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Fondation de la Milice du Temple

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Claude Mansuet

Hugues de Payens, de la création de la Milice du Temple à sa mort en 1136.

Il est dit dans cette historique qu'Hugues de Payens aurait fait parti de la première croisade, nous n'avons aucune preuve sur sa présence à Jérusalem en 1099.
Le rédacteur de cette histoire de l'Ordre du Temple n'a pas eut toutes les informations qui ont été découvertes après 1789.


Mais ce fut dans l'onzième siècle surtout, que ces voyages devinrent fréquents : on y mettait une partie de sa religion, et il semblait qu'on ne fût pas Chrétien, si l'on n'était allé à Jérusalem (8). Malgré les fatigues et les dangers d'une longue route, malgré les mauvais traitements des infidèles, il arrivait aux portes de cette ville des milliers de pèlerins de tout sexe et de toute nation , à qui il fallait, pour droit d'entrée, chacun un écu d'or, ou relier aux pieds des murs, exposés aux insultes des infidèles, et à une disette générale des choses nécessaires à la vie. La prise de Jérusalem par les premiers croisés, en 1099, apporta quelque remède à ces inconvénients ; mais elle n'empêcha pas les naturels du pays, animés contre les Chrétiens, de s'attrouper, de s'emparer des hauteurs, et de se retrancher le long des chemins, afin de tomber plus impunément sur des voyageurs étrangers, qu'ils ne considéraient plus que comme ennemis jurés de Mahomet et de sa religion.

A la vue de ces insultes, et sur le récit de ces brigandages, quelques Chevaliers, émus de compassion, touchés d'ailleurs du désir d'une vie plus parfaite, formèrent le dessein de se consacrer spécialement à la défense des voyageurs, à la sûreté des chemins, et à la garde du Saint Sépulcre : ils étaient neuf du nombre de ceux qui avoient suivi Godefroi de Bouillon. Le premier était Hugues des Payens, d'une famille alliée à celle des Comtes de Champagne, et qui tir son nom d'un endroit situé à deux ou trois lieues au-dessous de Troyes, sur la Seine (9). Le second, nommé Geoffroi de Saint-Omer, n'était ni Toulousain, ni de la famille de Saint Adhémar, ainsi qu'on l'assure dans le Dictionnaire Héraldique, mais de celle des Châtelains de Saint-Omer en Flandre, qui a fleuri jusqu'a 1617.

A ces deux premiers se joignirent sept autres Français, aussi recommandâmes par leur naissance que distingués par le courage et la valeur. Une chronique de Cîteaux nous a conservé les noms de quatre, qui sont : Rossal, Geoffroi Bisol, Payen de Montdidier, et Archambaud de Saint-Agnan. Une lettre du Roi Baudoin nous en fait connaître deux autres sous les noms d'André et de Gondemare ; André était de la famille de Montbard, et oncle maternel de Saint Bernard (10). Le neuvième fut, selon toute apparence, Hugues 1er, septième Comte de Champagne, et fondateur de Clairvaux. Il se joignit aux autres en 1125, ce qui lui attira, de la part du Saint Abbé, une lettre, dans laquelle on le félicite d'être devenu pauvre soldat, de Comte et de riche qu'il était. Cet Hugues mourut en Palestine, vers 1126 (11).

Ce fut en 1118, sous Baudoin II, troisième Roi de Jérusalem, que ces Gentilshommes exécutèrent le dessein qu'ils avoient conçu en 1118 d'embrasser un état où ils purent vivre en commun, suivant l'institut des Chanoines réguliers, sous la règle de Saint Augustin (12). Ils prononcèrent les trois vœux ordinaires entre les mains du Patriarche Gormond, et s'engagèrent, par un quatrième, à la sûreté des chemins, et à défendre les pèlerins des embûches de ceux qui en voulaient à leur vie et à leurs dépouilles, ce qui a rendu cet Ordre originairement régulier et militaire, différent en cela de celui des Hospitalier que le B. Gérard, leur fondateur, n'avait destinés qu'à servir les étrangers pauvres ou malades dans les Hôpitaux, et qui ne prirent les armes que sous Raimond Dupui, à l'imitation de la Chevalerie du Temple (13). Celle-ci ne fut donc jamais fille de l'Hôpital, quoi qu'en disent les Historiens de Malte, d'après Brompton : un d'entre eux se plaint de la négligence et du silence des écrivains orientaux sur les exploits de ses confrères jusqu'a 1130 , parce qu'en cette année le Pape Innocent II, dans une bulle , assure qu'on ne parlait dans toute l'Europe que des services importants qu'ils rendaient au Roi de Jérusalem contre les infidèles, ce qui suppose, ajoute-t-il, qu'il y avait déjà du tems qu'ils étaient armés, et en conséquence il présume qu'ils prirent les armes la même année que les Templiers (14).

Cette indiction me paraît peu juste ; voici ce que la bulle porte : C'est par eux que Dieu purge l'Eglise orientale de la corruption des Païens, et qu'il force les ennemis du nom Chrétien. (Mais comment ?) En ce que les membres de cette maison ne craignant pas d'exposer leur vie pour le prochain, entretiennent, à leurs frais , des cavaliers et des chevaux destinés à défendre les fidèles des insultes des barbares, en les accompagnant, tant à leur retour qu'à leur arrivée (15). » Ces termes n'annoncent assurément aucun exploit militaire, mais seulement que les Frères Hospitaliers, trente ans après leur fondation, avaient gens à leur solde, et faisaient par autrui ce que les Templiers faisaient par eux-mêmes dès leur institution, Si, avant 1130, l'histoire (comme on est obligé d'en convenir), ne dit rien de ces importants services rendus au Roi de Jérusalem dont parle l'historien de Malte, où a-t-il trouvé que ses confrères commencèrent en 1118 à prendre les armes, et a forcer, en 1119 (16), les Turcs, en bataille rangée, à la suite de Baudoin, sous les ordres de Raimond Dupui. Il serait aisé de faire voir que Raimond Dupui, dans les premières années de sa supériorité, qui commença en 1118, ne songeait guère à rendre ses sujets militaires. Son principal objet fut de leur dresser des statuts concernant l'office divin et les trois vœux ordinaires seulement, et de leur donner des règles de conduite à observer, lorsqu'ils seraient occupés à recueillir les aumônes; mais dans tous ces règlements il n'y a pas un seul terme dont on puisse inférer que Raimond Dupui avait eu le dessein de métamorphoser ses confrères en guerriers : il n'y prend même d'autre qualité que celle de Gardien de l'Hôpital, et de Serviteur des Pauvres. Dans un monument de 1125 (17), où Hugues des Payens se donne la qualité de Maître du Temple , Raimond Dupui n'y en prend aucune, si ce n'est celle de Procureur de l'Hôpital de Jérusalem : c'est donc à tort que l'on accuse M. Fleuri de s'être trompé en faisant l'Ordre du Temple, le premier de tous les Ordres Militaires; car, quand celui de Saint-Jean aurait été approuvé quinze ans avant celui du Temple, et quand le premier aurait eu des habitations en France avant le second, il s'ensuivait seulement que les sujets de l'Hôpital sont plus anciens religieux que ceux du Temple ; mais on en conclurait fort mal qu'ils sont plus anciens militaires. Ce n'est donc pas l'Abbé Fleuri, mais le Père Longueval lui-même qui se trompe, en confondant l'érection des Hospitaliers en Ordre Militaire avec leur institution première en Société d'Hospitaliers (18).

Ceux qui prétendent qu'Hugues et ses compagnons firent profession de l'ordre de Saint Benoît entre les mains du Patriarche Etienne, et qu'ils en reçurent l'habit blanc, avec une croix patriarcale par-dessus (19), n'ont pas consulté les histoires orientales : ils y auraient vu que durant les neuf premières années de leur engagement, ceux du Temple ne portèrent d'autre habit que celui des clercs séculiers, sans aucune croix, ni simpie, ni double (20). Celle qui leur fut accordée en 1145 était simple, rouge, et semblable en tout, excepté la couleur, à celle des Hospitaliers, qui n'était pas à huit pointes, telle que se le sont imaginé l'abbé de Vertot et son graveur (21). Il est vrai que le Pape Honorius et le Patriarche Gormond conseillèrent à Hugues de prendre une règle particulière, et lui désigèrent la couleur de l'habit qui devait distinguer son institut ; mais le tout ne s'exécuta qu'au concile de Troyes en 1118.

