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Saladin, le plus Pur Héros de l'Islam

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    Renaud de Sagette et Saladin

    Renaud de Sagette Entre l'extrémité méridionale du Liban et le plateau de Galilée, sur les montagnes dominant la vallée du Litani, les Croisés avaient édifié une chaîne de forteresses qui se couvraient les unes les autres, menaçaient le territoire de Yatabeg le Damas et commandaient l'accès des routes du littoral menant vers Tyr et vers Sidon. La principale de ces forteresses, la plus inaccessible était celle de Beaufort (que les historiens arabes nomment Shokaîf-Arnûm). Renaud de Sagette s'y était enfermé dans l'attente des jours meilleurs après la chute le Jérusalem. Bâti à six cent soixante-dix mètres d'altitude sur m roc taillé à pic, le château de Beaufort pouvait défier les meilleurs grimpeurs musulmans autant de temps qu'il resterait m peu d'eau au fond de ses puits. Cependant, après avoir vu tomber autour de lui tant de places fortes réputées imprenables, Renaud de Sagette crut qu'il serait de meilleure politique de ruser avec l'ennemi et de lui refuser l'occasion de combattre. Cependant, en cet été de l'an 1189, Saladin amenait de nom-yeuses troupes au pied du château de Beaufort, faisant successivement occuper chaque sentier menant à sa poterne. Avant que fussent achevés les préparatifs d'investissement, Renaud de Sagette sollicita un entretien avec « le plus généreux, le plus loyal, le plus érudit adversaire des chrétiens. » Saladin voulut bien accueillir le comte avec les égards que 'on doit à un parfait gentilhomme, probe de cœur et de pensée ; il le pria à sa table et, pendant le repas, on échangea des mots aimables, et ces fastueuses politesses orientales qui ont parfois des douceurs de piment. Renaud connaissait les finesses de la langue arabe, ses ressources en images chatoyantes, et il sut sans effort conquérir l'esprit de Saladin toujours sensible aux dits des gens de qualité. Son secrétaire Beha ed-Dîn, qui assista à cet entretien, précise qu'il ne fut question, entre l'olive grasse des coteaux libanais et la pâtisserie aux pistaches de Damas, que des mérites des poètes de toutes les nations et des grâces que confèrent les religions musulmane et chrétienne. Choix heureux de propos sous les gueules des perrières du château de Beaufort et à l'ombre des mameluks corsetés de poignards... Il était assez rare de rencontrer en Orient un chrétien qui pût s'exprimer aisément en arabe syrien et le sultan fut flatté des connaissances de son hôte qui, disait-il, avait su attacher un docte musulman à sa cour afin que, aussitôt qu'il le désirait, il pût être instruit dans la religion de Mahomet... Très pieux, le sultan adorait les disputes théologiques, surtout lorsqu'elles étaient empreintes de courtoisie. Pour la première fois, il avait la joie d'avoir un chrétien érudit pour contradicteur, « dont les manières étaient vraiment séduisantes », écrit Beha ed-Dîn. Soudain l'astucieux comte de Sagette, encouragé par l'impression favorable qu'il avait produite, se jeta aux pieds de Saladin, l'appela son maître, prétendit qu'après tous les services qu'il avait pu rendre aux Francs, il n'avait ressenti que des déboires, et qu'il avait juré d'abandonner la cause de tant d'ingrats et de barbares. Après quoi, il demanda que Saladin lui réservât quelque asile retiré dans un château des environs de Damas, où il pût tranquillement finir ses jours avec sa famille et continuer ses chères études sur le Coran. A cette condition, il s'engageait à lui livrer la citadelle de Beaufort. Il demandait aussi qu'on lui laissât le temps de faire venir sa famille qui était à Tyr, sur laquelle les chrétiens auraient pu se venger en apprenant qu'il avait demandé un refuge à Saladin. Le Kurde ne faisait point un marché de dupes et il accepta de troquer l'imposante forteresse de Beaufort contre un castel damascène à patios. Pour entretenir l'amitié entre ceux de la vallée et les gens d'en haut, notre compère Renaud venait très souvent voir Saladin. Toujours au sujet du Coran... Il ne savait comment lui exprimer la joie qu'il ressentait à la pensée de vivre bientôt avec les siens sous le ciel enchanteur de Damas et tandis que Saladin, qui se croyait le plus malin, lui promettait tout ce qu'il voulait, Renaud faisait secrètement travailler ses hommes pour renforcer les défenses de Beaufort. Les musulmans finirent cependant par comprendre que l'on se jouait d'eux et que l'on perdait beaucoup trop de temps en politesses insolites. Saladin fit surveiller la forteresse de plus près et, malgré son ressentiment, il ne voulut point violer les lois de l'hospitalité. Il aurait pu faire arrêter et pendre Renaud de Sagette qui, croyant que ses projets n'avaient pas été devinés, revenait toujours, souriant, au camp des Infidèles. Contre l'avis de ses émirs, Saladin refusa d'arrêter son hôte. Il dissimula sa colère et se montra chaque fois plus aimable que jamais. Cependant, le jour convenu pour la reddition de Beaufort approchait. Quelque temps avant ce terme Renaud, descendu comme à l'ordinaire bavarder sur de pieux sujets avec son ami, trouva que ce dernier manifestait une certaine agitation. Les émirs murmuraient autour de lui. Il se hâta d'abréger un entretien qui ne lui disait rien que vaille et fut très étonné d'être renvoyé chez lui librement. A la réflexion, il pensa que ses soupçons n'étaient peut-être guère fondés et il revint, au jour fixé pour l'échéance, s'excuser de ne pouvoir livrer tout de suite la forteresse car sa famille n'avait pas encore quitté Tyr et, les routes étant peu sûres, il se voyait obligé d'envoyer quelques serviteurs armés au-devant d'elle pour la protéger en cours de route. Il demanda un nouveau délai de neuf mois. Saladin s'impatienta. Il somma Renaud d'exécuter ses engagements. Comprenant que la situation se gâtait, le sire de Beaufort pria qu'on le laissât partir afin qu'il pût faire ouvrir les portes de la place. Le sultan qui, cette fois, ne voulait pas le laisser s'enfermer dans la citadelle ni lui donner l'occasion de le narguer et de le combattre, le fit escorter jusqu'au pont-levis. Mais, parvenu là, après un bref entretien qu'il eut avec un officier de la garnison venu à sa rencontre, et sachant quel sort lui serait réservé, ce grand chrétien fit abaisser le pont-levis et il cria à ses gens de résister jusqu'à la mort. Il leur défendit de se rendre, leur promettant qu'ils seraient bientôt secourus par ceux du littoral. Il les exhorta à poursuivre une lutte sans merci. Reconduit devant Saladin, Renaud de Sagette fut chargé de chaînes et il partit, à pied, pour Damas, sous les huées des musulmans. Saladin était furieux. Il était stupidement resté inactif pendant trois mois devant un rocher, dans l'espoir de conquérir un château franc sans perdre un seul homme, et tandis qu'il discutait avec Renaud sur le point de savoir si le paradis de Mahomet était meilleur que celui des chrétiens, Guy de Lusignan, à la tête de sept mille hommes, reparaissait sur la scène politique.

