Château Li Vaux Moyse
Bien avant les redoutables attaques de Saladin, dès le lendemain de la conquête, presque à l'aurore du douzième siècle, les rois de Jérusalem s'étaient efforcés de fonder par-delà la mer Morte, dans les solitudes immenses et désertes, rocheuses et sablonneuses de l'antique pays de Moab et de l'Arabie Pétrée, de colossales forteresses avec des garnisons assez nombreuses pour commander et intercepter l'unique grande route militaire qui, par ces mornes et infinies solitudes, menait d'Egypte à Damas et réciproquement. Seize ans à peine après la prise de Jérusalem, Baudouin Ier avait construit le fameux château de Montréal, dans l'oasis de Chaubak.En 1142, sous le roi Foulques, Payen le Bouteiller avait édifié la non moins célèbre forteresse de la Pierre du Désert.
Château Li Vaux Moïse
Vestiges du Château Li Vaux Moïse - Sources image : Sarah Fisher
La principauté d'Outre-Jourdain, au dire d'Olivier le Scholastique, comptait quatre forteresses d'une certaine importance, sans compter beaucoup d'autres ouvrages défensifs moindres. Il y avait d'abord le château du Val Moïse, nommé aussi de l'antique nom phénicien de Selem (Ou Sela suivant la forme hébraïque), situé quelques lieues au sud-est du Krak de Montréal, sur l'emplacement même de la célèbre Pétra, l'antique et vénérable capitale des Nabatéens.
Château Li Vaux Moïse
Vestiges du Château Li Vaux Moïse - Sources image : Sarah Fisher
Sources : Gustave Schlumberger. Renaud de Châtillon, prince d'Antioche, seigneur de la terre d'Outre-Jourdain. Editions Plon, Nourrit. Paris 1898
Château Li Vaux Moyse
Thetemar, qui visita le mont Hor vers 1217, en se rendant au mont Sinaï, y trouva un petit monastère grec qu'il nomme Muscera (1). C'est le même qui est mentionné en 1100 par Foulcher de Chartres.Le pèlerin allemand dit encore que la Berrie, ou désert de Babylone (Egypte), commence à l'ouest du mont Hor.
Le territoire de ce fief, nommé par les chroniqueurs latins « Li VAUX MOYSE », comprenait un certain nombre de petites vallées fertiles arrosées par des sources et des ruisseaux, et ils décrivaient cette contrée en ces termes : « Cette terre entor qui estoit tote coverte d'arbres portanz fruiz de figuiers, d'oliviers et autre arbre de la bonne manière si que sembloit forest c'estoit tote la richesse del pays. »
Ce château communiquait avec Montréal, situé sur le versant Est du massif Iduméen, par un chemin passant à El-Beydah. Il demeura au pouvoir des Francs jusqu'en 1189.
Il a été fort rarement question du troisième fief nommé Ahamant dans les actes contemporains et que l'on peut sans témérité identifier avec la bourgade de Maan, située
1. Il me semble retrouver dans ce nom de Muscera une confirmation d'un passage de la Bible, car nous lisons au 6e verset du Xe chapitre du Deutéronome qu'Aaron mourut dans un lieu nommé Mosera.
Sources : Recherches géographiques et historiques sur la domination des latins en Orient, accompagnées de textes inédits ou peu connus du XIIe au XIVe siècle, par Rey, Emmanuel-Guillaume. Imprimerie de Daupeley et Gouverneur (Paris ; Nogent-le-Rotrou, 1877)