La fin de cette société naissante étant, comme on l'a dit, de délivrer les chrétiens occidentaux des mains de leurs ennemis, il n'est pas douteux que l'Auteur de tout bien n'ait inspiré à ces pieux gentilshommes le dessein dont ils étaient occupés : il n'appartient qu'à Dieu de se former une société où l'on se fait un devoir de sacrifier à l'utilité du prochain, biens, talents, repos et la vie même. D'ailleurs, quoi de plus utile aux Chrétiens orientaux qu'un Ordre militaire qui dans peu allait être en état de les défendre au-dehors par la force, et de les édifier au-dedans par une vie exemplaire ? Tel fut l'objet principal d'Hugues et de ses compagnons ; telle a été l'origine de cette Chevalerie qui, pendant cent quatre-vingt-quatre ans, a fait tant de bruit dans le monde, et qui a eu tant de part aux affaires d'outre-mer.

Une preuve que la vaine gloire n'entra pour rien dans leur projet, c'est qu'ils ne cherchaient ni à s'agrandir ni à se multiplier. Jusqu'au moment que l'Ordre fut approuvé, ils se bornèrent à leur nombre de neuf, vivant dans une édifiante simplicité, et consacrant au soulagement des étrangers les biens qu'ils avoient apportés en commun, ou qu'ils recevaient de la libéralité du Prince. Persuadés que la force, l'intrépidité, la patience dans les travaux, et le sang-froid dans les périls, ne sont que des vertus païennes, et que si elles ne sont liées à la religion, elles dégénèrent en fougue, en dureté, en sureur, ils se firent bientôt remarquer, et se distinguèrent des militaires séculiers la douceur, la modestie, la compassion, la sensibilité. L'amour fraternel, le premier mobile de leur conduite, ne les laissait jouir d'aucun repos : toujours inquiets sur les dangers et les insultes auxquels les pèlerins de l'un et de l'autre sexe étaient exposés, ils étaient sur pied jour et nuit pour leur servir d'escorte ; ils allaient les attendre sur le port, et ne les quittaient qu'après les avoir mis hors de danger, les prenant et les reconduisant jusqu'au-delà des défilés et des parssages les plus à craindre.

Sept à huit ans s'écoulèrent dans ce louable exercice d'humanité, qui leur concilia l'estime et la considération des Orientaux- Ceux-ci ne tardèrent pas à prévoir les grands avantages que l'Eglise orientale pourrait un jour retirer du zèle de ces pieux gentilshommes , s'il leur prenait envie de se multiplier. Le Roi Baudouin leur en fît naître l'idée, et leur en procura les moyens. Voyant qu'ils n'avaient encore ni chapelle ni domicile fixe , il leur accorda, pour un temps, la permission de se loger dans le quartier méridional de son palais, contigu à ce qu'on appelait alors le Temple de Salomon (22), d'où leur est venu le nom de Templiers, selon que tous les historiens en conviennent, excepté le P. Hardouin, qui, toujours singulier dans ses opinions, soutient que c'est de l'emplacement qu'ils ont occupé à Paris, qu'ils furent ainsi nommés (23).

A l'exemple de Baudouin, chacun se fit un devoir d'encourager cette nouvelle milice par ses libéralités et par mille autres marques d'attachement. Les Chanoines réguliers du Saint Sépulcre leur cédèrent, à certaines conditions, une place attenante au Palais-Royal, où ils bâtirent dans la suite une église et des lieux réguliers. Le Roi, plus intéressé que personne à cultiver cette nouvelle plantation, envoya deux de ces Chevaliers à Saint Bernard, et les chargea d'une lettre conçue en ces termes : « Baudouin, par la miséricorde de J. C., Roi de Jérusalem et Prince d'Antioche, au vénérable Père Bernard, Abbé de Clairvaux, salut et déférence : Les Frères du Temple, que le Seigneur a daigné susciter, et qu'il conserve par une providence spéciale pour la défense de cette province, désirant obtenir du Saint-Siège la confirmation de leur institut, et une règle de conduite particulière, nous avons pris la résolution de vous envoyer les deux Chevaliers André et Gondemare, non moins connus par leurs exploits militaires, que par l'éclat de leur naissance, pour obtenir du Pape l'approbation de leur Ordre, et disposer Sa Sainteté à nous envoyer du secours et des subsides contre les ennemis de la foi, réunis dans le dessein de nous perdre et d'envahir nos Etats ; et parce que nous connaissons de quel poids est votre médiation auprès de Dieu et de son Vicaire, de même qu'auprès des Princes de l'Europe, nous avons cru agir avec prudence, en vous confiant les deux choses importantes dont la réussite ne peut que nous être très-agréable. Au reste, il convient que les statuts, que nous vous demandons, soient tellement réglés et dirigés, qu'on puisse les concilier avec le tumulte des armes et les exercices militaires, afin qu'ils soient de nature à procurer l'avantage des Princes chrétiens. Faites donc en sorte que nous ayons de vos jours le bonheur de voir cette affaire réunir, et adressez pour nous au ciel l'encens de vos prières (24). »

Le Saint Abbé prit cette affaire à cœur, et négocia tellement auprès du Pape, de son Légat, et des Evêques de France, qu'il en obtint la convocation d'un Concile à Troyes. Hugues et ses compagnons y furent invités. Baudouin, qui comptait beaucoup sur leur zèle et leur activité, leur conseilla de s'embarquer, et les chargea de solliciter du secours auprès du Pape, des Princes occidentaux, et d'inviter ces derniers au siège de Damas, qu'il méditait depuis quelque temps <(25).

Tandis qu'Hugues se disposait à partir, son premier disciple, Geoffroi de Saint-Omer, libre possesseur d'un riche patrimoine situé dans Ypres et aux environs, ayant conçu le dessein de s'en défaire, et de l'abandonner en faveur du nouvel Ordre qu'il embrassait, chargea Hugues de notifier à ses héritiers la disposition que lui Geoffroi, venait de faire de tous ses fonds ; et pour qu'elle ne fût ni querellée ni suspectée, il lui confia son sceau, avec une lettre à Guillaume, Châtelain de Saint-Omer, son parent, par laquelle il lui enjoint de transférer tous ses héritages au nouvel Ordre qu'on allait approuver, et de changer en maison religieuse les bâtiments qu'il avait dans Ypres. L'histoire dit que le Chevalier chargé de la commission fut d'autant mieux reçu de l'Evêque et du Châtelain, qu'ils remarquèrent en lui de grandes qualités, beaucoup de vertu, d'habileté et d'expérience, ce qui ne contribua pas peu à les faire entrer dans les vues de Geoffroi. Charmés d'être les premiers à contribuer au nouvel établissement, ils s'adressèrent au Comte Thierri d'Alsace, qui favorisa tellement la donation, que dans peu les bâtiments de Geoffroi furent changés en Eglise et en lieux réguliers. D'autres seigneurs de Flandres ne tardèrent pas à en faire autant ailleurs, tant l'exemple des grands est puissant et fait d'impression (26).