    Saladin avait promis, lors de la reddition d'Ascalon, de remettre en liberté Guy de Lusignan ainsi que quelques-uns de ses compagnons de captivité dans un délai de huit mois. Ce terme étant arrivé, Saladin, avant de libérer l'ancien roi de Jérusalem, lui fit jurer sur l'Évangile de renoncer à son royaume, de retourner en Europe et de ne jamais plus tirer l'épée contre l'Islam. Lusignan jura. S'il faut en croire le poète normand Ambroise, Saladin ne croyait pas un mot de tous les serments que Lusignan pouvait faire. Mais, par l'effet d'une sage clairvoyance politique, il préférait lâcher Lusignan chez les chrétiens pour le cas où ceux-ci désireraient se donner un nouveau roi de Jérusalem dont les droits ne pussent être contestés. Il n'avait jamais eu beaucoup d'estime pour les capacités militaires de Lusignan. Il savait qu'il était « malchanceux », écrit notre poète, et qu'il n'était à la guerre, « ni âpre ni terrible. » Ce postulant au trône de Jérusalem était préférable à tout autre. Car il y avait toujours, dans Tyr, ce redoutable Conrad de Montferrat, prétendant à la couronne, habile et courageux, qui avait repris en mains les affaires de la chrétienté. Dès qu'il fut libre de quitter sa prison de Tortose, Lusignan se fit délier de son serment par un concile d'évêques, il rassembla quelques chrétiens qui s'étaient dispersés et il se rendit à Tyr pour prendre possession de la ville. Mais Conrad de Montferrat lui ferma la porte au nez, en lui faisant remettre un petit mot dans lequel il lui disait qu'il était « seulement le lieutenant des rois d'au-delà les mers et que ceux-ci ne l'avaient pas autorisé à lui donner Tyr. » Ainsi, le désastre de Hattîn avait fait table rase du passé. La dynastie de Jérusalem n'était plus qu'un souvenir et le trône de Jérusalem était un trône à prendre. Désormais, un droit nouveau serait créé par la reconquête de la Terre Sainte. Voilà qui nous explique pourquoi le marquis de Montferrat déclarait ne tenir Tyr que de lui-même, en attendant que le droit fût défini par les souverains de l'Occident, c'est-à-dire l'empereur germanique, le roi de France, le roi d'Angleterre, dont on attendait la venue. Chassé devant Tyr, Guy de Lusignan osa engager une campagne téméraire:
    Reprendre Saint-Jean-D'acre, admirablement bien fortifiée par les musulmans qui y possédaient une forte garnison. Avec les deux cents chevaliers du roi normand Guillaume II de Sicile, arrivés peu de temps auparavant à Tripoli, il entreprit l'une des plus folles et des plus héroïques expéditions de toutes les croisades, prenant un chemin dans une région qui était entièrement sous la domination des Ayyûbides. Cette marche, de Tyr d'où il est chassé à Acre imprenable, est une sorte de défi. « Les Francs, écrit Ibn al Athir dans son livre Kâmil al tewârikh, longèrent de très près le bord de la mer, sans la quitter, ni dans les plaines, ni sur les rochers, ni dans les défilés, ni dans les campagnes les plus spacieuses. Leurs vaisseaux voguaient sur la même ligne, et prêts à leur porter secours au moindre incident, où, en cas d'obstacle insurmontable, à leur permettre de se rembarquer. » Cette marche à pas de loup en plein pays ennemi témoigne d'une audace peu commune. Et le spectacle de cette poignée de rudes Normands longeant la mer pour aller attaquer la seconde place forte de la Palestine, conduits par un roi fantôme renié par la plupart de ses anciens sujets, ne manque pas de grandeur. Quels qu'aient pu être les reniements, les fautes passées de Guy de Lusignan, il n'en demeure pas moins vrai que, par cette action, il se montra un grand chrétien. Les musulmans se plaisent à citer en proverbe le grain de sable qui peut arrêter la roue de la fortune. Guy de Lusignan fut ce grain de sable qui bouleversa le cours des événements, ainsi que nous allons le voir.

