Les Templiers   Anecdotes   Les Croisades

Quelques anecdotes trouvées ici et là concernant les Templiers et les Hospitaliers

« 1   « 2   « 3   « 4   « 5   « 6   7   8 »  

Anécdote N° (31)
02-12-2022

Maison du Temple de Bourdeaux

Département : Drôme, Arrondissement : Nyons, Canton : Dieulefit - 26
Maison du Temple de Bourdeaux
Un évènement d’une importance considérable fit oublier un instant ces querelles. Clément V avait convoqué les évêques de la chrétienté à un concile général qui devait s’ouvrir à Vienne le 1er octobre 1311. Le terme fixé approchait, et le pape qui résidait dans ses terres du Comtat se mit en route pour aller présider la grande assemblée.

Le 18 septembre, il passait à Donzère et le lendemain il faisait son entrée à Montélimar. Il coucha dans cette ville ; le 20 septembre, voulant témoigner sa bienveillance à Giraud Adémar, seigneur du lieu, il conféra divers bénéfices a deux de ses enfants encore fort jeunes. De Montélimar Clément V gagna Livron, ou notre évêque le reçut dans son château : le pape accorda à Guillaume le pouvoir de visiter les églises et les monastères, exempts ou non, et d’y percevoir un droit de procure modéré. A Etoile, Clément V, s’arrêta deux jours chez Aymar de Poitiers.

On le trouve à Valence le 24 septembre (1). Il n’arriva à Vienne que le 1er octobre, le jour même où aurait dû s’ouvrir le concile, ce qui fit retarder la première session jusqu’au 16 du même mois. Comme on le sait, trois points fixaient particulièrement l’attention des pères de cette assemblée : la réforme de l’Eglise, les secours pour la Terre-Sainte et l’affaire des Templiers. Sur le premier point, les débats amenèrent de violentes attaques contre les privilèges exorbitants accordés aux religieux de St-Dominique et de St-François. Nous avons vu plus haut combien, dans le diocèse de Die, les prétentions des religieux mendiants, leurs efforts pour se soustraire aux décisions du synode de 1289 avaient suscité de désordres.

Au concile de Vienne, on voulut donner quelques satisfactions aux évêques qui soutenaient que les exemptions étaient la ruine de la discipline ecclésiastique. On défendit aux religieux de donner l’extrême-onction, l’eucharistie et la bénédiction nuptiale sans la permission du curé, d’enterrer personne dans leurs cimetières en temps d’interdit, et les excommuniés en tout temps (2).

Aussitôt après la clôture du concile, le pape reprit la route du Venaissin. Ici se place un incident qui faillit attirer sur les habitants de Valence les foudres de l’Eglise et qui créa à notre évêque de sérieux ennuis. Nous ne pensons pas nous éloigner trop de notre sujet en relatant brièvement cet épisode qui peint les mœurs de l’époque.

Le 13 mai 1312, quelques cardinaux, archevêques et officiers de la curie papale arrivaient à Valence, précédant de quelques jours Clément V. Ils demandèrent des logements pour la nuit. C’était, paraît-il, une charge bien lourde pour une cité que d’héberger cette foule de grands seigneurs, ecclésiastiques et laïques, qui accompagnaient le pape dans ses voyages : les chroniques nous ont transmis plusieurs fois, à ce sujet, les plaintes des populations.

Les habitants refusent de prêter leurs demeures et il n’est pas jusqu’aux hôteliers qui ferment leurs portes à ces hauts et puissants personnages qui se voient réduits de loger où ils peuvent. Le lendemain, jour de la Pentecôte, les nobles étrangers, par mode de distraction, parcourent la ville et les faubourgs ; quelques-uns d’entre eux se prennent de querelle avec des bourgeois.
Le lundi, 15 mai, le pape fit son entrée dans la ville. Il était à peine installé chez l’évêque qu’éclatèrent d’affreux désordres. Un homme qui ne faisait point partie de la maison du pape, mais bien de son escorte, à la suite d’une altercation violente avec un bourgeois venait de lui porter un coup mortel. Qui avait tort, qui avait raison ? Nos bourgeois ne cherchent point à s’en rendre compte ; depuis deux jours la colère les suffoque : ils donnent un libre cours à leur fureur. Les trompettes retentissent, tous les citoyens prennent les armes, on tend les chaînes dans les rues et partout la lutte s’engage. Plusieurs serviteurs du pape sont tués ; d’autres faits prisonniers. L’évêque de Toulouse voit sa vie menacée : des gens furieux ont envahi sa demeure et essayent à coups de hache d’abattre les colonnes et les pièces de bois qui soutiennent l’étage supérieur où il a trouvé un refuge. Sur un autre point, la foule ameutée cerne la maison où est l’évêque de Lectoure et cherche à y mettre le feu. Heureusement, l’évêque de Valence, accompagné des seigneurs de Roussillon et d’Anjou, accourt en toute hâte au milieu de cette multitude en délire ; il calme un instant sa fureur et réussit à dégager les deux prélats. Clément V se hâta de quitter Valence. Il était à Livron le 16 mai (3).
Pendant ce temps, Henri VII déployait en Italie, pour rétablir les droits de l’empire, une bravoure incontestable.

Il résolut de faire un effort suprême pour le triomphe de sa cause. Tous les feudataires du royaume d’Arles furent invités à venir le joindre en Italie, au mois de mai 1313, avec de bonnes troupes, cum decenti armatorum comictiva (4).
L’empereur ne se contenta pas de leur adresser des lettres particulières ; il leur envoya encore son médecin, Pierre de Bonne, pour leur faire entendre directement ses ordres ; les lettres qui lui confiaient cette mission étaient datées du camp impérial, près de Florence, le 28 janvier 1313. Pierre de Bonne tenta à deux reprises de pénétrer dans la province pour s’acquitter de sa mission auprès des grands vassaux de l’empire ; il en fut empêché à cause des guerres, quod nunquam potui propter guerras, et se vit dans la nécessité d’écrire aux archevêques de Lyon et de Vienne, aux évêques de Valence, de Viviers, de Grenoble, d’Orange et d’Avignon, aux nobles et aux villes pour leur transmettre les ordres de l’empereur : ses lettres sont datées de Genève, le 5 mai 1313 (5). Un grand nombre de seigneurs du royaume d’Arles passèrent les monts, mais la mort presque soudaine de Henri VII fit évanouir ce beau rêve de la restauration du saint-empire (6).

