Bordères
La commanderie de Bordères et les Templiers 1148 à 1312.Lauteur dun article relatif au pyrénéisme, paru dans un journal local du mois de décembre 1953, affirme que des deux Ordre religieux Templiers et Hospitaliers, seul ce dernier a existé en Bigorre.
Après avoir consulté, les ouvrages suivants : « Manuscrit de lArcher », de A. Bordères, et « LHistoire du Grand-Prieuré de Toulouse », par M. A. Dubourg, il nous semble que cette affirmation, est erronée.
Sans vouloir réfuter la présence de lOrdre de Saint-Jean de Jérusalem dans quelques villages de la Bigorre à lépoque où sy trouvaient les Templiers, ce dernier Ordre nous apparaît, pendant la période comprise entre 1148 et 1312, comme le plus ancien et le plus puissant de notre région.
Cest le 7 février 1148, dans la grande salle du Château de Lourdes que Pierre, comte de Bigorre, ayant auprès de lui, la comtesse Béatrix, sa femme, Centulle, son fils, et ses principaux chevaliers, donnait, en présence de Bernard, abbé de lEscaladieu, Pierre de Rosière, maître du Temple en Provence, et Arnaud de Villeneuve, chevalier du même Ordre, la ville et son fief de Bordères, en franc alleu, aux frères de la milice du Temple de Jérusalem ou Templiers. Cette donation était faite, dit lacte, par le comte et sa famille pour la rémission de leurs péchés et de ceux de leurs prédécesseurs. Les nobles donateurs faisaient en même temps cession sur les maisons que le Temple possédait à Saragosse.
Ainsi fut créée la plus ancienne Commanderie de la Bigorre qui eut pour premier commandeur Arnaud de Villeneuve (1148).
En 1175 les Templiers élevèrent au confluent de lEchez et dun canal venant de lAdour, un château en forme de quadrilatère aux, murailles épaisses. Il nen reste plus aujourdhui que quelques pans renversés au bord de la rivière. Les ruines du château « Castellum » et son emplacement se nomment encore dans le village « Castet »
A lEst du château furent construits léglise, le moulin placé sur le canal, et plus bas au Midi la prison et la grange du commandeur où les habitants du village portaient les dîmes. Lensemble de ces constructions et les maisons des premiers habitants constituaient « lEnclos » entouré de murs. Le commandeur possédait des bois, des prés ; le pré-comtal, « prat condau », fut donné aux chevaliers en 1205 par la comtesse de Bigorre, Pétronille, qui confirma en 1247 la donation faite aux Templiers en 1148 par le comte Pierre de Bigorre.
Les plus illustres seigneurs du pays enrichirent ces Templiers.
Arnaud de Lavedan et sa femme Navarre abandonnèrent, en 1250, le village de Pintac. Les membres de la commanderie sur lesquels sexerça son autorité furent : Pintac, Ossun, Gayan, Aureilhan, Sarrouilles, Soyeux, Bouchet et Geys-Camnan, Bagnères, Tachoires, Carmoulas, Bailles-Bos, Maubourguet, Castelnau-Préchac, Perignères et Bazeillac.
En 1307, après larrestation des Templiers par ordre de Philippe le Bel, lOrdre des Templiers fut supprimé par Clément V en consistoire secret le 22 mars 1312. Le dernier commandeur de Bordères, Bernard de Montegut et quelques chevaliers furent exécutés à Auch.
Les biens des Templiers furent joints à ceux des Hospitaliers qui semparèrent de leurs dépouilles avec satisfaction. Mais le pouvoir samoindrit avec le temps. Au XVIe siècle, la Commanderie fut mise au pillage par les Huguenots : les meubles, les joyaux, les armes, les chartres et divers titres furent pris.
Au XVIIe siècle le peuple cherche à se débarrasser des charges qui pesaient sur lui. Le commandeur fut soumis à des charges : dépenses de léglise, aumônes aux pauvres, etc.
Jusquà la suppression de leur Ordre en 1789, les Hospitaliers connurent une suite dennuis provoqués par leurs vassaux et par certains seigneurs voisins pour des raisons dintérêt.
En 1773 les immeubles et terres de la Commanderie existant encore furent vendus comme biens nationaux à un groupe de propriétaires.
Léglise fut démolie vers 1810 et le moulin une quarantaine dannées après.
La disparition de ces monuments témoins dun passé mouvementé est à déplorer.
Sources : M. Giraudon. La Commanderie de Bordères et les Templiers. Bulletin de la Société académique des Hautes-Pyrénées. Tarbes 1954-1955. BNF
Notes sur lhistoire de Bordères
Bordères, situé à un carrefour de routes et deaux, au pied de collines boisées, Bordères, dès la préhistoire, fut fréquenté. Ses premiers habitants, puis Gaulois et Romains y laissèrent des traces et vestiges divers qui attestent abondamment de ce lointain passé. En Bigorre, des coutumes dérivant de cultes primitifs ont longtemps subsisté.Notre région est riche en tombelles, pierres dressées, grottes-refuges ou sépulcrales, grottes où lours Artio était vénéré (le dieu Artio) Artio, déesse guerrière, dont le culte sassimilait à la lune et à la terre, au cycle de production des végétaux.
