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Études réalisées sur les Templiers

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Commanderie et la Ferme du Mont de Soissons

Presque à mi-distance, sur la route qui joint Soissons à Fère-en-Tardenois, se trouve un point dominant qui fut toujours apprécié. Notre temps y a connu un socle de calvaire, caché sous un buisson, un poteau géodésique, puis un poste d'observation allemand, aujourd'hui le monument des chasseurs.
Ce point ne semble qu'un pli de terrain sur le vaste plateau, mais on y découvre un panorama immense : au Nord les crêtes du Soissonnais, au Sud, celles boisées du Tardenois et même la vallée d'Ourcq. Au centre, ce plateau de Cuiry-Lesges et du Mont de Soissons qui au 18e siècle avait la réputation de fournir le meilleur froment de la province (Carlier).

L'endroit se nomma « La Croix Saint-Ursace », puis « L'Epine Saint-Ursace », une déformation en a fait l'Epitaphe. La ferme du Mont de Soissons s'aperçoit au Nord à quelques centaines de mètres.

Un érudit d'époque premier Empire, l'abbé Robert, prétendit placer là le Noviodunum-Suessionum que César, campé dans l'Oppide de Muret, aurait assiégé. Ce n'était qu'une proposition, elle n'a pas été retenue ; par contre, il est toujours admis, que la route départementale, qui se dévide au milieu du plateau, sans jamais traverser de village, est une voie protohistorique. C'est elle, qui en diagonale, reliait la capitale des Suessiones à la vallée de la Marne.

Guibert de Nogent, voulant montrer la férocité de Thomas de Marle, à l'égard de paysans révoltés, rapporte l'expédition qu'il fit sur la « Montagne de Soissons » et M. Bourgin a cru placer le carnage à notre Mont. Ce n'est pas notre avis, les sévices du tyran ont dû se produire sur la « Montagne de Soissons » au Sud de Blérancourt, endroit où les sires de Coucy possédaient des intérêts.

Il n'est donc pas de traces certaines du Mont de Soissons, avant l'apparition des Templiers, le premier acte qui leur mentionne du bien à Serches, date de 1133 et émane de l'évêque Goslein de Vierzy.

L'insécurité alors était grande au royaume de Jérusalem. Quelques chevaliers recrutés par Hugues de Payns avaient décidé de se muter en croisés permanents, partageant leur temps entre la prière et la police des lieux saints si chèrement conquis.

Bientôt, ils désirèrent une existence officielle et le concile de Troyes se réunit en 1128 pour y aviser. L'assemblée était surtout champenoise, mais des Soissonnais s'y trouvaient : deux archevêques, huit évêques dont notre Goslein, trois grands barons, dont André de Baudement comte de Braine. Le concile adopta les aspirations des champions du Christ et chargea Saint Bernard de fixer leur règle.

Le concile clos, le seigneur de Payns et ses compagnons se dispersèrent pour faire connaître leur institution et solliciter aide. Leurs démarches furent couronnées de succès ; elles suscitèrent des dons nombreux qui permirent la création des premières maisons templières.

La maison du Soissonnais fut de celles-là, car en 1133, l'évêque Goslein « considérant le dévouement que les Templiers montraient à la religion leur faisait donation des menues dîmes de sa cour ou ferme de Serches », à la condition toutefois qu'ils lui payeraient un cens de 12 deniers chaque année.

Cet acte n'est, à dire vrai, qu'accessoire, il n'est pas celui de la fondation du Mont de Soissons qui reste inconnu, comme le nom de son promoteur. Les titres primordiaux des commanderies sont tous perdus.

L'emplacement avait été fixé de manière assez étonnante : commanderie non pas sur l'axe routier — affectation rurale placée sur le plateau, variante bien opposée aux fermes anciennes de la région qui occupent toutes la bordure du plateau, y trouvant à la fois la proximité des terres labourables, l'eau et les pâtures du vallon.

Toutefois, les chevaliers ne voulurent pas l'isolement, leur implantation fut le point de départ de quatre et même sept chemins. Deux d'entre eux semblent antérieurs, ils joignaient Chacrise à Epritel et formaient un « chemin de vicomté », qui avait pour justicier le seigneur de Buzancy.

Les dons suscités par le prestige spirituel des Templiers, n'ont pas dû suffire à créer le domaine du Mont de Soissons. Les générosités, les unes en rentes, les autres en biens fonciers, montrent qu'elles étaient disséminées partout et au loin. Mais, à l'image des autres ordres monastiques, les Templiers, par des moyens variés, furent de grands rassembleurs de terres, leur continuité de deux siècles leur permettra de constituer les exploitations qui furent leur vraie richesse, elles allaient relever toutes du Mont de Soissons, seront exploitées par des serviteurs sous le contrôle de frères sergents, lorsque la maison sera importante, on lui construira une chapelle dotée d'un chapelain.

Des bienfaiteurs de la commanderie

E. Mannier, auteur des « Commanderies du Grand Prieuré de France » qui a dépouillé les titres originaux de l'Ordre, a publié une série de tractations. On les trouvera parmi celles qui vont suivre ; elles sont incomplètes pour le lieu qui nous intéresse, mais elles font deviner que son commandeur était un grand régisseur.

1157 - Reconnaissance par l'évêque Ancoul, qu'après le décès d'Eudes, seigneur de Saint-Médard, les frères entreraient en possession de la maison et des terres censuelles et vinales que le dit seigneur leur léguait.

1158 - Robert, comte de Braine et Agnès sa femme abandonnent tout ce qu'ils possèdent à Valbellan (Villeblain ou Vauberlain).

1192 - Emmeline, femme de Thomas de Fismes, ainsi qu'il résulte d'une confirmation de l'évêque Nivelon, donnait la tierce partie de sa terre de Buici (Bucy), dont elle conservait l'usufruit, en s'obligeant de payer chaque année un cens de 12 deniers à leur maison. La donatrice cependant, se réservait, si elle venait à avoir un enfant, que la terre lui ferait retour lors de sa majorité.

1200 - Les Bénédictins de Saint-Médard, pour obtenir, en faveur de leur église, le bénéfice des prières des Templiers, donnaient sous la signature de leur abbé Godefroy, un champ, près du Mont de Soissons.

1200 - Gaudefride de Comin (?) pour le salut et le remède de son âme, donne une terre vers Oulchy, moyennant une rente de 13 setiers de blé.

Cette rente eut une curieuse destinée, elle continua à se percevoir au cours des siècles, sur la ferme du Mont de Soissons, sera détenue en 1603 par un bourgeois Jean Visignier, qui alors l'abandonnera à l'Ordre de Malte, contre cession de la maison du Temple sise à Soissons, rue des Rats.

1206 - Landry de Faverolles faisait abandon de la libre possession de tout ce qu'il détenait dans sa mouvance du Mont de Soissons.

1230 - Fr. Robert étant commandeur, passait bail de la maison de Chavonne, auparavant donnée à l'Ordre par Fr. Gillon (du Temple). En 1239 il achetait aux Cisterciens de Longpont une maison qu'il joignait à la Censé de Billy-sur-Ourcq. L'abbé Pêcheur (Annales IV page 156) rapporte d'autres actes avec le Chapitre de la Cathédrale.

Les seigneurs de Faverolles reparaissent ensuite : Gilbert en 1240 donne divers terrages. Robert en 1247 amortissait des terres achetées par les frères dans son domaine au lieudit Culeron et en 1253 leur amortissait d'autres biens nouvellement acquis.

En 1253, Alain est chapelain du Mont de Soissons. C'est grâce à ses dons et à ceux de ses oncles Henri et Garin que l'Ordre devra son établissement à Chassemy.

Divers accords peuvent encore être signalés dans la seconde partie du XIIIe siècle. L'amortissement de la rente de 20 esseins de blé dus par le moulin templier à Villeblain au seigneur du lieu ; celui-ci, Gérard, leur en fit abandon en 1269 ; en 1290 l'abbé de Saint-Crépin le Grand leur échange un droit de terrage sur deux terres, contre un droit semblable, qu'ils avaient à Violaine dans la censive de cette abbaye. C'est enfin un vidimus signé par Hugues de Pairaud l'un des quatre grands dignitaires qui se montrera si peu courageux lors du procès, lequel vidimus, concerne une des maisons que les frères du Mont de Soissons possédaient à Soissons, près de la chapelle Saint-André. Par cet acte de 1295 le dit Pairaud accordait à deux de ses bons amis, la maison leur vie durant, contre redevance de 5 sols tournois à payer chaque année au Mont de Soissons.

L'énumération qui précède est bien incomplète. Les cartons S des Archives Nationales contiennent d'autres titres intéressant Acy - Billy-sur-Aisne - Billy-sur-Ourcq - Chassemy - Chouy - Ciry - Salsogne - Courmelles - Courcelles - Les Crouttes - Cutry - Launoy - Missy-aux-Bois - Vailly... etc.

Templiers et commanderie

L'ordre était mi religieux, mi militaire. Ses profès faisaient voeux de chasteté, d'obéissance et de pauvreté. Son but était surtout d'entretenir la seule armée permanente et ses forteresses d'Orient, affrontées à l'Islam. Une telle entreprise nécessitait de gros capitaux, les commanderies d'Occident se devaient de drainer outremer leurs gains et revenus et des hommes d'armes éprouvés. Les Templiers en plus, délivraient des aumônes et prêtaient assistance aux pèlerins.

Sous la direction d'un commandeur ou précepteur, la commanderie était un enclos où l'on vivait sur soi, séminaire de chevaliers à robe blanche, mais habité surtout par des sergents à robe brune, des domestiques et des artisans attachés à l'exploitation agricole.

Chacune avait depuis l'autorisation papale de 1172, sa chapelle et son cimetière, chapelle qui relevait directement du Saint Siège et qui, par conséquent, échappait à la juridiction épiscopale ; ainsi en allait-il au Mont de Soissons. Les gens de Serches s'en souvenaient encore aux premières années du 18e siècle quand, par l'organe de leur Seigneur, ils déniaient à la ferme du Mont son appartenance à la paroisse, et au fermier sa qualité de paroissien.

On était encore dans l'erreur avant 1914 quand on attribuait aux « moines rouges » (Templiers) toute ferme fortifiée de la contrée. La mise en œuvre de fortification des fermes, ne se trouva nécessaire qu'à la fin du XIVe siècle. Si le Mont de Soissons fut sans donjon, il n'en fut pas moins un ensemble architectural soigné avec son logis, sa chapelle qui surpassait en distinction les églises paroissiales communes, et sa grange dont l'ampleur dépassait ses voisines. Cet ensemble proclamait l'importance de la maison mère du Soissonnais, qui avec ses « membres » (filiales) se trouvait une des plus plantureuses commanderies de France et avait le prestige de compter parmi les plus anciennes.

L'Agonie des Templiers

Le temps vint où l'ère des croisades se trouva révolue. En 1287 les derniers chrétiens furent refoulés des dernières places du Levant. Le grand maître du Temple ne put que se réfugier en France où la fortune de l'Ordre était importante et d'où rayonnait sa puissance financière.

Philippe le Bel, monarque absolutiste en tira de suite ombrage, les Templiers le gênaient dans son œuvre d'étatisme et leur richesse tentait sa cupidité. Lui qui s'imposait au pape, jura l'abolition de l'Ordre, et, pour y parvenir, il reprit les procédés qui lui avaient réussi dans l'affaire de Boniface VIII, il noircit la chevalerie à outrance et l'accabla d'accusations.

L'agression fort bien préparée se déclencha le 13 octobre 1307. Toutes les Commanderies furent cernées par les gens du roi, et leurs occupants appréhendés furent de suite soumis aux interrogatoires.
Les prévenus n'avaient pas à s'expliquer, ils ne devaient que répondre à des questions limitées à dessein.

