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Concile de Troyes - Laurent Dailliez

1. Nous parlons tout d'abord à tous ceux qui méprisent secrètement leur propre volonté et qui désirent servir avec courage la chevalerie du souverain roi et à ceux qui veulent accomplir et qui accomplissent, avec assiduité, la très noble vertu d'obéissance. Nous vous avertissons, vous, qui avez mené jusqu'ici la chevalerie séculière, en laquelle Jésus-Christ ne fut pas mis en témoignage, mais que vous avez embrassée par faveur humaine, que vous serez parmi ceux que Dieu a élus de la masse de perdition et qu'il a choisis, par son agréable pitié, pour défendre la Sainte Eglise afin que vous vous hâtiez de vous ajouter à eux perpétuellement.

1. Nos parlons premièrement a tous ceaus qui mesprisent segre lor propres volontés e désirent o pur coraige servir de chavalerie au soverain roy et o estudiose cure désirent aemplir et aemplissent parmaignant la très noble armeure de obedience. Et donques nos vos amonestons, vos qui avés menée séculière chevalerie jusques ci, en laquelle Jhesu Crist nen fu mie cause, mais solement por l'umaine favour vos l'embrassastes, que vos segués ceaus les qués Dieu a eslis da la masse de perdession et a ordenés per sa agréable pitié a la defension de sint yglise, que vos vos hastés de ajoster a eaus perpetuelment.

2. Avant toute chose, que ceux qui sont chevaliers du Christ choisissent une sainte conversion dans leur profession, à laquelle il convient d'ajouter une grande diligence et une persévérance ferme, digne, saine et spirituelle, car il est reconnu que si elle est gardée avec pureté et durée, ils peuvent mériter d'avoir une place parmi les martyrs qui donnèrent leur âme pour Jésus-Christ. Dans cette religion, l'ordre de la chevalerie refleurit et ressuscite. Cet ordre méprisait naguère l'amour de la justice, ce qui cependant appartenait à son action, et ne faisait pas ce qui lui incombait, qui est de défendre les pauvres, les veuves, les orphelins et les églises. Au contraire, il s'efforçait de harceler, de dépouiller et de tuer. Le seigneur Dieu nous adoptera, ainsi que notre Sauveur Jésus-Christ qui a envoyé ses amis dans les marches de France et de Bourgogne depuis la Sainte Cité de Jérusalem qui ne cessent d'offrir leurs âmes à Dieu pour notre salut et pour que se répande la vraie foi, ce qui est un plaisant sacrifice.

2. Devant toutes choses quiquionques c'est chevalier de crist eslisant tant sainte conversation, toi entor ta profession, covient ajoustier pure diligence e ferme perseverance, qui est si digne et si sainte, et si haute est coneue a estre, que se ele est gardée purement et pardurablement, tu desserviras a tenir compaignie entre les matirs qui donerent por Jhesu Crist lor armes. En cele religion est florie et ressuscitée orde de chevalerie. Laquele orde desprisoit amor de justice, ce que apartenoit a son office, et nen faisoit pas ce que devoit : ce est défendre povres, veves, orfelines et yglises. Mais s'esforsoient ademblier et des poillier et tuer. Bien aeuvre Damedieu avec nos et nostre sauveor Jhesu Crist ; lequel a mandé ses amis de la sainte cité de Jherusalem en la marche de France et de Bergoigne, lesquels por les salus de nos et por l'acroissement de la veraie foy ne cessent offrir lor armes a Dieu, plaisant sacrefice.

3. C'est ainsi qu'en toute joie et toute fraternité, nous nous assemblâmes à Troyes, grâce aux prières de maître Hugues de Payens par qui ladite chevalerie commença, avec la grâce du Saint-Esprit, pour la fête de monseigneur Saint-Hilaire, en l'an de l'incarnation de Jésus-Christ 1128, la neuvième année depuis le commencement de ladite chevalerie. Ensemble, nous entendîmes, de la bouche même de frère Hugues de Payens comment fut établi cet ordre de chevalerie et, selon notre jugement, nous louâmes ce qui nous sembla profitable ; tout ce qui nous sembla superflu, nous le supprimâmes.