Après le concile de Vienne, le diocèse de Die put jouir d’une quinzaine d’années de paix relative, grâce surtout à une série de trêves que Jean XXII imposa à l’évêque et au comte et réussit à faire respecter. Du reste, nos deux rivaux avaient sur les bras d’assez grosses affaires, sans se créer de nouveaux embarras. Aymar de Poitiers devait au roi de France le service personnel à l’armée et un contingent de troupes, à cause de la portion du Valentinois située sur la rive droite du Rhône. Philippe le Bel l’avait appelé à l’armée de Flandre, et comme le comté ne se pressait pas d’accourir, un messager royal vint à Etoile, le 5 septembre 1314, lui signifier d’avoir à se trouver à Arras le jour de la Nativité de la sainte Vierge, Aymar s’excusa, objectant la brièveté du délai, l’éloignement du lieu de convocation et son état maladif. Le messager refusa d’accepter ces excuses (7). Le roi, comme on le sait, mourut quelques semaines plus tard. On conçoit aisément qu’Aymar fût peu disposé à s’éloigner de ses terres dont l’administration absorbait tous les instants de sa vie. C’était un prince actif, très soigneux de ses propres intérêts et qui augmenta considérablement les domaines qu’il tenait de ses ancêtres.
Le 16 décembre 1315, il reçut l’hommage d’Aiguillon de Vesc, coseigneur de Dieulefit, pour la moitié du château du Pègue (8).

Les Templiers, dont l’ordre venait d’être supprimé, avaient dans le diocèse de Die d’importantes possessions : la commanderie de Bourdeaux et ses dépendances, des terres dans le Trièves (Cornillon-en-Trièves, Isère), à Saint-Jean d’Hérans (Isère, 38), qui se rattachaient à Echirolles (Isère, 38), et un domaine de six cents stérées à Barry, sur la carte de Cassini, et Le Temple, sur la carte de l’IGN, près de Saillans, dépendant de Saint-Jacques de Valence. Ces diverses possessions furent, comme on le sait, données aux Hospitaliers.

Bourdeaux fut uni à Poët-Laval et les autres biens du Temple dans le Diois se joignirent aux vastes domaines qui formèrent la commanderie de Valence. Dans ces circonstances, Aymar n’eut garde d’oublier ses droits : il exigea une reconnaissance féodale pour tous les biens de la maison de Bourdeaux, que quondam fuit militie Templi, et pour tout ce que les Hospitaliers possédaient à Poët-Laval, reconnaissance que lui fit à Bourdeaux, le 7 octobre 1317, Guigues de Beauchastel, commandeur de Poët-Laval. Ce dernier déclara que l’ordre, en signe de dépendance, payait annuellement au comte 2 sols de bons viennois.

Aynard Galon, chevalier, de Mornans, et Aiguillon de Dieulefit, damoiseau, furent témoins de cet acte (9).

Les religieux de l’abbaye de Saou se plaignaient depuis longtemps que les comtes de Valentinois, au mépris des droits du monastère, étendaient leur juridiction sur un certain nombre de leurs vassaux et jugeaient leurs causes ; Aymar, que l’âge et les infirmités avaient sans doute rendu plus conciliant, voulut mettre un terme à leurs récriminations. Humbert de Laye, seigneur de Teyssières, son fondé de pouvoirs, s’entendit avec l’abbé, Pierre de Comps, et le prieur de Sigillat, Guillaume Sebollon ; il conclut avec eux un accord qui laissait à l’abbé de Saou et au monastère le plein exercice de la justice criminelle dans le bourg de ce nom. Cette transaction eut lieu le 18 mars 1319 (10).

Déjà, à cette époque, Aymar IV de Poitiers avait associé au gouvernement de sa principauté Aymar, son fils aîné, et l’avait autorisé à prendre par anticipation le titre de comte de Valentinois et de Diois ; nous le voyons figurer pour la première fois avec ce titre, le 19 août 1317. Par un acte, daté de ce jour, Hugues d’Aix, seigneur de Bellegarde, et Alix, son épouse, fille de feu Geoffroy de Châteauneuf, lui vendirent pour la somme de 2,200 livres de tournois le château de Comps, le bourg d’Orcinas, ainsi que toutes leurs possessions à Bourdeaux et à Poët-Célard. Cette vente eut lieu à Sauzet, en présence de Louis de Poitiers, évêque de Viviers, de Louis, fils aîné d’Aymar, et de Giraud Adhémar, seigneur de Montélimar (11).

Entre autres événements d’importance diverse qui remplissent les dernières années de l’épiscopat de Guillaume de Roussillon, trois surtout méritent de fixer l’attention du lecteur : le procès du Mévouillon, la reconnaissance, des droits du chapitre de Die et l’acquisition de la baronnie de Châtillon.
1. Regestum Clementis papa V, n° 7307, 7308, 7309.
2. CHARVET. Histoire de la sainte Eglise de Vienne, page 447.
3. Regestum Clementis papa V, n° 8837.
— RAYNALDI. Ad, année 1312, n° 30.
4. VALBONNAYS, tome II, page 148.
— U. CHEVALIER. Diplomatique de Bourgogne de M. de Rivaz, Pièces annexes, page 94.
5. U. CHEVALIER. Diplomatique de Bourgogne, ibid, page 95.
6. DOENNIGES. Acta Heinrici VII, 2A part., page 221.
7. Archives de l’Isère, B, 3567.
8. Archives de l’Isère, B, 3567.
9. Archives de l’Isère, B, 3569.
10. Archives de l’Isère, B, 3570.
11. Archives de l’Isère, B, 3569.