Pris au dépourvu, terrorisés ou torturés, les templiers tiennent à la vie et avouent ce qui leur est imputé. Chacun d'eux, lors de son postulat a renié Jésus, de bouche et nom de cœur — a craché sur le crucifix ou à côté — a baisé ou s'est laissé baiser par son récepteur en des endroits étranges — a parfois reçu de lui des conseils d'homosexualité... Ces aveux ou demi aveux, extorqués par des violences, s'ils sont ensuite regrettés ou contestés entraînent le « relaps », et l'on sait que selon le code du temps, c'est le châtiment du feu.

L'affaire, en vérité, concernait le pape et non le roi. Clément V intervient et désire prendre le contrôle de l'opération, mais il ne peut y parvenir. Un mélodrame est commencé, il va durer plusieurs années, son déroulement pénible est à lire dans la foule d'auteurs qui ont étudié ce sujet.

Nous nous bornerons de rappeler que les captifs eurent en 1308 une lueur d'espoir, lorsque le pape obtint un compromis qui établissait des commissions diocésaines d'enquête, mais il se trouvait trop d'inculpés à entendre, on demanda à la province de déléguer des défenseurs de l'Ordre. Tous les Soissonnais se portèrent volontaires on n'en retint que 22 qui entrèrent dans les 550 qu'on achemina à Paris en mars 1309.

C'est alors qu'un avertissement, véritable coup de force, se produisit, 54 chevaliers défenseurs venaient d'être envoyés au bûcher par l'archevêque de Sens. L'épouvante était semée, des défections se produisirent parmi les défenseurs, on signale celles de deux Soissonnais : Jean de Bézu, et Jean de Couvrelles.

Les séances de la commission n'en continuèrent pas moins jusqu'en juin 1311, mais elles n'écouteront plus que des malheureux dont l'effort de justification sera faible. Il était bien tard pour réagir et devenir relaps.

Chevaliers soissonnais

La publication du procès a permis de retrouver une trentaine de templiers qui portent le nom de villages de l'ancien diocèse de Soissons (1). Ils n'étaient en majeure partie que des frères servants, gens simples, attachés aux maisons rurales. Après deux années et cinq mois de fers, vingt-deux furent rassemblés avec 528 venus d'ailleurs, dans les jardins de l'évêché de Paris, s'offrant à déposer en faveur de l'Ordre (2).

Il y a lieu de rappeler des noms de familiers du Mont de Soissons que l'on retrouve dans le dossier du drame sinistre.

D'abord des gradés : Nicolas de Saint Albin (1291) et Jean de Sernay (1299) précepteurs (prieurs) de la maison, connus par leurs réceptions de postulants. Sernay fut aussi précepteur de Moisy et d'Oisemont. Gérald de Villers (Villaribus) doit leur succéder. Précepteur du Mont et aussi de Bourbone et de la Baillie de Brie, il le devient encore de la province de France ; parvenu à cette haute qualité, on le rencontre aux adoubementsen beaucoup d'endroits. Quelques réponses d'inculpés, relatives aux aumônes que délivraient les Templeries, nous le montrent soucieux de la trésorerie, il réduisait les charités.

Les dépositions de plusieurs frères d'origine laonnoise sont autrement graves s'il était possible de les prouver. D'abord celle de Ponsard de Gizy, précepteur de Payns : celui-ci avait au dernier chapitre entendu accuser Gérald de Villers d'avoir provoqué la perte de l'ultime bastion de Terre Sainte, en abandonnant la veille, ses défenseurs et emmenant avec lui ses amis.

En effet, les Templiers repliés à Chypre en 1291 étaient revenus reprendre Tortose. Retranchés près de là dans l'île d'Aradus (Rouad), le gouverneur syrien et la flotte égyptienne les assaillirent en fin d'année 1302 et les exterminèrent, Le Levant était perdu pour toujours.
M. E. Rey a jugé que l'accusation portée contre notre commandeur est bien vague, et que son repli fut insuffisant pour provoquer la catastrophe.

Autre grief, frère Jean d'Anizy avait vu de Villers, alors prieur du Mont de Soissons, porter l'idole (le Baphomet) au chapitre général de Paris ; un autre, Raoul de Gizy, précepteur de Lagny-le-Sec et Sommereux, l'avait vu, en qualité de précepteur de France, présider des chapitres généraux au cours desquels l'idole fut adorée face à terre.

Ce Fr. Raoul de Gizy, fameux receveur des finances royales en Champagne, était un des grands dignitaires de l'Ordre, qui avait reçu plusieurs néophytes au Mont de Soissons. Il tint une conduite indigne et fourbe lors du procès (3). Quant à l'idole infernale que bien peu ont admis avoir entrevue, elle n'a jamais pu être produite malgré les perquisitions.

Parmi les simples frères qui avaient fait profession dans la chapelle du Mont de Soissons, on connaît :
— Jean de Vallebelain et Raymond de La Fère, reçus par Nicolas de Saint-Alban.
— Egide d'Espernant-sur-Aisne (Pernant) âgé de 60 ans, reçus par Raoul de Mersin en présence de Baudoin de Théry et de Jean le Verjus.
— Vermond de Saconin, reçu par Gérard de Villers, en présence de Robert, prêtre, Guillaume de Platea, Jacques de Courmelles et de Jean de Margivel. Il s'expliqua amplement sur la sodomie, mais croit que ce péché ne s'accomplissait pas.

Les trois réceptions suivantes sont de J. de Sernay : Bertrand du Croutoy et Guillaume de Roy (vers 1300). De Adam de Villa Ademari en présence de Mathieu d'Arras et de Rémi de Courmelles.
— Bertrand de Montigny reçu par Jean de Sernay, précepteur du Mont de Soissons, lequel après lui avoir fait jurer à plusieurs reprises de garder religieusement les statuts secrets, lui montre une croix sur laquelle était l'image de Jésus. Il lui dit de ne point croire en ce dernier, parce qu'il n'était rien, rien qu'un faux prophète, sans aucune puissance, mais de croire au « Dieu Supérieur du Ciel » qui seul pouvait le sauver. J. Loiseleur, historien Orléanais, a cru que cette déposition et une autre identique, étaient suffisantes pour dresser sa thèse par laquelle les Templiers croyaient à un impersonnel Etre Suprême, or il ne paraît pas que Bertrand ait été hérétique puisqu'il se trouva avec Vermond de Saconin cité plus haut, parmi les 550 défenseurs.

— Jacques de Courmelles âgé de 48 ans, lors des derniers interrogatoires de février 1311, répéta sa déposition antérieure. C'est encore le prieur Jean de Sernay qui l'avait reçu dans la chapelle du Mont, en présence de Robert, qui en était le curé, de Giraud d'Argenteuil, de Mathieu d'Arras et de Rémy de Ploisy. Selon la traduction de l'abbé Pêcheur (Annales IV page 146) : « Il demanda par trois fois le pain et l'eau et l'habit de l'Ordre, et lorsqu'on lui eut donné le manteau, il jura sur l'Evangile d'observer les trois vœux de chasteté, d'obéissance et de pauvreté, de faire les aumônes ordinaires et de ne pas entrer dans un lieu dont un homme ou une dame noble auraient été dépouillés injustement. On lui ordonna ensuite de se coucher avec une chemise et des braies serrées au corps par un cordon, de dire pour Heures, autant de Pater qu'il le pourrait, de défendre les biens de l'Ordre, et, en cas d'impuissance de le faire, d'avertir les supérieurs, de jeûner selon l'usage formulé par la règle. Enfin, lui dit-on, s'il ignorait certaines observances, ce serait aux anciens à lui enseigner.

Ces formalités remplies, tous les assistants l'embrassèrent sur la bouche et se retirèrent ; mais, Jean de Sernay, qui était demeuré seul, le mena derrière l'autel et, lui montrant un crucifix de bois, lui ordonna, par trois fois, au nom du serment d'obéissance, qu'il venait de prononcer, de renier celui qui y était attaché. Il renia aussi, mais de bouche seulement, et quand on lui dit de cracher dessus, il cracha à côté. Puis Jean de Sernay lui ayant commandé de le déshabiller, à moins qu'il n'aimât mieux qu'il se déshabillât lui-même, Courmelles préféra se dévêtir et ne garda que ses braies, Sernay lui demanda encore s'il préférait l'embrasser ou être embrassé par lui entre le nombril et la poitrine. Le récipiendaire préféra l'embrasser lui-même à cet endroit, et on lui fit faire le serment de ne jamais révéler ces circonstances à qui que ce fût.

Il assurait qu'il ne s'était rien passé d'illicite ni alors, ni plus tard. Il ne croit pas d'ailleurs à la sodomie, ni à l'adoration des idoles reprochées à l'Ordre ; mais il sait qu'on infligeait une punition sévère à ceux qui trahissaient les secrets de la réception. On ne lui défendit pas de se confesser à un prêtre étranger à l'Ordre ; et, à preuve, c'est qu'il s'était confessé à frère Arnould, gardien des frères mineurs de Soissons, qui, en l'absolvant à la suite des détails de sa réception dont il s'était accusé, lui avait imposé pour pénitence, de porter un cilice sur la peau et de jeûner pendant un an, tous les six jours, au pain et à l'eau »

Cette confession est celle qui est stéréotypée, l'infamie qu'on y relève résidait dans la grossière plaisanterie : test ?
Brimade fort déplacée qui clôturait la séquence des vœux ?
Les déclarations du suivant sont les mêmes, tout au moins dans leur première partie.

Jean de Vaubellin, âgé de 42 ans, aussi reçu en la chapelle du Mont par Nicolas de Saint-Albin, précepteur du Mont, assisté de Michel de Balinvillier et de Jean de Vaux. Il s'était confessé de ses jurements en la même chapelle à Jean de Colligi, des frères mineurs de Soissons et en avait obtenu pardon moyennant des jeûnes. Ce qui ensuite devient intéressant pour l'histoire, c'est que ledit Vaubellin ajoute que quatre années environ avant l'arrestation générale, il avait quitté l'Ordre et, à cette époque, de son propre chef et non pas comme prisonnier, il avait déposé ce qu'il savait devant l'Inquisiteur de Poissy. Peu de temps après, soucieux à cause de son apostasie et effrayé par l'excommunication qui planait sur lui, il se présenta au Chapitre général de l'Ordre présidé par le grand maître. On le réconcilia et on lui rendit le manteau, mais en lui imposant la pénitence de manger par terre, sur son manteau pendant un an, et de jeûner au pain et à l'eau trois jours dans la semaine. C'est cette pénitence qu'il accomplissait au Mont de Soissons lors de l'arrestation. Une question lui est alors posée par les juges : « A vos confrères de l'Ordre, avez-vous, avant l'arrestation, révélé l'objet de l'enquête à laquelle vous aviez été soumis ?
— non. J'ignorais qu'ils allaient être arrêtés ; je ne l'ai su que trois jours avant. »

R. Oursel a judicieusement interprété la seconde partie de cette déposition. Bien avant l'affaire, Philippe le Bel recherchait des témoignages accusateurs pour perdre les Templiers, il en trouvait chez les frères renégats et les exclus. Il semble bien que le pauvre Jean de Vaubellin fut pris au piège. Après ses confidences et en temps voulu, on l'inquiéta et on le fit rentrer comme transfuge, et pourtant, prévenu de la rafle, ce « mouton » se laissa cueillir.

La cause mystérieuse des Templiers n'a depuis cessé de captiver les esprits, elle fut interprétée selon les passions personnelles, puis Michelet publia le « Procès » Les historiens du XXe siècle ont pu étudier l'affaire avec minutie, ils sont parvenus semble-t-il à dissiper les incertitudes qui voilaient l'innocence de l'Ordre.

Il n'en fut pas moins qu'avec son cynisme sans équivalence le roi de France gagna presque le procès. Le concile de Vienne en sa séance du 22 mars 1312 ne condamna pas le Temple, il se bornait à le supprimer ; et le pape Clément V attribuait ses biens aux Hospitaliers de Saint-Jean, afin qu'ils fussent employés au service de la Terre Sainte.