Hugues, accompagné de cinq de ses compagnons, mit à la voile, et arriva heureusement sur les cotes d'Italie. Après s'être acquitté de ses commissions auprès du Pape, il lui présenta ses disciples, l'entretint de leur zèle et des services qu'ils étaient en état de rendre à l'Eglise d'Orient, et lui demanda la confirmation du dessein qu'il avait d'en former un Ordre militaire. Honoré II, que Saint Bernard avait prévenu en leur faveur, les ayant reçus et écoutés avec bonté, approuva leur projet, et les renvoya en France aux Pères du Concile qui devait se tenir à leur occasion. L'assemblée s'ouvrit le 13 janvier 1127, c'est-à-dire, 1128, avant Pâques. Matthieu, Evêque d'Albane et Légat du Saint-Siège, y présida, affilié des Archevêques de Reims et de Sens. Dix autres Prélats s'y trouvèrent ; savoir : Rankede de Chartres, Gosselin de Soissons, les Evêques de Paris, de Troyes, d'Orléans, de Meaux, ceux d'Auxerre, de Châlons, de Laon, de Beauvais, avec les Abbés de Cîteaux, de Pontigni, de Molême, et quelques autres, du nombre desquels était Saint Bernard. Nos gentilshommes, arrivés à Troyes, se présentèrent au Concile en habit clérical. Hugues, portant la parole au nom de tous, exposa de son mieux à l'assemblée la fin de son institut, et ce qui devait le distinguer des autres sociétés religieuses ; mais ce qu'il proposa ayant souffert quelque difficulté, on le renvoya, sur plusieurs articles, au jugement du Pape et du Patriarche, après avoir approuvé l'institut et leur avoir permis de porter le manteau blanc. Comme la règle de Saint Augustin, qu'ils avaient adoptée le jour de leur engagement, n'était pas assez détaillée pour les instruire à fond sur les moyens d'allier, avec le tumulte des armes, les vertus paisibles de la Religion, le Concile décida qu'il leur en serait donné une particulière par écrit, laquelle, pour être plus fixe et plus durable, serait revêtue de l'autorité du Saint-Siège et du Patriarche de Jérusalem. Je trouve dans quantité d'Historiens, et c'est une tradition dans l'Ordre de Cîteaux, que Saint Bernard eut commission de la dresser ; mais on doute avec fondement qu'il s'en soit acquitté ; car celle qui paraît sous son nom dans la collection des Conciles et ailleurs (27), ne peut être qu'un extrait de la première, auquel on a joint quelques règlements de Chapitres généraux : on n'y retrouve ni le style, ni l'onction, ni la force qu'on remarque en général dans les écrits de Saint Bernard ; il y a même des expressions barbares, tout-à-fait étrangères à la pureté de son élocution (28). Dom Mabillon pense que celle qui nous reste n'a été, dressée que longtemps après le Concile de Troyes, et les preuves qu'il en donne sont tirées de la règle même. Il est ordonné qu'on ne recevra plus de sœurs (29). On y parle de certains faux-frères qui se faisaient passer pour Templiers sans en avoir fait les vœux (30). On y condamne, comme un abus très dangereux introduit contre l'intention du Chapitre général, la conduite de quelques Chevaliers qui autorisent leurs écuyers à porter le manteau blanc. Cela suppose incontestablement un Ordre déjà répandu, et ne peut convenir au tems du Concile de Troyes, auquel Hugues n'avait encore que huit compagnons.

Cette remarque détruit l'opinion des historiens littéraires de France, qui, fondés sur un texte obscur, prétendent que Saint Bernard se déchargea de la commission qu'il avait de donner une règle aux Templiers, sur un certain Jean de Saint-Michel ; mais l'endroit qu'ils apportent en preuve ne dit rien, sinon que le Saint Abbé ayant reçu des Evêques assemblés à Troyes, la qualité de Secrétaire du Concile , il s'en déchargea sur ce Jean de Saint-Michel (ou plutôt Saint-Mihiel), qui en effet ne se donne d'autre qualité que celle de scribe et non d'auteur : Ego Joannes Michaëlensis, praesentis paginae, jussu Concilii ac venerabilis Abbatis Claraevallensis cui creditum ac debitum hoc erat, humilis scriba, divina gracia esse merui. Selon ces termes, Jean de Saint-Mihiel n'eut de Saint Bernard d'autre commission que celle dont le Saint Abbé avait été lui-même chargé par le Concile : or, il est évident qu'il n'en reçut que la qualité de scribe ; comment donc peut-on assurer que Jean ne fut pas Amplement Secrétaire, mais qu'il composa lui-même la règle du Temple ? Deux manuscrits, dit-on, portent qu'il l'écrivit et la dressa par ordre du Concile et de Saint Bernard. Si ces deux manuscrits eussent eu d'autres fondements que le texte que je viens de rapporter, on n'aurait par manqué d'en avertir ; mais quels que soient ces manuscrits anciens ou modernes, Anglais ou Français, ils ne peuvent en savoir plus que Jean lui-même, qui, se croyant déjà trop honoré de la qualité de scribe, ne se désigne auteur de la règle ni de loin ni de près (*). On trouve dans la chronique de Jean Staïndelius et quelques autres, que ce fut le Légat du Pape qui, durant le Concile de Troyes, donna une règle aux Chevaliers. Parce que celle que nous avons est divisée en soixante-douze chapitres, comme celle de Saint Benoît, et qu'elle en conserve quelques expressions, le P. Hardouin, non content d'accuser certains prétendus fripons d'avoir fait Jésus-Christ premier Grand-Maître des Templiers, demande encore fort sérieusement si cette règle dont il s'agit, n'aurait pas été fabriquée pour donner quelque air d'antiquité à celles des Moines d'Occident (31); mais il faudrait quelque chose de plus que l'autorité et les soupçons de cet écrivain pour nous décider sur les auteurs de cette pièce.

Au reste, mortification, silence, retraite, oraison, tout y est réglé avec assez de prudence : les premiers chapitres parlent de la distribution des offices divins ; ensuite on y distingue trois sortes de sujets : les Chevaliers, les Chapelains et les Servants (**). Les Chapelains ne doivent retirer de la manse commune que le vivre et le vêtir ; aux Chevaliers il est permis d'avoir jusqu'à trois chevaux de monture, avec un écuyer, et pour concilier cet équipage avec la simplicité religieuse, il y est rigoureusement défendu de souffrir aucune dorure ni autre ornement superflu qui se ressente de la vanité du siècle.

Un autre statut porte qu'on ne mangera de la chair que trois jours de la semaine, et que dans les jours d'abstinence, on pourra servir jusqu'à trois mets. Quant à l'obligation d'affilier à matines et aux heures du jour, il n'y a aucune distinction entre les Chevaliers et les Chapelains. Les voyageurs seulement, et ceux qui ne peuvent se trouver au chœur, sont obligés de réciter, pour matines, treize fois l'oraison dominicale, neuf fois pour vêpres, et sept fois pour les autres heures. Les prières pour les morts sont fixées au nombre de cent « pater » pour chaque Confrère, lesquels il fallait avoir récités pour le septième jour du décès (32).

Je ne dis rien des défenses expresses de sortir et de recevoir des lettres sans permission, de tirer sur aucune bête, si ce n'est sur des lions, de frapper les Servants qui s'engageaient à servir « gratis », non plus que du soin des malades, de la simplicité dans les habits, de la lecture continuelle pendant les repas, de l'abstinence quadragésimale tous les vendredis, des peines décernées contre les « murmurateurs » et les médisants ni de plusieurs autres règlements capables de conduire à la perfection par la pratique des conseils évangéliques : mais un article que je ne crois pas devoir omettre, c'est le soin du Législateur à prévoir, comme fautes de conséquence, et à défendre, comme contraires à la modestie, des marques d'amitié très-innocentes en elles-mêmes. Voici comment il s'énonce au commencement du dernier chapitre : « Et idéo... nec matrem, nec sororem, nec amitam, nec ullam aliam feminam, aliquis Frater osculari praesumat. » Il est en outre ordonné par la règle, que tous les Chevaliers, pour marque de pureté, porteront l'habit blanc : Hugues et ses compagnons l'avaient reçu à Troyes des mains du Légat, selon quelques historiens.