Sources : Chevalier, Jules. Essai historique sur l’église et la ville de Die. Tome second, Depuis l’année 1277 jusqu’en l’année 1508. Valence 1896 - BNF


Anécdote N° (32)
02-12-2022

Le Comté de Bar-le-Duc

Département : Meuse, Arrondissement et Canton : Bar-le-Duc - 55
Domaine du Temple de Bar-le-Duc
1. —
Henri de Bar arriva donc en Palestine à la fin de 1189 ou au début de 1190. Les chrétiens étaient alors occupés à faire le siège d’Acre, siège qui traînait en longueur à cause des multiples divisions qui jetaient les uns contre les autres les chefs de l’armée chrétienne. Raoul de Dicet nous a laissé le dénombrement de l’armée et de sa disposition ; on y rencontre toutes les nations de l’Occident devant le mont Musard, les Génois, les hospitaliers de Saint-Jean, Conrad, marquis de Montferrat et comte de Tyr, l’adversaire du roi de Jérusalem Guy de Lusignan, le comte Henri de Champagne, Guy de Dampierre, le comte Henri de Bar, le comte de Chalon, Robert de Dreux, l’évêque de Beauvais, l’archevêque de Besançon. Le comte Thibaut de Blois occupe la plaine avec le comte de Clermont en Beauvaisis, Hugues de Gournay, Florent de Hangest, le comte de Ferrare et les Florentins, l’évêque de Salisbury et les Anglais, le dapifer de Flandre, Jean de Nesles, Eude de Ham et les Flamands, l’évêque de Cambrai, le comte de Tournai ; ensuite le roi de Jérusalem et ses frères Geoffroy et Aimard, les chevaliers du Temple et Jacques d’Avesnes, le landgrave Louis de Thuringe, le comte de Gueldre, les Allemands et les Daces, les Teutons et les Frisons et le duc de Souabe ; enfin, sur la colline de Turan qui fait face au Mont Musard, le patriarche, les évêques d’Ascalon et de Bethléem, le vicomte de Châtellerault, Renaud de Sidon, l’archevêque de Pisé, les Pisans et les Lombards (1).
1. Raoul de Dicet. De Imaginibus Historiarum, Histoire des Gaffes, tome XVII, page 636 et suivantes.

C’est cette armée que Saladin harcelait au dehors tandis que la ville résistait, alimentée assez facilement d’ailleurs par la flotte musulmane. Il n’est guère possible de suivre les opérations autour d’Acre au cours de cette année 1190. Ce ne sont que des escarmouches entre assiégeants d’une part, assiégés ou contre assiégeants de l’autre.

Le 4 octobre 1190, une de ces étranges batailles fut livrée, qui montre le peu de discipline des Croisés avant que l’arrivée de Philippe eût mis un peu d’ordre dans cette armée disparate. Par feinte probablement, Saladin avait fait abandonner son camp ; à cette vue, les chrétiens descendirent des collines environnantes et se précipitèrent sur les tentes vides, pour se livrer au pillage, le comte de Bar lui-même s’engouffre dans celle de Saladin. Pendant ce temps, la garnison d’Acre s’emparait des positions laissées libres par les Chrétiens ceux-ci se trouvèrent pris entre deux feux et la milice du Temple fut presque entièrement détruite.

Pour comble de malheur, les Allemands qui poursuivaient un cheval échappé furent pris pour des fuyards ; leur course sema la panique et le pillage se termina dans une fuite éperdue que seule l’arrivée de Geoffroy de Lusignan avec des renforts empêcha de se changer en déroute (2).
Le comte de Bar reçut probablement une blessure mortelle dans cette affaire, car, il expira quinze jours après, le 19 octobre (3).
Il eut le temps de faire son testament et de donner aux Templiers, pour le repos de son âme et de celle de ses compagnons tombés devant Acre, quinze livres sur les péages de Bar-le-Duc pour l’entretien d’un chevalier en Terre Sainte (4) ; Henri était donc mort depuis six mois quand Philippe Auguste et Renaud de Chartres (5) débarquèrent à Saint-Jean d’Acre, le 20 avril 1191 (6).
Richard Cœur de Lion n’y arriva qu’à la fin de mai, ayant conquis entre temps l’île de Chypre.
2. — Anonyme dans Gesta Dei per Francos de Bongars, page 1165 et suivantes.
— Gautier Vinesauf dans Michaud. Histoire des Croisades.
— Bibliothèque des Croisades, 2e partie, page 672.
— Izz ed Din ibn el Athir dans Historiens des Croisades, Historiens Orientaux, tome II, page 11 et suivante et page 30 et suivantes.
3. — Parmi lesquels l’évêque de Toul, Pierre de Brixey ; le comte de Chiny ; le comte de Loos ; le comte de Blois ; Raoul de Clermont en Beauvaisis dernier de sa race ; Raoul de Marie, Barthélemy de Vignory et son fils Guy ; Geoffroy de Joinville était mort au mois d’août précédent. Cf. Aubry de Trois-Fontaines. Chartier an 1191.
4. — A. M. B. 228, f° 131 et 132. Confirmé en 1192 par Thiebaut, comte de Bar puis par l’évêque de Toul Eudes.
5. — Benoit de Peterborough. Vita Heinrici II, Angliae Regis.
— Histoires des Gaules, tome XVII, page 504.
6. — C’est donc à tort que Clouet, Histoire de Verdun, tome II, page 312 croit que « Henri demeura après le retour des Français à l’armée de Richard Cœur de Lion, fut tué dans une bataille et inhumé au monastère Saint-Jérôme de Bethléem »


