Les Templiers   Études   Les Croisades

Études réalisées sur les Templiers

Retour Etudes

Godefroy de Bouillon

Ce rapport à été rédigé au XIXe siècle, par d'éminents historiens. Loin de moi l'idée de faire une quelconque polémique stérile sur « il est né ici, il est donc ceci ».
Mais, j'ai trouvé intéressant de lire ce débat qui fit longuement réfléchir ces grands historiens.
Alors, je vous laisse juge d'en conclure ce que vous en voudrez, bien sûr, vous aussi, ne devrez entamée aucune polémique.


Godefroy de Bouillon, était-il de Boulogne ou de Bazy-Thy ?
Rapport de M. de Mas Latrie, membre du Conseil de la Société de l'Histoire de France, sur une notice manuscrite de M. de Poucques d'Herbinghem relative au lieu de naissance de Godefroy de Bouillon, notice que le Conseil avait renvoyée à son examen durant la séance de juin 1855.

Godefroy de Bouillon est en ce moment revendiqué contradictoirement comme un compatriote par les Français, par les Belges et par les Allemands. L'Allemagne n'intervient dans le débat qu'en se substituant aux droits et aux réclamations de la Belgique, on peut donc l'écarter de la discussion, pour s'occuper seulement des deux opinions qui restent en présence. M. d'Herbinghem énumère soigneusement les autorités invoquées de part et d'autre.

1· en faveur des prétentions belges, par M. le chanoine de Ram et le savant P. Debuck, de Bruxelles, pour qui Godefroy de Bouillon est né à Genappe, village du Brabant méridional, près de Nivelles, ou à Baisy (de nos jours Basy-Thy) près de Genappe, terres qui appartinrent à sainte Ide, mère de Godefroy, fille de Godefroy IV le Barbu, duc de la basse Lorraine.

2· en faveur des réclamations françaises, par MM. Hédouin, Dufaitelle et Henry, d'après qui Godefroy de Bouillon aurait vu le jour dans la ville même de Boulogne, ou dans les limites du comté de Boulogne, résidence habituelle de son père Eustache II, et de sa mère Ida, ou sainte Ide.

J'ai lu la notice de M. d'Herbinghem avec toute l'attention qu'elle réclame, en ayant soin, comme l'auteur en donne l'exemple, d'écarter d'avance toute espèce de parti pris ou d'esprit de nationalité, car il serait réellement puéril de se laisser influencer par de semblables préoccupations dans l'examen d'une question historique. M. d'Herbinghem considère les prétentions françaises comme les plus sérieusement établies dans l'état actuel des renseignements historiques recueillis sur ces faits, et il m'est impossible de ne pas être entièrement de son avis.

Les autorités qu'invoquent les défenseurs des opinions contraires sont de deux natures différentes :
1· les traditions.
2· les monuments écrits.

La discussion semble devoir gagner quelque chose, si on écarte complètement les raisons et les considérations qui ne proviendraient que de la première de ces sources. Aux traditions belges, qui font naître et baptiser le fils du comte de Boulogne à Genappe, à Baisy de nos jours Baisy-Thy ou à Bruxelles, on pourrait opposer en effet les traditions boulonnaises, non moins anciennes, non moins précises, corroborées comme les autres par d'anciens écrits et d'après lesquelles on serait certain, non-seulement que Godefroy, appelé plus tard Godefroy de Bouillon, est né à Boulogne, mais on connaîtrait le lieu précis où il vit le jour et où ses parents habitaient, ce serait l'endroit où sont aujourd'hui les boucheries de la ville, au-dessous du beffroi.

Mais pour des recherches historiques et rigoureuses, il est préférable de ne pas quitter les témoignages écrits et voisins, autant que possible, des temps même auxquels se rapportent les événements que l'on examine. Si ces témoignages sont insuffisants quelquefois pour mettre le fait recherché hors de doute et de contestation, on a du moins l'assurance, en les suivant, de ne pas s'égarer dans les probabilités et de rester sur la voie qui mène le plus sûrement à la vérité. Aussi M. d'Herbihghem n'accorde-t-il que peu d'attention, et les négligerons-nous avec lui, aux assertions des chroniqueurs du XIVe, du XVe et même du XVIe siècle pour chercher à connaître et à préciser un fait du XIe siècle.