Au départ du procès, le roi avait mis sous séquestre les biens du Temple, il les avait confiés à des régisseurs, il alla plus loin en 1309, il fit vendre, en Champagne, le mobilier, le matériel agricole et les animaux des commanderies. Ce qui se passa chez nos voisins se vit nécessairement chez nous. Puis, c'est de fort mauvaise grâce qu'il se dessaisit des immeubles contre versement de frais énormes, dits de jurisprudence, de séquestre et de créance ; si bien que les Hospitaliers se trouvèrent gênés pour longtemps par cet héritage saboté.

Biens du Mont de Soissons lors de leur dévolution

D'après l'état estimatif que firent dresser les Hospitaliers en 1309 (4) la maison possédait :
— 55 muids 4 setiers de terres labourables, donnant un revenu 207 livres 10 sols
— 30 arpents de prés 37 Livres 10 Sols
— 14 arpents de vigne 7 Livres
— rentes en blé 22 Livres 2 Sols 6 Deniers
— rentes en avoine 115 Sols
— vins à Soupir 7 Livres 10 Sols
— vins à Cerseuil 15 Sols
— Menus droits et dîmes à Augy et Cerseuil 16 Sols
— le four et droits à Serches 12 Livres
— droits de terrage à Ciry 6 Livres 8 Sols
— jardin à Dhuisy 40 Sols
— droits à Chevagium (Chavonne ?) 10 Sols
— rente de 4 marcs d'argent par le Seigneur de Conceio (Coucy ?) 6 Livres
— Total : 315 Llivres 6 Sols 6 Deniers
Les charges de la maison ne s'élevaient chaque année qu'à :
— 29 livres 18 sols 6 deniers tournois.

Il faut ajouter que le Mont de Soissons était riche en « membres » c'est-à-dire en dépendances, sous son contrôle ; ce sont ceux qui suivent, dont nous préciserons les localisations :
— Trois maisons à Soissons :
1° — citation de 1216 à 1295
— Devant l'église Saint-André, paroissiale du faubourg de Crise (Saint-André-en-Crise). La maison comme l'église disparurent au cours des guerres du XVe siècle. Ce qui en subsista, figura plus tard dans un bail emphytéotique de « masure, jardin et place assis au faubourg de Crise. » Les plans d'arpentage du XVIIIe siècle ont permis de fixer leur emplacement : à droite avant d'aborder le pont, entre le grand chemin et le moulin de la Place.

2° — Rue des Rats (actuel du Collège), face à l'impasse de l'Election M. A. Piette a pu suivre sa destinée jusqu'à notre siècle (B.S.A.S. 2e série X.). Elle fut vendue en 1603 à Visinier, dont la veuve la rebâtit de style en 1627, comme on la voyait en 1914 époque de son anéantissement.

3° — C'est par erreur que des auteurs locaux ont cru à deux immeubles, rues de la Mandellerie, de la Trinité et de l'Echelle du Temple. Mandellerie fut le vocable qui selon les temps fut aussi appliqué à ces tronçons de rues. Quant à l'interprétation de l'Echelle en poteaux de justice des Templiers, elle est plus que douteuse.
Les plans précis du XVIIIe siècle placent cette « échelle » seulement sur le rempart (comme ils le font aussi à l'Echelle Saint-Médard).
L'échelle du Temple n'était donc qu'un passage piétonnier sur la muraille d'escarpe, dans le prolongement de la rue.

Cette maison (aujourd'hui école Saint-Georges) est celle que répara vers 1600 le commandeur de Brion et que, Nicolas Lebœuf reconstruisit après le bail à vie qu'il prit en 1743.

Vaux-Saint-Nicolas (Commune de Mercin) - Citation 1220
Maison, pressoir, vignes, prés et le moulin Caillouel. La maison elle-même disparut aux guerres du XVe siècle et ne fut jamais rebâtie.

Acy - citation 1254
Maison (encore dite du Temple au XTXe siècle) sur le chemin de vicomte, proche la Croutelle, avec terres et vignes.

Ambrief
Ferme au bord du plateau, dans l'angle de la rue principale et du chemin de Mesmin. Sa seigneurie s'étendait sur la moitié de la population du village. La ferme dite depuis « Maison de l'Hôpital » ne possède pas de vestiges antérieurs aux XVIe et XVIIe siècles, elle est maintenant unie à une plus importante exploitation.

Rozières - citation 1233
Petite ferme dans l'angle de la rue et de la sente qui conduit à Chevry. Une partie du village était dans sa seigneurie. La maison actuelle ne possède d'ancien qu'un cellier voûté en arêtes du XVIIe siècle.

Chassemy - citation 1232
Maison avec terres, vignes, prés, dîmes et vinages. Un acte de 1243 énonce donation à la chapelle Saint-Nicolas de la moitié des dîmes du village, par deux frères et leur neveu Albert, chapelain du Bienheureux Nicolas, dans la Maison du Mont de Soissons. On aimerait préciser s'il s'agit du vocable de la chapelle du Mont, ou bien d'une autre chapelle, celle de la maison de Chassemy qui disparut aux guerres du XVe siècle.

Cette maison qu'on appela « Hôtel de l'Hôpital » se trouvait au cœur du village en face de la petite place du calvaire et près de l'église, elle était réduite au XVIIIe siècle en masure avec grange. Tout a été ruiné en 1914-1918 (5).

Mont Hussart (Commune de Courcelles) - citation 1221
Ferme importante au bord du plateau, avec terres, vignes et prés. Une des granges gothiques monumentales de la région (Longueur 45 mètres). Chapelle dédiée à Sainte Anne. Les bombardements de 1918 ont fait disparaître la majeure partie de l'ensemble (6).

Vieil Arcy - citation 1236
Ferme de vallée, un peu au Nord du village, à l'intérieur du coude du chemin de Pontarcy. Porta depuis le nom de « l'Hôpital » La distribution fermée de ses bâtiments sans caractère et non antiques ne s'est pas modifiée. Seul un vide indique l'emplacement de la chapelle qui a disparu au siècle dernier.

Vailly
Acquisition tardive en 1293 d'un manoir seigneurial, hors des murs de la ville, joint à des terres, vignes, prés et bois. L'immeuble qui en 1545 portait le nom de « Hôpital de Mont Pigeon », menaçait ruine, il disparut peu après ; il devait se trouver en bordure du grand chemin de Pontavert. Le domaine fut dès lors loué en plusieurs lots.

Chavonne - citation 1230
Maison et mairie avec terres, vignes, vinages et prés. En 1517 la maison dite le Temple, dans le village, menaçait ruine, elle ne fut pas rebâtie. Ses dépendances ont été depuis louées par lots.

Oulchy - citation 1234
Dîmes à Oulchy-le-Château et Oulchy-la-Ville, avec grange, pour les entreposer. Elle était ruinée en 1392. Celle qui lui aurait succédée aurait été rasée en 1884 pour laisser place à la nouvelle mairie.

Billy-sur-Ourcq
1236 donation d'un manoir seigneurial avec ses droits, terres, prés et bois. Ferme au bout du village à la rue d'en Bas qui conserve le nom de Maison du Temple. Ses bâtiments sont sans caractère.

Mortefontaine
Ferme de plateau avec divers revenus, que Muldrac, Carlier, etc. ont placée par erreur à Vivières. Lors de l'abolition du Temple, Charles de Valois prétendit être créancier de l'Ordre, il fit contraindre les Hospitaliers à lui abandonner trois maisons templières, dont Mortefontaine. Ce sont ces trois domaines qu'il transmit en 1325 à la Chartreuse de Bourgfontaine qu'il fondait.

Cette ferme, dans la rue du village, a, depuis 1790, été réunie à celle de Saint-Pierre en Châtre, qui va buter contre l'église, réunion opérée par l'adjudicataire de biens nationaux, le laboureur Charles Giroust. Elle est d'un grand intérêt archéologique, mais ne possède rien d'antérieur au XVIe siècle.

Fismes - citation 1230
Terres et prés. L'emplacement de la « Maison du Temple, démolie par les guerres » lit-on sur l'arpentage de 1778, se trouvait au lieudit Chaudreu, exactement à la sortie de la porte de ville, en allant vers Reims, dans l'angle du chemin de Crugny. Déjà, à ce moment, l'enclos était coupé par le grand chemin de Reims. Fismes n'appartenait pas au diocèse de Soissons, mais de ce diocèse étaient les deux maisons, qui suivent et qui terminent la liste des membres du Mont de Soissons.

Passy (Commune de Passy-Grigny) - citation 1214
Sera réunie à la commanderie de Reims, en 1470. La ferme, toujours dite du Temple, sans caractère architectural, conserve néanmoins de la vieille clôture, et surtout sa chapelle Saint-Antoine du XIIIe siècle, longue de quatre travées aux voûtes écroulées ; une tourelle à vis est accolée à la façade, le service religieux s'y est fait jusqu'à la Révolution.

Châtillon-sur-Marne
Maison acquise en 1235 dans la rue Corbillon. Elle a disparu depuis longtemps ; bois, un vivier, et rentes en vins.

L'Ordre de l'Hôpial et les guerres

La dévolution qui venait de lui être faite avait triplé le nombre de ses commanderies. Cet ordre, dit de l'Hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem, avait une origine antérieure à celle des Templiers, mais il se bornait alors à dispenser des soins aux pèlerins. Il élargit ensuite son activité qui s'inspira de celle du Temple.

Ces nouveaux chevaliers prononçaient les trois vœux : de pauvreté, charité et obéissance ; ils suivaient la règle de Saint-Augustin et portaient le manteau noir à la croix blanche ; eux aussi se divisaient en trois classes : chevaliers, prêtres et frères servants.

L'Ordre avait quitté la Terre Sainte en 1291, il séjourna d'abord à Chypre ; puis, en 1310, occupa l'île de Rhodes. Il en fut chassé en 1522 par Soliman le Magnifique et c'est huit ans après qu'un don de Charles Quint l'installa à Malte. Ainsi donc il demeura affronté aux Barbaresques. Le rôle qu'il joua dans la police des mers fut important, grâce à lui le commerce des nations occidentales avec l'Orient fut protégé.

On sait que Bonaparte en 1798, puis les Anglais, ont saisi l'île de Malte, l'Ordre n'a pas été aboli pour cela, il est encore représenté sous le nom de Malte et se voue à des œuvres charitables.

L'absence de textes nous fait ignorer la chronique du Mont de Soissons, aussitôt l'arrivée des Chevaliers.

C'est le temps de la guerre de Cent ans, celui du va et vient continuel de troupes, c'est-à-dire, de bandes pillardes. Cela commença avec la Jacquerie en 1358 qui incendia le manoir voisin de Dhuizy, ensuite, avec les Navarrais, Anglais et Armagnacs garnisaires dans la contrée. Le sort d'un établissement voisin du Mont, la maladrerie du Puits d'Ambrief est connu par un acte du Parlement de 1482 qui mentionne que les troubles et les guerres l'avaient ruinée, sa chapelle aussi se trouvait à moitié fondue.

L'époque réparatrice ne viendra que dans la seconde partie du XVe siècle, c'est à ce moment que les Hospitaliers entreprendront une restauration très partielle. L'abondance de matériaux mouluré réemployé dans les murs de clôture évoque encore des constructions disparues, les murs de la grange étaient debout, ceux du grand logis aussi, mais l'état de la chapelle était pantelant ; on se borna à réunir par des murs des colonnes restées en place. Des maçons rustiques furent employés à ces travaux, sous le rapport décoratif ils se contentèrent de réemployer des sculptures sauvées des ruines.

— Affaire de sorcellerie (1458-1460)
Le Mont de Soissons qui avait pâti des tendancieuses souillures infligées aux Templiers, de l'horreur des guerres qui l'avaient rendu méconnaissable, va entrer dans une histoire de sorcellerie. Elle est contée dans un journal qui est une source d'histoire générale du XVe siècle (7), son rédacteur étant Jacques de Clercq, chroniqueur de la cour de Bourgogne, auteur sans cesse à l'écoute de ces misères qui endeuillèrent le siècle de trop de bûchers.