Thiebaut Ier, comte de Bar (1189-1214)
Thiebaut prit le pouvoir au comté de Bar aussitôt après le départ de son frère. La mort du comte Henri fut connue dans le Barrois dès 1192. Thiebaut, en effet, confirme cette année-là, la donation que son frère mourant avait faite aux chevaliers du Temple d’une rente sur le tonlieu de Bar (6), La même année, il autorise sa mère Agnès à engager ses revenus de la vicomté de Troyes à l’abbé de Trois-Fontaines pour la garantie de quelques dettes (7).
6. — Confirmation de Thiebaut, Original A. Meurthe-et-Moselle. B. 620, f° 1.
— Confirmation de Eude de Vaudémont, évêque de Toul. A. M. B. 228, f° 131.
7. — Marie, comtesse de Troyes, déclare qu’Agnès de Bar, du consentement de son fils Thiebaut de Mousson, a mis en gage entre les mains de l’abbé de Trois-Fontaines, ses biens de la vicomté de Troyes pour le règlement de ses dettes. B. N, mss latin, 11902, Page 177, v°.


Le 11 novembre 1212, il donne aux Templiers de Doncourt le ban de Burey (4) et des bois à Avillers (5) et l’année suivante, également au mois de novembre, il ajoute le fief de Pierrevillers les Maranges (6) dans sa châtellenie de Briey (7).
4. — Non identifié, soit commune d’Allondrelle, soit commune de Saint-Pancré, canton de Longuyon.
5. — Meuse. Verdun, Fresnes, A. M. H. Commanderie de Marbotte.
6. — Moselle, arrondissement et canton, Metz.
7. — A. M. B. 239, f° 97 et 98.


Enfin la querelle entre le comte de Bar et son frère Renaut sera réglée par le roi de Navarre. Ce projet ne reçut pas complète exécution et les arbitres ne s’étant pas entendus, le roi de France chargea Pierre le Chambellan de faire l’enquête le déplacement se fit aux frais de Saint Louis (1). Elle était terminée au mois de septembre 1268 où Saint Louis rendit ses sentences. Le premier jugement entièrement relatif à Ligny déclare que l’hommage fait par le comte de Luxembourg à la Champagne sera nul de plein droit, Henri et Marguerite tiendront le roi de Navarre quitte de toutes les conventions relatives à cette inféodation, ils seront eux-mêmes quittes de tous leurs engagements vis-à-vis de la Champagne, sauf naturellement les hommages qu’ils devaient antérieurement.
L’hommage reçu par le comte de Bar de Valeran, de Ligny sera également annulé, si Valeran veut y consentir.
L’hommage du comte de Bar au comte de Luxembourg n’existe plus par le fait et Henri rendra à Thiebaut avant le 2 février quatre mille livres sur les sept mille cinq cents qu’il a reçues pour cette inféodation ; cette somme, sera payée à Reims en la maison du Temple.

Cette sentence ramena la paix, mais non l’affection entre les deux frères. Renaut passa définitivement au service du roi de Navarre qui lui donna le 6 novembre 1268, une rente de trois cents livres sur le portage des vins à Troyens (1).

Renaut suivit son suzerain à la croisade ; avant de partir, il fit une donation de deux cents livres de rente à l’Hôtel-Dieu de Troyes, le 22 juin 1270 (2), donation que le comte de Champagne approuva à Marseille avant de s’embarquer (3).

Ni le roi de France, ni le roi de Navarre ne devaient revenir de la croisade. Renaut en revint, lui, mais malade. Ce qui ne l’empêcha pas, dès son retour, de reprendre les attaques contre son frère et de lui réclamer un nouveau supplément sur la succession de ses parents et, en outre, mille livres que son frère lui avait promis pour la croisade. Jean de Châtillon, comte de Blois et de Saint-Pol (Saint-Pol-de-Léon), sire d’Avesnes, choisi comme arbitre, déclara en juin 1271 que Renaut n’avait plus rien à réclamer, toutefois que le comte de Bar lui paierait quinze cents livres en trois termes, à Noël, à Pâques et à la Toussaint.

Renaut n’en devait rien toucher. Il succomba le 22 juillet 1271 et fut enseveli dans la commanderie de Braux (5) qu’il avait fondée pour les chevaliers de Malte (6).
1. — D’Arbois de Jubainville, Histoire des comtes de Champagne, Cartulaire, n° 3517.
2. — D’Arbois, Cat. B° 3660.
3. — D’Arbois, Cartulaire n° 3662.
4. — A. M. B. 204, f° 149.
5. — écart de la commune d’Ancerville.
6. — Son tombeau orné d’une magnifique statue de bronze n’a disparu qu’en 1793.
— Cf. Bibliothèque de Bar-le-Duc, fonds Servais, carton 1271. Inventaire de Lorraine, tome II, f° 285.
— Cf. comte Beugnot, Olim, tome II, page 414.


Le comte de Bar avait fait son testament le 11 avril 1282. Il y déclare qu’il veut que ses dettes et les dommages qu’il a pu faire soient payés par ses héritiers. Ceux-ci sont tenus aussi de payer les dommages faits aux églises, mais seulement depuis 1261, car, en cette année-là le pape l’a quitté et absous de ce qu’il devait. Il doit en particulier sept mille livres dehors ; si on ne trouve pas à qui il les doit, on devra les donner aux pauvres de sa terre, à celui qu’il a le plus grevé ou au plus besogneux. Il y a là un mélange d’intérêt et de scrupule auquel nous ont habitué les gens de son époque. Il faudra payer à Sainte-Hoilde le reliquat des douze cents livres promises par le comte Henri II et des trois cents livres données par la comtesse Philippe .....

