V. — Recouvrements et payements
pour des clients auxquels étaient ouvert des comptes courants.
Ce qui achèvera de mettre en relief le rôle financier des Templiers, ce sera de suivre les opérations de trésorerie dont ils étaient chargés pour le compte et au profit des papes, des rois et des grands barons. Je vais examiner la nature de ces opérations, en prenant successivement chacun des comptes ouverts par les Templiers à leurs principaux clients. Je laisserai provisoirement de côté le compte du roi de France, qui fera l'objet d'un chapitre spécial.
Du moment que les Templiers faisaient des opérations de banque, il était naturel que le pape leur confiât le soin de recevoir, de garder et de remettre à qui de droit une bonne partie de l'argent levé au profit du Saint-Siège dans les différents pays de la chrétienté.
En 1212, maître Pierre Marc, sous-diacre, correcteur des lettres apostoliques, fut envoyé par Innocent III dans le midi de la France pour y recueillir les cens dus à l'Eglise romaine ; il devait mettre ses recettes entre les mains des maîtres des maisons du Temple de la Provence, de Montpellier, de Saint-Gilles et d'Arles, lesquels devaient les faire parvenir au trésorier du Temple à Paris (52).
La même année, pareille destination fut donnée à 1,000 marcs d'argent, poids de Troyes, que Simon de Montfort, comte de Leicester, avait offerts au pape et qui furent payés par Elie et Raimond de Cahors (Voir plus haut), deux des négociants français que nous avons vus, en 1205, recourir au crédit des Templiers en Angleterre.
Honorius III invita son légat Pandolfe, le 18 août 1220, à envoyer d'Angleterre à Paris le produit du denier de Saint-Pierre et à le déposer chez les Templiers et chez les Hospitaliers (54)
Grégoire IX, pour avoir le moyen de mettre les Romains à la raison, se réserva les revenus ecclésiastiques dont jouissaient à l'étranger différent clerc de la ville de Rome. Le 9 décembre 1234, il écrivit aux archevêques de Cantorbéry et d'York pour ordonner que l'argent ainsi recueilli en Angleterre fût déposé au Temple de Paris. Ces ressources ne suffirent pas à remettre en équilibre les finances de la papauté. En 1240, Grégoire IX, pour éteindre ses dettes, tira d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande beaucoup d'argent, qui fut envoyé au Temple de Paris et qui servit à payer les créanciers porteurs de lettres qui établissaient leurs droits.
Le même pape usa d'un expédient analogue pour acquitter une dette de 7,900 livres tournois que le comte de Montfort avait contractée dans l'intérêt de l'Eglise. Il autorisa la levée d'un subside spécial dans les provinces de Vienne, d'Arles, de Narbonne, d'Auch et de Bordeaux et dans les diocèses d'Albi, de Cahors, de Mende et de Rodez. L'argent fut déposé au Temple, à Paris, et l'affaire fut liquidée sous le pontificat d'Innocent IV (55).
Grégoire X fit mettre, en 1274, au nouveau Temple de Paris le produit du dixième des revenus des ordres de Cîteaux et de Prémontré, en France, qu'il s'était réservé en vue de sa participation personnelle à une prochaine croisade (56).
Le 18 avril 1285, Honorius IV donna, des ordres pour que le trésorier des Templiers à Paris versât entre les mains de certains marchands une somme de 2,000 gros tournois qu'il avait reçus en dépôt au nom personnel de Martin IV (57).
Ce fut surtout pour les besoins de la Terre-Sainte, toujours renaissants et jamais satisfaits, que la puissance et l'habileté financière des Templiers furent mis en réquisition. Ils ont été, à vrai dire, les banquiers de toutes les croisades ou tentatives de croisades qu'on vit se succéder sans interruption depuis la fin du XIIe siècle jusqu'à la suppression de l'ordre. Cela résulte clairement de plusieurs des faits que j'ai rapportés dans les chapitres précédents. D'autres particularités le mettront encore plus en évidence.
Henri II, roi d'Angleterre, antérieurement à l'année 1182, date de son testament, avait confié à la garde des Templiers et des Hospitaliers les capitaux qu'il réservait pour la défense du royaume de Jérusalem (58).
Lors de l'établissement de la dîme saladine, en 1188, il fut convenu qu'un Templier et un Hospitalier feraient partie de la commission chargée de lever la contribution dans chacune des paroisses des États de Henri II (59).