Cet événement commence par une querelle entre un curé, Ives Fabius, qui est évidemment celui de Serches, et le censier du Mont de Soissons, Jehan Roger (Rogier). Le curé prétendait percevoir les dîmes sur la commanderie comme il le faisait sur le reste du terroir. Roger résista, en appela à ses seigneurs et maîtres qui ne lésinèrent pas pour porter le conflit à la Cour des requêtes du Palais.

L'Ordre de Saint-Jean eut à soutenir à ce moment beaucoup de procès du même genre. Au lendemain des troubles, curés et autres avaient perdu connaissance des exemptions, ils prétendaient que le privilège s'appliquait lorsque le commandeur lui-même exploitait sa censé. La cour jugea autrement en vertu d'anciennes concessions, et toujours les commandeurs furent confirmés dans leur droit de ne payer aucune dîme « à cause du blé, grains, fruits, bêtes, soit qu'ils tiennent en leurs mains, soit qu'ils fassent labourer à leurs dépens par métayers, rentiers, fermiers ou amodiateurs »
Le curé Fabius perdit sa cause et ses débours étaient si élevés qu'il conçut une haine féroce à l'égard du fermier.

Près de là, à Acy, vivait alors un « scieux d'aix » (scieur de long) nommé Perret de Gribauval, il était venu de Merville-en-Hainaut et sa femme Agnès, s'employait à filer le lin du Mont de Soissons. De cette besogne, elle ne tirait qu'un salaire insuffisant que lui réglait Marguerite, l'épouse de Jean Roger. Cette « pauvre femme » (sic) se répandait en lamentations, ses griefs parvinrent à l'oreille de maître Fabius qui saisit l'occasion pour la visiter et, curé et fileuse unirent leurs rancœurs pour atteindre une vengeance commune.

Agnès était-elle magicienne, ou simplement au courant de la pratique classique, plus superstitieuse que scientifique, qui constituait l'art de la sorcellerie selon la croyance générale ? Toujours est-il qu'elle apporta un pot dans lequel elle nourrissait un crapaud, qu'elle demanda à l'ecclésiastique de baptiser, puis de communier. Elle l'emporta ensuite, le tua, l'assaisonna d'incantations et en pétrit un « sorceron » qui devait perturber la santé des persécuteurs, le fermier et sa femme.

Nous avons retrouvé dans le cartulaire de l'abbaye Notre-Dame de Soissons la sentence rendue contre Agnès et Jeannette sa fille. Ce texte officiel ajoute des détails au récit de Du Clercq, il s'en écarte aussi en deux points :
1° — Citant des filles de la sorcière, mais non pas celle, qui, mariée, sera suivie par le chroniqueur ;
2° — Il ne précise pas les conséquences mortelles que provoqua le second envoûtement !
A Acy, le ménage de la sorcière comprenait au moins deux adolescentes, Jeannette et Marion, il était en relation avec une complice du nom de Jacotte.

En 1458, c'est en présence de Jeannette et de Jacotte qu'Agnès confectionne son macaron diabolique. Elle le fit porter au Mont par Jeannette, il était destiné à Mme Roger, et celle-ci tomba malade, puis, guérit.

Un autre sorceron fait en présence de Marion et de Jacotte, fut cette fois, porté par Marion. Il fut mortel, selon la sentence, c'est Du Clercq qui va nous en apprendre davantage. Roger, sa femme et leur fils étaient à table lorsque la fille se présenta, elle réclama quelque argent dû à sa mère et en même temps jeta subrepticement le sorceron sous la table.

La satanique composition produisit cette fois un effet dont on n'attendait pas tant : « Tantost après, le dessus dit censier non scachant d'icelle, sorcherie, ny ne s'en donnant garde, se sentit malade, sa femme pareillement et son fils, et moururent tous trois avant qu'il fust trois jours. »

Les paysannes furent découvertes et traduites devant Pierre de Jouengnes, bailli de la justice de l'abbaye Notre-Dame, l'abbaye étant seigneur d'Acy en partie. Elles avouèrent on ne sait à la suite de quels tourments, leurs pratiques diaboliques et en plus, un autre sort fait à l'adresse d'un pelletier de Soissons, Jean Dalouzy, qui en avait été malade. Ce ne fut pas tout, elles révélèrent la connivence du curé Fabius.

Le 14 juillet 1460 la sentence fut rendue par le bailli, assisté de maîtres Jean Brunette, Bleunet, Desmolins et autres conseillers. Agnès convaincue sorcière était condamnée à être brûlée vive, son corps réduit en poudre. Le tribunal avait été plus clément à l'égard des filles, Jeannette s'était excusée, elle était bien jeune lors des faits et il lui aurait été impossible de désobéir à sa mère. Elle n'en fut pas moins condamnée au bannissement à perpétuité hors du diocèse.

Le jour même on sortit de prison Agnès la mère, Jeannette, Marion, les filles et d'autres comparses, toutes en chemises, coiffées de mîtres hideusement peinturlurées et on les exposa sur un échafaud. Devant le peuple, un prédicateur les sermonna. Le bourreau Martin, maître de la Haute Cour de Laon, mandé spécialement pour la circonstance, était au pied de l'estrade. La péroraison finie, il hissa la femme sur une charrette qu'il conduisit, suivi de la cohue, sur le long chemin de la Ferté-Milon (qui se dévide entre Chevreux et Vauxbuin) jusqu'au sommet du Mont Macqueret (aujourd'hui Mont Lavé). C'est là, sur cet observatoire qui domine les vallées de Crise et d'Aisne, qu'étaient dressées les fourches patibulaires de l'abbaye Notre-Dame.

Six à huit mille personnes (assure le procès-verbal) avaient tenu à se repaître de l'horrible spectacle ; le bourreau reçut pour sa peine, 4 écus plus ses débours.
A la descente de l'échafaud, Jeannette remise aux vicaires et official de Soissons fut pourchassée hors de la ville pour disparaître au diable.

D'autres épisodes qui terminent cette affaire ont été relatés par du Clercq, ils concernent le curé de Serches et une fille de Gribauval qui était mariée, il semble bien qu'il s'agit de Marion. La fille, à l'heure de la sentence, déclara être enceinte pour bénéficier d'un ajournement, aussi la reconduisit-on on prison. Elle accoucha, en effet, puis réussit à s'échapper, d'autres pérégrinations commençaient pour elle.

La condition des bannis était atroce au Moyen Age, sans fortune ils se trouvaient des sortes de « out law » méprisés et repoussés par tous. La réprouvée espéra se trouver mieux dans sa patrie d'origine, elle parvint à regagner Maroilles-en-Hainaut. Malheureusement, l'opprobre qui l'enrobait fut connu, on l'arrêta et on la ramena à Soissons. On ne sait ce qu'elle devint.

Quant au curé Fabius, dont la complicité dans le drame glaçait d'effroi le bon chanoine Dormay, qui lui cherchait des excuses, sa trace se suit dans un fatras de procédures. Il avait été appréhendé, transporté dans les prisons de l'évêque de Paris, mais « il estoit riche et extrait de riches gens », il obtint de changer de juridiction et en appela au Parlement, là il parvint à échapper au châtiment : « et, disoit-on, que par forche d'argent et d'amis, on ne trouva point le dit curé coupable du fait chy-dessus ; et s'en purgea ledit curé sans quelque punition » La moralité, c'est celle que le fabuliste formulera plus tard dans les animaux malades de la peste...

Ce fut une véritable épidémie cette sorcellerie qui sévit aux XVIe et XVIIe siècles. Les répressions furent particulièrement nombreuses dans les provinces bourguignonnes du Nord de la France. Il faut dire qu'à partir de 1460 des hommes sages s'émurent devant l'horreur de tant de tortures et de supplices. Notre région connut les sorcières de Chauny 1485, Coeuvres 1577 et des deux femmes de Verberie 1558 et 1578. Les médisances et les convoitises menaient au bûcher de nombreux sorciers ou Vaudois ; il en fut parmi eux qui, sans être aidés par le démon, n'en étaient pas moins animés du désir de faire le mal, et cela était condamnable. Quant à la justice, elle partageait l'ignorance du temps et croyait au concours de Satan. Ce fut l'ordonnance de 1682 qui, en France, arrêta la frénésie des juges.

Le redressement et les Commandeurs de Saint-Jean

Le Mont de Soissons était inséré dans le Grand Prieuré de France dont la circonscription allait de la Loire jusqu'à la Belgique incluse.
L'affaiblissement des propriétés, à cause des guerres, inclina le Chapitre provincial, réuni à Paris le 20 juin 1470, à opérer des regroupements, on détacha du Mont de Soissons le membre de Passy qui fut réuni à Reims, mais, en même temps, on lui rattachait la commanderie de Maupas et ses annexes.
Les commandeurs suivants qui prirent les titres du Mont de Soissons et Maupas, puis ensuite vice-versa, gagnèrent beaucoup à cette réforme.

Maupas
Aux portes de Soissons sur le chemin Brunehaut de Paris, connu depuis 1265 avait toujours appartenu à Saint-Jean de Jérusalem. De cette maison il ne reste à peine qu'un long bâtiment de la fin du XVIe siècle, dénaturé. Le lieu s'est renouvelé en petit château après la Révolution (8).
Maupas n'était riche que de cinq membres, que voici :

Dhuizel: citation 1319.
Ferme de plaine à la sortie du village, dans l'angle du chemin de Longueval et du chemin dit de Saint-Rémi conduisant à la R.D. 22. - A la veille de la Révolution ses locaux étaient en masure, mais l'emplacement était toujours dit « clos de l'Hôpital » ou « les Croisées »

L'Arbre Saint-Martin (Commune de Filain) citation 1319
— Ferme à la pointe d'un éperon du Chemin des Dames. On y voyait encore en 1914 une petite grange médiévale et au-devant, hors de la clôture, la chapelle romane dédiée à Sainte Berthe qui était le siège d'un pèlerinage - Le premier conflit mondial a tout anéanti, un oratoire seulement a été relevé.

Nany (Commune de Chavignon) - citation 1319
— Ferme de vallée, dont M. Pécheur qui signalait qu'elle fut brûlée par les Russes en 1814, voyait les ruines près de Margival ; c'est une erreur, la ferme de Many est toujours en place sur l'ancien chemin de Chavignon à Pargny.

Couloisy
— Petite ferme le long de la route de Compiègne, laquelle se trouvait en état de masure à la veille de la Révolution.

Attichy
— Importante ferme de crête nommée Moranval. On lit sur le bail de 1706 qu'il lui est annexé une petite maison dite l'Hôpital, dans laquelle se trouve une chapelle. La chapelle près de la ferme tombait en ruine en 1757 selon Mannier, cependant que Houllier en 1783 la mentionne encore sous le nom de Saint-Jean.

Le Mont de Soissons fut inspecté par les commissaires de l'Ordre en 1495, leur rapport donne l'état des lieux à ce moment : « avons visité la chapelle du Temple dudit lieu, laquelle est fort grande et d'un grand coût d'entretien, chargée de trois messes la semaine, bien entretenue et enverrinée, assez mal garnie d'ornements pour le service d'icelle. Auprès de la chapelle est la maison tout en un clos ; ladite maison souloit être (était naguère) fort grande d'édifices, mais à présent est fort détruite à cause des guerres des Anglois.
— Au dit lieu la religion a toute juridiction et y souloit avoir justice levée, qui est détruite de 15 ans en ça, car les vieux piliers apparaissent encore et le commandeur a promis de la faire relever. »
La fin de la citation tient à ce qu'on ne laisse pas aller à l'oubli l'attribut du seigneur haut justicier du Mont. Le poteau de justice dont il s'agit se dressera encore, lors de la levée du plan de 1777, au sud de la ferme, un peu au-delà de la Folie, et assez près du chemin de Fère.

Ces visites du grand prieur se faisaient tous les cinq ans afin d'assurer la régularité de gestion. Le Commandeur au XVIe siècle était un chevalier qui avait servi, on lui donnait une retraite dans une commanderie qu'il devait habiter et gérer. Il devait verser à l'Ordre le cinquième et parfois plus, du revenu de son bénéfice. Au décès du titulaire le revenu complet d'une année était acquis au trésor de l'Hôpital. On voit donc que le produit des exploitations énumérées plus haut servait à la subsistance de chevaliers-gentilshommes, et aussi aux grands besoins des services généraux.

