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Châteaux de l'Orient Latin, Croisés, Templiers, Hospitaliers et Teutonique

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    Château Li Vaux Moyse

    Bien avant les redoutables attaques de Saladin, dès le lendemain de la conquête, presque à l'aurore du douzième siècle, les rois de Jérusalem s'étaient efforcés de fonder par-delà la mer Morte, dans les solitudes immenses et désertes, rocheuses et sablonneuses de l'antique pays de Moab et de l'Arabie Pétrée, de colossales forteresses avec des garnisons assez nombreuses pour commander et intercepter l'unique grande route militaire qui, par ces mornes et infinies solitudes, menait d'Egypte à Damas et réciproquement. Seize ans à peine après la prise de Jérusalem, Baudouin Ier avait construit le fameux château de Montréal, dans l'oasis de Chaubak.
    En 1142, sous le roi Foulques, Payen le Bouteiller avait édifié la non moins célèbre forteresse de la Pierre du Désert.

    Château Li Vaux Moïse

    Vestiges du Château Li Vaux Moïse
    Vestiges du Château Li Vaux Moïse - Sources image : Sarah Fisher

    D'autres châteaux encore : le Val Moyse, Ahaman, avaient été élevés en ces régions. Sans cesse depuis lors les souverains de Jérusalem s'étaient efforcés de rendre ces vastes places de guerre plus puissantes, d'améliorer la situation de ces établissements chrétiens jetés en avant-postes au-delà du grand lac Asphaltite. Sans cesse de leur côté, les divers princes sarrasins avaient cherché à s'emparer de ces forteresses si gênantes, à débarrasser leurs riches et incessantes caravanes de ce danger si pressant. Non seulement, en effet, ces châteaux commandaient cette fameuse et unique route de Syrie en Egypte par laquelle communiquaient les deux moitiés du monde musulman, de devenues maintenant les deux moitiés des Etats de Saladin, mais ils commandaient de même celle non moins courue, non moins importante pour les populations sarrasines, qui de Syrie et de toute l'Asie, sous le nom de route du Hadj, conduisait chaque printemps aux villes saintes du Hedjaz, à Médine et à la Mecque, les innombrables pèlerins accourus de toutes les terres musulmanes pour accomplir leurs dévotions au tombeau du Prophète.

    La principauté d'Outre-Jourdain, au dire d'Olivier le Scholastique, comptait quatre forteresses d'une certaine importance, sans compter beaucoup d'autres ouvrages défensifs moindres. Il y avait d'abord le château du Val Moïse, nommé aussi de l'antique nom phénicien de Selem (Ou Sela suivant la forme hébraïque), situé quelques lieues au sud-est du Krak de Montréal, sur l'emplacement même de la célèbre Pétra, l'antique et vénérable capitale des Nabatéens.

    Château Li Vaux Moïse

    Vestiges du Château Li Vaux Moïse
    Vestiges du Château Li Vaux Moïse - Sources image : Sarah Fisher

    Robinson et quelques autres rares voyageurs ont aperçu de nos jours les débris de ce château sur les bords du Sik, dominant l'Ouady-Mouça ou Val de Moïse, entre le mont Hor et le pittoresque village d'Eldji, un peu au-dessus des ruines du théâtre de la ville antique, non loin du curieux édifice nommé Khaznèh-Fir'oûn. Il était appelé El-Asvit quand, en 1116, il fut occupé par le roi Baudouin Ier, dans la vallée très riche où Moïse, jadis, avait fait jaillir l'eau de sa verge. « Ce fleuve, dit Guillaume de Tyr, va toujours et fait tourner moulins. » On voyait encore tout auprès le tombeau du prophète Aaron. Nowaïri raconte que le sultan Bibars, lors d'une de ses expéditions contre les Francs de Terre Sainte, gravit la montagne pour se rendre à la forteresse et se convainquit par ses yeux que c'était une citadelle extrêmement forte et d'une architecture admirable. « Le sultan arriva ensuite, poursuit l'écrivain arabe, aux villes des enfants d'Israël. » C'étaient là les fameuses grottes taillées, qui sont encore aujourd'hui la grande curiosité du site de Pétra, Sur le mont Hor, tout voisin, il y avait un petit monastère grec. Le territoire de ce fief, appelé par les chroniqueurs francs « Li Vaux Moyse », comprenait quelques fertiles vallées bien arrosées : « Cette terre entor, dit le chroniqueur, qui estoit tote coverte d'arbres portanz fruiz de figuiers, d'oliviers et autre arbre de la bonne manière si que sembloit forest c'estoit tote la richesse del pays ne li gaengneur ne vivoient guieres d'autres choses que de leur fruiz qu'ils vendoient moult chiers. » Le Val Moïse communiquait avec Montréal par un chemin passant à El-Beïdah.
    Sources : Gustave Schlumberger. Renaud de Châtillon, prince d'Antioche, seigneur de la terre d'Outre-Jourdain. Editions Plon, Nourrit. Paris 1898

    Château Li Vaux Moyse

    Thetemar, qui visita le mont Hor vers 1217, en se rendant au mont Sinaï, y trouva un petit monastère grec qu'il nomme Muscera (1). C'est le même qui est mentionné en 1100 par Foulcher de Chartres.

    Le pèlerin allemand dit encore que la Berrie, ou désert de Babylone (Egypte), commence à l'ouest du mont Hor.
    Le territoire de ce fief, nommé par les chroniqueurs latins « Li VAUX MOYSE », comprenait un certain nombre de petites vallées fertiles arrosées par des sources et des ruisseaux, et ils décrivaient cette contrée en ces termes : « Cette terre entor qui estoit tote coverte d'arbres portanz fruiz de figuiers, d'oliviers et autre arbre de la bonne manière si que sembloit forest c'estoit tote la richesse del pays. »

    Ce château communiquait avec Montréal, situé sur le versant Est du massif Iduméen, par un chemin passant à El-Beydah. Il demeura au pouvoir des Francs jusqu'en 1189.

    Il a été fort rarement question du troisième fief nommé Ahamant dans les actes contemporains et que l'on peut sans témérité identifier avec la bourgade de Maan, située
    1. Il me semble retrouver dans ce nom de Muscera une confirmation d'un passage de la Bible, car nous lisons au 6e verset du Xe chapitre du Deutéronome qu'Aaron mourut dans un lieu nommé Mosera.
    Sources : Recherches géographiques et historiques sur la domination des latins en Orient, accompagnées de textes inédits ou peu connus du XIIe au XIVe siècle, par Rey, Emmanuel-Guillaume. Imprimerie de Daupeley et Gouverneur (Paris ; Nogent-le-Rotrou, 1877)

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