Après avoir obtenu la confirmation de leur Ordre, ils prirent différentes routes, pour s'acquitter, auprès des Souverains de la commission dont Baudoin les avait chargés. Partout ils s'arrêtaient dans les villages et les bourgades, exposant aux peuples l'état de l'Eglise d'Orient, et la nécessité d'une nouvelle croisade, exhortant un chacun à ne pas laisser imparfait un ouvrage qui avait eu de si heureux commencements. Durant le séjour qu'ils firent en Europe, leur nombre s'accrut considérablement ; une foule de gentilshommes des meilleures familles de France, d'Italie, d'Espagne, se joignirent à eux, et demandèrent d'être agrégés à cette nouvelle milice. Hugues ayant parcouru une partie de la France, passa en Angleterre, d'où il emmena bon nombre de Seigneurs qui s'attachèrent à sa personne, entre-autres le frère du Comte d'Anjou, nommé Foulques, qui fut couronné Roi de Jérusalem en 1131 (33). Après avoir donné l'habit à la plupart de des Seigneurs, Hugues, reprit le chemin de la Palestine suivi de cette florissante recrue, La facilité qu'il avait eue d'enrôler, sur de légères apparences de bonne volonté, ne laissa pas de produis un grand bien, qui fut de délivrer le public de plusieurs petits tyrans qui l'opprimaient impunément. Avant que de les engager, on commença par les obliger à la réparation de tous les dommages qu'ils avaient causés aux Eglises et aux particuliers. Nous en avons un exemple dans Hugues d'Amboise, qui ayant vexé les sujets de Marmoutier par ses sexassions, sans vouloir se rendre aux avertissements du Comte d'Anjou, fut obligé par Hugues des Payens, son maître, de s'humilier avant de partir, et de renoncer à ses prétentions (34).

Par ce que nous avons rapporté jusqu'ici, d'après les Histoires originales, il est évident qu'avant 1118, les Templiers n'avaient encore en Occident aucune habitation, et qu'ils n'étaient pas alors en nombre suffisant pour assiéger ou défendre des villes ; cependant, on veut qu'en 1120, ils se soient chargés en Espagne de défendre Montréal contre les Maures, et qu'en 1122, ils aient affligé et pris la forteresse de Monçon (35). L'erreur vient de ce qu'on a confondu les Chevaliers du Temple avec ceux de Saint Sauveur, institués à Montréal par Alphonse VII, Roi de Castille, la même année que ceux dont il s'agit. Toutefois, il est certain qu'avant de quitter l'Europe, ils y acceptèrent des établissements, et qu'il fallut y laisser des sujets pour administrateurs, puisqu'en 1129 au plus tard, il y avait déjà des Templiers en Flandre : cela suit de ce que nous avons dit plus haut, et de ce qu'on pourrait prouver d'ailleurs (36). En Espagne, Raimond Bérenger III, Comte de Barcelone, connu par sa vertu et sa valeur, s'engagea dans la nouvelle Chevalerie en 1130, et prononça Tes vœux cette année-là même entre les mains de Frère Hugues de Rigauld, dans leur maison de Barcelone, où il mourut quelques mois après (37).

Le Roi de Jérusalem, inquiet sur le succès de sa députation auprès des Princes occidentaux, fut agréablement surpris de revoir Hugues des Payens accompagné d'une nombreuse noblesse qui, s'augmentant tous les jours, soutenait merveilleusement le courage des Croisés ; mais ce qui leur causa le plus de joie, ce fut de voir cette jeunesse de la première distinction, contente d'un ordinaire simple, réserver la magnificence pour l'ornement des autels, trouver, après les actes de régularité, assez de temps et de force pour vaquer aux exercices militaires, pour donner la chasse aux voleurs qui infestaient les chemins. A quelque heure du jour ou de la nuit qu'on les appelât, ils se trouvaient sous les armes, soit pour aller à la découverte, soit pour accompagner les voyageurs. Avant qu'ils fussent en état de former seuls un corps respectable, ils s'attroupaient avec les Hospitaliers sur les frontières du royaume, pour harceler les Turcomans, éclairer leurs démarches, éventer leurs projets : parce qu'ils s'étaient fait une loi de ne jamais reculer, déjà tout commençait à fuir devant eux; et lorsqu'il s'agissait de courir à l'ennemi, on ne les entendait pas, dit l'histoire, demander combien sont-ils ? Mais seulement où sont-ils (38) ?

Les étrangers qui avaient été témoins de leur zèle, et l'objet de leurs soins et de leurs libéralités, s'en retournaient pénétrés de reconnaissance, et ne pouvaient, de retour dans leur pays, se louer de raconter le genre de vie de ces nouveaux Religieux, et les services qu'ils en avaient reçus. De-là ces aumônes fréquentes, ces donations magnifiques qui leur arrivaient de tous côtés : il ne se faisait aucune disposition testamentaire où ils n'eussent bonne part ; il ne mourait presque point de Seigneur qui ne leur donnât au moins son cheval et ses armures, ou qui n'ordonnât à quelqu'un de ses fils de s'enrôler parmi eux.

La libéralité alla si loin, qu'Alphonse I, Roi d'Aragon et de Navarre, se voyant sans espérance de postérité, déclara, par un testament solennel, en 1131, les Templiers, les Chanoines du Saint Sépulcre et les Hospitaliers, ses successeurs aux couronnes de Navarre et d'Aragon, et cela, parce qu'il ne connaissait personne plus en état de conserver et de continuer ses conquêtes sur les Maures. Si son intention fut de procurer par là le bien de la Religion et la tranquillité de ses Etats, je ne vois pas que cette disposition ait été aussi bizarre et aussi peu sensée qu'on l'a prétendu (39) : du moins elle ne parut pas telle à la plupart des grands du royaume qui y souscrivirent, ni à ce Prince, qui eut soin de la renouveler en 1133, quelques jours avant sa mort, avec les plus terribles imprécations contre ceux qui s'y opposeraient; ce qui n'empêcha cependant pas les Navarrais et les Aragonais de se choisir d'autres Souverains.

En un mot, cet Ordre, né dans la première ferveur des Croisades, et réunissant en lui les deux qualités les plus agréables alors au peuple, la dévotion et la valeur, à force d'exercer l'une et l'autre dans l'expédition la plus vulgairement applaudie, parvint rapidement au plus haut degré de puissance ; et de ces vastes possessions que les Chevaliers acquirent à la faveur de la piété des fidèles, ils fondèrent partout, en Orient, en Occident, grand nombre de Maisons, qui, étant comme des filles de celle de Jérusalem, servaient à recueillir les pèlerins qui se dévouaient au voyage de la Terre-Sainte. C'étaient des asiles assurés, où la noblesse du premier comme du sécond ordre (40) allait se mettre à couvert de la contagion du siècle. On vit sou vent des Seigneurs d'un âge avancé, et dégagés des liens du mariage, préférer cet Ordre a celui des Hospitaliers, et y faire profession pour se disposer à la mort (41). De là on envoyait tous les ans, dans la Palestine, de nouveaux secours tant en hommes qu'en argent (42). L'hospitalité y était scrupuleusement observée on y donnait tous les jours aux pauvres la desserte du réfectoire : l'aumône y était d'autant moins négligée, que, par un décret général, il était ordonné de la faire dans tout l'Ordre trois fois la semaine, et pour, cela on avait soin de distribuer aux aumôniers le dixième de tous les pains qui se cuisaient. (43).

Ces Maisons étaient, ou prieurales, ou simples Commanderies ; celles-ci n'étaient que des administrations confiées à quelques Chevaliers ou Servants, qui avaient pour aumônier un Prêtre de l'Ordre, chargé de leur instaurions et de leur administrer les sacrements dans une chapelle indépendante. Les Maisons prieurales ou préceptoriales étaient plus considérables et bien plus nombreuses en Chevaliers, Servants et Chapelains ; on y recevait des Novices ; on y faisait exactement l'office du jour et de la nuit; les Clercs y étaient fournis à un ancien Prêtre quelquefois appelle Prieur, et tout ce Clergé, à un Chevalier que l'on nommait Précepteur ou Maître, qui présidait au Chapitre, veillait à la régularité, imposait des pénitences tant pour les grandes que pour les petites fautes, et renvoyait aux Prêtres pour l'absolution.

Les Chapelains étaient chargés des cures de l'Ordre : ils n'étaient obligés à aucunes preuves de noblesse; ils avaient leurs pouvoirs immédiatement du Saint-Siège (44), et au cas qu'ils fussent nobles, ils pouvaient devenir Précepteurs, au lieu qu'un Servant ne devenait jamais Chevalier ni Supérieur.