Mais au cours des XVe et XVIe le mouvement d'évolution dans le régime agraire des biens d'église transforma le mode d'exploitation. Les corps religieux ne firent plus valoir leurs domaines, ils les louèrent à des fermiers. Les Commandeurs alors ne furent plus astreints à l'habitation, ils deviennent comme les abbés commendataires sans contact avec les populations rurales, puis, aux deux derniers siècles de la monarchie, la commanderie sera souvent l'enjeu des cadets qui, à la faveur de leurs quartiers de noblesse, sous le manteau de Malte, pourront caresser l'espoir de revenus assurés. Nous donnerons in fine la liste des commandeurs.

Les baux passés prenaient fin avec le commandeur, ils n'engageaient en rien le successeur. Quant aux propriétés de l'hôpital, comme jadis celles du Temple, elles jouissaient de franchises et d'immunités qui résistèrent à toutes les entreprises de particuliers et de commis du fisc. Ces privilèges étaient passés aux fermiers, qui, par exemple, se trouvaient exempts de la dîme, du logement des troupes, de la capitation, etc. et encore du service de la milice. Ce dernier privilège s'étendit même aux valets et domestiques de commanderies (Lettres patentes de 1559 confirmées en 1716, etc.). Tout cela augmentait la valeur locative, simplifiait les soucis du fermier, mais soulevait aussi la jalousie des voisins et du menu peuple assujetti à toutes les charges.

Fermiers du Mont-de-Soissons

Nous y trouvons dès le début des familles importantes, qui essaiment dans les grandes fermes et s'y maintiennent souvent pendant deux siècles, puis disparaissent, ou plus exactement se continuent par filiation féminine, sous écorce de noms nouvellement apparus ; leur qualification est d'abord celle de laboureurs.

— 1528 TYRET.
— 1543 Il se trouve deux tenanciers : Jean WOIDEL et Jacquette FORGET qui est veuve de Thibault Roger. Nous aurons l'occasion de le revoir à plusieurs reprises, la sorcière était loin d'avoir anéanti la famille ROGER.

C'est à ce moment qu'on éleva, ou qu'on renouvela le calvaire de Saint-Ursace à l'extrémité d'une des terres de la commanderie, au culminant de la route de Fère. Il paraît que c'est de cet endroit que le char des reliques du saint avait choisi sa direction, selon la légende d'un mode assez banal, que l'abbé Berriot a sauvé de l'oubli. Les Templiers avaient apporté au Mont les ossements de ce Bienheureux solitaire, décédé au cours du IVe siècle à Nicomédie en Bythinie. Peut-être à l'époque de la suppression de l'Ordre, les reliques furent disputées par plusieurs paroisses. Finalement on les plaça sur un char et on s'en remit au jugement du saint. Soudainement six biches blanches apparurent, s'offrant à la traction. Le convoi alla jusqu'à une fontaine voisine, du village de Maast, et là pour laisser trace du merveilleux transport, une biche laissa sur une roche l'empreinte de son pied. La paroisse de Serches était désappointée mais le pèlerinage et sa fontaine de Saint Biaise ne lui suffisaient-ils pas ?

Le déplacement par contre fut une aubaine pour le village de Maast qui ne se fit pas faute d'exalter le saint oriental et de promouvoir un pèlerinage (9 septembre) avec processions, non pas seulement à la fontaine, mais aussi au Mont de Soissons. Ce dernier usage dura jusqu'à la Révolution, pendant la neuvaine on y ramenait solennellement la châsse et ceux qui l'avaient escortée recevaient du fermier une miche et des rafraîchissements.

L'érection du calvaire se fit en 1555, le socle fut fourni par les ruines de la chapelle du Mont, on en tira les deux éléments de base d'une des grosses colonnes de la nef. Ces deux assises ont été descellées et culbutées en 1957 on ne sait pourquoi, c'est ce qui a fait révéler des tracés de noms, abrégés ou mal venus. Ce sont ceux de promoteurs ou d'assistants de la cérémonie. On y relève notamment ceux du prêtre vicaire de « Maas », de Jean Woedel notre fermier, et même un Eustache, déformation d'Ursace prénom qui fut longtemps porté aux alentours.

— 1562 — Noël Voydel, d'une famille qui donna beaucoup de laboureurs à Violaine.

— 1573 — Isambart Roger (Honnête homme)
Etait veuf de Marie Thinot. En 1574 il prenait des habitants d'Ambrief, le bail à 99 ans de la censé du Puits d'Ambrief et de ses 33 pièces de terre. Il se remaria à Marie Isabeau Judas, qui, devenue veuve, céda Ambrief à Antoine Madelaine.

— 1584 — Adam Rollet ou Raoullet (honnête homme)
Epoux de Jeanne Féron ; marie en 1594 son fils Jean avec Jeanne Robillart veuve de Jean Archin, d'Acy. (A. Rollet avait été laboureur à Clamecy, puis Epagny.)

— 1609 — Philippe Buirette
Marié 1° Marie Lemoyne - 2° Marie Warel. Précédemment laboureur à Epritel, il meurt en 1610. Sa famille exploita au XVIe siècle la Carrière l'Evêque et Ecuiry - au XVIIe les fermes de la Siège, Epritel, Lesges, Cuiry, la Grange de Longpont.

— 1626 — Denis Linotte (honnête homme).
— Epoux d'Adrienne Buirette, lequel faisait alors appel à des arbitres pour clore à l'amiable un conflit qui l'opposait à son proche, maître Claude Linotte, greffier du siège criminel de Soissons.

— 1636 — Jacques ROGER
— (honnête homme) qui, avec Louis Pottier du Mont Hussart, avait en 1642 procuration du commandeur de Vieilbourg pour louer les « membres » dépendant de la commanderie. Roger provenait de Violaine-sur-Maast où sa famille était nombreuse, on la rencontrera au XVIIe siècle aux fermes de la Siège, Epritel, Vasseny, Ambrief, Beaurepaire, Cramaille et au siècle suivant à Bruys.

Voici l'inscription qui, sur pierre ovale, avait été scellée dans l'église de Serches et qu'Am. Piette retrouva dans le village en 1871, servant de support à une ruche d'abeilles : « Cy gissent - les corps de - Jacques Roger receveur - de la Commanderie de - Maupas décédé le 21 me - du mois de juillet l'an - 1649 âgé de 66 ans et de - Rachelle Jardelle sa femme - décédée le 23 de may - 1665 âgée de 62 ans - Lesquelles ont fondé - chacun unobit aux jours - de leurs décès en - l'église de céan a - prendre sur la maison - de Margenne Fiseau - village de Serches - Priez Dieu pour - leurs âmes »

Notons que Margenne dont il vient d'être parlé était à Serches un alleu qui, pour siège avait un manoir des plus minuscules accolé d'une tourelle hexagonale. L'unique salle du rez-de-chaussée était voûtée sous nervures. Ce curieux spécimen de la fin du XVIe siècle est resté en état d'abandon depuis 1918.
Plusieurs membres de la famille Roger se sont qualifié « sieurs de Margenne »

Les époux Roger-Jardel laissèrent deux fils et deux filles :
— Catherine, femme de Gabriel de Mesvillers receveur de Chaudun
— Anne Aimée, épouse de Claude Warel de la Carrière l'Evêque (dont une fille épousera le laboureur Saint-Just, arrière-grand-père du fameux conventionnel)
— Philippe, qui eut deux femmes : Marguerite de Mesvillers et Françoise Desjardins, et qui tint d'abord la ferme de Luceron (Vierzy)
— Louis sieur de Margenne, qui exploita successivement Epritel, le Mont puis à partir de 1676 la Siège — Epoux de Marguerite Garot.

— 1650 - Philippe et Louis Roger (frères)
Prirent le bail du Mont de Soissons aux charges de 4.030 livres tournois - plus le versement des redevances de la commanderie, savoir : au Chapitre de Saint-Pierre au Parvis de Soissons 1 muid méteil, au chapitre de Saint-Gervais 10 setiers de froment et 4 d'avoine - plus 60 livres par an pour les gages des officiers de justice du commandeur - 24 livres au bailli, 10 au procureur fiscal et 4 au greffier - et encore de faire célébrer par les curés des environs, 3 messes chaque semaine dans la chapelle du Mont.

La terrible épidémie de peste qui s'abattit sur Soissons en 1668 entraîna des mesures sévères et notamment la création d'un blocus, distant de 2 lieues de la ville pour endiguer le fléau. Un des postes de gardes à cheval fut placé au Mont de Soissons.

— 1678 — Charles de Froritigny sieur de la Tour (honnête personne).
— Etait d'une famille qu'on avait connue à Rugny, il avait d'abord été fermier de Lesges, ensuite receveur du prince de Condé, puis fermier à Montaigu (Ambleny) où il n'avait pas fait ses affaires, d'où vint un procès avec le Chapitre de Saint-Gervais, qui fut porté au Parlement et n'aura sa conclusion qu'en 1685.
— Epoux de Marie Rogelet, ils firent marier dans la chapelle du Mont de Soissons en 1684 par le chanoine Simonnet, une de leurs filles Marie avec Noël Fournier fils de marchand soissonnais.
— Le sieur de la Tour décéda en 1687 et sa veuve en 1704, leurs corps furent déposés sous les dalles de l'église de Serches.
— L'aîné de leurs fils François avait épousé en 1685 Anne Roger, c'est par ce moyen que le bail d'Epritel lui fut transmis.
— Le second Charles, dit le jeune, époux de Françoise Sauvage continua l'exploitation du Mont avec sa mère, puis en 1700 passa à la ferme de Serches qui appartenait à Mme Carpentier veuve Le Gras, vicomtesse d'Acy, Serches et Dhuizy.

A cette époque le plateau désert du Mont de Soissons reçut un second foyer : la Folie, sur le chemin de Fère, à la naissance du ravin de Nampteuil. Un nommé Pierre Sauvage y prit à Surcens de Messire Nicolas Le Gras de Beleville vicomte de Serches, un terrain sur lequel il bâtit une petite ferme doublée d'auberge. Son fils puis son petit-fils lui succédèrent jusqu'au jour d'un drame resté mystérieux, celui de 1773, on retrouva dans le puits du cabaret le corps de Louis Sauvage, qu'on enterra à Serches après la visite des officiers de justice seigneuriaux.

— 1703 - Charles Roger, époux de Catherine Pottier
Etait le fils de Philippe et neveu de Louis anciens fermiers du Mont, il avait labouré à Ambrief et à la Siège. Il reprit le Mont de Soissons pour la durée d'un bail, puis passa à Lesges où il est mort en 1710.

— 1706 - Nicolas Lebœuf
Issu des laboureurs de la Perrière, Léchelle, etc. Lui l'avait été à Cuiry Housse, l'était en 1706 à la ferme des Tournelles de Crécy au Mont et cumulait la charge de receveur de l'abbaye de Saint-Jean-des-Vignes. Sa femme Louise Dufay (Dufayet) lui avait donné douze enfants, dont quatre seulement auront postérité. C'est en 1706 que Simon Gosset, bailli de la justice de la commanderie lui avait de la part de Gaudechart de Bacheville baillé le Mont de Soissons pour 9 ans, à la redevance de 3.506 livres, plus envers les deux communautés et envers les officiers de justice, les mêmes charges que l'on a dit au bail de 1650, et enfin les frais de réparations à la ferme jusqu'à concurrence de 30 livres par an, le charriage des matériaux pour les grosses réparations, la fourniture du chaume, le logis et la table lors des déplacements des officiers de justice.

