Etudes sur les Accusateurs des Templiers
L'arrestation des Templiers, malgré toutes les recherches dont elle a été l'objet, reste encore aujourd'hui entourée de mystère. Les faits ont été diversement racontés et vraisemblablement défigurés par des écrivains mal renseignés ou par des narrateurs intéressés à les dénaturer.La version couramment adoptée est celle du chroniqueur florentin Villani (1), bien qu'elle soit en désaccord sur un point important avec le récit d'un autre contemporain, Amalric Augier de Béziers (2).
Ces deux auteurs, à notre avis, ont, chacun de leur côté commis une inexactitude, et nous n'hésitons pas à nous rallier à la déposition officielle faite au cours du procès par le frère Ponzard de Gisi (3). Nous allons en donner les raisons.
Examinons d'abord la version du chroniqueur Villani. Après avoir parlé du séjour du roi à Poitiers, il ajoute que le point de départ de la mise en accusation des Templiers fut la dénonciation par un prieur de Montfaucon, de Toulouse, appartenant à l'Ordre, homme de mauvaise vie, hérétique et condamné pour ses méfaits, par le grand maître, à la prison perpétuelle, à Paris. C'est pendant sa captivité qu'il aurait fait connaissance d'un certain Noffo Dei, florentin, prisonnier comme lui, criminel, perdu de vices, qui, pour obtenir du roi sa liberté, aurait, lui, inventé la fausse accusation.
Voici maintenant le récit d'Amalric Augier, de Béziers, prieur du monastère Sainte-Marie d'Aspiran, en Roussillon (4) :
Dans un château royal du diocèse de Toulouse, un bourgeois de Béziers, Squin de Florian, et un Templier apostat, se trouvant ensemble en prison, se confessent l'un à l'autre. Squin apprend par la confession du Templier les vices qui régnaient dans l'Ordre et parvient à se faire conduire à Paris par un officier d'un autre château royal, et là, présenté au roi, lui dénonce la confession et les crimes de l'Ordre.
Ici, on voit que les rôles sont intervertis ; il ne s'agit plus du prieur de Montfaucon, mais d'un bourgeois de Béziers, Squin de Florian, qui trahit le secret de la confession de son compagnon, non plus cette fois un Lombard, tel que Noffo Dei, mais un Templier.
Le seul argument commun est la violation du secret confessionnel, car, tandis que la scène se passe à Paris, dans Villani, elle a lieu en un château royal du diocèse de Toulouse, dans Augier (5).
Si maintenant nous nous reportons aux pièces officielles du procès, nous voyons le frère Ponzard de Gisi, précepteur de Paians (6), nier énergiquement les premières déclarations faites par lui et par ses compagnons et ajouter : «...Quod predicta dixerunt per vim et propter periculum et timorem quia torquebantur a Floyrano de Biteris, priore Montisfalconi, Guillelmo Roberti, monacho, inimicis eorum. »
Puis, après avoir rappelé qu'on leur a appris la fin de leurs trente-six frères mis à mort, à Paris, « per jainnarn et tormenta », il remet la cédule suivante, portant les noms des ennemis de l'Ordre : « Ces sont le treytour liquel ont proposé fauselé et delauté contra este de la religion deu Temple : Guillalmes Robert, moynes, qui les mistoyet à geine, Esquins de Floyrac, de Biterris, cumprior de Montfaucon, Bernardus Peleti, prieus de Maso de Génois (7) et Geraues de Boyzol (8), cehalier, veneus à Gisors (9). »
De la comparaison de ces trois récits se dégage d'abord la conclusion suivante : c'est que le Squin de Florian, d'Amalric Augier et le prieur de Montfaucon, de Villani, doivent être identifiés avec le nommé Esquins de Floyrac de Béziers, « cumprior » de Montfaucon (10), de la déposition de Ponzard de Gisi. Amalric Augier se montre imparfaitement renseigné en le qualifiant simplement de bourgeois de Béziers.
Reprenons maintenant le récit de Villani
Ce chroniqueur fait intervenir dans l'affaire un certain Noffo (11) Dei, florentin, qui n'est certainement pas un personnage imaginaire, bien qu'on ne le trouve mentionné nulle part dans les pièces du procès des Templiers. En effet, les comptes de Cepperello (12) Prato, un Italien, receveur du bailliage d'Auvergne en 1288-1289 citent à plusieurs reprises un Noffo, qui assurément n'est autre que le Noffo Dei de Villani, car, dans un passage des comptes, nous le trouvons désigné sous le nom de Noffo Deghi ou Noferi Dei. De plus, Cepperello de Prato devint, en 1295, receveur du bailliage de Troyes, pour Blanche, fille de Robert, comte d'Artois, frère de saint Louis, mariée en 1269 à Henri le Gras, roi de Navarre, dont elle eut une fille, nommée Jeanne, qui devint la femme de Philippe le Bel. Noffo Dei figure de nouveau en de nombreux endroits des comptes du bailliage de Troyes (13).