Les sujets de l'Ordre, envoyés dans les Provinces par le Pape, de même que les Supérieurs, avaient droit de recevoir des portulans, à condition de les conduire devant l'Ordinaire pour être examinés sur les motifs de leur vocation. La plupart de ceux que l'on admettait ainsi, s'embarquaient pour l'Orient, afin d'y accomplir leur temps de probation, dont le terme dépendait là, comme ailleurs, du Précepteur et de son Conseil (45). A Cluny, les Novices devaient être éprouvés au moins pendant un mois.

Dans peu on compta dans la maison chef d'ordre plus de trois cents Chevaliers (46), avec un nombre de Servants d'autant plus considérable, qu'on n'exigeait d'eux aucune preuve de noblesse (47). On ne souffrait à ceux-ci d'autres habillements que d'une seule couleur, laquelle devait être noire ou tannée (48); et comme la plupart ne s'engageaient que pour un temps, on leur faisait prêter serment pour s'assurer de leur parole et de leur fidélité. Il y avait de deux sortes de Servant ; les Servants d'armes, et les Servants d'office : ceux-ci n'éraient occupés qu'à l'intérieur de la maison ; les premiers, que l'on nommait « Armigeri », avaient pour fonctions d'être assidus auprès des Chevaliers, de leur rendre certains services, sur tout à l'armée. Ils tenaient le cheval de bataille jusqu'à ce qu'il fallût le monter pour combattre ; ils gardaient et liaient les prisonniers ; ils portaient les armes du maître jusqu'à ce qu'il s'en serve et ils étaient à pied ou à cheval, selon que les Chevaliers allaient eux-mêmes. Hugues, les voyant s'augmenter tous les jours, ne tarda pas à les faire marcher en corps, et bientôt il s'aperçut qu'il en pourrait tirer les mêmes services que de ses sujets de la première classe.

Par ce qui nous reste des usages et de la règle de ces Religieux, on voit bien qu'il était défendu à tout autre qu'aux Chevaliers de porter l'habit blanc ; mais on ne trouve pas quelle en fut la forme. Si les figurés que nous a données le P. Héliot sont exactes, ils portaient à la maison une longue robe sans ceinture, et par dessus une chape ou un manteau auquel était attaché un capuce, ce qui, à la couleur près, parait assez conforme à l'ancien habillement des Hospitaliers. Dans la figure que Dugdale nous a donnée de leur habit militaire (49), on remarque d'abord le haubert, c'est-à-dire un tissu de mailles de fer doubles qui couvre les habits intérieurs et tout le corps, les bras même jusqu'aux poignets, et les jambes jusqu'aux talons : sur le haubert on voit la cotte d'armes qui tenait lieu de paludament des anciens capitaines Romains ; elle ressemble à une dalmatique sans manches, et descend jusqu'aux genoux ; aux talons du Chevalier on remarque les éperons à large molette ; par-dessus la cotte d'armes on distingue le baudrier, auquel est attaché un de ces sabres longs et pesants, que Joinville appelle épée d'Allemagne, et dont on prétend que Godefroy de Bouillon et l'Empereur Conrad fendaient un cavalier cuirassé depuis le sommet de la tête jusqu'à la ceinture (50). On voit que cette armure n'avait rien que de commun avec celle des autres militaires; mais ce qui distinguait le Templier d'avec la milice séculière, c'étaient des cheveux coupés fort courts, et un long manteau blanc avec la croix de l'Ordre. C'est ainsi qu'est représenté Jean de Dreux sur la tombe de Marie de Bourbon, sa mère, dans l'Eglise de Saint Yved de Braine, avec cette inscription en lettres d'or : F, Jean li Templiers fuis au Comte Jean de Dreux (51).

La discipline militaire, surtout en Palestine, ne s'observait pas avec moins de rigueur que la régularité claustrale : pour la moindre lâcheté dans le combat, pour le moindre murmure, un Chevalier se voyait sur-le-champ dépouillé de son baudrier ou de son manteau, et condamné à manger à terre pendant plusieurs jours, en présence d'une nombreuse communauté, sans avoir même la liberté de chasser les animaux domestiques qui seraient venus rôder autour de lui (52). A la guerre, et dans les cérémonies publiques, surtout lorsqu'on portait le bois de la vraie Croix, les Chevaliers du Temple avaient le pas sut ceux de l'Hôpital, ceux-ci marchant à gauche, et les premiers à droite (53). Sur leur étendard, que les Historiens nomment le « bauséant » ils portaient parti d'argent et de sable, avec ces paroles : « Non nobis Domine, non nabis, Sed nomini tuo da gloriam ». Dans la suite on y ajouta une croix de gueule brochant sur le tout. Les jours de marche ne devaient pas être pour ces escadrons religieux des jours de dissipation, puisqu'ils ne se mettaient guère en campagne qu'après avoir assisté ou participé aux saints Mystères (54). Précédés du « bauséant », ils s'avançaient en silence et sans tumulte, quelquefois même en récitant les prières ordonnées par la règle à ceux qui n'assistaient pas au chœur. Afin d'être plus agiles à se tirer d'un mauvais pas, faire des marches forcées et à poursuivre les fuyards, ils s'étudiaient à être montés à l'avantage et armés à la légère, évitant de se charger de tout ce qui pouvait excéder le cheval et embarras les le cavalier. Ils sentirent bientôt l'inconvénient de cette armure complète de fer dont les Chevaliers se couvraient ordinairement, et qui les rendait à la vérité invulnérables, mais non pas invincibles, puisqu'étant une fois terrassée, il ne leur était pas aisé de se relever. C'est par cet endroit, je veux dire par cette agilité, qu'un poète du douzième siècle distingue les Templiers d'avec la milice séculière (55).

Pour symbole de cette obligation qu'ils s'étaient imposée de courir sus aux infidèles de toutes leurs forces, ils firent graver sur leur sceau un cheval de bataille monté par deux Chevaliers, la pique en main et le casque en tête, avec cette inscription : « Sigillum militum Christi » le sceau des soldats de J. C. (56). Aucun des croisés ne s'arrogea ce titre avec plus de fondement que ces braves champions, puisque, au jugement du Cardinal de Vitri, ils étaient des lions à la guerre, et des agneaux à la maison; Religieux graves et modestes au chœur, actifs et tout de feu les armes à la main ; terribles aux infidèles, et pleins d'humanité envers les Chrétiens (57). Par cette conduite, ils méritèrent d'être donnés pour modèles aux autres guerriers (58) ; et parce qu'ils avaient plus de confiance dans le bras du Tout-Puissant que dans leur propre courage, le Ciel sembla souvent se mettre de leur parti, et combattre en leur faveur. On ne peut pas dire que cet éloge, par Jacques de Vitri, ne convienne qu'aux Templiers des premiers temps, puisque c'est en 1230, c'est-à-dire plus de cent ans après leur institution, que cet historien écrivait.

Baudouin II, qui les avait vus naître, fut souvent témoin de leur attachement à son service : ils l'accompagnèrent dans ses dernières expéditions, et ce Prince mourut dans l'espérance qu'un jour cette Chevalerie serait un des plus forts appuis de son royaume. De son temps on commença à se servir de leur conseil comme de leur épée, à ne rien entreprendre d'important sans les avoir consultés, et ils eurent dans la suite tant de part aux affaires d'outre-mer, que l'histoire des Croisades n'est, à la bien considérer, que l'histoire des Chevalier» du Temple et de l'Hôpital.

A peine sept ou huit ans s'étaient écoulés depuis la confirmation de l'Ordre, qu'on le vit s'étendre prodigieusement en Espagne surtout et en France (59). Les donations qu'on leur fit, n'étaient pas de terrains incultes et à défricher, comme ceux que recevaient les disciples de Saint Norbert et de Saint Bernard, c'étaient des châteaux, des fiefs, des forts, des bourgades avec leurs appartenances. Nous rapporterons ici et ailleurs ce qui en est venu à-notre connaissance.

