En Europe, on assiste à la fondation de Cîteaux en 1098. La Chrétienté médiévale entre dans une phase ascendante, marquée par les débuts du premier art roman. C'est à cette époque, aussi, que l'on constate l'apparition des premières guildes anglaises de métiers (1110 - 1133), sous Henri 1er.
En 1118 est fondé l'Ordre des Templiers, dont les moines soldats guerroyant contre les Musulmans assiégeant les Lieux Saints.
A leurs contacts, et pendant les périodes d'accalmie, ils s'imprégnèrent des conceptions philosophiques et ésotériques de l'Islam.
Dévoués à la sécurité des pèlerins et à la défense du Saint Sépulcre, les Templiers, guerroyant plus que tous autres, eurent d'abord besoin d'ériger en Terre Sainte de multiples châteaux forts. De nombreux ouvriers maçons, groupés pour la plupart dans « l'Ordre du Saint Devoir de Dieu des honnestes compagnons », les y construisirent. Elargissant ensuite leurs activités au-delà de la Palestine, les Chevaliers du Temple firent élever bientôt, dans tous les pays d'Europe, une infinité d'établissements immobiliers. Plus de dix mille manoirs, outre les ouvrages militaires, portaient dans toute la chrétienté les couleurs de cet Ordre très puissant et prospère, jusqu'à ce que, au début du XIVe siècle, sous la pression du roi de France Philippe le bel, le pape Clément V le fit tragiquement conduire à sa perte par une procédure inquisitoriale approuvée par le Concile de Vienne.
En 1326, le Concile d'Avignon condamne les fraternités et les confréries, dont les pratiques, les insignes et le langage secret lui paraissent menacer l'orthodoxie de la foi. On attribue à la fin du XIVe siècle le manuscrit Hallywell, premier document connu attestant l'existence de la Franc-maçonnerie opérative anglaise.
En 1479 et en 1564, les tailleurs de pierre allemands se réunissent, édictent ou renouvellent certaines règles.
De tout cela concluons qu'il y a ainsi grande probabilité qu'au début du XIVe siècle d'anciens Chevaliers Templiers soient devenus Maçons, s'ils ne l'étaient déjà de longue date, à titre « d'acceptés ».
Il est curieux, en tout cas, de constater que c'est justement aux environs de ce milieu du XIV, siècle que, pour la première fois vraisemblablement, une Loge de Francs-Maçons fut, en Angleterre, non plus dissoute et dispersée selon l'usage, après que l'édifice à propos duquel elle avait été ouverte fut terminé, mais, au contraire, maintenue en activité et donc conservée pour elle-même.
Comment et pourquoi pareil fait se justifiait-il ?
La confrérie des compagnons du devoir
Ces collèges d'ouvriers, exemptés d'impôts et privilégiés pour les constructions publiques se perpétuèrent pendant tout la durée de l'empire romain et existaient encore à l'époque de la domination lombarde sous le nom de confréries ou de corporations franches.
Les papes leur accordèrent le monopole de la construction des églises et dans les chartes qu'ils leur donnèrent on voit qu'ils les exemptaient de toutes les lois et statuts locaux, édits royaux, règlements municipaux, concernant soit les corvées soit toute autre imposition obligatoire pour les habitants du pays. Munies de ces chartes les corporations franches se répandirent en Allemagne, en France et en Angleterre, leurs immunités firent donner à quelques-unes le nom de « francs-maçons ».
Les Frères Pontifs
D'autres se consacrèrent à la construction des ponts ; tels sont les frères pontifes que l'on trouve dans le Midi vers 1178.
Les templiers eux-mêmes furent compris dans l'ordre de ces corporations et ne dédaignèrent pas de s'associer aux travaux de construction. Ils se chargèrent de l'entretien des trois grandes routes du Midi de la France.
Des réunions annuelles sont prévues pour la fête du patron de la confrérie ou à l'occasion d'autres solennités. Une messe est alors célébrée pour les confrères et ceux-ci assurent un service de luminaires auprès de l'autel de leur confrérie et distribuent des aumônes.
