalebanon.com/
    Sources: Extrait du livre "Les Châteaux d'Orient" de Jean Mesqui. Edition Hazan. — Les photographies en couleurs sont de Mohamad Al Roumi et Jean Mesqui.


    Château d'Akkar (Français, Guibelacard ou Gibelacar, en Arabe al-Atiqa)

    Guibelacard ou Gibelacar fort de montagne occupait une position stratégique importante puisque face au Crac des Chevaliers, à 27 km à vol d'oiseau, au Sud de la grande Forteresse, il défendait la plaine de la Boquée et la vallée du Nahr el-Kebir et permettait aussi d'intercepter les communications entre Homs et Baalbeck.
    Figure sous le nom de Guibelacard dans un acte de 1143, et de Gibelacar dans un acte de 1170, Cartulaire, des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, tome I, page 285, n° 411.
    Il est juché à environ 700 mètres sur un éperon rocheux presque inaccessible formant dans le massif du Djebel Akkar un des derniers contreforts de la chaîne du Liban.

    Bien avant les Croisades, un Fort existait sur ce sommet. Son nom dérive, selon les Chroniqueurs arabes de son prétendu fondateur Muhriz ibn Akkar. La famille de celui-ci resta en possession du lieu jusqu'en 1019. Plus tard il fut entre les mains du gouverneur d'Alep, puis de celui de Tripoli qui s'en empara en 1033 au nom du calife fatimide d'Egypte. En 1094, l'émir Seldjoukide Tutush s'en empara. A l'époque des Croisades Akkar appartenait à l'atabeg de Damas Togtekin.
    En 1109, les Francs venaient de prendre Tripoli et allaient ensuite attaquer Rafanée. Pour éviter cette menace Togtekin concluait alors avec eux un traité par lequel ceux-ci recevraient un tiers des récoltes de la Béqa, ainsi que les châteaux de Muneïtira (Le Moinelre) et d'Akkar. Les Châteaux de Masyaf, Hosn al-Tufan (Touban) et Hosnal-Akrad seraient garantis de toute attaque de la part des Francs, mais ces trois châteaux devaient payer un tribut aux Francs (Voyez René Grousset). Cependant, très peu de temps après (vers juin 1110), Tancrède s'emparait d'Hosn al-Akrad, le futur Crac des Chevaliers.
    Jean Richard pense que Gibelacar appartenait dans la première moitié du xne siècle à une grande famille du Comté, les Puylaurens. Les Francs possédaient encore ce Fort en 1160. Nour ed din s'en empara à une date indéterminée, peut être en même temps que du Moinetre dont la prise eut lieu en 1165-1166, ou lors de la campagne de 1167 pendant laquelle il enleva et saccagea les châteaux d'Arima et de Chastel Blanc.

    Les Francs reprirent le château d'Akkar en janvier 1169, selon Beha ed-din Ibn Chaddad ou entre le 23 décembre 1169 et le 21 janvier 1170 selon Abou Chama. Ils firent prisonnier le gouverneur Qutlug al-Alamdar (le porte étendard) qui le gardait au nom de Nour ed din. Mais à peine ce fort était-il en la possession des Francs qu'il fut démoli en même temps que la place d'Archas par un terrible tremblement de terre qui commença le 29 juin 1170 et dura vingt-cinq jours.
    Après ce sinistre, le roi Amaury I de Jérusalem qui, pendant la captivité de Raymond III (1164-1172), assurait la régence du Comté de Tripoli, donnait aux Hospitaliers la garde des châteaux d'Archas et de Gibelacar et les chargeait de les restaurer. Il semble que le Comte de Tripoli n'ait pas à sa libération confirmé la donation de ces places faite sous réserve de son accord, à l'Ordre de l'Hôpital, car dans la suite on constate que Gibelacar appartient à des vassaux du Comte de Tripoli.
    Au début du XIIIe siècle, Raynouard III de Nephin (attesté de 1196-1206), était devenu seigneur de Gibelacar par sa femme Isabelle qui le tenait de son père Astafort. Celui-ci est mentionné comme témoin de plusieurs actes de Raymond III de Tripoli depuis 1177 à 1187. Raynouard ayant contracté son mariage en 1203 ou 1204 sans avoir demandé l'agrément de son suzerain Bohémond IV, celui-ci protesta et une guerre civile s'ensuivit. Dans cette lutte fort mouvementée, Bohémond eut d'abord le dessous, puis il mit le siège devant Nephin, s'en empara et fit prisonnier Raynouard. Celui-ci n'obtint la liberté à la fin de 1205, qu'en abandonnant à son suzerain le château de Gibelacar. Raynouard se retira en Chypre et y mourut.
    «  Renoart, qui estoit seignor de Nefin, esposa Ysabel, la fille d'un riche home qui avait nom Astefort et qui avoit esté seignor de Gybelacar, dont elle estoit dreit heir. Li princes Beymont en fu molt corrocé...  »