2. —
Nous avons vu qu’à la mort de ses parents, Renaut frère du comte de Bar, avait reçu la terre de Sormery provenant de Thiebaut 1er et celles de Tardenois et de Torcy appartenant à Philippe ; nous avons également noté les arrangements par lesquels, après la mort de Renaut, ces biens revinrent au comte de Bar qui, dès lors, les administra directement. Dans la terre de Torcy, en avril 1271, le prieur de Notre-Dame de Gournay (Seine-et-Oise, Pontoise, Le Raincy), renonce au droit d’usage dans la forêt de Roissy (1) qui appartient en partie au comte de Bar.
1. Seine-et-Marne, Melun, Tournan.

Pour la terre de Sormery, le comte apposa son sceau en octobre 1249 à un acte de son frère Renaut approuvant un don fait par Milon Tracier au couvent de Pontigny. Thiebaut achète le 16 juin 1278 les biens de Claude de Sormery pour dix-huit livres, le 3 mars 1284 ceux de Jean fils de Guillaume des Bordes pour une rente de quarante livres, enfin, en juin 1288, le visiteur général de l’ordre du Temple, Guillaume de Vichier autorise Henri de Soupir, commandeur de Coulours (1) à s’entendre avec le comte de Bar au sujet de leurs propriétés de Sormery.
1. Yonne, Joigny, Cerisiers.

3. —
Les Templiers avaient des commanderies à Pierrevillers (3), Avillers (4), Doncourt (5).
Les Hospitaliers en avaient une à Braux (6) fondée par Renaut, frère de Thiebaut II.
Les Antonistes étaient à Pont-à-Mousson et les Trinitaires à Lamarche.
3. — Moselle, arrondissement et canton de Metz, fondée en 1192 par Henri 1er, A. M. B. 228, f° 31, et A. Meurthe-et-Moselle. B. 620, f°
4. — Meuse, Verdun, Fresnes-en-Woëvre; A. M. H. Marbotte non coté.
5. — Meuse, Verdun, Fresnes-en-Woëvre, fondée le 20 mars 1220 par Geoffroy de Bar avec l’assentiment d’Henri II ; A. M. H. Marbotte non coté.
6. — Commune d’Ancerville, Meuse, Bar-le-Duc, chef-lieu de canton. Renaut de Bar s’y fit enterrer. Elle fut dotée avec le prix de la vente des terres de Tardenois et Sormery, cédées à Thiebaut II pour 5.000 livres.


Le comte fait souvent des donations sur ces péages et tonlieux, et peut même parfois les inféoder (8).
8. — Dans l’accord déjà cité de Renaud II, le comte promet de ne pas inféoder le tonlieu. L’avoué de Condé a des droits féodaux sur le tonlieu de Condé. Cartulaire de Saint-Mihel, page 183 et 230.

A Saint-Mihiel, nous l’avons vu, il était dû, un droit pour le passage du pont et pour la traversée de la ville, la moitié de l’un et de l’autre appartient au comte et l’autre à l’abbaye. Sur le tonlieu de Ligny, Agnès de Bar donna successivement soixante livres à l’abbaye de Saint-Mihiel et trente livres à la Collégiale.
Henri 1er donne aux Templiers quinze livres sur le péage de Bar et si le péage ne les rapporte pas, ces quinze livres seront prises sur le tonlieu.

Sources : Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc. 1918 - BNF


Anécdote N° (33)
02-12-2022

Visite de Clément V

Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement et Canton: Agen - 47
Diocèse d’Agen
Enquête constatant les usurpations faites sur le domaine royal, en Agenais, par Amanieu Dufoussat à Madaillan, Gauthier Dufoussat à Florac, le sieur de Montpezat à Saint-Médard, les Templiers à la Cavalerie, et le seigneur de Cort dans sa seigneurie. (Page 272)

Saint-Avit de Furnières et Saint-Jean de Bonneville de Montravel
Le 9 est certain procès fulminé faict par l’archidiacre de Bazas, exécuteur de la bulle de Notre Saint-Père Clément cinquiesme, naguières auparavant Archevesque de Bourdeaulx, laquelle, ensemble celle de la commission dudict archidiacre, sont au long insérées audict proscès, par lesquelles porte que les terres et seigneuries du lieu de Saint-Avit de Fumadieriis et aultre, appellé la Saulveté de Saint-Avit et de la parroisse dudict lieu de Saint-Avit et de celle de Saint-Jean de Bonneville, diocèse de Périgord, sont et déppendent du chasteau et chastellenie de Montravel, avecq tous droits de jurisdiction, haulte, moyenne et basse. Et est inhibé et déffendu aux frères Hospitaliers de Saint-Jean de Hierusalem, de Fumadières, qui prétendoienl droit esdicts lieulx, de troubler ou empescher ledict seigneur Archevesque en ladicle terre et seigneurie, sur peyne d’excommunication.
Ladite bulle est donnée à Bourdeaux, le 6 des ides de mars, l’an second de son pontificat, et le proscés est du mardy devant la fesle de Pentecoste, l’an mil trois cent huit.

Le 10 est une inhibition faite au commandeur et frères Hospitaliers de Saint-Jean de Hierusalern dudict lieu de Fumadières (1), par vertu dudict proscès fulminé, de ne troubler ledict seigneur Archevesque, es peynes de fulminacion ecclésiaslique porté par icelluy.
1. Arrondissement: Libourne, Canton: Sainte-Foy-la-Grande, appartenait autrefois au diocèse d’Agen.

Templiers
Seuls vestiges d’un moulin bâti par les Templiers sur la Lidoire, il reste les arches en bel appareil.