Un des fils Lebœuf, Baudouin Nicolas, seigneur de Ville, conseiller du roi et son avocat à Soissons est celui qui, avec sa femme Marie Madeleine Mennesson s'entendit en 1743 avec l'Ordre pour prendre à vie, le bail de l'Hôtel du Temple à Soissons rue de la Mandellerie. Il s'engageait en même temps à reconstruire l'immeuble et à verser une rente annuelle de 50 livres. C'est dans cette maison (actuelle école Saint-Georges) qu'il mourra sans laissr d'enfant. Le règlement de sa succession a nécessité en 1792 l'établissement d'un tableau généalogique qui nous donne, d'abord toute la descendance des époux Lebœuf-Dufay. 95 individus au total, et révèle de curieux renseignements : on y relève :
1 chanoine de la cathédrale,
3 de Saint-Pierre,
1 cordelier,
1 religieuse de la Congrégation de Soissons, des curés de Taillefontaine, Vierzy, Cuiry et Belleau.
Des expatriés :
1 Lebœuf établi à l'Ile Bourbon,
1 Legras en la même île avec ses quatre enfants,
1 Legras en Angleterre,
1 Legras mort avec sa fille dans un naufrage,
1 Morel à Saint-Domingue,
1 Dufresne décédé en Hongrie.

Dans cette descendance il y a des bourgeois, mais toujours aussi des cultivateurs. Les quatre qui eurent postérité furent :
1° - Claude receveur de Saint-Jean-des-Vignes, époux de Marie Anne Mennesson.
2° - Marie Claude femme de Pierre Legras qui va suivre.
3° - Barbe épouse de Pierre Lebrasseur de la Carrière Lévêque.
4° - Marguerite Louise, épouse de Pierre Petit qui suivra aussi.

— 1718 - Pierre Legras.
Fils du receveur de Lesges, ses frères étaient établis à Cuiry, Lesges, Maast et Presles-les-Soissons. Pierre avait été laboureur à Ambrief puis au château de Berzy, ensuite receveur de Cuiry. Au Mont il prenait la suite de son beau-père, mais il décéda prématurément en passant à Lesges en 1722. Il laissait neuf enfants mineurs, dont sortirent notamment deux branches de la famille Dufresne bien connue en culture.

En 1718 fut dressé l'état de la consistance des paroisses de l'Election de Soissons pour assurer avec plus d'équité la répartition de la taille. Les ressources économiques de Serches y sont détaillées et l'importance du Mont de Soissons s'y révèle (9).
La grosse culture se composait de :
— Ferme de Serches (au seigneur Le Gras) , 6 charrues 1/2
— Bassecour du château de Dhuizy (à la dame Le Gras) 3 charrues 1/5
— Mont de Soissons 6 charrues 1/6
Ces charrues du Mont étaient seules, et presque en totalité franches de dîmes. (A noter que la charrue comptait pour 75 arpents.)

Du Mont dépendaient :
— 438 arpents à la mesure de roi de terres labourables,
— 19 arpents de près, lesquels étaient plus écartés sur les terroirs de Nampteuil et Vasseny,
— Et des bois.
En ce qui concerne les bêtes à cornes et le troupeau à laine la pâture était insuffisante, c'est d'ailleurs ce qui affronta Legras, de concert avec le commandeur d'Avernes contre les seigneurs et la communauté de Serches (10). Le fermier du Mont se considérant comme le plus imposé à la taille prétendait conduire ses bêtes paître dans les vallons de Serches. Les autres rétorquaient que pâture et vaine pâture ne devaient pas dépasser les bornes des seigneuries ; leurs récriminations dépeignaient bien le souci du Mont de Soissons : « c'est parce que le fermier n'a aucun prez et savars qu'il s'enteste de profiter de ceux de ses voisins. Si la nature lui en a refusé elle l'en a amplement dédommagé, en luy donnant à faire valoir les meilleures terres labourables de la province. Les habitans de Serches et de d'Huisy n'ont pas cet « avantage... »
On fit des enquêtes, on appela des témoins, on se déplaça jusqu'en Cour du Parlement, mais l'arrêt qu'il rendit nous est inconnu.

— ... 1730 - Pierre Petit.
— D'une grande famille de la région d'Oulcy (citée à Rugny dès 1582) mais plus exactement de la branche de Villers Hélon, Chaudun. Pierre Petit en 1714 tenait la ferme du vicomte à Villers-Hélon. Autre gendre de Lebœuf il vint ici succéder à son beau-frère. En 1730 il maria dans la chapelle de la commanderie l'aînée de ses filles avec Louis Pottier de Cramaille - Au cours des années suivantes, ce fut l'alliance de ses deux autres filles avec les deux frères du dit Pottier ; ainsi sont venues les trois branches Pottier de Cuiry-Housse, Cramaille, Maison Neuve, Vertefeuilles. Quant aux trois fils Petit ils ne furent pas moins prolifiques, c'est Cuiry qui les retint davantage.

— 1741 - Michel Pinta.
A ce moment le commandeur De la Cour, à l'exemple d'autres grands seigneurs, libérait radicalement ses soucis de gestion, il en chargeait ce que l'on appelait un fermier général. En 1756 il afferma le Mont, Maupas et toutes leurs dépendances, pour 9 ans à un avocat au Parlement de Paris, Claude Antoine Salmon. Celui-ci payait 10.000 livres par an, se trouvait nanti de tous les droits seigneuriaux et faisait son affaire des sous-locations, en prenant aussi à sa charge la quotepart due au trésor de l'Ordre (1.475 livres) et les redevances diverses dont les impôts fonciers (1.012 livres).

M. Pinta était issu d'une branche de cette famille déjà répandue autour de Pontarcy au début du XVIIe siècle. Epoux de Anne-Antoinette Bucaille (de Chaudun) dont il avait eu 6 enfants à Branges où il était auparavant établi, et dont il en aura 4 autres à Serches. Il meurt à Serches en 1762 âgé de 61 ans.

— 1777 - Charles dit aussi Charlemagne Pinta
Fils du précédent né à Branges en 1742. De son temps se continua à Serches un rassemblement de famille qui améliora les rapports entre exploitants. On y avait connu Claude Pinta curé de 1728 à 1757, un de ses neveux Jean Laurent Pinta venu d'Arcy, tint la ferme de la seigneurie, à son décès en 1769 il eut pour successeur Nicolas Ferté venu de Tracy-le-Mont, c'est une fille de celui-ci : Marie Thérèse Cécile Ferté qui devint femme de notre Charles Pinta. Ainsi donc les fermiers de Serches et du Mont de Soissons, parents collatéraux, resteront en contact pendant un siècle.

Le ménage Pinta eut 12 enfants nés à Serches. L'aîné Charlemagne sera militaire, des filles prendront alliance notamment avec les Bourgain (Wallée), Sampité (Clamecy) et Neveux (Oulchy).

L'ultime bail d'ancien régime fut signé le 9 septembre 1786.
La redevance en argent se trouve considérablement augmentée : 12.280 livres et 12 chapons.
Les rentes en nature vers Saint-Gervais et Saint-Pierre ne changent pas : 10 setiers blé froment, 4 d'avoine, 1 muid blé méteil, 13 esseins blé froment, 5 esseins d'avoine.
Planter annuellement 50 pieds d'arbres, payer 20 livres le garde bois, salaire et réception des officiers de justice et enfin, les 3 messes de la chapelle.

La Révolution

Elle se déclara peu après. Le dernier fermier général était Charles Joseph Delvincourt, procureur au Bailliage de Laon qui tenait aussi la régie de la commanderie Laonnoise de Puisieux.
C'était un brasseur d'affaires avisé, qui saura grossir sa fortune au moment de la vente des biens nationaux. L'Ordre de Malte était considéré comme ordre souverain, en conséquence un décret d'octobre 1790 ajourna sine die la vente de ses biens.

En 1791 l'Assemblée Nationale fit un pas en avant, elle décréta que ses domaines seraient soumis à toutes les charges fiscales de la nation. Enfin la loi de septembre 1792 qui supprimait les ordres monastiques et confisquait leurs biens, fut aussi appliquée à Malte.

Il était aisé d'inventorier les propriétés de la commanderie.
Elle faisait soigneusement réviser ses « terriers » tous les 25 ans et exigeait des arpentages de ses fermiers, ces registres de 1659 à 1780 sont conservés aux Archives départementales. On y trouve le détail et les plans de toutes les dépendances que nous avons énumérées, et d'autres encore : Moulin de Voidon, moulin Botté, bois de Curgennes (Grand Rozoy), Salsogne, Bourg-et-Comin et Verneuil, Monampteuil, Trucy, Urcel, Cutry, Fontenoy, Le Croutoy et clos Saint-Jean d'Attichy.

Sans perdre de temps le District de Soissons qui tenait ses séances dans l'ancien hôtel de l'Intendance, procéda aux ventes.
Celle du Mont fut affichée le 20 décembre 1792.
L'ensemble comprenait la ferme, les terres chiffrées 481 arpents 20 verges (11) et 1 muid de blé froment dû par le propriétaire de la terre de Missy-aux-Bois. Le tout avait été estimé par experts 230.490 livres, à charge de payer au fermier général le dixième du revenu pendant la fin de son bail.

La criée se fit le 12 janvier 1793. Le premier enchérisseur fut Nicolas Joseph Félix Delvincourt, le fils du fermier général, agioteur dont le souvenir vit encore dans la littérature, il est le héros du plus balzacien des romans de Champfleury (La succession Le Camus). Parmi divers surenchérisseurs se trouvaient le fermier Pinta, Antoine Lamy cultivateur à La Croix, plus acharné ; mais dès la 10e bougie l'action resta à des individus de la plus modeste condition, tous agioteurs de la région de Vailly, ils allèrent montant l'un sur l'autre jusqu'à la 30e bougie, et alors, pour 523.900 livres le marteau désigna François Lécaillon citoyen d'Aizy adjudicataire, il déclara avoir enchéri pour lui et pour Jean Marie Droux de Vailly et Antoine Lemoine d'Ostel. Seul ce dernier savait signer.

Le règlement devait se faire à raison de 2/10e dans le mois, et ensuite 1/10e de 6 en 6 mois. Les trois compères ne purent honorer le premier versement, les Domaines reprirent leur bien et le remirent en folle enchère le 10 mai 1793.

D'autres affairistes, toujours de Vailly, étaient revenus, ils eurent peu de rivaux mais c'en est un de leur espèce, Nicolas Malinot, de Braine qui emporta l'enjeu à la 28e bougie pour 507.900 livres.

La chapelle avait définitivement fermé sa porte aux prêtres. Un état d'envoi d'argenterie d'églises à la monnaie, dressé à Soissons le 18 février 1793 mentionnait la saisie d'un calice et sa patène pesés 2 marcs 2 onces. La tradition à Serches pense que le bel autel de bois sculpté qui enrichit l'église paroissiale provient de la commanderie ; cela est douteux, en 1861, on assurait qu'il venait de Notre-Dame des Vignes de Soissons.

Charles Pinta s'accommoda avec ses nouveaux propriétaires, au Mont de Soissons il traversa les temps de la Révolution et de l'Empire. Il laissa la ferme à son gendre Neveux (marié en 1814) et se retira à Soissons où il trépassa âgé de 85 ans en 1827.

Visites Archéologiques

L'absence de documents fait qu'il n'est pas possible de s'imaginer, ni l'état topographique, ni celui architectural de la commanderie au temps de l'opulence templière. Les vestiges de la chapelle et le corps de logis suffisaient pour garantir un ensemble du meilleur goût XIIIe siècle, sans doute à l'image des constructions monastiques. Les lieux réguliers devaient voisiner avec la chapelle, tandis que ceux d'exploitation agricole s'en écartaient à 60 mètres environ à l'Est, là où se trouve la grange.

L'interminable conflit de Cent ans, l'abandon, l'absence d'entretien provoquèrent des ruines irréparables : « la maison était naguère fort grande d'édifices, mais à présent est fort détruite à cause des guerres des Anglais », lit-on dans le procès-verbal de visite de 1495.

Il semble bien que les restaurations effectuées alors, donnèrent au Mont de Soissons cet aspect qu'on retrouve sur les plans Charier et Petizon du XVIIIe siècle, aspect qui ne commencera à se transformer que sous le Second Empire (14).

