Quatre chapelles du Temple en Lorraine
Il semble admis comme une évidence que tout ce qui a trait aux Templiers relève « de ces sujets à la fois passionnants et irritants qui n'auront cessé d'éveiller la curiosité au cours des temps (1) » car le Temple reste « Le plus connu des trois grands ordres hospitaliers et militaires suscités par les croisades, et le premier à avoir reçu ses constitutions régulières » (2).L'important ouvrage de Gabriel Le Bras (3) donne un très bon résumé de son histoire, depuis l'approbation de la règle en 1128, par un concile réuni à Troyes, en présence de Bernard, abbé de Clairvaux, jusqu'au 3 avril 1312, ou un autre concile présidé à Vienne par Clément V, un des papes d'Avignon (1305-1314), l'abolit. Les deux autres grands ordres hospitaliers et militaires sont les Chevaliers de l'Hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem, dont l'origine se situe en 1080, toujours présent à travers le monde sous le nom de Chevaliers de Malte ; et les Chevaliers teutoniques, institués en 1190, qui poursuivent une activité charitable en Allemagne et en Autriche.
L'étude de Raymond Oursel présente une carte de l'implantation des établissements du Temple sur le territoire français où les chevaliers bénéficiant de multiples libéralités « se taillèrent..., (ainsi qu'à travers toute l'Europe) un empire foncier dont la cellule fondamentale était la commanderie » ; près de 600 d'entre elles ont été dénombrées sur notre sol (4).
Les Hospitaliers de Saint-Jean, auxquels les biens de l'ordre furent dévolus par Clément V, lors de sa suppression « non par condamnation mais par provision » (5), assurèrent de ce fait la pérennité de la plupart des commanderies, jusqu'à ce que soit décrétée, en 1790, à la suite de celle de tous les ordres religieux, l'abolition de l'ordre de Malte pour la France (6).
Une littérature, sans fondements autres qu'imaginaires, cerne toujours d'échos aux résonnances souvent sulfureuses, ce grand nom de Templier ; la fiction est ainsi privilégiée à propos de trop de lieux ou rien d'historiquement attesté ne le rattache, et le « trésor des Templiers » fait périodiquement surface, étayé par les traditions populaires les plus absurdes (7). Ne seraient-elles pas toujours, en persistant à travers les siècles, les conséquences de l'émotion née du drame qui, entre 1307 et 1312, mit fin à leur existence ? La bibliographie de l'histoire de France permet d'avoir une notion du nombre de références que comporte actuellement l'article « Templiers » Si certains titres apparaissent, de prime abord, équivoques, ceux qui se rapportent à l'étude d'une ancienne commanderie sont fréquents. Par opposition, on peut prendre acte du silence entourant ce qui, en Lorraine, subsiste des édifices, ou de leurs vestiges, ayant à coup sûr appartenu à l'ordre aboli.
Sur la carte de l'ouvrage de Raymond Oursel, on jugera de la répartition géographique très inégale des commanderies. La Bretagne, le sud-ouest et sa côte atlantique en sont dépourvues, alors que dans tout le nord-est la densité en est remarquable, particulièrement en Picardie ; une assez forte implantation n'est pas moins notable autour des hautes vallées de la Seine et de la Marne. Elles ne couvrent que d'un semis très dilué le territoire des anciens duchés de Lorraine et de Bar, ainsi que des Evêchés, où l'on en compte quatorze, dont huit sises dans l'ancien diocèse de Toul. A l'exclusion de celle d'Hardancourt (Vosges), elles avaient été retenues par Michel Parisse dans le chapitre consacré aux ordres militaires de son ouvrage La Lorraine monastique (8). Une Histoire de l'ordre des chevaliers du Temple de Jérusalem dits Templiers (1789), par le Père Mansuet Jeune, reconnaissait dix-neuf maisons pour les duchés et Evêchés. Augustin Digot, avec son Mémoire sur les établissements de l'ordre du Temple en Lorraine (9), en portait le nombre à vingt-cinq, accompagnés de références historiques ou, pour certaines qui n'en comportaient aucune, de ce que le temps avait retenu des traditions les concernant.
Carte des Implantations
Carte des Implantations
BNF
Des commanderies, dont Michel Parisse tient l'existence pour assurer, au sujet desquelles il avance une époque, ou approche une date de fondation, nos pages concerneront les seules dont subsiste une chapelle, à Libdeau (près de Toul) parfois orthographié Libdo, Marbotte (Meuse), Xugney et Norroy (Vosges), cette dernière réduite à quelques pans de murs. Toutes quatre ont en commun un même plan rectangulaire et, par cela, sont différentes de la seule qui, en Lorraine, soit bien connue des archéologues, celle de Metz, étudiée dès 1834. On peut considérer ce dernier édifice comme intact, en dépit de quelques restaurations, et appartenant au groupe des églises ou chapelles du Temple à plan centré, privilégiées à juste titre dans la plus notable des études consacrées à leur architecture (10). Elle est l'une de ces chapelles au plan circulaire, en fait octogonal comme celle de Laon qui, selon Viollet-le-Duc (11) « sont des réminiscences du Saint-Sépulcre... L'ordre des Templiers, spécialement affecté à la défense et à la conservation des Lieux saints, élevait dans chaque commanderie une chapelle qui devait être la représentation de la rotonde de Jérusalem » (l'Anastasie ou église de la Résurrection). Laon est aujourd'hui reconnue par Elie Lambert chapelle cimetériale et prototype de Metz. La communauté du plan et des formes entre les deux édifices est trop évidente pour être fortuite. Le second eut-il la même destination ? Elie Lambert ne se prononce pas sur ce point, allant jusqu'à considérer son origine comme sujette à caution, en dépit de la présence attestée de l'établissement que l'ordre possédait dans cette partie de la ville (12). Nous ne pensons pas nécessaire d'aller au-delà de ces quelques références concernant la chapelle de Metz.