En 1201, Innocent III ayant décidé qu'on prendrait pour les besoins de la Terre-Sainte le cinquantième du revenu des abbayes de l'ordre de Prémontré, les abbés de Cuissi et du Mont-Saint-Martin furent chargés de veiller en France au recouvrement de l'imposition et d'en faire parvenir le montant au maître et aux frères des Templiers à Paris.
Un prêtre qui, à la suite de la troisième croisade, avait dérobé une relique de la vraie croix fut pris de remords ; pour mettre sa conscience en repos, il versa entre les mains des Templiers une somme qui lui parut représenter la valeur de la relique: "fratribus hoc solvit templi", [FRATIBUS HOC SOLVIT TEMPLI] comme porte l'inscription métrique peinte en 1214 autour d'un reliquaire de la cathédrale de Cologne, qui est passé dans le cabinet de M. Chalandon de Lyon (60).
Le 10 juillet 1208, Innocent III mit à la disposition du patriarche de Jérusalem et des maîtres du Temple et de l'Hôpital l'aumône de l'ordre de Cîteaux et le produit du quarantième que l'évêque de Paris avait déposé au Temple.
Les Templiers encaissèrent pareillement le vingtième qui fut levé sous le pontificat d'Honorius III, conformément à la décision du concile général de Latran. Ainsi, le 12 novembre 1216, l'abbé de Cluny fut invité à livrer à frère Aimard, trésorier du Temple à Paris, le vingtième des revenus de son ordre. Les évêques de Noyon et de Meaux firent porter au Temple à Paris, en 1219, le produit du vingtième levé les deux années précédentes Le 15 juin 1219, Honorius III invita frère Aimard à transmettre à l'évêque d'Albano l'argent du vingtième qu'il avait encaissé, et qui, suivant une lettre du 1er octobre 1219, était estimé à environ 16,000 marcs.
Les collecteurs du dixième sur les bénéfices ecclésiastiques du royaume de France qui fut levé au profit de saint Louis, à l'occasion de sa première croisade, firent leurs versements au trésor du Temple à Paris. Nous voyons notamment que les collecteurs du diocèse de Paris y déposèrent pendant les trois années de la levée de l'imposition des sommes qui s'élevèrent en total à 14,428 livres 10 sous 3 deniers tournois (61). Ceux du diocèse de Chartres livrèrent à frère Gilles, trésorier du Temple, 4,5oo livres tournois le 7 septembre 1247 et 1,550 livres tournois le 22 avril 1250 (Idem 61).
Le rachat des voeux des croisés, dans les Etats d'Alfonse, comte de Poitiers, devait arriver partie entre les mains du trésorier de Saint-Hilaire, partie entre celles des Templiers et des Hospitaliers (62). Alfonse, à qui le pape Innocent IV, par une lettre du 27 octobre 1248, avait donné une partie du produit du rachat des voeux (Idem 62), avait de ce chef, en 1250, une somme de 3,218 livres 13 sous 5 deniers à toucher sur le Temple (63).
Richard d'Angleterre, élu roi des Romains, avait affecté, par son testament, 8,000 marcs d'esterlins aux affaires de la Terre-Sainte. Grégoire X chargea Raimond de Noyers, son nonce en Angleterre, de demander la délivrance de ce legs au comte de Cornouaille, fils et héritier de Richard, et de déposer l'argent au nouveau Temple de Londres (64).
En 1281, le pape Martin IV enjoignit à l'abbé de Cîteaux de remettre fidèlement au Temple le produit du dixième levé sur les maisons cisterciennes du royaume de France, conformément à une décision du concile de Lyon (64-1).
La même année, l'archidiacre de Brie en l'église de Paris fut invité par le souverain pontife à faire porter au Temple, sur le compte de la Terre-Sainte, l'argent dû par les croisés qui, moyennant finance, s'étaient fait relever de leurs voeux (Lettre du même Martin IV, du 25 octobre 1281). A cette époque, la caisse du Temple renfermait des sommes très considérables provenant principalement de la levée du dixième. On y avait mis de côté plus de 100,000 livres tournois affectées aux frais de la croisade à laquelle le roi devait prendre part. Mais une révolte ayant éclaté dans les Etats Pontificaux, Martin IV décida que, moyennant l'adhésion préalable de Philippe le Hardi, on prélèverait sur ces fonds, à titre d'emprunt, une somme de 100,000 livres destinée à la solde des gens de guerre que le pape faisait recruter en France pour rétablir son autorité méconnue par les habitants de la Romagne. Nous avons les lettres qui furent expédiées à cet effet, le 13 décembre 1282, à l'adressé du roi et du trésorier du Temple (Lettre du même Martin IV, du 13 décembre 1282). L'emprunt dépassa même le chiffre indiqué par les lettres du 13 décembre 1282, s'il faut s'en rapporter à un mémoire postérieur d'environ vingt-cinq ans, dans lequel Philippe le Bel se prétendait créancier de 154,352 livres 7 sous 6 deniers tournois avancés par son père à Martin IV "pour le faict de Romaignole" (65).