Blanche de Navarre, après la mort de Henri le Gras, en 1274, s'était remariée au frère de Henri II, roi d'Angleterre, Edmond, comte de Lancastre, dont Jean de Calés, important personnage, sur lequel nous aurons à revenir, aurait été trésorier alors que ce prince était devenu, par sa femme, comte de Champagne vers 1294.
Noffo Dei, grâce sans doute à ses relations antérieures avec Blanche de Navarre, avait alors passé au service de Jean de Calés. Il reparaît quelques années plus tard, et cette fois dans de tragiques circonstances. On le voit impliqué, en effet, dans le procès de Guichard, évêque de Troyes, qui fut accusé, comme on sait, d'avoir fait empoisonner la reine Blanche et sa fille, la reine Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel.
Les différends de Guichard et de la reine Jeanne remontaient à une époque passablement antérieure à la mort mystérieuse de cette princesse. Dès 1302, Noffo Dei, mis en prison avec Jean de Calés et Jean de Trainel, avait déposé, comme Jean de Calés, contre l'évêque (14).
Jeanne de Navarre mourut, le 2 avril 1305 (nouv. style), et la soudaineté de sa fin fit aussitôt naître le soupçon que des mains criminelles y avaient trempé. L'évêque Guichard et plusieurs marchands lombards, qui avaient eu, eux aussi, des démêlés avec la reine, furent inculpés d'empoisonnement et jetés en prison. Guichard s'y trouvait dès le 6 octobre 1308 (15) et son procès fut immédiatement instruit. De nouveau Noffo Dei apparaît comme témoin déposant contre l'évêque (16).
Ici est le point le plus intéressant de cette étude :
Voici maintenant le point où nous en voulions venir : Noffo Dei, avons-nous dit, ne figure pas dans les pièces du procès des Templiers. On peut donc être à peu près certain qu'il ne joua pas, à l'origine de ce procès, le rôle important que lui attribue Villani ; qu'il n'y fut même en aucune sorte mêlé (17).
D'où vient l'erreur du chroniqueur florentin ?
A notre avis, de ce qu'il a fait une confusion entre le procès des Templiers et le procès non moins retentissant de Guichard de Troyes. Les deux procès se déroulèrent presque simultanément. Celui des Templiers, arrêtés le matin du 13 octobre 1307, commence le 19, et c'est le 11 mars 1314 que les dernières victimes sont brûlées à Paris. L'interrogatoire de l'évêque de Troyes, arrêté dès avant le 6 octobre 1308, commence le 7 de ce mois, et Guichard n'est relâché que vers le 9 octobre 1313, après cinq ans de captivité (18). Les nouvelles de France, transmises directement ou indirectement à Villani par ses compatriotes italiens, et qui doivent avoir été l'une de ses sources pour le récit des affaires de ce pays, parlaient à la fois des deux procès et le nom du florentin Noffo Dei, intimement mêlé au procès de Guichard, fut sans doute prononcé maintes fois dans les lettres envoyées à Florence. Rien d'extraordinaire alors, à ce qu'un quiproquo se soit introduit sous la plume du chroniqueur florentin.
Rappelons de plus que, suivant Villani, les accusations formulées par Noffo Dei contre les Templiers l'auraient été dans une prison de Paris, où ce personnage se serait trouvé en compagnie du prieur de Montfaucon. Or, Noffo, lorsqu'il était enfermé dans les cachots de cette ville avec Jean de Calés et Jean de Trainel, avait précisément porté contre l'évêque Guichard les accusations les plus graves : usure, simonie, libertinage, sorcellerie (19) ; et ces accusations sont celles-là mêmes dont on usa plus tard contre les Templiers.
En 1304, Jean de Calés, sur le point de mourir à Viterbe, confessait dans deux lettres adressées, l'une au roi, l'autre à la reine, qui nous ont été conservées, qu'il avait déposé contre l'évêque, contraint par l'archidiacre de Vendôme, créature de la reine, qui l'avait forcé sous peine de persécution, de confiscation de tous ses biens, en partie commencée, de répéter ce que lui avait raconté Noffo Dei, et que tout ce qu'il avait déposé était faux, bien qu'il ait répondu, avant son départ pour l'Italie, qu'il aimerait mieux se faire arracher les dents l'une après l'autre que de se rétracter (20).
