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Procès des Templiers par
M. Lavocat, Raymond Oursel, SÈVE Roger et Anne-Marie
FARVREAU Robert. Divers actes

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PRÉFACE
Le 13 octobre 1307, sur l’ordre de Philippe le Bel, tous les templiers du royaume de France étaient arrêtés. Ce fut donc le cas des templiers d’Auvergne et du Limousin, dont les maisons étaient fort nombreuses. Après les Etats généraux de Tours de mai 1308 et les négociations qui s’ensuivirent à Poitiers entre les gens du roi et le pape Clément V, un double procès s’engagea : l’un, contre l’ordre lui-même, mené par des commissaires pontificaux et qui devait aboutir à la décision de suppression prise au concile de Vienne de 1312; l’autre, contre les personnes, confié à des commissions diocésaines à qui le pape en juillet 1308 avait donné mission de mener des enquêtes et de prononcer des sentences de condamnation ou de réconciliation. Seule la procédure menée dans le diocèse de Nîmes en juin-juillet 1310 avait fait, dès 1750, l’objet d’une publication ; Michelet, de son côté, avait édité un autre procès conduit dans un autre contexte politique à Elne en janvier 1310. Le procès instruit dans le diocèse de Clermont contre les templiers d’Auvergne et du Limousin était demeuré inédit. Conservé dans un long rouleau original, il était du plus grand intérêt vu sa date précoce (juin 1309) et le fait que la procédure reposait sur l’évêque Aubert Aycelin, qui n’était autre que le neveu du cardinal Gilles Aycelin, le conseiller du roi, bien connu par son attitude dans l’affaire des templiers. En outre, plus de 60 frères avaient longuement déposé, dont 49 d’Auvergne et 17 du Limousin, et parmi eux 9 commandeurs. Enfin un certain nombre d’entre eux avaient été ultérieurement amenés à Paris et l’on avait la chance exceptionnelle de pouvoir comparer les dépositions faites à ce moment à celles qu’ils avaient faites antérieurement.

Le Procès des templiers d’Auvergne aurait dû paraître il y a déjà longtemps. En effet, c’est dès 1963 qu’au 88e Congrès national des sociétés savantes tenu à Clermont-Ferrand (et à l’organisation duquel il avait pris une part essentielle) Roger Sève avait présenté cette documentation. Aussitôt le Comité des travaux historiques et scientifiques lui avait demandé d’assurer la publication de l’ensemble d’un dossier qui jette bien des lumières sur certains aspects de l’ordre du Temple. Mais Robert Fawtier lui avait, en outre, demandé d’éditer simultanément divers autres documents inédits concernant les procès des templiers, tant ceux des Archives nationales que d’autres existant notamment à Oxford et à Barcelone. Roger Sève a alors beaucoup travaillé à cette publication, mais ses tâches de conservateur en chef des Archives d’Auvergne ainsi que diverses autres activités l’ont empêché de mener à bonne fin l’édition attendue. Après sa disparition brutale, sa fille Anne-Marie Chagny-Sève, qui avait suivi vers l’Ecole des chartes la voie qu’il avait tracée et qui avait elle-même consacré sa thèse en 1973 à l’histoire du chapitre cathédral de Clermont au Moyen Age comme son père l’avait fait en 1947 à celle de la seigneurie épiscopale de Clermont, a repris l’ouvrage abandonné. Elle l’a fait par piété filiale certes, mais avec la conscience de l’historien qui a compris l’intérêt d’une telle source tant pour l’histoire de l’Auvergne que pour celle d’un ordre religieux qui pose encore bien des questions en dépit de tant de travaux qui lui ont été consacrés.

Le Bulletin philologique et historique qui, depuis la publication des Actes des congrès des sociétés savantes en séries de volumes distincts, recueillait les mémoires ou articles divers présentés hors des « thèmes généraux » de ces congrès, devait publier l’ouvrage. Mais ce Bulletin, par le caractère nécessairement hétérogène de son contenu, n’était pas sans poser certains problèmes au Comité des travaux historiques : profitant de la réorganisation de celui-ci en 1983 et de la nouvelle dénomination de sa « Section d’histoire médiévale et de philologie », il a été décidé de mettre fin à sa publication : le dernier volume a donc recueilli, sous la date de 1982-1984, les derniers travaux. Une nouvelle série lui fait suite : Mémoires et documents d’histoire médiévale et de philologie. Celle-ci sera formée de volumes dont les uns donneront une édition documentaire accompagnée d’une introduction qui pourra être plus ample que celle qui est en usage dans la Collection de documents inédits sur l’histoire de France, et dont les autres réuniront plusieurs éditions ou mémoires dont l’étendue ne serait pas suffisante pour donner lieu à l’impression d’un volume distinct de cette collection tout en dépassant notablement celle qui est normalement d’usage pour les articles de revue.

Il a été jugé souhaitable d’ouvrir cette nouvelle série des collections centenaires du C.T.H.S. par la publication du Procès des templiers d’Auvergne en raison de son intérêt exceptionnel. Les auteurs l’ont fait précéder d’une ample introduction le replaçant dans l’ensemble de la documentation jusqu’ici publiée et dans le cadre de l’installation des templiers dans le centre de la France, dont le tableau précis des établissements est à cette occasion dressé. La procédure fait l’objet d’une analyse méthodique qui facilitera l’utilisation des pièces du procès. Mais surtout les dépositions de chacun des intéressés — qu’il ait accepté en tout ou partie les accusations dont l’ordre était l’objet ou bien qu’il les ait rejetées — y sont soigneusement pesées. Elles le sont spécialement sur les points qui depuis longtemps ont attiré l’attention des historiens et retenu la curiosité d’un large public : les dépositions ont-elles été arrachées sous la torture ? Comment se faisaient les cérémonies de réception dans l’ordre, qui prenaient l’aspect d’un véritable rite d’initiation ? Y avait- il vraiment alors crachat ou miction d’urine sur le crucifix ? Ou encore adoration d’idoles et pose sur les reins d’une cordelette qui les aurait touchées (alors qu’il s’agit visiblement d’un instrument de pénitence en signe de chasteté) ? Le rite se concluait-il par un baiser donné sur le nombril (voire la verge) du récepteur par le récipiendaire? Dans quelle proportion la sodomie était-elle pratiquée par les frères et sous quelle forme ? On ne pourra plus parler de ces questions et de bien d’autres reproches faits à l’ordre sans se reporter désormais à l’analyse — quantitative et qualitative — qu’en a faite Anne-Marie Chagny-Sève, qui a, en outre, procédé à la confrontation systématique des dépositions faites par les intéressés en diverses circonstances devant plusieurs juges ou enquêteurs différents, et étudié, de plus, le cas particulier du commandeur d’Auvergne, Humbert Blanc, qui, ayant été arrêté en Angleterre où il se trouvait en mission, a vu son procès s’instruire outre-Manche et qui a jusqu’au bout défendu l’ordre.

L’ouvrage a été rendu parfaitement utilisable par l’établissement d’un index des mots typiques renvoyant sur chacun des points de l’accusation à la déposition de chaque frère, et par la rédaction d’une notice biographique, aussi complète que possible, sur tous les templiers dont le nom se trouve cité dans les documents.

Il s’agit donc, après tant d’études sur les templiers, trop souvent détachées des textes et flattant simplement la curiosité des lecteurs, de l’édition et de l’étude d’un des plus importants dossiers sur les procès qui furent alors faits à des hommes dont la mentalité continue à nous dérouter. Comme en bien des communautés d’hommes refermées sur elles-mêmes — mais vivant ici au contact de certaines réalités « orientales » — il apparaît peu contestable que des dérives se produisirent et que des amitiés particulières prirent naissance entre certains membres, tandis que d’autres conduisaient une vie plus conforme à la dignité de leur ordre. En tout cas, le Comité des travaux historiques et scientifiques est heureux d’ouvrir par ce volume sa nouvelle série de Mémoires et documents d’histoire médiévale et de philologie.

Robert-Henri BAUTIER, Membre de l’Institut Secrétaire de la Section D’histoire médiévale et de philologie du Comité des travaux historiques et scientifiques.

AVANT-PROPOS
A la fin de l’introduction de sa thèse, Georges Lizerand écrit : « Du côté de la France, les explorations essentielles semblent bien terminées; on pourra faire des trouvailles, il est douteux que l’on fasse des découvertes » (1). Et de fait, la recherche des documents relatifs à l’histoire de l’ordre du Temple et à sa fin, a été consciencieusement et activement menée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Presque tous les documents essentiels ont été publiés. Cependant, il en manquait au moins un, déjà utilisé mais d’une façon partielle : l’interrogatoire mené par l’évêque de Clermont en juin 1309. C’est ce document que j’ai entrepris de publier et de présenter. Il a fait l’objet d’une communication au 88e congrès des sociétés savantes de Clermont- Ferrand, devant mon ancien maître Georges Tessier et le professeur André Bossuat, qui l’un et l’autre ont bien voulu me témoigner leur amitié.

Le Comité des Travaux historiques et scientifiques a bien voulu prendre cette publication dans une de ses collections. Mais, avant son décès, Robert Fawtier avait exprimé le vœu qu’y soient joints les autres documents du procès encore inédits (2).

Il me reste à remercier les membres de la Section d’Histoire médiévale et de Philologie pour avoir accepté de patronner cette édition, mes confrères qui m’ont facilité la tâche, Melle Yvonne Lanhers, MM. Bernard Mahieu, François Maillard et Etienne Taillemite.
Je dédie ce travail à la mémoire des trois éminents historiens décédés qui avaient bien voulu s’y intéresser.
Roger Sève, 1972.

1. Clément V et Philippe le Bel (Paris, 1910), p 30.
2. Ce projet n’a pas été retenu pour la présente édition. Les documents conservés aux Archives nationales sous la cote J 413, n° 14 à 17, 19 à 21, 23, 25, et aux Archives de Barcelone sous la cote Archives de la Couronne d’Aragon, 2486 A, B, C, ont été transcrits par Roger SEVE et feront l’objet d’une publication ultérieure.


A sa mort, Roger Sève laissait un travail inachevé. Une transcription soigneuse qui n’a demandé qu’une révision, a permis l’établissement et l’annotation du texte.
Un projet d’introduction était inégalement avancé, l’ensemble a dû être complètement refondu. Certaines parties étaient déjà presque entièrement rédigées : la place des enquêtes épiscopales, l’utilisation antérieure du texte, l’analyse des dépositions de 1309, la comparaison de celles de 1309 et 1311 ainsi que l’étude du rouleau 4 de Baluze.
Des notes précises, voire des passages rédigés, m’ont aidée à mettre au point l’analyse du document, les enquêtes antérieures et le déroulement de l’enquête.
Quant aux parties relatives aux templiers en Auvergne et Limousin, à la défense de l’ordre, au destin des frères et au procès d’Humbert Blanc, le travail était à peine ébauché ; de même pour les notices et index.
Mes remerciements s’adressent tout particulièrement à M. Robert- Henri Bautier, membre de l’Institut, professeur à l’Ecole des Chartes, qui a accepté de suivre la mise au point de ce travail et dont les conseils ont été précieux.
Je remercie également M. Jacques Monfrin, membre de l’Institut, directeur de l’Ecole des Chartes, Mlle Francine Leclercq, Conservateur en chef des archives de la région d’Auvergne, directeur des services d’archives du Puy-de-Dôme, Mme Geneviève Hasenohr, directeur de recherche au C.N.R.S., M. Anne-Marie Legras, attachée à l’I.R.H.T., et tous mes confrères sollicités qui ont toujours répondu avec une grande bienveillance.
Que tous et toutes veuillent bien trouver ici l’expression de ma profonde gratitude.
Anne-Marie Chagny-Sève, 1984.

On ne trouvera pas ici d’indication bibliographique sur Philippe le Bel et son temps. Ne sont indiqués que les ouvrages qui ont directement été utiles à ce travail ; les articles ou les ouvrages qui ne concernent qu’un point particulier de cette étude, ou qui se rapportent aux notices biographiques, sont indiqués dans les notes.

Description du document
Ce rouleau, primitivement constitué de 18 peaux de parchemin, avait une longueur de 13,30 mètres et une largeur d’environ 50 centimètres. A chaque couture reliant les peaux de parchemin, in juncturis membranarum sive pellium, les notaires Etienne Bourdon et Audin Boyer ont, ainsi qu’ils l’indiquent dans leur souscription finale, apposé leur seing manuel respectivement du côté gauche et du côté droit (2). Il se trouve actuellement découpé en trente-six feuilles (3), dont la dernière est restée vierge.
Les six premiers feuillets ont souffert d’importantes détériorations et le parchemin en est percé de trous ; les deux premiers feuillets sont largement déchirés de chaque côté, si bien que des fragments ont complètement disparu, tandis que les parties subsistantes comportent des trous ; le troisième est déchiré du côté gauche ; l’état des trois feuillets suivants est meilleur ; à partir du folio 7, le manuscrit est en bon état (4).

Au dos du premier feuillet se lisent d’anciennes cotes (5): « n° 5, Baluze 698 », un titre : Articuli et informatio facta per dominum episcopum Clarornentensem contra Templarios, et encore cette mention écrite dans l’autre sens : 1309 Arbertus episcopus Claromontensis Au dos du folio 36, apparaissent, à gauche, un autre titre plus développé : Informatio facta per episcopum Claramontensem et quosdam alios delegatos a pape Clemente contra magistrum, preceptorem et alios fratres ordinis milicie Templi Ierosolimitani, qui contra dominum nostrum Jhesum Chrystum in scelus apostasie nefandum, detestabile idolatrie vicium, execrabile facinus sodomorum et in varias hereses erant lapsi, CCCIX et, à droite, une cote d’archives : C La XVII, le tout d’une écriture de la fin du XVIe siècle.

Le manuscrit a été annoté à plusieurs reprises, mais aucun élément ne donne d’indication sur l’identité de ces lecteurs ; les traces et corrections diverses qu’ils ont laissées, concernent essentiellement la langue et ne permettent pas de déduire l’objet de leur recherche dans ce document.
Dans les deux premiers folios, on voit quelques mots soulignés, quelques lettres récrites. Dans la marge gauche du folio 2, deux mentions sont assez effacées : datu, en face de la date de la bulle de Clément V et Arbertus Aycelin (6), 1309 en face des lettres de citation.
Un lecteur du XVIIe siècle a fait plusieurs additions :
Au folio 3, à gauche, on lit « lettres aux vicaires de Vertaison », puis, au-dessous, « au vicaires de Montferrand, de Riom », en face des textes qui leur sont adressés.

Au fol. 4, dans la marge gauche, face à l’énumération des templiers, est écrit « 68 templiers prisonniers, 19 in inquisitione auditus » ; dans cette liste, les noms des templiers sont surmontés d’un numéro d’ordre, de 1 à 68 (7). Dans cette même marge, sous le seing manuel d’Etienne Bourdon, on lit tertia pellis, notation d’ailleurs exacte.
Au début du questionnaire d’enquête, le mot articuli a été suscrit à Isti sunt articuli par ce même lecteur qui a également numéroté les questions en commettant plusieurs erreurs : certains numéros sont répétés deux fois (20, 24, 31, 35, 57, 60) ; la numérotation de deux questions a été omise (correspondant aux actuels numéros 56 et 84). Dans l’édition de ce passage, une numérotation continue a été rétablie (8).

Dans le procès-verbal de l’interrogatoire, les témoins sont numérotés dans la marge de gauche par le même lecteur (9). Leurs noms sont soulignés ainsi que, entre les fol. 5 et 12, quelques points de leur déposition : de illo cato, osculatus, Christum abnegare par exemple. De même tous les numéros d’articles, de la première déposition jusqu’à la sixième sont soulignés, voire notés dans la marge pour les deux premiers témoins.
Diverses corrections ont été apportées au texte. Certaines, contemporaines de la rédaction du texte, ne sont que de simples rectifications d’erreurs commises dans la copie des notes :
Mots exponctués, fautes d’orthographes (antraret) ou de syntaxe (qui corrigé en que, alia en alio, est en esse, sanguinis en sanguis) — pour citer quelques exemples — qui se traduisent par des surcharges, des additions ou des grattages. Quelquefois une erreur de lecture a conduit à transformer un mot : proximo en primo (14 7, 19 13), in mago en Ymago (32 1), respondit en respondens (33 1) ; la correction est parfois restée incomplète, ainsi recepit a été corrigé en recepere et non recipere (32 1).
Un autre lecteur du XIVe siècle a récrit certains mots, ajouté quelques lettres ou mots omis :
Ainsi r de perterritus (17 1), b de substande (18 11), c de cinctam (16, 36), de de declaratum (35 15) par exemple, ou, presque systématiquement à l’article 14, c de acquirere (1, 4, 7, 10, 18) ; des mots manquants ont été ajoutés : quod (4, 33), que (14), non confiterentur (11 12) adhuc (15 4) quod cum intelligebatur (20 9) fratres (23 8) sibi (33) articulo (37, 5, 38 10) citra (37, 10) interrogatus (37 fin) mare (38, 10) sunt (39 fin). Enfin quelques fautes sont corrigées, hoc erant devient her erant (36 9), precepit precipit (37 fin).
D’autres corrections sont le fait du lecteur du XVIIe siècle — sans doute celui qui a numéroté les témoins — qui a annoté le procès- verbal jusqu’au témoin 20.

Des mots ou lettres ont été récrits, des tildes ajoutés, des abréviations développées, des mots exponctués ou grattés (quod 1, 11, quorum 6 fin), ajoutés (ipsum 3 1, de devant conculcationem 8 2) ou transformés (de omnibus en omnes 1 7, quodam en quedam 3 10, cohoperto en cohoperta 4 6, per recipientem sur grattage, 6 6, juramentum suum en juramenta sua 11 15). Deux mots ont été systématiquement repris : dans la réponse à l’article 7, laxiori est corrigé en laetiori (1, 2, 4, 15) et dans l’appréciation du comportement du témoin, vaxillavit devient vaccillavit ou vacillavit 3, 4, 7, 9, 13, 18). Dans la suite du texte, on trouve indifféremment laxiori et vaxillare.

Ce lecteur a en outre restitué des mots là où le manuscrit présentait des lacunes, par exemple dans le texte du questionnaire [pro R]edemptione (art. 7) [fratres] (art. 46), [item] (art. 57) ou bien dans les dépositions [super ter] tio (1, 3).
A la fin du procès-verbal, dans les dépositions des témoins qui nient, d’autres corrections, d’une encre noire, sont d’une écriture du xive siècle ; elles tendent à améliorer la qualité ou la clarté de la langue :
Fuit professus dicti ordinis devient in dicto ordine (45, 66), Franco devient Francone (48), osculatus fuit remplace vraisemblablement osculabatur (52, 68) et tradita fuit, tradebatur (67) ; Arvernie est transformé en in Arvernia (51), ordinis en ordine (62), imponi en imponere (68). L’orthographe de plusieurs mots a été modifiée : c ajouté à cinctam (42, 68), s à strictiori (52, 58, 65, 68), x sur grattage à laxiori (52, 58, 62, 65, 68). Enfin, des mots ont été ajoutés dans le cours du texte afin d’en faciliter la compréhension : sunt, sibi, predicti (47), suam (48), contentis (50), sibi (51), ipsis articulis (52), diocesis claromontensis (55, 57), quod (62), d’Isde (63), fratribus, aut (69).
Toutes les corrections du XIVe siècle ont été incorporées à l’édition sans indication particulière lorsqu’elles rectifiaient des erreurs de copies ou des oublis sans que le sens de la phrase initiale s’en trouve modifié.