    Lorsque Saladin apprit que les Normands venaient de traverser, à environ seize kilomètres d'Acre, le pont jeté sur le Ksimîyeh (ou Leontes), étaient entrés en contact avec quelques cavaliers musulmans chargés de garder le pont et les avaient massacrés, il comprit que la guerre n'était pas encore finie. Mais il ne pensait certainement pas que, pendant encore près de cinq ans, jusqu'à sa mort, il lui faudrait lutter, lever sans cesse de nouvelles recrues et que cette guerre allait provoquer un mécontentement croissant chez ses émirs qui se battaient depuis vingt ans déjà à ses côtés et se lassaient de cette guérilla contre les chrétiens, de cette guerre sainte qu'il fallait toujours recommencer. Ces héros se surprenaient à rêver à leurs pipes ; ils se souvenaient de parfums et de sucreries. A part les mercenaires payés pour mourir, les seigneurs de l'Islam s'inquiétaient d'avoir encore à combattre car, partout, les Francs se réorganisaient, reconstituaient leurs dépôts de munitions et de vivres, avec la patience et l'audace des vaincus. Ils prenaient même, ici ou là, l'offensive. En effet, le 22 juillet 1189, le sultan dut se rendre au château de Toron, qu'il avait pris aux chrétiens, et dont ces derniers cherchaient à surprendre la garnison. Cette forteresse, que les Arabes nommaient le « Château de l'Éminence isolée », avait été construit en 1105 par Hugues de Saint-Omer, prince de Galilée. Situé à 22 kilomètres à l'est de Tyr et à 900 mètres d'altitude, il constituait l'une des plus importantes défenses de la Palestine et les seigneurs du Toron jouèrent un rôle considérable dans l'histoire du royaume de Jérusalem. Tandis que l'on se défiait de part et d'autre, que l'on s'égorgeait au cours des embuscades et que les cavaliers, une vingtaine à la fois, se poursuivaient autour de l'inexpugnable citadelle, des événements bien plus importants allaient bientôt transformer en guerre impitoyable la guérilla des chevaliers. En effet, les premiers renforts envoyés par l'Occident arrivaient en Orient. Une escadre de 52 vaisseaux armés par le doge Aurio Mastroprieto débarquait à 8 milles au sud de Tyr des contingents de Vénitiens et de Pisans qui se joignirent bientôt aux forces de Guy de Lusignan dont le camp était installé sur une colline devant Acre, tandis que les vaisseaux du doge entreprenaient le blocus du port.