Caractérisées par leur plan, de dimensions voisines, datables entre le dernier quart du XIIe siècle où l'on peut situer celle de Xugney, et les environs de 1300 celle de Libdeau, qui relevaient avec Norroy de l'ancien et vaste diocèse de Toul, tandis que Marbotte appartenait à celui de Verdun, toutes quatre comportent une nef de trois travées, dont les voûtes d'ogives ne subsistent plus qu'à Libdeau.
A Xugney, la nef s'ouvre sur une abside à cinq pans ; de ce fait, elle l'emporte sur les autres par sa longueur (20,70 m), alors que sa largeur est voisine de celle de la plus petite : Marbotte.
Libdeau. Relevé
Libdeau. Relevé (dessin de l'auteur, 1953)
Bnf
Toutes quatre montrent une qualité de construction égale à celle de nos plus intéressantes églises rurales des XIIe et XIIIe siècles, avec l'emploi en parement de pierres de moyen et petit appareil. Il en est ainsi pour Libdeau avec, autour de Toul, les églises d'Andilly, Bruley, Ecrouves, Liverdun, Ménillot ; de Malaumont (Meuse), proche de Marbotte, et non loin de Norroy, avec celles de Bonneval, Droiteval, Médonville ; pour Xugney enfin, de Dompaire (église de La Viéville) et de Vomécourt-sur-Madon. Toutefois, à Libdeau ce mode de parement est limité à la façade et aux contreforts.
Faut-il voir en cette restriction qualitative, les débuts d'un moindre souci d'observer le même caractère absolu de monumentalité, en ayant recours au moellonnage crépi, pour ce qui n'appartient pas au prestige d'une façade autour d'un portail sculpté. L'exemple de la belle église de Varangéville (Meurthe-et-Moselle), commencée vers la fin du XVe siècle, est éloquent : la façade en pierre de taille contraste fortement avec les murs latéraux et l'abside, où le moellon enduit est semblable à celui de nos maisons rurales (13).
Témoignage de la qualité dont le Temple entendait privilégier ses chapelles, c'est le précoce usage de la voûte d'ogives — détruite — pour la nef de Xugney, indéniablement romane. A cette époque, dans nos villages, les églises à nef unique, voire dotées de collatéraux, étaient simplement couvertes d'un plafond, à l'exclusion de la travée du chœur, et de l'abside (14).
Apparentées entre elles, les quatre chapelles se révèlent l'être également à d'autres ayant appartenu à l'ordre, que des travaux récents permettent de découvrir à travers deux régions distinctes : la Bourgogne (15) et les Charentes (16). Certes, elles ne sont qu'un apport limité en regard de la documentation qu'exigerait la connaissance des différents types de chapelles de l'ordre, face à l'ensemble des établissements couvrant la France. Un patient travail de relevés de leurs plans, ayant les qualités scientifiques de celui que le Père Anselme Dimier consacra aux églises cisterciennes, permettrait seul de l'obtenir.
La présentation des quatre chapelles n'obéira ni à leur chronologie, ni à un classement topographique. Libdeau, la mieux conservée, viendra en premier lieu, permettant un parallèle révélateur avec d'autres chapelles françaises ; Xugney, qui lui fut unie, suivra, les archives de ces deux commanderies étant réunies sous les mêmes cotes. Enfin, nous passerons à Marbotte avant de nous retrouver devant les vestiges de Norroy.
Chapelle de Libdeau
Libdeau. Le flanc sud avec ses trois fenêtres murées.
On distingue le sommet de celle du chevet.
(Photo J.-C. Jacques : 1991, Inventaire Général).
Bnf
La situation de la chapelle en permet l'examen sous les meilleurs aspects de son simple et harmonieux volume, révélant sans trop d'obstacles sa qualité architecturale. Sur la façade, le parement de pierre appareillée, d'un module particulièrement réduit, inhabituel dans cette région, est sensiblement plus faible que dans les églises voisines, des débuts du XIIIe siècle, d'Ecrouves et de Ménillot que nous aurons encore à citer. Avec les contre-forts, on retrouve le grand appareil qui convient à ces éléments. Leur saillie, qui atteint 1,70 m pour se réduire par un large glacis depuis le larmier courant à la base des fenêtres, témoigne d'une construction bien équilibrée. En outre, ils contribuent à la datation de la chapelle en étant, aux angles, réduits à un seul implanté obliquement, façon qui semble être devenue courante, vers la fin du XIIIe siècle, pour les petits édifices, où il est substitué aux deux qui, jusqu'alors, étaient perpendiculaires, l'un à la façade, l'autre à la paroi latérale (19). Reconnaissons, avec les contreforts d'angles obliques, le résultat d'une réflexion sur la poussée dominante d'une voûte, celle que matérialise les ogives.
Puissamment encadrée par de tels contreforts à la saillie dépassant là deux mètres au sol, la façade est ouverte au-dessus du portail par le fin réseau de pierre d'une élégante rose, d'où rayonnent, depuis un anneau central, douze compartiments à tête trilobée. Ce « rond qui est sur la grande porte » (20), surprend par son diamètre, eu égard à un aussi petit édifice ; de quatre mètres environ, il est à peu près celui des roses de quelques-unes de nos églises romanes (21). Une corniche bourguignonne ponctue les rampants du pignon ; élément d'un effet toujours sûr, qui n'est pas exceptionnel dans le sud-ouest de la Lorraine, on le rencontre sur les églises d'Ecrouves et de Ménillot et, un peu plus à l'ouest, de Septvigny. Nous avons précisé ce qui distinguait la chapelle à l'extérieur, mais les fenêtres murées, le crépi dégradé, s'accordent à l'état affligeant que révélera l'intérieur. Cependant la haute toiture harmonieusement vieillie, signalée en bon état en 1679, rassure par son aspect. Une discrète corniche la souligne et se poursuit sur le pignon du chevet.