En 1130, Raimond Bérenger III, Comte de Barcelone, en s'engageant à l'Ordre, lui donna, du consentement de son fils, un château très-fort et toute la garnison et le peuple qui y était renfermé, avec tous ses droits, usages et dépendances, le tout à charge de défendre ses limites contre les incursions des Sarrasins. Cette place est appelée « Granena » dans l'acte de donation (60).

Si nous en croyons l'Histoire de l'Eglise de Gandersheim, l'Empereur Lothaire changea en Eglise et Couvent militaire un château de son do marne particulier, nommé Supplingebourg, où il appella de ces nouveaux Chevaliers vers 1131.

En 1131, le Roi d'Aragon leur confia le gouvernement d'une colonie de Chrétiens qu'il venait de conduire dans la forteresse de Mallon ou Malien, d'où il avait chassé les Maures. Cette donation fut changée dans la suite avec les Hospitaliers contre le bourg de Novillos (61).

En 1133, Lotherre, Seigneur de Baudiment en Champagne, leur fit donation de tout ce qu'il possédait en ce lieu, et de tout ce qu'il avait du fief du Sénéchal André, son parent, depuis Chant-de-Merle jusqu'à Baudiment (62).

En 1134, nos Chevaliers s'étant présentés pour recueillir ce qui leur advenait de la succession d'Alphonse, on leur répondît que le testament ne pouvant avoir lieu pour le tout, on ne laisserait d'y respecter les intentions du testateur, et de le rendre avantageux aux légataires autant qu'il serait possible ; mais ce ne fut qu'après une négociation de plusieurs années, que l'affaire se termina aux conditions, que nous rapporterons ailleurs.

En 1135, Pierre, Evêque de Nice, les combla de ses libéralités, et leur fit de très-grands avantages dans sa ville et aux environs. On voit encore, dans le territoire de Nice, des débris et des restes de voûtes dans un lieu nommé la Fontaine du Temple, et l'on tient pour assuré que cet endroit tire son nom d'un ancien monastère de ces Chevaliers, et d'une Eglise que l'on nommait Sainte-Marie du Temple (63).

Cette même année, le 3 janvier 1135, Saint Oldegaire, Evêque de Barcelone, qui avait porté Raimond III à se faire Templier, engagea Raimond IV, son fils, à s'attacher à cet Ordre, comme, à un corps dont il pourrait tirer de grands secours contre les Maures.

Raimond, en conséquence, leur fit bâtir un courent pour dix Religieux au moins, qu'il demanda à Hugues, et non, comme dit Bollandus, à Robert le Bourguignon, qui n'était pas encore à la tête des Chevaliers. Le Comte leur donna, le troisième de décembre, entre les mains d'Arnauld Bedos et d'Hugues de Rigauld, le Mas de Barberan, château éloigné de Tortose de trois ou quatre lieues. Deux ans auparavant, Hermengaud, Comte d'Urgel, avait déjà cédé à l'Ordre toutes Tes prétentions sur cette place, voisine des infidèles.

Le 5 avril 1135, Saint Oldegaire fit une constitution en faveur de ceux qui, renonçant au monde et à leur patrimoine, se consacreraient dans cette milice à la défense et à la propagation de la foi, menaçant des censures les plus terribles tous ceux qui oseraient les molester. L'acte est signé par le Prélat, et ensuite par le Comte, qui, dès-lors, s'engagea à leur donner tous les ans une certaine somme, et à sa mort tout son appareil militaire. Tels furent les commencements du Temple en Aragon et en Catalogne (64).

En 1136, Roger III, comte de Foix, signala sa piété par la fondation d'une maison prieurale, près de Pamiers, dans un endroit nommé la Nogarède, qu'il abandonna aux Chevaliers en franc-alleu, du consentement de Ximene son épouse, et qu'il voulut qu'on appelât déformais la Villedieu, distinguée d'une autre Villedieu appartenant aussi à l'Ordre, entre le Tarn et la Garonne. Les Frères Arnauld de Bedos et Raimond de Gaure reçurent, au nom de tout le Corps, cette donation, qui fut faite entre les mains d'Amelius, Evêque de Toulouse. C'est la plus ancienne maison du Temple que nous trouvions fondée dans le Languedoc (65), sans en excepter même celle de Montpellier, dont Gariel rapporte, sans fondement, la fondation à l'an 1118 (66).

C'est encore à ce temps-ci qu'il faut rapporter l'origine du Temple de la Rochelle. Guillaume X, Duc d'Aquitaine, mort en 1137, en fut, à ce qu'on croit, le fondateur. Ce qu'il y a de certain, c'est que Louis le Jeune, Roi de France, son épouse Eléonore, Richard, Roi d'Angleterre, fils d'Eléonore, et Othon, petit-fils de cette Reine, doivent être considérés comme principaux bienfaiteurs de cette maison. Le domaine de Bernay, dépendant du Temple de la Rochelle, fut aliéné en 1570 pour la somme de 2500 livres (67).

En Allemagne les Templiers ne furent fondés, comme on l'a dit, que vers 1131 ; et si l'on trouve dans Bruschius qu'en 1080, c'est-à-dire, 38 ans avant leur institution, ils cédèrent une église aux Chanoines réguliers de Saint Hyppolite en Autriche, c'est une faute trop palpable pour en imposer à personne (68).

Nous pouvons aussi compter le bienheureux Guigue, cinquième Prieur de la grande Chartreuse, au nombre de ceux qui honorèrent le nouvel institut de leur approbation : il demande à Hugues, dans une de ses lettres, que n'ayant pas eu le bonheur de le voir, ni à son passage, ni à son retour du Concile de Troyes, il lui soit permis de s'en, dédommager en s'entretenant avec lui par lettres, et en conversant, non sur la manière de combattre les Infidèles, mais les ennemis du salut, qui ne sont pas moins à craindre. Cette lettre, qui fut envoyée par deux différentes personnes, renferme une instruction très-solide sur les devoirs de cette nouvelle milice, considérée comme société religieuse (69).

Saint Bernard contribua plus que tout autre à son agrandissement; il en considéra les premiers membres comme ses élevés, et il n'est pas douteux, dit l'Annaliste de Cîteaux, qu'il ne leur ait rendu des services très-importants auprès des Souverains , non-seulement en Espagne, mais encore en France, en Italie, en Flandre, et dans les autres pays du monde chrétien (70). Il les recommanda souvent aux Princes : Orientaux, aux Patriarches de Jérusalem et d'Antioche ; il était en relation avec ceux de la Palestine, surtout avec Hugues et André de Montbard : ce fut à leur sollicitation qu'il composa son traité de la nouvelle milice, qu'il dédia à Hugues qui en était le chef. Ce qu'il y a de remarquable, c'est la haute idée qu'il s'était formée de ces Chevaliers. L'ouvrage est divisé en treize chapitres, dont le premier contient l'éloge de ce nouveau genre de vie, « où l'on sait, dit-il, allier l'exercice des armes spirituelles avec celui des armes matérielles, où l'on apprend à combattre avec les armes de la foi, autant qu'avec la lance et l'épée. Allez donc, intrépides et vaillants soldats de J. C, continue le Saint Abbé, marchez en assurance ; et animés de cette force que le Ciel vous inspire, dissipez, mettez en fuite les ennemis de la Croix, certains que ni la vie ni la mort ne pourront vous séparer de l'amour de J. C. Ne perdez jamais de vue cet oracle : soit que nous vivions soit que nous mourions, nous appartenons au Seigneur. Quelle gloire pour vous de ne sortir jamais du combat que couverts de lauriers ! Mais quel plus grand bonheur de gagner sur le champ de bataille une couronne immortelle ! Si des biens infinis sont accordés à ceux qui meurent tranquillement au Seigneur, que ne doivent pas attendre ceux qui versent leur sang pour lui ? Qu'avez-vous à craindre de la vie ou de la mort, si J. C. est le principe de votre vie, et la mort la cause de votre bonheur ? O l'heureux et fortuné genre de vie dans lequel on peut attendre la mort sans crainte, la désirer avec joie, et la recevoir avec assurance ! »

Le second chapitre de cet opuscule est une critique de la vanité et du faste de la Chevalerie séculière : il est surprenant que des écrivains, gens d'esprit d'ailleurs, aient cru que Saint Bernard, en voulait aux Templiers, et qu'on se soit servi de cet endroit pour prouver que le dérèglement s'était glissé parmi eux presque aussitôt qu'ils avaient paru. Saisir le faux pour le vrai, le douteux pour le certain, sera toujours le sort de ceux qui ne lisent qu'avec un esprit préoccupé (71).

