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Études réalisées sur les Templiers

5. Les templiers et la ville : le cas de Perpignan

Comme bon nombre de localités de la plaine du Roussillon, Perpignan semble être née d’un processus d’agglutination de l’habitat dans et autour du périmètre de paix de l’église, espace généralement qualifié de cellera dans les textes contemporains (294).
Édifiée par les probi homines du lieu, l’église Saint-Jean-Baptiste (aujourd’hui Saint-Jean le Vieux) est consacrée par l’évêque d’Elne le 15 mai 1025. Dans l’acte de consécration, le prélat précise les limites de la paroisse dans le ressort de laquelle l’église Saint-Jean doit percevoir les dîmes et les offrandes, avant de lui octroyer son cimetière : « (...) cum cimiterio in girum ecclesiae ad corpora mortuorum sepelienda (295) »

Au début du XIIe siècle, la cellera, le noyau primitif de la ville où se dressent la résidence comtale, le cimetière, ainsi que plusieurs mas, était protégée par un mur et des douves (297).
Elle était alors bordée au nord par la Têt, dont le chenal empruntait un tracé plus méridional que de nos jours. Le fleuve est en effet mentionné en 1116 comme délimitant le terrain concédé par le comte de Roussillon, Arnau, et le viguier de Perpignan, Pere Arnau, pour l’édification de l’hôpital des pauvres (298).
Placé lui aussi sous le patronage de saint Jean-Baptiste, cet établissement caritatif est compris dans le quartier canonial, lieu de résidence des
chanoines desservant l’église Saint-Jean sous l’autorité d’un chapelain (299).

À environ deux cents mètres à l’ouest de l’église, au carrefour des principaux axes routiers, les comtes ont établi un marché, le mercadal, sur lequel ils perçoivent un droit de leude, dont les revenus leur servent à rémunérer la fidélité de leurs vassaux (300).

À l’extrémité de la place du marché où se déploient les étals des commerçants, un emplacement est réservé au commerce de la viande de boucherie. Ce mazell est mentionné dès 1152 (301).
Déjà de nouvelles habitations se dressent de part et d’autre de la principale artère reliant le cœur spirituel de la ville à son poumon économique. Quand les templiers arrivent dans la capitale du comté de Roussillon, celle-ci a donc déjà entamé un processus de croissance similaire à celui qui affecte alors bon nombre de bourgs marchands méridionaux.

La formation du temporel urbain
L’implantation de l’ordre du Temple à Perpignan intervient de manière assez précoce, ce qui se conçoit aisément puisque la capitale du comté de Roussillon, siège du pouvoir politique, constituait également une étape importante sur la route terrestre reliant Narbonne à Barcelone. Le premier templier catalan mentionné par les sources se nomme significativement Pere Bernat de Perpignan (302).
Celui-ci accompagne Hugues Rigaud à Barcelone à la cour du comte Ramon Berenguer III au mois de juillet 1131 (303). Pere Bernat est le premier frère recruté localement ayant exerçé une fonction administrative en Roussillon et en Carcassès, où il est actif au moins jusqu’en 1141 (304). Sur le plan temporel, il faut attendre quelques années avant que l’ordre militaire ne reçoive ses premiers dons importants dans la paroisse de Perpignan.

La constitution du patrimoine urbain est inaugurée par un document formulé de façon originale, rédigé le 25 mai 1139, par lequel Guillem Gairard et son frère Arnau, tous deux templiers, informent le comte de Roussillon, Gaufred III, et les « probis ejusdem oppidi », autrement dit les représentants de la communauté des habitants de Perpignan, qu’ils ont concédé à titre perpétuel leur héritage maternel à leurs frères du Temple. Ils précisent qu’ils avaient engagé un champ et une vigne issus de ce patrimoine à leur beau-frère, Albert, pour le prix de 140 sous de Roussillon. C’est pourquoi ils s’en remettent à la charité et à la piété du comte, et le supplient de veiller à ce que cette terre bénéficie à l’oeuvre des pauvres chevaliers
du Christ. Le comte confirme la donation de cet honneur situé dans les limites de sa ville de Perpignan, à la réserve du quartum qu’il perçoit sur celui-ci. Pour prix de cette confirmation, les templiers ont donné à Gaufred III les 40 sous que celui-ci leur devait. Ce fait est particulièrment intéressant puisqu’il indique que les frères de la Milice assuraient déjà la fonction de créancier auprès du comte de Roussillon. L’acte est approuvé par le viguier comtal, Berenguer de Guardia, qui reçoit 20 sous (305).

La capitale du comté de Roussillon prend très vite une dimension importante dans la stratégie sociale déployée par les templiers, qui paraissent avoir très rapidemment développé d’étroites relations avec certains membres de l’oligarchie urbaine. On constate en effet que les noms de certains bourgeois perpignanais figurent régulièrement parmi les témoins des donations ou ventes faites au Temple contractées dans cette ville. C’est le cas, par exemple, de Ramon Esteve, Pere Ermengau et Bernat de Rennes, qui souscrivent plusieurs fois ensemble ou séparément (306). Fort du soutien comtal - cinq donations de Gaufred III et de Girard II concernent des biens situés dans la paroisse de Perpignan (307) - et des liens noués avec les grandes fortunes de la capitale, l’ordre du Temple s’insère progressivement dans le tissu urbain en y acquérant divers biens fonciers ainsi que d’importants droits économiques (308).


Les moulins
L’attention des templiers semble s’être tout d’abord focalisée sur le contrôle, stratégique dans le contexte économique médiéval, des moulins situés dans la paroisse Saint-Jean de Perpignan. Ainsi, le 8 février 1146, frère Bernat de Peralada obtient de Gaufred III la confirmation de l’achat de deux moulins fait à Pere Vicenç (309). Le comte reçoit 30 sous et se réserve le cens de 12 deniers de monnaie roussillonnaise qu’il perçoit sur ces moulins en raison de son droit de directe. Cinq mois plus tard, l’administrateur templier achète pour 200 sous de monnaie roussillonnaise à Pere et Joan Robert la moitié d’un moulin attenant aux moulins précédents (310).

L’importance des enjeux économiques liés au contrôle des moulins hydrauliques de Perpignan ressort d’une transaction passée le 25 juillet 1149 afin de régler le litige opposant Gaufred III au puissant seigneur Ramon de Castell Rosselló à propos de l’usage commun du canal des moulins qui appartenaient autrefois aux défunts Arnau Pere, négociant, et Ramon Vicenç, lequel était sans doute un parent de Pere Vicenç évoqué ci-dessus (311).
L’arbitrage fut confié aux bons hommes de Perpignan et à frère Arnau de Saint-Cyprien, successeur de Bernat de Peralada, ce qui manifeste de façon patente l’influence sociale et l’envergure morale que l’ordre du Temple avait déjà acquises dans le comté de Roussillon au milieu du XIIe siècle. Le règlement accepté par les deux parties prescrit que les hommes de Perpignan ayant des droits sur ces moulins avec les templiers doivent contribuer pour deux-tiers aux dépenses occasionnées par la construction ou l’entretien du barrage et du canal d’amenée, et les hommes de Castell Rosselló pour l’autre tiers. Chacun devra veiller à ce que les moulins disposent de toute l’eau nécessaire à leur fonctionnement. En cas de besoin, les hommes de Castell Rosselló sont autorisés à prendre davantage d’eau, à condition toutefois de ne pas porter préjudice au fonctionnement des moulins. Si ceux de Perpignan refusent de participer aux dépenses, comme le veut la coutume, les hommes de Castell Rosselló auront le droit de saisir les anilles des moulins, et de les conserver jusqu’à ce que les Perpignanais aient payé ce qu’ils doivent (312).


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Le contrôle des moulins bladiers de Perpignan a également suscité la convoitise d’un autre l’ordre militaire, celui de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, qui, en 1167, achète à une femme nommée Bigorra cinq moulins situés dans la paroisse de Saint-Jean de Perpignan, entre les moulins de la milice du Temple et ceux de Pere Jaume, pour le prix de 900 sous de monnaie melgorienne. L’achat est confirmé par le comte de Roussillon, seigneur de Perpignan, qui reçoit 300 sous, soit le tiers du prix de vente (313).

Le casal dans lequel tournaient les roues des moulins acquis par les deux ordres militaires se situait à l’est de la ville, il fut désigné par la suite Moulins d’aval, afin de le distinguer des autres établissements de meunerie édifiés au XIIe et XIIIe siècle sur le territoire de Perpignan. Un accord passé en 1300 entre le commandeur du Temple, d’une part, et le commandeur hospitalier de Bajoles, d’autre part, pour la construction à frais communs d’un pont facilitant l’accès aux Moulins d’aval, nous apprend que les templiers y détenaient toujours trois roues et les hospitaliers cinq (314).

Les actes montrent que les templiers attachaient beaucoup d’importance au fait de posséder le plus grand nombre possible de moulins à Perpignan. Il s’agissait pour eux d’avoir la mainmise sur un secteur crucial de l’économie. Après la première phase d’acquisition des années 1140, ils réussirent, par le biais de donations ou d’achats, à prendre le contrôle de nouvelles roues.

Le 4 juillet 1172, le dernier comte autonome de Roussillon, Girard II, lègue au Masdéu ses moulins situés près de la Porte de Malloles, à l’ouest de la ville (315). Par opposition aux précédents, ces moulins furent appelés Moulins d’amont. Puis, le 24 août 1232, Guillem Pere de Tatzó d’Amont cède à frère Rostain, commandeur du Masdéu, ses droits sur un moulin situé à Perpignan, que son frère Ramon Arnau avait vendu à la milice du Temple (316). Guillem Pere reconnaît avoir reçu sa part du prix de cette vente et confirme celleci.

L’acte précise que ce moulin se trouvait entre un moulin du Temple et un moulin appartenant à une femme nommée Palaciola, mais nous ignorons dans quel établissement de meunerie il se situait (317).

Conséquence de l’expansion urbaine, le réseau d’alimentation en eau des moulins situés dans le nouveau quartier Saint-François se densifie au cours de la deuxième moitié du XIIIe siècle. Le 20 mai 1262, Jaume Ier concède à titre perpétuel à frère Guillem de Montgrí, commandeur, et aux frères du Masdéu le droit d’utiliser l’eau qui s’écoule dans le canal de Ponç Pauc, devant les entrées de leurs étables et de leurs jardins, afin d’irriguer leur jardin situé près du bief des moulins du Temple et près du couvent des frères Mineurs. Le roi leur accorde la faculté d’y puiser de l’eau pour en user à leur volonté, pourvu qu’il n’en résulte aucun préjudice pour l’écoulement du canal, de sorte que nul ne les empêche d’utiliser cette eau ou ne leur occasionne quelque autre désagrément (318).
Mais la multiplication des aménagements hydrauliques dans ce secteur de la ville ne pouvait que générer des conflits d’intérêts liés à l’usage de l’eau, force motrice des moulins hydrauliques. C’est ainsi qu’un litige opposa cinq ans plus tard le commandeur du Masdéu, d’une part, et Pere Pauc, d’autre part, à propos d’une resclausa que ce dernier faisait édifier sur la Basse de Perpignan afin d’alimenter les moulins qu’il venait de faire construire près de la porte d’en Albencha, soit approximativement à une centaine de mètres en aval des moulins légués au Temple par le
comte Girard (319).
Le commandeur avait dénoncé publiquement ces travaux car il craignait que la mise en place de ce barrage ne fasse refluer les eaux et n’entrave ainsi le bon fonctionnement du barrage des Moulins d’amont du Temple.

Un règlement à l’amiable contracté sous l’autorité du batlle de Perpignan le 10 janvier 1267 appaise momentanément le conflit opposant deux des principaux propriétaires de moulins de la ville. Le commandeur autorise Pere Pauc à construire sa resclausa et à en faire usage pendant un mois à compter du jour de la transaction. Passé ce délai, à sa réquisition, Pere Pauc sera tenu de détruire une canne de ce barrage à l’endroit qui lui sera désigné par le religieux administrateur, de façon à ce que cette digue ne provoque pas de stagnation d’eau et n’occasione aucun dommage aux moulins du Temple situés en amont de celle-ci. Toutefois, si Pere Pauc refusait d’obtempérer, le commandeur ferait appel au batlle de Perpignan afin de procéder à la destruction du barrage, sans que le bourgeois ne puisse recourir en justice.