Un compte qui fut arrêté le 21 octobre 1283 nous apprend que, depuis la mort de saint Louis jusqu'à la Toussaint 1276, il avait été versé au Temple 75,740 livres 13 sous 4 deniers tournois sur l'ancien dixième, plus 26,744 livres 13 sous 9 deniers tournois provenant du vingtième, du centième, des legs, des rachats et de divers autres produits. Philippe le Hardi, qui disait avoir dépensé 216,276 livres 2 sous 6 deniers, avait reçu du Temple, entre autres sommes, 62,250 livres 12 sous 4 deniers tournois sur la moitié du dixième levé hors du royaume, et 23,838 livres 3 sous 4 deniers tournois sur les arrérages de l'ancien dixième concédé à saint Louis (66).
Le 29 mai 1297, Philippe le Bel s'engagea à tenir compte aux Templiers de 5,200 livres qu'il leur avait prises sur les fonds destinés à la croisade (67).
Il n'y a donc aucune exagération à dire que le trésor du Temple a été, pendant tout le XIIIe siècle, la caisse où se centralisaient et s'administraient les ressources financières destinées aux croisades et, aux différents besoins de la Terre-Sainte.
En dehors de la papauté et des croisades, il ne semble pas que les Templiers soient souvent intervenus dans le règlement des affaires temporelles de l'église. C'est à peine si nous devons citer la mission qu'ils remplirent, au commencement du XIIIe siècle, pendant les troubles qui agitèrent l'ordre de Grandmont: elle se borna à toucher des fonds qu'ils remirent entre les mains de maître Gui, archidiacre de Limoges, déjà chargé de la garde du trésor de Grandmont (68). — Les relations d'affaires que l'abbaye de Saint-Denis entretenait avec le Temple sont attestées par un compte des années 1229 et 1230 (69) et surtout par trois articles d'un journal des années 1295 et 1296, où l'on voit des versements montant à 2,748 livres, faits au Temple par le commandeur de Saint-Denis au nom de l'abbé de Saint-Denis (70).
Nous sommes beaucoup plus complètement renseignés sur les rapports financiers des Templiers avec les princes, surtout avec ceux de la maison de France.
On verra dans le chapitre suivant que le trésor du Temple à Paris fut le centre de l'administration des finances de la royauté depuis Philippe Auguste jusqu'à Philippe le Bel. Les grands du royaume eurent tout avantage à profiter d'une organisation très régulière et très complète qui les déchargeait de beaucoup de soucis et simplifiait singulièrement l'administration de leur fortune. Les Templiers devinrent ainsi les banquiers de la reine Blanche, des frères ou des fils de saint Louis et de plusieurs autres personnages. Quelques exemples feront apprécier l'importance des affaires qu'ils avaient à conduire en cette qualité.
La reine Blanche.
Les revenus personnels de la mère de saint Louis étaient gérés par les Templiers. Nous possédons le compte qu'ils en rendirent au terme de la Chandeleur 1243 (n. st.), (71). De plus, les comptes de la fondation de l'abbaye de Maubuisson nous apprennent que la reine Blanche fit acquitter par l'intermédiaire des Templiers la plupart des dépenses qu'entraîna la construction de cette magnifique maison. Le total des sommes que le trésor du Temple fournit pour cet objet, depuis 1236 jusqu'en 1242, ne s'éleva pas à moins de 24,431 livres 15 sous 4 deniers (72).
Alfonse, comte de Poitiers.
Les textes surabondent pour prouver que les finances d'Alfonse étaient administrées par les Templiers. Nous en avons une série ininterrompue depuis 1245 jusqu'en 1269. Sur un compte de l'hôtel intitulé "Itinera, dona et hernesia", qui correspond à la période comprise entre la Chandeleur et l'Ascension 1245, la recette, montant à 4,358 livres 6 sous 11 deniers, se décompose en deux parties:
Recette venue du Temple, 3,229 livres 5 sous ;
Recette non venue du Temple, 1,129 livres 23 deniers (73).
