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Études réalisées sur les Templiers

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I. — Commanderie Lacapelle-Livron

Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Quercy-Rouergue, Commune: Lacapelle-Livron - 82

Commanderie Lacapelle-Livron
Commanderie Lacapelle-Livron

Sur les confins du Quercy et du Rouergue, dominant la vallée de la Bonnette, se trouve le petit village de Lacapelle-Livron.
Aujourd'hui bien dépeuplé, il a cependant connu une certaine prospérité si l'on en juge d'après ses vieilles maisons avec leurs grandes fenêtres à meneau et leurs belles cheminées à manteau.

Le site est attachant certes, malgré sa rudesse et son aspect sauvage, mais les terres labourables sont rares.
Aussi, les habitants désertent-ils, peu à peu, ce coin ingrat qui ne peut les nourrir qu'avec parcimonie et après beaucoup d'efforts.
Ce lieu a pourtant toujours été habité depuis les temps les plus reculés. Les restes de nombreux, dolmens dans le voisinage et les vestiges d'une vieille voie romaine ou estrade, à proximité, le démontrent.
Pourquoi, les Templiers, dès la fin du 12° siècle, ont-ils choisi ce lieu retiré pour le siège d'une de leur Commanderie ?
Cette dernière, par la suite, devait devenir l'une des premières du Quercy et les Hospitaliers de St-Jean, leurs successeurs, continuèrent à illustrer cette antique maison.
L'implantation des bâtiments, dont la majorité existe encore, semble indiquer les principales raisons pour lesquelles cet emplacement fut choisi.
D'abord sa position dominante par rapport à la vallée de la Bonnette, dont la route qui suit le talweg devait être utilisée déjà par l'homme préhistorique pour passer de la vallée de l'Aveyron, dans la vallée du Lot, puis dans celle de la Vézère.
La présence ensuite, à proximité, d'une grande route romaine, bretelle qui reliait la grande voie Cosa-Varadeto à la voie Corsa-Segudunum qui passait à Caylus.
Cet emplacement, entre 2 voies naturelles et antiques, le voisinage de riches terres à blé et d'une rivière, au confluent du Quercy et du Rouergue, avait donc été judicieusement choisi.
Et pendant six siècles, sans interruption, les Templiers d'abord et les Hospitaliers ensuite, occupèrent la Commanderie. Ils furent, en fait, les Chefs temporels du village et de tout le pays environnant.
Les libéralités de quelques-uns de ses Commandeurs avaient amené le bien-être et même une certaine aisance dans les campagnes en général et pour les habitants de Lacapelle en particulier.

L'histoire de la Commanderie de Lacapelle-Livron se subdivise en 3 parties :
I. — Les Templiers, depuis la création de la Commanderie jusqu'en 1312.
II. — Les Hospitaliers de St-Jean, de 1313 à la Révolution Française.
III. — Les Temps modernes.
(Le présent Bulletin ne contient que la première partie)

I. — L'Ordre des Templiers
L'Ordre fui fondé en 1118, par Hugues de Payens et 8 Chevaliers, tous Français, qui avaient participé à la 1ere Croisade avec Godefroy de Bouillon.
Les membres s'appelèrent d'abord « Chevaliers du Christ » ; ils se chargèrent d'assurer l'ordre et la défense, de la Palestine. Le roi Baudoin II leur donna, par la suite, un palais aliénant au Temple de Salomon, à Jérusalem, qui devint le siège de l'Ordre. Ils prirent alors, de ce fait, le nom des Templiers. Le Concile de Troyes, en 1128, confirma l'institution de l'Ordre. Le premier grand maître fut son fondateur, Hugues de Payens (1).
1. Certains écrits portent Payns ou Paganis.

Le 15 juin 1163, les Templiers obtinrent, par une bulle, une place privilégiée dans l'Eglise.
L'Ordre était militaire et les Chevaliers devaient être nobles. Ils portaient le manteau blanc avec la croix rouge et leur étendard noir et blanc s'appelait Baucéant.
Le courage, la résolution de ses membres, qui faisaient une guerre acharnée aux Musulmans, furent récompensés par de nombreuses donations.
Ils devinrent, peu à peu, de grands propriétaires terriens en Occident et ils s'enrichirent au point de devenir les principaux et même les uniques banquiers des rois, des papes, des princes et des particuliers.
Leurs couvents ou temples étaient de véritables forteresses qui leur servaient de coffre-fort.
Leurs richesses et leurs privilèges furent les causes principales de leur perte par l'envie qu'ils avaient suscitée.
En 1307, tous les Chevaliers furent arrêtés, emprisonnés, dont une infime partie, périront sur le bûcher.
L'Ordre des Templiers fut dissous le 22 mars 1312 par le pape Clément V, après un procès fameux.