N'est-il pas permis de voir dans l'erreur de Villani un souvenir du séjour de Noffo Dei dans les prisons de Paris et de ses accusations contre Guichard, accusations formulées par lui en présence de l'un de ses compagnons de captivité ?
Nous ne voudrions pas affirmer que l'histoire de la confession obtenue et trahie par le prieur de Montfaucon soit de tous points controuvée, puisqu'en somme deux auteurs contemporains et étrangers l'un à l'autre la rapportent. Ce que nous n'admettons pas, c'est que le confessé ait été Noffo Dei. Amalric Augier nous en fournirait au besoin une nouvelle preuve lorsqu'il dit que cet accusateur était un Templier. Noffo Dei, homme de basse extraction, n'aurait pu faire partie de l'Ordre, dans lequel n'étaient reçus que des personnages dont la noblesse ou la naissance aristocratique était dûment établie.
Si l'on suppose qu'il y ait dans l'histoire de la confession au moins une part de vérité, il faut alors mettre sur le compte de Villani une seconde erreur. Cet écrivain dit, en effet, que le prieur de Montfaucon était un Templier. S'il l'eût été, il n'aurait pas eu besoin de la confession d'un autre Templier pour connaître et révéler au roi les prétendus crimes de l'Ordre (21). La vraisemblance veut que la confession ait été faite entre les mains d'un personnage étranger à l'Ordre par un membre de l'Ordre. C'est, au reste, la version d'Amalric Augier, que ne contredit pas la déposition de Ponzard de Gisi.
Il était intéressant d'attirer l'attention sur le récit de Villani, parce que le témoignage de cet écrivain a été accepté et suivi par la plupart des historiens qui se sont occupés du procès des Templiers. Parmi ces derniers, on peut citer, dès le commencement du XVIe siècle, Nicolas Bertrand (22) ; puis, au XVIIe siècle, Pierre Dupuy (23), qui attribue l'origine de la ruine des Templiers au « prieur de Montfacon (sic), en la province de Tholose », et à « Noffo Dei, florentin, banni de son pays, qu'aucuns tiennent pour avoir été Templier (24) » ; enfin, Boissy d'Anglas d'après lequel « Noffé Dey » aurait été le dénonciateur et de Guichard et des Templiers.
Puisque nous avons été amenés à parler du procès de Guichard, on nous permettra d'ajouter quelques mots sur cette ténébreuse affaire et sur la part qu'y prirent les compatriotes de Noffo Dei, ces Lombards, dont nous avons déjà, dans un travail récent, étudié le rôle en France.
L'acteur qui conduit le complot contre Jeanne de Navarre est un nommé Tenaille (Tanaglia) (25), ennemi acharné de la reine qui l'avait fait saisir, lui et sa femme, à Epernay. C'était le propre neveu des frères Biche et Mouche, dont la soeur avait dû épouser un Simon de Bardi, allié à Ricus Jacobi, frère de Renier Jacobi, collègue de Noffo Dei comme employé de Cepperello da Prato, et dont le nom se retrouve tant dans les comptes de ce percepteur (26) que dans le procès de l'évêque de Troyes.
Le bras droit de ce Tenaille, qui est le véritable auteur de l'empoisonnement, était un compatriote, florentin comme lui, Cassian, garçon épicier apothicaire, employé de Biche et Mouche, lequel confectionna le poison, composé, semble-t-il, de pilules renfermant du verre pilé. C'est là ce qu'il remet à un écuyer anglais, attaché spécialement au service de la reine qu'il rencontre dans la cour de l'hôtel de Navarre (27).
Quant à Guichard, accusé de complicité dans l'empoisonnement, il fut relâché (28) vraisemblablement parce qu'on ne put acquérir la preuve certaine de sa participation au crime. Cette preuve existerait pourtant, si l'on pouvait établir d'une façon péremptoire l'authenticité de la pièce suivante, que nous avons trouvée aux Archives nationales (29) et dont aucune raison intrinsèque ne permet, à notre avis, de suspecter la valeur. C'est une lettre de Guichard à Cassian.
G. par la grâce de Dieu evesques de Troies, à son bon ami Quaissain, espicier de Florance, demorant a Paris, salut et boue amour.