Dans son troisième chapitre, le Saint Abbé montre que l'état de ces nouveaux Chevaliers est d'autant plus assuré, que celui des séculiers, dont il vient de condamner le luxe est rempli de périls et d'occasions de chûtes ; il prouve qu'il est permis aux Chrétiens de porter les armes, et les exhorte à les tourner surtout contre les infidèles.

Le quatrième chapitre est une espèce de tableau vivant de la conduite de ces Religieux militaires.
« Ils vivent, continue le Saint Abbé, dans une société agréable, mais frugale, sans femme, sans enfants, et sans avoir rien en propre, pas même leur volonté. Ils ne sont jamais oisifs ni répandus au-dehors ; et quand ils ne sont pas en campagne à la poursuite des infidèles, ou ils raccommodent leurs armes et les harnois de leurs chevaux, ou ils sont occupés à de pieux exercices par les ordres du chef. Une parole indolente, un ris immodéré, le moindre murmure, ne demeurent jamais impunis. Ils détestent les échecs et les jeux de hasard ; ils ne se permettent ni la chasse ni les visites inutiles; ils rejettent avec horreur les spectacles, les bouffons, les discours et les chansons trop libres; ils se baignent rarement ; ils sont pour l'ordinaire négligés, couverts de poussière ; ils ont le visage brûlé des ardeurs du soleil, le regard fier et sévère ; à l'approche du combat, ils s'arment de foi au-dedans et de fer au-dehors, sans ornement sur leurs habits ni sur les harnois de leurs chevaux. Leurs armes sont leur unique parure ; ils s'en servent avec courage dans les plus grands périls, sans craindre ni le nombre ni la force des barbares : toute leur confiance est dans le Dieu des armées, et en combattant pour sa cause, ils cherchent une victoire certaine, ou une mort sainte et honorable (72). »

Il n'y a rien de trop flatté dans ce portrait : tout ce que Saint Bernard y a rassemblé se trouve conforme à ce que nous lisons dans une quantité de chroniques et dans plusieurs contemporains (73). La suite de cette exhortation renferme des avis salutaires aux Templiers, et des règles de conduite qu'il serait trop long d'analyser. Cette pièce est de 1135 au plus tard : parce que le Saint Abbé n'y fait aucune mention de la règle dont il avait été chargé, on a cru avoir quelque fondement de douter s'il en avait jamais donné d'autre que celle-ci.

Il faut avouer que dans la suite des temps les Templiers furent obligés de rabattre beaucoup de la sévérité de cette discipline, mais il faut convenir aussi que ce déchet fut compensé par d'autres avantages. Dès que l'Ordre fut en état de prendre des troupes à sa solde, il fallut placer quantité de sujets en différents postes, ou il aurait été indécent qu'ils s'occupasses à raccommoder leurs équipages : il convenait que l'officier fût distingué du soldat par quelque endroit ; qu'il fût moins sédentaire qu'auparavant, plus répandu au dehors, soit pour exercer sa troupe, soit pour vaquer aux autres devoirs de sa charge. J'avoue que c'était quitter Rachel pour Lia, et Marie pour Marthe ; que c'était s'armer de deux glaives à la fois ; que, dans cet usage des armes spirituelles et matérielles, il était difficile que le religieux ne disparût, pour faire place au militaire, mais, après tout, cette alternative était l'esprit de l'Ordre, le but et l'intention du fondateur, qui trouvait par-là moyen de se rendre utile et nécessaire au public.

On pourrait ajouter au portrait que Saint Bernard nous a laissé des Templiers de son tems, qu'ils faisaient maigre en campagne, les jours qu'ils y étaient obligés à la maison ; qu'ils couchaient sur la dure ; qu'ils ne portaient point de linge ; que cependant, en considération des grandes chaleurs de l'Orient, on leur accordait chaque été, par grâce, une seule chemise de toile (74).

L'Ordre n'étant parvenu que par degrés à cette forme de gouvernement que nous y remarquerons dans la suite, il sera plus à propos de traiter ailleurs de ses hauts officiers et de leurs fonctions, d'autant qu'ils ne furent désignés d'abord, dans la règle, que sous le terme équivoque de Procureurs. La première faute que l'on reproche à cette Chevalerie, est d'avoir décliné la juridiction du Patriarche, son protecteur, et de s'être soustraite à son obéissance. Mais, s'agit-il d'examiner quand et comment la chose est arrivée, on ne trouve que fausseté, contrariion, et sentiments hasardés. L'un prétend que c'est sous Gelafe II, en 1119, et ose apporter en preuve un texte de Matthieu Paris qui ne se trouve plus (75), et qui est contraire au sentiment de l'Historien Anglais ; car il dit en termes formels, après Guillaume de Tyr, que les Templiers persistèrent longtemps dans leur louable dessein (76). Un autre veut que ce soit sous Calixte II, dans un Concile tenu à Reims cette même année 1119, ce qui n'est pas moins destitué de fondement (77). Personne n'a rapporté plus au long l'Histoire de ce Concile qu'Orderic Vital : qu'on prenne la peine de le consulter (78), je suis bien trompé si on y voit un seul mot de ce que Volsius y a trouvé, à moins qu'on n'y prenne l'Evêque de Mâcon pour le Patriarche de Jérusalem, et pour Templiers les Clunisiens, qui défendaient là leurs exemptions. Il serait fort étrange qu'Hugues et ses premiers disciples, quelques mois après avoir prononcé leurs vœux, eussent dédaigné de reconnaitre l'autorité de celui qui les avait reçus si favorablement, et qu'ils eussent mendié des privilèges qui leur étaient très inutiles alors. Il est plus naturel de penser que le Saint-Siège les leur accorda, du moins en partie, par la bulle de confirmation en 1128, ainsi qu'on pourrait l'inférer des paroles de Ferdinand Ugheili (79).

Ce fut vers 1136 qu'Hugues-des-Payens, qualifié de premier Maître du Temple, passa à une meilleure vie, regretté de tout ce qu'il y avait de Chrétiens zélés dans la Palestine, de ses Chevaliers surtout, qui furent témoins, pendant dix-huit ans, de sa tendre piété, de fort zèle et de sa charité envers les pauvres et les pèlerins. Le Comte de Pagan le met au nombre de ses ancêtres. Hugues avait été marié, et Thiébaud, un de ses fils, fut fait Abbé de Sainte-Colombe à Sens en 1139 (80). C'est ce Thiébaud qui a écrit et enseigné que l'Extrême-onction ne pouvait pas plus se réitérer que le Baptême, et qui est réfuté par Pierre le Vénérable, dans une lettre que cet Abbé de Cluny lui adressa (81). Hugues eut en mourant la consolation de voir ses élevés universellement aimés des grands et du peuple, et devenus aussi chers à toute la chrétienté, qu'ils étaient redoutables aux Infidèles.
Sources : Histoire Critique et Apologétique de l'Ordre des Chevaliers du Temple de Jérusalem, dits Templiers.
Par feu Claude Mansuet Jeune. Chanoine Régulier de l'Ordre de Prémontré, Docteur en Théologie, Prieur de l'Abbaye d'Etival (72). Edité chez Guillot, Librairie de Monsieur, Frère du Roi, rue Saint-Jacques. Paris. M DCC. LXXXIX.