    Le dernier épisode concernant Akkar, est le siège et la prise de ce fort par Beibars, aussitôt après la prise du Crac des Chevaliers (8 avril 1271). Le sultan quitta le Crac le 28 avril, pour aller assiéger Akkar. Le transport des grandes machines de guerre fut très difficile. Il fallut abattre des arbres dans la vallée et aménager les sentiers abrupts de la montagne en brisant les pierres des rochers. Le sultan dirigea lui-même les opérations. Le 2 mai, les machines de siège étaient en place ; ce même jour un des émirs, Rukn al-din Mankûrus al-Dawâdâri fut tué par un projectile ennemi pendant qu'il faisait la prière devant sa tente. Le 4 mai, on parvint à pratiquer une brèche dans une des redoutes ; néanmoins le bombardement dura jusqu'au 11 mai. Ce jour-là les assiégés demandèrent à capituler et obtinrent de se retirer à Tripoli sous la sauvegarde du sultan. Celui-ci fit hisser ses pavillons sur les tours du château. Après avoir laissé une garnison, il ordonna de ramener les balistes au Crac. Des averses continuelles avaient détrempé les chemins ; on n'osa pas charger les chameaux qui auraient glissé et les soldats durent porter sur leurs épaules les pièces des machines. Beibars fit sculpter sur les pierres au sommet de la tour principale une frise représentant des guépards. C'est son emblème qu'on retrouve sur plusieurs châteaux francs dont il s'empara, notamment au Crac. Le château d'Akkar fut en partie démoli au début du XVIIe siècle par l'émir druse Fakhraddin.
    L'estoire de Eraclés XXXIV, 14, Historiens occidentaux, II, page 460 : «  Et prist li Soudans de Babilone le Crac de l'Ospital et la tor de Chastel Blanc et Gibelacar qui était du Prince.  » Marino Sanuto, Liber Secretorum fidelium Crucis, dans Bongars, Gesta Dei per Francos, II, page 224 : «  Turrem quoque destruxit Castri Blanci et Gibelathar quod erat Principis...  » — Rôhricht, Derniers temps..., page 399. — R. Grousset, III, page 656.

    Château d'Akkar ou Gibelacar - Description

    Le site est âpre et sauvage : au midi à une très petite distance, l'horizon est fermé par l'immense muraille verticale du Djebel Akkar couvert de neige. De cette muraille tombent avec fracas deux torrents rapides, l'Oued Lalan à l'Est, et l'Oued Antaibé à l'Ouest ; ceux-ci embrassent la base du rocher que couronne le château et se réunissent au Nord pour constituer le Nahr Akkar. Le plateau qui forme l'assiette du château à 210 mètres de long du Nord au Sud et 70 mètres dans sa plus grande largeur. Il est complètement enfermé par une enceinte de murs en partie détruits, renforcés par des tours carrées et des saillants rectangulaires. Le terrain s'incline du Sud au Nord, et est coupé à peu près au milieu de sa longueur par un fossé qui divise la place en une basse-cour au Nord, et une cour supérieure au Sud. On pénètre aujourd'hui dans l'enceinte par un sentier qui aboutit dans la basse-cour au Nord-Est.

    Dans la cour supérieure se trouve une citerne. L'ouvrage principal est la tour qui se dresse sur un haut rocher à la pointe Sud. Cette tour domine toute la place. Elle avait environ 13 mxl3 m. Sa face Ouest fut doublée, vraisemblablement après les Croisades. La porte de cette tour, sur la face Nord, se dresse à plus de 3 mètres du sol. Il fallait donc pour l'atteindre une échelle que les défenseurs de ce poste-vigie retiraient après avoir pénétré dans la tour. Ceci nous rappelle la description du fort de Khariba qu'occupaient les Francs au début de leur conquête et d'où ils surveillaient le château musulman de Sheïzar sur l'Oronte. Ousama en parle en ces termes : «  La forteresse était inaccessible juchée sur un rocher élevé de tous côtés. On n'y montait que par une échelle de bois, qui était enlevée après qu'elle avait servi.  »

    La salle de la tour est voûtée, deux archères y sont percées l'une au Sud, l'autre à l'Est. On trouve un couloir tournant à angle droit et un escalier qui monte à la terrasse. De cette terrasse on a une vue très étendue vers le Nord. Par une percée on aperçoit la vallée du Nahr el Kebir, les forteresses du Crac et le Chastel Blanc et plus loin le Djebel Ansarieh. On pouvait donc communiquer d'une forteresse aux autres par des feux qui signalaient les mouvements de l'ennemi. Sur ces faces Est et Sud subsistent les restes d'une frise sculptée où les guépards de Beibars alternent avec des écussons . On voit sur cet ouvrage quelques pierres à bossages, témoins d'une construction franque, mêlées à des pierres lisses indiquant qu'il a été remanié par les musulmans.
    On remarque un écusson et un guépard au sommet de la tour sur la photo de M. Jean Mesqui. — Voir les guépards de Beibars à Kérak de Moab et à Beaufort : La défense du Royaume de Jérusalem: Album, des planches XXVI et LXVI.

