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Fondation de la Milice du Temple

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Confraternité

Convers et Converses du Temple
Nous avons dit que les commanderies du Temple avaient été habitées, gérées, tout d'abord par des nobles ; que dans la suite, au xIII siècle, on avait admis comme frères du Temple, des non-nobles. C'était par économie, et aussi pour d'autres raisons. L'une d'elles, était sans doute, que ces chevaliers s'enrôlaient dans cette pieuse milice bien plus pour aller guerroyer en Palestine, que pour surveiller une exploitation agricole (1).
On trouve aussi dans le Temple, une autre catégorie de personnes, les convers et converses du Temple.

Au Moyen Age, alors que la vie de couvent était réputée la plus parfaite et le plus sûr moyen de salut, nombre de gens allaient finir leurs jours dans quelque monastère, loin des plaisirs, si plaisir il y a, et aussi des périls de ce monde. Et certes, les périls étaient grands à cette époque du Moyen Age. Ceux qui prenaient ainsi tardivement le froc avaient le nom de convers. Ce n'étaient point des moines, mais des laïques, vivant volontairement, et moyennant indemnité, de la vie religieuse (2).

Voilà le premier sens du mot convers. Au XIIe et au XIIIe siècle ce mot a reçu une deuxième signification ; il a désigné des religieux et religieuses, d'une condition inférieure, destinés au service du couvent et aux travaux manuels.

Pour ne parler que de la première catégorie de convers, c'étaient des gens, nobles ou bourgeois, hommes ou femmes, qui moyennant une donation pieuse, ce qu'on appelait une aumône, obtenaient de vivre de la vie de couvent <(3). Ils s'étaient retirés du monde volontairement, ils pouvaient aussi y rentrer, à leur gré.

L'Ordre du Temple, religieux autant que militaire, se conforma en cela, à une coutume établie depuis longtemps. Souvent on se contentait de demander au Temple la simple confraternité, une part dans les prières de l'Ordre moyennant une aumône, d'autres fois, on finissait ses jours comme convers, dans une commanderie, mais toujours moyennant une donation faite au Temple.

La règle du Temple dit en effet (4), que si des hommes mariés demandent « la confrérie, et le bénéfice, et les oraisons de la maison », il sera fait droit à leur demande, à la condition cependant, que l'un et l'autre conjoint laisseront leurs biens au Temple, après leur mort.

Si ces confrères du Temple veulent vivre de la vie religieuse, ils habiteront la commanderie, mais non la même maison que les frères.

D'après l'article Nº53 de la même règle, il était défendu d'admettre des soeurs dans l'Ordre, car dit la règle « périlleuse chose est compagnie de femme. » La règle est formelle, et cependant il y a eu certainement des converses du Temple dès le XIIIe siècle. L'article précédent parle d'ailleurs de gens mariés, pouvant habiter une dépendance de la commanderie.

En Picardie, dès le XIIe siècle, nous voyons des époux solliciter la confraternité du Temple ; quant aux femmes seules, veuves ou non mariées, nous n'en trouvons d'exemple qu'au XIIIe siècle, ce qui ne veut pas dire que le cas ne se soit pas présenté antérieurement.

Dans un acte de donation, de l'an 1169 environ, passé en faveur de la maison du Temple de Sériel, (5) il est stipulé que si le donateur, Henri de Raincheval (6) et sa femme venaient à solliciter l'habit de l'Ordre, ils l'obtiendraient sans frais (7). En d'autres termes H. de Raincheval et sa femme pourront vivre à Sériel, comme convers.

Ajoutons que d'après l'article 52, déjà cité, de la Règle, ces « confrères du Temple ne devaient mie porter blanches robes, ne blans manteaus. » Sans doute y avait-il une couleur d'étoffe particulière aux convers.

Quand nous parlerons des Templiers en Vermandois, nous aurons occasion de citer une vente faite en juin 1234, par le précepteur du Vermandois, au Chapitre de Saint-Quentin. Or, les biens qui font l'objet de la vente avaient été donnés aux Templiers, par leur converse Marie, soeur de Simon, chevalier, en son vivant maire de Fonsommes (8), et cette donation, elle l'avait faite au moment de revêtir l'habit du Temple.

En 1240, Raoul de Nouvion fait une donation, à la maison du Temple de Forest (9) ; bien qu'il s'en réserve l'usufruit, il stipule dans l'acte, qu'il aura part au bénéfice des prières de la maison et à la confraternité.

Enfin le dernier exemple, que nous connaissions, est celui d'une veuve du nom de Perronne, qui, après avoir donné une partie de ses biens au Temple de Sériel, à la condition de vivre comme converse dans cette maison, c'est-à-dire d'y être logée, nourrie et vêtue, quitta la commanderie en 1302 et renonça ainsi à être défrayée de tout par le Temple, tout en se déclarant pleinement satisfaite, et en assurant les religieux du Temple qu'elle ne les inquiéterait jamais au sujet de sa donation.

M. de Curzon, dans « sa maison du Temple de Paris » n'a pas parlé des convers et converses du Temple. Il dit seulement qu'il y eut des donnés au Temple, la règle y faisant allusion. Nous supposons cependant que la maison de Paris, plus que toutes les autres a dû abriter un grand nombre de ces confrères du Temple, les uns habitant la maison comme convers, les autres se contentant d'une sorte de lien spirituel avec l'Ordre du Temple, d'une confraternité, qui leur donnait part au bénéfice des prières dites par les religieux du Temple.
Sources : Textes de Trudon des Ormes — Etudes Possessions de l'Ordre du Temple en Picardie — Amiens, Imprimerie Yvert et Tellier — 1893.

Notes

— 1 — Les Templiers ne faisaient même pas valoir toutes leurs terres, ils avaient des censiers, des hôtes et des vassaux. Parmi ces censiers il y avait des seigneurs, par exemple, et pour ne parler que de la Picardie, la noble dame Ydore des Autheux ; pour ce qui est des vassaux, nous citerons Eustache de Frettemeule, vassal de la commanderie de Beauvoir, près Abbeville ; ou encore Raoul de Brocourt , qui rendit l'hommage à la maison du Temple du Catelet.
— 2 — Du Cange, glossaire, au mot « Converis »
— 3 — Ex. pris dans du Cange au mot conversa « iv nonas Junii obiit domina Ermengardis Britanniae, conversa. »
— 4 — Règle du Temple. Ed, de Curzon. nº52 des règles latine et française.
— 5 — Sériel ; Somme, arr. de Doullens, canton d'Acheux, commune de Puchevillers.
— 6 — Raincheval ; Somme, arr. de Doullens, canton d'Acheux.
— 7 — Sans frais, eu égard à la donation faite par eux à la commanderie.
— 8 — Fonsommes ; Aisne, arr. et canton de St-Quentin. Ce lieu est sur la Somme.
— 9 — Forest-l'abbaye ; Somme, arr. d'Abbeville, canton de Nouvion-en-Ponthieu.

Sources : Textes de Trudon des Ormes — Etudes Possessions de l'Ordre du Temple en Picardie — Amiens, Imprimerie Yvert et Tellier — 1893.
Fonctions des fères
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