La dévolution de leurs biens fut fuite, pour la majeure partie, au profit des Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem, qui leur succédèrent dans leurs couvents.

1. — L'arrivée des Templiers dans la région.
Les Templiers fondèrent de nombreuses maisons dans toute la chrétienté et le nombre des Chevaliers atteignit le chiffre de 9.000 environ à une certaine époque.

Les premiers établissements du Quercy qui furent fondés vers la fin du 12e siècle sont :
— Le Bastit.
— Cahors.
— Lacapelle-Livron.
— Montricoux.

D'autres Commanderies furent établies peu à peu à la même époque, à :
— Lavilledieu.
— Castelsarrasin.
— et Golfech.

La maison de Verlhac-St-Jean (Verlhaguet) qui existait déjà on 1121, semble n'avoir eu qu'une durée assez courte, puisqu'elle fut remplacée par Lavilledieu (nom donné d'ailleurs par les frères du Temple).
Des quatre Commanderies fondées en Quercy, il reste encore quelques bâtiments au Bastit et à Montricoux et la majorité de la construction des Templiers à Lacapelle-Livron.
Par contre, à Cahors, où le Temple fut donné aux Chartreux par le pape Jean XXII, les antiques constructions des Chevaliers ont entièrement disparu.

2 — La fondation de Lacapelle-Livron
La maison de Lacapelle fut installée à une époque qui ne peut être précisée de façon certaine, mais qui peut se situer entre 1180 et 1200. La Commanderie était donc déjà fondée lorsque le roi Louis VIII augmenta considérablement son domaine en lui concédant, le 2 des Ides de mars 1221, toute la haute, moyenne et basse justice au lieu de Lacapelle et ses appartenances :
La grange de Nouillac, les lieux de Crozette, Carnac, Montricoux et autres.
Elle dépendit de Rodez jusqu'à la suppression de l'Ordre, en 1312.

3 — Commandeurs de l'Ordre des Templiers
Une vingtaine de Commandeurs administrèrent le Temple de Lacapelle-Livron de sa fondation jusqu'en 1307 (date de l'arrestation du dernier). Voici les principaux:
Calon de Salvanhac
Descendant de la famille de Penne en Albigeois, dont les aïeux auraient été les bienfaiteurs de Lacapelle en cédant toute la seigneurie de Mouillac. Par acte du 2 des Ides de mars 1221, il conclut un accord avec Jean de Flottes, Sénéchal du Périgord, et Jean Antonin, juge du Quercy, concernant l'achat et la finance de la justice do Lacapelle.

Doat Garssia (1225-1230)
Accepte, le 11 mars 1221, les droits sur un mas voisin du Pech d'Auzon (Puy d'Auzon) en sa qualité de Commandeur de Montjou.
Il reçoit par la suite en 1225, mais en qualité de Commandeur de Lacapelle-Livron, cette fois :
I. — En avril, les donations faites par Lucie de Cas des possessions qu'elle a au Mes de Herme près le Pech d'Auzon.
II. — En mai, de Grimal de Lieuron (Livron), toute la terre qu'il possède en dedans et en dehors de Lacapelle, suivant l'acte suivant :
a) Donation de Lacapelle-Livron (Mai 1225)
« Notum sit omnibus hominibus presentibus et futuris que Grimals de Lhivron, que fo filh de Pons de Lhivron a vendut e donatve livrat per aura e per totz tems a la maion del Temple, se es saber a fraire Dont Garssia, comandador del bestial de la cabana de Monson (2) et als autres fraires del Temple, presens e endevenedors, tota la terra quel avia, en de la Capele, o rendes, o cens, o qualsque causes.
Actum anno Domini MCCXXV mense maii el puech de la Capela, prop Castluch, Honorio, papa Rome, Lodoico, rege : WElhelmo, episcopo Caturcensis. »

