Département: Indre-et-Loire, Arrondissement et Canton: Tours, Commune: Luynes - 37
Commune de Luynes
Décédé en 1187 à Tibériade.
Chevalier templier puis Maréchal du Temple.
Fils de Jacquelin 1er, seigneur de Maillé (1095-1157).
Lorsque les premiers croisés eurent conquis la Palestine, les plus prévoyants dentre eux songèrent à en assurer la possession. Les Turcs nétaient pas disposés à laisser paisiblement sétablir les Chrétiens, et, pour ceux-ci, le tombeau du Sauveur ne pouvait se conserver quà force de vigilance et de luttes nouvelles.
Sous lempire de cette préoccupation se fondèrent des ordres religieux et militaires à la fois, dont le plus célèbre, sans contredit, est celui des Templiers.
Lexistence des premiers membres fut toute de combats sanglants. Ils y apportaient lardeur dune foi vive et la fougue dun courage chevaleresque.
Les chroniqueurs du vieux temps sont remplis de faits admirables et de récits qui laissent parfois bien loin les prouesses des guerriers daujourdhui. Les luttes dalors exigeaient moins de science militaire, il est vrai, que celles dà présent. Mais elles demandaient au combattant plus de cette valeur personnelle qui ne compte ni avec le nombre ni avec les dangers.
Que de fois, hélas ! Na-t-on pas reproché à nos armées de trop se souvenir de lexemple de nos pères et de ne pas assez se préoccuper en même temps des nécessités que présentent les guerres modernes !
Jacquelin de Maillé, de la noble famille de Touraine, sétait enrôlé dans la milice du Temple. IL nous, fournit, à lappui de ce que nous rappelons, un mémorable exemple.
Cétait vers le milieu du treizième siècle. Saladin commençait à inquiéter les conquêtes des croisés; sans cesse il les harcelait.
Sa cavalerie sétait emparée de Nazareth. Aussitôt grand émoi parmi les Chrétiens. On ne peut laisser entre les mains des infidèles, des lieux aussi vénérés. On résolut aussitôt de chasser lennemi. Un petit corps de cinq cents hommes se précipite aussitôt sur les troupes de Saladin. Le grand maître du Temple, Gérard de Ridefort, commandait en personne, et parmi ses suivants se trouvaient plusieurs dignitaires de cette milice, entre autres Jacquelin de Maillé. Le combat sétait engagé avec un acharnement inouï. Les Chrétiens firent des prodiges de valeur; mais plus de sept mille ennemis les écrasèrent.
On raconte même que, presque seul, accompagné à peine de quelques chevaliers échappes au carnage, le grand maître rentra dans Jérusalem, déplorant la perte de ses vaillants compagnons darmes.
Cependant Jacquelin avait chèrement vendu sa vie. Pendant quauprès de lui des croisés couverts de blessures arrachaient de leurs plaies les flèches des Sarrasins, et les renvoyaient ainsi toutes sanglantes encore, il se tenait dressé sur ses étriers, agitant sa lance et semant la mort dans les rangs ennemis.
Enfin son coursier finit par sabattre; Jacquelin luttait encore et imposait toujours à ses adversaires.
On lui crie de se rendre, lui promettant la vie sauve, la liberté et le droit de se retirer où bon lui semblerait. Il refuse et veut combattre, jusquà ce que, épuise par le sang qui coulait de ses blessures, il tombe percé de coups.
Tant de valeur avait frappé dadmiration ces ennemis acharnés du nom chrétien. Les chroniques du temps rapportent quils avaient cru que saint Georges lui-même, ce patron des chevaliers était descendu du ciel, et que cétait, lui qui combattait dans les rangs des croisés. Toujours est-il que, lorsque le héros eut expiré, ils sapprochèrent de lui, entourèrent son corps, le dépouillèrent de ses armes et partagèrent entre eux les lambeaux de ses vêtements et de son armure. Plusieurs même poussèrent la superstition jusquà ramasser la poussière arrosée de son sang, précieux talisman dont ils se frottèrent le corps, croyant ainsi acquérir un peu de la valeur quil avait déployée.
Sources: Henri de Lusilly. Samedi 2 mars 1872 - La Semaine des familles : revue universelle. Editions J. Lecoffre, Paris 1858-1896.
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