Des rouleaux qui contiennent les comptes du sénéchal de Poitou pour les termes de l'Ascension et de la Toussaint 1259 et ceux de l'entrepreneur de la monnaie de Poitiers montrent que les comptables s'acquittaient de leurs dettes en versant au Temple l'excédent des recettes sur les dépenses (74). La même observation peut se faire sur les comptes rendus par le sénéchal de Saintonge à l'Ascension et à la Toussaint 1261 (75).
En 1265, on paya au Temple une portion du fouage levé dans l'Albigeois (76).
Le 2 octobre et le 13 novembre 1267, Alfonse ordonna de porter au Temple de Paris le produit du fouage qui lui avait été promis par la ville de Toulouse (77).
Le 1er mai 1268, le même prince enjoignit au sénéchal de Poitou d'apporter ou d'envoyer au Temple à Paris le plus d'argent qu'il pourrait se procurer (78).
Des comptes de la Chandeleur et de la Toussaint 1269 mentionnent des versements faits au Temple de Paris par le sénéchal de Rouergue (79) et par celui d'Agenais et de Quercy (80).
Cette même année, Alfonse ordonna de porter au Temple à Paris l'argent provenant d'une finance imposée aux juifs des sénéchaussées d'Agenais et de Quercy (81).
Charles, comte d'Anjou.
Le 5 janvier 1254 (n. st.), ce prince donna à un chevalier, "Arnulfus de Cison", une rente de 60 livres parisis payable tous les ans au Temple de Paris, le lendemain des octaves de la Toussaint (82).
Au mois de septembre 1256, Marguerite, comtesse de Flandre, reconnut devoir à Charles, comte d'Anjou, une somme de 160,000 livres tournois, payable au Temple ou dans tout autre endroit de Paris que désignerait le créancier (83).
En vertu d'une sentence arbitrale prononcée par saint Louis en novembre 1256, Charles devait constituer à Béatrix, comtesse de Provence, une pension viagère de 6,000 livres tournois, payable annuellement en trois termes au Temple de Paris (84).
En 1277, pour indemniser Marie d'Antioche de l'abandon de ses droits à la couronne de Jérusalem, il assigna à cette princesse, sur les revenus du comté d'Anjou, une rente de 4,000 livres tournois qu'elle devait toucher annuellement à Paris dans la maison du Temple (85).
Robert, comte d'Artois, et ses héritiers.
Conformément à un engagement pris, en juin 1266, par Robert, comte d'Artois, Pernelle de Courtenai, dame de Sulli, avait à prendre sur le Temple une rente viagère de 2,000 livres (86).
La dot attribuée à Mahaud d'Artois en 1285, quand elle épousa Othon, comte de Bourgogne, consistait en 10,000 livres tournois que sa famille devait verser au Temple de Paris (87).
Sur un compte du bailli d'Artois, du terme de la Toussaint 1303, est inscrite une dépense de 6 sous "pour une lettrée qui ala as maistres dou Temple de mil et IIII livres XX sous, empêtrée par maistre Renaut de Louvres", procureur de madame d'Artois (88).
Robert de France, comte de Clermont.
Jean d'Escanteilli, auquel ce prince avait confié l'administration du bailliage de Charolais, s'acquittait de ses dettes en versant au Temple l'excédent de sa recette, en 1284 et 1285 (89).
Le Journal du trésor du Temple mentionne en 1295 neuf encaissements faits au nom du comte de Clermont ou de son bailli (90).
Robert, comte de Nevers.
En 1280, le duc de Bourgogne s'obligea à payer annuellement au Temple une somme de 1,000 livres tournois imputable au compte de Robert, comte de Nevers (91).
Jeanne, reine de Navarre.
Le 12 février 1285, le trésorier du Temple solda entre les mains de Renaut de Nantouillet, chevalier, le prix d'une quantité de blé destiné à la reine de Navarre (92), belle-fille du roi Philippe le Hardi, dont le douaire avait été assis, au moins provisoirement, sur le trésor du Temple (93).