Libdeau. Tympan du portail
Libdeau. Tympan du portail (aujourd'hui au Musée lorrain)
Avec les anges thuriféraires en vêtements liturgiques.
(Photo D. Bastien : 1992, Inventaire Général).
Bnf
En dépit de mutilations, on reconnaît les attitudes rares, de la main droite de Marie posée sur la poitrine de l'Enfant, et de la petite main de celui-ci effleurant le visage maternel (23). Si l'on ne découvre pas en cette charmante image, les subtiles qualités de la plupart de nos autres Vierges, n'oublions pas qu'elle ne se dégage qu'en partie de l'énorme linteau de pierre qu'est, en fait, le tympan. Particularité assez surprenante, les deux anges n'ont plus les longues et souples robes intemporelles qui les vêtirent jusque vers le milieu du XIIIe siècle, mais des vêtements liturgiques. Celui de dextre est couvert d'une chape sans chaperon, fermée au col par un mors d'orfèvrerie ; son opposé porte la dalmatique des diacres, et sa main gauche se referme sur la navette à encens. Leurs places respectives impliquent donc qu'une hiérarchie s'établit en faveur du porteur de chape (24).
Pénétrer dans la chapelle, c'est ressentir le poids de sa déchéance, mais aussi percevoir les heureuses proportions de ses trois travées voûtées d'ogives. Qualités reconnues depuis longtemps, puisque le « Terrier du membre de Libdo... fait à la poursuite diligence et frais d'honoré Seigneur frère Pierre de Pons Renepont Chevalier de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem Commandeur de Xugney et de Libdo » (25), en 1656, la déclare « belle et spacieuse en très bon état de murailles couverture et toiture l'autel en son entier ny aian rien qui manque que quelques vitres et portes ruinées par la désolation de la guerre »
En 1722, on en signalait « la belle voûte » (26) ; la visite que l'on fit alors avait pour objet de faire constater par « frère Antoine-Charles de Damas-Marcilly », commandeur de Marbotte, les « améliorissements » (27) dus à « frère Claude de Thyard de Bissy » commandeur.
En 1763, elle est qualifiée « belle et fort vaste... en bon état de toutes réparations et ornements », d'ailleurs, « on y célèbre la Sainte Messe festes et dimanches » Le commandeur est en ces années Louis-Robert de Bermondes « lequel fait élection de domicile en son hôtel de la Commanderie audit Toul... »
Aujourd'hui, une cloison la réduit, un plancher la coupe en partie. Tout ce qui recouvre le sol ne permet plus de savoir si le chœur a conservé son pavé et quelque trace de l'autel indiqué sur un petit plan du terrier précité, autel portant un tabernacle et les figures de la Vierge et des deux saints Jean ; de plus, « Garni de pierres qui représente les douze apôtres » (29), on ne peut pas davantage découvrir ce que fut le « tombeau ancien qui est dans la nef » Existent-elles encore ces « dalles tumulaires du XVe siècle » signalées en 1870, et ces inscriptions relevées en 1908 (30) ?
Une plinthe polygonale, un tore écrasé, sous une maigre doucine, constituent la base des colonnes uniques engagées portant doubleaux et ogives profilés en amandes, ainsi que les formerets, par l'intermédiaire d'un chapiteau de si médiocre hauteur qu'il est à peu près réduit à l'astragale et au tailloir. En grande partie murées, les fenêtres sont à deux lancettes et une rose très réduite pour les parois latérales, à trois lancettes sous une large rose pour celle du fond. Avec la grande rose de la façade, une abondante lumière devait régner dans la courte nef. Nul chapiteau pour recevoir, comme dans l'abside d'Ecrouves, le départ de l'arc des lancettes ou des compartiments de la rose ; meneaux et éléments des remplages ont un unique profil trapézoïdal à l'intérieur comme à l'extérieur. Enfin, parois et voûtains sont en moellons enduits.
Il semble manifeste que le plan rectangulaire des quatre chapelles n'est pas fortuit, tant il est commun avec d'autres, de Bourgogne et des Charentes. Peut-on admettre que son adoption ait découlé de prescriptions n'ayant pas plus laissé de témoignages écrits que celles dont l'origine, vénérable et symbolique, aurait conduit à la réalisation des grandes églises circulaires de Londres, Paris, Ségovie, Tomar, alors qu'il conviendrait plutôt de voir cette origine dans « la rotonde constantinienne du Saint-Sépulcre » (31).
Deux chapelles bourguignonnes, à Montbellet (Saône-et-Loire) et au Saulce-d'Island (Yonne), offrent, par le plan et l'élévation, la plus frappante parenté avec Libdeau (32). L'harmonieuse identité des volumes, que l'on peut reprendre point par point pour l'essentiel, s'affirme dans les trois travées vigoureusement scandées de contreforts, les hautes fenêtres à double lancette, le portail à tympan où une fenêtre moins importante occupe la place de la grande rose de Libdeau. Enfin, elles sont pareillement datables de la fin du XIIIe siècle (33). Au tympan du Saulce-d'Island, une Vierge à l'Enfant assise, signifiant sans doute que la chapelle lui fut vouée — comme à Libdeau —, préside entre deux personnages agenouillés, et non des anges thuriféraires.