    La tour est assise sur un talus auquel le rocher sert de base. Une tranchée faite de mains d'homme a isolé le château de l'éperon montagneux auquel il se rattachait au Sud. Au pied de ce rocher a été creusé dans cette coupure un bassin (birket) rectangulaire qu'alimentaient, pour les besoins de la garnison, les eaux de pluie recueillies de la terrasse. On reconnaît nettement à l'angle Sud-Ouest du rocher une rainure verticale qui devait contenir une canalisation de poterie par laquelle l'eau descendait dans le bassin. On voit des bassins analogues au pied d'ouvrages importants à Beaufort et à Kérak de Moab.
    Sources : Les Châteaux des Croisés en Terre Sainte, tome III, La Défense du Comté de Tripoli et de la Principauté d'Antioche. Editeur Paul Geuthner, Paris 1939

    Installation des Francs à Valénie et à Gibel

    La chute de Tripoli fut suivie de celle des dernières places musulmanes de la côte syrienne. En revenant du siège de Tripoli à Antioche, Tancrède s'empara du port de Bâniyâs. la Valénie des chroniqueurs. «  Il s'en empara après quelque résistance, mais la vie des habitants fut respectée  », note Ibn al-Athir. De là il marcha sur Jabala (Jébélé, Jéblé), la Gibel ou Zibel des chroniqueurs. On se rappelle que l'ancien prince arabe de Tripoli, Fakhr al-Mulk ibn Ammâr, s'y était réfugié quand il avait été dépossédé de sa ville natale par les Fâtimides : c'était tout ce qui lui restait de son ancienne seigneurie. Mais la place n'était pas suffisamment approvisionnée pour soutenir un long siège, d'autant que Tancrède ne lui laissa aucun repos. Ibn Ammâr se résigna donc à capituler (23 juillet 1109). Il obtint de se retirer librement à Shaïzar d'où il gagna Damas. Tughtekîn, sensible à son infortune, lui donna en fief le canton de Zebdânî. Quant à Valénie et à Gibel, elles firent dès lors partie de la principauté d'Antioche.

    Du côté de l'intérieur, nous savons par Ibn al-Qalânisî qu'en cette même année 1109-1110, après la prise de Tripoli, «  les Francs  » — il s'agit évidemment des Provençaux du comte Bertrand — marchèrent contre Rafaniya ou Raphanée, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Tortose, sur le versant oriental du Jebel Ansariyé. Mais Tughtekîn, accouru de Damas, vint camper près de Homs pour défendre la forteresse. Les Francs, l'effet de surprise ayant échoué, traitèrent avec lui. Il fut convenu «  que le tiers des récoltes de la Beqa leur serait abandonné, ainsi que les forteresses de Munaîtira et d'ibn Akkar.  » L'installation des Provençaux à Munaîtira, «  le Moinestre  » des chroniqueurs, l'actuel Mneitri à une quinzaine de kilomètres à L'est de Jebail, sur le haut Nahr Ibrahim, prouve que ceux-ci avaient su se donner de l'air sur la route de Jebail à Ba'albek. Non moins intéressante, la reconnaissance de l'installation franque au Jebel Akkar, sur la route de Arqa à Quseir ou à Homs. En revanche par ce même accord avec l'atabeg de Damas, le comte de Tripoli s'engageait à ne rien tenter contre Masyat ni contre Hosn al-Akrad, l'actuel Qal'at al-Hosn; toutefois il était stipulé que ces deux places paieraient tribut aux Francs.

    Ihn al-Qalânisî place en 1109-1110 le traité par lequel le comte de Tripoli s'engagea ainsi à respecter, moyennant tribut, le Qal'at al-Hosn, forteresse qui, à cette date, dépendait encore de l'émir de Homs, Qarâjâ. Mais le serment ne tarda pas à être tourné, car vers 1110 Tancrède, descendant d'un raid contre Shaïzar, enleva Qal'at al-Hosn à Qarâjâ. On peut s'étonner de voir la célèbre forteresse ainsi conquise par le prince d'Antioche, alors que, territorialement, elle devait plutôt relever du maître de Tripoli et de Tortose. De fait c'est ce qui ne tarda pas à se produire, car Tancrède la céda par la suite au comte Pons. Elle fut ainsi englobée dans le comté de Tripoli et c'est un comte de Tripoli, Raymond II, qui en 1142 la donna aux Hospitaliers. Sous le nom de «  Crac ou Krak des Chevaliers  », elle devait de 1142 à 1271 être la principale citadelle de la défense franque dans la montagne.
    René Grousset. Histoire des Croisades et du Royaume Franc de Jérusalem, tomes I, pages 362-363. Paris Plon 1935

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