Comme nos vous heussiens fait requérir et prier par nostre especial ami et le vostre, Tenaille, d'une nostre besoigne secrète pour celé par qui je suis destruiz quar autrement n'en puis je estre vengez, et si vous avoie anvoié IIIe florin par ledit T[enaille], et sus ce je nen oy puis novelles ne ne m'en suis de riens aperceus, si vous pri que vous, pour l'amour de nous et pour dou nostre, vous penssez de hâter la ditte besoigne en tele manière que nous en apercevions proichienement, et le faites si saigement que nus ne s'en aperçoive, quar trop est granz et puissans dame la persone pour cui ce est, et nous et vous en porrions estre destruiz qui le sauroit ; et, se Tenaille n'a parlé à vous de ceste chose et si vous t[ra]vaillez jusques a nous et nous le vous deviserons, et, se po avez de ce que nous vous avons anuoie par le dit T[enaille], nous vous baillerons ce que il vous plaira antirement, quar trop nous tarde que ceste chose soit acomplie. Penssez de ceste chose hater. Diex vous gart ; metez ceste lettre ou feu quant vous l'aurroiz leue.
Authentique ou fausse, cette pièce a du reste une importance à peu près égale. Authentique, elle démontrerait, sans qu'il soit possible d'épiloguer, la culpabilité de l'évêque de Troyes. Fausse, et devant alors, selon toute vraisemblance, être mise sur le compte de ses accusateurs elle fournirait une présomption très sérieuse en faveur de son innocence. Ce n'est pas, nous devons le dire, à ce second verdict que nous conduisent les divers incidents de sa vie si peu exemplaire et l'examen des pièces mêmes de son procès. Pour nous, Guichard fut bien l'inspirateur du crime ; la mort de Jeanne de Navarre est bien son oeuvre ; oeuvre de vengeance personnelle, dans laquelle la politique n'entra sans doute pour rien. Il dut être secondé plus ou moins directement par certains agents des compagnies lombardes ayant en France des établissements, telles que celles des Bardi, des Franzesi.
Nous laisserons aux historiens de Philippe le Bel le soin de nous expliquer par suite de quelles circonstances, pour quelles raisons, si l'on veut, Guichard et les marchands lombards échappèrent au châtiment qu'ils avaient si bien mérité.
En poursuivant l'ordre des Templiers, Philippe le Bel visait à l'accaparement de leurs richesses.
Le procès qui suivit la mort de la reine Jeanne lui eût fourni un prétexte excellent pour acquérir encore d'autres biens par la mainmise sur les trésors des compagnies lombardes.
Dès le commencement du XIVe siècle, son conseiller, le fameux avocat Pierre Dubois, lui avait signalé les richesses des Lombards, comme aussi bonnes à prendre que celles des Templiers (30).
Si le roi ; qui dut songer aux coffres des Lombards (31), se rabattit sur ceux de Tordre du Temple, ce ne fut pas sans quelque motif puissant.
Mais, ce motif, il ne nous est pas donné de le connaître.
Sources : Textes de M. Piton - Revue de l'Orient Latin - Tome III. - Paris, Ernest Leroux, Editeur, 28 rue Bonaparte 75006 - 1895
Notes
1 — Edition de Florence, 1823, liv. X, ch. xcn.
2 — Baluze, Vitxpap. Avenionensium, t. I, pp. 99, 686.
3 — Frère Ponzard, de Gisi, au diocèse de Laon, neveu de frère Raoul de Gisi, précepteur Champagne (Procès, t. I, p. 80).
4 — Vie de Clément V, publiée par Baluze : Vitx paparum, 1.1, p. 99.
5 — Baluze, en rapportant (Vitx paparum, t. I, p. 686) le récit d'Amalric Augier, fait déjà la remarque que Villani raconte la chose d'une manière différente.
6 — Payns, Aube.
7 — Mas de Ginet, Hérault, commune de Saint-Maurice.
8 — La Bézole (?) Aude, arrondissement et canton de Limoux.
9 — Procès, X. I, pp. 36, 37.
10 — Il existe trois localités du nom de Floirac, dans le Lot-et-Garonne, le Lot et la Gironde. Esquin était probablement originaire d'une des trois.
11 — De quel Montfaucon Esquin était-il prieur ? Dom Vaissette écrit, Histoire générale du Languedoc, liv. XXIX : « Nous ne connaissons aucun lieu ou commanderie de Montfaucon dans le Toulousain. » S'agit-il de Montfaucon en Argonne, ancienne abbaye fondée au VIIIe siècle ? Ou bien de Montfaucon en Italie, près de Tusculum, ? Toscolano, ? qu'un mauvais copiste aura transcrit Tolosano ?