La langue du document ne présente aucune difficulté particulière ; un tour de phrase peut toutefois arrêter, car l’emploi des pronoms est peu clair ; on rencontre fréquemment l’expression recipiens ipsum dixit sibi (17 6), ou recipiens eum sibi injunxit (23 9), ou encore ille qui recepit ipsum injunxit ei et dixit sibi (7, 9, 24 9) ou d’autres formules analogues. Le sens s’éclaircit grâce à la tournure que l’on rencontre rarement : recipiens ipsum loquentem dixit ipsi loquenti quod... (14 4, 25 4).
Ce document devait être scellé ainsi que l’annoncent les souscriptions finales, mais on ne distingue aucune trace de sceau.


Utilisation antérieure de ce texte
Le document n’est pas inconnu. On peut rappeler, puisque M. Dessubré le mentionne (10), que la bibliothèque de Clermont possède dans les manuscrits de Dulaure, non pas comme le dit le bibliographe des templiers « une traduction et copie », mais des extraits faits par cet érudit, extraits fort incomplets où latin et traduction française sont mélangés (11). Ce manuscrit n’offre donc guère d’intérêt.
Le procès-verbal a été également utilisé par plusieurs auteurs mais d’une façon discutable et incomplète ; il n’est pas utile d’en faire un relevé complet. Il suffira de citer les travaux de H. Prutz, M. Boudet et H. Bouffet.
L’historien allemand Hans Prutz, dans son ouvrage bien connu sur les templiers, donne à l’appendice VI (12) des extraits de procès français contre les templiers qui sont tous des textes de la première phase de l’affaire, à l’exception de celui de Clermont. Il utilise, dans cet appendice, notre manuscrit mais ne l’édite pas totalement et confond sous le titre « Clermont 1309 » les deux rouleaux conservés dans le manuscrit Baluze 395 (13). Il cite d’abord la bulle de Clément V, donne ensuite le préambule et la date du premier acte de l’évêque de Clermont transcrit dans le document, et indique que plusieurs actes notariés suivent. Puis il édite la liste des comparants du 4 juin, telle qu’elle est donnée (14) avant la liste des articles de l’interrogatoire, avec une double numérotation : une première numérotation dans l’ordre de la liste (15) et une seconde, donnée après le nom, qui correspond à l’ordre de l’interrogatoire de H. Prutz ne décompte d’ailleurs que soixante-huit templiers au lieu de soixante-neuf (17). Il signale ensuite qu’après cette liste des comparants, vient celle des articles sur lesquels ils seront interrogés. Puis il fournit des données sur l’interrogatoire de chacun des templiers, consistant au mieux en :
1° des renseignements incomplets (18) sur la réception du comparant.
2° quelques passages des dépositions faites, le reste étant résumé d’une façon parfois inexacte
3° des indications sur les réceptions auxquelles le comparant a assisté
4° souvent la mention finale sur l’attitude du comparant. Mais, dans au moins la moitié des cas, il se borne à fournir les seuls renseignements concernant les réceptions (19).
Il termine en transcrivant le texte de la comparution du 10 juin. Les nombreuses erreurs de lecture, portant non seulement sur beaucoup de noms propres mais aussi sur d’autres passages, et les choix d’extraits non justifiés rendent le travail d’H. Prutz très insuffisant.
H. Prutz a été ignoré de M. Boudet et de H. Bouffet (20). Tous deux pourtant commettent, comme lui, l’erreur d’attribuer le rouleau 4 de Baluze à l’enquête de Clermont (21).

C’est dans son étude sur Eustache de Beaumarchais que M. Boudet, à propos d’un testament de 1280 où figure un legs aux templiers, entreprend de parler de ceux-ci. Son titre seul : Rôle des templiers d’Auvergne dans les pratiques sacrilèges de l’ordre révèle son sentiment. Il s’appuie uniquement sur les dépositions des templiers qui avouèrent et fait avec leurs éléments, sans paraître avoir le moindre doute sur leur valeur, une description des réceptions conforme au questionnaire d’enquête. Ces « pratiques sacrilèges » qui, selon lui, constituent les « petits secrets » de l’ordre, étaient fort courantes : « il y a une telle abondance dans les enquêtes de Clermont en 1309..., et devant la commission de Paris l’année suivante qu’ils ne peuvent être révoqués en doute ». L’érudit auvergnat va plus loin et parle de grands secrets qui auraient eu « trait à un plan de rupture avec l’Eglise catholique » (22).

On retrouve là les défauts de cet érudit : respect des documents certes mais sans toujours assez de critique, imagination excessive et manque de précision qui se révèle à une multitude d’erreurs de détails.

Un autre érudit auvergnat, l’abbé Bouffet, dans son étude sur Les templiers et les hospitaliers de Saint-Jean en Haute-Auvergne, s’occupe des templiers comme introduction à l’étude des hospitaliers, mais se réfère néanmoins à l’enquête épiscopale de 130 9 (23) dont il paraît avoir eu une connaissance sommaire d’où plusieurs erreurs, par exemple, sur la composition de la commission diocésaine. Il semble pourtant faire preuve d’un peu plus de sens critique que M. Boudet puisqu’il écrit : « Ce qu’il y a de curieux dans ces dépositions, c’est l’identité des accusations et l’assurance presqu’inconsciente des chevaliers (24)... Aucun n’apporte de preuves matérielles... Rien que des accusations vagues et qu’on ne trouve comme par hasard, que sur les lèvres des templiers qui eurent le malheur de tomber entre les mains du roi de France. La question et la torture ne seraient-elles pas pour quelque chose dans ces aveux déshonorants pour l’ordre ? » (25).


Les enquêtes épiscopales
Leur place dans la procédure contre les templiers.
Pour apprécier ce document il est nécessaire de rappeler les grandes étapes de l’affaire des templiers (26). Sans entrer dans ses préliminaires, énumérons brièvement les dates essentielles :
— 13 octobre 1307 : arrestation de tous les templiers de France sur ordre, tenu secret, du roi Philippe le Bel.
— octobre-novembre : interrogatoire des templiers par les gens du roi et les inquisiteurs ; aveux de plusieurs dignitaires de l’ordre, dont le grand-maître Jacques de Molay.
— 22 novembre 1307 : bulle Pastoralis preeminentie, de Clément V, enjoignant aux princes chrétiens l’arrestation des templiers de leurs Etats ;
— février 1308 : suspension par le pape de la procédure menée par les inquisiteurs et les évêques ;
— mai 1308 : réunion des Etats généraux de Tours ;
— mai à juillet 1308 : négociations de Philippe IV et de Clément V à Poitiers, à l’issue desquelles sont distinguées deux sortes de crimes : ceux de l’ordre du Temple et ceux de ses membres, d’où deux sortes de procédure :
— les unes contre l’ordre : des commissions pontificales sont appelées à réunir dans chaque Etat les documents propres à éclairer le Concile œcuménique, qui devra décider du sort de l’ordre ;
— les autres contre les membres de l’ordre : les enquêtes entamées par les évêques et les inquisiteurs, auxquels le pape avait rendu connaissance de l’affaire le 5 juillet, doivent être poursuivies ; au vu des résultats, des conciles provinciaux jugeront les personnes ;
— 12 août 1308 : bulle Faciens misericordiam, instituant les commissions pontificales et épiscopales ;
— 1309 et 1310 : sessions des diverses commissions diocésaines ;
— 11 mai 1310 : condamnation comme relaps par le concile provincial de Sens de cinquante-quatre templiers qui avaient rétracté leurs aveux précédents ; ils sont brûlés le lendemain ;
— 1309 à 1311 : sessions de la commission pontificale d’enquête pour la France ;
— octobre 1311 : ouverture du concile de Vienne chargé de régler le sort de l’ordre du Temple ;
— 3 avril 1312 : bulle Vox in excelso, supprimant l’ordre du Temple par « voie de provision », avec l’approbation du concile ;
— 2 mai 1312 : bulle Ad providam, décidant la remise à l’ordre de l’Hôpital des biens du Temple ;
— 6 mai 1312 : bulle Considerentes dudum, ordonnant aux conciles provinciaux qui ne s’étaient pas encore prononcés sur les personnes de Tordre, de poursuivre leur tâche en usant de miséricorde envers ceux qui avaient avoué et en appliquant les règles canoniques aux impénitents.
— 22 novembre 1312 : remise à une commission de trois cardinaux du jugement des dignitaires, que s’était réservé le pape ;
— 19 mars 1314 : sentence condamnant les dignitaires à la prison perpétuelle ; rétraction de Jacques de Molay et Guillaume de Charnai, immédiatement suivie de leur condamnation au bûcher par le conseil du roi, et de leur supplice.
Les décisions prises à Poitiers marquent un moment important de l’affaire puisque les interrogatoires suspendus allaient être repris et l’on peut distinguer, comme l’a fait Charles-Victor Langlois (27), deux phases : l’une antérieure à l’été 1308 et l’autre, qui suit cette date.
La procédure engagée contre les templiers a fait l’objet d’une étude critique de G. Roman (28) ; il fait remarquer que le rôle assigné aux évêques par la bulle Subit assidue, du 5 juillet 1308, s’écarte du droit commun sur trois points : d’abord « Clément V restreignait les pouvoirs des ordinaires, puisque les sentences contre les personnes devaient être prononcées par les conciles provinciaux. Cependant, les évêques conservaient le pouvoir d’absoudre et de réconcilier les pénitents, ce qui ressortissait au prononcé de la sentence. Les conciles provinciaux restaient chargés d’appliquer les peines canoniques ». D’autre part, leur compétence ratione personae se trouvait élargie puisque « les templiers n’étaient en principe justiciables que de l’ordre lui-même et du pape ». Enfin, les règles de la compétence territoriale étaient assouplies, le pape ayant autorisé les ordinaires à agir contre des templiers ressortissant à d’autres diocèses. Il leur avait même permis d’enquêter en dehors de leurs circonscriptions (29).
Cette longue affaire qui a duré plus de quatre ans, a provoqué l’établissement d’un grand nombre de documents que G. Lizerand a groupé en classes « correspondant souvent chacune à un moment de la procédure » (30). On peut adopter les mêmes distinctions :

Sont de la première période de l’affaire
1° les premiers documents émanant de la chancellerie du roi de France, qui consistent en un réquisitoire suivi d’instructions relatives à l’arrestation des personnes et au séquestre des biens de l’ordre, documents rédigés en grand nombre dont quelques exemplaires sont conservés.

2° des inventaires des biens des maisons de l’ordre, peu nombreux ; pour l’Auvergne, subsiste celui de Palluet (31).

3° les procès-verbaux des interrogatoires de cette première phase, de deux sortes : les premiers, conduits par les agents du roi, nous sont rarement parvenus (32) ; ceux qui suivirent, menés par l’inquisiteur de France ou ses commissaires, sont plus nombreux.

4° toute une série de documents étrangers à la procédure comprenant, entre autres :
— une correspondance du roi avec les princes étrangers pour les engager à arrêter chez eux les membres de l’ordre.
— une correspondance du roi avec le pape mécontent de l’initiative de Philippe le Bel, mais cette documentation sur les rapports du roi et du pape ne peut être complète, car une partie des négociations poursuivies alors avec Clément V semble avoir été purement orale.
— des consultations d’ordre juridique demandées à des corps semi-officiels, comme la Faculté de théologie de Paris, ou à des particuliers.
— des pamphlets rédigés au cours d’une campagne d’intimidation, par Pierre Dubois notamment (33).

5° la nombreuse série de documents qui concernent les événements de l’été 1308 (de mai à août) et correspondent aux négociations et aux accords de Poitiers, et dont les principaux sont :
— les textes relatifs à la convocation des trois ordres aux Etats généraux de Tours.
— les discours prononcés aux consistoires de Poitiers par le légiste Guillaume de Plaisians.
— des propositions d’accord remises au pape de la part du roi ;
— des décisions pontificales qui établissent définitivement la procédure que l’on suivra dans le procès.
Sont de la seconde période de l’affaire :
6° les procès-verbaux des interrogatoires dirigés par les évêques, en remplacement des inquisiteurs, contre les personnes du Temple ; malgré ce qu’en a écrit G. Lizerand (34), et qui étonne, plusieurs subsistent. C’est à cette catégorie qu’appartient le procès-verbal de l’interrogatoire de Clermont qui n’est pas, comme cela a été écrit (35), celui de l’inquisiteur ou de ses commissaires, mais bien celui de l’interrogatoire dirigé par l’évêque de Clermont contre les personnes du Temple détenues dans son diocèse.

7° les procès-verbaux des enquêtes menées par des commissaires pontificaux désignés pour toute une région ou tout un Etat, contre Tordre en tant qu’ordre. Plusieurs de ces procès-verbaux nous sont parvenus, notamment celui de la commission de Paris, édité par Michelet (36).

8° une série d’autres pièces rédigées à l’intention du concile de Vienne ou pendant sa tenue. Pour l’information des Pères du concile, les travaux des commissions d’enquête furent résumés et repris ; il y eut, sans doute, des procès-verbaux des séances tenues par les commissions du concile chargées du procès ; il y eut aussi de nouvelles négociations écrites entre le roi et le pape ; il n’en subsiste presque rien.

9° enfin les documents qui terminent l’affaire :
— les bulles contenant les décisions finales de Clément V à l’égard de l’ordre.
— les sentences prononcées contre les personnes par les conciles provinciaux ou les évêques, dont on n’a plus guère de traces (37).
— des pièces concernant la dévolution des biens du Temple et leur prise de possession par les hospitaliers en 1313.
Pour le territoire actuel de la France, on ne connaît que deux autres procès-verbaux d’enquêtes épiscopales menées en exécution de la bulle Faciens misericordiam :
— celui du diocèse d’Elne, de janvier 1310, édité par Michelet (38).
— celui du diocèse de Nîmes, de juin-juillet 1310, édité par Ménard (39).
Celui du diocèse de Clermont est le premier en date puisque l’enquête fut menée en juin 1309.

Les templiers en Auvergne et en Limousin
La plupart des templiers interrogés par l’évêque de Clermont appartenaient aux diocèses de Clermont et de Limoges (40) ; aussi, pour faciliter la compréhension du document, est-il nécessaire de les situer dans leur cadre géographique (41) et administratif.
« L’organisation territoriale des templiers superposait aux commanderies les districts des baylies, puis des provinces entre lesquels se répartissait l’étendue de chacun des royaumes chrétiens où l’ordre du Temple était représenté » (42). L’Auvergne était Tune des quatre provinces du Temple pour la France. Elle avait à sa tête un commandeur43, commun à l’Auvergne et au Limousin, appelé tantôt preceptor milicie Templi in Lemovicino et Arvernia, tantôt magister, voire preceptor seu magister Arvernie (44), le plus souvent preceptor Arvernie. E.-G. Léonard a dressé la liste des titulaires de cette charge depuis 1188 (45).

Un certain nombre d’entre eux, parmi les derniers à l’avoir exercée, sont cités au cours de l’interrogatoire de 1309, et le grand nombre de données les concernant fait ressortir l’extrême mobilité exigée par leur fonction. L’accession à cette charge semble avoir été consécutive à une carrière menée Outremer, que des lacunes dans le déroulement connu de leurs activités laissent supposer, lorsque des faits précis ne l’attestent pas avec certitude.
L’ordre de succession de ces commandeurs paraît certain, malgré le témoignage de Bernard de Villars (46), mais les dates extrêmes relevées pour chacun d’eux font chevaucher la durée de leurs fonctions ; ceci vient certainement de ce que les frères interrogés donnaient son titre de commandeur à celui dont ils parlaient, même si les faits rapportés étaient antérieurs à sa prise de fonction. De plus, l’évaluation, par les témoins, du temps passé depuis les faits qu’ils rapportent est subjective, et les dates qui en sont déduites peuvent donc être inexactes ; pourtant, en m’appuyant sur quelques actes dont la date est bien assurée, et en écartant les données trop éloignées ou isolées, j’ai tenté d’établir une chronologie, même si elle ne résout pas toutes les questions soulevées et, en l’absence de documents officiels, ne peut être absolument sûre :
Raymond del Boysso, c. 1275 - 1279
Francon de Bort, 1279 - c. 1288
Raymond de Mareuil, 1288, cité aussi c. 1295 et 1298 (47)
Géraud de Sauzet, Pierre de Madic, Humbert Blanc, 1289 - c. 1291 (48) c. 1292 - c. 1301 c. 1301 - 1307

J’ai délibérément écarté Hugues de Montredon, cité c. 1287 (49).
Selon L. Niepce, « les maisons des templiers étaient prieurales ou de simples commanderies. Celles-ci n’étaient que des administrations confiées à quelques chevaliers ou servants qui avaient pour aumônier un prêtre de l’ordre... Les maisons prieurales ou préceptorales étaient plus considérables et bien plus nombreuses en chevaliers, servants et chapelains ; on y recevait des novices... Les clercs étaient soumis à un ancien prêtre, quelquefois appelé prieur, et tout ce clergé à un chevalier qu’on appelait précepteur ou maître » (50). Cette description, sans doute exacte dans son principe, ne recouvre pas toute la réalité des faits puisqu’on rencontre, parmi les frères arrêtés dans le diocèse de Clermont, des sergents commandeurs (51).
Le relevé des commanderies d’Auvergne a été entrepris depuis longtemps ; le document qui a servi de base est le compte de Jean de Trie, bailli d’Auvergne, pour le terme de la Toussaint 1293, de preceptoribus milicie Templi et domorum Alvernie (52).

Voici les lieux qu’il mentionne (53) :
— La Fulhosa, La Fouilhouze (P.-de-D., arrondissement Thiers, canton Lezoux, commune de Culhat).
— Vichac, sans doute Vichy (Allier) (54).
— Chanac, Chaynat (Puy-de-Dôme, arrondissement Issoire, canton Champeix, commune de Ludesse).
— Parinhac, Perignat (Puy-de-Dôme, arrondissement Clermont-Ferrand, commune de Aubière).
— La Marcha, La Marche (Allier, arrondissement Moulins, canton Chantelle, commune de Charroux) (55).
— Palluel, Palluet (Allier, arrondissement Moulins, canton et commune de Saint-Pourçain).
— De Turreta, La Tourette (Puy-de-Dôme, arrondissement Riom, canton Combronde, commune Yssac-la-Tourette) (56).
— La Ranzeira, La Ronzière (Puy-de-Dôme, arrondissement Issoire, canton Champeix, commune de Chadeleuf).
— La Bastida, La Bastide (Puy-de-Dôme arrondissement Issoire, canton et commune de Saint-Germain- Lembron).
— Montisferrandi, Montferrand (Puy-de-Dôme, arr., canton et commune de Clermont- Ferrand).
— De Cellis, Celles (Cantal, arrondissement Saint-Flour, canton Murat).
— La Garda, La Garde-Roussillon (Cantal, arrondissement Saint-Flour, canton Chaudes-Aigues, commune de Lieutadès).
— Isda, Ydes (Cantal, arrondissement Mauriac, canton Saignes).
— Montfort, Montfort (Cantal, arrondissement et canton Mauriac, commune : Arches).

Toutes ces maisons, à l’exception de Vichy, Pérignat, La Garde-Roussillon et Montfort, sont citées dans l’interrogatoire de 1309, qui mentionne en outre — Cariai (Cantal, arrondissement d’Aurillac, canton Vic-sur-Cère).
— Soit Le Chambon, dont l’identification a soulevé des difficultés ; celle d’E.-G. Léonard étant à rejeter (57), deux paraissent plausibles :
— Soit Le Chambon (arrondissement, arrondissement Thiers, canton Courpière, commune de Courte-serre) cité dans un procès-verbal de visite en 1615-1616 (58) ;
— Le Chambon, dont L. Niepce parle à propos des hospitaliers « lieu détruit sur les bords de l’Ailier » (59) (Haute-Loire, arrondissement et canton Brioude, commune de Cohade), mais que deux textes, datés de 1228 et 1291, attribuent aux templiers (60). Cette dernière identification me semble la meilleure.

— Le texte de Michelet cite la grange du Monteil (Cantal, arrondissement Mauriac, canton Salers, commune de Saint-Rémy-de-Salers) (61)
— Ainsi que le lieu-dit la Vausete, qui n’est qu’une déformation de La Ronzière (62).