Le XVe siècle réparateur, a édifié des murailles de protection qui s'imposaient aux lieux isolés. Hautes parfois de 3 mètres, elles renfermaient une vaste zone décrivant haches et renhaches, elle-même recoupée en trois parties irrégulières : celle du milieu dont la profondeur n'atteint pas moins de 165 mètres, contenait la cour de ferme, ses bâtiments et un savard - au Sud un vaste clos - au Nord un terrain humide, jardin, pâture et abreuvoir.

Le mouvement de rénovation des grandes fermes gagna le Mont de Soissons en 1854. L'usage en pareil cas, selon les baux du moment, imposait au fermier une participation, celui-ci devait se charger des charrois de tous les matériaux et de donner la soupe et le logement aux ouvriers pendant la durée des travaux.
C'est alors qu'on refit le portail et les deux bâtiments qui l'encadrent. Celui de gauche est long de 62 mètres, il abritait les étables et bergeries.
C'était une construction presque somptueuse par son beau matériau, l'alternance rythmique de ses portes et baies à linteaux en plein cintre. A l'exemple de la vieille grange une file de piliers supporte l'étage du fenil qui couvre toute la surface. Les pignons des ouvrages de cette campagne montrent le déclin des « escaliers soissonnais », chaque parpaing des rampants est scié pour former deux redans ; une fantaisie qui n'est que de cette époque agrémente des pignons d'un cœur posé en pinacle (cette particularité ne se retrouve guère qu'à la Siège et à la maison vigneronne de Serches).

En 1878-1880 fut construit dans le prolongement de la grange, le logis neuf à bas étage du fermier et enfin, quelques années plus tard on compléta la modernisation par les écuries qui furent adossées au colombier. Il avait été alors nécessaire de démolir une vieille muraille qui, du colombier, allait rejoindre le bout de la grange, et aussi de reculer la mare qui, jusqu'alors, s'avançait dans la cour.

Le résultat de ces dernières campagnes de travaux fut une régularisation de la cour, en outre celle-ci se trouva dès lors fermée partout par des édifices. Ce fut aussi un renversement de la cellule active de la ferme, de l'Ouest elle passait à l'Est, près du portail et de la grange ; ce déplacement réduisait le quartier déserté en annexe simplement accessoire, où les travaux d'entretien ne s'imposeraient plus, le vieux logis va s'acheminer vers la décrépitude bien qu'il abritera encore des domestiques de la ferme, tout en servant de débarras.

Ajoutons qu'en dehors du portail on voyait encore en 1885, un orme séculaire remarquable qui n'avait pas moins de 5,50 m de circonférence, il ombrageait un calvaire nommé la Croix Saint-Maurice.

La Chapelle

Dans son état actuel elle est composée d'une nef orientée de deux travées, et d'un chœur heptagonal. Le portail est à l'Ouest. A distance l'édifice paraît homogène, mais l'évidence se trahit au rapide examen, le vaisseau n'est que le produit d'un rafistolage artisanal. Ce sont les quatre piles avec leurs chapiteaux formant contreforts de la nef, qui étonnent au premier regard, d'autres raccords paraissent ensuite et ils sont nombreux :
— Soubassement du chevet en hémicycle, et sa partie haute pentagonale.
— Partie haute des contreforts du chevet.
— Contreforts posés sur les chapiteaux des quatre grosses piles.
— Colonnettes des fenêtres, sans continuité d'arcatures ou voussures, etc.
La restitution du plan primitif peut être tentée. Cette chapelle templière n'était pas la nef unique des commanderies voisines de Passy, Moisy, Lagny-le-Sec..., elle se composait d'un chevet en hémicycle, légèrement outrepassé (comme à Saponay), d'un transept et d'une nef à deux collatéraux (dont on ne peut préciser l'étendue).
L'édifice était entièrement voûté.
Les églises complètes du XIIIe siècle de ce genre sont rares dans la région, les plus proches sont Couvrelles et surtout Lesges pour sa nef.

A la suite des destructions qui ont été évoquées, on a rebâti la chapelle en usant du maximum d'économie. La partie basse de l'hémicycle et les quatre piles du transept debout comme des quilles, en ont fait l'ossature. Ce qui restait du chœur en a été rehaussé et porté à la hauteur de 9,90 m environ, et on l'a rejoint aux grosses piles par des murs neufs. Une simple charpente posée sur des entraints a ensuite couvert le vaisseau, large de 7,50 m.
Plans et dessins : Mont-de-Soissons
BNF

L'Abside

Est épaulée de 8 contreforts, élargis à leur bas par le glacis continu du niveau de l'appui des fenêtres. Les fenêtres étaient primitivement géminées (vestiges de meneaux), leurs piédroits du XIIIe siècle s'ornementent de 4 colonnettes, deux à l'extérieur et deux à l'intérieur. Leur partie haute disparue, a été remplacée au XVe siècle par des arcatures à deux cavets.

L'intérieur du sanctuaire, sous l'obscurité actuelle de son faux plafond permet mieux l'évocation des Templiers ; il conserve des colonnettes baguées qui soutenaient les voûtes, et la petite piscine incisée de son égout.

Vaisseau actuel

Ce sont les quatre piliers, le socle d'une colonne de la nef (conservé à la Croix Saint-Ursace) et des voussoirs d'arcs de voûtes retrouvés, qui aident à la restitution de l'intérieur primitif.

Au transept les piliers cylindriques, cantonnés de quatre colonnettes engagées sont intacts, avec leurs bases et les demi-corbeilles de chapiteaux à crochets et feuillage (hauteur 5,70 m) ; demi-corbeilles basses pour les bas-côtés, celles hautes pour la voûte de la nef.

Les deux piles fortes de l'Est montrent que le transept ne se reliait pas directement au chœur, il se trouvait là une travée supplémentaire qui devait correspondre à deux chapelles en prolongement des bas-côtés (exactement comme on les voit à l'église de Heutrégéville - Marne).
Toutes les piles et colonnettes étaient annelées, décoration attardée, rare pour le milieu du XIIIe siècle.

Dans la nef les socles octogonaux portaient une colonne, renforcée d'un faisceau de trois colonnettes, tourné du côté de la nef. Le faisceau était d'un genre rare, il partait du socle et non pas du tailloir des chapiteaux. Le profil des arcs identique à celui de Lesges se composait de deux boudins séparés par une moulure.

La reconstruction a dressé tous les murs latéraux, ils sont nus et sans corniche appréciable. Les quatre fenêtres paraissent n'avoir jamais reçu de remplages, leurs jambages sont seuls en remploi de matériau ancien mouluré.

Quant à la façade

Elle serait tout aussi décevante dans sa nudité, mais l'ordonnateur y a inséré des éléments récupérés d'un portail plus ancien. Ce sont les fines sculptures de ce sauvetage qui font regretter les parties disparues de la commanderie.

Les éléments rapportés sont : des panneaux d'ébrasements décorés de cette fine draperie de « quatre feuilles » d'un grand effet, qui, ailleurs, ornent les porches de Saint-Jean des Vignes. Au-dessus et de chaque côté, quatre colonnettes et leur couronnement d'une rangée monolithe de chapiteaux, délicatement fouillés. Le linteau est d'un seul bloc nu, sa décoration de quatre feuilles et son festonnage d'arcatures ont été tournés dans l'intérieur de la chapelle.

Les chapiteaux n'ont reçu que trois archivoltes, leurs claveaux sont d'une autre provenance ; replacés ici bout à bout ils ont formé des voussures et un tympan démesuré en mître. Pour compléter la décoration les maçons ont disposé derrière les colonnettes, d'autres panneaux de draperie.

Dans la totalité de l'actuelle chapelle, l'unique sculpture attribuable aux restaurateurs est la niche que l'on voit au tympan. C'est elle qui, avec la plinthe au profil prismatique qui ceinture l'édifice, confirme que les travaux sont du XVe siècle. Quant aux vestiges antérieurs ou remployés que nous avons décrits, leur façon comme leur décoration les attribuent au milieu du XIIIe siècle.

On en déduit que la reconstitution s'est faite au plus vite, sans souci artistique et sans frais, en utilisant les ruines. Néanmoins les proportions sont bonnes et la silhouette est élégante, les misères qu'on lit en examinant de près cette chapelle ajoutent à son intérêt.
Plans et dessins Mont-de-Soissons
BNF

Le vieux logis

C'était un édifice de 20,80 m sur 11,60 m, les murs latéraux étaient épais de 1 m et hauts de 9, et les pignons de 14,65 m environ. Des contreforts à larmiers épaulaient chaque travée interne. Sur le côté de la cour une tourelle semi-circulaire occupait le milieu de la façade, sa porte avait été l'accès primitif du manoir et elle ouvrait à un escalier à vis qui, dépassant la corniche, se terminait contre le comble très élevé.

Les baies du rez-de-chaussée étaient en tiers-point, hautes de 2,25 m mais seules celles des pignons étaient intactes. Plus petites et rectangulaires étaient celles de l'étage.

Le rez-de-chaussée faisait une seule salle à l'origine. Une file de trois colonnes la divisait en deux nefs voûtées, les trois colonnes rondes de 0,39 m de diamètres couronnées de chapiteaux octogonaux à crochets portaient les voûtes, dont les arcs étaient profilés en amande. Les voûtes s'encastraient aux parois sur des arcs formerets et les arêtes sur des culots. Les murs portaient encore des traces de peinture médiévale : fond ocre jaune à faux joints blancs. La grande cheminée contre le pignon Nord était très modifiée.

Cette grande salle avait bien entendu enduré des transformations au cours des âges, on l'avait recoupée en plusieurs pièces, et ouverte par de nouveaux accès.
L'étage n'était couvert que par un plancher.

Ce logis datait du XIIIe siècle, ses chapiteaux étaient de même école que ceux de la chapelle ; servit-il de réfectoire et dortoir de la communauté templière ? Cela est possible.

La toiture de tuiles plates avait beaucoup souffert du combat 1940, et le coût de sa réparation allait au-delà du profit que le bâtiment donnait à la ferme. Dans le conseil d'administration qui s'interrogea sur le parti à prendre, se trouvait une personnalité locale dont il faut dire que les réalisations sur les plans agricole et industriel étaient manifestes, le malheur fut que cet éminent promoteur n'appréciait que fort peu les vestiges archéologiques, et n'était pas d'humeur à se laisser intimider par un classement à l'inventaire. Sans hésiter il décida la suppression de l'édifice onéreux. Le renversement en 1951 ne s'effectua pas sans peine, mais il se fit sans bruit. Les débris allèrent empierrer les chemins et les parpaings servirent à l'édification d'un parc à bestiaux dans la cour (15).

Au revers du logis se trouvait le puits d'alimentation en eau et, à une dizaine de mètres de là, par un escalier à voussures en ressauts, on peut accéder à un caveau profond, que les signes d'appareillage de la voûte paraissent dater du XIV ou XVe siècle. L'extrémité du caveau semble murée ; la tradition persiste à voir là le départ de souterrains mystérieux, ils iraient l'un à Ambrief, un autre à Serches, et à Saint-Jean-des-Vignes peut-être... C'est la seule curiosité merveilleuse à signaler aux auteurs de notre temps, qui se disent spécialistes des questions templières, sont remplis d'imagination, et irradient tous leurs vestiges d'un halo de mystère.
Plans et dessins Mont-de-Soissons
BNF

Le Colombier

Le trouvait avant 1885 isolé dans la cour.
Il appartient au type soissonnais de plan octogonal. De volume normal, sa tour atteint 8,75 m. Sa chambre basse qui est voûtée sous arêtes, a été construite à usage de poulailler. Cette construction de facture début XVIIIe siècle, dépasse en importance celles du même genre qu'on bâtira peu après à Vauxbuin (moulin), la Siège et Vivières (château).
Plans et desins Mont-de-Soissons
BNF

La Grange

Elle se trouvait écartée des locaux pour échapper aux incendies éventuels, et était dans la clôture, en parallèle de la muraille.
L'intérieur de toutes les grandes granges des XIIIe et XIVe siècles du Soissonnais, renferme toujours deux files de piliers, simples chez les unes, réunis par des arcs chez les autres ; ces files divisant comme dans les églises, une nef et deux bas-côtés. Toujours les murs latéraux sont très bas, beaucoup plus bas que le sommet des piliers.