3. Adonques nos, a toute joie et a toute fraternité, par les poieres de maistre Ugues de Paens sour lequel la devant dite chevalerie prist comencement par la grace dou saint Esprit, assemblâmes a Troyes des dyverses provinces d'outre les mons, a la feste de mon seigneur Saint Ylaire en l'an de l'Incarnation Jhesu Crist M et C et XXVIII, au novisme an dou comencement de l'avandite chevalerie. Et la maniere et l'establisement de l'orde de la chevalerie oymes par comun chapistre de la bouche dou devant dit maistre frère Ugues de Paens ; et selont la conoissance de la petitesce de nostre conscience, ce que bien nos sembla et profitable nos loasmes, et ce que nos sembloit sans raison, nos l'eschivames.

4. Et tout ce qui, dans cette réunion, ne put être dit ou raconté, ou publié, nous le laissâmes, avec sagesse, à la discrétion de notre honorable père, sire Honorius et du noble patriarche de Jérusalem, Etienne de la Ferté qui connaissait le mieux les besoins de la terre d'Orient et des pauvres chevaliers du Christ. Tout cela, ensemble, nous l'avons approuvé. Maintenant, et parce qu'un grand nombre de pères s'assemblèrent dans ce concile et approuvèrent ce que nous avons dit, nous ne devons pas passer sous silence les véritables sentences qu'ils dirent et jugèrent.

4. Et tout ce que em present concile nen puet estre dit ne raconté, nen soit conté a legeresce de nos mais a saigre porveance, ce que laissâmes et a la discretion de nostre honorable pere sire Honoire, et dou noble patriarche de Jherusalem, Estienne de la Fertié, celui qui savoit l'afaire de la terre d'Orient et des povers chevaliers de Crist, par le conseill dou comunal concile ensemble le loames. — Ja soit ce qye trop grant nombre de pères religious qui assemblèrent en celui concile loassent l'auctorité de nostre dit toutes voies ne devons passier o silence les veraies sentences qu'il distrent et jugierent.

5. Donc, moi Jean Michel, par la grâce de Dieu, je méritai d'être l'humble écrivain de la présente règle, comme me le demanda le concile et le vénérable père Bernard, abbé de Clairvaux, qu'on avait chargé de ce divin travail.

5. Dont je, Johan Michiel par la grace de Dieu desservi estre humble escrivain de la présente page par le comandement dou concile et dou venerable pere Bernart abbés de Clerevaus, a cui estoit comis et cru cestui devin office.

6. Premièrement, c'était Matthieu, évêque d'Albano. par la grâce de Dieu légat de la Sainte Eglise de Rome; Renaud, archevêque de Reims; Henri, archevêque de Sens ainsi que leurs suffragants : Josselin, évêque de Soissons (10); l'évêque de Paris; l'évêque de Troyes; l'évêque d'Orléans; l'évêque d'Auxerre; l'évêque de Meaux; l'évêque de Châlons; l'évêque de Laon; l'évêque de Beauvais; l'abbé de Vézelay qui fut, par la suite, élu archevêque de Lyon et légat de l'Eglise de Rome; l'abbé de Cîteaux; l'abbé de Pontigny ; l'abbé de Trois-Fontaines; l'abbé de Saint-Denis de Reims ; l'abbé de Saint-Etienne de Dijon; l'abbé de Molesmes et Bernard, abbé de Clairvaux, déjà nommé, etc. Ils louèrent tous cette sentence avec franchise. Il y avait aussi maître Aubri de Reims, maître Fouchier et plusieurs autres, ce qui serait long à raconter. Il y en avait d'autres, pas plus lettrés, pour lesquels nous pouvons dire que la chose la plus profitable que nous puissions garantir est qu'ils aiment la vérité : c'est à savoir le comte Thibaud, le comte de Nevers et André Baudement. En leur qualité, ils étaient au concile et, avec un souci particulier, ils examinèrent ce qui leur semblait bien et délaissèrent ce qui leur semblait sans raison.