Deux autres maisons appartenant aux templiers ont été relevées par A. Chassaing (63).
— Blesle (Haute-Loire, arrondissement Brioude, ch.-l. cant.).
— Farreyroles (Haute-Loire, arrondissement Brioude, canton Blesle, commune de Léotoing).
L. Niepce ajoute encore :
— Aulnat (P.-de-D., arrondissement et canton Clermont) (64).
— Tallende (P.-de-D., arrondissement Clermont, canton Veyre-Monton)
— Peut-être (65) : Bourdeille (P.-de-D., arrondissement Riom, canton Manzat, commune de Saint-Georges-de- Mons)
— Lieuson (P.-de-D., arrondissement Clermont, canton Saint-Amand-Tallende, commune de Olloix)
— Chantaduc (Haute-Loire, arrondissement Brioude, canton La Chaise- Dieu, commune de Laval)
— Dosse (actuellement Saint-Jean-de-Donne, Cantal, arrondissement et canton Aurillac, commune de Saint-Simon).
Par contre, c’est à tort qu’il attribue aux templiers la maison d’Olloix, ainsi que celle de Chanonat (66), qui appartenaient aux hospitaliers : elles figurent d’ailleurs dans la liste des maisons de l’Hôpital dans le compte de 1293.

Pour le Limousin, une grande partie des maisons du Temple est énumérée dans un « accord passé entre l’évêque de Limoges et le précepteur de la milice du Temple, relativement aux chapelles des templiers dans le diocèse de Limoges », le 23 juin 1282, édité par A. Lecler (67) ; mais ce texte ne permet pas de distinguer les commanderies des simples chapelles ainsi que l’a justement remarqué E.-G. Léonard (68).
Notre document cite quatre maisons de cette liste :
— Blaudeix (Creuse, arrondissement Guéret, canton Jarnages) (69).
— La Croix de Mazerat (actuellement Lascroux, Creuse, arrondissement Guéret, canton et commune de du Grand-Bourg).
— Paulhac (Creuse, arrondissement Guéret, canton du Grand-Bourg, commune de Saint-Etienne de Fursac) (70).
— La Bouge (Creuse, arrondissement Guéret, canton Pontarion).
Il indique, en outre, les maisons suivantes, non citées dans le texte de 1282 :
— Bellechassagne (Corrèze, arrondissement d’Ussel, canton Sornac).
— Bomora est pour E.-G. Léonard Basmour (Creuse, arrondissement Guéret, canton Boussac, commune de de Bord-Saint-Georges) (71).
Tandis que L. Niepce et A. Vayssière citent respectivement:
— Basmoraux et Bosmoreau dans les dépendances de Bourganeuf (72) ; il s’agit sans doute de Bosmoreau-les-Mines (Creuse, arrondissement Guéret, canton Bourgneuf).
— Brive (Corrèze).
— Gentioux (Creuse, arrondissement Aubusson, et cant).
— Limoges (Haute-Vienne), cette commanderie s’appelait aussi Le Palais, car son chef-lieu était le bourg de ce nom, près de Limoges, sur la Vienne (73).
— La Montanha, l’identification par E.-G. Léonard d’une localité du diocèse de Clermont n’est pas à retenir. Il s’agit peut-être de Montignac (Corrèze, arrondissement Brive, canton Donzenac) ou plutôt de Montaignac (Corrèze, arrondissement Tulle, canton Egletons, commune de Saint-Hyppolite) (74).
— Le Puy-de-Noix (Corrèze, arrondissement Brive, canton et commune de de Beynat) (75).
— Sandones, serait Serrandon (Corrèze, arrondissement d’Ussel, canton Neuvic) (76).
— Le Temple de Mons (Corrèze, arrondissement Brive, canton Ayen, commune de Varetz) (77).
D’autres pièces du procès mentionnent les commanderies suivantes, qui sont presque toutes citées dans le texte de 1282 (78).
— La Bussière-Rapy (Haute-Vienne, arrondissement Bellac, canton Chateauponsac, commune de Saint-Amand-Magnazeix).
— Chambérau (Creuse, arrondissement Aubusson, canton Saint-Sulpice-les-Champs).
— Champeaux (Haute-Vienne, arrondissement Bellac, canton Mezières-sous-Issoire, commune de Gajoubert).
— Charrier es (Creuse, arrondissement Aubusson, canton Royère, commune de Saint-Moreil) (79).
— Crabanat (Creuse, arrondissement Aubusson, canton Gentioux, commune de Feniers).
— La-Forêt-du-Temple (Creuse, arrondissement Guéret, canton Bonnat).
— Foulventous, déformé en Font Lezenfort (Haute-Vienne, arrondissement Bellac, canton Magnac-Laval, commune de Saint-Hilaire-la-Treille).
— Le Mas-Dieu (Charente, arrondissement Confolens, canton Saint-Claud : deux commanderies portent ce nom : Le Grand Mas-Dieu, qui est une commune, Le — Petit Mas-Dieu, commune de de Loubert).
— Puybonnieux (Haute-Vienne, arrondissement Limoges, canton Châlus, commune de Pageas).
— Viviers (Creuse, arrondissement Guéret, canton Châtelus-Malvaleix, commune de Tercillat).

A. Vayssière signale encore trois commanderies qui ont certainement appartenu aux templiers (80) :
— Ayen (Corrèze, arrondissement et Brive, lieu-dit Le Temple) ;
— Magnac (Haute-Vienne, arrondissement Limoges, canton Saint-Germain-les-Belles, commune de Vicq-sur-Breuilh) ;
— Mortesaigne (Haute-Vienne, arrondissement Limoges, canton et commune de Saint-Léonard- de Noblat).
N’est pas envisagée ici l’identification de localités où l’existence d’une commanderie ou bien son appartenance à l’ordre du Temple est discutée.

Il n’est pas possible d’avancer avec certitude un chiffre donnant l’effectif des frères du Temple dans ces deux diocèses à la veille de leur arrestation ; pour tenter de l’évaluer (81), on dispose des noms contenus d’une part dans les textes déjà publiés (82), principalement le Procès des Templiers édité par Michelet et les procès de Poitiers et de Chypre édités par K. Schottmuller et H. Finke (83), d’autre part dans l’interrogatoire de juin 1309, qui mentionne des noms inconnus par ailleurs.

Pour le diocèse de Clermont (84), quarante-neuf frères sont interrogés par l’évêque, douze, arrêtés dans d’autres diocèses, sont venus à Paris défendre l’ordre, et deux autres comparaissent devant les commissaires pontificaux (85). Un autre Auvergnat est arrêté à Chypre (86), un autre est interrogé en 1308 ou 1310 (87). On connaît aussi par divers témoignages les noms de six frères qui se sont enfuis (88), et de treize autres cités comme témoins à une réception et, selon toute vraisemblance, encore vivants en 1307 (89). Le texte de 1309 permet de connaître sept autres frères (90). Nous avons ainsi les noms de quatre- vingt-onze frères qui se répartissent en dix chevaliers, onze prêtres et cinquante sergents ; pour vingt d’entre eux, la qualité n’est pas mentionnée et il s’agit probablement de sergents.

Pour le diocèse de Limoges, les chiffres n’ont pas tout à fait la même signification, puisque nous ignorons le nombre de frères arrêtés dans ce diocèse. Aux dix-sept templiers interrogés par l’évêque de Clermont, on peut ajouter deux frères arrêtés à Cahors (91), un autre interrogé en 1308 ou 1310 (92) ; dix autres frères ont déposé lors du procès de Poitiers (93), l’un d’entre eux et vingt et un autres templiers se retrouvent à Paris pour défendre l’ordre ; dix-sept autres frères du diocèse de Limoges ont déposé devant les commissaires pontificaux (94) et deux se sont enfuis95 ; on dénombre enfin vingt-neuf témoins à une réception dont sept noms sont cités par l’interrogatoire de 1309 (95). Sont donc connus quatre-vingt-dix-sept frères, soit vingt chevaliers, huit prêtres et quarante-deux sergents ; vingt-sept ne sont pas qualifiés.

Il semble donc, d’après ces chiffres, qu’un peu plus de la moitié des templiers du diocèse de Clermont aient été arrêtés dans leur diocèse d’origine, puisque quarante-neuf frères seulement sont interrogés par l’évêque.

Mais ces chiffres doivent être utilisés avec prudence, car ils reposent en partie sur des témoignages dont les rares recoupements sont parfois contradictoires. De plus, les sources dont nous disposons ne permettent pas toujours de connaître les frères qui, interrogés dans le diocèse où ils ont été arrêtés, ne sont pas venus à Paris que ce soit pour défendre l’ordre ou pour déposer devant les commissaires pontificaux ; c’est le cas de dix-sept des templiers arrêtés dans le diocèse de Clermont. Sur ces dix-sept frères, neuf (97) ne sont cités par aucun témoin et ne seraient pas connus sans l’interrogatoire mené par l’évêque de Clermont.


Les enquêteurs de Clermont
L’évêque de Clermont était alors Aubert Aycelin, nommé par le pape le 11 août 1307 (98), à la suite d’une longue vacance du siège qui durait depuis septembre 1304 et de difficultés qui s’étaient levées au sein du chapitre cathédral pour pourvoir à cette vacance.
Aubert Aycelin appartenait à une illustre famille d’Auvergne. Neveu de Jean Aycelin, qui fut évêque de Clermont de 1297 à 1301, il l’était également d’Hugues Aycelin, de l’ordre des frères prêcheurs, qui devint cardinal en 1287, et de Gilles Aycelin, qui fut prévôt de la cathédrale de Clermont avant de devenir, en 1290, archevêque de Narbonne (99). On sait que Gilles Aycelin joua un rôle important pour soutenir les thèses royales dans l’affaire des templiers. Au consistoire public du 29 mai 1308 à Poitiers, par exemple, il intervint dans un sens qui leur était tout à fait défavorable et demanda le châtiment de l’ordre (100). Pendant les absences de Nogaret, et notamment le 27 février 1310, il recevait provisoirement la garde du grand sceau royal (101). C’est également lui qui fut désigné pour présider la commission pontificale chargée pour la France de recueillir les témoignages au sujet de l’ordre (102).

Le titulaire du siège de Clermont était ordinairement un fidèle soutien de l’autorité royale et en recevait un appui non moins fidèle. Il était aussi, comme évêque, un important seigneur féodal pour qui la protection du roi n’était pas sans importance (103). Cette protection, Philippe le Bel avait eu l’occasion de l’exercer, en 1308, en faveur d’Aubert Aycelin dans une affaire où s’opposaient ses droits féodaux aux prétentions du comte Dauphin (104) ; le roi manda à son bailli d’Auvergne de ne pas appuyer de son autorité une prestation d’hommage réclamée par le comte (105).

L’historien H. Prutz pense qu’Aubert Aycelin aurait été, dans une certaine mesure, à l’abri des soupçons de complaisance envers le roi parce qu’il avait obtenu sa dignité sans intervention du roi (106). H. Bouffet, au contraire, soutient que c’était une créature de Philippe le Bel ; il avance, en outre, qu’il fut hostile aux templiers, « le nombre considérable de pièces qu’il fit examiner par la commission pontificale le prouve » (107). En fait, il n’était peut-être pas une créature du roi, mais ses liens familiaux et ses intérêts devaient le porter à soutenir les desseins de la royauté (108).
Conformément aux instructions du pape, l’évêque s’adjoignit, pour l’assister au cours de l’enquête deux membres du chapitre cathédral (Etienne Chausit, abbé, et Pierre de Chalus, chanoine), deux frères prêcheurs (Guillaume Vital et Jean de Rinhac), et deux frères mineurs (Arbert de Thinière et Astorg de Mareugheol) (109). Il est tentant de penser que l’évêque de Clermont choisit des clercs qui avaient représenté leurs communautés aux Etats généraux de 1308 ; malheureusement les procurations du chapitre et des couvents des dominicains et des franciscains de Clermont ont disparu (110) et rien ne permet de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse. Leurs noms semblent indiquer que tous étaient d’origine auvergnate. Je n’ai trouvé aucun renseignement sur les quatre religieux : on en possède quelques-uns sur les deux chanoines. Etienne Chausit, chanoine depuis 1287 au moins, fut abbé du chapitre de 1302 à 1322 (111) ; Pierre de Chalus, legum professor, chanoine depuis 1302, fut official en 1302-1303 et mourut en 1331 (112).
Le document n’apporte aucun renseignement complémentaire, ni sur la personnalité de chacun des membres de la commission diocésaine, ni sur la façon dont ils menèrent l’enquête ; le procès- verbal ne mentionne aucune intervention des enquêteurs, et on ne peut donc savoir quelle part personnelle prit l’évêque à cet interrogatoire.


Analyse du document
Le procès-verbal débute par la transcription de l’expédition de la bulle Faciens misericordiam, datée de Poitiers le 12 août 1308, adressée à l’archevêque de Bourges et à ses suffragants (112.bis). Par cette bulle, le pape, ne pouvant procéder personnellement à l’enquête, mandait à chacun des évêques, en ce qui concerne sa cité et son diocèse, de s’adjoindre deux chanoines de l’église cathédrale, deux frères prêcheurs et deux frères mineurs choisis par lui, et, après avoir fait citation publique dans les lieux où cela lui paraîtrait devoir être fait, de mener l’enquête contre les personnes de l’ordre du Temple qui n’auraient pas encore été entendues par le pape lui-même ou les inquisiteurs, et qui résidaient dans le diocèse, même s’ils venaient d’ailleurs ou s’y trouvaient par hasard. L’interrogatoire devait porter sur les articles transmis avec la bulle et sur d’autres qui paraîtraient utiles aux évêques. Le pape ajoutait que, les enquêtes terminées, un concile provincial devrait se réunir pour prononcer une sentence d’absolution ou de condamnation des personnes. Les enquêteurs pourraient assister, s’ils le désiraient, à l’enquête et au jugement du concile.
Le texte de la bulle est suivi de la désignation des clercs que l’évêque devait s’adjoindre selon l’ordre du pape.
Le procès-verbal se continue par la transcription des lettres épiscopales prescrivant de citer solennellement et publiquement à comparaître personnellement devant lui, le 4 juin à l’heure de prime, les templiers que l’on dit s’être enfuis de la cité et du diocèse ou s’y cacher et d’en rendre compte par actes authentiques, actes également reproduits in extenso.


Ces documents sont, dans l’ordre
— une première lettre de l’évêque, adressée aux curés des églises Sainte-Croix, Notre-Dame-du-Port, Saint-Genès et Saint-Pierre de Clermont, leur mandant de procéder à la citation le jour de l’Ascension (8 mai), lettre datée de Cournon le mardi avant l’Ascension (6 mai).
— l’acte constatant l’exécution des instructions épiscopales par chacun des quatre curés pendant la célébration de la messe paroissiale en présence, dans chacune des églises, d’un certain nombre de clercs appelés comme témoins (113), acte établi le jour même et souscrit par quatre notaires.
— une seconde lettre de l’évêque, adressée aux mêmes quatre curés de Clermont, leur mandant de faire une nouvelle citation le mercredi après l’octave de la Pentecôte (28 mai), lettre datée de Beauregard le lundi après l’octave de la Pentecôte (26 mai) (114).
— l’acte constatant l’exécution de ces instructions par chacun de ces quatre curés, acte souscrit par trois notaires.
— trois autres lettres de l’évêque, toutes datées du même mercredi après l’octave de la Pentecôte (28 mai), mandant à leurs destinataires, le chapelain de Vertaizon, les chapelains de Montferrand et Riom, et les chapelains de Nonette et Auzon, de citer les templiers résidant dans leurs paroisses à comparaître devant lui à Clermont, le 4 juin, c’est-à-dire le mercredi de la semaine suivante. Ces lettres ont reçu, selon l’usage, le sceau des destinataires à titre d’accusé de réception.

Il est vraisemblable que Vertaizon, siège d’une châtellenie de la seigneurie épiscopale et site d’un fort château, Montferrand, Riom, Nonette et Auzon, sièges de prévôtés royales (115) et dont les châteaux pouvaient renfermer des prisonniers, étaient les lieux de détention des templiers, arrêtés, depuis octobre 1307, en Auvergne (116). Ceci est d’ailleurs confirmé, pour Montferrand et Riom, par les dépositions faites devant la commission pontificale (117).

Après la copie de ces divers documents vient la liste nominative des templiers, que leurs gardiens avaient ordre d’amener à Clermont pour comparaître le 4 juin. Les noms de ces templiers ne sont pas donnés dans le même ordre ni toujours sous la même forme que dans le texte de l’interrogatoire proprement dit et les qualifications se complètent réciproquement. Remarquons pourtant que l’ordre adopté ici, comme celui de l’interrogatoire, donne en premier lieu les noms des templiers qui ont reconnu les faits reprochés à l’ordre, puis les noms de ceux qui les ont niés, tous diocèses d’origine confondus.
Ils étaient au nombre de soixante-neuf, dont quarante-neuf du diocèse de Clermont, dix-sept du diocèse de Limoges, deux du diocèse de Bourges et un du diocèse de Genève, se répartissant en dix chevaliers (quatre de Clermont, cinq de Limoges, un de Genève), sept prêtres (six de Clermont, un de Limoges) et cinquante-deux frères sergents. Parmi eux, neuf exerçaient les fonctions de commandeur (dont trois chevaliers et deux prêtres).
Les templiers qui ne comparaissent pas sont réputés contumaces (118).

Ce 4 juin, l’évêque fait prêter au présent serment sur les saints Evangiles. Il procède ensuite à l’interrogatoire de chacun singulariter et secrete, selon l’ordre des articles du questionnaire expédié avec la bulle Faciens misericordiam et intégralement transcrit.
L’interrogatoire eut lieu, non pas dans le palais épiscopal comme cela a été écrit, mais dans un édifice de Clermont dénommé le « palais » (119), bâtiment que l’on n’a pas encore localisé avec précision et qui venait d’être acquis par l’évêque Aubert Aycelin (120).
Les dépositions se suivent dans un ordre qui classe, d’une part ceux qui avouent au nombre de quarante (cinq prêtres, trois chevaliers, trente-deux frères sergents), d’autre part ceux qui nient au nombre de vingt-neuf (deux prêtres, sept chevaliers, vingt frères sergents). Parmi ceux qui exerçaient les fonctions de commandeur, cinq avouent (dont deux prêtres), quatre nient (dont trois chevaliers).
Ainsi, plus des 2/3 des prêtres et les 3/5c des sergents avouent, contre seulement 1/3 des chevaliers.
On constate encore que la proportion des frères niant est plus forte dans le diocèse de Limoges (10 sur 17) que dans celui de Clermont (18 sur 49).
Au vu de ces chiffres, on peut se demander quelle part d’influence ont eu, dans le choix de leur attitude, le rang que les inculpés occupaient dans la hiérarchie de l’ordre, leur degré d’instruction ou l’état d’esprit qui régnait dans leur commanderie d’origine.

Voici, dans l’ordre de l’interrogatoire, quels sont les templiers interrogés (121) ; lorsque la qualité n’est pas indiquée, il s’agit de sergents.
Les quarante premiers, classés comme ayant avoué, sont :
1. Bernard de Villars, prêtre, du diocèse de Limoges, commandeur de la Roche-Saint-Paul.
2. Jean Senaud, du diocèse de Clermont, commandeur de la Foulhouze.
3. Jean Adam, du diocèse de Clermont, commandeur de la Tourette.
4. Jean de Menât, prêtre, du diocèse de Clermont (122).
5. Jean Dalmas, d’Artonne, du diocèse de Clermont.
6. Hugues de Jenzat, du diocèse de Clermont.
7. Etienne du Cellier, du diocèse de Clermont (123).
8. Guillaume Tixier, prêtre, du diocèse de Clermont, curé de Celles.
9. Guillaume de Mazayes, chevalier, du diocèse de Clermont.
10. Pierre d’Auteyrac, du diocèse de Clermont.
11. Hugues Charnier, commandeur de Saint-Pourçain, du diocèse de Clermont.
12. Guillaume de Born, chevalier, du diocèse de Limoges.
13. Barthélemy Vassales, prêtre, du diocèse de Clermont.
14. Roger de La Roche, du diocèse de Bourges.
15. Guillaume Brughat, du diocèse de Limoges.
16. Bernard d’Auzon, du diocèse de Clermont.