Hospitaliers
L’église Saint-Jean-Baptiste-de-Bonneville est de fondation romane, elle appartint aux Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem et relevait de la commanderie de Condat. Dévastée lors des guerres de Religion, elle a conservé ses murs des Xe et XIIe siècles et ses restaurations du XVe siècle.
Sources : Wikipedia
1. Département : Dordogne, Arrondissement : Bergerac, Commune : Bonneville-et-Saint-Avit-de-Fumadières - 24

1304
Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, lors de sa visite des établissements religieux du diocèse de Périgueux passe une nuit au prieuré Saint-Paixent.

1308-1309. Mars
Sentence de l’archidiacre de Bazas, commissaire nommé par Clément V, et qui défend aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem d’attenter aux droits de l’archevêché dans la juridiction de Montravel. (Page 304)
Département : Dordogne, Arrondissement : Bergerac, Canton : Vélines - 24

Golfech
Le 16 porte que ledict seigneur Archevesque se seroit transporté au lieu de Golfoech (28), maison des Templiers, où estant il auroit esté processionnellement reçu, et après avoir visité l’église dudict lieu, y avoir couché avecq son train, aux despens du commandeur dudict lieu. (Page 310)
28. Golfech, arrondissement : Moissac, canton : Valence-D’agen - 82

Salvanhan. Leyrac
Le 47 porte que le premier jour de juillet audit an, ledict seigneur Archevesque seroit parvenu en la maison des Hospitaliers de Saint-Jean de Hierusalem, au lieu de Salvanhan (29), et illec reçu processionnellement ; et pour ce qu’il estoit tard, il y coucha et paracheva sa visite le lendemain et y sejourna, aux despens du commandeur, et d’illec alla au prieuré de Leyrac (30) où il coucha avecq son train, aux despens dudict prieur, et visita l’église dudict lieu.
29. Arrondissement: Agen, Canton: Laroque-Timbaut - 47
30. Arrondissement: Agen, Canton: Astaffort - 47


1304 juillet
L’archevêque couche dans la maison des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem à Sauvagnas. (Page 310)
29. Arrondissement: Agen, Canton: Laroque-Timbaut - 47

Maison Dieu
Le 51 porte que ledict seigneur revérend Archevesque se seroit transporté à la Maison-Dieu (33), apartenant aux Hospitaliers de Saint-Jean de Hierusalem, et icelle visite et exerce tous actes et y séjourne avecq son train jusques au lendemain, aux despens du commandeur. (Page 310)
33. Maison-Dieu, commanderie de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dans l’ancien Bruilhois, aujourd’hui, Nom-Dieu, Arrondissement: Nérac, canton: Franchescas - 47

Argenton
Le 56 porte que ledict seigneur seroit aussy allé en la maison de Argenton (36) et y avoir esté receu processionnellement, et illec visité ladicte maison appartenans aux Templiers, où il auroit séjourné avec son train jusques au lendemain, aux despens du commandeur. (Page 311)
Argenton. Il y a une commune de ce nom dans le canton de Bouglon, mais la distance depuis Nérac parait trop grande pour être franchie en une étape.
36. Sourzac, canton de Mussidan, arrondissement de Ribérac.
— Peut-être s’agit peut-être d’Argentens, près de Nérac.


Saint-Paxans
Le 60 porte que ledit seigneur se seroit transporté le premier de septembre au prieuré Saint-Paxans (40) et entré au diocèse de Périgort, et en icelluy annonce la parole de Dieu au peuple et y fait tous actes requis au droit de visite, et après, estre allé à Bonnefaire, maison des Templiers dudit diocèse de Périgort, où auroit séjourné jusques au lendemain avecq son train, aux despens du prieur dudit Saint-Paxans. (Page 312)
40. Saint-Paixent, hameau de Lamothe-Montravel, canton: Vélines arrondissement: Bergerac.

Montcaret
Le 61 porte que ledit seigneur seroit allé au prieuré de Montquaret (41), audit diocèse, y annonce la parole de Dieu et fait autres actes de visite, et après s’estre transporté audit lieu de Bonnefaire, en la maison des susdits Templiers, aux despens dudit prieur de Montcaret.
41. Montcaret, canton: Vélines, Saint-Paixent.

Terrasson
Le 86 porte que ledict seigneur Archevesque seroit aussy allé en l’abbéie de Terrasson, qu’il l’auroit aussy visitée, annonce la parolle de Dieu en icelle, use de confirmation, correction, réformation, et faict autres actes appartenants et dépendants du debvoir du visiteur, faict séjour en ladicte abbaye jusques au lendemain avecq son train, aux despens dudict abbé, et ledict jour avoir envoyé ses visiteurs au prioré Saint-Léonard et en la commanderie de Lodornac (80), esquels lieux on ne les voleust recepvoir. (Page 316)
80. Ladornac, canton de Terrasson (Dordogne)

Abbaye de Brantosme
Le 98 porte que ledict seigneur Archevesque seroit allé à l’abbaye de Brantosme, et illec couche aux despends de l’abbé dudict lieu, et le lendemain avoir parachevé sa visite, confirmant, preschant, corrigeant, réformant et faisant autres actes de visite, et ledict jour y coucha à ses propres despends, et avoir envoyé ses visiteurs aux priorés de Bourdeilles, de Condat, de La chappelle de Montmorel (95) et de La chappelle Foulchier pour les visiter. (Page 319)
95. Aujourd’hui Bourdeilles, Condat et Chapelle-Montmoreau, trois communes du canton de Brantôme.