A la meme époque (mai 1225) il reçoit de Guillaume de Caraigne les droits de ce dernier sur la borde de Nassoulié.
Il achète egalement, moyennant 200 sols caorcens, la partie du Mas d'Anglès s'étendant jusqu'à la Bonnette, qui Lui est cédée par Aymard Jourdain, le Vicomte de Saint-Antonin (3).
Il reçoit en août 1230, de Jordas, vescons de San-Antoni (Saint-Antonin) la donation de Saint-Peyronis :
b) Donation de Saint-Peyronis (Août 1230)
« Notum sit omnibus hominibus presentibus quam futuris, que eu A, Jordas, vescons de. San-Antoni, e senhor del castel de Paris, per amor de Deu e per salut de ma arma, ei donnat et autreiat a la maio del Temple, e a fraire Doat Garssia, commandador, e als autres fraires als presens e als avenedors, per aora e per totz temps, tota la senhoria e tota la drechura queu avia ni avec devia en la gleia ni en la vila, ni en la onor de San Peironi, e doni lor bonamen, e francamen senes tota retenguda queu no e fas ; e daici en avanno lor i querrei re ni lor i farci contraria dire, ni om ni femma per me, e prometi lor eu bona e ferma garencia a drech de totz homes ; e desvestim'en e vesti en los sobredichs fraires del Temple de tota la drechura queu avia en la honor sobredicha de San Peironi queilh la tengo e la possedisco per totz temps, cum la lor causa dominia.
Daisso son testimoni fraire Bego de Calcomer, fraire W. de Loberz, Gibertz de Bulaguer, 13. Golriez.
Actum anno Domini MCCXXX, mense augusti. »
2. (il faut lire : Cabane de Monson, d'après le Cartulaire des Templiers de Vaour). 3. En 1227, Raymond VII Comte de Toulouse (se dessaisit, en faveur du Temple, de sa juridiction sur la ville et te territoire de Lacapelle.

En mai 1231, Guillaume et Pierre Marsa lui cèdent des terres entre Parizot et le fleuve de Bonnête.
En 1232, il reçoit encore diverses donations importantes de Hermengard de Caraigne, son fils et son oncle, pour leurs biens de Lacapelle et Girard de Villevaize et de Hugon, Guillaume et Bernard de Laroque, de l'ensemble de leurs biens de Pech d'Auzon.
Doat Garsgia figure alternativement, en qualité de Commandeur de Lacapelle, avec Arnaud de Bosc, entre 1227 et 1232, suivant les actes qui portent l'un ou l'autre comme Commandeur.

Arnaud du Bosc (1230-1232)
En qualité de religieux de Lacapelle, avait déjà reçu en février 1227, de Pons de Salvanhac, la donation de tous ses biens de Mouillac.
En juin 1227, il est qualifié de Commandeur pour la cession de biens par le Comte de Toulouse, en particulier le Mas del Lac.
II acquiert, en mai 1220, de Limourques, de Paris, de Maffre Astorg et de Gramiel, tous les droits de ces derniers, depuis l'église de St-Peyronis jusqu'à la Bonnette.
Le 20 janvier 1232, Béral, fils de Galhart, lui cède également tous ses droits sur la partie entre le chemin qui part du château de Caylus et s'en va vers Parizot et le fleuve Bonnête.
Il reçoit, à peu près à la même époque, donations de dépendances de terres à Laubières et Roquemaure dans la paroisse de Lagarde (Puylagarde) et quelques biens à Lugan.
En 1234, Jean Imbert, religieux de la Caze-Dieu et Prieur de Lumac, confirme aux Templiers la cession faite par son prédécesseur, W. de Carlat, des églises de St-Peyronis et de St-Albi (4).
4. J'ai retrouvé également la donation faite pour les églises de St-Peyronis et [St-Aloy]. Je présume qu'il a dû exister une chapelle St-Aloy sur le terroir de St-Peyronis ou de Parizot, et qu'il ne s'agit pas de St-Alby, chapelle ruinée au fond du bois de Cantayrac, sur la commune de Bach (Lot).

En mai 1235, il reçoit de l'Abbé de Conques donation de l'église de St-Pierre de Sailhagol. (Acte portant « Amaldo de Bosco - Templario Préceptori - Cubanæ domus milicæ - Monzonis).
Le 2 octobre 1236, sous le même titre, une sentence rendue par le Prieur de Fons (Septfonds) lui confirme la propriété des églises de Loze et de Jamblusse.

Amiel de Sils (1237-1238)
Précepteur de la Cabane de Monson.