L'étude de Charles Darras pour la région charentaise, retient des chapelles de la fin du XIIe siècle qui n'ont de commun avec les nôtres que leur plan rectangulaire et des dimensions voisines. L'auteur en reproduit quatre, permettant ainsi d'avoir la notion de ce qui les unit ; un seul comptait trois travées ; à tous, nous est-il précisé, correspondaient des voûtes en berceau brisé. La parenté avec notre unique chapelle romane de Xugney, d'un style plus avancé, est donc fort limitée. Ces chapelles des Charentes auraient impliqué, avec « La parfaite similitude de leurs plans, ainsi que les particularités qui les singularisent... des directives strictement observées » Directives « imposées par le gouverneur de province, les « retrais » (statuts) de l'ordre exigeant que toute construction soit soumise à son approbation » (34) ; il en serait résulté, pour la seconde moitié du XIIe siècle et cette partie de l'Aquitaine, un type d'architecture qui « ne se voit pas propagé ailleurs. » Ne peut-on moduler cette assertion en avançant : autrement que par le recours au plan rectangulaire. Référons-nous encore à l'ouvrage de Raymond Oursel qui permet, grâce à son illustration, d'avoir un aperçu de quelques églises des Templiers, principalement du XIIIe siècle, dont plans, dimensions, structures internes, adjonction d'une lumineuse abside, les font échapper à l'austérité du plan rectangulaire et de la voûte en berceau brisé. Ces plans furent-ils adoptés en Lorraine pour des chapelles, en dehors de celles que nous examinons, et parmi lesquelles nous retenons plus particulièrement Libdeau, pour sa similitude avec tout au moins les deux chapelles bourguignonnes citées ? Concluons qu'ils n'y étaient sans doute pas davantage ignorés qu'à travers toutes ces régions de France où Raymond Oursel se plaît à relever leur présence (35).
Chapelle de Xugney
Xugney. La façade fortement dénaturée, voussures et tympan du portail disparus.
On distingue le tracé du sommet de la rosace, au-dessus de la porte gerbière.
Le pignon a été abattu.
(Photo. Hubert Collin).
Bnf
Nous l'avons dit, les documents qui la concernent se trouvent dans les archives de la commanderie de Libdeau à laquelle elle était unie ou qui lui était unie, les deux formulations peuvent être admises, car il n'apparaît pas qu'il y ait eu quelque prérogative de hiérarchie entre les deux maisons. Le plus ancien des terriers les concernant, celui de 1656 déjà cité, s'intitule « Terrier du membre de Libdo dépendant de la commanderie de Xugney..., » tandis que celui de 1711 porte « Papier terrier du membre de Xugney dépendant de la commanderie de Toul fait à la requête de Messire Louis Descrot Duchon... Commandeur de laditte Commanderie... » (37).
Cette « commanderie » de Toul était en fait l'Hôtel de Malte, dont le commandeur de Libdeau et de Xugney disposait dans la ville, comme à Neufchâteau le commandeur de Robécourt dont dépendait Norroy. Sis rue de la Fleur de Lys (Gouvion-Saint-Cyr), cette résidence, fort modeste bien que disposant d'une petite chapelle, est connue par diverses mentions de visites et le plan d'un terrier de 1763. Mitoyen avec la Maison-Dieu du chapitre, l'Hôtel de Malte, est légendé sur un plan de Toul, d'une part « Chapelle de Saint-Jean-de-Jérusalem au commandeur de Libdo, servant de secours à la paroisse Saint-Pierre » et, secondement, « Hôtel de Malte ou du commandeur de Libdo » ; les deux bâtiments sont contigus (38).
Xugney. L'abside
Xugney. L'abside intacte, beau témoignage d'une conception de la fin du XIIe siècle.
Alourdie par une surélévation.
Entre le contrefort correspondant à l'extrémité de la nef.
La porte ouverte dans sa troisième travée, sa fenêtre primitive très étroite. (Photo. Hubert Collin).
Bnf
Il serait superflu d'en faire une description qui ne pourrait que reprendre ce qu'écrivirent Georges Durand, puis Hubert Collin ; nous nous arrêterons cependant à quelques-unes de ses particularités. La nef, voûtée sur croisées d'ogives, chose exceptionnelle à l'époque pour un petit édifice à nef unique, est scandée de contreforts à faible saillie révélant que leur fonction n'était pas encore judicieusement perçue. Le pignon de la façade n'existant plus, l'arasement de la troisième travée au niveau du sommet de l'abside ayant entraîné la disparition de celui qui la dominait, on ne peut savoir quel était le degré de pente de la couverture originelle : faible comme à Sainte-Marie-aux-Bois (Meurthe-et-Moselle) ou accentué ainsi qu'à la cathédrale de Verdun ?
Au portail, d'une ampleur accueillante, le triple ressaut des piédroits est complété par autant de colonnettes faisant corps avec eux, ce que l'on retrouve aux portails de Pompierre (Vosges) et de l'abbatiale de Saint-Mihiel, où chacun des ressauts est occupé par deux colonnettes jumelées — influence du portail de l'officialité à la cathédrale de Verdun. Mais en cet édifice, les portails Saint-Jean et du Lion comptent quatre ressauts, ce qui ne sera pas dépassé dans l'art roman lorrain. Tympan et voussures n'ont laissé qu'une ouverture béante tandis que, plus haut, un grand oculus est muré autour de la porte gerbière qui lui fut substituée.
L'abside, à cinq pans, avec ses fenêtres en plein cintre sous un arc de décharge, reste la partie la plus séduisante de la chapelle, en dépit d'un surhaussement chargeant sa corniche soulignée de modillons très espacés. Sa sobriété la rend proche des absides de Blanzey et de Gézoncourt (Meurthe-et-Moselle) et, à un degré moindre, de celle du prieuré Notre-Dame à Neufchâteau. Il n'est pas sans intérêt d'examiner, dans l'ouvrage de Georges Durand cité en note, les dessins de deux des chapiteaux qui portaient doubleaux et nervures de la nef.