L'expérience des Templiers en matière de finances n'était pas seulement reconnue en France. Charles Ier, roi de Naples, choisit pour trésorier un Templier nommé frère Arnoul (94). Ce fut également à un Templier que l'administration des finances de la Catalogne fut confiée par Jacme Ier, roi d'Aragon, en 1220 (95).
En Angleterre, les Templiers furent les banquiers de Jean sans Terre et de Henri III, comme ils étaient en France ceux de Philippe-Auguste et de saint Louis. On a déjà pu l'entrevoir d'après plusieurs des faits qui ont été rapportés au cours des quatre premiers chapitres de ce mémoire. Il reste à en donner des preuves encore plus décisives.
Le 8 septembre 1202, Jean sans Terre ordonne de verser au Temple de Londres les contributions qu'il invitait le clergé de la province de Cantorbéry à lui fournir (Rymer).
Le 6 octobre 1212, le même roi, sur les 10,000 marcs qu'il avait donnés à garder aux Templiers, prit une somme de 1,000 marcs pour l'envoyer à son neveu l'empereur Othon (Rotuli). L'année suivante, un subside beaucoup plus important fut accordé à l'empereur ; le montant en était consigné entre les mains des Templiers, qui furent avertis, le 28 janvier 1213, d'avoir à payer 8,500 marcs aux procureurs d'Othon et 500 marcs à un certain Simon Saphir, qui les avait avancés (Rymer).
Même après ce prélèvement, le roi d'Angleterre avait un actif considérable au trésor du Temple. Le 31 mai 1213, il en retira 10,000 marcs (Rotuli). Le 22 juin, il y pouvait encore disposer de 20,000 marcs, sur lesquels il donnait pouvoir à Jean, fils de Hugues, et à Fauques de Bréauté de se faire livrer ce qu'exigeraient les besoins de l'État (Rotuli). Le 5 octobre suivant, il se fit envoyer à Rochester 3,000 marcs imputables sur les mêmes fonds (Rotuli). Le 1er janvier 1214, maître Pandolfe, sous-diacre du pape, reçut 6,000 marcs à prendre également sur le compte du roi au Temple (Rotuli).
Le 21 novembre 1214, des pouvoirs furent donnés à Guillaume Cadel, maître des Templiers, pour recouvrer 1,400 livres d'esterlins que les bourgeois d'Ypres devaient à Jean sans Terre (Rotuli).
Le 2 septembre 1215, ce roi s'engageait à servir à sa belle-soeur la reine Bérengère une pension de 1,000 livres d'esterlins, qui était payable à Londres, dans la maison du nouveau Temple (96).
Nous avons à relever des particularités du même genre pour le règne de Henri III. Le 30 avril 1220, Pandolfe, évêque élu de Norwich, légat du Saint-Siège, ordonna au trésorier et au vice-chancelier du roi de porter au Temple de Londres tout l'argent qu'ils pouvaient avoir dans leurs mains (97). Vers cette époque, un des agents financiers de Henri III était frère Simon du Temple: en 1221, il gardait 1,000 marcs affectés au douaire de la reine Bérengère (Rotuli) ; le 3 août 1223, il recevait 200 livres destinées aux dépenses du roi (Rotuli) ; cette même année, il touchait la pension que Pierre Sarrasin, citoyen romain, prenait sur le domaine de Londres, en vertu d'une donation de Jean sans Terre (98).
En 1229 et en 1237, nous trouvons un autre nom de Templier, Hugues de Scocton, attaché au nouveau Temple de Londres; le 3 octobre 1229, Henri III lui fit remettre 500 marcs destinés à Ferrand, comte de Flandre5, et le 2 8 juin 1237, il eut à payer 10,000 marcs aux procureurs de l'empereur d'Allemagne (Rymer).
Ce fut au nouveau Temple de Londres que fut encaissée la contribution du quarantième que les Anglais accordèrent au roi en 1232 sur leur fortune mobilière (Rymer).
Dans un traité conclu le 20 mai 1269, il était stipulé que le roi de France donnerait au roi d'Angleterre la valeur du revenu de la terre d'Agenais et que les annuités s'en paieraient au Temple de Paris (99). La somme qui devait être ainsi remise tous les ans au roi d'Angleterre fut fixée, en 1261, à 3,720 livres 8 sous 6 deniers tournois (Rymer).
Sources: Léopold Delisle. Mémoires de l'Institut national de France, Académie des inscriptions et belles-lettres. Mémoire sur les opérations financières des Templiers. Paris 1889. BNF
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Notes
Pour les références à: Rotuli litteraram patentium, edition Th. Duffus Hardy.Pour les références à: Rymer nouvelle Edition.