C’est dans les réponses à cet article 12 que l’on trouve la plus grande variété dans les dépositions des vingt-neuf autres templiers.
Quelques-uns se contentent de nier ou, comme Bertrand de Sartiges (41), disent qu’ils pouvaient se confesser à n’importe quel prêtre. Un certain nombre de frères avoue l’injonction de se confesser aux prêtres de l’ordre accompagnée de la précision qu’au cas où ils n’en trouveraient pas, ils pouvaient se confesser à qui ils voudraient (44, 45, 50, 51, 54, 57, 59, 60, 61, 66, 67, 69) ; quatre font une mention spéciale des carmes (46, 47, 56, 64) ; deux précisent que pour se confesser à des prêtres étrangers à l’ordre il fallait la permission du supérieur (53, 63).

En fait, la règle spécifiait (art. 354) que le templier ne devait se confesser qu’au frère chapelain, sauf en cas de nécessité ou en l’absence du chapelain ou encore avec permission. Il n’y a donc rien de particulier à conclure de cet article sinon que la pratique ne suivait pas toujours très exactement la règle, ce qui n’a rien que d’humain.

Art. 13. — Sur le treizième article reprochant d’avoir négligé de corriger ces erreurs et de les dénoncer à l’Eglise, et aussi de n’avoir pas quitté l’ordre, les quarante premiers templiers en reconnaissent le bien-fondé, mais disent de ne pas y avoir persévéré car ils n’y consentaient pas de cœur (1, 2, 3, 8, 9, 14, 19, 20, 25, 26, 31, 36, 37), plusieurs avancent s’en être confessés à des prêtres dont ils donnent souvent le nom (4, 5, 6, 11, 12, 13, 15, 16, 17, 18, 21, 22, 23, 24, 28, 32, 33, 34, 35) voire à des évêques : le patriarche de Jérusalem (10, 27), l’évêque de Gibelet (29, 30), mais rien ne permet de savoir si ces confesseurs étaient vivants ou morts en 1309 ; la plupart n’ont rien dit ni rien fait par peur et, précisent certains, pour ne pas « perdre la maison » c’est-à-dire être exclu de l’ordre (4, 10, 21, 27, 32) ; un seul, Jean Senaud (2), a dit à quelques frères que le reniement était chose mauvaise.

Pour les vingt-neuf autres, ou bien cet article fait partie de ce qu’ils rejettent en bloc, ou bien, comme Bertrand de Sartiges (41) ils affirment qu’il n’y avait pas d’erreurs dans l’ordre, ou bien comme douze d’entre eux ils disent qu’ils ne connaissaient pas les erreurs et ne les connaissent toujours pas (46, 47, 48, 51, 52, 56, 57, 58, 62, 65, 67, 68).

Art. 14. — Sur le quatorzième article concernant le serment de travailler au profit de l’ordre par tous moyens, justes ou injustes, sans qu’il y ait péché, la plupart des quarante premiers templiers avouent qu’il leur fut enjoint, lors de leur réception, de faire des acquisitions pour l’ordre par tout moyen (sans toutefois faire intervenir la notion de péché), sauf un qui nie cela (1) et un qui dit ne pas s’en souvenir (21).
Certains apportent des restrictions à cet aveu : ou bien ils ne comprenaient pas qu’ils pouvaient agir injustement (5, 16, 28, 33), ou bien cela ne leur a pas été spécifié (7, 8, 10, 14, 18, 19, 22, 24, 25, 30, 31, 35, 36, 37), ou bien ils ne se souviennent pas que cela leur ait été dit (6, 12, 17, 23, 29, 34) ; quelques-uns ajoutent en avoir entendu parler par d’autres frères (4, 11, 15, 27, 32). Rares sont ceux qui font intervenir la notion de péché : Bernard de Villars (1) élude la question posée sur ce point en répondant qu’il n’a pas entendu autre chose que ce qu’il vient de déposer.

Les vingt-neuf autres nient simplement cet article : Bertrand de Sartiges (41) toutefois déclare qu’ils pouvaient acquérir de façon juste et non autrement.

Art. 15. — Sur le quinzième article relatif à la notoriété de ces faits et à leur aveu par un grand nombre, beaucoup des quarante premiers templiers reconnaissent l’exactitude du contenu de l’article sans réserve, mais dans leur majorité ils restreignent cet aveu à ce que contient leur déposition. On peut voir là une mesure de prudence élémentaire.
Les vingt-neuf autres nient tout.

Quant aux QUESTIONS COMPLEMENTAIRES, celle qui concerne les circonstances propres à chaque réception a été jointe au premier article ; à ce stade de l’interrogatoire, des questions sont posées sur leur présence à d’autres réceptions et, le cas échéant, leurs circonstances (169). On remarquera toutefois qu’il n’est pas possible de tenir pour vrai tout ce qui en est dit puisque Barthélemy d’Ussel (33) affirme n’avoir assisté à aucune réception alors que Robert Martin (37) le donne comme présent à sa propre réception.

Au sujet de l’origine des erreurs, les quarante premiers disent n’en rien savoir ou ne fournissent pas de réponse ; quelques-uns ajoutent ne pas croire que cela remonte au début de l’ordre (9, 20, 26). Seul Bernard de Villars (1), après avoir dit n’en rien savoir, questionné sur ce qu’il pense, explique qu’à son avis ces erreurs se sont introduites dans l’ordre par le biais du serment prêté selon la règle, à ce qu’il dit, d’observer les décisions prises par le maître de l’ordre ou ses délégués.

Au sujet du lieu de conservation des idoles, la plupart des quarante n’en savent rien ou ne fournissent pas de réponse ; quelques-uns cependant ajoutent avoir entendu dire que ce serait Outremer, (6, 12, 17, 23, 29, 34, 39), et l’un (29) précise dans le trésor ; un autre (2) dépose avoir entendu dire qu’il y avait une idole à Montpellier, mais aucun ne se souvient du nom de ses informateurs.

On peut noter des divergences entre les réponses à cette question et celles faites à l’article 10 : plusieurs frères qui disent ne rien savoir au sujet de la conservation des idoles, et mis à part ceux qui avaient déposé n’en avoir entendu parler que depuis leur arrestation, ont auparavant déclaré qu’il y en avait Outremer (1, 3, 4, 9, 20, 26, 27) et même indiqué la dénomination de l’idole (13, 38).
Ces questions complémentaires font partie de ce qui est rejeté en bloc par les vingt-neuf autres.

L’attitude de la plupart des templiers interrogés est appréciée par le rédacteur à la fin du compte rendu de chaque déposition, mais de façon diverse. C’est celle du premier et principal témoin qui reconnaît les charges qui est décrite le plus longuement : discret et prudent, il a déposé sans changer de couleur, sans chercher à inventer, sans mûrir ses réponses, sans varier ni parler de façon obscure, et s’est déclaré prêt à répéter ses dires devant quiconque, publiquement ou en secret, et à faire ce que lui enjoindra l’Eglise à la miséricorde de laquelle il s’en est remis. Tout, jusqu’à la description du comportement, semble destinée à mettre en valeur cette déposition la plus favorable à l’accusation. S’il est noté pour trente et un autres qu’ils s’en remettent à la miséricorde de l’Eglise, pour quelques-uns, il n’y a rien de plus (8, 19, 25, 31, 36). Les remarques concernant les autres sont plus ou moins explicites. Elles sont parfois uniquement d’ordre spirituel, portant sur la contrition manifestée (6, 14, 16, 17, 23, 26, 27, 29, 34, 38, 39, 40), ou sur une profession de fidélité à la foi catholique (11), ou sur l’expression conjointe des deux sentiments (12, 15, 37). Elles sont parfois aussi d’ordre matériel, mais accompagnent toujours le repentir des erreurs proférées et signalent soit simplement l’absence de variation ou d’hésitation (7, 18, 24, 30, 35) soit en outre la clarté et la netteté de la déposition de l’intéressé (3, 4, 5, 9, 20).

Il n’y a aucune appréciation sur huit des templiers qui ont avoué (2, 10, 13, 21, 22, 28, 32, 33), et pourtant Ton sait que l’un d’eux (21) s’est repris en répondant au premier article du questionnaire.
Rien n’indique quel a été le comportement des templiers qui ont nié alors qu’eux aussi peut-être ont déposé de façon claire, sans changer de couleur, sans mûrir leurs réponses et sans hésitation.

Ainsi, l’analyse de ces dépositions permet de dégager l’importance relative de chacun des articles. Si les réponses aux deux premiers ont, aux yeux des enquêteurs, une valeur essentielle, — puisque c’est la reconnaissance ou le rejet du reniement du Christ et du crachat sur la croix qui a déterminé le partage des frères en deux groupes, — les réponses aux articles dont le contenu s’apparente aux accusations portées dans les procès de sorcellerie ont également fait l’objet d’une grande attention. Quant aux articles qui concernent les divers aspects de la vie des frères au sein de l’ordre, ils ont servi aux enquêteurs à obtenir des aveux par la façon habile dont les réponses ont été sollicitées : en s’appuyant sur des faits réels qu’ils ont présentés en les déformant, ils ont fait supposer et avouer aux templiers des raisons cachées ; en les invitant à dire quelle proportion d’entre eux participait aux erreurs, et à reconnaître leur négligence à les corriger, ils ont fait pression sur les frères ; ils ont enfin exploité leur ignorance réelle de certains actes en leur donnant une autre dimension et en reprenant des bruits qui couraient et que les frères répétaient.

Les templiers auvergnats et la défense de l’ordre.
Quel fut le sort des templiers après leur interrogatoire par l’évêque de Clermont ? Tous ceux qui avouèrent semblent avoir été absous et réconciliés par lui, puisque tel était le cas de ceux qui comparurent devant la commission pontificale au printemps de 1311 ; ils n’en restaient pas moins détenus.

Quant à ceux qui nièrent, ils furent amenés à Paris peu après le commencement des travaux de la commission pontificale qui se situe comme l’on sait à la mi-novembre 1309. Ce transfert n’alla d’ailleurs pas sans réticence de la part des autorités, comme dans d’autres diocèses, notamment pour les frères détenus à Montferrand (170).

Dès le 7 février 1310, trente-deux templiers venus du diocèse de Clermont comparaissent devant la commission171 ; on comptait parmi eux deux prêtres (46, 63), sept chevaliers (41, 42, 53, 55, 59, 61, 66) et un frère sergent commandeur (58) ; aux vingt-neuf niant s’ajoutaient trois frères qui avaient reconnu devant l’évêque de Clermont la majeure partie des crimes qu’on leur imputait (15, 17, 23). Tous refusèrent de reconnaître les accusations portées et se déclarèrent prêts à défendre l’ordre. Un certain nombre d’entre eux, dont les sept chevaliers, comparurent à nouveau le 14 mars 1310172 pour entendre la lecture des articles du questionnaire d’enquête. La plupart d’entre eux participèrent à la grande assemblée où, le 28 mars 1310, dans le verger de l’évêque de Paris, leur fut proposée la constitution de procureurs 173. Les différentes visites effectuées par les notaires pour organiser cette défense permettent de situer les lieux de détention des templiers venus d’Auvergne : les sept chevaliers se trouvent à l’abbaye Sainte-Geneviève (174), quinze frères sont détenus dans la maison de Richard de Spoliis, rue du Temple (175), huit autres dans la maison de Clairvaux, rue Saint-Martin (176), tous mêlés à des frères venus d’autres diocèses ; deux n’ont pu être trouvés (177).

La publication de Michelet permet de retrouver à Paris d’autres templiers du diocèse de Clermont arrêtés et interrogés dans d’autres régions, venus eux aussi défendre leur ordre (178). Douze d’entre eux sont présents au verger : Jean Sapiende, Jean de Luguet, Géraud Gaudet, Robert vigier, sergent, Henri Honorelli, Etienne de Paray, Guillaume de Tulhas, Jean de Buffevent, sergent, Jean Robert, prêtre, Robert de Boliens, Hugues de Seyssel, chevalier, et Guillaume Boton, sergent (179). Onze de ce groupe, dont le prêtre et le chevalier, ont été amenés de Bourges (180), on ne sait d’où vient Robert de Boliens. Trois d’entre eux sont détenus dans la maison de Jean Rosseli près de Saint-Jean-en-Grève (181). Tous ont affirmé leur volonté de défendre l’ordre, Jean Robert ajoute même qu’il a entendu de nombreux frères en confession sans rencontrer ces erreurs (182).

Ces templiers participent, pour une part qui ne peut être précisée, à la rédaction de cédules présentées à la commission pontificale ; Guillaume de Chamborent, Bertrand de Sartiges et Robert Vigier viennent avec d’autres frères, le 1er avril, affirmer leur volonté de défendre l’ordre et présenter un texte qui démontre que la procédure engagée n’est pas valable, demande que les frères soient soustraits aux menaces des gens du roi, que ceux qui ont répudié l’ordre soient confiés à l’Eglise, qu’on interroge les prêtres qui ont confessé les mourants ; il analyse enfin les procédures possibles (183). Le 3 avril, un groupe de frères, parmi lesquels se trouvent ceux détenus rue du Temple, envoie une délégation dont font partie Bernard Charnier et Jean de Bellefaye présenter un long texte en langue vulgaire exposant la vie exemplaire que menaient les frères et expliquant pourquoi leur ordre ne peut être corrompu (184).

A partir de ce moment, on voit intervenir dans le cours du procès quatre défenseurs de l’ordre (185), au nombre desquels figurent deux des chevaliers soumis à l’interrogatoire de l’évêque de Clermont : Bertrand de Sartiges, qui était commandeur de Carlat au diocèse de Clermont, et Guillaume Chamborent, commandeur de Blaudeix au diocèse de Limoges. Ils comparaissent le 7 avril avec leurs associés, Pierre de Bologne et Renaud de Provins, et d’autres frères, et remettent à la commission « un beau mémoire qui est à la fois le plus pressant réquisitoire contre les procédés des agents du roi et une défense qui vaut celle des érudits modernes » (186).

Une autre cédule en langue d’oc est ensuite présentée au nom des frères détenus dans la maison de Richard de Spoliis (187).

Les quatre défenseurs intervinrent encore à plusieurs reprises : le 11 avril, ils sont présents lors des premières comparutions ; le 23 avril, ils protestent à nouveau contre les pressions exercées sur les templiers ; le 5 mai, ils expriment leur méfiance envers les faux témoins qui se glissaient parmi les frères ; le 10 mai, ils protestent contre la tenue imminente du concile provincial de Sens (188). Pierre de Bologne et Renaud de Provins, convoqués devant le concile de Sens, disparurent comme défenseurs de l’ordre (189). Le 17 décembre 1310, à la reprise de l’activité de la commission suspendue de mai à décembre, nos deux chevaliers réclamèrent la présence à leurs côtés des deux autres procureurs car, disaient-ils, eux-mêmes étaient illettrés. Il leur fut répondu que leurs associés avaient volontairement renoncé à défendre l’ordre. Se sentant isolés, sans conseils, les deux chevaliers ne voulurent pas poursuivre leur mission de crainte de nuire aux appels préalablement interjetés par les quatre procureurs (190).

Ainsi, le bûcher décidé à Sens eut des répercussions très importantes sur les travaux de la commission. Ces frères, venus spontanément à Paris en février 1310 pour défendre leur ordre, n’ont jamais comparu devant la commission à l’exception de Raynart de Bort ; « en fait, conlut G. Lizerand, à partir de la fin de 1310, la commission est devenue la chose du roi » (191). Elle n’entendit plus que des témoins à charge, la plupart d’entre eux réconciliés avec l’Eglise, après confession, abjuration et absolution. Certains des templiers interrogés par l’évêque de Clermont ont ainsi été amenés de la prison de Riom au printemps 1311 pour déposer devant les commissaires pontificaux ; nous allons revenir sur leurs dépositions.

D’autres templiers du diocèse de Clermont ont également été entendus par les commissaires (192) : Jean de Buffevent et Robert Vigier ont comparu respectivement les 6 et 8 février 1311 (193). Ces deux frères sergents, décidés dans un premier temps à défendre l’ordre, ont quitté le manteau de l’ordre au concile de Sens et ont été absous et réconciliés par l’évêque de Paris. Jean de Buffevent cite un dialogue digne d’intérêt au sujet des rites de réception : le reniement et les crachats ne seraient pas imposés secundum religionem mais pro trufa (194).
L’interrogatoire de Robert Vigier donne un témoignage précis sur des tortures qu’il a subies à Paris lors d’un interrogatoire précédent, et dont trois frères seraient morts (195).

Un autre templier originaire du diocèse de Clermont comparaît le 6 avril 1311 : Geoffroy de Montchausit, sergent, portant encore manteau et barbe, a été absous et réconcilié par l’archevêque de Tours (196).

Le chevalier auvergnat Guy Dauphin comparaît le 18 janvier 1311 devant la commission pontificale ; il se présente sans manteau ni barbe, selon l’ordre des prélats du concile de Sens, absous et réconcilié par l’évêque de Paris (197). Cet interrogatoire, beaucoup plus détaillé que celui qui avait eu lieu un peu plus de trois ans auparavant, le 19 octobre 1307, mené au Temple, juste après l’arrestation des frères, par l’inquisiteur Guillaume de Paris (198), revient sur la majeure partie des aveux passés alors, aveux obtenus on sait de quelle cruelle façon en ce diocèse (199).


Comparaison des dépositions de 1309 et de 1311
Ayant confronté les dépositions faites devant la commission pontificale, H.-Ch. Lea écrit (200) que les confessions recueillies par les évêques présentent des caractères différents selon les diocèses et que l’on peut former des catégories distinctes avec les pénitents des divers prélats. Il appuie ses conclusions sur la présomption que les templiers comparaissant devant les commissaires pontificaux restaient aussi fidèles à leur première version que leur mémoire le leur permettait, puisqu’ils faisaient effort pour que leurs dépositions concordent avec celles qu’ils avaient prononcées devant les évêques. Mais il n’a pu comparer diverses dépositions d’un même individu, car aucun des templiers interrogés par les évêques dont le procès- verbal d’enquête était publié (celui de Nîmes par exemple), ne l’a été par la commission pontificale.
Le fait que vingt et un des templiers interrogés par l’évêque de Clermont le furent un an et demi à deux ans plus tard par les commissaires pontificaux permet de comparer les témoignages de chacun, ce que nous allons faire en suivant l’ordre de l’interrogatoire de 1309.

Sur ces vingt et un templiers interrogés en 1311, vingt avaient avoué les erreurs et avaient été absous par l’évêque de Clermont, et un seul les avait niées et n’avait encore été absous par quiconque.

Ils ont été amenés à Paris en deux groupes successifs, à un mois et demi d’intervalle (201). Le premier se présente devant la commission pontificale le 29 mars ; il comprend deux chevaliers, deux prêtres, quatre frères sergents commandeurs et deux sergents.
Le 1er avril, mêlé à un groupe de frères d’autres diocèses, se présente Raynard de Bort, chevalier, qui avait nié à Clermont les faits reprochés à l’ordre et avait participé à sa défense. Le second groupe, venu d’Auvergne, comparaît le 19 mai ; il ne comprend que des sergents.

Cette répartition des témoins pose à l’évidence le problème du choix des frères qui ont comparu devant la commission, choix dont on ignore les auteurs, les critères, les circonstances, mais dont on peut supposer qu’il ne doit pas grand-chose au hasard.

On remarque aussi que les dix frères du premier groupe sont revêtus du manteau de l’ordre et que huit d’entre eux portent encore la barbe, alors que tous les frères du second groupe se présentent sans manteau et barbe rase. Est-ce une attitude délibérée ou quelque événement s’est-il produit entre temps ? La question reste posée.