Chapelle de Marbotte
Les archives départementales de Meurthe-et-Moselle et de la Meuse (43) conservent liasses et registres provenant de cet établissement fondé « vers 1150 sur un fond dépendant de l'abbaye de Saint-Mihiel » (44). On en est cependant réduit à des conjectures quant à une approche plus satisfaisante de sa date d'existence « juridique », qui se situerait « vers 1210 » seulement (45). Il est situé dans la vallée où coule le ruisseau de Marbotte qui se jette à Mécrin dans la Meuse, à l'écart de la route de Sampigny à Montsec, village dominé par la butte où se dresse la haute colonnade du grandiose monument commémoratif « de la conquête du saillant de Saint-Mihiel en septembre 1918 par la Première Armée américaine » et « des opérations auxquelles prirent part les divisions américaines dans ce secteur... »L'ensemble du site, avec les villages de Marbotte et d'Apremont-la-Forêt, parfois pittoresque, est loin d'être aussi « sinistre et impressionnant » qu'il apparut à l'historien Raymond Oursel, et fut, pour une partie, « la clé du défilé mémorable des Hauts de Meuse pour la possession duquel s'entre égorgèrent de 1914 à 1916 Allemands et Français sous les couverts tragiques du Bois d'Ailly, de la Forêt d'Apremont, du Bois Brûlé... ; où les milliers de croix du cimetière militaire avoisinent l'enceinte du Temple mort, sous la garde du fort démantelé de Liouville, réduit au même silence égalitaire » (46).
Des maisons lorraines du Temple, elle est la seule à montrer encore, quoique fortement altéré, l'ensemble fermé qu'elle constitua. Le quadrilatère de ses bâtiments ne garde-t-il pas toujours une partie de son mur d'enceinte, du début du XVIIe siècle vraisemblablement, avec un portail élargi à notre époque, et des ouvertures de tir pour armes à feu. Selon un terrier de 1678, « Ledit Sieur Commandeur a audit Marbotte une maison platte consistant en Bastiments, Grange, estables, enfermée de muraille au dedans desquelles il y a une chapelle et un colombier. Laditte maison appelée l'hospital de Marbotte. Lesquelles maison Chapelle et bastiment sont en fort bon estat » (47).
Sur une cour intérieure, en retrait d'un bâtiment d'habitation récent s'élève, à gauche, un logis datable de la fin du XVe siècle ou des débuts du suivant, perpendiculaire à la chapelle qui ferme un côté face à l'entrée. Constructions adventices, dépendances agricoles surtout, réduisent considérablement l'aire de la cour qui monte en pente sensible vers son portail précédé d'un terre-plein, auquel on accède par une douzaine de marches.
De plus faibles dimensions que celle de Libdeau, sous l'invocation de saint Jean-Baptiste, la chapelle de Marbotte n'a pas l'avantage d'une haute toiture la désignant d'emblée parmi l'ensemble disparate des bâtiments qui l'enserrent, ne laissant entièrement dégagé que son flanc sud. Entièrement construite en belle pierre calcaire de la région, de moyen appareil, sa nef de trois travées est étayée de contreforts à la saillie peu importante. A chacun des angles, ils prolongent en équerre la jonction des deux parois. La pente des pignons n'est plus ce qu'elle dut être, et l'on ne voit pas de trace d'une corniche dont il est à présumer qu'elle régna sur un édifice aussi soigneusement construit. Des baies de faible ouverture, fortement ébrasées, en arc brisé, n'existent que dans les deuxième et troisième travées ; le mur du chevet, percé d'une porte de grange, comporta une large fenêtre dont l'arc est partiellement visible, mais il n'est pas possible d'assurer qu'elle eut, à l'origine, une telle dimension. Des piles semi-circulaires recevaient en pénétrations doubleaux et ogives dont les amorces montrent les profils réciproques. Détruites dans les années 1930, ces voûtes succédèrent sans doute, à la fin du XVe siècle, à d'autres, si toutefois la chapelle n'en n'avait pas été jusque-là dépourvue... Connues par des photographies, elles étaient peintes, dans la travée du sanctuaire, d'un tétramorphe de vigoureuse facture, dénotant la fin de l'époque gothique. Dans cette travée où se dressait l'autel, à droite, sous un arc très tendu, s'ouvre la niche d'une piscine dont nous n'avons pu vérifier qu'elle est double. Un banc de pierre court entre les piles, ce qui est fréquent dans les petites et moyennes églises ou chapelles. Le sol n'est plus que de terre battue.
A l'extérieur, une sensible surépaisseur du mur de la travée médiane nord, amortie par un large chanfrein, renforce de façon inhabituelle le tour du portail. Sous une archivolte en plein cintre coiffant le tympan, deux colonnettes en retrait l'une de l'autre l'ébrasent. Deux tores séparés par une scotie en profilent la base ; aucun astragale ne souligne les chapiteaux s'évasant en feuilles plates nervées que termine un embryon de crochet, sous un tailloir à peine accusé. On observera, telle qu'une disposition très rare pour l'époque où fut bâtie la chapelle, le prolongement de la colonnette arrière, au-dessus du chapiteau, pour s'élever en pénétration dans l'archivolte accolée au tympan (48). L'archivolte extérieure, torique, est renforcée d'un filet.
La destruction des voûtes, le percement du chevet, atteintes majeures à cette sobre architecture, n'empêchent cependant que l'on en puisse reconnaître la qualité. Le simple portail, si proche de celui de Norroy qui appartient à l'art roman (voir infra), dénote ici les débuts de l'art gothique dans notre région, ce qui conduit à dater la chapelle autour de l'an 1200.
Marbotte. Linteau mutilé
Marbotte. Linteau mutilé réemployé.
Le tympan aux armes de la famille d'Apremont.
(Photo. Pierre Simonin).
Faut-il induire de ces armoiries, que le bâtiment, à l'intérieur duquel on admire une cheminée à large manteau mouluré, et en dépit de ses ouvertures toutes gothiques, ne serait pas antérieur à 1541, Balthasard d'Apremont étant alors commandeur de Marbotte ?