Guillem de Vilarasa, batlle de Perpignan, s’est personnellement obligé envers le commandeur de faire appliquer cette clause. Pour sa part, Pere Pauc promet de ne pas entraver la destruction du barrage sous peine de 1000 sous d’amende (320).

Cinq ans plus tard, un affaire similaire oppose les templiers au fils de Pere Pauc à propos d’un autre barrage situé, cette fois, en amont de celui du Temple. Le 23 mars 1272, frère Ramon Desbac, commandeur du Masdéu, et frère Pere Sabater, commandeur de Perpignan, d’une part, et Ponç Pauc, d’autre part, règlent le litige qui les opposait à cause de la resclausa édifiée par ce dernier dans le lit de la Basse, en aval de ses moulins dits de la Tour, afin d’alimenter les moulins qu’il possède dans la ville de Perpignan. Les templiers se plaignaient du fait que ce barrage empêchait l’eau de la rivière de s’écouler vers les moulins du Temple (321).
L’accord autorise Ponç Pauc et les siens à faire et tenir un ou plusieurs barrages sur la Basse en amont du pont situé près de la vigne du Temple et du jardin de Ferrer d’en Auda, avec la faculté d’en utiliser l’eau à leur guise. En dédommagement du préjudice que l’installation de ces prises d’eau est supposé occasionner aux moulins du Temple, Ponç Pauc assigne aux templiers une rente annuelle de 3 sous et 9 deniers d’esterlins (322).
Nous ne disposons pas d’information concernant la façon dont les templiers faisaient valoir leurs moulins de Perpignan. On ne sait s’ils y entretenaient une main d’oeuvre salariée ou, plus probablement, s’ils en affermaient l’usufruit à des meuniers moyennant le paiement d’une redevance fixe ou proportionnelle.

La seigneurie des moulins était une prérogative banale, ce qui implique que les habitants relevant de leur banlieue - au sens étymologique du terme - étaient contraints d’y faire moudre leur grain moyennant le paiement d’un droit de mouture, autrement dit d’une portion déterminée de la farine obtenue après le broyage des grains (323).
Un acte provenant du chartrier de la commanderie hospitalière de Bajoles prouve que cette pratique était de mise à Perpignan. Le 18 mars 1220, Guillem Adalbert et son fils Guillem donnent à l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem les moulins qu’ils possèdent sur la rive droite de la Tet, dans la paroisse Saint-Jean de Perpignan. À cette occasion, les deux bourgeois concèdent aux hospitaliers que tous les hommes qui tiennent pour eux des jardins sur la grève de Perpignan seront tenus de moudre leur blé dans ces moulins, comme ils le faisaient auparavant pour eux.
Le contrat impose deux conditions aux hospitaliers : qu’ils garantissent que le grain soit convenablement moulu, d’une part, et que les tenanciers puissent continuer à user librement de l’eau pour irriguer leurs jardins sans aucune servitude, d’autre part. Quant aux tenanciers qui refuseraient de donner leur grain à moudre, ils se verraient privés de leur droit d’irrigation (324).

En vertu de ce principe, les templiers, qui disposaient de moulins de part et d’autre de l’enceinte de la vieille ville, pouvaient donc compter sur une clientèle nombreuse. Mais cet aspect nous échappe totalement. Nous savons seulement qu’en 1264 la rente annuelle des cinq moulins du Temple était estimée à cinquante hémines et demi de froment et quarante-cinq hémines d’orge (325).
Ces chiffres correspondent vraisemblablement au droit de mouture. On peut les comparer avec les trente-cinq hémines de froment et cent hémines d’orge que leur rapportait alors l’exploitation de leur réserve de Perpignan qui comptait dix-neuf pièces de terre et vignes (326).

En dehors de Perpignan, l’ordre du Temple avait acquis des moulins dans plusieurs localités de comtés nord-catalans : Brouilla, Corbons, Nidoleres (suite à l’acquisition du prieuré de Sant Salvador de Cirà), Malloles, Nyls, Pézilla-de-Conflent, Centernac, Villefranche de Conflent (327).

On notera enfin que, contrairement à leurs homologues des commanderies de Douzens ou de Gardeny, les templiers du Masdéu ne semblent pas avoir détenus des moulins à foulon (328).


Les mesures du marché
Les templiers ont acquis très tôt des droits sur les mesures de Perpignan. Aux alentours de 1150, frère Arnau de Saint-Cyprien, avec l’accord du maître de l’ordre, Pere de Rovira, avait concédé à Pere Brunet et Adelaida le mesurage de l’huile de Perpignan (329).

C’est ce que nous apprend un acte du 6 avril 1232, par lequel la petite-fille de ces derniers, Adelaida, son époux Joan Galix, et leurs enfants, Joan et Maria, restituent ce droit à frère Rostain, commandeur du Masdéu, et à frère Guilhem de Gévaudan, commandeur de la maison de Perpignan, moyennant 200 sous de monnaie melgorienne (330).

Nous savons également que les templiers possédaient des étals sur le marché à huile de Perpignan dont ils tiraient des revenus en les acensant à des particuliers. Ainsi, le 1er septembre 1256, frère Ramon de Vilanova, commandeur de la maison du Temple de Perpignan, donne à acapte à Arnau Geita, prêtre, et à Joan Geita un étal situé sur la place de Perpignan, près du lieu où l’on vend de l’huile. Le contrat stipule que les tenanciers disposent de cet emplacement commercial pour en jouir leur vie durant, à condition d’en assurer l’entretien et d’acquitter le cens, relativement élevé, de 6 sous et 3 deniers de monnaie barcelonaise le jour de la fête de saint Vincent. Le montant du droit d’entrée payé par les preneurs est de 2 sous et 6 deniers (331).

Si nous ignorons dans quelles circonstances les templiers ont fait l’acquisition des mesures de l’huile, nous savons par contre que c’est en vertu du testament du comte Girard II qu’il héritèrent en 1172 du monopole des hémines, autrement dit des mesures du blé du marché de Perpignan (332).

Au mois de mai 1202, les frères du Masdéu réussissent à augmenter leur emprise sur le commerce des céréales dans la capitale du Roussillon en obtenant tout ce que Bernat Armiger perçevait sur le droit de mesurage du blé de toute la ville de Perpignan (333).

Trois articles des coutumes réglementant l’usage des mesures du marché nous fournissent de précieuses indications sur les conditions de prélèvement et le montant de ces taxes économiques.

L’article 31 prescrit que tout habitant de Perpignan qui vend du blé le jeudi, jour du marché hebdomadaire, en utilisant la mesure de la milice du Temple, doit payer le droit de mesurage comme n’importe quelle autre personne. Par contre, pour le blé vendu les autres jours de la semaine, il n’est tenu de payer que la moitié de cette taxe, dont le taux est fixé à une cosse par hémine mesurée (soit 1/48e). Il est ensuite précisé que la mesure du Temple est le demi-carton, et qu’il faut six cosses pour faire une mesure.

L’article 32 fixe le droit de mesurage de l’huile qui doit être payé aux templiers le jour du marché à une cosse par pesée, la cosse représentant le douzième du demi-carton utilisé pour mesurer l’huile (334).

Enfin, l’article 29 stipule que chaque habitant de Perpignan a le droit de posséder ses propres poids et mesures pour le pain, le vin, l’huile et autres produits. Tout citoyen a la faculté de faire commerce de ces marchandises dans sa maison ou ailleurs, hormis sur la place du marché où l’on a coutume de vendre le blé et l’huile. Il est par contre interdit aux habitants de posséder le quintal, le poids étalon de Perpignan, prérogative qui relevait du seul seigneur de la ville, autrement dit du comte de Roussillon (335).

Notre connaissance des mesures en usage dans la capitale du Roussillon à la fin du XIIIe est heureusement éclairée par un règlement municipal promulgué le 29 janvier 1287, à l’occasion de la réfection de la mesure étalon. Les consuls Guillem de Codalet, Llorenç Redon et Guillem Homdedeu, du consentement de Pere Adalbert, batlle de Perpignan, de Ramon Nicolau, lieutenant du juge à la cour du batlle, et des principaux représentants des notables et artisans de cette ville, établissent, au nom de l’université des habitants de Perpignan, que la mesure en pierre qui vient d’être refaite et étalonnée sur la mesure légale de la maison du Temple de Perpignan, appelée demi-carton, sera désormais la mesure légale en vigueur dans cette ville. Par conséquent, quiconque voudra vendre ou acheter des céréales ou des légumes dans ce lieu devra utiliser cette mesure. Il est arrêté qu’une hémine doit contenir huit mesures rases et que pour chaque pesée on ajoute quatre cosses pour compensation (pro turnis), soit une cosse par carton, soit un douzième (336).

La mesure ou demi-carton doit contenir quatre pugnères ou six cosses. Les consuls et tous leurs successeurs ont la responsabilité de maintenir cet étalon en pierre au nom de l’université de la ville de Perpignan. Cet acte important est passé en présence du viguier de Roussillon Jaume de Mora, et du commandeur de la maison du Temple de Perpignan, frère Pere de Camprodon, dont nous verrons ultérieurement qu’il exerçait alors également l’office de procureur du roi de Majorque (337).

Il convient de bien distinguer les mesures du blé léguées aux templiers du poids du blé. Institué par Jaume Ier à la demande des habitants de la ville le 5 février 1266, ce poids était spécialement destiné à peser le grain que les particuliers s’apprêtaient à faire moudre dans les moulins de la ville, et la farine qu’ils rapportaient en revenant des moulins. Le montant du droit de pesage était laissé à la libre appréciation de l’universitas hominum Perpiniani. Le produit de cette taxe devait alimenter la caisse communale et son utilisation était laissée à l’appréciation de la communauté ou de ses rectores, sans que le roi ne puisse jamais en rien réclamer (338).

L’établissement de ce poids visait donc à préserver l’intérêt des habitants en lesprémunissant contre les pratiques frauduleuses des meuniers, dont on a vu que beaucouptravaillaient dans les moulins du Temple.

Pour les templiers, la possession des mesures constituait une source de revenus en nature dont nous connaissons les chiffres pour 1264. Cette année là, les mesures du blé de la foire de Perpignan ont rapporté 57 hémines d’orge et 38 hémines de froment.
Quant aux mesures d’huile de la foire, elles leur ont rapporté 128 quartiers d’huile, mais il est précisé que les frères ont utilisé une quantité importante de cette huile - sans doute pour les besoins alimentaires et pour l’éclairage des commanderies -, cette dépense décomptée, il ne leur reste plus que 40 cartons (339).

Au cours de la dernière décennie du XIIIe siècle, les templiers profitent de l’expansion démographique de la ville pour y renforcer davantage leur emprise sur le commerce du blé en contribuant au finançement de la construction de la nouvelle halle au blé de Perpignan édifiée à l’emplacement des fossés qui bordaient l’ancienne porte d’Elne. Il y avait alors dans la capitale du comté plusieurs places affectées à la vente des céréales les jours où se tenait la foire publique. Mais, en raison de l’augmentation de la population de cette ville et des autres localités du Roussillon et d’ailleurs, ces places ne suffisaient plus à accueillir le nombre sans cesse croissant de commerçants qui affluait pour y vendre leurs céréales. C’est pourquoi le roi de Majorque prit la décision de déplacer la foire aux blés vers un emplacement plus spacieux.

Le 29 juin 1293, Jaume II ordonne donc la création d’une place unique spécialement destinée à la vente des céréales les jours où se tient la foire de Perpignan, à l’exclusion de toute autre place, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’enceinte de la vieille ville (340).

Le roi précise qu’il avait déjà fait aménager et recouvrir cette place par le moyen d’une charpente reposant sur des colonnes de pierre, et que ces travaux avaient entraîné de lourdes dépenses, auxquelles frère Ramon de Saguàrdia, commandeur de la maison du Temple du Masdéu, a contribué pour le montant de 5000 sous de monnaie melgorienne. Pour cette raison, le roi ordonne que la nouvelle place demeure toujours au même emplacement, et que les templiers y perçoivent leur droit de mesurage comme ils avaient coutume de le faire auparavant sur les anciennes places publiques affectées à la vente des céréales ; et que, les jours de foire, personne ne puisse vendre d’autres céréales que celles mesurées avec les mesures du Temple dans les maisons et boutiques qui donnent sur la nouvelle place.