Voici les noms des comparants (202)
Noms Date Editions Michelet, tome II.
1 — Bernard de Villars (29 mars, page 121-125)
2 — Jean Senaud (31 mars, page 136-141)
3 — Jean Adam (31 mars, page 141-143)
6 — Hugues de Jenzat (19 mai, page 234-236)
7 — Etienne du Cellier (21 mai, page 243-245)
8 — Guillaume Tixier (30 mars, page 129-132)
9 — Guillaume de Mazayes (29 mars, page 125-127)
11 — Hugues Charnier (1er avril, page 143-146)
14 — Roger de La Roche (1er avril. page 148-151)
16 — Bernard d’Auzon (1er avril. page 146-148)
18 — Etienne d’Egletons (22 mai, page 254-256)
19 — Pierre Blanc (21 mai, page 245-248)
20 — Guy de Chatanède (29 mars, page 127-129)
24 — Michel Dupuy (22 mai, page 252-254)
26 — Jean de Menât (30 mars, page 133-136)
28 — Guillaume Avril (19 mai, page 236-238)
29 — Pierre Maurin (19 mai, page 238-241)
32 — Jean Sarrazin (21 mai, page 250-252)
34 — Pierre de Bonnefont (21 mai, page 248-250)
36 — Durand Charnier (21 mai, page 241-243)
42 — Raynard de Bort (2 avril, page 151-154)

Bien que les vingt premiers protestent ne pas vouloir s’écarter de leur déposition faite devant l’évêque de Clermont, ajoutant que ce qu’ils diraient en plus ou moins ne devait pas leur nuire (203), on relève des différences parfois très nettes et dont certaines sont surprenantes.
Quelques-unes de ces divergences ont déjà été relevées par J.-M. Raynouard qui avait vu l’intérêt de cette comparaison (204).

1. — Ainsi, Bernard de Villars (205) cite quelques noms de ceux qui assistaient à sa réception, une fois cinq, une fois quatre, et parmi eux, il n’y en a qu’un dont le nom apparaisse dans les deux dépositions. Interrogé sur sa présence à d’autres réceptions, il cite une fois trois réceptions, l’autre fois deux, mais ce ne sont pas les mêmes. Devant l’évêque, il rapporte qu’il a vu envoyer en Sardaigne par le visiteur de France, Geoffroy de Vichy, de crainte qu’il ne parle trop, un frère qui n’en est pas revenu, mais il n’en souffle mot devant les commissaires pontificaux. Mieux encore, il dit à ceux-ci s’être confessé des choses illicites qu’il vient d’avouer à un frère mineur de Limoges, mais il n’en a rien dit à l’évêque. S’il a dit à ce dernier qu’il a vu un frère reçu dans l’ordre être baisé par celui qui le recevait in spina dorsi, il ne parle devant les commissaires pontificaux que de baisers sur la bouche, ajoutant toutefois avoir entendu dire par quelques frères, après son arrestation, que les frères reçus baisaient ceux qui les recevaient in ano. Enfin, chose qui ne peut relever d’une défaillance de mémoire, il dit à l’évêque qu’il n’a pas été question, lors de sa réception, d’omission des paroles sacramentelles pendant la messe, car il n’était pas prêtre, et qu’il ne fut invité à les omettre que quatre ans après lorsqu’il devint prêtre, alors que devant les commissaires pontificaux, il dit que le récepteur lui permit de devenir prêtre et lui enjoignit d’omettre alors les paroles du canon Hoc est enim corpus meum (206).

2. — Jean Senaud se réfère souvent dans sa déposition de 1309 à celle du premier témoin et n’apparaît pas comme un homme ayant beaucoup de personnalité, alors que sa déposition devant la commission pontificale le 31 mars 1311 est vivante, riche d’anecdotes et de commentaires explicatifs. Les deux dépositions offrent d’ailleurs un grand nombre de différences ; il dit, en 1309, avoir assisté à une réception (Outremer) alors qu’en 1311 il en cite quatre (deux Outremer, une en Italie et une en Auvergne) mais non pas celle mentionnée en 1309, ajoutant qu’il ne se souvient pas avoir assisté à d’autres réceptions parce qu’il s’y soustrayait par ruse. En 1311, il n’avance pas ce qu’il avait déposé devant l’évêque, savoir qu’Hugues de Bochatel lui avait dit Outremer qu’il était enjoint aux prêtres de l’ordre d’omettre les paroles sacramentelles à la messe. En 1311, en revanche, il parle du baiser sur l’anus et donne son explication de cette rumeur (207), alors qu’en 1309, il se contente de dire qu’il n’en a jamais vu. Au sujet du pouvoir d’absolution des présidents de chapitre, il affirme à l’évêque que les dignitaires de l’ordre disaient pouvoir absoudre de tous péchés ceux qui étaient présents au chapitre, tandis que devant les commissaires pontificaux il pense qu’il s’agissait des désobéissances, comme de ne pas se lever le matin. On relève une contradiction et une omission au sujet de l’idole : tandis qu’en 1309 il prétend avoir entendu dire que la cordelière l’avait touchée, en 1311, il affirme ne jamais l’avoir entendu dire; en 1309, il a entendu dire qu’il y avait une idole à Montpellier, mais en 1311, il n’en souffle mot ; en revanche, il répète le conte selon lequel un seigneur de Sidon avait aimé une demoiselle et après sa mort l’avait fait exhumer pour la posséder, sans aller jusqu’à laisser entendre, comme Antoine Sicci, de Verceil (208), que la fameuse tête fut le fruit de ces amours posthumes (209).

Il affirme en 1309 n’avoir jamais persévéré dans l’erreur en esprit, mais ne parle pas de sa confession à un augustin, pénitencier du pape Martin comme en 1311. Il n’avait pas davantage évoqué en 1309 ses conversations Outremer à propos des réceptions, alors qu’il rappelle en 1311 un entretien avec Pierre de Madic, chevalier, qui lui répondit qu’il était trop curieux et qu’étant sergent il devait être sourd, muet et aveugle.

3. — Jean Adam se réfère souvent dans sa déposition à celle du premier témoin. Mais les différences entre ses deux dépositions sont minimes : un témoin cité ici, omis là dans le récit de sa réception ou de celle à laquelle il a assisté. Une seule différence sensible : en 1309, il avoue un baiser sur le nombril nu et en 1311, dans la région du nombril par-dessus les vêtements. Son souvenir des dates de réception est bon.
Ce témoin paraît avoir meilleure mémoire.

6. — Hugues de Jenzat ne varie guère dans ses dépositions. Il n’y a rien à redire à la date de sa réception. Il précise les lieux et noms des réceptions auxquelles il a assisté, trois en Poitou, comme il l’avait dit devant l’évêque, mais alors il ne se souvenait pas des noms ; le temps de détention lui a peut-être permis de raviver ses souvenirs. La seule différence sérieuse est qu’il a dit à l’évêque avoir reçu lors de sa réception un baiser sur la bouche et un baiser sur le nombril par-dessus les vêtements, alors qu’en 1311 il parle bien du baiser sur le nombril, mais ne se souvient pas du baiser sur la bouche ; ce fait est curieux, car ses souvenirs semblent plus précis en 1311. La comparaison de ses deux dépositions fait surtout ressortir des omissions : en 1311, il ne reprend pas ce qu’il a avoué en 1309, savoir qu’il avait entendu dire qu’il y avait une tête Outremer, que la cordelière l’avait touchée et que pour cette raison il ne l’avait portée que deux mois ; bien mieux, il dit en 1311 qu’il se procurait cette cordelière où il voulait, d’où l’on peut déduire qu’elle n’avait pas touché l’idole ; il ne rappelle pas non plus en 1311, qu’il s’était confessé de ces erreurs à un prêtre de l’ordre, Guillaume Chauvet.

7. — Etienne du Cellier a des souvenirs plus précis en 1311 qu’en 1309. Devant l’évêque, le procès-verbal se réfère souvent à la déposition du témoin précédent. On relève une omission : il ne reprend pas en 1311, qu’il avait entendu dire Outremer (où il est allé comme messager, d’après sa déposition de 1311), qu’il y avait une tête d’idole. Il se contredit quelque peu à propos des baisers : en 1309, il dit avoir été baisé sur la bouche et sur le nombril nu ; en 1311, avoir été baisé sur le nombril par-dessus les vêtements, mais pas sur la bouche, autant qu’il s’en souvienne. Quant à son assistance à des réceptions, il en cite deux avec détails en 1311, dont l’une récente (dans l’année précédant leur arrestation), alors qu’en 1309, il dit n’avoir assisté à aucune réception.

8. — Guillaume Tixier, curé de Celles, se réfère souvent en 1309 à la déposition de Bernard de Villars. Il n’y a rien à redire à son souvenir sur la date de sa réception. On relève une omission : en 1309, il ne dit pas à l’évêque s’être confessé de ces erreurs, alors qu’en 1311, il raconte en détail que dans les huit jours de sa réception, il s’en est confessé à un prêtre de sa paroisse qui n’a pas voulu l’absoudre, et dans les huit jours suivants en a été absous par un frère mineur de Saint-Flour. Deux contradictions : 1) en 1309, il dit qu’il lui fut enjoint d’omettre les paroles sacramentelles (ce qu’il ne fit pas) et, en 1311, il dit avoir célébré selon la forme de l’Eglise et n’avoir pas entendu prescrire le contraire ; 2) en 1309, il dit ne pas savoir quand les erreurs avaient commencé dans l’ordre et, en 1311, il avoue avoir entendu dire fréquemment par des frères de l’ordre que ces erreurs avaient été introduites après le décès du grand-maître Guillaume de Beaujeu (survenu en 1291).
Son récit de la réception de Guillaume de Mazayes est confirmé par la déposition de ce dernier.

9. — Guillaume de Mazayes, chevalier, se réfère souvent lui aussi, en 1309, à la déposition de Bernard de Villars. En ce qui concerne sa réception il ne dit pas en 1311, comme il l’avait affirmé en 1309, avoir été baisé sur le ventre nu. En revanche, il n’a pas fait allusion devant l’évêque à une confession de ses erreurs, alors qu’en 1311 il dit s’être confessé dans les trois semaines de sa réception à un frère mineur de Saint-Flour ; pourtant, il avait été reçu environ un an et demi seulement avant l’arrestation ; il ajoute, en 1311, qu’il avait été donat pendant vingt ans.

11. — Hugues Charnier a des souvenirs assez imprécis. Il a été reçu très jeune dans l’ordre, alors qu’il avait environ douze ans, une trentaine d’années auparavant — il est donné comme âgé de quarante- cinq ans en 1311. S’il se souvient avoir été reçu par le commandeur d’Auvergne, il l’appelle Raymond del Boysso en 1309 et Pierre de Dumo en 1311 (210). Il a vu recevoir à Tortose par Aymar de Peyrusse un frère Jean, qu’il appelle de Saint-Paul en 1309, Lo test de Apulia en 1311. En 1309, il n’a pas mémoire des autres réceptions auxquelles il a assisté, alors qu’en 1311, il se souvient d’une réception survenue vingt ans auparavant au temple de La Ronzière du diocèse de Clermont. De même pour les reproches faits, il admet le baiser sur le ventre nu en 1309 et n’en souffle mot en 1311 ; il ne se souvient pas en 1309 qu’on lui ait parlé du crime de sodomie, expliquant ce silence par sa jeunesse, mais avance froidement en 1311 qu’à sa réception il lui a été dit qu’il pouvait commettre ce péché ; il ajoute qu’il ne croit pas qu’il eût été perpétré dans l’ordre, alors qu’en 1309 il prétendait avoir entendu dire que quelques frères en étaient soupçonnés. Devant l’évêque il rapportait d’autres on-dit, par exemple qu’il ne leur avait pas été enjoint de travailler par n’importe quel moyen au profit de l’ordre, mais qu’il avait entendu dire cela par la suite, alors que devant la commission pontificale il précise qu’il était expressément défendu d’acquérir injustement. En 1311, il ne parle pas de confession des erreurs avouées, mais, en 1309, il avait dit s’en être confessé à plusieurs reprises.

14. — Roger de La Roche, du diocèse de Bourges, ne se souvient plus très bien du nom de son récepteur qu’il appelle en 1309 Amblard de Faus, commandeur de Lamaids où il a été reçu, et, en 1311, Pierre de Faus, prêtre, agissant sur ordre de Francon de Bort. S’il avoue avoir renié le Christ en 1309, il n’en parle plus en 1311. De même, il dit, en 1309, qu’on lui a affirmé être du statut de l’ordre de ne pas croire au sacrement de l’autel, mais ne parle pas, en 1311, de cette affirmation. Sa déposition de 1311 touche d’ailleurs à moins de points de l’interrogatoire, mais elle est plus précise sur les réceptions auxquelles il a assisté.

16. — Les deux dépositions de Bernard d’Auzon sont à peu près identiques, mais celle de 1311 est plus complète sur divers articles. Il donne notamment une formule d’absolution des transgressions à la règle employée à la fin des chapitres. Une seule contradiction : en 1309, il répond négativement à la question de son assistance à la réception d’autres frères, alors qu’en 1311 il en cite trois, en donnant les lieux, les dates, les noms des récepteurs et de quelques assistants : deux s’étaient passées Outremer, à Sidon et à Tripoli, et une à La Foulhouse, au diocèse de Clermont, huit ans auparavant en présence de deux de ses co-interrogés : Jean Senaud (2) et Etienne du Cellier (7) ; il semble qu’il aurait pu en 1309 se souvenir de cette dernière tout au moins. Il a dit à l’évêque s’être confessé plusieurs fois des erreurs, mais n’en souffle mot aux commissaires pontificaux, peut- être par oubli, peut-être parce que les commissaires enquêtaient sur l’ordre et non les personnes ; d’autres pourtant ont signalé aux commissaires pontificaux leur confession personnelle de ces erreurs.

18. — Les dépositions d’Etienne d’Egletons, homme paraissant très simple à la commission pontificale, ne se contredisent pas. La déposition de 1311 est plus précise sur certains points (il donne par exemple les noms de frères ayant assisté à sa réception), incomplète sur d’autres. A cet égard on peut noter qu’il ne reprend pas le « on-dit », rapporté en 1309 et entendu Outremer, qu’il y avait dans une maison du temple quoddam capud. Une seule contradiction : en 1309, il dit n’avoir pas assisté à la réception d’autres frères ; en 1311, il affirme avoir vu recevoir Etienne Lajarousse, prêtre du diocèse de Clermont, douze ans auparavant, alors qu’en 1309, ce dernier parlait de dix-sept ans, soit sept ans de différence.

19. — De même la déposition de Pierre Blanc en 1311 est aussi plus précise sur certains points que celle de 1309 mais elle ne la recouvre pas entièrement. Il semble en 1311 plaider non coupable. Il ne parle alors que d’un baiser sur la bouche et non de baiser sur le nombril nu. Il ne répète pas le bruit rapporté en 1309 et entendu « depuis l’arrestation » selon lequel, Outremer, il y avait une « tête ». Une contradiction : il a dit, en 1309, n’avoir pas assisté à la réception d’autres frères et, en 1311, avoir vu recevoir à Chaynat, seize ans auparavant, Jean de Montmalhon, chevalier, par le récepteur même qui l’avait reçu. Il est clair que le témoin interrogé par la commission pontificale immédiatement avant lui, et qui le cite parmi les assistants à cette réception, Etienne du Cellier, lui avait rafraîchi la mémoire.

20. — Les dépositions de Guy de Chatanède, chevalier limousin, sont intéressantes à comparer. Pour ce qui concerne le pouvoir d’absolution des dignitaires, il répond en 1309 ne rien savoir, car il n’a jamais participé à un chapitre (il avait été reçu vers septembre 1305), mais, en 1311, il avance avoir entendu dire qu’à la fin des chapitres, les laïcs les présidant donnaient des absolutions, sans qu’il sache si elles portaient sur les peines ou sur les péchés. A propos des baisers, il fait un récit identique en 1309 et 1311, savoir que lorsque le récepteur commença à lever ses vêtements pour l’embrasser sur le nombril, les assistants dirent que cela suffisait et on s’en tint là. Au sujet de la sodomie, il raconte en 1309 qu’il lui fut prescrit, quand un frère lui demanderait de coucher avec lui, de le faire, qu’il pensait que c’était sans péché et que ce n’est qu’ensuite qu’il comprit, d’après ce qu’il entendit, qu’il y fallait donner un autre sens (211); il ne donne pas cette explication en 1311, se contentant d’une affirmation générale. En 1309 encore, il avoue qu’il lui fut dit que s’il révélait les préceptes et statuts de l’ordre il serait puni de prison perpétuelle, mais en 1311, il n’est question que de dévoiler les secrets des chapitres sans qu’il sache la qualité de la peine. Sa mémoire ne semble pas très fidèle puisqu’en 1309 il affirme n’avoir pas assisté à la réception d’autres frères, alors qu’en 1311 il dit avoir été présent à celle d’Humbaud de la Boissade, dans le mois de sa propre réception, mais à part un nom, il ne peut donner ceux des présents, et même lorsqu’on lui cite celui de Guillaume de Chamborent, chevalier, l’un des quatre défenseurs de l’ordre, donné par l’intéressé comme présent à sa réception, il dit ne pas s’en souvenir. On a là un mélange de précision et d’incertitude assez édifiant sur la fidélité des dépositions.

24. — Michel Dupuy se contredit plusieurs fois d’une déposition à l’autre. Si l’on peut considérer comme complémentaires les réceptions auxquelles il dit avoir assisté et qui ne sont pas les mêmes en 1309 et en 1311, il n’en va pas de même d’autres aveux. En 1309, il avoue un baiser sur le nombril nu, qui devient, en 1311, baiser sur la poitrine par-dessus les vêtements. De même en 1309, il dit qu’on lui a indiqué lors de sa réception comme étant des statuts de l’ordre la possibilité d’union charnelle entre frères, alors qu’en 1311, il précise qu’il avait appris cette permission de frères de l’ordre, par ouï-dire, qu’à son avis c’était là un mensonge, et il ajoute que le récepteur ne lui avait rien dit de cela. En veine de sincérité, semble-t-il, il dit que l’injonction de ne se confesser qu’à des prêtres de l’ordre n’était pas observée. Il semble que le témoin se sente plus à l’aise devant les commissaires pontificaux, plus libre de dire ce qu’il pense vraiment.

26. — Jean de Menât, commandeur de La Marche, précise en 1311 que, s’il a craché sur la croix et renié le Christ, c’est à cause de sa jeunesse (alors quinquagénaire, il avait été reçu trente-deux ans auparavant à la Saint-Barthélemy, soit en 1279, à l’âge d’environ dix-huit ans). Il affirme en 1311, à propos de l’absolution au chapitre, qu’il s’agissait des désobéissances mais que les frères croyaient être absous des péchés véniels ou mortels découlant de ces désobéissances, quia erant simplices. A propos des baisers, il ne parle en 1311 que de baiser sur la bouche et non sur le nombril. Toujours en 1311, il avance à propos de l’homosexualité, avoir entendu dire qu’un prêtre de l’ordre, défunt, perpétrait ce crime avec des gens qui n’étaient pas de l’ordre. Quant à la punition de ceux qui révéleraient les secrets, il ne parle pas en 1311, de prison mais seulement de grave punition. Au sujet de la persévérance dans Terreur, il l’explique en 1311, quod peccatum detinebat eos. Il n’est pas fait allusion en 1311 à la possibilité de travailler au profit de l’ordre par n’importe quel moyen, qu’il avait affirmée en 1309, peut-être parce que la question n’a pas été posée ou parce que le rédacteur du procès-verbal a omis de noter ce point. Enfin en 1309, il dit avoir été présent à deux réceptions ; il cite aussi en 1311 deux réceptions, mais ce ne sont pas les mêmes et cependant, il affirme n’avoir pas assisté à d’autres.