52 — Inn. III Reg. ,1. XV, ep. 169 et 172 ; Migne, Patrologia, t. CCXVI, col. 692 et 693 ; La lettre 172 est adressée "totius Provinciae et Montis Pessulani, Sancti Aegidii et Arelatensis domorum militiae Templi magistris".
53 — Inn. III Reg., I. XV, ep. 171, 174 et 175 ; Migne, Patrologia, t. CCXVI, col. 693 et 694.
54 Honorii III opéra, édition Horoy, t. III, col. 508.
55 — Elie Berger, Registres d'Innocent IV, T. I, p 60 et 64, n· 345 et 361.
56 — Lettre de Grégoire X, du 31 juillet 1274, publiée par Langlois, Le règne de Philippe le Hardi, p. 420. Cette lettre de Grégoire X est rappelée dans une lettre que le pape Martin IV adressa à Philippe le Hardi le 19 juin 1283: "Alie predecessoris ejusdem littere, tibi directe, continentes quod predecessor ipse, decimam omnium reddituum Cisterciensis et Premonstratensis ordinum sibi reservans, quantitatem que in predicto regno de reditibus ipsis colligeretur deponi apud novum Templum Parisius faceret, ut, si eum transfretare contingeret, subventioni sue proficeret, alioquin cum alia décima in eodem regno tibi concessa in ejusdem Terre Sancte subsidium verteretur". Compilation de Bérard de Naples, ms. 761 de Bordeaux, fol. 180, n· 487.
57 — Prou, Registre d'Honprius IV, col. 336, n·471.
58 — "Preter pecuniam illam quam prius predictis domibus Templi et Hospitalis commiseram custodiendam, quam similiter dono ad defensionem ipsius terre Jerosolimitane, nisi eam in vita mea repetere voluero". Rymer, nouvelle édition, t. I, p, 47.
59 — Benoît, Gesta régis Henrici secundi, édit. Stubbs, vol. II, p. 32.
60 — Cette inscription a été expliquée par le comte Riant, dans Mémoires de la Société des antiquaires de France, t. XL, p. 143.
61 — "Recepta et solutio decimae domini régis, de triennio jam elapso, in civitate et dioecesi Parisiensi facta per venerabiles viros Herricum subcentorem et dominum Radulfum de Capusco, canonicum Parisiensem, apud Templum, de quibus habent litteras" Rec. des histor. t. XXI, p. 54-0.
62 — De Laborde, Layettes du Trésor des chartes, t. III, p. 206, n· 4095.
63 — "Item de redemptionibus per Templum, 3,218 livres 13 sous 5 deniers" De Laborde, Layettes du Trésor des chartes, t. III, p. 115, n· 3913.
64 — Compilation de Bérard de Naples, ms. 761 de Bordeaux, fol. 103 v·, n· 300.
(64-1) — Lettre de Martin IV, du 21 octobre 1281, d'après une copie de la collection Moreau, vol, 1221, fol, 91.
65 — "Item l'église de Rome doit au roy pour les gaiges des chevaliers, de gens de cheval et de pied envoyés à la requeste du pape Martin, pour le faict de Romaignole,en l'an MCCLXXXII et III, 54,352 livres 7 sous 6 deniers tournois [Et pour deniers prestez au dit pape Martin, pour iceluy mesme fait, en l'an MCCLXXXIII, par ses lettres, 100,000 livres tournois" Recueil des histor, t. XXI, p. 531, d'après des recueils de la Chambre des comptes.
66 — Lettre de Martin IV, du 21 octobre 1283, publiée par Langlois, Le règne de Philippe le Hardi, p. 444-447.
67 — Archives nationales, K. 36, n· 51 — Tardif, Cartons des rois, p. 360, n· 989.
68 — Lettre d'Honqrius III, du 5 mars 1215, Reg, III, ep. 317, dans Honorii III opéra, t. III, col. 155.
69 — "Hic incipit communis expensa. Anno Domini MCCXXIX, in festo beate Marie Magdalene, computavit frater Ricardus cum domino abbate, et remansit quod dominus abbas debuit ei 3,204 livres et 18 sous. Postea solvit frater Ricardus pro domino abbate Templo Parisius 1,000 livres. Hee sunt empciones quas fecimus anno Domini MCCXXX, de denariis quos recepimus a Templo" Comptes de l'abbaye de Saint-Denis, aux Archives nationales (LL. 1240), fol. I et 6 v·.