    Saladin avait été tenu au courant, jour par jour, de la marche de Guy de Lusignan, dont Beha ed-Dîn, bien informé, nous relate les étapes:
    le 26 août 1189, l'ancien roi de Jérusalem s'arrête à Aïn-Bassa, Basse-Poulaine des Francs, située à 12 milles au nord d'Acre et à 2 milles de la mer, pendant que son avant-garde prend position à Ez Zîz, l'antique Achzib de la tribu d'Aser, où le grand prêtre Hurcan eut les oreilles coupées, à 10 milles au nord d'Acre, sur la mer. Aussitôt, Saladin partit pour Acre avec une armée. Nous pouvons suivre, toujours grâce à Beha ed-Dîn, son compagnon de voyage, la route qu'il a prise:
    Le 27 août, descendant la vallée du Jourdain, il prend la route qui passe par Tibériade. Puis les musulmans « marchèrent jusqu'à El Hûla (lac de Hulêh). Le matin suivant, ils atteignirent Minya [ou Khân-Minyeh, sur la côte nord-ouest de la mer de Galilée] où ils apprirent que les Francs étaient arrivés devant Acre. »

    Le 29 août, Saladin arrivait à El Kharrûba, à 5 milles 1/2 au sud-est d'Acre où il prit position « dans le dos des Francs, sa droite appuyée sur la colline d'Al Ayâdiya et le Tell Berwé, son centre à Tell Keîsan, et sa gauche occupant Tell Da'wuq et touchant au fleuve d'Acre ou Nahr al Na'mein, de sorte que, vers l'est, le sud-est et le sud, les assiégeants se trouvaient à leur tour comme assiégés. » (R. Grousset, Histoire des Croisades.)

    Acre, Hacco de l'Ancien Testament, l'antique Ptolémaïs des Phéniciens, était autrefois une ville maritime fort prospère. Etienne de Byzance, géographe grec de la fin du Ve siècle après Jésus-Christ, qui composa un lexique géographique dont il subsiste quelques fragments, relate que les anciens Grecs prétendaient que le nom d'Acre lui venait de ce que Hercule, ayant été mordu par un serpent, n'avait trouvé sa guérison qu'en cet endroit, appelé pour cela Acca, du verbe grec qui veut dire: « Guérir. » Elle eut des maîtres biens différents:
    Le calife Omar la prit aux Grecs, et Baudouin Ier, roi de Jérusalem, la reprit en 1104 aux musulmans. Saladin s'en était emparé, après la fameuse bataille de Hattîn. Bâtie sur les bords de la Méditerranée, à l'ouest d'une vaste plaine, c'était, à l'époque qui nous intéresse, une belle et grande ville commerçante et très peuplée. Son port, commode pour la navigation, des fossés larges et profonds, une double enceinte de murailles flanquées de grosses tours de distance en distance en faisaient l'une des places les plus importantes de la Palestine. De forme presque triangulaire, elle s'élargissait du côté de l'est et se rétrécissait vers l'ouest. Du sud au nord, les deux tiers de la ville étaient baignés par la mer. Le port, construit en l'an 250 de l'hégire par un sultan d'Egypte, était gardé par une tour appelée Tour des Mouches parce que c'était là que l'on y nettoyait les viscères des victimes dont l'odeur attirait les mouches ; il était fermé, comme la plupart des ports à cette époque, par une chaîne que l'on abaissait où que l'on tendait à volonté. Les ruines d'un ancien temple, que les chrétiens prétendaient avoir été édifié en l'honneur de saint Jean, et que les musulmans revendiquaient pour un des leurs, le patriarche Salîh, conférait une sorte de sainteté à cette ville. A l'est se trouvait un château nommé la Tour Maudite parce que c'était là, selon une légende qui trouva quelque temps son crédit, que furent estampillés les trente deniers grâce auxquels Judas put vendre son maître. Sa plaine s'étendait sur quatre lieues. Elle était bornée au sud par le mont Carmel que le séjour de Pythagore et la retraite du prophète Élie ont rendu fameux, au nord par le mont Saron, ou Échelle des Tyriens, à l'est par les derniers contreforts des monts de Galilée. Le fleuve Bélus, appelé Nahr Na'mein par les Arabes, vient se jeter dans la mer non loin de la ville, à l'est.