Chapelle de Norroy
Sa commanderie fut-elle fondée « avant 1204 » (50), ou « vers l'année 1219 par Henri, fils aîné de Hugues III, comte de Vaudémont » (51) (1236-1245) ? Pour Michel Parisse, cette fondation s'établirait « avant 1227 »(52), date qui ne semble pas inconciliable avec la précédente. Unie « vers 1527 », à celle, d'origine hospitalière (Saint-Jean de Jérusalem) de Robécourt (Vosges), que Dom Calmet dit avoir été une fondation du Temple, tradition qui s'est maintenue dans le village, où l'une de ses rues fut baptisée « des Templiers » (53), tout au moins depuis le XVIIIe siècle. C'est dans les importantes archives de sa commanderie que l'on trouve ce qui a trait à Norroy (54), pour l'essentiel sous les cotes 50 H 9 et 50 H 57 à 62 (1371-1780), en fait peu de pièces et la plupart tardives.
Norroy. Flanc nord
Norroy. Ce qui subsiste du flanc nord.
Le petit portail roman, les larges fenêtres murées de la fin du XIIIe siècle ou des débuts du suivant.
On distingue la trace du contrefort entre les première et deuxième travées.
(Photo. Pierre Simonin).
Mais sont toujours en place les deux colonnes des angles nord-est et sud-est avec leurs chapiteaux à décor végétal, et l'amorce des ogives et formerets. Dans la paroi sud, une piscine double sous une arcature géminée trilobée, d'un beau dessin, appartiendrait à la fin du XIIIe siècle ou au début du suivant.
D'après les croquis de 1904, la travée médiane s'ouvrait au sud par un portail roman dont les dimensions précisées, les proportions, en font le frère de celui de Xugney ; il est ainsi commenté : « Porte à colonnes faisant partie des montants et dont on ne voit que la moitié : assez bien conservée. » Ses piédroits sont à triple ressaut de colonnettes baguées, aux chapiteaux recevant des voussures en plein cintre ; le tympan fait défaut. Gloire d'un musée d'Amérique aujourd'hui, une photographie la représente dotée cette fois d'un invraisemblable tympan, très « templier », et sans doute aussi complétée dans sa structure et son décor (57).
Sur le flanc nord de la première travée, voisin d'un contrefort d'angle disparu, un étroit petit portail aux piédroits à double ressaut, mais dont les colonnettes manquent, rappelle le précédent. Ses chapiteaux aux rigides feuillages que terminent des crochets, une double archivolte en plein cintre au-dessus d'un tympan à l'enduit grossier, permettent de le situer, comme l'exilé, dans les dernières décennies du XIIe siècle.
Les murs conservés de la chapelle, ceux qui leur furent substitués, en disent le plan, c'est d'abord une partie des deux premières travées du côté nord, avec le petit portail, puis, à la suite du mur grossièrement rétabli en moellons de la troisième travée, le très important contrefort oblique, en pierre appareillée, de l'angle nord-est ; enfin, les restes des murs du chevet et du côté sud de cette troisième travée, visibles depuis l'intérieur. D'origine ou récents, les murs ont un faîte commun sous une toiture unique permettant de juger, du côté sud, de la longueur de la chapelle, à défaut de son élévation.
Datable de la fin du XIIIe siècle, peut-être des débuts du suivant, elle aurait été reconstruite en conservant les deux portails d'un édifice antérieur. En petit appareil, de part et d'autre des arrachements d'un contrefort détruit, la paroi nord est coupée, ainsi qu'à Libdeau, d'un bandeau à glacis et larmier au niveau du bas des fenêtres. Bien que murée, celle de la première travée garde une assise en défit de son meneau de profil trapézoïdal ; elles étaient donc également à deux lancettes. Rien ne permet d'avancer ce qu'il en fut des dispositions de la façade.
Les documents ne contribuent pas à parfaire notre connaissance de la chapelle ruinée, mais attestent au premier chef, le souci d'une gestion rigoureuse, exigeant que tous les vingt-cinq ans « soit procédé aux reconnaissances dénombrement et Terrier de tous les biens et Droits dépendant de chaque commanderie afin de les conserver à l'ordre » (58). Y figurent aussi des comptes de travaux de réparations en 1731-1732, et des procès-verbaux de visites des bâtiments de 1709 à 1749 (59). Le commandeur de Robécourt et de Norroy résidait à Neufchâteau en son « Hôtel de Malte » que complétait une chapelle Saint-Jean-Baptiste, le terrier de 1742-1743 en renferme le plan. Rectangulaire comme les autres, les contreforts qui la flanquaient permettent probablement d'y voir une construction médiévale ; elle aurait été démolie dès 1747-1749 (60), sans qu'en soit précisée la raison. La chapelle de Norroy connut le même sort, puisqu'en 1780, sa « suppression » est décidée. Sans doute fut-ce là le début de sa déchéance, d'une utilisation prosaïque à usage agricole, la ravalant au niveau des bâtiments qui l'entouraient et figurent sur le terrier déjà cité.
La mémoire d'un commandeur de Norroy est rappelée par ses armoiries sculptées sur une console portant une statue, encastrée dans la façade d'une maison. On y identifie l'écartelé Choiseul-Aigremont, sous le « chef de la Religion », à la croix d'argent sur champ de gueules (chef chargeant les armes propres des chevaliers de Malte) ; en abîme, un burelé, dû à l'interprétation du sculpteur, serait le fascé d'or et de sable de huit pièces des du Plessis. Ces armoiries sont donc celles de Jean de Choiseul du Plessis-Praslin, reçu dans l'ordre en 1527, commandeur de Robécourt et de Norroy, tué en 1565 lors du dernier siège de Malte par les Turcs.