70 — Articles 63, 93 et 178 du Journal du Temple.
71 — Ce compte est aux Archives nationales sous la cote J. 1030, n· 9.
72 — Les comptes de la fondation de Maubuisson, conservés aux archives de Seine-et-Oise, ont été publiés par M. H. de L'Epinois dans la Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 4e série, t. IV, p. 553-567. Je donne ici quelques-uns des premiers et des derniers articles:
"Item recepit de manu fratris Gilonis, thesaurarii Templi, 1,000 libras per duas vices.
Item eodem anno (1236) recepit in festo beati Martini hyemalis Parisius de manu fratris Gilonis 4oo libras.
Item die martis ante Pascha anno XLI recepit de fratre Gilone 200 libras. Item summa summarum a principio operis usque Pascha anno XLII. Recepta de Templo 24,431 libre 15 solidi 4 denarii".
73 — Ce compte se trouve à la Bibliothèque nationale, ms. latin 9019, pièce I.
74 — "Summa totalis debiti, cum arreragio et debito G. le Tiais, 2,033 livres 15 sous 1 denier, de quibus solvit Parisius Templo 1,100 livres tournois ;
Et sic restat quod debet dictus senescallus pertotum 933 livres 15 sous 1 denier.
Summa totius [debiti], 2,830 livres 19 sous 1 denier, de quibus solvit Templo Parisius 2,000 livres ;
Et sic restat quod debet senescallus per tolum 330 livres 19 sous 1 denier.
Summa totalis debiti 2,159 livres 12 sous II deniers tournois de quibus solvit 1,200 livres, apud Templum ;
Et sic restat quod debet dictus Johannes 959 livres 12 sous II deniers tournois." Rouleaux conservés à la Bibliothèque nationale, ms. latin 9019, pièces 6 et 7.
75 — "Summa totalis debiti, 2,810 livres 18 sous 10 deniers, de quibus solvit Parisius apud Templum 1,800 livres ;
Et sic restat quod debet dictus de presenti compoto per totum 1,010 livres 18 sous 10 deniers.
Summa totalis debiti, 2,711 livres 12 deniers, de quibus solvit Templo 1,900 livres ;
Et sic restat quod debet dictus senescallus per totum 811 livres 12 deniers." Rouleaux conservés à la Bibliothèque nationale, ms. latin 9019, pièces 8 et g.
76 — "Summa 5,820 livres 16 sous tournois, de quibus solutum est apud Templum 1,050 livres tournois." Ibid, pièce 10.
77 — Vaissète, Hist. générale de Languedoc, éd. Molinier, t. VIII, col. I — 563 et I — 565.
78 — Francisque Michel, Histoire de la guerre de Navarre, notes, p. 409.
79 — "De quibus solvit Parisius apud Templum, per magistrum Philippum de Baine, 1,577 livres tournois, pro ballivia Ruthenensi.
Memoria quod posait Parisius apud Templum de finationibus de Najaco 223 livres tournois." Rôle original à la Bibliothèque nationale, ms, latin 9019, pièce 13.
80 — "Summa totalis debiti, 3,066 livres 6 sous 4 deniers tournois, de quibus solvit Templo Parisius 2,864 livres 13 sous 10 deniers tounois".
"Memoria quod senescallus solvit Templo Parisius pro finationibus 180 livres 66 sous 8 deniers tournois".
"Item pro Judeis Agennensibus 677 livres 12 sous tournois."
"Idem, pièce 14".
81 — Vaissète, Histoire générale de Languedoc, éd. Molinier, t. VIII, col. 1660.
82 — "Percipiendas singulis annis in crastino octabarum festivitatis Omnium sanctoram Parisius apud Templum". De Laborde, Layettes du Trésor des chartes, t. III, p. 200, n· 4089.
83 — "Parisius apud Templum, vel alibi in civitate Parisiensi ubi predictus cornes duxerit eligendum". Wauters, Henri III duc de Brabant, p. 42, note (extrait des Bulletins de l'Académie de Belgique, t. XXXVIII et XXXIX).
84 — De Laborde, Layettes du Trésor des chartes, t. III, p. 330 et 331, n· 4300.