Afin d’assurer le bon fonctionnement du nouveau marché, Jaume II promulgue une série de mesures coercitives. Les templiers peuvent désormais dénoncer les fraudes au batlle de Perpignan et aux autres officiers royaux, qui sont chargés de veiller à la bonne application du nouveau règlement et de poursuivre tous les contrevenants. Ainsi, quiconque vendra des céréales dans cette place et s’en ira sans avoir payé le droit de mesurage perdra les céréales, ou le prix de celles-ci, qui sera versé au roi, et le contrevenant sera de plus contraint de payer aux templiers le droit de mesurage du blé vendu (341).

On voit que la politique urbaine du roi de Majorque bénéficiait de l’appui et des finances du Temple. En facilitant le contrôle du commerce du blé, cette association opportune et fructueuse contractée par les deux grandes puissances temporelles de la ville permettait aux templiers de renforcer leur mainmise sur un marché céréalier en pleine croissance. Toujours prompts à saisir les bonnes occasions, les religieux profitent de l’aubaine pour réaliser de fructueux investissements immobiliers en acquérant des terrains constructibles dans l’environnement immédiat de la halle au blé. Le 16 novembre 1295, Jaume II confirme ainsi au commandeur du Masdéu l’acquisition d’un terrain situé devant la nouvelle place, sur lequel ses coreligionnaires ont fait édifier une maison ou boutique dotée d’un étage. Outre son foriscapium, le roi ne réclame en retour qu’un denier de cens (342).

Le montant dérisoire de cette redevance purement symbolique témoigne de l’estime et de la grande faveur que le roi accordait aux administrateurs de l’ordre du Temple dans son royaume. Il est vrai que l’un d’eux, frère Jaume d’Ollers, exerçait alors l’office de procureur royal des comtés de Roussillon et Cerdagne. Le commandeur du Masdéu, frère Ramon de Saguardià, était lui même un proche du roi (343).

À la fin du XIIIe siècle, les templiers percevaient également l’arrière-dîme sur le poids de Perpignan. Comme cela a été dit précédemment, ce poids, appelé quintal, appartenait au comte-roi, seigneur de Perpignan. La perception de cette taxe était affermée chaque année à des particuliers, comme l’atteste un bail passé le 20 juillet 1280, par lequel Guillem de Codalet, batlle de Perpignan, vend à Bernat Homdedeu et Peric, gantiers, tout le poids de la ville de Perpignan appartenant au roi, pour la durée d’un an à compter de la dernière fête de la Saint-Jean de juin, pour le prix de 14 livres de monnaie melgorienne. Le contrat stipule en outre que les preneurs seront tenus de payer toute l’arrière-dîme due au Temple (344).


Les fours
Ce sujet a déjà suscité l’intérêt de plusieurs historiens, mais la découverte de pièces ignorées de nos prédécesseurs invite à rouvrir cet important dossier (345).

Dans la clause de son testament stipulant le legs des fours de Perpignan aux templiers, Girard II avait ordonné qu’aucun four ne pourrait désormais être construit dans la ville de Perpignan sans l’accord de ces derniers. On le sait, dans le cadre du régime seigneurial le monopole sur la cuisson et la vente du pain constituait une prérogative du droit de ban (346).

L’application scrupuleuse de ce monopole économique par des templiers toujours rigoureux et vigilants quant il s’agissait de faire valoir leurs droits et fructifier leur temporel, généra de multiples tensions avec le clergé et, surtout, avec la population.

Au début du XIIIe siècle, un litige retentissant opposa l’abbé Bernat et les moines de Fontfroide, d’une part, aux templiers du Masdéu, d’autre part, à propos de la rente perpétuelle en pains prélevée par les cisterciens sur les fours de Perpignan.

En 1166, le comte Girard II avait en effet accordé aux moines blancs le privilège de se procurer gratuitement le pain dont nécessaire à leur propre consommation toutes les fois et aussi longtemps qu’ils séjourneraient à Perpignan (347).

Par conséquent, l’abbé Bernat exigeait que lui soit donné une quantité de pain suffisante pour lui et pour les siens. Mais les templiers s’opposaient à cet usage, objectant qu’à l’origine celui-ci ne s’appliquait qu’à un nombre limité de frères de Fontfroide, mais que la considérable augmentation de leur nombre, consécutive de l’accroissement du patrimoine de l’abbaye en Roussillon, grevait leurs droits sur les fours, au point d’en rendre la possession quasiment inutile pour eux. Il s’agit bien sûr d’une argumentation de circonstance dans laquelle on décèle une évidente propention à l’exagération, mais celle-ci n’en traduit pas moins une réalité qui est celle de l’impressionnante expansion temporelle des cisterciens du Narbonnais dans le comté de Roussillon. L’affaire des fours apparaît ici comme le catalyseur des tensions générées par la rivalité apparue entre les deux ordres concurrents.
Signe que les templiers prenaient l’affaire très au sérieux, c’est le maître dans les provinces d’Espagne et de Provence, frère Pons de Rigaud, qui se chargea personnellement de défendre les intérêts de son ordre. Les parties finirent par s’en remettre à l’arbitrage de l’évêque d’Elne, du médecin du roi d’Aragon et du juge Bernat Amiel.
La sentence prononcée le 17 février 1205 ordonne que l’abbé et les moines de Fontfroide renoncent définitivement à leur rente en pains, et que, en
contrepartie, les templiers, ou les possesseurs des fours, leur versent une rente annuelle de 80 sous de monnaie barcelonaise le jour de l’Assomption (348).

Les templiers veillaient jalousement à ce que leurs prérogatives soient strictement appliquées et savaient opportunément les faire fructifier en usant de leur influence et de leur maîtrise de la procédure juridique.
Le 28 juillet 1247, le maître provincial de l’ordre, frère Guillem de Cardona, règle un certain nombre de questions litigieuses avec le roi d’Aragon. Il réclamait, entre autres choses, que le comte-roi remette aux frères de la milice du Temple les fours construits dans la villeneuve située hors des murs de la ville de Perpignan, et que le roi ne construise par la suite, ni n’autorise quiconque à construire des fours dans la ville et la villeneuve de Perpignan.
Consentant à cette requête, Jaume Ier promet de concéder aux templiers tous les fours de Perpignan, tant ceux situés à l’intérieur que ceux situés à l’extérieur des murs de la ville et de la poblacio nova, du moment que cette dernière adhère au reste de la ville. Le Conquérant ordonne que personne ne puisse dorénavant y cuire du pain dans des fours contre la volonté des templiers (349).

Pour leur part, les habitants de Perpignan supportaient mal le monopole des fours qui constituait une entrave à leur liberté. La fraude devait être importante, c’est du moins ce que suggère l’acte suivant.
Le 17 novembre 1227, le seigneur de Roussillon et de Cerdagne, Nunó Sanç, accorde aux commandeurs, à tous les frères et donnés des maisons templières du Masdéu et de Perpignan, ainsi qu’à leurs délégués et serviteurs, le droit de détruire de fond en comble tous les fours illicites qu’ils pourront découvrir dans le territoire de Perpignan (350).

Deux articles des coutumes de Perpignan confirmés par Jaume Ier réglementent l’usage des fours de la ville (351).
L’article 37 stipule que les habitants de Perpignan ont le droit d’avoir leurs propres fours pour la cuisson du pain domestique, mais pas pour la vente. Par contre, ils sont autorisés à vendre les fouaces cuites dans l’âtre (352).
L’article 38 réglemente le travail des fourniers qui doivent exercer correctement leur métier et doivent recevoir le vingtième pain pour leur salaire ; en cas de malfaçon, ils sont tenus de rembourser les clients lésés.
Les fourniers de Perpignan sont également tenus de cuire gratuitement toutes sortes de préparations culinaires : gâteaux, viandes, fromages, biscuits ou crèpes. Le tarif pour la cuisson d’un pain de boulangerie est fixé à 4 deniers et à un tourteau de fluxol par hémine (353).

Il convient de remarquer que les coutumes ne précisent pas quelle monnaie était considérée. Dans une ville où circulaient alors plusieurs espèces concurrentes, cette lacune ne pouvait manquer de semer la discorde quant à leur interprétation.
Il est possible que le manque de précision de la coutume ait été l’une des causes sous-jacente de la controverse qui opposa une génération plus tard frère Arnau de Castelnou, maître provincial, et les frères du Masdéu aux quatre consuls de Perpignan à propos du droit de fournage.
S’appuyant sur le livre des coutumes, les consuls prétendaient que les templiers ne devaient recevoir des boulangers de Perpignan que quatre deniers melgoriens et un fluxol par hémine de froment cuite dans les fours du Temple situés sur le territoire de cette ville. Mais comme les fourniers exigeaient davantage des boulangers, les consuls exigeaient que les templiers s’en tiennent à la prestation inscrite dans leur coutumier.
De leur côté, les religieux affirmaient qu’ils avaient depuis très longtemps usage de percevoir, en plus des quatre deniers, une redevance indexée sur la valeur de l’hémine. Ayant vraisemblablement expérimenté à leur détriment les effets négatifs pour leurs finances de la fluctuation des prix du grain, les templiers souhaitaient donc naturellement que ce paramètre économique soit pris en compte.
Ils prétendaient également que l’on ne pouvait donner foi aux écrits contenus dans le coutumier car celui-ci n’avait pas valeur d’acte public, et que, même si c’était le cas, cela faisait très longtemps qu’il n’était plus d’usage de recevoir seulement quatre deniers et un fluxol par hémine de froment.

Procéduriers, ils estimaient que la coutume écrite, dépourvue des formes diplomatiques susceptibles de lui conférer valeur légale, n’avait pas valeur probatoire et que, de toute manière, celle-ci ne pouvait en aucun cas s’opposer à la prescription du fait accompli.

Les parties finirent toutefois par s’entendre, et un compromis est passé par-devant notaire le 19 octobre 1267. Pour leur droit de fournage, les templiers s’y engagent à n’exiger désormais des boulangers que six deniers melgoriens par hémine de froment pour le pain blanc destiné à la vente, et un pain sur vingt pour le fluxol, le pain roux et pour tout autre type de pain que les boulangers ne proposent pas à la vente. Exprimée en monnaie de Melgueil, monnaie languedocienne ayant meilleur aloi que celle de Barcelone, la taxe fixe en argent perçue par les frères de la Milice était donc majorée de 50 % par rapport à celle qui avait été fixée dans l’article des coutumes vingt-cinq ans plus tôt ! De plus, une clause prévoyait que si le prix de vente de l’hémine de froment s’élevait à quinze livres ou plus, la redevance pour le pain blanc commercialisé passerait alors à sept deniers, et chaque boulangerie de pain blanc devrait payer chaque année au Temple une taxe supplémentaire de deux deniers le jour des fêtes de Noël, de Pâques et de Pentecôte. Aucune autre augmentation n’était autorisée (354).

Les templiers pouvaient donc s’estimer particulièrement satisfaits de cet arbitrage puisque celui-ci modifiait à leur avantage une coutume prétendument immuable qui lésait leurs intérêts, consacrant ainsi leur victoire dans le bras de fer engagé contre les consuls de Perpignan (355).

Frustrés, les représentants de l’universitas Perpiniani ont mal accepté la conclusion de cette affaire, et on les voit par la suite faire preuve d’une grande défiance à l’encontre des religieux. C’est ainsi que, le 6 décembre 1275, le batlle de Perpignan, du consentement des bons hommes de la ville, statue que l’on désigne désormais tous les mois deux bons hommes assermentés afin de surveiller la qualité des pains cuits dans les fours de Perpignan.

Les compétences attribuées à cette occasion à cette nouvelle police municipale témoignent de la volonté de mettre en place un contrôle particulièrement strict du fonctionnement des fours.

Les deux surveillants devaient juger des pains mal cuits ou mal assaisonnés, et de toutes les autres infractions commises par les fourniers ou par les frères relativement à la cuisson des pains, fromages, crèpes et autres mets préparés dans ces fours. Ils devaient également contrôler le montant des loyers et s’assurer que ceux-ci étaient payés équitablement, conformément au montant fixé par la coutume. En cas de contravention, le batlle de Perpignan était tenu de contraindre les fourniers et les templiers à rembourser le préjudice selon l’estimation des deux contrôleurs en fonction (356).