L'épigraphie nous transmet les noms de deux autres commandeurs, en l'église de Vic-sur-Seille (Moselle), celui de Jean d'Anglure, successeur de Jean de Choiseul, mort le 9 mai 1592 ; et, dans la chapelle Saint-Vincent du château de Bourlémont (Vosges), l'inscription funéraire restituée de Pierre d'Alsace Hénin-Liétard, mort en ce château le 20 août 1787 (61).
A l'encontre de l'octogone de Metz, nos trois chapelles et les quelques pans de murs de la dernière, ne sont plus que d'affligeants témoins ; seul le recours à l'histoire permet de les rattacher à leur prestigieuse origine. La croix des Templiers, que l'on voit avec deux aspects différents dans la fresque de la commanderie de Cressac (Charentes), fit place, par une lente métamorphose de la croix ancrée, à la rayonnante croix d'argent à huit pointes, emblème de l'ordre de Malte, que l'on chercherait en vain aujourd'hui, sur les lieux où, au Temple, furent substitués les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Sources: Pierre Simonin. Le Pays lorrain : revue régionale bi-mensuelle illustrée, pages 15 à 26, volume 73. Année 1992.
Bnf
Notes - Chapelles du Temple en Lorraine
1. Archéologia, n° 27, mars-avril 1969, « Editorial », pages 7.
2. OURSEL (Raymond). Routes romanes, tome 3, 1986, « La garde de Dieu », pages 251, « Les templiers par eux-mêmes ». Collection Zodiaque.
3. Les ordres religieux, la Vie et l'Art, Paris, tome I, 1979, pp. 660-678.
4. R. OURSEL, opuscule cité, pages 283, 317 et 351 ; carte pp. 354-357.
5. MELVILLE (Marion). La vie des Templiers, 1951, 8e édit., 269.
6. Appellation actuelle des Hospitaliers de Saint-Jean, depuis leur établissement dans l'île de la Méditerranée en 1530. L'ordre demeura un temps excepté des dispositions concernant l'inventaire des biens religieux
en 1790. Voir DUVERGIER, Collection des lois, tome I, 19 juin 1790, pages 254.
7. Affaire des souterrains du donjon de Gisors (Eure), où s'engagea le ministère des Affaires culturelles dans les années 1950 (R. Oursel, opuscule cité, pages 348).
8. 1981, pp. 86-90, carte, et 129-141, passim.
9. Mémoires de la Société d'Archéologie lorraine, 1868, pages 258-291.
10. LAMBERT (Elie). « L'architecture des Templiers », dans le Bulletin monumental, 1 et 2 - 1954, pp. 7-60 et 129-165. A compléter par M. MELVILLE, « Deux aspects de l'architecture des Templiers, dans Archéologia, n° 27, mars-avril 1969, pp. 20-27 ; dans cette même revue, R. OURSEL, « Un conflit de tendances, les églises des Templiers », pp. 29-41. Sur la chapelle de Metz, voir COLLIN (Hubert), Les églises romanes de Lorraine, tome III, 1984, pp. 78-80.
11. Dictionnaire raisonné de l'Architecture..., tome VI, 1863, article « Sépulcre », pages 290.
12. E. LAMBERT, opuscule cité, pp. 53-54. VOLTZ (Eugène). « La chapelle des Templiers de Metz », dans Archéologia, n° 56, mars 1973, pp. 24-31. H. COLLIN, opuscule cité, tome III, pp. 78-80. R. OURSEL, Routes romanes, opuscule cité, p. 315.Ces trois derniers auteurs ne font pas état d'une destination funéraire de l'édifice.
13. Des églises de bourgs de ce même siècle, Rambervillers, Le Val d'Ajol (Vosges), sont cependant en totalité de pierre appareillée, mais à Châtel-sur-Moselle (Vosges) et à Vézelise (Meurthe-et-Moselle), seul le porche l'est.
14. Les trois nefs voûtées d'Isches (Vosges) et d'Olley (Meurthe et Moselle) sont des exceptions. Les nefs uniques non voûtées semblent avoir été la règle : Aureil-Maisons, Blanzey, Droitevel, Robécourt... Voir H. COLLIN, opuscule cité, tome 2, 3, 4.
15. R. OURSEL. Routes romanes, opuscule cité, pages 324. De plus, l'auteur écrit, pages 320 : « On ne compte pas, en effet, les chapelles de templiers... construites sur un plan rectangulaire » ; des noms de lieux suivent, mais les plans font défaut.
16. DARRAS (Charles). « Les commanderies des Templiers dans la région charentaise », dans Archéologia, n° 27, mars-avril 1969, pp. 42-49. Sont reproduits quatre plans de chapelles rectangulaires, chacune d'environ 18 m de longueur, une seule, à Malleyrand, est subdivisée en trois travées.
17. M. PARISSE, opuscule cité, pages 89.
18. De H 3155 à H 3171, couvrant les années 1630 à 1790. De plus, un double feuillet (H 3155), est la copie certifiée d'un « Extrait d'un registre écrit sur parchemin..., (des) environs de l'année 1260 », qui était conservé dans les archives du Grand Prieuré de Champagne, dont relevait la Lorraine, au château de Voulaines (Côte d'Or). Elle concerne des donations faites aux frères du Temple de Libdeau de 1214 à 1235, et porte la date du 12 juillet 1756.
19. Pour les grands édifices, on restera fidèle à leur disposition en équerre ; voir les bras du transept des cathédrales de Metz et de Toul, de Saint-Nicolas-de-Port.
20. H 3155, cahier « Commanderies de Xugney et de Libdeau », daté du 17 septembre 1679, f° 24.
21. Liverdun, Mont-Saint-Martin, Saint-Marie-aux-Bois, abbatiale de Saint-Mihiel.
22. Voir SCHMOLL gen. EISENWERTH (J.A.). « Lothringische Madonen-Statuetten des 14° Jahrhunderts », dans Festchrift Friedrich Gerke, 1962, pp. 119-148 ; du même, « Neue Ausblicke zur hochgotischen Skulptur Lothringens und des Champagne (1290-1350) », dans Aachener Kunstblâtter, Helft 30, 1965, pp. 49-99.