85 — "Solvere annis singulis eidem domicelle Parisius, in domo Templi, 4000 livres tournois, de redditibus comitatus Andegavie". De Mas Latrie, Hist. de Chypre, Documents, t. I, p. 86.
86 — Du Bouchet, Hist. de la maison de Courtenay, pr, p. 36.
87 — Pièce du Trésor des chartes d'Artois, analysée par Richard, Inventaire des archives du Pas-de-Calais, série A, p. 47.
88 — Cette dépense est inscrite sur le compte, au chapitre intitulé "Despens de bailiie". Le compte original est à la Bibliothèque nationale, collection de Flandre, vol. 187, pièce colée Artois, 9.
89 — "Débet 1,951livres 12 sous 3 deniers tournois, de quibus solvit per Templum ad Ascensionem LXXXIIII, in duabus partibus, 380 livres tournois ; et ad Omnes sanctos post ;
Per idem, 400 livres tournois, et ad Candelosam post ;
Per idem, 400 livres tournois, et ad Ascensionem LXXXXV;
Per idem, 120 livres 100 sous tournois Summa solutionis 1,300 livres 100 sous tournois" Compte original conservé à la Bibliothèque nationale, collection Clairambault, vol. 469, p. 21.
90 — Articles 9, 22, 32, 33, 37, 38, 43, 47 et 58 du Journal du Temple qui sera publié à l'Appendice, n·XXIX.
91 — "Tenetur solvere vel solvi facere praefalo comiti vel ejus mandato mille libras turonensium Parisius apud Templum quolibet anno ad duos terminos, scilicet medietalem ad festum Omnium sanctorum, et aliam medietatem ad festum Ascensionis Domini". Charte de Philippe le Hardi, dans Pérard, Recueil, p. 548.
92 — Quittance originale conservée à la Bibliothèque nationale, collection Clairambault, vol. 80, p. 6257.
93 — Bibliothèque nationale ms. français 25992, pièce 4.
94 — Paul Durrieu, Les archives angevines de Naples, t. I, p. 97.
95 — "Dominus papa Innocencius inclite recordationis subposuit nos et submisit nutriture et custodie magistri militie Templi, quem etiam et quosdam magnates terre nostre nobis consiliarios assignavit ; nunc autem, consilio et deliberatione predicti magistri et consiliariorum predictorum, cum ingenti providentia deliberavimus ut unum fratrem in Aragonia et alium in Chatalonia constituamus, qui generaliler in omnibus factis nostris, tam super pignoribus redimendis quam super universis negotiis nostris et redditibus et exitibus nostris colligendis et recipiendis, cum omni deliberacione et cautela provideant diligenter. Constituimus vero in Chatalonia fratrem G. virum providum et discretum et quem pater noster bone memorie multum in vita sua dilexit" Charte du 19 juillet 1220, publiée par Ch. de Tourtoulon, Jacme Ier le Conquérant, roi d'Aragon, comte de Barcelone, seigneur de Montpellier, T.1, p. 448.
96 — Rymer, nouvelle édition, T. 1, p. 137. Voyez aussi des lettres d'Honorius III, du 23 décembre 1216 et du 15 mai 1217 (dans Honoriu III opéra, t. II, col. 147 et 746), et une lettre de Henri III, du mois de juin 1220 (ibid., t. III, col. 673).
97 — Shirley, Letters illustrative 0f the reign of Henry III, T. 1, p. 113. Voyez une lettre du 12 mai 1220, ibid., p. 118 et 119.
98 — Rotuli, p. 544. Les lettres qui nous apprennent que Pierre Sarrasin était citoyen romain et qu'il avait prêté de l'argent à l'abbé de Thorney, envoyé à Rome pour les affaires de Jean sans Terre, sont dans le même volume, p. 363, col. 2 , et p. 381, col. 2. Ce Pierre Sarrasin ne doit pas être confondu avec un bourgeois de Paris qui portait le même nom. Voyez plus haut, p. 3.
99 — "Esera la paie fête au Temple, à Paris, chacun an, à la quinzeine de l'Ascension la moite, et à la quinzeine de la Toz sainz l'autre". De Laborde, Layettes du Trésor des chartes, t. III, p. 411, n· 446. Voyez ibid., p. 487, n· 4554, et Rymer, nouvelle édition, T.1, p. 383 et 389.
Sources: Mémoires de l'Institut national de France, Académie des inscriptions et belles-lettres. Mémoire sur les opérations financières des Templiers. de: Léopold Delisle — 1889.
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