Au XIIIe siècle, l’exercice de la profession de boulanger dans la ville de Perpignan était donc étroitement contrôlé par les templiers. Ce sont eux qui concédaient aux artisans le droit de posséder leur propre four et de faire commerce de leur pain. C’est ce qui ressort de la reconnaissance faite le 7 janvier 1282 au commandeur de la maison du Temple de Perpignan par Guillem Barrau, tondeur de draps de Perpignan, et son épouse Cecília.
Les époux reconnaissent avoir la faculté de commercialiser le pain cuit dans un four situé à l’intérieur de leur habitation. Ils promettent que, tant qu’ils tiendront ce four et exerceront l’office de boulanger, ils paieront au commandeur du Temple de Perpignan 50 sous de monnaie couronnée de Barcelone de cens annuel le jour de la Saint-Jean-Baptiste de juin.
Ils promettent également de ne pas cuire et vendre le pain de personnes étrangères, mais uniquement leur propre pain (357).

Ce document est également un témoignage intéressant de la diversification des activités professionnelles d’un notable de Perpignan. Nous savons que Guillem Barrau était alors un homme fortuné, puisqu’on le voit exerçer à deux reprise la fonction prestigieuse de consul de Perpignan en 1280 et en 1284 (358).

Il fait partie des trois fabriciens (obrers) chargés d’administrer le patrimoine de l’église Saint-Jacques de Perpignan en décembre 1283 (359).

La fortune de Guillem Barrau en faisait donc un partenaire économique solvable et influent. À mon sens, au delà de simples considérations économiques, la concession de l’office lucratif de boulanger à l’un des citoyens les plus en vue de Perpignan peut être interprétée comme la manifestation d’une stratégie clientéliste menée par les templiers dans le but de se ménager des appuis dans les sphères dirigeantes de la communauté.

Nous trouvons d’autres exemple de la façon dont les templiers tiraient profit de leur monopole sur les fours de la capitale du comté de Roussillon en concédant à des citoyens aisés le droit de posséder un four à pain et de commercialiser leur production.
L’un d’eux nous apprend l’existence d’une boulangerie chargée de l’approvisionnement de la cour du roi de Majorque. Le 4 janvier 1282, Joanna et son mari Bernat Geroard reconnaissent à frère Pere de Camprodon, commandeur de la maison du Temple de Perpignan, qu’ils ont un four à pain dans leur maison de Perpignan.
Ils précisent tenir celui-ci pour les besoins du roi et de son entourage et avoir la faculté d’y cuire leur propre pain et de le vendre. Pour le droit de fournage dû au Temple en raison de son monopole sur les fours de Perpignan, ils promettent de payer 15 sous de monnaie couronnée de Barcelone chaque année, le jour de la Pentecôte, aussi longtemps qu’ils exerceront cet office. Ils promettent également de ne cuire dans ce four le pain d’aucune personne étrangère, mais uniquement leur propre pain et celui du roi et de ses familiers (360).

Un contrat rédigé une génération plus tard nous apprend dans quelles conditions les boulangers pouvaient acheter à titre viager aux templiers le droit de disposer et d’utiliser des fours pour leur commerce.
Le 22 janvier 1305, frère Ramon de Saguàrdia, commandeur du Masdéu, autorise Joan Esteve et son épouse Guillema à construire un ou plusieurs fours dans leur maison située à Perpignan, pour en user leur vie durant.
Ils pourront y cuire leur propre pain, que celui-ci soit destiné à la vente ou à leur consommation personnelle. Ils ne pourront toutefois accepter le blé et cuire le pain d’autres personnes, ni percevoir aucun droit de fournage.
Par contre, conformément à la coutume, ils pourront cuire dans leur four les mets à base de fromages, ainsi que les crèpes, les terrines et les autres préparations culinaires qui sont exemptes du droit de fournage dans les fours du Temple à Perpignan.
Les religieux se réservent le droit de détruire le ou les fours après la mort des tenanciers, ainsi que celui de saisir ces fours si ces derniers enfreignent les clauses de ce contrat ou n’acquittent pas le cens, dont le montant annuel est fixé à 150 sous de monnaie barcelonaise (361).

Le contrôle des fours de Perpignan constituait donc une importante source de revenu pour les templiers. Le capbreu de 1264 nous apporte de précieuses indications à ce sujet. On y apprend qu’à cette date il y avait cinq fours dans l’agglomération de Perpignan.
Les trois fours situés dans l’enceinte de la vieille ville étaient exploités en faire-valoir direct et donnaient le pain à la maison de Perpignan. Les deux autres fours se trouvaient dans les nouveaux quartiers en cours d’aménagement dans les faubourgs de la ville.
Le four du quartier Saint-François (aujourd’hui Saint-Matthieu) rapportait chaque année 700 sous de monnaie melgorienne et celui établi dans le quartier du Puig Saint-Jacques, 500 sous.
Il s’agit à chaque fois de revenus nets, puisqu’il est précisé que les frais ont été décomptés, mis à part, toutefois, le coût de l’avoine de la bête qui y transporte le bois (362).
Le fait que les revenus des deux derniers fours soient exprimés en valeur numéraire et non en pains implique que ceux-ci étaient alors affermés.

Il ne subsiste malheureusement aucun bail permettant de savoir dans quelles conditions les templiers avaient cédé l’exploitation des fours situés dans la villeneuve hors de l’enceinte du XIIe siècle.
On trouve par contre dans le cartulaire la copie d’un contrat qui nous informe sur la façon dont ils procédaient pour assurer l’entretien des fours situés intra muros dont ils conservaient la gestion directe.
Le 11 mars 1277, frère Pere de Camprodon, commandeur de la maison du Temple de Perpignan, du consentement de frère Bernat Malol, procureur des fours de la ville de Perpignan, donne à acapte à Cecília, veuve de Joan d’Eus, fournier, habitant de Perpignan, et à leur fille Berenguera, tout le droit de nettoyage des fours situés à l’intérieur des murs de la ville de Perpignan, à condition qu’elles leur soient loyales et fidèles et qu’elles acquittent 15 sous de monnaie couronnée de Barcelone de cens annuel, moitié le jour de la Saint Jean-Baptiste et moitié le jour de Noël.
Les deux femmes devront toujours veiller à apporter dans les cavités de ces fours l’eau nécessaire à leur écouvillonnage.
Elles devront également vérifier chaque soir auprès de toutes les boulangères que les pains soient bien pétris. En contrepartie, elles percevront sur ces fours ce qui est dû pour le droit de nettoyage. Pour cette concession, frère Pere de Camprodon a reçu 6 sous et 3 deniers de monnaie couronnée de Barcelone (363).

La commanderie urbaine de Perpignan était alors devenue une place stratégique de première importance pour l’ordre du Temple. Deux ou trois frères, assistaient son commandeur dans la gestion du patrimoine de la Milice.
Un indice de cette répartition du travail nous est livré dans cet acte, Bernat Malol étant qualifié de procuratoris omnium furnorum ville Perpiniani
Cela signifie que c’est lui qui avait alors en charge l’administration des fours de la ville. Cette qualification de circonstance n’apparaît dans aucun autre document conservé.
La préservation des importantes prérogatives économiques liées à la seigneurie banale des fours et des mesures de Perpignan constituait un axe prioritaire de la politique urbaine des templiers.
Ce fait apparaît très clairement dans la sauvegarde qui leur est accordée par Jaume Ier le 7 août 1255. En récompense des nombreux services rendus, le roi d’Aragon prend sous sa sauvegarde personnelle la maison du Masdéu, avec toutes les maisons qui lui sont assujetties en Roussillon, ainsi que tous les frères, serviteurs et mercenaires (ce dernier terme devant être compris ici avec l’acception de main d’oeuvre domestique salariée) qui s’y trouvent.
De façon significative, le Conquérant précise ensuite que son guidaticum s’applique tout particulièrement à la maison du Temple de Perpignan avec les fours, les mesures et tous les autres droit que les templiers possèdent dans cette ville (364).
Le montant de l’amende encourrue par les contrevenants est fixé à la somme exorbitante de 500 morabatins ! (365)
Le contrôle de nombreux moulins, ainsi que des fours et des mesures de Perpignan était source de revenus conséquents qu’il importait de préserver et, si possible, de faire fructifier.
Les templiers avaient donc intérêt à mettre en oeuvre tous les moyens à leur disposition pour favoriser le développement économique et la croissance démographique de Perpignan.


Le commerce des légumes et de la viande
Grâce à leur forte implantation foncière, les templiers disposaient d’emplacements particulièrement bien situés à proximité des principaux lieux de commerce de la ville qu’ils s’efforcaient de rentabiliser au mieux.
Le 30 mai 1237, frère Pere de Malon, commandeur du Masdéu, débourse 300 sous de monnaie melgorienne afin d’acheter à Nunó Sanç un portique situé devant le mas et les maisons du Temple, lesquels appartenaient autrefois à Ramon de Malloles (366).

Le seigneur des comtés de Roussillon et de Cerdagne autorise alors les templiers à remplacer les fourches de bois par des piliers en maçonnerie de pierres et de chaux, et à y construire des arches de pierres afin de permettre l’édification d’étages supérieurs s’appuyant sur leurs maisons. Le recours à des matériaux de construction plus solides afin d’aggrandir verticalement les habitations en les dotant d’étages est une manifestation particulièrement significative des transformations qui s’opèrent dans le paysage urbain de Perpignan au début du deuxième tiers du XIIIe siècle.
Ces aménagements urbains témoignent de la nécessité d’offrir de nouveaux logements afin d’absorber une population en pleine croissance. Ils expriment une situation d’engorgement de l’espace imputable à un état de saturation démographique à l’intérieur des murs édifiés deux ou trois générations auparavant (367).

Le nouveau portique édifié par les templiers se situait près de la place de la Caulaceria, marché où l’on vendait les produits de l’horticulture : choux, oignons et poireaux notamment.
Cet emplacement urbain spécifiquement destiné au commerce des légumes est évoqué dans un autre document particulièrement intéressant relatant les difficultés d’évacuation des eaux pluviales dans la vieille ville en raison de son encombrement.
Il s’agit d’une sentence arbitrale prononcée au mois de décembre 1252 par le juge ordinaire de Perpignan, Arnau de Tegurs, suite à une plainte déposée par frère Pedro Jimenez, commandeur du Masdéu, en raison de dommages causés aux possessions du Temple et au « bien public » par une inondation dont les eaux avaient dévalé une rue de la ville avant d’atteindre la place aux blés - plateam que vulgo Bladeria dicitur - et le marché à viandes (368).

Pour résoudre ce problème, le juge ordonne que l’on érige une levée de terre afin de dévier l’eau de ruissellement dans la rue située devant les boutiques de Ponç d’Alenya, avant le marché aux fruits - Fruturia-, vers la Caulaceria, de façon à ce que l’eau ne puisse s’écouler en direction de la place aux blés qu’en cas d’inondation excessive369. On voit que cette partie névralgique de la ville marchande du XIIe siècle concentrait les différents marchés spécialisés : blé, viande, légumes et fruits désignés par autant de toponymes évocateurs : Bladeria, Masell, Caulaceria et Fruturia.
Les templiers se sont également vivement intéressés au commerce de la viande de boucherie, dont l’expansion accompagne la croissance démographique de la ville. Comme pour le blé, l’huile et les légumes, ils disposent d’emplacements commerciaux et de privilèges leur permettant de tirer profit de ce marché en pleine expansion.
Le 21 avril 1270, le commandeur du Masdéu donne à acapte à Bernat de Camprodon, Bernat d’Avalrí et au boucher Pere Cerdà une cabane située près de la place où se vendait le blé, pour qu’ils y fassent un ou plusieurs étals. Comme cela a été constaté pour les autres concessions d’emplacements commerciaux, le montant du cens annuel est particulièrement élevé, il est fixé à 8 masmudines d’or, tandis que le droit d’entrée empoché par les religieux à la signature du contrat est de 25 sous de monnaie couronnée de Barcelone (370).

Fait intéressant, nous retrouvons les trois associés mentionnés quatorze ans plus tard dans un règlement municipal relatif à l’usage de la vente de la viande.
Le 26 avril 1284, Pere Adalbert, batlle de Perpignan, du consentement des consuls des bouchers de cette ville, statue que dorénavant aucun boucher ne pourra vendre de viandes de bêtes mortes accidentellement au marché à viandes de Perpignan, hormis sur les trois étaux qui leurs sont spécialement assignés.
Il est précisé que l’une de ces tables avait été prise à acapte de la maison du Temple par le défunt Bernat de Camprodon, Cerdà, éleveur de porcs, et Avalrí, pelletier, tandis qu’une autre était alors tenue pour le monastère de Fontfroide par le notaire du roi de Majorque, Pere de Caldes (371).