23. J.A. SCHMOLL. « Neue Ausblike... », pp. 50, Maxéville ; 52, Berlin, (Bode Museum) ; 58, Morhange ; 76, Longuyon.
24. Voir VILLETTE (Jeanne), « L'ange dans l'art d'Occident du XIIe au XVIe siècle », 1940, pages 88. Exemples les plus anciens d'anges en vêtements liturgiques sur les contreforts de l'abside, à la cathédrale de Reims (vers 1240), ils portent la chape.
25. H 3160, f° 12.
26. H 3156, « Améliorissements de la commanderie de Toul, Xugney, et Libdo », f° 8.
27. Terme ayant le sens d'amélioration, et resté usité dans l'ordre de Malte.
28. H 3164, « Terrier de Xugney et de Libdo », 1763, f° 15.
29. H 3156, f° 8, les « douze apôtres » étaient l'un des retables de ce thème abondamment représenté en Lorraine.
30. Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine, 1870, supplément, pp. 274-275, Bulletin, de la même société, 1908, pp. 261-262.
31. E. LAMBERT, opuscule cité, pp. 30 et 165.
32. Voir les photographies dans R. OURSEL, Les églises des Templiers, opuscule cité, pages 30, et dans Routes romanes, opuscule cité, pl. 134.
33. Signalons à Marcilly (Haute-Marne), la chapelle de pèlerinage de Notre-Dame de Presles, plan, dimensions, aspect, époque, la font sœur de ces trois chapelles. RONOT (Henri), « La chapelle de Notre-Dame de Presles... », dans Les Monuments historiques de la France, 1-1968, pp. 49-55.
34. Ch. DARRAS, opuscule cité, pages 49.
35. Routes romanes, opuscule cité, pages 320.
36. DURAND (Georges). Eglises romanes des Vosges, 1913, passim et pp. 384-388. H. COLLIN, opuscule cité, tome IV, pp. 175-178.
37. H 3169.
38. Petite église extra-muros, aux portes de l'abbaye de Saint-Mansuy ; H 3164, f° 3 ; et Dom CALMET, Histoire... de Lorraine, première édition, tome I, 1728, plan de Toul, pl. 8.
39. H 3167 (1656), f° 6 et 6 v°.
40. H 3169, f° 8.
41. H 3156, f° 19.
42. H 3170 et H 3171.
43. Meurthe-et-Moselle, « Commanderies de Marbotte et de Doncourt » (aux Templiers), H 3172 à H 3188, de 1200 à 1785. Meuse. 22 H 8 à 22 H 18, de 1205 à 1707.
44. H. COLLIN, opuscule cité, tome IV, 1986, pp. 183-184.
45. M. PARISSE, opuscule cité, pages 89.
46. Routes romanes, opuscule cité, pp. 256 et 359-360.
47. H 3182, f° I v°, les terriers qui succédèrent à celui-ci reproduisent à peu près textuellement ces lienes.
48. Rare exemple de pénétration, très antérieur à l'époque où elle deviendra habituelle. LASTEYRIE (Robert de). L'architecture religieuse en France à l'époque gothique, tome II, 1927, pp. 64-66, en propose quelques exemples, dont un « de la fin du XIIe siècle » (cathédrale de Senlis), et montre (fig. 653) pour la fin du XIIIe siècle, celui des grandes arcades du chœur de la cathédrale de Bordeaux.
49. Chanoine SOUPLET. Le bienheureux Gobert sire d'Apremont..., 1952, regeste 16, pp. 135.
50. DUMONT (Jean-Marie). Guide des Archives des Vosges 1970.
51. A. DIGOT, opuscule cité, pages 287. Il s'identifie à Henri I qui régna sur le comté de 1247 à 1278 ; on ignore sa date de naissance. Michel ANTOINE, dans son Histoire des comtes et du comté de Vaudémont, 1935, (voir pp. 61-100) ne mentionne pas cette hypothétique fondation.
52. La Lorraine monastique, opuscule cité, pages 136.
53. Autre exemple de la mythique fascination de l'ordre : à Mousson, l'étonnante ruine du chevet fortifié d'une église dite « des Templiers »
54. Archives des Vosges, 50 H 1 à 50 H 81, de 1206 à 1793.
55. 50 H 26. Un exemplaire en est conservé à la bibliothèque de Neufchâteau, ce manuscrit de 1194 f° fut notre référence ; il en existe un autre, réduit, à Lamarche (Vosges).
56. Elle porte les signatures de leur auteur et du maire, et la date « 1er juillet 1904 »
57. Voir H. COLLIN, opuscule cité, tome III, 1984, pages 149.
58. H 3164, « Terrier de Xugney et de Libdo », 1763-1764, P 1.
59. 50 H 9 et 50 H 62.
60. 50 H 9. Le plan détaillé de la commanderie de Robécourt (Ms. de Neufchâteau, f° 129) révèle qu'elle n'était pas dotée d'une chapelle. Une croix de Malte au faîte d'une tourelle d'escalier signifiait sa qualité de maison de l'ordre. Ses bâtiments firent place, après la Révolution, à une imposante maison bourgeoise à haute toiture ; la partie inférieure d'une petite tour d'angle carrée reste le seul témoin de la commanderie.
61. POULL (Georges). Le château et les seigneurs de Bourlémont, tome II, 1964, pp. 52 et 124.
Sources: Pierre Simonin. Le Pays lorrain : revue régionale bi-mensuelle illustrée, pages 15 à 26, volume 73. Année 1992
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