Gaillard de Pradines (1239-1255)
En 1240, il reçoit de Guillaume de Conques ses droits sur l'église de Saillagol, moyennant 5 sols caorciens.
A la suite d'un différend avec l'abbé de Moissac, une sentence rendue, en mars 1242, sous les couverts de Caylus par Guillaume de Cardouilhe, châtelain, pour le Comte de Toulouse, partage les dîmes du Puy d'Auzon entre eux.
Dans une sentence arbitrale du 27 février 1247, au sujet des dîmes de diverses paroisses, il est qualifié de Commandeur de Vaour, de Montricoux et de Lacapelle.
Par acte du 20 août 1254, Ayment et Frotand de Cas firent donation aux Templiers de tout ce qu'ils possédaient entre les ruisseaux de Bannières et la Bonnette et les chemins de Parizot à Caylus (B. de Jieude, notaire).
En 1258, dans un échange fait avec Bernard Mousanes, il est qualifié cette fois de Commandeur de Carnac dépendant de Lacapelle.

Raoul de Sosnac (1256-1259)
Il fil, en 1257 un échange de terres, avec les frères Galhart et Luc Béral.

Raymond de Montaigut (1259-1260)

Raymond de Buisson (1260-1263)

Hugues de Valon (1263-1264)
Il accepte, en avril 1264, une donation faite par Jean de Lagarde et sa femme de tout ce qu'ils possédaient au terroir del Mas.

Raymond de Buisson (1265-1274)
En novembre 1260, il avait déjà conclu un accord avec les Consuls de Lacapelle, et il leur avait cédé, moyennant la rente annuelle de 30 sols tournois, le droit de faire paître leurs bestiaux dans les prés, pâturages et bois de la Commanderie, à l'exception des prés du Pech d'Auzon. Le 4 novembre 1263, il accorde une charte communale aux habitants de Lacapelle.
Les paysans qui l'habitaient étaient relativement libres à cette époque. Ils jouissaient même de coutumes non écrites, qui leur avaient été accordées par Rosselin de Fos, maître de la Langue de Provence.
Aussi les libertés qu'il était d'usage de réclamer aux seigneurs, telles que celles des testaments, de formariage, leude, justice, etc..., ne furent pas invoquées.
Par contre, ils réclamèrent des pâturages, des bois, des terres labourables.
Aussi la majorité des articles de ladite charte traite uniquement de la question des terres.
Un seul, traite de l'adultère, du vol, de la sorcellerie et des blessures.
Il est curieux de noter que la pratique de la sorcellerie entraîne la confiscation des biens par le Commandeur, ainsi d'ailleurs que l'adultère.

Le Commandeur se réserve le droit de faire paître 40 vaches avec le bétail des habitants, mais il doit réparer le dommage que causeront ses bêtes à cornes.
Il impose aux habitants une journée de fauchage, une de fanage et une de labour.
En contrepartie de la cession des terres, bois, etc..., il exige 30 livres par an de l'ensemble de la population et une géline par feu à la Noël. Rosselin de Fos approuva les coutumes de Lacapelle le 10 janvier 1275.
La libéralité de Raymond de Buisson devait amener pour Lacapelle une prospérité jamais atteinte jusque-là.

Hugues de Concesio (1274-1275)
Figure en qualité de Commandeur dans l'acte du 10 janvier 1275 par lequel Rosselin de Fos approuve les coutumes de Lacapelle qui avaient été données aux habitants par Raymond de Buisson.
Il est signalé, à la même époque, un Pons de Partage comme Commandeur de Lacapelle.

Hugues de Saintes (1276-1279)
Il accepte, le 11 novembre 1276, une sentence de partage du bois de Bosc-Lacalm. La même année, une autre sentence le maintien en possession des dîmes de Lugan et de Puylagarde.
II assista, le 6 janvier 1277, à la concession des coutumes faites par Rosselin de Fos, aux habitants de Montricoux.
Par la suite, il cède à nouveau fief, une pièce de terre dite « le mas de Tras-los-bosc », à Géraud de Caraigne.

Athon de Salvagnac (1230-1290)
Il donne à bail emphytéotique à Raymond Ibada, tous les fruits, rentes, dîmes de l'église de Jamblusse moyenniant 10 livres cadurciennes payables à la Noël de chaque année (Acte du 21-9-1280 de Pierre Brengnier, notaire à Lacapelle).
Il eut des différends avec Pons de Livron, Barthélémy Lugan et Arnaud d'Espiémont, au sujet d'une pièce de terre dite « al Cloup-del-Vaguel », près le chemin de Caylus à Fontaille. Cette affaire se termina en 1307 par une sentence arbitrale.