Le règlement interdit aux bouchers de débiter ces viandes avant que celles-ci n’aient été contrôlées par les trois experts désignés, sous peine d’une amende de 10 sous de monnaie barcelonaise (372).

On voit par là que les templiers et les cisterciens avaient investi dans le marché perpignanais de la viande. La possession de droits et de locaux commerciaux leur permettait d’être en prise directe avec les métiers gravitant autour de cette activité : éleveurs, bouchers et pelletiers. Cette implantation foncière devait leur servir à infiltrer les réseaux professionnels et à influencer, voire à contrôler un marché qui les intéressait au premier chef en tant qu’éleveurs.

L’intérêt tout particulier que les frères du Temple portent au commerce de la viande les amène à saisir toutes les occasions pour renforcer leur mainmise foncière sur le macellum de Perpignan où ils détiennent plusieurs emplacements commerciaux.
Comme ils l’avaient fait en 1293 pour la construction de la halle au blé, les templiers s’associent en 1302 avec le roi de Majorque pour racheter les droits que le défunt Bernat de Camprodon détenait sur deux étals et leurs boutiques situés dans la halle à viande.
Le 7 mars, avec l’accord des procureurs du roi,

Pere de Bordoll et Arnau Vola, frère Jaume d’Ollers est ainsi amené à renouveller les baux de deux bouchers perpignanais qui tenaient ces commerces afin de tenir compte de ces modifications : Bernat Pradell devra désormais payer 38 sous de monnaie barcelonaise aux templiers et 12 deniers au roi, tandis que son collègue Pere Fillastre devra 16 sous et 6 deniers aux templiers et 5 sous au roi (373).


L’artisanat
L’acquisition précoce de droits économiques et d’importants biens fonciers peut être considérée comme l’une des clés du succès de l’implantation des templiers à Perpignan. En effet, les deux derniers tiers du XIIe siècle coïncident avec une phase de croissance économique dont témoigne la multiplication dans la documentation des mentions d’ouvroirs ou d’étals de marché (374).

Dès 1134, le bail à acapte d’un mas situé le long de la voie publique allant de l’église Saint-Jean au marché précise que celui-ci était délimité à l’ouest par trois ouvroirs, dont l’un tenu par un dénommé Gombau de Béziers (375).

Le nom de ce tenancier peut être interprété comme un indice du développement des échanges commerciaux avec les cités et bourgs marchands de Languedoc ou de Catalogne. Outre Gombau de Béziers, on rencontre en effet parmi les habitants de Perpignan de l’époque plusieurs individus dont les surnoms dessinent les contours d’une géographie régionale des échanges commerciaux : Joan de Montpellier, Arnau de Narbonne, Guillem de Vic, Pere d’Urgell, dans les années 1140, puis Pere de Gaillac, Esteve de Cahors, Guillem d’Albi, Guillem de Carcassone ou Guillem d’Espéraza au cours des décennies suivantes (376).

Ces données témoignent de l’activation de deux importantes voies de communication terrestre reliant le Roussillon au Languedoc. Nous savons qu’une nouvelle via mercaderia reliant Narbonne au Roussillon a été aménagée au milieu du XIIe siècle sur l’ordre de la vicomtesse Ermengarde de Narbonne (377).

Ce tronçon devait rejoindre l’antique via Domitia avant de franchir le seuil des Corbières au détroit du Malpas et pénétrer dans la plaine du Roussillon. Ce verrou stratégique était surveillé depuis le Bas-Empire par l’ancien castrum de Salses, dont ne substistent aujourd’hui que quelques ruines. Ce poste fortifié était tenu en fief pour les comtes-rois.

La seconde route reliait la plaine du Roussillon à la Haute Vallée de l’Aude par la vallée de l’Agly et l’ancienne voie romaine passant par le col de Saint-Louis, au-dessus de Caudiès-de-Fenouillèdes. D’autres indices témoignent de l’essor des échanges commerciaux avec la Catalogne par la grande voie franchissant les Pyrénées au col du Perthus (378).

Certains surnoms de notables perpignanais évoquent des métiers alors exercés dans la ville : pelicer (peaussier), mercer (mercier), boquer (boucher), textor (tisserand), sabater (savetier), fabre (forgeron).
Par ailleurs, la documention des années 1130-1200 indique que le commerce perpignanais était alors essentiellement spécialisé dans la mercerie et dans le travail du cuir.
La mercerie apparaît comme l’une des toutes premières activité documentée dans la capitale du comté de Roussillon où elle a peut-être été colportée et introduite par des occitans (379).

Les mentions de corroyeurs, mégissiers et de peaussiers témoignent de l’expansion des métiers du cuir au cours de la seconde moitié du XIIe siècle. Cette expansion a sans doute incité les templiers et les cisterciens à spéculer sur l’élevage partir des années 1170.

En s’imposant comme fournisseurs de matière première, les deux ordres religieux pouvaientespérer tirer profit d’un marché en pleine expansion. À cette époque, le dynamisme économique de la capitale du comté de Roussillon se traduit matériellement par un encombrement de l’espace sur le marché. Le 28 novembre 1174, Alfons II promet aux habitants de Perpignan de ne plus édifier, ni autoriser quiconque, homme ou femme, à édifier des mas, ouvroirs et étals sur le marché de Perpignan.
Le roi envisageait alors d’instituer une nouvelle foire dans la capitale du Roussillon, une clause lui réservant dans ce cas le droit d’établir des étals ou des bancs, mais uniquement pour la durée de la foire et à condition de ne pas porter préjudice aux établissements pérennes (380).

Au cours du premier tiers du XIIIe siècle, période marquée par de graves troubles politiques source de désordre social, l’activité économique de la ville semble avoir marqué le pas. La prospérité semble revenir après la conquête des royaumes de Majorque et de Valence, quand Jaume Ier réussit progressivement à rétablir l’ordre à l’intérieur des comtés catalans.

C’est le moment que les templiers choisissent pour investir dans le travail du cuir en faisant édifier une mégisserie sur les terres qu’ils possédaient à l’ouest de la ville, entre la porte de Malloles et la tenure des frères Mineurs (381).

Au printemps 1241, les commandeurs du Masdéu et de Perpignan donnent à acapte à trois mégissiers, Joan Vel, Pere Godal et Guillem de Vilallonga, et à deux peaussiers, Joan Villavedre et Bernat Cerdà, des terrains situés à proximité de la blanqueria Templi, afin que ceux-ci y édifient leur maison (382).

Ce fait laisse supposer que cette tannerie venait tout juste d’être achevée. L’affaire semble avoir bien prospéré puisqu’entre 1246 et 1271 plusieurs autres artisans du cuir sont venus s’établir dans le lotissement du Temple (383).

On ignore malheureusement comment les templiers faisaient valoir leur mégisserie. Il semble en tout cas qu’ils en conservèrent la gestion directe jusqu’à l’extrême fin du siècle, quand ils décidèrent de fractionner l’établissement afin d’en concéder l’usufruit à des corroyeurs. Les archives du Masdéu conservent deux baux datés du 23 avril 1299, par lesquels frère Jaume d’Ollers, commandeur de la maison du Temple de Perpignan, donne à acapte à deux corroyeurs de Perpignan, Bernat Escarbot et Guillem d’Aguilar, deux parts de la mégisserie du Temple, moyennant le paiement d’un cens annuel dont le montant est fixé à 23 sous de monnaie couronnée de Barcelone pour le premier, et à 25 sous pour le second. On apprend à cette occasion que la mégisserie était établie le long d’un canal (384).

Au milieu du XIIIe siècle, Perpignan devient un important centre de commerce de draps de luxe importés de Flandres et d’Artois avant d’être redistribués vers les cités la Catalogne.

Les protocoles notariés nous enseignent que les affaires se négociaient le plus souvent à l’occasion des foires de Perpignan, notamment durant celle de la Saint Barthélémy qui se tenait pendant la dernière semaine du mois d’août. Des marchands languedociens, notamment ceux de Saint-Antonin, mais aussi des artésiens, tels que les frères Hukedieu d’Arras, viennent y vendre les tissus flamands. Des négociants perpignanais investissent dans ce commerce et étendent même leur négoce aux grandes foires de Lagny en Champagne (385).

Perpignan connaît un développement particulièrement important de l’artisanat textile à partir du dernier tiers du XIIIe siècle (386).
En bons spéculateurs, les templiers ont également cherché à tirer profit de cette activité florissante. C’est ainsi qu’au mois de mars 1272 le commandeur du Masdéu loue un ouvroir au pareur perpignanais Berenguer Cocorell, l’un de ces professionnels de l’apprêt des draps dont le travail de finission devait assurer la renommée internationale de la draperie perpignanaise au siècle suivant (387).

Pour les templiers, la location de cet ouvroir constituait une opération financière particulièrement fructueuse puisque, outre le droit d’entrée fixé à 62 sous et 6 deniers de monnaie couronnée de Barcelone, soit un marc d’argent, le pareur était tenu de leur payer un cens annuel de 11 sous et 3 deniers d’esterlins d’argent, soit 56 sous et 3 deniers de monnaie barcelonaise (388).

Malheureusement pour eux, une nouvelle réglementation de sa profession contraint le pareur à leur restituer cet ouvroir quelques années plus tard. Dans l’acte de restitution daté du 20 juillet 1281, Berenguer Cocorell explique en effet qu’il avait fait l’acquisition de cet ouvroir afin d’y exercer son travail de pareur, mais que cela lui est désormais impossible car le roi de Majorque lui a interdit, ainsi qu’à ses confrères, d’exercer son métier en dehors du lieu spécialement désigné à cet effet (389).

C’est donc à cette date que remonte la création de la premiere parairia, rue regroupant l’ensemble des pareurs de Perpignan (390).
On apprend également à cette occasion que l’ouvroir rétrocédé se situait dans la Pelliparia, autrement dit dans la rue ou place des pelletiers de la ville de Perpignan (391).
Nous avons donc là les premiers indices d’un processus de restructuration socio-topographique de la ville.
Il est vrai que le regroupement des artisans exerçant un même métier dans une même rue et le développement concomitant de pratiques corporatistes sont des phénomènes caractéristiques de l’histoire urbaine des deux derniers siècles du Moyen-Âge.

L’acte de restitution de l’ouvroir tenu par Berenguer Cocorell précise enfin que celui-ci était constitué d’un simple rez-de-chaussée avec sa couverture, tout comme celui de son voisin Pere Carles (392).

Il se trouve que c’est précisément à ce dernier que les commandeurs du Masdéu et de Perpignan concèdent l’échoppe au printemps suivant. Le bail à acapte, daté du 23 mars 1282, précise qu’ils lui cèdent celle-ci avec l’épaisseur des piliers sur lesquels s’appuie l’étage situé au-dessus, qui appartient déjà à Pere Carles.
Les dimensions de l’ouvroir sont cette fois précisées : celui-ci faisait 38 palmes de long, 13 palmes de large et 15 palmes � de haut, à la canne de Perpignan (393).

Le cens exigé à cette occasion du nouveau locataire des lieux est identique à celui que versait le précédent : les templiers n’ont donc pas profité du changement de bail pour augmenter leurs tarifs (394).

L’acte ne contient par contre aucune indication nous permettant de savoir quel métier exerçait Pere Carles, mais le fait que ses ouvroirs se situaient dans la Pelliparia font supposer que sa profession avait un rapport avec le travail des peaux.

À proximité de leur mégisserie les templiers avaient également installé une tuilerie dont ils avaient concédé l’exploitation à un professionnel. Au mois de janvier 1253, frère Ramon de Vilanova, commandeur de la maison du Temple de Perpignan, donne à acapte à Ramon Joan de Calces et à Arnaua, son épouse, un four situé à Perpignan, en dehors de la Porte de Malloles.
La particularité de ce four nous est connue par la nature de la redevance exigée des tenanciers : 1250 tuiles bien cuites ou 31 sous et 3 deniers de monnaie barcelonaise de cens annuel (395).