28. — Guillaume Avril, vieux sergent qui a été sept ans Outremer, ne semble pas avoir bonne mémoire. Pour sa réception, il ne cite pas les mêmes assistants (dont deux Auvergnats en 1311) ni le même récepteur : en 1309, ç’aurait été le commandeur de Pouille, en 1311 un chevalier auvergnat Pierre de Griferio. Deux contradictions sont d’autre portée. Devant l’évêque il avance qu’il lui a été enjoint, lors de sa réception, de ne se confesser qu’à des prêtres de l’ordre, alors qu’aux commissaires pontificaux il rapporte un bruit : on disait dans l’ordre qu’on ne pouvait, sans permission, se confesser à d’autres qu’à des prêtres de l’ordre. En 1309, il a dit n’avoir pas assisté à la réception d’autres frères ; en 1311, il raconte qu’il a été présent à une réception au temple de Celles, dans l’année précédant leur arrestation, et cite parmi les présents Guillaume de Mazayes et Guillaume Tixier, ajoutant qu’il ne se souvient pas avoir été présent à d’autres réceptions ; le nom de Guillaume de Mazayes aurait dû lui rappeler qu’il avait également assisté à la réception de ce chevalier, puisque l’intéressé le cite parmi ceux qui étaient présents à sa réception, témoignage recoupé par celui de Guillaume Tixier. A propos de l’idole qui aurait été détenue Outremer, il dit en 1309 et 1311 n’en avoir jamais entendu parler ; cependant en 1311 il ajoute à cette dénégation le récit d’une fable apprise Outremer : anciennement, avant l’institution de l’ordre, une tête apparaissait de temps en temps en mer, dans le gouffre appelé de Setalias (212), et après l’apparition de cette tête, les navires situés en ce lieu disparaissaient.

29. — Les deux dépositions de Pierre Maurin sont tout à fait parallèles, celle de 1311 est toutefois plus précise. Il ne se souvient plus, en 1309, à quelles réceptions d’autres frères il a assisté et, en 1311, en mentionne une et cite des noms, ce qui est confirmé par la déposition de Michel Dupuy (24). Il ajoute en 1311, en ce qui concerne le profit de l’ordre, qu’avec les Sarrazins, on pouvait user de n’importe quel moyen. Au sujet de sa confession des erreurs à l’évêque de Gibelet, il précise en 1311 son nom : Pierre de Cahors, o.f.m. (213), le lieu : Château-Pèlerin et la réaction de l’évêque qui fut stupéfait. Quant à l’idole, on relève une contradiction à propos de la cordelière qui aurait touché la fameuse tête, d’après ce que lui avaient dit quelques frères : il dit en 1309 ne l’avoir conservée que six jours ; en 1311, au contraire, ce n’est qu’au bout de deux ou trois ans, après avoir appris du chevalier Pierre de Vienne qu’une tête était conservée dans le trésor du Temple et que les cordelières avaient touché cette tête, qu’il ne voulut plus la porter ; il précise même que son interlocuteur lui avait dit que c’était une tête de saint Pierre ou de saint Biaise, alors qu’à l’évêque il avait déclaré ne savoir ni de quoi ni comment elle était faite.
Si ce témoignage paraît au premier abord inspirer confiance ces dernières allégations font douter de sa valeur.

32. — Jean Sarrasin, du diocèse de Bourges, a varié dans sa déposition devant l’évêque de Clermont si bien que le procès-verbal note ces hésitations sur plusieurs articles et ajoute que finalement, interrogé à plusieurs reprises, il s’en tint aux déclarations enregistrées. Ainsi, à propos du reniement, il a d’abord dit ne pas se souvenir d’avoir renié le Christ, avant de l’avouer. Or en 1311, il avoue simplement, sans qu’une hésitation soit notée ; plus loin pourtant, il affirme qu’au lendemain de sa réception il aurait préféré être mort plutôt que d’avoir fait les choses illicites qu’il a faites. Est-ce par honte qu’il avait hésité à avouer en 1309 ? Ou bien n’hésite-t-il plus en 1311 parce qu’il voulait s’en tenir à sa déposition antérieure ? On note cependant des omissions ou des contradictions entre les deux dépositions. Sa déclaration de 1311 qu’il aurait préféré la mort, ne l’entraîne pas à dire qu’il s’était confessé de ses erreurs à un frère mineur, confession cependant rappelée devant l’évêque. En 1309, il avance qu’il lui fut enjoint sous menace de prison, de ne pas révéler les secrets, alors qu’en 1311, il dit simplement croire à une grave punition pour ceux qui auraient fait ces révélations. En 1311, il prétend que son récepteur lui dit qu’il pouvait pratiquer la sodomie, alors qu’en 1309, il nie que cela lui ait été dit et avoue seulement avoir entendu dire ensuite que tel était le précepte de l’ordre.

34. — Pierre de Bonnefont ne se contredit pas d’une déposition à l’autre, sinon sur un point de détail ; en 1309, il dit n’avoir porté la cordelière que deux jours, et en 1311, une huitaine de jours. S’il n’a pas continué à la porter, c’est parce qu’il avait appris qu’elle avait touché une tête que les templiers avaient Outremer. En 1311, il précise qu’il avait appris cela du prêtre templier auvergnat Jean Robert, et aussi qu’il n’avait pas entendu parler de cette idole, sinon par ce prêtre et depuis son arrestation. Il ne dit pas avoir assisté à d’autres réceptions, bien qu’Etienne Laroussille le cite comme témoin à la sienne, mais pense que les mêmes choses illicites s’y passaient, car il ne croit pas qu’une telle nouveauté ait été faite pour lui seul, dit-il en 1311.

36. — Les témoignages de Durand Charnier ne se contredisent guère l’un l’autre. Les seules différences notables sur des points comparables portent d’une part, sur la façon dont il avait eu connaissance de la possibilité de se confesser, avec permission, à d’autres prêtres que ceux de l’ordre : en 1309, celui lui avait été prescrit lors de sa réception; en 1311, il l’avait entendu dire; d’autre part, sur la conformité de la procédure des réceptions : en 1309, il cite une réception à laquelle il a assisté en disant ne pas savoir s’il y a eu reniement et baiser parce que récepteur et reçu se mirent à l’écart : en 1311, il dit que cela se faisait communément parce qu’il l’a vu faire à la réception de Pierre de Moncel. En 1311, il insiste sur ces erreurs en disant que son oncle Durand Charnier, deux mois après sa réception, lui dit que le Christ n’était pas mort pour nos péchés mais pour les siens, ce qui le troubla si fort qu’il fit des reproches à son oncle. Un autre témoin de sa réception, Jean Senaud, dit que Pierre de Madic, le récepteur, pleurait en lui prescrivant des pratiques illicites.

42. — Un seul templier qui devant l’évêque avait rejeté les accusations formulées, est interrogé par la commission pontificale, le chevalier Raynard de Bort. Sa déposition de 1311 amène à penser que sa fermeté a été quelque peu ébranlée. Plus complète que celle rapportée par le procès-verbal de l’interrogatoire de Clermont, elle ne la contredit pas ; tous les points communs sont identiques avec toutefois une différence : en 1309, il avait nié le crachat sur la croix, il l’avoue en 1311, précisant qu’aucune autre malhonnêteté n’intervint au cours de sa réception. Quant au reste, les renseignements complémentaires fournis par son interrogatoire parisien ne contiennent rien qui ne s’accorde avec ses dénégations de 1309, même pas le fait qu’il dise avoir entendu les hospitaliers reprocher aux templiers par manière de plaisanterie, des baisers in ano au cours des réceptions. Ce qu’il dit de la réception de Bertrand de Sartiges à Tortose, plus détaillé que le procès-verbal d’interrogatoire de ce dernier en 1309, n’y apporte aucune contradiction : aucune des pratiques illicites n’intervint au cours de cette réception car, pendant qu’elle se déroulait, on appela aux armes à cause d’un assaut des Sarrazins et le jour et la nuit se passèrent à les combattre.
Ainsi, pas un des vingt et un templiers concernés ne reste totalement fidèle à la déposition qu’il a faite devant l’évêque.
Omissions, qui sont peut-être dues à une manière différente de mener l’interrogatoire, variations et contradictions ressortent de cette comparaison des témoignages de 1309 et 1311.

Une partie des différences relevées est liée à la perception du temps qu’ont les témoins ; ainsi en 1309, à propos de leur date de réception, la moitié des témoins exprime en chiffres ronds le nombre d’années qu’ils estiment s’être écoulées (214). Si une étude critique exhaustive est difficile, on relève deux cas où les divergences des témoignages sont notables : alors qu’un frère (63) date de dix-sept ans auparavant sa réception (soit en 1292), un témoin dit en 1311 « il y a douze ans », soit en 1299 ; dans l’autre cas, la différence est plus grande : deux frères (38, 39) disent, en 1309, avoir été reçus « il y a quarante ans », soit en 1269, alors qu’un témoin affirme en 1311 avoir assisté à leur réception environ vingt ans auparavant, soit vers 1291.

Sur les vingt et un frères qui sont interrogés en 1311, et donc amenés à préciser à nouveau la date de leur réception, on constate que quatre d’entre eux seulement ont eu une conscience exacte du temps écoulé et donnent la même date (6, 9, 26, 34) ; trois se contentent de la même approximation, « il y a trente ans » (11, 14), « il y a huit ans » (36) ; neuf frères ont eu conscience que du temps avait passé depuis l’interrogatoire de Clermont, mais l’ont mal évalué, ajoutant à la date donnée en 1309 un an (18, 20, 32), trois ans (1, 7, 8, 19, 24) ou quatre ans (3) ; trois autres sont passés d’un chiffre rond : vingt ou trente ans, à un autre : vingt-cinq ou trente-cinq (16, 28, 42) ; deux enfin laissent apparaître une mauvaise perception du temps écoulé, à moins qu’ils aient simplement oublié la date donnée en 1309, puisque l’un passe de trente-quatre ans en 1309 à trente-deux ans en 1311 (2), et que l’autre dit vingt-six ans en 1309 et vingt-cinq en 1311 (29). Ces derniers exemples montrent bien que la précision à l’unité n’est pas un gage de fiabilité.

En revanche, tous les frères qui s’expriment sur ce point ont une mémoire précise du moment de l’année où ils ont été reçus : 1er dimanche de Carême, Pâques, Ascension, fête de saint Jean-Baptiste, par exemple (215).

Quelques événements saillants peuvent à l’occasion servir de points de repères, ainsi l’année de l’arrestation (certaines réceptions sont datées par rapport à ce fait), la chute de Saint-Jean-d’Acre (216).

Toutes ces différences posent le problème de la fidélité de la mémoire, mémoire d’actes réels passés, mémoire aussi d’éventuels mensonges, sans doute réfléchis au cours des longues heures de détention et proférés au cours des interrogatoires antérieurs : quelques années plus tard, le frère n’a peut-être plus le souvenir exact de ceux qui ont été effectivement dits et de ceux qui n’ont été que pensés. De plus, l’opportunité de dire ou de taire certains faits peut apparaître sous un jour différent en 1309 et en 1311, en fonction du temps écoulé et des déclarations faites par les autres.

La collation des divers témoignages fait apparaître que les divergences portent sur tous les articles du questionnaire, à l’exception de ceux pour lesquels nous avons constaté que tous étaient d’accord soit pour en rejeter (art. 3, chat) soit pour en admettre (art. 7, serment, 8, clandestinité) l’essentiel. C’est à propos des articles, 1 et 2 qu’il y a le moins de variations : un seul templier parmi les vingt et un n’observe pas à cet égard la même attitude dans les deux dépositions (14 pour l’art. 1, 42 pour l’art. 2). Au sujet de l’omission des paroles de la Consécration (art. 4) les deux prêtres qui sont au nombre des vingt et un (1 et 8) se contredisent formellement, quoique d’une manière différente, d’une déposition à l’autre. On relève de même quelques contradictions (2, 20) à propos du pouvoir d’absolution des présidents de chapitres (art. 5). Le nombre des divergences portant sur les baisers lors des réceptions (art. 6) est bien plus grand, tant à propos de ceux donnés sur le nombril (3, 24) que de ceux donnés sur la bouche ; si plusieurs frères qui, devant l’évêque, avaient avoué diverses sortes de baisers ne reconnaissent plus devant les commissaires pontificaux que le baiser sur la bouche (1, 9, 11, 19, 26), d’autres au contraire, ce qui surprend, ne parlent pas de celui-ci en 1311 (6, 7). L’invitation à pratiquer la sodomie (art. 9) donne lieu à une diversité analogue ; reconnue devant l’évêque et non devant la commission pontificale par l’un (24) c’est exactement le contraire pour d’autres (11, 22). Sur le contenu de l’article 10, certains, contrairement à ce qu’ils avaient fait en 1309, ne mentionnent pas en 1311 le lieu de conservation de l’idole (2, 6, 7, 18, 19) ou le fait que la cordelière l’aurait touchée (2, 6) ; d’autres varient (216) quant à la durée du port de cette ceinture (29, 34). La peine qu’auraient entraînée d’éventuelles révélations (art. 11) n’est pas qualifiée en 1311, alors qu’en 1309, il s’agissait de prison aux dires de plusieurs (20, 26, 32). La question portant sur l’identité du mode de réception amène un templier à se contredire (36). L’obligation de se confesser à des prêtres de l’ordre (art. 12) formellement avouée en 1309 devient un on-dit en 1311 (28, 36), et la confession personnelle des erreurs (art. 13) est tantôt avouée à l’évêque et non aux commissaires pontificaux (6, 11, 16, 32), tantôt à ceux-ci et non à l’évêque (1, 2, 8, 9). De même, l’injonction d’acquérir par tous moyens (art. 14), reconnue en 1309 ne l’est pas en 1311 (11, 26), ou bien, niée devant l’évêque, est alors limitée aux Sarrazins (29). Mais c’est la question relative à l’assistance aux réceptions d’autres frères qui, sans même tenir compte des erreurs sur les noms des participants, provoque le plus de variations car souvent, les faits cités ne sont pas les mêmes en 1309 et 1311 (1, 2, 7, 11, 16, 18, 19, 20, 24, 26, 28, 29).

Comment dans ces conditions croire que ces dépositions correspondent à la réalité des faits, reflète la vérité ? Aux yeux de J.-M. Raynouard, ces contradictions sont si frappantes qu’elles amènent à « refuser la moindre croyance à l’égard des faits sur lesquels ils ne se contredisent pas » (217).

L’analyse détaillée qu’il m’a fallu faire au préalable laisse apparaître que les réponses sont en partie dictées par les questions posées, que beaucoup de faits sont avancés sur des on-dit, sur des bruits qui courent (la mention audivit dici revient souvent), que ces bruits ont couru dans les lieux de détention, et que certains qui ne savaient rien lors du premier interrogatoire racontent au cours du second ce qu’ils « ont entendu dire », observation qui vaut également pour le temps écoulé entre l’arrestation de 1307 et l’interrogatoire de 1309. Enfin les frères s’accusent plus facilement, chargent davantage l’ordre en 1309 qu’en 1311, ceci quels que soient l’âge ou le nombre d’années passés au sein de l’ordre de celui qui dépose218. Cette différence de comportement vient sans doute des conditions dans lesquelles se sont déroulés les interrogatoires. En 1309, les enquêtes confiées aux évêques étaient destinées à juger les personnes ; aussi les templiers, emprisonnés depuis près de deux ans et déjà soumis à des interrogatoires, étaient davantage enclins à se conformer aux souhaits des enquêteurs. En 1311, leur situation personnelle, à l’exception du dernier, est assurée, ils sont réconciliés avec l’Eglise. L’enquête cette fois-ci a pour but de juger l’ordre ; les frères sont vraisemblablement mieux informés qu’à Clermont de la situation219 : ils doivent au moins savoir qu’un certain nombre d’entre eux sont déjà venus défendre l’ordre devant ces mêmes commissaires, dont l’attitude est certainement bienveillante, même si les gens du roi exercent une pression réelle. Aussi les frères, moins impliqués personnellement, se sentent-ils plus en confiance. S’ils disent tous ne pas vouloir défendre l’ordre ni s’écarter en aucun cas de la déposition faite devant l’évêque de Clermont, sans doute ne veulent-ils pas non plus, peut-être aussi par respect envers la mémoire de ceux d’entre eux qui sont morts, accabler leur ordre.

Le destin des templiers
Les renseignements que l’on possède sur le destin personnel des frères sont rares.
On sait, grâce aux témoignages recueillis par la commission pontificale que quelques-uns sont morts avant 1311, notamment parmi les plus âgés : ainsi Robert Courteix et Bonefous de Tallende 22°, et probablement Bertrand Amblard (221).
Ceux qui avaient avoué étaient toujours emprisonnés en 1311 puisque c’est de Riom que furent amenés les vingt et un d’entre eux qui comparurent (222).

Quant à ceux qui avaient nié, après avoir tenté de défendre l’ordre en venant à Paris, ils ont été renvoyés dans différentes prisons (223) : on trouve ainsi mention, en 1311, de Boson Coheta à Riom, d’Etienne Lajarousse ainsi que Gautier de Messi à Paris. Deux autres Auvergnats, Hugues de Seyssel et le prêtre Jean Robert sont détenus à Issoudun.

On sait également que Guillaume Brughat, Pierre de Montagnac, Bernard Charnier et André Jacob vivaient encore en mars 1311 (224). Pierre du Breuil n’était pas à la prison de Riom, mais le témoin pense qu’il vit encore (225) tandis qu’une incertitude pèse sur le sort de Jean de Sornac (226).

Quel fut leur destin après cette date ? On est réduit aux conjectures. On sait que la décision prise au concile de Vienne (227) de supprimer l’ordre par voie de provision fut rendue publique le 3 avril 1312 par la bulle Vox in excelso (228) ; les conciles provinciaux avaient été habilités par la constitution Considerantes dudum, du 6 mai 1312, à juger les templiers inculpés ; en cas de verdict d’innocence et de soumission à l’Eglise, ils devaient fixer le montant d’une pension viagère allouée sur les biens du Temple et les inviter à entrer dans un monastère ; ils devaient appliquer aux impénitents et aux relaps les peines canoniques (229). « Philippe n’intervint pas dans ces procès parce qu’il se désintéressait du sort des simples prisonniers, et parce qu’en France il en restait bien peu qui n’eussent pas été réconciliés » (230).

Qu’en fut-il dans la province ecclésiastique de Bourges dont faisait partie le diocèse de Clermont ? Je n’ai trouvé aucune trace d’un concile provincial qui se serait occupé des templiers (231).
En 1315, date qui pourrait convenir, un concile s’est réuni à Bourges post beatissime Marie Virginis nativitatem, non sine sumo spirituali utilitate cleri et populi indique Mansi (232), mais aucun document n’en précise l’objet exact. Un autre concile provincial s’est tenu en 1319 à Clermont, cette fois, mais il y fut surtout question de la création de l’évêché de Saint-Flour (233).

Seul l’abbé Bouffet écrit qu’un concile « fut présidé par l’archevêque Eloi Colonna..., 1311 » mais ne cite aucune source234 ; un seul élément peut faire penser que ce renseignement est exact : les frères amenés d’Auvergne en mai 1311 se sont tous présentés devant la commission pontificale barbe rase et sans le manteau de l’ordre. Mais il est hasardeux, en l’absence d’autres éléments, de considérer ce fait comme une preuve de la tenue d’un concile avant leur transfert.