Le dieu Lug dont le culte est très ancien (Lug signifie lumière) ; enfin le porc, représentatif de la caste sacerdotale, et loie étaient vénérés cinq siècles avant Jésus-Christ ; une image de ce temps représente Vénus chevauchant une oie. Epona, honorée des Gaulois sous laspect dune jument avec son poulain, ou dune amazone.
Lorigine de tout ce bestiaire déifié se perd dans la nuit des temps. Lempreinte de ces cultes est restée vivace dans les diverses coutumes régionales, même celles culinaires.
En la forêt proche de Bordères, le culte druidique se conserva longtemps, des légendes lattestent. Les druides prolongèrent certains cultes et un savoir qui remonteraient aux Atlantes, Atlantes, auxquels on attribue les « menhirs » de nos régions. Ce furent les premiers gigantesques civilisateurs des Pyrénées ; la preuve en serait marquée sur les monuments mégalithiques du pays.
Les Atlantes pratiquaient déjà lacupuncture. De même, ils pratiquèrent une sorte dacupuncture de la terre avec des pierres dressées en des lieux-clefs.
Les savants ont pu constater que nombre de menhirs sont érigés à lemplacement exact dun courant tellurique et quà leur base des émanations de gaz et des vibrations particulières sont souvent enregistrées.
Les P.T.T. ont utilisé les enseignements de ces primitifs pour améliorer leurs transmissions.
Dans le Golan, en Israël, des pierres dressées ont été retrouvées. Daprès la Genèse chapitre 28 Jacob en redressa certaines existant avant son passage. Quelques pierres furent honorées ; leur culte dura des millénaires. Si leur influence bénéfique navait pas existé, nul ne se serait préoccupé de leur effet régénérateur (notamment pour les femmes). Tous ces cultes seraient rapidement tombés dans loubli ; or, ils durèrent des millénaires.
Si bellement entouré de routes, de forêts et de cultes bénéfiques, Bordères, cité privilégiée, attira des hommes privilégiés.
Ne nous étonnons pas de voir au XII" siècle les Templiers accepter de sy installer.
En lan 1205, Gaston de Béarn, Comte de Bigorre, fit don aux Templiers de la Commune de Bordères.
Le 7 février 1149, le destin de Bordères se fixa à Lourdes, dans la salle darmes du Seigneur Pierre de Marsan, Comte de Bigorre, et de sa femme Béatrice, en présence de Centulle son fils, de ses principaux chevaliers et de Bernard de Lescaldieu.
Il donna son fief de Bordères aux Templiers représentés par Pierre de Rosière, maître en Provence, et Arnaud de Villeneuve, chevalier de lOrdre.
Les Chevaliers entraînés par la sympathie populaire et la beauté du site firent de Bordères la plus importante Commanderie du Midi. Leur château se bâtit en un quadrilatère aux murailles énormes. Il sérigea au confluent du canal venant de lAdour et de lEchez.
On voyait naguère derrière le vieux cimetière de gros pans de murs quon appelait alors « Lou Castet » La vieille maison, mitoyenne du cimetière, subsista (cétait lancien Lazaret). Leur prison, toute proche, avait vue, elle aussi, sur le cimetière. Un ancien cimetière existait après lEchez et une petite chapelle Saint-Blaise. De très gros sarcophages de pierre ont été retirés de ce champ, ex-champ des morts.
A lOrient, près dun chemin côtoyant le canal, les granges du Commandeur se bâtirent. La boulangerie et lépicerie face à léglise actuelle, lancienne Mairie et notre demeure en sont les restes.
Notre maison en a gardé un charme préservé, des galeries de bois, des marches de pierre du XIIe avec des porches dont les frontispices portent les mystérieux signes du Temple larbre, le cœur ou létoile salliant à des signes de force. La maison fut remaniée au cours des siècles par les successeurs du Temple, les Chevaliers de Malte. Ils nous ont laissé des boiseries et des portes Louis XIII, Louis XIV et Louis XVI.
En 1861, on décida labandon de léglise ancienne de Bordères et on vota la construction de léglise républicaine actuelle ; aucun signe religieux extérieur ne devait apparaître, donc vitraux neutres. Elle fut inaugurée en 1904. Les cloches appartenaient à lancienne église du château des Templiers qui, petite et ronde, était réservée aux réunions du Chapitre en ce temps.
Les Chevaliers de Malte ouvrirent cette chapelle aux villageois, la transformèrent et lagrandirent.
Si nous entendons encore tinter la cloche des Templiers, hélas, on ne voit plus lenvol des manteaux blancs, rougeâtres ou noirs tous ornés de la croix rouge des gens du Temple. Il semble, cependant, que leurs âmes rôdent encore par le village et le protègent par-delà les siècles.