Ratier de Lemosin (1290-1300)
Est désigné comme Commandeur dans une sentence rendue en 1294. Cette sentence partage les dîmes entre lui et Etienne Gout, recteur de Saillac.
A la suite d'un différend avec les habitants de Caylus, les arbitres qui furent désignés par les parties fixent par un acte du 14 septembre 1295, les limites de Caylus et de Lacapelle au lieu-dit : La Combe d'Estorre Basque.
En 1299, les Templiers achètent aux Commissaires du Roi, au prix de 1.000 livres de petits tournois, l'abandon de leurs prétentions sur les juridictions de Lacapelle, Mouillac, Crouzelles, Cosnac, Trévaix et Montricoux.

Olivier de Penne (1300-...?)
Il inféoda, en 1301, en qualité de Commandeur, un jardin situé au terroir de la Barrière.

Athon de Salvanac (ou de Salvanhac) (? ....-1307)
Etait en procès en 1304 avec Bernard de Puycelsis au sujet de la propriété de la fontaine de Malhagol (Mouillagol).
Il était toujours Commandeur de Lacapelle-Livron lorsqu'il fut arrêté le vendredi 13 octobre 1307 par Jean d'Arreblay, Sénéchal du Quercy, avec tous les Chevaliers du Temple.
Ils furent tous conduits, chargés de fers, dans les prisons de Cahors avec les autres frères du Temple des Commanderies de Montricoux, Le Bastit et Cahors.

* * *

Par la suite, Jean-Pierre de La Capelle est signalé comme Commandeur de Lacapelle-Livron dans un acte passé par devant Costes, notaire, au sujet de la vente d'une vigne au terroir del Camp de la Salle par Bernard Augery.
Il s'agit certainement d'un administrateur nommé par le roi, puisque tous les biens des Templiers avaient été saisis le 13 octobre 1307, et que leur dévolution à l'Ordre de St-Jean de Jérusalem ne devait avoir lieu qu'en 1312 seulement.

4 — Procès des Templiers du Quercy
Le procès qui fut intenté aux Templiers en 1307 devait aboutir à la suppression de l'Ordre et à la confiscation de leurs biens.
Philippe-Jean d'Arreblay, Sénéchal du Quercy et du Périgord, fit arrêter dès le 13 octobre 1307 tous les Templiers du Bastit, Cahors, Montricoux et Lacapelle-Livron, et il les conduisit dans les prisons de Cahors.
En même temps, et toujours au nom du roi, il confisqua tous leurs biens meubles et immeubles.
Le Commandeur de Lacapelle, Athon de Salvanhac, figure parmi les arrêtés (5).
5. Documents faisant mention de l'arrestation des Templiers, du Quercy :
1° — Livre Tané (Hôtel de Ville de Caors) :
« L'an 1307, un vendredy avant la fête de St-Luc, Antoine de Salnhac, Chevalier Commandeur de la Chapelle, avec plusieurs autres Templiers ses confrères, furent arrestez prisonniers à Caors. »
II° — Te igitur N° 73, page 64.
Les Templiers furent emprisonnés :
« Connu soit que l'an du seigneur 1307, le vendredy avant la fête de St-Luc évangéliste, régnant l'excellent prince monseigneur Philippe, par la grâce de Dieu, roi des Français, et Monseigneur Bertrand Dugat étant souverain pontife sous le vocable de Clément, on emprisonna par tout le monde, tous les Templiers, et leurs biens furent saisis et spécialement, Monseigneur Atho de Salvanhac, Chevalier du Temple précepteur de la maison de Lacapelle avec ses compagnons des maisons du diocèse de Cahors. »
(N.-B. — (On voit par la que le principal établissement de l'ordre des Templiers dans notre diocèse était à Lacapelle, et que son chef dans la même région s'appelait à l'époque de leur arrestation « Atho de Salvanhac.)