Il semble bien qu’à Clermont comme ailleurs le règlement définitif de la question traîna en longueur ; des bulles datées du 18 mars 1317 rappelèrent aux métropolitains de France leurs obligations au sujet des pensions 235 qui, trop libéralement accordées ont dû être réduites notamment dans le diocèse de Clermont ; le pape nommait pour cela un dignitaire du chapitre cathédral, le prieur des frères prêcheurs et le gardien des frères mineurs de la cité épiscopale 236. Enfin, le pape Jean XXII enjoignit aux prélats de faire comparaître devant eux les templiers et de leur donner trois mois pour entrer dans un monastère dont ils suivront la règle et où leur sera payée leur pension (237).
Aucune source ne permet de vérifier l’application de ces mesures. Le dépouillement des lettres communes de Jean XXII a seulement permis de retrouver les noms portés par quatre frères, Pierre du Breuil, Guillaume de Brugeria, Etienne du Cellier et Pierre de Monta- gnac (238) impliqués dans le procès de Clermont ; mais rien ne permet d’affirmer avec certitude qu’il s’agit bien des templiers et non de clercs homonymes.


Conclusion
L’interrogatoire de Clermont nous paraît de grand intérêt (239). Outre son utilité pour les études régionales auxquelles il fournit des données sur le personnel du diocèse de Clermont ou les dignitaires, frères et maisons du Temple des diocèses de Clermont et Limoges, il n’est pas sans éclairer l’histoire générale.

C’est en effet un élément nouveau, puisque mal utilisé jusqu’alors, pour l’étude de l’affaire des templiers ; son apport n’est pas négligeable tant par les rectifications de noms qu’il permet, pour un dossier dont une pièce essentielle a été éditée d’une façon défectueuse, que pour l’analyse de la procédure suivie dans les enquêtes épiscopales. Même s’il n’est pas, à certains égards, aussi riche que le procès-verbal d’enquête du diocèse de Nîmes, qui donne des renseignements sur les diverses phases de l’affaire depuis l’arrestation en 1307, il prend un relief particulier par la comparaison qu’il permet, et qu’à ma connaissance il est le seul de sa catégorie à permettre, entre les dépositions faites par une vingtaine de templiers à des dates différentes et devant des enquêteurs différents. Et cette comparaison montre combien sont fragiles les conclusions sur la culpabilité de l’ordre, tirées uniquement de ces témoignages qui varient selon le temps et les lieux.

Les différences portent sur presque tous les articles, elles sont cependant plus rares pour ce qui concerne le reniement et les crachats sur la croix. Et, à dire vrai, si l’on met à part les questions qui s’expliquent par une déformation de faits réels, ou celles qui n’ont visiblement d’autre but que de faire pression sur les comparants, les autres apparaissent à la lecture des témoignages comme non fondées, ainsi celles qui ont trait à l’adoration d’un chat, à l’omission des paroles de la consécration, à la recommandation de l’homosexualité, aux idoles ; il n’en reste pas moins que le reniement et les crachats sur la croix font problème (239). Aussi, bien des historiens sont-ils partagés à cet égard au point que la culpabilité des templiers (240) peut paraître rester « au nombre des mystères éternellement débattus de l’histoire » (241).

Sans vouloir rouvrir ce débat auquel ont participé tant d’historiens éminents, je voudrais simplement noter quelques points que souligne le procès de Clermont. Tout d’abord, les interrogatoires de ceux qui avaient reconnu les faits incriminés ont été particulièrement mis en valeur dans les procès-verbaux. Celui de Clermont nous en offre un exemple patent : les enquêteurs, prévenus qu’ils étaient contre l’ordre et ses membres, ne serait-ce que par toutes les rumeurs qui circulaient dans le royaume de France (242), prêtaient une oreille bien plus favorable aux templiers qui reconnaissaient les accusations formulées qu’à ceux qui les repoussaient.

Ensuite, les difficultés qu’ont rencontrées les templiers auvergnats qui ont voulu défendre leur ordre, que ce soit simplement pour se rendre à Paris ou, pour Bertrand de Sartiges et Guillaume de Chamborent, pour remplir la mission confiée par leurs frères, démontrent la volonté du roi et de son entourage d’empêcher cette défense.

Enfin, l’affirmation par la plupart des templiers auvergnats, devant la commission pontificale, de leur intention de ne pas s’écarter de la déposition faite devant l’évêque de Clermont, confirme leur désir de ne pas se dédire par crainte des conséquences, même si en fait ils y réussissent mal ; en effet, les aveux obtenus par les agents royaux, spécialement ceux portant sur le reniement (243), avaient été confirmés devant les commissaires de l’Inquisition appelés après coup (244) ; l’intervention de l’inquisiteur leur apportait la sanction canonique, et les frères savaient bien qu’il en résultait pour eux l’impossibilité de se déduire sans risque de se parjurer, d’être condamnés comme relaps et voués au bûcher (245).

Ces éléments font douter de la culpabilité des templiers auvergnats ; l’attitude du commandeur d’Auvergne, Humbert Blanc, fournit une autre indication : arrêté en Angleterre, il a toujours refusé de reconnaître les accusations portées contre l’ordre, et a gardé tout au long de son procès la même attitude courageuse.

Un doute avait déjà été exprimé par des contemporains du procès ; le dominicain Pierre de La Palu, interrogé par la commission pontificale le 19 avril 1311, déposa avoir assisté à l’interrogatoire de nombreux templiers, dont les uns reconnaissaient nombre d’erreurs contenues dans le questionnaire et les autres les rejetaient, et affirma que bien des indices lui faisaient penser qu’il fallait accorder plus de créance aux dénégations qu’aux aveux (247). De même le cistercien Jacques de Thérines écrit en 1312, « si tout cela n’est que mensonge, comment se fait-il que les principaux membres de l’ordre... aient avoué de telles turpitudes, de telles horreurs... mais alors, si cela est vrai, comment se fait-il que... beaucoup de templiers se soient laissé volontairement brûler, en rétractant leurs premier aveux, alors qu’ils savaient pouvoir échapper au supplice en renouvelant simplement ces aveux ? » (248).

Dans un procès où tout poussait à l’aveu, la ferme attitude des niant et la rétractation de certains avouant paraissent avoir plus de force que les aveux même nombreux. Aux yeux de Roger Sève, l’innocence de l’ordre apparaissait certaine, même si le caractère des frères ne fut pas toujours à la hauteur des circonstances. D’ailleurs, l’histoire récente, depuis la seconde guerre mondiale, a modifié notre appréciation des événements de cette nature 249 et éclaire d’une lumière révélatrice le malheureux destin de l’ordre du Temple et de ses membres.

Index analytique des matière

Réceptions
assistance à (art. 1, fin), 63, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 84, 111,
123, 133, 137, 143, 146, 149, 152, 154, 180, 183, 186, 195, 210, 212, 214 ;
— date, 82-83.

déroulement (art. 1), 18, 46, 55-56, 60, 63, 72, 75, 76, 78, 79, 81, 94, 96,
111-112, 116, 118, 121, 124, 127, 130, 133, 135-136, 138, 140-141, 144, 147,
150, 152, 154-155, 157, 160, 163, 165, 167, 170, 173, 175, 178-179, 181, 183,
186, 189-190, 192, 195, 197-198, 199-200, 202-203, 205, 208, 210, 212, 214-
215, 216, 218, 220, 221, 222, 223, 224, 225-226, 227, 228, 229, 230, 231, 232,
233, 234, 235, 236, 237, 238, 239, 240, 241, 246, 247, 249, 250, 251-252, 255,
257, 259, 260, 261, 262, 263

mode habituel (art. 11), 46, 47, 49, 81, 84, 110, 115, 126, 129, 132, 142,
145, 149, 152, 156, 157, 159, 162, 171-172 174, 177, 188, 191, 194, 201, 204,
207, 210, 235, 242, 254, 255, 267 ;
— v. clandestinité, secret.

Réconciliation, 64, 65, 66-67, 69, 70, 86 :
— v. destin des frères.

Règle de l'ordre
— v. statuts.

Rejet des erreurs
— v. erreurs.

Relaps, 90

Religieux
— v. carmes, cisterciens, frères mineurs, frères prêcheurs, hospitaliers.
Reniement du Christ (art. 1), 44, 46, 55, 65, 69, 76, 78, 80, 96, 107-108, 112,
117, 118, 120, 121, 124, 127, 130, 133, 135-136, 138, 141, 144, 147, 150, 152,
155, 157, 160, 163, 165, 167, 170, 173, 175-176, 179, 181, 184, 186, 190, 192,
195, 197, 200, 203, 205, 208, 210, 212, 215, 216, 218, 254, 260, 261, 266.
Roi d'Angleterre, Edouard II, 245, 247.

Roi de France, Philippe le Bel, 19-22, 33-34, 47, 50, 65, 69, 71, 84-86, 89, 94, 245.
Rumeurs, 50, 54, 65, 72, 73, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 84-85, 89, 115, 120, 121, 126,
130, 132, 133, 137, 145, 146, 149, 151, 153, 156, 157, 162, 163, 172, 174, 177,
178, 179, 180, 182 183, 185, 188, 189, 194, 195, 196, 197, 199, 202, 204, 207,
209, 211, 213, 215, 216, 220, 245.

Sacrements (art. 4), 54, 56-57, 119, 122, 129, 134, 144, 147, 155, 158, 161, 163,
173, 176, 179, 190, 193, 196, 203, 206, 208 ;
— de l'autel, 48, 49, 56-57, 72, 73, 75, 76, 83, 108, 113, 119, 125, 128, 136,
138-139, 141, 150, 153, 155, 168, 170, 181, 184, 187, 200, 249, 252, 261, 262,
267.

— v. foi catholique.
Sacrilèges, 18, 19, 108, 109.

— v. crucifix, reniement.
Sarrazins, 79, 81, 84.
Sceau, 16, 44, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 105, 106, 223, 243, 244

Secrets
— des chapitres, 221, 222, 224, 226, 227, 228, 229, 230, 231, 232, 233, 234,
235, 236, 237, 238, 239, 240, 242, 249, 252 ;
— à garder (art. 8, 11), 47, 61, 77, 80, 100, 110, 112, 116, 123, 126, 129, 132,
135, 138, 140, 142, 144, 145, 147, 149, 152, 156, 157, 159, 160, 162, 165, 167,
169, 170, 171, 173, 174, 175, 177, 181, 183, 185, 186, 188, 190, 191, 192, 194,
197, 200, 201, 202, 204, 205, 207, 210, 212, 221, 223, 224, 225, 227, 231, 232,
233, 235, 240, 242, 252, 260, 267.

Sentence 20, 85, 90, 243, 247, 259.

Serment
— lors des comparutions générales, 107, 242 ;
— pendant l'interrogatoire, 111-244, passim ;
— en cause d'inquisition, 267, 268 ;
— prêtés dans le passé (art. 7, 11, 14), v. départ de l'ordre, secrets,
statuts.

Sodomie
— v. homosexualité.
Sorcellerie, 49-50, 65.

Soumission à l'église, 118, 124, 127, 133, 135, 137, 140, 150, 152, 154, 157, 160,
163, 165, 167, 170, 178, 180, 183, 186, 195, 197, 199, 208, 210, 212, 214, 216,
218, 220, 243.

— v. foi catholique, réconciliation.
Souscriptions, 44, 100-102, 243, 244.
Statuts de l'ordre, 48, 59, 61, 62, 76, 78, 80, 116, 117, 118, 121, 124, 125, 126,
127, 128, 129, 131, 134, 135, 136, 137, 138, 142, 144, 145, 148, 152, 153, 155,
156, 157, 159, 160, 161, 164, 167, 170, 173, 174, 175, 176, 179, 181, 182, 183,
184, 185, 187, 188, 189, 190, 191, 192, 193, 194, 196, 197, 198, 200, 201, 202,
203, 204, 205, 206, 209, 210, 211, 212, 213, 215, 217, 219, 220, 230.
Suspicion, 46, 48, 109, 115, 122, 125, 128, 131, 139, 142, 145, 148, 156, 158, 161,
169, 171, 174, 177, 185, 187, 190, 193, 201, 203, 206, 224, 225, 228, 233, 238,
240, 253, 255, 256, 267.

Templiers
— âge, 75-78, 79, 84 ;
— effectif, 30-33 ;
— liste nominative, 38, 41-43, 71, 106, 107 ;
— qualités, 30-33, 40, 66, 106-107.

Tête
— v. idole.

Torture, 43, 50-51, 65, 67-68, 69, 85, 89, 96, 243, 245, 246.

Transgressions à la règle
— v. absolution.

Variations, 70, 72, 78, 89, 200 ;
— v. attitude du déposant, mémoire.

Visiteur de France, 72, 108, 116, 133, 150, 152, 154, 170;
— v. H. de Péraud ; G. de Vicherio ; G. de Villars.
Sources numérique: (fichier PDF) Excerpts-Numilog

Notes
4. Certaines déchirures du parchemin antérieures à son utilisation ont été cousues.

5. Il n’a pas été possible de les interpréter ; les anciens inventaires du fonds de l’évêché aux archives départementales du Puy-de-Dôme ne mentionnant pas ce document, ni pour les cotes plus récentes, l’article de L. AUVRAY, « La collection Baluze à la Bibliothèque Nationale », dans Bibliothèque de l’Ecole des chartes, t. LXXXI (1920), p. 93-174.

6. Je ne suis pas très sûre de cette lecture ; on distingue avec certitude Ay, peut-être un e, loti.

7. Le chiffre 68 s’explique par l’oubli de Bonafous de Tallende ; le chiffre 19 est moins clair, on peut simplement souligner que ce lecteur a annoté le document jusqu’au dix-neuvième interrogatoire. Cette numérotation n’est pas reproduite dans l’édition de ce passage.

8. Les questions sont numérotées ainsi que les articles, que le scribe a regroupés en paragraphe et qui sont indiqués dans l’édition, entre crochets.

9. Cette numérotation comporte elle aussi une erreur, notre 46, Pierre Rose, a été omis ; on retrouve donc le chiffre 68.

10. M. DESSUBRE, Bibliographie de l’ordre des templiers (Paris, 1928), p. 129, n° 517.

11. Ms 623. Sur les folios de ce manuscrit (fol. 131-164) concernant l’interrogatoire, seuls les 21 premiers contiennent ces extraits (fol. 131-151), les autres sont blancs.

12. Entwicklung und Untergang des Tempelherrenordens (Berlin, 1888), p. 324 à 364.

13. Le rouleau 4 est utilisé p. 327 ; l’interrogatoire de 1309 es* utilisé p. 328 à 334.

14. A partir de Ad quam diem quartam..., p. 328.

15. Ce numéro est reproduit après le nom de chaque templier dans le procès- verbal de l’interrogatoire de chacun, mais non sans erreurs.

16. Cette numérotation ne va pas sans omissions ni erreurs ; ainsi Pierre Aureille et Bonafos de Tallende figurent sous le même n° 38 (p. 328). On lit également « 42. Stephano Lagarrosa, curato. 43. Disde dicto Bosi..., » au lieu de « Stephano Lagarrosa, curato d’Isde ; dicto Bosa... »

17. Ce qui s’explique à la fois par le fait relevé à la note ci-dessus, et par l’omission d’un templier, P. Blanc (19), dans la partie relative aux dépositions elles-mêmes, où P. Aureille et B. de Tallende sont bien distingués. Cette erreur a été reprise à sa suite dans le livre de M. BARBER, The Trial of the Templars (Cambridge University Press, 1978), p. 115 et note 57.

18. Ainsi pour le second il donne le nom du récepteur mais non ceux des assistants, pour le troisième ceux des assistants mais non celui du récepteur, etc.

19. H. Prutz appuie sa conviction de la culpabilité de l’ordre sur les diverses cérémonies de la réception. C’est sans doute pour cela qu’il ne cite pas les réponses aux autres articles. Voir le compte rendu critique publié par Ch.-V. LANGLOIS dans la Revue historique, t. 40 (1889), p. 17c notamment.

20. M. BOUDET, « Dans les montagnes d’Auvergne de 1260 à 1325 : Eustache de Beaumarchais seigneur de Calvinet et sa famille », dans la Revue de la Haute- Auvergne, 1899-1900 et tirage à part, Aurillac, 1901. H. BOUFFET, « Les templiers et les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem », dans Revue de la Haute-Auvergne, 1914-1916. Seule la première partie de ce travail, t. XVI (1914), p. 89-107 concerne les templiers.

21. M. BOUDET, p. 124 du tiré à part ; H. BOUFFET, Opuscule cité, t. XVI (1914), p. 106.

22. M. BOUDET, Opuscule cité, p. 125, 124.

23. H. BOUFFET, Opuscule cité, p. 103-106.

24. L’auteur désigne là les templiers en général et non ceux d’entre eux qui étaient nobles.

25. Ibid., p. 105.

26. On en trouvera un exposé clair dans G. MOLLAT, Les papes d’Avignon (Paris 1949), p. 367-389 et dans Jean FAVIER, Philippe le Bel (Paris, 1978), chapitre XIV à XVI. Sur les motifs de Philippe le Bel, voir encore Joseph R. STRAYER, The reign of Philip the Pair (Princeton University Press), 1980, p. 287-293.

27. Ch.-V. LANGLOIS, Les derniers Capétiens, dans l’Histoire de France... publiée sous la direction d’E. LAVISSE, t. III, lre partie (Paris, 1901), p. 183 et 187.

28. G. ROMAN, Le procès des templiers, essai de critique juridique (Montpellier, 1943), p. 42.

29. Voir l’enquête menée à Clermont au sujet d’Humbert Blanc, à la demande de l’évêque de Londres, ci-après, appendice 1.

30. G. LIZERAND, Le dossier de l’affaire des templiers, dans la collection des Classiques de l’histoire de France au Moyen Age (Paris, 1923), p. XIII-XVI.

31. Archives nationale, M 1 n° 10. Compte rendu par Guillaume Bernard, de sa gestion de la commanderie qui lui a été confiée, entre le 13 octobre 1307 et le 5 septembre 1308.

32. G. LIZERAND dit qu’ils ne nous sont pas parvenus (Opuscule cité, p. XIII). L. MENARD, Histoire civile, littéraire et ecclésiastique de la ville de Nîmes... (Paris, 1750), que G. Lizerand cite à cette même page, nous a pourtant conservé (preuves, p. 195 et sq.) le procès-verbal de l’interrogatoire de quarante-cinq templiers, enfermés à Aigues-Mortes, effectué par le chevalier du roi Oudard de Maubuisson, du 8 au 11 novembre 1307 et confirmé devant les deux commissaires de l’inquisiteur de France le lundi 13 novembre, et celui de l’interrogatoire de quinze templiers, détenus à Nîmes, par le même agent royal, le 16 novembre 1307, confirmé devant les inquisiteurs le lendemain 17. Il est vrai que ces textes sont contenus dans le procès-verbal de l’interrogatoire des templiers détenus à Alès effectué en juin-juillet 1310 par le commissaire de l’évêque de Nîmes. Ces documents publiés par Ménard sont les rouleaux 6 et 7 de Baluze, actuellement à la B.N., coll. Baluze, 396.
A propos de l’interrogatoire d’Alès, il n’est sans doute pas inutile de signaler que l’étude de RIVIERE-DEJEAN, « Les templiers, leur procès à Alais », dans Les Mémoires et comptes rendus de, la Société scientifique et littéraire d’Alès (tome XXI, 1895, page 155 et sq.) est fort décevante. On est mieux renseigné à son sujet par ce qu’en a écrit A. CHASSAING dans son introduction au Cartulaire des templiers du Puy-en-Velay (Paris, 1882), sous le titre « Procès des templiers du Velay «, page XX-XXX.

33. Sur ce personnage, voir l’article que lui a consacré Charles SAMARAN dans l’Histoire littéraire de la France, tome XLI (Paris, 1981), n° 21, page 62-64 et les travaux auxquels il renvoie.

34. G. LIZERAND, Opuscule cité, page XV.

35. G. LIZERAND, Opuscule cité, page XIII-XIV.

36. Procès des templiers, tome I (1841) et tome II (1851), dans la Collections, de Documents inédits sur l’Histoire de France. Cette publication sera dans le cours de cette étude indiquée : MICHELET, tome I ou tome II.