Lorsqu'un des confrères meurt, les survivants le veillent, l'entourent pour ses obsèques, l'ensevelissent et font célébrer des messes pour le repos de son âme.
Ceux qui manquent à leurs obligations sont exclus de la fraternité. Quelquefois les confrères se groupent pour une tâche plus précise, comme les frères pontifes qui, dans le Midi de la France, entretiennent les routes et construisent des ponts.
Ainsi le petit berger Bénézet, qui se met à la tête du groupe de frères qui bâtit le pont d'Avignon, constitué en un ordre proprement dit.
Pour exemple : A l'époque, les Templiers couvraient la région d'un réseau de Commanderies et de Templeries destiné à rassembler le ravitaillement nécessaire aux troupes combattant en Palestine. Il leur fallait aussi multiplier les voies d'accès vers leur grand port d'embarquement sur la Méditerranée, Saint-Gilles sur le Rhône qui leur appartenait en partie.
Ces deux impératifs les avaient amenés à organiser une véritable police des routes contre brigands et pillards de caravanes, mais aussi à faire appel à des organisations religieuses annexes pour construire les ponts nécessaires à leur trafic : les moines Pontifices (que d'aucuns appelaient Pères ou Frères Pontistes).
Déjà, les moines Pontifices avaient lancé le fameux pont d'Avignon sous la direction de leur prieur, l'abbé Bénézet (d'où le nom de pont Saint-Bénézet) comme aussi le pont de Bompas sur la Durance. Après le pont Saint-Nicolas, ces mêmes moines allèrent édifier le pont de Pont-Saint-Esprit.
Cet ordre constructeur comptait dans ses rangs des ingénieurs, des experts en carrières, des géologues, des architectes...
Ils formaient une admirable équipe de bâtisseurs. Hors des travaux, ils portaient une coule blanche marquée au coeur par deux arches de pont brodées au lin rouge.
L'évêque s'accorda donc avec la Commanderie templière de Saint-Maximin-lez-Uzès pour obtenir que viennent les moines Pontifices.
Le prieuré de Saint-Nicolas de Campagnac les hébergerait pendant les travaux, abritant leurs prières et psaumes d'après labeur.
Les travaux commencèrent en l'an 1245. Ils ne s'achevèrent qu'en 1260. Il fallut quinze ans pour mener l'oeuvre à terme. Mais le pont reste inébranlable depuis plus de sept cents ans.
La règle est plus ou moins commune à toutes ces confréries
Toutes ces sociétés, depuis les Khasidéens jusqu'aux corporations franches avaient eu à la fois un caractère industriel et un caractère religieux et mystique : il fallait, pour être admis en leur sein, subir l'initiation par certaines épreuves, adopter certains dogmes, certains signes et paroles de reconnaissance.
Au Moyen-Âge il s'y joignit l'idée féconde de secours mutuels contre l'autorité violente et despotique des seigneurs. C'est à cette époque de troubles que remonte vraisemblablement l'institution de compagnonnage actuel.
Le compagnonnage serait né dans la franc-maçonnerie et aurait été comme elle protégé par l'ordre des templiers. Faire naître le compagnonnage dans la franc-maçonnerie n'est pas une idée nouvelle mais il est bon de ne pas oublier que :
- la franc-maçonnerie moderne n'a d'autre ressemblance avec les anciennes confréries de maçons constructeurs que le nom.
- Qu'il faut distinguer deux maçonneries :
l'une matérielle et l'autre intellectuelle qui à une époque se sont réunies pour ne plus en former qu'une seule.
Donc, au lieu de dire que la franc-maçonnerie donna naissance au compagnonnage il est plus exact de dire que cette institution telle qu'elle nous apparaît aujourd'hui est issue des corporations d'arts et de métiers.
Les compagnons donc feraient comme les francs-maçons remonter leur association à la fondation du temple de Jérusalem par Salomon.
En effet, ce temple aurait été construit pour abriter l'Arche d'Alliance selon le voeu du roi David. Mais celui-ci ayant du sang sur les mains, Dieu lui dit « C'est ton fils qui construira la maison ».
Ainsi Salomon entreprit l'édification du Temple.