Le 18 est le vidimus de la procuration donnée par révérent père Arnaud, archevesque de Bourdeaulx, à Arnoulfe de Brie, en l’an 1308, pour comparoir en l’assemblée faite par le commissaire du Roy en la ville de Tours, sur le fait des Templiers, par laquelle entre autres choses ledict seigneur déclare n’estre astreint à Sa Majesté d’aucun serment de fidélité n’y tenu d’aller en ladicte ville à son mandement.
1308, Procuration donnée par l’archevêque de Bordeaux à Arnoult de Brie pour comparaître en son nom à l’assemblée convoquée à Tours pour le fait des Templiers, mais en protestant qu’il ne doit au Roi ni serment ni obéissance. (Page 347)

Lépicier, Jules. Archives historiques du département de la Gironde, tome XXIII. Bordeaux 1883. - BNF


Anécdote N° (34)
20-05-2023

Rochebrune (L’Ancien)

Département: Département: Drôme, Arrondissement: Nyons, Canton: Buis-les-Baronnies - 26
Domaine du Temple de Rochebrune
Rochebrune était un membre de la Maison du Temple de Roaix
Rochebrune était un « pauvre endroit » quand nous le visitâmes, il y a 60 ans ; pas pauvre en tout, car jamais nous n’avons vu nuit aussi riche en punaises, mais aussi, asti si richement garni de gibier, et de quels gibiers ! A la fin du XIIe siècle, il avait une famille seigneuriale qui ne laissait pas d’être riche puisqu’elle avait des possessions près de Roaix, ni d’être âpre au gain, comme on croit l’entrevoir dans les chartes de la Commanderie où il est question d’elle (1). Ce qu’elles nous apprennent complétera la notice de A. Lacroix (2).
1. Collection des Cartulaires dauphinois, cf. III, I, Cartulaires des hospitaliers et des Templiers. Vienne. 1875.
2. Arrondissement de Nyons, tome II, page 285-209.


La première, Carta Pétri Humberti de Rocha bruna est du 15 juin 1191 (n° 143). Elle nous apprend que ce Pierre Humbert et sa femme, dont la charte 144 nous donne le nom, Guillemette, et leur fils étaient en procès avec le temple de Roaix pour la riberia, l’Ouvèze, et d’autres choses non spécifiées, et comment, à Vaison, sous l’orme qui était devant la cathédrale (ecclesiam Beatæ Mariæ), sans doute du côté sud au milieu du cimetière (ne pourrait-on abattre les encombrants poteaux d’aujourd’hui qui enlèvent la vue et planter un orme ?), le procès se termina à l’amiable.

Humbert et son fils Raimond jurèrent qu’ils renonçaient à leurs prétentions, entre les mains d’Hugolen, commandeur de Roaix, et celui-ci leur donna 50 sous raimondins.

Draconet de Mondragon, baile du comte de Toulouse, se porta caution pour les Roquebrune : et dix-sept témoins signèrent la charte. De là on fut à Roaix, et devant les 12 frères présents à la Commanderie, et 9 témoins, l’accord fut renouvelé. De Roaix, on se rendit à Rochebrune, où jura Pons Artellarius, Artillar, et, si nous comprenons bien, car le passage est obscur, Guillemette jura, en son nom, comme son mari et son fils avaient fait, pour leur compte, à Vaison.

Et la dame, Domina, ainsi qu’elle est qualifiée, qualification rare dans le Cartulaire, et qui indique une personne d’importance, reçut les deniers ; et Raimond et Hugues de Caderousse frères, Pierre de Caderousse, Niger (Nègre ou Niel), Bertrand Béruyer, Ventairols (faut-il lire Bérenger de Venterol ?) Et Guillaume de Novaison, se portèrent ses cautions.

Neuf ans après, en 1200 (n° 144), Domina Guillemette, veuve de Pierre Humbert, son fils Raimond Artillar, sa fille Béatriz, femme de Rostang d’Antane, cousin des Artillars, sont encore en procès avec les frères du Temple pour la rivière, sous prétexte que Béatriz n’avait pas pris part à l’acte de 1191.
Raimond et Rostang se rendirent au Buis, où l’affaire fut plaidée (placitum, tenuerunt) devant l’église, ante ecclesiam del Bois.
S’y étaient aussi rendus quelques frères du Temple de Roaix. Les Rochebrune renoncèrent à leurs prétentions moyennant 250 sous viennois à payer à Rostang.
Robert de Tilio, du Teil, commandeur du Temple de Roaix, promit de les payer à Rostang pour qui se portèrent caution Rainier Artillar, Pons d’Eyroles et Rolland d’Autane.

Dix-neuf personnages furent témoins, parmi lesquels nous relevons, Bertrand et Ripert d’Antane, Hugues de Venterol et Humbert, curé du Buis. Au jour convenu, l’octave de saint Jean-Baptiste, Robert du Teil se rendit à Rochebrune, et paya Rostang et Beatrix (il y a ici Beatrici).

La domna approuva en son nom et pour ses filles Beatrix et Jourdaine, promettant qu’elle ferait jurer celle-ci quand elle aurait l’âge légal. Se portèrent caution Pons d’Eyroles, Raimond Artillar et Raimond, curé de Rochebrune. Parmi les 13 témoins, nommons Rainière, femme de Pons d’Eyroles, et leurs filles Agnès et Hugua, et un Pierre de Valdrôme.

La charte 156, de 1203, est un mémorandum en langue romane (membranza), relatif à un troisième procès des Rochebrune avec Roaix. Il s’agit cette fois des fils de Raimond Artillar, Hugues, Guillaume et Bertrand. Ils disent qu’à la mort de leur père, 50 sous lui étaient encore dus par les Frères du Temple. Pons d’Eyroles, Hugues son frère et Pierre Imbert, leur cousin germain furent arbitres et condamnèrent les frères. Etaient-ils bien impartiaux, puisque tous parents ? Le commandeur du Temple de Roix, Guillaume Ramon de Gigondas vint à Rochebrune pour les payer, dans la maison de Pons d’Eyroles. Après paiement les Rochebrune, à savoir, Hugues et Guillaume Artillars, pour eux et pour Bertrand et pour leurs sœurs Raimonne et Ælmues (Adahnodis), Déélina, Pierre Imbert pour lui et pour sa femme jurèrent que jamais plus ils n’inquiéteraient le temple. Pons d’Eyroles et Raimon Artillor approuvèrent ; se portèrent cautions, P. Pelliciers, R. de Rochebrune (est-ce le curé ?), Ugues Lager, Pascol, Hugues Durand, Guillaume Martin, Michel Borrel, Durans Bacallars, P. Alguo, P. Bernart, Hugues Bues, Rainière et Ugua, sa fille : peut-être tous de Rochebrune.