    Devant cette ville, pendant près de trois ans, l'Islam et la chrétienté allaient se porter des coups terribles, s'affronter en une lutte parfois sauvage, parfois chevaleresque. On allait s'égorger en se hurlant des injures et s'offrir à l'occasion les neiges du Liban qui calment les fièvres. Les épisodes de combats cruels vont alterner avec des scènes gracieuses, tant que cette guerre durera entre toutes les nations de l'Orient et celles de l'Occident...

    Au lieu de compter à Acre, comme il le croyait, quelques centaines de chrétiens fanatiques mais trop peu nombreux pour qu'il s'en inquiétât, Saladin se trouva devant 2.000 cavaliers et 30.000 hommes de pied environ. Et de nouvelles troupes franques débarquaient sur la côte libanaise. 500 navires venus du nord de l'Europe passaient le détroit de Gibraltar le Ier septembre avec 12.000 Danois et Frisons. Ces alliés inattendus étaient des gens, écrit l'auteur anonyme de l'Itinerarium Ricardi, « auxquels la rigueur du climat natal donnait une force particulière, et que rendait propres à la guerre la triple qualité d'une taille gigantesque, d'un courage indomptable et d'une foi ardente. » Une flotte anglo-normande conduite par l'archevêque de Cantorbéry, le duc de Guise et Jacques d'Avesnes débarquait à son tour avec des Anglais, des Français impatients de se battre. Le landgrave de Thuringe et ses Allemands étaient bientôt suivis du duc de Gueldré ; de Robert II, comte de Dreux, de Thibaud, comte de Chartres; d'Etienne, comte de Sancerne ; de Raoul, comte de Clermont ; de Philippe, évêque de Beauvais ; d'Érard et André de Brienne ; de Guillaume, comte de Châlons-sur-Saône ; de Geoffroi de Joinville, sénéchal de Champagne ; de Guy de Dampierre ; d'Anséric de Montréal ; de Guy de Chatillon-sur-Marne ; de Gaucher III, son frère, célèbre par la suite sous le nom de Saint-Paul.

    Toute la chevalerie champenoise était présente à Acre. Et ces forces, ne l'oublions pas, ne représentaient que l'avant-garde envoyée par l'Occident latin, avant-garde qui allait être bientôt suivie par les armées des rois de France et d'Angleterre. Et Frédéric Barberousse était en marche avec ses cent mille Germains.

    Le landgrave de Thuringe et le duc de Gueldre, aussitôt après leur arrivée à Tyr, persuadèrent Conrad de Montferrat d'oublier ses querelles avec Guy de Lusignan, ainsi que ses soucis dynastiques, et de se joindre à tous sans aucune arrière-pensée, afin de contribuer loyalement à la reconquête de Jérusalem. Conrad accepta de ne point faire valoir pour l'instant sa candidature à la couronne et, le 24 septembre, il arrivait à son tour, avec ses Templiers, ses Hospitaliers, ses Lombards, ses Vénitiens, ayant à leur tête les archevêques de Pise et de Ravenne, devant Saint-Jean-d'Acre.
    Saladin, de son côté, fit appel à ses alliés, Mozaffer ed-Dîn et Melek el Mozaffer, prince de Hama.
    Sources: Saladin le plus pur Héros de l'Islam — d'Albert Champdor — Editions Albin Michel; 1956

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