Notes

8 — Fleuri, Hist. Ecclés. liv., 61.
9 — Chroniques Cistercienne apud Miraum, de origin Equestrium. Quelques autres, mais moins fondés font Hugues originaire de la Maison de Pagan, en Languedoc, laquelle porte d'azur à quatre barres d'argent, deux lions passants de sable l'un sur l'autre brochants sur le tour.
10 — Regula, constitut. Et privilegia Ordin. Cisterc., page 477 ; necnon Manrique, tome. I, page 375. Cisterciens Annalium.
11 — Chronicon Alberici ad annum 1125. Baugier, tome I, page 129 de ses mémoires.
12 — Jacob de Vitriaco, Histoire Jerol, c. 64.
13 — Jacob de Vitriaco, Hist. Jerol. Pradieti enim Hospitales Fratres, ad imitationem Fratrum Militia Templi, armis materialibus etentes, Milities cim Servientibus in suo Collegio, receperunt.
Item, Epitom bellorum Sacrorum, apud H. Canisium, tom 5 page 431.
Aussi touve-t-on des chronistes, tels que Uldaric Onsorg, Chroniques Bavaria, page 360, qui ne place le commencement des Hospitaliers qu'en 1128, parce qu'ils ne les considèrent que comme Militaires.
14 — Histoire de Malte, in-4, page 61 et 62.
15 — Histoire de Malte tome 1, page 586.
16 — Histoire de Malte, in-4, tome I, page 64.
17 — Rerum Italicarum Scriptores, tome 12, culumn. 276.
18 — Histoire de l'Eglise Gallicane, tome 8, page 497.
19 — André Favyn, Théatre d'honneur et de Chevalerie, tome 2, livre 9, page 1627.
Item, Mennenius, page 76.
20 — Jacob. Vitiacus, ad ann. 1128. Item, Epitome bellorum Sacrorum, loco citato.
21 — Hitoire de Malte, page 48, Bosio lui-même convient que la croix moderne est fort différente de l'ancienne. Voyez Aeta Sanetorum, 28 Maii ; et un ancien sceau des Hospitaliers, rapporté par Paulus M. Paciaudius, page 312.
22 — Jacobus Vitriacus, Historia Jerosolimit.
23 — Joh. Harduini, Societatis Jesus, Operavaria, page 641.
24 — Regula constit et privilegia ordinis Cesterc. page 477.
25 — Hieron. Rubeus, Historia Ravennatum, lib. 6, ad annum 1307.
26 — De Morinis, lib, 9, page 150.
27 — Collectio Conciliorum, ad annum 1128. Corps universel de Diplomatique, t, I, page 68. Aub. Miraus de Origine Ordinum Equest. André Favyn, tome 2, page 1626.
28 — Garrulare pour Inclamare, Furellus pour Vagina, Mal pour Malle, Largita pour Latitudo, Velufum pour Tegmen lineum, etc.
29 — Admonitio in opusculum sexeum Saint Bernardi, tome 2, page 541.
30 — Chapitres de la règle 21 et 56.
* — Histoire litéraire de France, tome II, pages 67 et 68.
31 — Animadversiones in librum tertium Odarum Horatii, pages 348. Vide ejusdem Opera varia, page 641.
** — M. Moshcim, dans ses institutions sur l'Histoire Ecclésiastique, page 389, assure trop hardiment que l'Ordre du Temple n'était composé que de Chevaliers, et nom de Prêtres.
32 — Selon Guillaume Dupeyrat, Histoire Ecclésiastique de la cour, page 609, à bon droit les Chevaliers de Malte se sont obligés, par leurs Statuts, de dire chacun cent cinquante fois le chapelet par jour, au lieu des heures canoniales, et l'auteur veut que cela soit marqué dans le livre manuscrit contenant la règle de ces Messieurs.
33 — Henricus Huntindoniensis Historiarum, lib. 7, page 384. Item, Roger de Hoveden, page 479.
34 — Annales Benedietini, tome 6, page 166.
35 — Mariana, tome 3, page 39. Tome 2, lid 10, cap. 10. Item, Chronicon Barcinon, in Marcâ Hispan, page 754.
36 — Histoire de la Maison de Gand, page 74 des preuves du livre 2.
37 — Histoire générale du Languedoc, I, 17, page 407.
38 — J. Vitriacus, Histoire Jerosol. I, 64.
39 — Annales d'Espagne, tome I, page 41.
40 — Jacob Vitriacus, loc citation tome I.
41 — Histoire de la Maison de Gand, page 310. Histoire de la Maison de Dreux, page 86.
42 — Robertus Alcissiodorensi in Chronico manuscrito ad annum 1131.
43 — Regula Templariorum, chapitre 15.
44 — Tome 2, Concilior, Mag. Britannia, page 383.
45 — Regula Temploriorum, chapitre 56 et 64.
46 — Jacob, Vitriacus, loco citato.
47 — Cangii Glossarium verbo Servientes.
48 — Regula Temploriorum, chapitre 20.
49 — Monasticum Anglicanum, page 517.
50 — Gesta Dei per Francos, page 912.
51 — Histoire de la Maison de Dreux, page 86 et 276. Item, tome 2 des monuments de la Monarchie Française, page 185.
52 — Jacob Vitriacus, Hist. Jerosol, c. 65.
53 — Jacob Vitriacus, Templarii à dextris, Hospitalarii à sinistris.
54 — Regula Templariorum, chapitre 1.
55 — Martenne, verterum Scriptorum Collectio, tome 6, page 3.
56 — Perard, sur l'Histoire de Bourgogne, page 263.
57 — Vitriacus et Petrus Venerab., lib. 6, epist. 26.
58 — Pene Soli inter homines legitima geruns bella, inquit Joh. Sarisberiens. In Policratico, lib. 7, cap 11.
59 — Robertus de Monte, apud Baron, ad annum, 1131.
60 — Martenne, veterum Scriptorum Collectio, col. 705.
61 — Hispania illuserta, tome 3, page 42.
62 — Histoire de la Maison de Dreux, page 233.
63 — Gallia Christiana nova, tome 3, column. 1279. Petri Goffredi urbis Notitia, in tome 9, Italia Antiquitatum, part. 6 cap, II, col, 29.
64 — Bollandus, tome 3, 6. Mart. page 492.
65 — Histoire générale du Languedoc, livre 17, page 427.
66 — Gallia Christiana nova, tome 6, column. 727.
67 — Histoire de la Rochelle, tome 2, page 501 et tome I, page 636.
68 — Raim. Duellii Miscell., tome I, page 313.
69 — Saint Bernard, vol 2, col, 1052, edition Mabilloniana. Item, Histoire littéraire de France, tome II, page 644.
70 — Annales Cisterciennes, tome I, page 187. Sancti Bernardi epist. 175 à 289, apud Manrique, necnon 288 et 392.
71 — Sancti Antoninus, titulo 15, cap. 20. Item, Nic, Gurtleri Historia Templarior. s. 108. Hospinianus, de origine Monach., I, 5, page 338. Item, Centuriarores Magdeburgenses.
72 — D. Bernard, exhortatio ad Milities Templi.
73 — Jacob Vitriacus. Johan. Sarysberiensis. Petrus Venerabilis, epistola 26.
74 — Regula Templariorum, chapitre 64, 69, 70.
75 — Gurtleri Hist. Templariorum, loco citato. Balaus in Gelasium II.
76 — Matthaus Parisius, ad annum 1118.
77 — Volsius in Memorabilibus. Item, Hospinianus, de origine Monachatus, lib. s, page 338.
78 — Eccles. Hist. I. 12, page 857, ad an. 1119.
79 — Italia Sacra, tome I, col, 253. Matthaus Albanensis sub Honorio II, in Galliis legatione sunetus, in Trecensi Concilio Militare Templariorum institutum favorabilibus diplomatibus indultis confirmatie.
80 — Chronicon Senonense, apud Dom. Martenne, Thes. anecdot., tome 3, cilumna 1452. Roscelino successit Theobaldus de Pahens, filius Hugonis, primi Magistri Templi Jerusalem.
81 — Lib. 5, epistola 7.

Sources : Histoire Critique et Apologétique de l'Ordre des Chevaliers du Temple de Jérusalem, dits Templiers.
Par feu Claude Mansuet Jeune. Chanoine Régulier de l'Ordre de Prémontré, Docteur en Théologie, Prieur de l'Abbaye d'Etival (72). Edité chez Guillot, Librairie de Monsieur, Frère du Roi, rue Saint-Jacques. Paris. M DCC. LXXXIX.


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