Cette concession illustre parfaitement le dynamisme entrepreneurial des responsables templiers qui cherchaient alors à rentabiliser au mieux l’opération de lotissement de leur seigneurie à Perpignan initiée, comme nous aurons l’occasion de le voir, dix ans auparavant. Chargés de faire fructifier les ressources patrimoniales dont ils avaient la charge, les dirigeants templiers ont donc poussé la logique planificatrice jusqu’à établir un atelier de production de tuiles à proximité immédiate d’un quartier en cours d’édification.
De leur point de vue, cette initiative présentait au moins deux grands avantages : d’une part elle leur permettait de contrôler une partie de l’approvisionnement en matériaux de construction, et d’autre part elle facilitait l’accès à ce marché à la nouvelle clientèle d’emphytéotes venue peupler la prospère capitale du comté de Roussillon dans l’espoir d’y faire fortune.

5-Notes-Templiers-Perpignan
294. — Aymat CATAFAU, Les celleres et la naissance du village en Roussillon (X*-XV siècles), Perpignan, 1998, p. 477.
295. — Marca Hispanica, app. CXCIX. Pierre PONSICH, « Saint-Jean-le-Vieux de Perpignan », Congrès archéologique de France, CXIIe session tenue dans le Roussillon en 1954 par la Société Française d’archéologie, Paris, Orléans, 1955, p.31-50. Les fouilles archéologiques menées dans le sanctuaire roman ont permis la mise au jour des substructions de deux édifices antérieurs que leur chevet quadrangulaire permet de dater des IXe et Xe siècles, voir Rémi MARICHAL, « Sondage préliminaire à l’étude archéologique du sous-sol de l’église Saint-Jean-le-Vieux à Perpignan », dans Études Roussillonnaises offertes à Pierre Ponsich.Perpignan, 1987, p. 239-243.
296— Le 15 septembre 1102, le comte Guilabert II, sa femme Estefania et leur fils Girard donnent à l’église Saint-Jean de Perpignan la dîme, les prémices, alleux et oublies de cette paroisse, afin d’y entretenir, sous l’autorité de l’évêque d’Elne, une communauté de chanoines, Marca Hispanica, app. CCCXXXI.
297. — La première résidence comtale se situait à proximité de l’église Saint-Jean-Baptiste et aurait été édifiée au XIe siècle, voir Pierre PONSICH, « Le mystère du palais comtal de Perpignan », BSASL, vol. XCI (1983), p. 9-31. Ce bâtiment n’est documenté que tardivement. En 1151, le comte Gaufred III et son fils Girard partagent un mas, avec ses dépendances (un étal et une vigne), laissé vacant par la mort de son précédent usufruitier afin de le concéder par moitié à de nouveaux tenanciers. Il est précisé que ce mas est délimité au nord par le cimetière et l’ancienne résidence comtale, à l’est par les nouvelles douves, au sud par d’autres mas et à l’ouest par la voie publique : « (...) affrontat ab aquilone in cimiterio et in sala vetula a nobis donatores, de oriente in tovis novos, de meridie in mansos Petro de Clairano, de occidente in via publica », ADPO, 2Hdtp3. On peut donc en déduire qu’il existait alors une sala nova, sans doute édifiée à proximité de la précédente. C’est vraisemblablement dans ce second édifice que le roi Alfons II résidait lors de ses séjours dans la capitale du Roussillon. Nous savons en tout cas qu’il tenait ses audiences dans la chapelle attenante à son palais de Perpignan comme l’atteste ce passage extrait de l’eschatocole d’un acte du 8 décembre 1194 : « Anno ab Incarnatione Domini MCXIIII° , die VIII mense decembris, Gombaldus de Ribellis personaliter constitutus et positis ante presentiam Ildefonsi domini regis Aragonis et comitis Barchinone in capella sui palatii oppide Perpiniani, coram infrascriptis testibus (...) », ACA, Real Cancillería, Perg. 699 d’Alfonso II.
298. — « Affrontat namque predicta terra et locus de parte altano in muro cellarie ubi est sita ecclesia Sancti Johannis, a parte circio afrontat in manso Remundi Seniofredi qui fuit condam, a meridie afrontat in via que pergit ad ecclesiam Sancti Johannis, ab aquilone afrontat in flumen que vocatur Ted », ADPO, 2Hdtp3.
299. — En 1176, une femme donne à l’hôpital des pauvres de Saint-Jean de Perpignan un mas attenant à cet établissement, à deux mas du chapitre canonial et au mur de la ville : « Affrontat autem predictus mansus ab oriente in manso canonice et in via publica, a meridie in manso hospitalis, ab occidente in alio manso canonice, ab aquilone in muris ville Perpiniani », ADPO, 2Hdtp, plech 34, n° 13.
300. — Le 21 mai 1128, Guillem de Salses engage au comte Gaufred III le tiers des leudes de Perpignan, qu’il précise avoir reçu de lui : « quem ego acaptavi de te », soit la part que Gombau de Malloles tient pour Bernat d’Orle. En contrepartie, Gaufred III lui remet 11 onces d’or, un mas et 4000 sous de monnaie melgorienne. Une clause prévoit que si la valeur de cette monnaie se détériorait, le débiteur devrait restituer sept livres d’argent pur au poids de Perpignan, voir Francisco MIQUEL ROSSELL, Liber Feudorum Major, vol. II, n° 764.
301. — « (...) unam tabulam intus merchatale, ante mazello », ADPO, 2Hdtp3. En 1171, un dénommé Pere Sabater, propriétaire d’un mas, est qualifié de sagnator, terme rarement usité que l’on suppose être synonyme de macellarius ou de carnifex, ADPO, 2Hdtp, plech 34, n° 5.
302. — Il s’agit probablement du même personnage que celui qui, le 19 septembre 1119, souscrit aux côtés de deux bourgeois de Perpignan le testament de Bernat Guillem en faveur du monastère languedocien de Saint-Pons de Thomières et de son prieuré roussillonnais de Saint-Assiscle. Situé à proximité immédiate de Perpignan, ce prieuré a depuis donné son nom à un quartier de la ville, ADPO H200.
303. — Il est le seul templier à souscrire l’acte et il arbore à cette occasion le titre de « fratris societatis Templi Salomonis », Marquis André d’ALBON, Cartulaire général de I’ordre du Temple, (1119 ?- 1150), Paris, 1913, acte n° XXXIII ; Josep Maria SANS i TRAVÉ, Els Templers catalans..., p. 74-76.
304. — Actes n° 9 (il agit seul), 10 (il agit aux côtés d’Hugues Rigaud et de Bernat de Peralada), 17 (il est assisté d’Arnau de Contrast). Il est encore mentionné au mois de mai 1141 en compagnie de trois autres responsables Pere de Rovira, Hugues de Bessan et Bernat de Fenouillet, acte n° 23. Pour son activité dans le cadre de la formation de la maison de Douzens, entre Carcassonne et Lézignan, voir Pierre GERARD et Élisabeth MAGNOU (éd.), Cartulaires des Templiers de Douzens, cartulaire A, n° 4 (1134-1139 : il agit seul en présence de son propre chapelain) et n° 21 (aux côtés de Hugues Rigaud le 28 janvier 1135) ; et cartulaire C, n° 7 (aux côtés de Hugues Rigaud entre le 25 mars 1133 et le 24 mars 1134).
305. — Berenguer de Guardia était un chevalier roussillonnais qui tenait un fief à Torreilles. On a vu qu’en 1136 il avait donné au Temple un rente sur les salines qu’il possédait dans le territoire de cette importante localité de la Salanque, voir l’acte n° 13. Il exerça la fonction de viguier des comtes de Roussillon de mai 1139 à novembre 1174, voir Rodrigue TRÉTON, Sel et salines..., p. 39-41.
306. — Actes n° 10, 11, 20, 23, 49, 50, 58. La documentation ne fournit aucune précision quant à la nature des activités exercées par ces personnages qui souscrivent également dans l’entourage des comtes de Roussillon. Il s’agissait sans aucun doute de négociants fortunés et influents. Ramon Esteve et Bernat de Rennes figurent parmi les hommes désignés par le comte Gaufred III pour régler le conflit qui l’opposait à Bernat de Montesquieu à propos du fief de Palau en octobre 1140, Francisco MIQUEL ROSSELL, Liber Feudorum Maior, vol. II, n° 733. Bernat de Rennes était vraisemblablement originaire de l’ancienne capitale du comté de Razès dont le déclin est déjà bien avancé dans la première moitié du XIIe siècle.
307. — Actes n° 34, 45, 50, 58 et 86.
308. — Acte n° 23.
309. — Acte n° 34.
310. — Acte n° 35. Les confronts indiqués dans l’acte nous apprennent en effet que ce moulin était situé entre celui du Temple, au nord, et celui de Pere Vicenç, au sud. Ils évoquent d’autre part les parties fontionnelles du moulins : le canal d’amenée (cabedago), à l’ouest et par conséquent en amont, et le canal de fuite (exaguador), à l’est. On rencontre le même vocabulaire en Languedoc dans les moulins exploités par les templiers de Douzens, voir Laurent MACÉ, « L’utilisation des ressources hydrauliques par les templiers de la commanderie de Douzens (Aude) », Archéologie du Midi Médiéval, t. 12, 1994, p. 99-113. Pour une étude détaillée de la mise en valeur des ressources hydrauliques du Roussillon à l’époque médiévale voir Sylvie CAUCANAS, Moulins et irrigation en Roussillon du IXe au XVe siècle, Lonrai, 1995.
311. Ramon était le seigneur éponyme du village de Castell Rosselló (Château-Roussillon), dont le nom perpétue le souvenir de l’antique cité de Ruscino, implantée sur le bord de la terrasse dominant la Têt, à deux kilomètres en aval de Perpignan. Pour un récent compte-rendu des fouilles archéologiques de cet oppidum d’origine néolitique voir Rémi MARICHAL et Isabelle RÉBÉ (dir.), Les origines de Ruscino (Château-Roussillon, Perpignan Pyrénées-Orientales) du Néolitique au Premier Âge du Fer, coll. Monographies d’Archéologie Méditerranéenne, 16, Lattes, 2003.
312. Acte n° 44. L’anille ou nadilla désigne une petite pièce de métal ou de bois dur en forme de X ou de queue d’aronde. Encastré à la base de la meule courante, cet élément primordial du mécanisme de fonctionnement du moulin permet d’effectuer la liaison entre l’arbre vertical et les meules. Sans l’anille, le moulin cesse de tourner, voir Paul CAYLA, Dictionnaire des institutions, des coutumes et de la langue en usage dans quelques pays de
Languedoc, Montpellier, 1964, p. 496.
313. — Acte n° II.
314. — Acte n° 1068.
315. — Acte n° LXX.
316. — L’acte de vente de Ramon Arnau n’a pas été retrouvé.
317. — Acte n° 321.
318. — Acte n° 602.
319. — Pere Pauc appartenait à une richissime famille de la bourgeoisie perpignanaise qui détenait déjà des biens patrimoniaux dans la paroisse Saint-Jean dans la première moitié du XIIe siècle, voir Bernard ALART, « Cartulaire roussillonnai s», Semaine religieuse du diocèse de Perpignan,1885, acte n° CXL, p. 560.
320. — Acte n° 669.
321. — Les moulins de la Tour se situaient dans la paroisse de Sainte-Marie de Malloles, voir l’acte n° 887. Au début du XIVe siècle, ces moulins appartenaient à un familier des rois de Majorque, Ramon Roig, fils du juriste Pere Roig de Camprodon. Leur force motrice était alors utilisée pour le foulage des draps : « (...) molendina tua draperia vocata de Turri », ADPO, 1B226, fol. 159-160.
322. — Acte n° 854.
323. — Au XIVe siècle, les documents roussillonnais indiquent que le droit de mouture variait selon les lieux du un seizième au un dix-neuvième. Une ordonnance de 1398 fixe ce droit à deux pugnères par hémine, soit un seizième « axi com entigament e en temps passat es ascotumat ». Pour un panorama complet de la question de la banalité des moulins en Roussillon voir Sylvie CAUCANAS, Moulins et irrigation en Roussillon du IXe au XVe siècle, Lonrai, 1995, p. 101-115.