Une conception toute différente de ce qui précède a guidé l'architecte de la grange du Mont de Soissons, il n'a disposé qu'une rangée (centrale) de piliers, et a élevé à leur niveau les murs latéraux (6,30 m). Ces dispositifs ont simplifié la charpente et augmenté l'espace intérieur.

La grange large de 16,50 m avait 41,50 m de longueur en son état primitif, chaque pignon est épaulé de 3 contreforts. Neuf piliers intérieurs portent les fermes qui sont contrebutées par des contreforts au dehors des murs. Ainsi combinée son importance la classait en seconde place, après Confrécourt ; elle parut pourtant insuffisante et bientôt on lui ajouta trois autres travées au Nord, ce qui porta sa longueur à 55,60 m.

La toiture a été plus haute autrefois, les contreforts en effet, montrent que les pignons ont été abaissés, il y a lieu de dire aussi que sa couverture resta en chaume jusqu'à l'année 1862.

La nette évolution qui caractérise cette grange nous incline à la juger plus jeune que la majorité de ses voisines (16), lesquelles remontent en général, au quatrième quart du XIVe siècle. Elle est donc l'œuvre des chevaliers de l'Hôpital.
Sources : Bernard ANCIEN. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, pages 105 à 151. Tome XV, 4e série - 1973-1976. Soissons 1977.
BNF

COMMANDEURS DU MONT DE SOISSONS ET DE MAUPAS APRES 1470
1309 — Jehan de Gillocourt.
1359 — Jehan de Hesdin.
1370 — Guillaume de Chaconin. (*)
1376 — Aubert de Vauvillers.
1392 — Aimé de Montigny (ou Montagny).
1409 — Guillaume Prévost.
1416 — Jehan de Cacheleu (ou Cochelu), aussi commandeur de Maupas.
1456 — Edmond de Monnecove.
1481 — Mathieu de Sully (ou Soully).
1483 — Charles de Brumières (Brunières).
1490-1508 — Michel de Harzillemont, un des 22 enfants du seigneur de Branges, Loupeigne, Bruys, etc. Reçu dans l'ordre en 1484, fut grand bailli de Morée, capitaine général des galères de la Religion et trésorier de l'Ordre. Il fut blessé à l'oeil ou tué par une flèche au siège de Rhodes en 1522.
1517 — Nicole de Melun.
1524 — Pierre de (ou, de la) Fontaine.
1533 — Paris du Gard.
1555 — Louis de Vallée-Passay, Commandeur de Flandre, Mont de Soissons et Maupas.
1568 — Antoine de (ou, de la) Fontaine.
1573 — Jehan de Cuvillers Seigneur de Coucy-les-Eppes dont il construisit le château. Commandeur de Slype (1569-1576) - de Beauvais-en-Gâtinais (1570-1574) et du Montde Soissons (1573-1587).
1587 — Louis de Maillet (ou Mailloc).
1594 — Adrien de Brion.
1615 — Nicolas de la Fontaine.
1640 — Guy de Chauveau.
1642 — Gilbert de Vieubourg.
1651 — Léonor de Boullainvilliers, seigneur d'Amoral, le Mesnil, Courlenée - commandeur du Mont de Soissons et de Moisy-le-Temple.
1669 — Adrien de Vignacourt.
1680 — Antoine de Bardoul et la Bardoullière.
1696 — Gabriel de Cassagnet de Villadet.
1706 — Nicolas de Gaudechart de Bacheville.
1715 — Eustache de Bernait d'Avernes. Son marbre noir funéraire ôté des ruines de la chapelle de la Commanderie de Sainte-Vaubourg, se voit dans l'église du Val-de-la-Haye (Seine-Inférieure).
Il avait été posé en 1748 par son neveu François de Bernart d'A - ancien capitaine de galère et alors commandeur de Fontaine-sous-Montdidier et Chanu, qui avait tenu à en faire un mémorial Maltais de famille.
On y lit que d'oncles à neveux l'ordre conservait un chevalier et qui l'un à l'autre transmettait la même commanderie. Ce cas qui doit compter parmi
les plus curieux mérite d'être signalé :
— Gilles de Bernart de Courmesnil - reçu chevalier 1607 - Commanda la galère
Saint-Paul 1633 - Receveur et procureur général de l'Ordre - Commandeur de Sours et Arville et de Sainte-Vaubourg - décédé 1650.
— Eustache de Bernart d'Avernes - reçu 1640 - commanda une galère et un vaisseau, fit beaucoup de prises sur les Turcs - aussi Receveur et procureurgénéral - Commandeur de Moisy, Fontaine-sous-Mondidier, Sainte-Vaubourg - décédé 1692.
— Eustache de Bernart d'A. reçu 1669 - Commandeur de Sainte-Vaubourg 1649, de Maupas 1715 et Grand prieur de Champagne 1734-1747. Décédé 1747.
1747 — Christophe François de Thumery, d'une famille originaire d'Ecuiry qui a donné beaucoup de chevaliers de Malte.
1755 — Pierre de Polastron.
1756 — Louis Jacques de la Cour, ancien major de dragons, demeurant à Triel.
1768 — Jean du Merle de Blancbuisson (des seigneurs de Lavergny), reçu 1714 - Commandeur de Saint-Marc d'Orléans 1753-1765 puis Maupas, décédé à Versailles 1772. Avait deux frères et un oncle chevaliers de Malte.
1777 — Joseph de Hennot de Théville, demeurant à Valognes.
1786 — Charles François de Calonne d'Avesnes, résidait à Blangy en 1791.

* — 51. Chauconin (Guillaume DE).
— Lecacheux imprime à tort : « Montesaxano », le registre portant : « Montesaxane »
Il s'agit de Guillaume de Chauconin, qui, en 1365-1366, était commandeur du Mont-de-Soissons (Aisne, canton de Serches) depuis peu de temps.
Le 22 octobre 1363, en effet, il occupait encore la commanderie de Boux-[aux-Bois] (Ardennes, canton du Chesne) et Merlan (Ardennes, canton de Juniville, commune d'Aussonce), après avoir été, au moins de 1355 (14 mai) jusqu'à 1358 (11 juin), commandeur de Seraincourt (Ardennes, canton de Château-Porcien).
Il resta commandeur du Mont-de-Soissons jusqu'à sa mort, survenue entre juin 1373 et février 1375 ; depuis juin 1372, il avait confié l'administration de la commanderie à frère Renout de la Fontaine.
(Archives de Malte, lib. bull. I, folio 93 ; IV, folio 3206 ; Paris, Archives nationales, MM28, folio 13 b et 129 b ; MM29, folio 486 et 79; MM 30, folio 1).
Sources: J. Delaville Le Roulx. Mélanges sur l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, page 19. Paris 1910.
BNF

Notes et Additions

1. Templiers qui furent incarcérés
— Etudes de Nanteuil (de subtus Morello - Muret)
— Thierry de Vabellain (Villeblain)
— Lambert de Courmelles
— Henri de Compiègne
— Jean de Saint Remy
— Jean de Berzy
— Adam de Vierzy
— Jean de Mortefontaine - prêtre
— Dreux de Vivières, gardien de la commanderie de Barberon
— Jean de Septmonts - prêtre
— Jean de Villers (Agron ou Hélon)
— Jean de Vaubellant (Vauberlin)
— Jacques de Courmelles
— Jean de l'Oratoire (Orrouy)
— Nicolas de Compiègne
— Jean de Courmelles, prieur de Moisy
— Gaultier de Villesavoye
— Etienne de Compiègne
— Robert de Monthiers, prêtre
— Guillaume de Roy
— Gilles de Pavant
— Raoul et Pierre de Compiègne
— Bertrand de Montigny (Lengrain)
— Vermond de Saconin, servant
— Adam dit le Maréchal
— Bernard ou Reginald de Ploisy
— Jean de Bézu Saint-Germain, servant
— Etienne de Sancy
— Le Moyne de Coeuvres.
2. Procès des Soissonnais cf : Ed. Fleury Société Académique de Laon, tome XIV (1864) — Pêcheur Annales du Diocèse, tome TV, page 141.
3. L'abbé Pétel : Les Templiers à Sancey, a publié et discuté ses trois dépositions.
4. E. Mannier : Ordre de Malte — Les commanderies du Grand Prieuré de France (1872).
5. R. Tartière : Chassemy à travers l'histoire (Ms de 1936) a donné le titre des actes concernant Chassemy et conservés aux Archives Nationales.
6. Vuaflart : notes sur le Mont Hussart et les biens de Malte — Bulletin Société Archéologique Soissons, tomes XVII et XX.
7. Nos auteurs locaux depuis Berlette et Dormay ont assez sommairement rapporté cet événement qu'ils tiraient d'un pseudo Monstrelet. Pêcheur (annales IV, 589-607) qui connut en plus l'extrait de Melleville, et fut donc en présence de deux textes, n'a pas su reconnaître la même affaire.
— cf. Mémoires de J. de Clercq et cartulaire de l'abbaye N.-D. (H. 1508).
8. Cf. B. Ancien : la commanderie et le château de Maupas (Ms).
9. Bibliothèque de Soissons - Ms Louvet 258.
10. Bibliothèque de Soissons - Coll. Périn 4003-4004.
11. L'arpentage de Petizon 1777 donnait 493 arpents 80 verges 2/3 à la mesure d'ordonnance et en 29 articles, ce qui se convertit en 252 hectares 18.
— P. Brunet (structure agraire... page 304) a indiqué 261 hectares, en soulignant la caractéristique des rares fermes de plateaux dont le domaine est toujours peu morcelé. Ici 193 hectares étaient jointifs, le reste 68 hectares était réparti en une quinzaine de parcelles. L'arpentage Levasseur de 1846 totalisait encore 253 hectares 05-63.
12. Lieutenant Chalandon : rapport sur les journées des 7 et 8 juin (Bulletins Amicale des 28e et 68e B.C.A.)
— M. A. Fabre : Avec les héros de 40 (Hachette 1946)
— Docteur Charbonnier : compte rendu des 7 et 8 juin 1940 (Bulletins Amicale 28e et 68e B.C.A.)
— Colonel Bertrand : le 28e B.C.A., 8 juin (le Cor de chasse, mars à juin 1974)
— Historique des groupes de reconnaissance issus du 9e cuirassiers (Lavauzelle 1943)
— Journal de marche des 11e et 12e groupements de cavalerie
— Lieutenant-Colonel Bréguier : les étapes d'un régiment breton, 71e R.I. (Berger Levrault 1953).
13. Ferme de l'Epitaphe ou ferme Neuve (noms récents, commune de Nampteuil) — Elle a été transportée en ce lieu au siècle dernier, au moment où l'évolution de l'agriculture commençait à susciter le rapprochement des terres de « montagne »
14. Il est surprenant de constater que ce plan, avec sa distribution de bâtiments d'exploitation, correspond exactement avec celui de la commanderie Sur Coulommiers. Ferme menacée de démolition, Coulommiers bénéficie depuis 1968 d'une intelligente et zélée opération de sauvetage.
15. Rien n'a été sauvé de cette démolition, sinon un chapiteau et des tambours de colonnes que l'on conserve à Soissons. Les épaves des ruines du XVe siècle avaient duré davantage, beaucoup de blocs moulurés se retrouvent dans les murs de clôture de la ferme. En 1861 encore on rencontrait à chaque pas dans la cour et dans les environs, des chapiteaux, des fûts de colonnes et des gargouilles, tout cela était exposé à une destruction inévitable notait S. Prioux ; de fait on n'en connaît plus qu'une gargouille, elle est dressée en borne chasse roue, au coin d'un bâtiment.
16. Granges — cf. Mémoires de la Fédération des Sociétés d'Histoire de l'Aisne, tome XVII (1971), page 93.

Sources : Bernard ANCIEN. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, pages 105 à 151. Tome XV, 4e série - 1973-1976. Soissons 1977.
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