L'autorité la plus ancienne et la plus importante qu'allèguent le savants belges, d'après la notice de M. d'Herbinghem, où me semblent n'avoir été négligés aucuns des arguments contraires à son opinion, appartient à la seconde moitié du XIIIe siècle, ce qui est déjà bien éloigné de l'an 1061, époque à laquelle on place généralement la naissance de Godefroy de Bouillon. C'est un fragment de Chronique de Brabant, trouvé par M. Bornans, professeur de l'université de Liège, sur les feuilles de garde d'un manuscrit de cette ville, dont l'écriture est, dit-on, de l'an 1269. En admettant l'âge du manuscrit, même avec cette date si précisé, on reconnaîtra néanmoins que l'auteur de la compilation intitulée Chronique de Brabant, d'après lequel Godefroy de Bouillon descendrait de Charlemagne, ne peut mériter une confiance absolue quand il dit que Godefroy, roi de Jérusalem, s'appelait comme ses frères, de Bouillon, et que ces princes avaient tous reçu le jour et l'éducation à Baisy ou à Genappe, en Brabant : « Godefridus dux (Godefroy IV le Barbu, duc de la basse Lorraine) genuit Godefridum Gibbosum et ducem (Godefroy V le Barbu) et sanctam Idam Bononiensem comitissam matrem Godefridi de Boilon, ducis LotHaringiae, post mortem Godefridi Gibbosi et régis Jérusalem, et matrem Balduini, régis Jherusalem, et Eustacii (Eustache III), comitis Bononiensis, qui licet nominati sint de Boilon, nati tamen et nutriti sunt in Brabanlia, scilicet apud Raisy (Baisy), apud Genapiam, castrum ducis Brabaritiae ».

Ce passage, fondement principal des prétentions belges, semble détaché de l'une de ces généalogies de complaisance, comme il y en avait déjà beaucoup au XIIIe siècle. De semblables allégations ne suffisent pas pour nous faire rejeter l'opinion admise jusqu'ici et établie sur le témoignage de Guillaume de Tyr, qui vivait au XIIe siècle.

Les monuments absolument contemporains des premières croisades n'indiquent pas le lieu de la naissance de Godefroy de Bouillon. J'ai, du moins, parcouru, sans rien trouver de précis à cet égard, les plus anciens des historiens publiés par Bongard, la vie de sainte Ide, mère de Godefroy, la chronique de Saxe, la chronique de Hainaut, par Gislebert du Mont, Guillaume de Jumièges, Orderic Vital, Lambert d'Ardres et la plupart des chroniques des XIe et XIIe siècles publiées par dom Bouquet et par M. Pertz, de même que les Lignages d'outremer. Mais ce silence même, confirmé par les renseignements généraux que donnent sur la vie de sainte Ide, son biographe, l'auteur de la Chronique de Saxe, et Gislebert du Mont, n'indique-t-il pas déjà que Godefroy de Bouillon dut naître dans le lieu même où ses parents faisaient le plus habituellement leur résidence, c'est-à-dire dans leur comté et probablement dans leur ville de Boulogne, C'est en effet ce que dit de la façon la plus positive l'archevêque de Tyr, qui avait pu connaître dans le royaume de Jérusalem des contemporains et des compatriotes de Godefroy de Bouillon, qui est généralement bien renseigné et exact, et qui vivait dans la société même où avait vécu et régné Godefroy : « Oriundus vero fuit de regno Francorum, (dit Guillaume de Tyr, du premier roi de Jérusalem), de Remensi provincia, civitate Bolohiensi, quae est secus mare anglicum sita ». Lib. IX, cap. V. Tom. I, p. 370).

En présence d'un semblable témoignage, émanant d'un auteur si justement estimé, on peut conclure avec M. d'Herbinghem :
1· Que les autorités invoquées pour fixer la naissance de Godefroy de Bouillon à Baisy ou à Genappe n'ont ni l'ancienneté, ni les caractères d'exactitude et d'authenticité suffisants ;
2· Que, vu le silence des auteurs immédiatement contemporains de Godefroy de Bouillon, nous devons considérer, comme la plus certaine la notion fournie par Guillaume de Tyr, l'auteur le plus rapproché des contemporains, et si bien placé d'ailleurs pour être informé de ce qui concernait la famille des deux premiers rois de Jérusalem ;
3· Enfin que s'il est une ville autorisée à inscrire avec quelque confiance sur le socle de la statue de Godefroy cette simple et belle inscription : Godefrido suo, c'est assurément la ville de Boulogne.
« On n'a pas invoqué, et avec raison, le second nom de Godefroy de Bouillon, comme preuve de sa nationalité belge, attendu que Godefroy ne reçut le château et ensuite le nom de Bouillon que longtemps après sa naissance, lors du partage des biens de sa mère, qui avait été propriétaire de cette seigneurie ».
Biographie sur wikipedia de Monsieur Louis de Mas Latrie.
wikipedia

Jacques Marie Joseph Louis, « comte » de Mas Latrie est un historien et diplomate français, né à Castelnaudary le 9 avril 1815 et mort à Paris le 3 janvier 1897.
Sources : Bulletins de la Société des Antiquaires de Picardie - Tome V. Années 1853-1854-1855.
Editeurs : Librairie de Duval et Herment - Amiens. Librairie J-B Dumoulin - Paris. 1855.
De POUCQUES d'HERBINGHEM (Joseph-Eugène) (1807-1900).
Commandeur (12-08-1854), Commandant en sous-ordre dans l'escadre d'évolutions. 04-03-1868 vice-amiral.


Retour Etudes



Haut-page

Licence Creative Commons
Les Templiers et Les Croisades de Jack Bocar est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas de Modification 4.0 International.
Fondé(e) sur une oeuvre à http://www.templiers.net/.
Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues à http://www.templiers.net/.