Une charte (n° 138) sans autre date que le nom du commandeur Hugolen, en langue romane aussi, concerne encore les Artillars. Rainier abandonne ses droits sur le moulin, le jardin et la rivière pour 300 sous viennois et 200 sous melgoriens. Nous y apprenons que Rainier avait une sœur Matheuz (Mathilde) mariée à un Folras de Cayranne et mère de Bertrand de Piégon. C’est à Cairanne que fut signé cet abandon devant 31 témoins. Rainier d’ailleurs se fit payer 100 sous son abandon. Vraiment âpres au gain les Rochebrune !

E. MALBOIS. L’Ancien Rochebrune. Bulletin de la Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, tome LXVI, avril 1937. Valence 1937. - BNF


Anécdote N° (35)
24-07-2023

Croix et Tissus aux Croisades

Département: Calvados, Arrondissement et Canton: Caen - 14
Croix et Tissus aux Croisades
Présidence de M. De La Basse-Mouturie.
La séance est ouverte à huit heures sous la présidence de M. de La Basse-Mouturie. MM. le docteur Bromet, de Caumont, l’abbé Voisin, G ... Vicaire-général, de Tournay, Vilbert, prennent place au bureau. M. de Glanville remplit les fonctions de secrétaire.

Une étude fort intéressante et qui cependant a jusqu’ici été négligée, est l’histoire des tissus. M. de Caumont désirerait qu’on s’occupât de constater les diverses phases qu’ils ont subies depuis les riches étoffes que les croisés, aux XIIe et XIIIe siècles, rapportèrent d’Orient, jusqu’à celles qui furent employées au XVIe et XVIIe siècles. On serait puissamment aidé dans ce travail par les ornements sacerdotaux que l’on peut encore retrouver dans les sacristies des cathédrales. M. de Caumont présente plusieurs spécimens de dessins fort curieux qu’il a trouvés de cette manière. M. de Contencin signale une chappe très-ancienne qu’il pourra soumettre à l’observation des membres du Congrès.

M. le docteur Bromet pose une série de questions au nom de la Société anglaise pour la conservation des monuments ; elles sont ainsi conçues :
1°. — Y a-t-il en France des statues couchées sur les tombes qui représentent des templiers ou des hospitaliers ? Quels sont leurs costumes, et dans quelle attitude ou posture sont-elles placées ?
2°. — Les effigies sépulcrales de personnes qui sont reconnues pour avoir pris parti dans les croisades, sont-elles distinguées par quelques particularités de décoration, de posture ou d’attitude ?
3°. — Y a-t-il en France des effigies du XIIIe ou XIVe siècles, qui soient remarquables pour quelques particularités indiquant, selon les traditions populaires, que les personnes représentées avaient servi dans les croisades ?
4°. — Y a-t-il quelque représentation contemporaine de la croix qui était adoptée par les templiers ? Quelle est la forme de cette croix ? Sur quoi la trouve-t-on posée et à quelle époque de leur histoire appartient-elle ?
5°. — Existe-t-il de véritables cottes de mailles formées d’anneaux de fer entrelacés ou d’anneaux cousus à une jacque de cuir ou étoffe.
6°. — Y a-t-il des représentations ou effigies de pareilles cottes de mailles, soit en pierre soit en bois ou en métal.
7°. — Existe-t-il des exemplaires du XIIIe ou XIVe siècles d’armures faites de cuir bouilli, soit pour la tête, les bras, les coudes, les genoux ou les jambes ?

Malheureusement peu de documents ont été réunis sur ces questions, et le Congrès ne peut formuler de réponse pour chacune d’elles ; voici celles qui ont été émises :
1°. — M. Quenson connaît à Douai, au musée d’antiquités et à la loge maçonnique, des dalles gravées en creux où se voient des figures de chevaliers armés de toutes pièces et montées à cheval. On en trouve aussi sur les dalles de Saint-Orner.
2°. — Les personnes qui avaient pris part aux croisades portaient après leur mort la croix gravée sur leurs pierres tombales.
3°. — La forme de la croix que portaient les templiers est la croix grecque : elle se mettait sur le côté.
4°. Des deux variétés de cottes de mailles que M. Bromet présente, l’une est jugée par M. de Caumont très-commune et date du XIIIe siècle. Les membres du Congrès ont pu en voir un exempte sur une ancienne statue de chevalier dans l’église Saint-Brice à Tournay. C’est le tissu maillé ordinaire ; l’autre qui se compose d’anneaux enlacés en forme de chaîne est fort rare. M. de Caumont parle ensuite de plaques de métal qui paraissent attachées sur le tissu de la cotte qu’elles recouvrent. On trouve des cottes de cette espèce figurées dans la tapisserie de Bayeux ; on croit distinguer, d’après l’indication de la broderie, des disques en métal appliqués sur une jaque de cuir ; telle est la cotte de Guillaume-le-Conquérant M. de Caumont présente la figure de ce guerrier d’après la tapisserie.


Figure tapisserie de Bayeux
Figure tapisserie de Bayeux


Sources : Léonce De Glanville. Séance du 8 juin 1845. Société Française pour la conservation des Monuments Historiques. Caen 1846. - BNF


« 1   « 2   « 3   « 4   « 5   « 6   7   8 »  
Haut-page

Licence Creative Commons
Les Templiers et Les Croisades de Jack Bocar est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas de Modification 4.0 International.
Fondé(e) sur une oeuvre à http://www.templiers.net/.
Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues à http://www.templiers.net/.