Saint Bernard fit des Templiers un portrait bien réaliste : cheveux tondus, poil hérissé, souillés de poussière, noirs de fer, noirs de hâle et de soleil, voilà les Templiers. Ils aimaient les chevaux rapides sans aucune garniture ni surcharge. Ne nous étonnons pas si le hasard nous lègue la célèbre race anglo-arabe, mondialement connue.
Revenons à notre histoire locale : les archives parlent de donation en 1205 par Gaston de Béarn et plus tard sa veuve, la Comtesse Pétronille entourée de sa cour en la demeure de lEvêque de Tarbes ; elle donna aux Templiers le droit de haute justice sur la Commune de Bordères.
Un autre parchemin raconte quen 1248 une importante assemblée réunie dans le cloître de léglise de Tarbes autour de lEvêque Arnaud-Raymond de Coarraze et de son Chapitre, du Sénéchal P. de Bordeillès, de Pellegry de Lavedan, dArnaud, vicomte dAsté, dAuger de Sarrignac, juge en la Cour de Bigorre, du frère Abbé de Saint-Savin, de Philippe, Prieur de Maubourguet, dAugier de Loïd, Prieur de Bénac, des Chevaliers Bozon, Tison, Formages des Angles, A. de Clérag, tous réunis pour entendre Augier, Seigneur dOssun, reconnaître publiquement que jadis son père et son aïeul avaient donné aux Templiers de Bordères léglise et la grange dOssun.
Ils les restituaient en ce jour de 1248 au Comte dOrleix, Commandeur de Bordères. Il reconnut avoir péché pour les avoir voulu reprendre et garder de force.
En 1251, même cérémonie : cest le puissant et fier Baron Arnaud de Lavedan qui restituait Pintac (ex Beaussaert) jadis donné à lOrdre par son aïeul Arnaud dAragon.
Guerroyant héroïquement, assurant la sécurité aux pèlerins et habitants, les Templiers disposaient, en outre, dune immense fortune.
Ils furent nos premiers banquiers, faisant circuler des lettres de change de commanderie à commanderie. Hélas, leur richesse les perdit.
Le Roi de France Philippe le Bel à qui les Templiers avaient avancé la dot de sa fille fut jaloux de leur fortune et leur énorme influence. Il semploya dès lors à leur perte.
Les Templiers de Bordères et de la région furent jetés en prison et après un procès inique qui dura sept ans, ils périrent à Auch avec leur dernier Commandeur, Bernard de Montaigu.
Au-delà des siècles leurs noms restent lourds de chevalerie et dépopée, désotérisme, de secrets. Le mystère de leur fortune et de leurs trésors jamais découverts subsiste.
Héritiers des biens des Templiers, les Chevaliers de Jérusalem vinrent à Bordères en 1323. Cest le Commandeur dAureilhan, Bernard de Trébons, qui planta son étendard sur le donjon de Bordères doù il put contempler ses immenses possessions. Possessions dont ils ne jouirent pas en paix. Dinnombrables tracasseries les assaillaient sans cesse de toutes parts, et leurs plus proches voisins ne furent pas les plus aimables. Les consuls de Tarbes furent leurs plus acharnés ennemis. Tachoire leur fut disputé. Bertrand de Trébons et Augier dOssun convoitaient Tachoire donné aux Templiers par le Comte de Lavedan en 1234.
Ce fut une longue affaire, elle se termina par un arrangement fait à Tarbes, qui octroyait un bail emphytéotique à Augier dOssun.
LOrdre de Saint-Jean-de-Jérusalem était devenu lOrdre souverain de Malte.
Malgré cela les Chevaliers furent chassés de Bordères à la Révolution, les biens religieux devenant des biens nationaux. « LOrdre Souverain de Malte a un droit dexterritorialité sur ses possessions en France. Il est probable que cela nétait pas encore en vigueur au moment de la grande révolution »
Voici, pour conclure, la liste des possessions de la Commanderie de Bordères :
— Pintac
— Ossun
— Tachoire
— Gayan
— Guchen, en Vallée dAure
— LEglise de Notre-Dame de Boisset et la liste des Commandeurs de Bordères du jour où Pierre de Rosière, Maître en Provence, reçut ce fief du Comte de Lavedan :
1er Commandeur :
1148. Arnaud de Villeneuve.
1175. Bertrand- de Sauveterre.
1239. 1251 Vital dOrleix.
1275. Pierre de Sombrun.
1281. Pierre de Gavaret.
1283. Guillaume Garsis de Tuzaguet.
1292-1306. Pierre de Gavaret.
1307. Bernard de Montaigu mort à Auch, dernier Commandeur de Bordères.
Sources : Mme Meynier de La Roche Souvestre. Notes sur lhistoire de Bordères. Bulletin de la Société académique des Hautes-Pyrénées. 1980 Tarbes BNF