12 — Noffo est une contraction d'Arnolfo.
13 — Comptes de Cepperello, bailliage de Troyes, 6 juin 1295 (Giornale storico della letteratura italiana, 1885, p. 365). Nous lisons en outre dans les documents concernant le commerce des Florentins en France au XIIIe et au XIVe siècle, publiés par J. Berti (Giornale storico degli archivi toscani, Firenzo, 1857, p. 258) à la date de février 1295. Ex parte Renerii Renardi, de Societato Bichii et Moucheti, ac Lappe Jointy, de Societate de Scala [leLapo di Giunta des comptes de Cepperello] ; Jacobi Clarity, de Societate Mozorum ; Dofli Bardi, de Societate Bardorum ; Benchii Danencet, de Societate de Spina ; Baldoini Gerardi, de Societate Thery Dey-te-Salve ; Nofri Dei, de Societate Renerii Jacobi ; Benche Guydi, de Societate Baldoini Renuche [Cf. Les Lombards à Paris, p. 127]; Gonchii Avogat, de Societate Benche Restore ; Cambini Falconerii, de Societate Franscabaldorum [Frescobaldorum] ; Francisci de Melio, de Societate Bonuchii ; Bindi Scarchie de Societato de Cherque [Cerchi] ; Espeliati Rogerini, de Societate Alberti Judicis de Florentia et Pétri dicti Dey-te-vive de Senis, ac aliorum mercatorum... etc. Aussi, C. Paoli écrit-il, p. 337 Documenti di Ser Ciappelletto : « Les deux principaux associés de Cepperello sont : Rinierus Jacopus et Noffo Dei, florentin », mais Rinierus Jacopus paraît le plus important des deux.
14 — Déposition au procès (Archives nat, J. 438).
15 — Girard de Frachet, Rec. des hist. de la France, tome XXI, pp. 31,40. Chronique de Jean de Saint-Victor (Rec. des hist. de la France, t. XXI, p. 652), mentionnant, à la date du 6 octobre 1308, une réunion publique dans le verger du roi, (c'est-à-dire au Palais royal), au sujet de l'évêque de Troyes prisonnier au Louvre.
16 — Voy, le rouleau du procès, aux Archives nationales J 438; cf. J 148. En un passage, Noffo Dei prétend, devant un frère, Durand de Falesio, que l'évêque de Troyes lui aurait fait offrir par son ancien compagnon de captivité, à Paris, Jean de Trainel, la somme de 500 florins, pour déclarer que la déposition faite par lui pour la reine contre l'évêque était fausse.
17 — Ses relations avec les Templiers paraissent s'être bornées à des versements faits par lui à la maison de l'Ordre, à Paris, comme il en fait aux compagnies lombardes aux foires de Champagne.
18 — Girard de Frachet (Rec. des hist. de France, t. XXI, p. 40).
19 — Cf. Procès de Guichard, J 438. AN.
20 — Cf. Procès de Guichard, Arch. nat, J 438.
21 — Son véritable rôle parait plutôt avoir été celui de tortionnaire, comme le déclare Ponzard de Gisi : « quia torquebantur a Floyraao de Biteris. »
22 — De Tholosanorum gestis (Toulouse, 1515), p. 36. Cf. Spondanus, Annales ecclesiastici (Paris, 1641), t. I, p. 503.
23 — Histoire véritable de la condamnation de l'Ordre des Templiers, 1751, Bruxelles. Dupuy était mort en 1651.
24 — Dupuy ajoute que le prieur aurait été condamné par le grand maître de l'Ordre à finir ses jours en prison et que Noffo Dei aurait été condamné à de rigoureuses peines par le prévôt de Paris. Il s'écarte ici de Villani, suivant lequel Esquins de Floyrac aurait péri assassiné, et Noffo Dei serait mort pendu.
25 — Tenaylle était receveur de Champagne, en 1299, 7 juillet. Comptes de 1298 à 1301 (9783 f. 1. Bibl. nat). Les Olim citent, en 1313, parmi les Lombards à Paris, Nicholaus Chenaille, - nom mal lu - probablement Tenaille.
26 — Giornale storico degli archivi toscani. Firenze, 1857, p. 258, et C. Paoli, op. cit.