324. — « Adhuc etiam amplius, cum hac eadem pagina, damus, laudamus firmiterque concedimus prelibato Hospitali et tibi prenominato procuratori et prenominatis fratribus dicti Hospitalis ad vestram voluntatem et dicti Hospitalis omni tempore faciendam, ut omnes homines, illi scilicet qui pro nobis habent et tenent hortos in tota grava Perpiniani, teneantur vobiscum suum bladum molere in prefixis molendinis que vobis et supradicto Hospitali superius dedimus, sicut nobis et nostris tenebantur ; ita tamen quod bene et fideliter suum bladum eis ibi molatis, et orti prenominati hominum predictorum accipiant aquam ad rigandum sibi, prout debent vel solent libere et quiete, sine omni alio servitio et usatico, nisi tantum modo consueto. Verum tamen si prenominati homines qui pro nobis habent vel tenent hortos in prenominata grava Perpiniani nolent molere suum bladum in
prenominatis molendinis que vobis et prescripto Hospitali superius dedimus, prohibeatis eis aquam ad rigandum accipere et illam ad hortos ducere », ADPO, Hp200.
325. — « Item habet in villa Perpiniani V molendina qui sunt domus milicie Templi, qui valent de reddito singulis annis, computato uno anno cum alio, L eminas et dimidiam de frumento et XLV eminas de ordeo », acte n° XXIX.
326. — « Item valet laboracio domus Perpiniani unus annus cum alio C eminas ordei et XXXa et V eminas de frumento. »
327. — Actes n° 21, 81, 125, 131, 174, 177, 182, 499, 562, XXIX.
328. — Acte n° 483. Sur les moulins-drapiers d’Arrapessac à Douzens voir Laurent MACÉ, « L’utilisation des ressources hydrauliques...», p. 103-104.
329. — Arnau de Saint-Cyprien, administrateur des biens de la milice du Temple en Roussillon : 1148-1155. Pere de Rovira, maître de la milice du Temple en Provence et Espagne : 1140-1158.
330. — Acte n° 317.
331. — Acte n° 549.
332. — « Relinquo etiam eis ipsas eiminas de Perpiniano », acte n° 86.
333. — Acte n° 186.
334. — Acte n° III.
335. — « Item, quilibet Perpiniani potest habere et tenere mensuram suam rectam et pensum, tam bladi quam vini quam olei et alterius rei, et cum illa vendere et emere in domo sua et ubique, preter quam in foro ubi bladum et oleum consuevit vendi, excepto quod non potest habere quintale, quod est domini ville », Joseph MASSOTREYNIER, Les coutumes..., p. 18-19.
336. — Antoni M. ALCOVER et Francesc de Borja MOLL, Diccionari catlà-valencià-balear..., s. v. Torna : « All� que s’afegeix perquè acabi de fer el pes una mercaderia quan la porció que se n’havia pesat no arriba al pes que el comprador demana. » Cette interprétation est confirmée par l’article suivant extrait des privilèges accordés par le roi Sanç à la ville de Collioure en 1311 : « Item, eisdem concedimus ut possint rehabere mensuram salis pristinam et antiquam, ita tamen quod dictam debeant augere mensuram et ampliare, taliter quod non oporteat eam acumulare aut ultra mensura dare augmentum sive tornes, sed quod totus cumulus sives tornes contineatur et includatur infra rasam mensuram predictam », ADPO, 44EDT3, fol. 58v-59.
337. — Acte n° LXX.
338. — Livre vert mineur, vol. I, AMP, AA3, fol. 26v.
339. — Acte n° XXIX.
340. — Les « murs de la ville » sont régulièrement mentionnés à partir de 1168, ADPO, 2Hdtp3. Le 17 mars 1176, Alfons II ordonne que tous les habitants de Perpignan contribuent à leur édification : « Preterea volo et mando ut omnes habitantes in villa Perpiniani mittant ad muros faciendos et ad valla, et nullus privilegio aliquo excusetur; nec aliquis eorum qui cogeret aliquem, etiam violenter dicto vel facto, ad missionem murorum vel vallum, aliquo modo aliquam penam mereatur », AMP, AA3, fol. 19v, 14v-15v.
Toutefois, il semble que la construction des remparts s’éternisa puisque Pere II promulgua le 19 septembre 1207 une ordonnance similaire à celle de son père, prescrivant que toute personne, de quelque condition ou profession qu’elle soit, ayant des possessions sur le territoire de Perpignan, contribue aux dépenses des remparts de la ville au prorata de sa richesse, AMP, AA3, fol. 13-v. Selon Antoine de Roux, il s’agissait vraisemblablement d’un simple talus en terre renforcé de palissades et doublé de fossé, Antoine DE ROUX, Perpignan de la place forte à la ville ouverte Xe-XXe siècles, Perpignan, 1996, p. 47. Une nouvelle enceinte fortifiée englobant les nouveaux quartiers édifiés au cours du XIIIe siècle fut entreprise vers 1278, voir l’acte n° 1045. La surface circonscrite par cette muraille longue d’environ 3300 mètres, environ 70 hectares, était six fois plus importante que la précédente, Id., p. 74-75.
Les remparts médiévaux et modernes de la ville de Perpignan furent détruits en 1904. Il ne subsiste de l’enceinte médiévale que la partie servant de mur de soutènement au nord-est du quartier du Puig Saint-Jacques. Le tronçon préservé est constitué d’une courtine d’environ 400 mètres de long, rythmée à intervalle régulier par huit tours semi-circulaires. Les parties originelles, datables du XIIIe siècle, présentent un parement en galets de rivière disposés en épi (opus spicatum), voir Lucien BAYROU et Georges CASTELLVI, « Esquisse d’une étude des vestiges des fortifications urbaines médiévales en Roussillon», Études Roussillonnaises offertes à Pierre Ponsich, Perpignan, 1987, p. 207-210.
341. — Acte n° 1032.
342. — Acte n° LXXII.
343. — Il figure en tête de la liste des témoins du testament du roi Jaume II rédigé au château de Perpignan le 6 février 1306, Archives nationales, P13541 , n° 804.
344. — Acte n° XLVI.
345. — A propos de la question des fours de Perpignan voir Laure VERDON, « La seigneurie templière à Perpignan au XIIIe siècle », dans La ville au Moyen Age, 2, Paris, CTHS, 1999, p. 529-536. On trouve également des réflexions intéressantes dans Bernard ALART, Privilèges et titres..., p. 288-290. Celles-ci ont été depuis reprises et commentées dans un travail fondateur sur les coutumes et la génèse des pouvoirs urbains à Perpignan : Philip DAILEADER, True Citizens - Violence, Memory and Identity in the Medieval Community of Perpignan 1162-1397, Leiden, 2000, (traduit en français par Aymat CATAFAU : De vrais citoyens. Violence, mémoire et identité dans la communauté médiévale de Perpignan 1162-1397, Canet, 2004), p. 64-65.
346. — Sur l’apparition de la seigneurie banale en Catalogne voir Pierre BONNASSIE, La Catalogne au tournant de l’an mil. Croissance et mutations d’une société, Paris, 1990, p. 289-313.
347. — Le 14 mars 1166, Girard II avait donné aux religieux de Sainte-Marie de Fontfroide la faculté de recevoir, sur les revenus de ses fours de Perpignan, tout le pain dont ils auraient besoin pour eux et leurs serviteurs tant qu’ils resteraient à Perpignan. Il y était prévu que les jours où il n’y aurait pas de cuisson, le batlle qui tiendrait ces fours devrait leur fournir le pain nécessaire, BnF, coll. Doat, vol. 59, fol. 47-49.
348. — Acte n° 194.
349. — Acte n° 483
350. — Acte n° 300.
351. — La version définitive des coutumes de Perpignan, reprenant et amplifiant le socle originel de 1162, aurait été rédigée en janvier 1243, voir Philip DAILEADER, De vrais citoyens..., p. 52-53.
352. — Art. 37 : « Item, homines Perpiniani possunt habere lenas suas ad coquendos panes ad opus suum, non tamen venales. Item, possunt habere fornellos suos ad coquendum. Item, possunt habere duas foguasserias de lena, et duas de lari, ad vendendos panes cum voluerint », Joseph MASSOT-REYNIER, Les coutumes de Perpignan, Montpellier, 1848 (Réimpr. Marseille, 1976), p. 22.
353. Art. 38 : « Item, fornarii debent coquere bene et sadonare panes in furno, et propter hoc debent habere tantum vicesimum panem ; et si male decoquerint vel sadonaverint, debent illos emendare. Item, debent coquere panatas, et carnes, et cassoles, et bisces, et formagatas, et flaones, et huius modi talia, sine precio et sine aliqua parte.
Item, debent coquere panes flaquariis pro IIII denariis et uno tortello de fluxol eyminam, et nichil aliud debent habere pro eymina », Joseph MASSOT-REYNIER, ibidem.
354. — Acte n° 676.
355. — Nous ne partageons donc pas sur ce point l’opinion de Philip Daileader qui, s’abstenant curieusement de prendre en compte l’aspect pécuniaire de cette affaire, considère au contraire que cette transaction fut un succès partiel pour les consuls, Philip DAILEADER, De vrais citoyens..., p. 64.
356. « Octavo idus decembris, anno Domini millesimo ducentesimo LXX° quinto. Bajulus Perpiniani, de consilio et voluntate proborum hominum Perpiniani, statuit quod duo probi homines eligantur qui, jurati, per unum mensem habeant curam et sollicitudinem de omnibus panibus qui decoquentur in furnis Perpiniani, et judicio eorum discernatur de panibus qui fuerint male decocti et sadonati in dictis furnis, et de omnibus aliis que illicita fuerint comissa per furnerios vel fratres in decoquendis panibus et caseatis et panatis et flaonibus et aliis que in dictis furnis decoquentur, et in logeriis exhigendis et dandis ; et si ultra consuetudinem Perpiniani aliquid receperint vel contra in aliquo fecerint, quod bajulus Perpiniani teneatur facere emendari et restitui panes male decoctos et male sadonatos et alia omnia illicite comissa et recepta a fratribus et forneriis supradictis.
Et bajulus corrigat et faciat emendari ad noticiam dictorum proborum hominum qui pro tempore fuerint predicta.
Et quod, finito dicto menses, dicti duo probi homines qui dictum officium tenuerint eliguant alios duos probos homines qui jurent in posse bajuli et per alium mensem dictum officium teneant. Et sic per consequens continue et successive [predicta] de mense in mensem perpetuo observentur », ADPO, 112EDT24, fol. 1.
357. — Acte n° 983.
358. — Philip DAILEADER,: De vrais citoyens..., p. 238
359. — ADPO, 3E1/13, fol. 34v.
362. — Acte n° XXIX.
363. — Acte n° 895.
364. — « Specialiter autem recipimus et constituimus in hac protectione et guarda et nostro guidatico domum milicie Templi Perpiniani, et omnes furnos, mensuras et omnia alia jura que Templarii ibidem habent et habere debent.»
365. — Acte n° 540.
366. — L’acte portant l’acquisition de ces biens n’a pas été retrouvé. Mais nous disposons d’indices permettant d’échafauder une hypothèse quant à la façon dont les templiers ont acquis ces possessions. Ramon de Malloles était, semble-t-il, un opulent marchand perpignanais. Il est témoin en juin 1227 d’une concession du seigneur Nunó Sanç en faveur de l’hôpital des pauvres de Perpignan, ADPO, 2Hdtp3.
On le retrouve six ans plus tard parmi les religieux de la commanderie du Masdéu. Frère Ramon de Malloles est évoqué à deux reprises en 1233 et en 1236, voir les actes n° 323 et 342.
Il était probablement déjà décédé en mai 1237, puisque l’acte se rapportant aux mas et maisons qu’il avait donnés à l’ordre, sans doute au moment de sa profession, dit de cellesci : « que olim fuerunt de Raymundo de Maleolis »
L’homonymie laisse supposer qu’il était apparenté à cet autre bourgeois perpignanais nommé Ramon de Malloles qui fut condamné et incarcéré avec son épouse Elna pour crime d’hérésie en 1241, voir Jorge VENTURA SUBIRATS, « Hérétiques du Roussillon et de Cerdagne au temps de Jaime 1er », Cahiers d’Études Cathares, IIe série n° 21 (1964), p.53-54.
367. — — C’est d’ailleurs à cette époque que la ville commence à déborder hors des murs avec l’établissement des ordres mendiants. Le couvent des pauvres de la Merci est fondé par Pere de Nolasque en 1227 ou 1228 sur des terres données par Pere Comte de Salses ; les frères Mineurs apparaissent en 1235, et le monastère des frères Prêcheurs est créé par le roi en 1243-1244 à l’emplacement de l’ancienne léproserie.
368. — Il s’agit du mercadal et du masell déjà évoqués dans les textes du XIIe siècle.
369. — Acte n° 529. Sur la question des inondations voir Rodrigue TRÉTON, « Crues et inondations dans les Pyrénées Méditerranéennes aux XIVe et XVe siècles : état des sources et perspectives de recherches », Domitia, n° 8/9, mars 2007, p. 213-226.