Dans la procédure qui suivit, il est fait mention des frères suivants, sans préciser leurs lieux d'origine :
— Raymond de Tayac.
— Pierre de Tayac.
— Bernard de Cazals.
— Etienne Gaucelin.
— Gui Cocha.
— Bernard de Velasfac.
— Guillaume Arnaud.
Il peut être ajouté à cette liste. Géraud de Lubéraudie, qui ne figure pas au procès-verbal d'interrogatoire, pas plus que De Salvanhac d'ailleurs. Ces 2 Chevaliers, qui appartenaient à la noblesse du Quercy, durent s'avouer coupables aussitôt, plutôt que de subir la torture puisqu'ils ne comparurent pas avec les autres Templiers.
Les 7 autres, déjà nommés ci-dessus, furent interrogés, les 2 et 7 janvier 1308, par le Sénéchal, en présence de 2 notaires.
Ils nièrent d'abord tout ce qui figurait à l'acte d'accusation, puis ils furent torturés.
Après quelques épreuves, ils firent l'aveu des crimes dont leur Ordre était accusé.
Raymond de Tayac, en particulier, avoua que lors de sa réception le supérieur lui fit cracher sur la croix et qu'il s'était rendu coupable du crime de sodomie avec ce dernier.
Par la suite, parmi les 72 Templiers qui furent envoyés au pape pour être, interrogés, figurèrent pour le Qucrcy : Athon de Salvanhac et Géraud de Labéraudie.
Tous ces chevaliers avaient déjà été interrogés dans leur province respective et ils avaient avoué les crimes qui leur étaient reprochés. Devant les cardinaux, Athon de Salvanhac déclara qu'il n'avait pas été torturé, mais simplement mis aux fers et à l'eau avant sa déposition. Il est donc permis de conclure, que si Athon de Salvanhac et Labéraudie n'avaient pas été torturés à Cahors et furent envoyés au pape pour renouveler leurs aveux, ils devaient faire partie de cette minorité choisie par Philippe-le-Bel et Nogaret pour charger l'Ordre, on ne sait en échange de quelle promesse.

Clément V ne s'en tint pas là et il nomma une Commission composée d'évêques, qu'il chargea de se rendre à Paris et d'ouvrir contre l'Ordre des Templiers en général une information juridique.
Le but de la Commission était d'éclairer le futur concile et elle devait, de ce fait, entendre tous les Chevaliers qui voulaient défendre l'Ordre.
Deux se présentèrent pour le Quercy
— Pierre de Tayac.
— Guillaume Arnaud.
Ils rétractèrent formellement tous les aveux qu'ils avaient faits devant le Sénéchal du Quercy en les attribuant à la torture.
Ces Chevaliers, soit 54 au total, pour l'ensemble de la France, furent alors déclarés « hérétiques et relaps » et condamnés au supplice du feu.

Le 12 mai 1310, ils se rendirent au bûcher avec courage et ils persistèrent dans leurs rétractations devant l'envoyé du roi qui leur promettait pourtant la grâce royale et leur liberté.

La conduite courageuse de Pierre de Tayac et de Guillaume Arnaud prouve qu'ils n'avaient fait l'aveu de prétendus crimes que parce qu'ils avaient été lâchement torturés.
Par contre, ceux qui s'étaient faits les complices du roi en chargeant l'Ordre par leurs dépositions, sauvèrent leur vie et nous en retrouvons quelques-uns, par la suite, pourvus d'une nouvelle place.
C'est ainsi qu'à Lacapelle-Livron, Olivier de Penne, qui avait été Commandeur des Templiers en 1301, fut Commandeur de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem de 1314 à 1318.

5° — La dissolution de l'Ordre des Templiers
La dissolution de l'Ordre des Templiers et la dévolution d'une partie de leurs biens à l'Ordre des Hospitaliers n'entrainèrent pour Lacapelle-Livron qu'un changement d'occupants seulement.
En effet, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem furent les nouveaux habitants de la Commanderie, sans interruption, jusqu'en 1791.
Les Templiers furent réhabilités par la suite par le Concile de Salamanque qui les reconnut innocents, Saint Antonin, évêque de Florence, déclara formellement que l'Ordre était saint, juste et orthodoxe.
L'Ordre fameux qui avait vaillamment défendu la Terre Sainte et dont Saint Bernard lui-même, en présidant à sa fondation, avait tracé la voie, avait vécu.

Peut-être sa richesse avait-elle atténué les nobles sentiments des Chevaliers, mais ils ne méritaient pas les accusations triviales dont on les avait chargés.
Le pape Clément V, qui regagnait son pays natal mourut à Roquemaure le 20 avril 1314, Philippe-le-Bel à Paris, le 14 novembre 1314, et Nogaret était décédé, lui aussi, entre les deux.
Le Grand-Maître de l'Ordre, Jacques de Molay, avait été brûlé à Paris, le 11 mars 1314 avec les frères du Temple.
Ainsi disparurent la même année les quatre principaux acteurs de ce fameux procès, d'où seul sortait grandi le Grand-Maître de l'Ordre, qui en se reprenant au dernier moment, avait affirmé sa personnalité et montré par son supplice qu'il était encore capable de faire de grandes choses.
Sources: Le Capitaine Bernard Fredefon, Bulletin de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, pages 115 à 127, tome LXXXIV, année 1958. Montauban 1953. Bnf

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