27 — Cet hôtel était situé sur l'emplacement actuel du lycée Fénelon, dans la rue Saint-André-des-Arts. On voit par le rouleau du procès de Guichard que Mouche avait fait restaurer cet hôtel et qu'il y avait fait élever des murailles, des créneaux et plusieurs corps de bâtiment. Le propre hôtel de ce Lombard et de son frère Biche se trouvait rue des Bourdonnais, comme nous l'avons indiqué déjà (Les Lombards, p. 140), et comme l'attestent aussi les pièces du procès de Guichard.
28 — Communication de M. Rigault, élève de l'Ecole des Chartes, auteur d'une thèse remarquée sur le procès de Guichard, de Troyes. D'après M. Rigault, Guichard aurait été nommé par le pape évêque d'un siège de Bosnie ; mais il ne s'y rendit pas. Il serait mort en 1317.
29 — J. 206, n° 4. La lettre pliée est percée de 4 incisions se correspondant deux à deux ; elle était fermée au moyen d'un signet. Dimensions : 0,26 x 0,085.
30 — Dubois engageait le roi à se faire céder par l'empereur les droits de l'empire sur la Lombardie, chose facile avec le consentement du pape. Il appuyait son conseil des raisons suivantes : On arrêterait ainsi les excès des Lombards contre les autres nations, les rapines, les vols, les homicides, les usures, les rébellions, les guerres de terre et de mer, et beaucoup d'autres péchés dont ils sont notoirement coupables. Que si les Lombards vous refusaient obéissance, vous pourriez, à l'aide de la nouvelle tactique, ruiner leur subsistance, fermer facilement l'entrée aux vivres qui viendraient des pays voisins, les réduire par la famine à vous rendre les trésors du monde, qu'ils ont amassés par leur astuce et leur malice, enfin les contraindre à se soumettre pour toujours comme des esclaves. Je ne crois pas que, depuis l'origine du monde, on se soit emparé de richesses égales à celles que vous procurerait cette conquête (Mémoire de l'Académie des Inscriptions, t. XVIII). Voici, d'autre part, ce que dit Dubois, au sujet des biens des Templiers, dans son « De recuperatione Terrae sanctae. » Append., 5, qu'il écrivit en 1308 (éd. Ch. V. Langlois, p. vin; et Baluze, Vitae pap. Avenionensium, t. II, p. 189) : « Ordinem vero Templariorum cum consilio concilii modis omnibus expedit demoliri, et, exigente justicia, totaliter adnullari, et, sicut predictum est, de bonis eorum usque ad générale passagium ordinare. »
31 — Peut-être pourrait-on voir une tentative partielle de mainmise par le roi sur les biens des Lombards dans le fait suivant que relate une pièce des Cartons des rois, aux Archives nationales (K. 33, n 9 bis) : En 1313, Jean Ploiebanch, prévôt de Paris, et Guillaume du Bois, trésorier du roi, accompagnés de sergents armés et autres gens, entrèrent un jour dans le cloître Notre-Dame, à Paris, et après avoir forcé les serrures de la porte d'entrée et de la chambre d'un chanoine de cette église, volèrent un coffre renfermant 7,000 florins d'or de Florence, qu'ils emportèrent sur des charrettes. Après les plaintes du doyen et du chapelain réclamant, au nom de l'immunité et de la liberté de l'église et du cloître lésées, le roi, dans une ordonnance datée de Maubuisson, le 17 juin 1313, ordonne une enquête. Jusqu'ici, rien de particulier. Mais c'est sur le nom du chanoine, sur sa qualité, que nous appelons l'attention. Mal lu par Tardif, qui l'appelle Guarinus (Inventaire, n 1092), il se nomme en réalité Grimerius, et il était d'origine italienne, de Plaisance, comme Gandoufle, l'illustre Lombard, dont il était, en 1301, l'exécuteur testamentaire. 7,000 florins en or de Florence ne nous paraissent pas une somme négligeable pour cette époque. Malheureusement, la suite de l'affaire manque. On aurait pu savoir si ce n'était pas là un simple accident, ce qui n'est pas probable, vu les principaux auteurs du vol, ou une revanche contre les Lombards, soit en raison de leur rôle dans l'affaire de l'empoisonnement de la reine Jeanne et dans les procès de Guichard, soit peut-être sous le prétexte de leurs relations financières avec les Templiers.
Sources : Textes de M. Piton - Revue de l'Orient Latin - Tome III. - Paris, Ernest Leroux, Editeur, 28 rue Bonaparte 75006 - 1895