370. — Acte n° 745.
371. — En vertu d’une concession en viager effectuée le 7 mai 1271. Cet acte nous est connu par une analyse moderne qui précise que cet étal se situait « dans la rue de la Couturerie », ancien nom de l’actuelle rue de la Cloche d’or.
372. — Acte n° LXVIII.
373. — Actes n° LXXVII et LXXVIII.
374. — À la même époque, Barcelone, Vic et Gérone connaissent également une intensification et une diversification des activités mercantiles et artisanales, voir Lluis TO FIGUERAS, « Els remences i el desenvolupament de les viles catalnes a l’entorn de 1200 », dans Louis ASSIER ANDRIEU et Raymond SALA (dir.), La ville et les pouvoirs..., p. 132.
375. — « (...) unum nostrum mansum, quem habemus intus villa Perpiniani, in adjacentia Sancti Johannis, et affrontat a parte orientis in exitu de manso de nobis donatoribus, a meridie in manso de Bernardi Comitis et in manso nostro, ab occidente in operatore Jacobi et in operatore quem tenet Gonballus de Biterensis et in operatore Flandine femine, de aquilone in strata publica qui pergit de Sancto Johanne ad mercadale », acte n° 11.
376. — Pere de Gaillac et son épouse Pelegrina s’établissent à Perpignan le 4 juillet 1149 en prenant à acapte un terrain afin d’y édifier un mas, ADPO, 1B59.
377. — En 1157, la vicomtesse Ermengarde donne à l’abbé Vidal le lieu où est établi le monastère de Fontfroide, dans les Corbières, l’une des limites de ce territoire s’étend « (...) usque ad viam novam Mercadeiram que vadit ad Vossellionem (sic pour Rossellionem), quam viam ego jussi facere », Dom Claude DEVIC et Dom Joseph VAISSETE, Histoire générale de Languedoc, t. VIII, preuve n° CLXVII.
378. — Les comtes Gaufred III et Girard II, sans doute pressés par les probi homines de Perpignan, s’efforçèrent de protéger les marchands qui empruntaient cet itinéraire public des rapines commises par des aristocrates désireux de tirer profit de l’essor du trafic commercial.
Le 10 juin 1164, l’évêque d’Elne et quatre autres juges se réunirent dans l’église Saint-Jean de Perpignan afin d’arbitrer la controverse opposant le comte de Roussillon à un important seigneur de l’Albera, Bernat de Montesquieu, à propos de nouveaux péages que ce dernier avait établi au Perthus : « Conquestis est predictus Girardus de Bernardo predicto, qui novas inpres[s]iones in via publica faciebat ad locum qui vocatur Malpertus, et quia libera erat via publica, cum Gaufride patre suo, ab omni vexacione et a sordidis muneribus a Perpiniano usque ad Malpertus quousque predictus Bernardus hoc de novo abstulit, quasi in possessione illius libertatis petebat Girardus restitui. »
Bernat de Montesquieu, réfutant les arguments du comte Girard, prétendait que lui et ses prédécesseurs percevaient ces taxes depuis plus de trente
ans. Il affirmait tenir celles-ci du comte d’Empúries, Hug III, qu’il cite comme caution.
Les témoins assermentés produits par le comte Girard sont... six négociants perpignanais ! Guillem Adalbert, Esteve Sabors, Perpinyà Pelisser, Cerdà, Bernat Calcain et Arnau Calcain confirment naturellement les assertions du comte Girard, leur seigneur et, sans doute aussi, leur débiteur. L’affaire se conclue par une sentence prononcée à l’encontre de Bernat de Montesquieu, condamné par contumace à libérer la voie publique et à restituer ce qu’il avait prélevé indûment.
Ce jugement rendu en faveur des libertés publiques témoigne, tant par son esprit que par sa formulation, d’une avancée décisive des concepts juridiques romanisants en terre roussillonnaise.
L’affaire témoigne également de l’animosité persistante qui opposait les comtes de Roussillon à ceux d’Empúries pour le contrôle de la région frontalière de l’Albera ; cette mésentente continuelle a sans doute pesé très lourd dans le choix du comte Girard d’écarter de sa succession le lignage consanguin en léguant le comté de Roussillon au roi Alfons II, voir Francisco MIQUEL ROSSEL, Liber Feudorum Maior, vol. II, n° 735. Pour une approche contextuelle de cette affaire voir Aymat CATAFAU, « Contentiones fuerunt. Conflits et violences dans le Roussillon féodal (XIe-XIIe siècles) », Le Roussillon de la Marca Hispanica aux Pyrénées-Orientales (VIIIe-XXe siècle), Perpignan, 1996, p.231, et notes 45 et 46 p. 247.
379. — Guillem de Carcassona, mercier, souscrit en 1165 une reconnaissance de dette, assortie d’une remise de gages, faite par deux débiteurs au créancier perpignanais Esteve Sabors, ADPO, 1B59.
380. — Livre vert mineur, vol. I, AMP, AA3, fol. 19-v. On ignore si Alfons II établit effectivement une foire à Perpignan. Mais ce fait nous semble très probable : la cohérence voudrait en effet que la création d’une foire dans la capitale du comté ait précédé celles des villes secondaires de Collioure (1207) et de Salses (1213) instituées par son fils Pere II, Bernard ALART, Privilèges et titres, p. 89-90 et 100-102. On sait qu’au début du XIIe siècle et jusqu’à la fin du premier tiers du siècle suivant, une foire se tenait non loin de la capitale du Roussillon, à Saint-Genis de Tanyeres, petite localité disparue qui se situait entre Le Vernet et Bompas et dont le territoire a été par la suite annexé à celui de Perpignan. Il semble que le testament d’Ermengau de So y fasse allusion en 1136, puisque les témoins assermentés disent que ce seigneur avait légué aux templiers 60 sous que lui devait le vicomte de Fenolhedès pour une mule, et que ce cette somme devait lui être remboursée à l’occasion de la prochaine foire de Saint Genis, acte n° 14. La foire de Tanyeres est évoquée de manière explicite en 1230, date à laquelle le seigneur Arnau de Salses et les prud’hommes de Narbonne s’accordent au sujet de la tarification des droits de leude que cet important seigneur prélevait sur les marchands qui se rendaient à celle-ci : « (...) mercatoribus undecumque sint advenientibus ad nundinas nostras de Taisneriis », Alphonse BLANC, Le livre de Comptes de Jacme Olivier, marchand narbonnais du XIVe siècle, Paris, 1899, pièce justificative n° III, p. 306-308. Il est vraisemblable que cette foire ait disparu par la suite, soit à la faveur de la mort de ce seigneur et de l’extinction consécutive de son lignage en 1232, soit en raison de la concurrence de celles de Perpignan.
381. — Voir ci-dessus la carte de Perpignan.
382. — Actes n° 378, 379, 389, 396 et 397.
383. — Actes n° 473, 475, 489, 490, 497, 566, 610, 707, 777, 840, 841.
384. — Actes n° 1057 et 1058.
385. — Richard W. EMERY, « Flemish cloth and flemish merchants in Perpignan in the thirteenth century », Essays in Medieval Life and Thought: Presented in Honor of Austin Patterson Evans, Columbia University Press, New York, 1955, p. 153-166.
386. — Pour faire le point sur la croissance économique de Perpignan au XIIIe siècle en relation avec le développement du commerce et de l’artisanat du cuir et du textile voir Richard W. EMERY, « Flemish cloth...», art. cit ; Antoni RIERA I MELIS, « Perpinyà, 1025-1285...» ; Anthony PINTO, « Perpignan un grand centre drapant méditerranéen (XIIIe-XVe) : état de l’historiographie », La fibre catalane.
Industrie et textile en Roussillon au fil du temps, Perpignan, 2006, p. 13-38 ; Id., « Draperie et développement urbain : le cas de Perpignan à la fin du Moyen Âge (XIIIe-XVe siècles) », dans Flocel Sabaté et Christian Guilleré, éd., Morphologie et identité sociale dans la ville médiévale hispanique, Editions de l’Université de Savoie, 2012, p. 365-415.
387. — Selon une estimation effectuée par les consuls de Narbonne en 1329, les opérations réalisées par les pareurs représentaient alors près des deux tiers de la valeur d’un drap, voir Gui ROMESTAN, « Draperie roussillonnaise... », art. cit., p. 31 et 40.
388. — Acte n° 853.
389. — « Quod predictum operatorium est michi inutile cum illud accapitassem ad opus paratorie exercende, et modo prohibetur michi et aliis paratoribus per dominum regem Majoricarum quod non exercamus dictum ministerium paratorie locis specialibus solituri, set quod certo loco exerciatur dictum ministerium paratorie per eundem dominum regem michi et aliis paratoribus assignato. »
390. — Selon Pere Vidal, ce premier regroupement des ateliers des pareurs de Perpignan, appelé par la suite Parairia vella, se situait dans la vieille ville et devait occuper l’emplacement des rues des Fabriques d’en Nebot, des Fabriques d’en Nadal et des Fabriques couvertes, Pierre VIDAL, Guide historique et pittoresque dans le département des Pyrénées-Orientales, Perpignan, 1899. Sa création précède de dix ans seulement celle de la Parairia nova à propos de laquelle nous possédons davantage de renseignements.
Le 16 juillet 1291, Jaume II, roi de Majorque, autorise son fidèle conseiller, le richissime homme d’affaire Guillem de Puigdorfila, à ériger une rue d’un côté de laquelle il fera édifier des maisons de pareurs dans le mas qu’il a acheté à Pere Fabe ; et du côté de la place, l’investisseur pourra faire poser des piliers pour supporter des constructions, et y tenir des étals qui relèveront de la directe du roi, ADPO, 3E3/704, fol. 281v.
Ces travaux ont été mené avec célérité car le 10 octobre suivant Guillem de Puigdorfila est déjà en mesure de concéder à acapte un ouvroir situé « (...) in carreria sive via que vocatur paratoria nova », ADPO, 1B62.
Dix ans ont donc suffit pour que la première parairia ne suffise plus à loger tous les artisans de la jeune corporation. Ce fait est révélateur du remarquable essor que connaît ce métier qui prend des proportions considérables au cours des premieres décennies du XIVe siècle.
On aurait dénombré pas moins de sept rues de pareurs à Perpignan selon le témoignage postérieur des consuls de Narbonne en 1329, et huit rues selon les dires des consuls de Béziers. La production annuelle de draps apprêtés dans les parairies de Perpignan aurait alors avoisiné le chiffre considérable de 40000 ; la profession aurait fait vivre près de 3000 personnes, voir Gui ROMESTAN, « Draperie roussillonnaise...», p. 39 et 42 ;
Antony PINTO, « Draperie et développement urbain : le cas de Perpignan à la fin du Moyen Âge (XIIIe-XVe siècles) », dans Flocel Sabaté et Christian Guilleré, éd., Morphologie et identité sociale dans la ville médiévale hispanique, Editions de l’Université de Savoie, 2012, p. 365-415.
391. — Il s’agit à notre connaissance de la plus ancienne mention répertoriée de cet place également appelée Pella, à l’emplacement de laquelle on édifia la Loge de Mer en 1382, Henri ARAGON, Documents historiques sur la ville de Perpignan, Perpignan, 1922, p. 6 et 11.
392. — « Et est dictum operatorium tantum sotulum cum superficies ejusdem soli seu sotuli, sic Petri Caruli », Acte n° 966.
393. — Il s’agit là de l’une des rares occurrences de cette unité de longueur dont nous ignorons l’équivalent métrique.
394. — Acte n° 987.
395. — Acte n° 556. Le montant du droit d’entrée payé par le couple d’artisan est de 62 sous et 6 deniers, soit le prix d’un marc d’argent au poids de Perpignan. On remarque que ce droit représente le double de la valeur numéraire du cens annuel fixé. Il apparaît d’ailleurs que le marc d’argent servait d’étalon aux templiers pour calculer le montant de leurs redevances à Perpignan. Les principes et les modalités de ces opérations restent toutefois à éclaircir.

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