6. Premier fu Mathé, evesques d'Albane, par la grace de Dieu legat de sainte yglise de Rome : R(enaut), arcevesque de Rains ; H(enri), arcevesque de Sens ; et après, lor suffragans : G(ocelin) evesque de Soissons ; l'evesques de Paris ; l'evesques de Troies ; l'evesques d'Orliens ; l'evesque d'Ausuerre ; l'evesque de Meaus; li evesques de Chaalons; li evesques de Loon ; li evesques de Beauvés ; li abbes de Verselai qui après fu fait ercevesques de Lion et legat de l'yglise de Rome ; l'abbes de Cistiaus ; l'abbes de Pontigni ; l'abbes de Troiffons ; l'abbes de Saint Denis de Rains ; l'abbes de Saint Estienne de Digon ; l'abbes de Moleines ; le devant nome B(ernart abbes de Clerevaus) Le sentense douquel les devant dis o franches voiz. loerent. Si tu maistre Auberi de Rains maistre Folchier et pluisor autres ; de quoi seroit grieve chose a racontier. Et des autres qui n'estoient mie letrés me semble profitable chose que nos amenons guarenties en ceste chose que il sont amoers de vérité : c'est a savoir li cuens Tybaut : le cuens de Nevers : André de Baudement. Cil estoient en tele maniere au concile que par fine cure estudiouse ce qui estoit fin encercherent e ce qui ne sembloit rasnable desloerent.

7. Il y avait aussi frère Hugues de Payens, maître de la chevalerie, qui avait amené avec lui quelques frères : frère Rolland, frère Godefroy, frère Geoffroy Bissot, frère Payen de Montdidier, frère Archambaud de Saint-Amand. Maître Hugues, avec ses disciples, fit savoir aux pères, après s'en être souvenu, comment prit naissance l'observance d'après ce qui est dit : « Ego principium qui est loquor vobis »; c'est-à-dire : « Depuis le commencement je suis la parole. »

7. Et meismement frère Ugue de Paens maistre de la chevalerie avec aucun de ses frères i fu, que il avoit amené avec soi. C'est a savoir frère Rotlant, frère Godefroi et frère Goffroi Bisot, frère Paien de Mondisdier, frère Archenbaut de Saint Amant. Il meismes maistres Ugue o sa disciple, maniere et observance dou petit comencement et de celui qui dist : Ego principium qui est loquor vobis; ce est a dire : Je qui parole à vos sui comencement selonc la conoissance de sa mémoire, fist a savoir as devant nomes pères.

8. Il plut au concile que les avis qui furent donnés et examinés avec diligence, suivant l'étude de la Sainte Ecriture, fussent mis par écrit afin qu'on ne les oublie pas, cela avec la prévoyance de monseigneur Honorius, pape de la Sainte Eglise de Rome, du patriarche de Jérusalem et du consentement de l'assemblée et par l'approbation des pauvres chevaliers du Christ du Temple qui se trouve à Jérusalem.

8. Il plost au comun concile que li conseil qui fu aqui limé et examiné par la diligence et l'estude de la sainte ecripture o la porveance de mon seignor H(onoire), apostoile de la sainte yglise de Rome, et dou patriarche de Jherusalem et de l'assentement dou chapistre, et de l'otroi des povres chevaliers de Crist dou temple qui est en Jherusalem, que fust guardés fermement, et que per droit cors peust avenir a son creator ; la dousor dou quel soverain que miel en tant que comparé a Dieu ; la douseur dou quel ressemble a l'oine, et a laquele dousor nos otroit a venir celui a cui désirent a servir. Per infinita secu-brum secula. Amen.
Vos abrenuntiant vos propres volentés et autres servant au soveran roy o chevaus et o armes, por le salu de vos armes, a termes, estudiez universelment, o pur désirer d'oïr matines et trestout le service entérinement selonc l'establissement canonical et l'usance des réguliers maistres de la sainte cité de Jherusalem. O vos vénérables frères, por ce meisme est Dieu o vos, ce que vos promeistes le décevant monde mespriser por l'amor de Dieu perpetuelment. et mesprisastes les tormens de vos cors. Repeus de la viande de Dieu, et saolés et ensignés des comandemens nostre Seignor après la fin dou devin servise.
Sources : Laurent Dailliez - Règle et Statuts de l'Ordre du Temple - Editions Pierre Belfont, Paris 1972.

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