37. On a cependant, pour le diocèse de Nîmes (MENARD, preuves, p. 215-219), les lettres de l’évêque du 28 octobre 1312, lequel, ayant reçu commission du cardinal évêque de Tusculum datée d’Avignon le 25 octobre, pour absoudre les templiers qui avaient avoué, délégua pour ce faire G. de Saint-Laurent, curé de Durfort, qui avait déjà mené l’enquête, et l’acte par lequel les templiers sont relevés par ce commissaire de l’excommunication encourue, et réintégrés dans le sein de l’Eglise le 8 novembre.

38. Tome II, page 421 à 515.

39. Opuscule cité, preuves, p. 166-195.

40. Sur les soixante-neuf frères interrogés, quarante-neuf étaient originaires du diocèse de Clermont et dix-sept de celui de Limoges.

41. Voir à ce sujet la présentation du Groupe de recherches sur les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui, à l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, prépare un répertoire topo-bibliographique des maisons de l’Hôpital et du Temple en France, dans la Revue d’histoire de l’Eglise de France, t. LXVII (1981), p. 188-189.

42. Le procès des templiers, traduit, présenté et annoté par R. OURSEL (Paris, 1955), p. 245-246 n. 7 et n. 8.

43. Le terme « précepteur » souvent utilisé, ne convient pas ; « maître » est réservé au grand-maître de l’ordre ; l’équivalent de preceptor ou magister, que l’on rencontre dans les textes en langue vulgaire, est « coumandeor », « comandour »

44. Pierre de Madic, témoin 26 fin.

45. E.-G. LEONARD, Introduction au cartulaire manuscrit du Temple... (Paris, 1930), p. 165-166.

46. MICHELET, II, 124, Fratres Petrus de Madico, Gerardus de Sauzeto et Raymundus de Marolio, preceptores Alvernie successive.

47. E.-G. Léonard le cite dès 1292. Ce nom est désormais assuré, grâce au témoignage de Durand Blanchier, 25 1. E.-G. Léonard le situe après Géraud de Sauzet, mais 1288 est une date certaine (H. PRUTZ, Opuscule cité, p. 367, et comte de TOULGOET-TREANNA, « Les commanderies de Malte en Berry », dans Mémoires de la société des antiquaires du Centre, t. XXXI (1907-1908). p. 126), tandis que les deux autres dates reposent sur des témoignages.

48. Un commandeur est appelé Jean de Sauzet (4 4), mais il s’agit manifestement d’une erreur pour Géraud qui est cité dans la même déposition à l’article 1.

49. Témoin 43 ; ce titulaire n’est absolument pas sûr ; E.-G. Léonard ne le mentionne pas, d’autres témoins le disent commandeur de Pouille vers 1294 (31 1) et l’un d’eux précise de Barletta (H. FINKE, Papsttum und Untergang des Templerordens, t. II (Munster, 1907), p. 350).

50. L. NIEPCE, Le Grand Prieuré d’Auvergne, ordre des hospitaliers de Saint- Jean de Jérusalem (Lyon, 1883), p. 80.

51. A. TRUDON DES ORMES, Listes des maisons et de quelques dignitaires de l’ordre du Temple en Syrie, en Chypre et en France, d’après les pièces du procès, (Paris, 1900), a essayé de distinguer les simples commanderies des maisons plus importantes en analysant les réceptions qui s’y sont déroulées (nombre, qualité du récepteur et des assistants).

52. Il est conservé aux Archives nationales (cote K 496, n° 4, rouleau) et a été édité par A. CHASSAING, Spicilegium brivatense, recueil de documents historiques relatifs au Brivadois et à l’Auvergne (Paris, 1886), p. 212.

53. Dans les identifications qui suivent, Puy-de-Dôme est abrégé Puy-de-Dôme.

54. Voir note d’A. CHASSAING citée par L. NIEPCE, Opuscule cité, p. 238.

55. Philippe TIERSONNIER, « La préceptorie puis commanderie de La Marche », dans Bull, de la Société d’émulation du Bourbonnais, 1923, p. 543-576.

56. R. BOUSCAYROL, « La commanderie de La Tourette », dans Amitiés riomoises, 1968, n° 21, p. 1 à 7.

57. Opuscule cité, p. 171.

58. Arch. dép. Rhône, 48 H 138.

59. L. NIEPCE, Opuscule cité, p. 228. Le manuscrit porte Chambot ; il ne s’agit pas du Chambon mais de Chamberot ainsi que l’a justement noté A. CHASSAING dans son édition (Spicilegium, p. 213).

60. A. CHASSAING, Spicilegium, p. 31 et 191.

61. L. NIEPCE, Opuscule cité, p. 293.

62. Comparer MICHELET, I, 415 et II, 280.

63. Cité par L. NIEPCE, Opuscule cité, p. 225 n. 3.

64. Opuscule cité, p. 296, n. 2.

65. Opuscule cité, p. 226.

66. Opuscule cité, p. 326 n. 2 et p. 296 n. 2.

67. Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t. LIV (1904), p. 493-503.

68. Opuscule cité, p. 167 et 168.

69. Andrée LOURADOUR, « La commanderie de Blaudeix », dans Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. XXXV, fasc. 1 (1963), p. 40-58.

70. A. LOURADOUR, « La commanderie de Paulhac », dans Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. XXXVI, fasc. 2 (1967), p. 490-502 et t. XXXVII, fasc. 1 (1969), p. 212-216.

71. Opuscule cité, p. 169.

72. L. NIEPCE, Opuscule cité, p. 287 et A. VAYSSIERE, L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem en Limousin (Tulle, Limoges, 1884), p. 35-36.

73. A. VAYSSIERE, Opuscule cité, p. 107. Pour A. TRUDON DES ORMES, il s’agit de deux commanderies distinctes, op cit., p. 40.

74. Tibor PATAKI, « L’ordre de Malte en Bas-Limousin », dans le Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, t. 93 (1971), p. 87.

75. Julien LHERBEIL, « La commanderie de Puy-de-Noix sur le plateau de Roche-de-Vic », dans Bull, de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, t. 93 (1971), p. 75-79.

76. A. VAYSSIERE, Opuscule cité, p. 78-79.

77. L’identification d’E.-G. Léonard est inexacte ; voir l’article de Tibor PATAKI, Opuscule cité, p. 84 et P. DUBOST, « La commanderie du Temple de Mons », dans Bull, de la Société de la Corrèze, t. LUI (1931), p. 237-251.

78. A l’exception du Mas-Dieu et de Puybonnieux.

79. A. LOURADOUR, « La commanderie de Charrières », dans Mém. de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. XXXV, fasc. 3 (1965), p. 674-690.

80. Opuscule cité, p. 14.

81. Pour ce décompte, nous avons retenu d’une part les frères expressé- ments dits « vivants », d’autre part, lorsqu’il n’est fait état d’aucune certitude, ceux qui sont présents à une réception postérieure à 1300 ou qui sont reçus dans l’ordre après 1290 ; avant ces dates, en l’absence de précision sur leur âge, leur situation est trop incertaine. Pour nombre d’entre eux, le document de 1309 permet d’établir l’appartenance à un diocèse ou de préciser une date. Sauf indication contraire, les références renvoient à l’édition de Michelet.

82. L’ouvrage de T. BINI, « Dei tempieri e dei loro processo in Toscana », dans Atti délia Reale Accademia Lucchese, vol. XIII (1845), p. 400-506 ne contient pas, comme cela a été écrit, une liste de sept cents noms de templiers, mais les dépositions de six frères, reçues en Toscane en 1311, ainsi que d’autres documents antérieurs au procès. Aucun nom d’Auvergnat ne s’y trouve cité.

83. K. SCHOTTMULLER, Der Untergang des Templerordens (Berlin, 1887), t. II et H. FINKE, Papsttum und Untergang des Templerordens (Munster, 1907), t. II.

84. Une liste des templiers de la fin du XIII* siècle a été dressée par l’abbé H. BOUFFET, Les templiers en Haute-Auvergne, t. XVIII (1916), p. 145 à 147, mais il n’indique pas les frères qui sont déjà morts au moment du procès, en cite quelques-uns qui appartiennent à d’autres diocèses, et commet quelques erreurs de date.

85. Pour leurs noms et leur rôle, voir ci-après les templiers auvergnats et la défense de l’ordre.

86. K. SCHOTTMULLER, Opuscule cité, p. 211, Perceval de Saint-Aubin, chevalier ; il est dit à tort du diocèse de Bourges ; il dit avoir été reçu à La Marche par son oncle Humbert Blanc.

87. H. FINKE, Opuscule cité, p. 355, Vital de Chardasac du Puy, prêtre reçu au Chambon.

88. Voir note 118.

89. Jean d’Auvergne, prêtre (I, 548), Jean l’Auvergnat, sergent (II, 154), Robert de Blois, sergent (II, 147), Etienne du Breuil (I, 418), Golfier Garin, prêtre (II, 181), Pierre d’Herment, sergent (II, 219), Robert de La Marche (SCHOTTMULLER, II, 211), Etienne de Montaigu (II, 234), Durand Pignol, prêtre, (I, 512), Hugues Pougnet, sergent (II, 188), Robert de Salvaniac, sergent (II, 144), Pierre Vigne, sergent (II, 181, cité comme mort II, 252), Guillaume Viverols (II, 242).

90. Barthélémy de Chargnat (27 fin), Bertrand de Chavagnac, chevalier (32 1), Pierre Gorfol (36 fin), Robert Laurens (17 1, 27 fin, 36 1), Pierre Piot (9,
I, 25 fin, 61). Deux frères reçus dans l’ordre vers 1289 sont vraisemblablement encore vivants en 1307 : Gui Aucher (24 fin) et Jean Tamaynh (24 fin).

91. H. FINKE, Opuscule cité, Etienne Ebrard du Puy (II, 316) et P. de Senasel (II, 317).

92. Gautier de Nonagerio, chevalier, commandeur de Chambéraud, H. FINKE, Opuscule cité, II, 353.

93. Les dépositions de huit d’entre eux sont données par K. SCHOTTMULLER : Guillaume Aimerici, sergent, commandeur de Champeaux, l’oncle (II, 25), Géraud Béraud, chevalier (II, 66), Aimeri Chamerlent, sergent (II, 44), Pierre de Claustre (II, 16), Pierre de Conders, chevalier, commandeur de Gentioux (II, 48), Guillaume Malmon, chevalier, commandeur de Magnae (II, 26), Guillaume de Reses, chevalier (II, 19), Géraud de Saint-Martial commandeur de Charrières (II, 64). Deux autres sont cités par H. FINKE: Gui Brughat (II, 333) et Ymbert de Comborn, commandeur de Paulhac et de Croix-de-Mazerat (II, 332). La forte proportion de frères de ce diocèse présents à Poitiers s’explique d’une part par la proximité géographique, d’autre part par la brutalité des méthodes employées dans ce diocèse dont les témoins font état.

94. Voir note 178 et 192.

95. Gui d’Arzac, sergent (II, 123) et Hugues de Latapetra, sergent (II, 179).

96. Voici les noms cités dans les textes : Barthélemy d’Allassac, prêtre, commandeur de Mons (FINKE, II, 317), Guillaume d’Arzac, sergent, commandeur de Bellechassagne (II, 123, dit mort II, 152), Guillaume Aymerici, sergent, le neveu (II, 123), Guillaume de Brevasa, sergent (I, 604, 617), Bernard La Brosse de Brive (II, 180), Adémar la Brugière, sergent (II, 134, dit mort II, 229), Pierre de Coderex, sergent (I, 614, 20 1), Hélie Galabru, sergent (I, 614, 617), Robert Guillaume, sergent, commandeur de Puybonnieux (II, 227), Bertrand La Marche, sergent (I, 235), Gui de Maumont, chevalier (I, 604, 617, II, 127), Aymeri de Malvaleix, sergent, commandeur du Mas-Dieu (I, 608, 611, II, 230), Aymeri de Malvaleix junior, sergent (II, 230), Pierre de Malvaleix, sergent (SCHOTTMULLER, II, 66), Guillaume de Petralevada (II, 149), Jean de Pratemi, chevalier (I, 235), Gui de Pressae, chevalier (II, 123), Pierre de Remeys, prêtre, curé de Blaudeix (II, 86, 128, 229), Martin Ribaud (FINKE, II, 317), Hélie Vigier, (II, 141, FINKE, II, 317).
L’interrogatoire de 1309 donne les noms suivants : André de Latapetra (1 1), Gautier de Montelacgerio (66), sont sûrement vivants. Sont vraisemblablement vivants Pierre Bessera (121), Robert de Caulet (15 1), Robert Grieu (1, 49), Aimeri de Malvaleix (1 1, 53) et Marcon de Oleto (15 1).

97. Pierre Aureille, Durand Blanchier, Jean Dalmas d’Artonne, Vital Fabre, Robert Martin, Pierre Pic, Barthélémy d’Ussel et Barthélémy Vassal du diocèse de Clermont, Guillaume de Born du diocèse de Limoges.

98. Le 11 août, Clément V informe de cette nomination le chapitre de Clermont (Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3G arm. 2, sac E, c. 7b) et le roi (Archives nationale, J 708, c. 281). Aubert Aycelin prête serment de fidélité au roi le 22 août (Gallia Christiana, t. II, éd. de 1873, col. 284) et serment de respecter les personnes et biens du chapitre cathédral le 19 novembre 1307 (Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3G, arm. 2, sac E, c. 7a).

99. Sur ces liens familiaux, voir J.-A. Mc NAMARA, Gilles Aycelin, the servant of two masters, (Syracuse University Press, 1973), p. 8-18.

100. G. LIZERAND, Clément V et Philippe le Bel (Paris, 1910), p. 125 et J.-A. Mc NAMARA, Opuscule cité, p. 160-167.

101. G. LIZERAND, ibid., p. 194. Sur le mécanisme du scellement des actes, voir Robert-Henri BAUTIER, « Diplomatique et histoire politique, ce que la critique diplomatique nous apprend sur la personnalité de Philippe le Bel », dans Revue historique, t. CCLIX (1978), p. 18.

102. Il s’acquitta de cette tâche difficile avec équité mais refusa néanmoins de prendre parti au moment de la réunion du concile de Sens ; voir MICHELET, I, 262 et J. FAVIER, Philippe le Bel, p. 471.
103. Roger SEVE, « La seigneurie épiscopale de Clermont des origines à 1357 », dans Revue d’Auvergne, t. 94, n° 2 (1980), p. 235-244 (151 à 160 du tiré à part).

104. Sur l’évolution de ce nom de personne en nom commun de dignité féodale, voir P.-F. FOURNIER, « Le nom du troubadour Dauphin d’Auvergne et l’évolution du mot Dauphin en Auvergne au Moyen Age », dans Bibliothèque de l’Ecole des chattes, t. XCI (1930), p. 91-99.

105. Arch. dép. Puy-de-Dôme, IG, 1. 26, 167. Mandement d’août 1308.

106. H. PRUTZ, Entwicklung und Untergang, p. 181. A la n. 1, il renvoie à une lettre de recommandation du pape au roi pour Aubert, du 11 août 1307.

107. H. BOUFFET, Les templiers... en Haute-Auvergne, t. XVI (1914), p. 103, n. 1.

108. C’est l’avis de Pierre CHARBONNIER dans Le diocèse de Clermont, (Paris, 1979), p. 78. .

109. Les inquisiteurs avaient été autorisés à s’associer aux évêques mais ne paraissent pas avoir utilisé cette permission, G. ROMAN, Opuscule cité, p. 38.

110. Cf. G. PICOT, Documents relatifs aux Etats Généraux et assemblées réunis sous Philippe le Bel (Paris, 1901), coll. des Documents inédits sur l’histoire de France. Un chanoine de Clermont, Foulque Ballat, qui avait représenté les consuls de Saint-Flour aux Etats généraux (PICOT, ibid., MXII, p. 680-681) figure au nombre des notaires qui assistaient la commission pontificale en 1309 (MICHELET, I, 15).

111. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3G, arm. 3, sac C, supplt 3 ; Anne-Marie CHAGNY- SEVE, Le chapitre cathédral de Clermont des origines à 1560, son organisation, sa vie, ses membres, thèse dactylographiée, Ecole nationale des Chartes, 1973, fasc. 3, p. 91 ; A. TARDIEU, Histoire de la ville de Clermont-Ferrand, t. I (Moulins, 1870-1871), p. 258 et 252. Il fut aussi délégué du chapitre à un concile provincial tenu à Clermont en 1319. (Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3G, arm. 2, sac A, c. 17).

112. A. TARDIEU, Opuscule cité, p. 258 et 599 et Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3G, arm. 6, sac A, c. 24 ; A.-M. CHAGNY-SEVE, Opuscule cité, fasc. 3, p. 76.

112 bis. Le pape Clément V a promulgué, au cours de l’été 1308, de nombreuses bulles concernant les templiers. Deux d’entre elles, datées du même jour, commencent par Faciens misericordiam, mais ont des dispositifs légèrement différents. La première demande aux prélats d’enquêter contre l’ordre du Temple, selon les articles transmis avec la bulle (Regestum Clementis papae V., t. III, p. 284-287, n° 3402 ; elle a été publiée par MICHELET, I, p. 2-7 et traduite par R. Oursel, Le procès des templiers, p. 47-50). La seconde, dont l’objet est identique, reprend en outre les termes de la bulle Cum per nos (publiée par C. Port, Le livre de Guillaume Le Maire, p. 423-424) relative à la composition de la commission diocésaine d’enquête ; elle prévoit aussi la réunion d’un concile provincial pour juger les personnes (Regestum Clementis papae V., t. III, p. 312, n° 3514 ; elle a été publiée par C. PORT, Opuscule cité, p. 435-441). Ces deux bulles ont été envoyées à l’archevêque de Bourges (in e.m.), c’est la seconde de ces bulles qui est reprise dans ce document.

113. Nombre de ces clercs étaient des choriers du chapitre cathédral de Clermont ; ainsi, parmi les témoins du 8 mai : Guillaume le Segresta, Hugues Chapoleyr et parmi ceux du 28 mai, Jean Renoux, Pierre Boudet et Jean d’Aubusson. Géraud de Fredeville et Pierre Richard sont également choriers puisque les curés de Sainte-Croix, au nombre de deux pour assurer une semaine sur deux le service divin, étaient toujours choisis parmi les choriers. La chapelle Sainte-Croix était, au sein de l’église cathédrale, le siège d’une paroisse. Il est très vraisemblable, étant donné ce qu’était leur rôle, que tous les clercs présents lors des citations faites à Sainte-Croix aient été des choriers. Parmi les témoins présents dans les trois collégiales, se trouvaient certainement d’autres choriers, car des liens nombreux existaient entre elles et le chapitre cathédral. Ainsi, Etienne de Lacmeuilh assiste à la citation le 8 mai à Saint- Pierre et le 28 mai à la paroisse Sainte-Croix. D’ailleurs, si les prénoms diffèrent, bien des noms de famille — André, Balbet, Borei, Chassagne, Fabre, de Lacmeuilh, Rausier, de Vie, de Vaux — se retrouvent dans ce clergé clermontois au xive siècle. Sur toutes ces questions, voir A.-M. CHAGNY-SEVE, Le chapitre cathédral de Clermont, fasc. 1 et 3.

114. Ce jour était la veille de la Fête-Dieu.

115. Voir les comptes du bailli d’Auvergne de 1299 publiés par A. CHASSAING, Spicilegium, p. 248-249, 253 et 259. Pour Vertaizon, R. SEVE, Opuscule cité, p. 180 et 182 (96 et 98 du tiré à part).

116. Les archives communales de ces différentes localités ne gardent pas de trace du passage des templiers. Le château de Nonette a servi de prison depuis le xnr siècle, voir H. SALVETON, Histoire de Nonette (Clermont- Ferrand, 1927), p. 78.

117. Voir par exemple pour Montferrand, MICHELET, I, 144 ; pour Riom, MICHELET, II, 125, 134, 138, 147 etc.

118. On peut connaître grâce aux dépositions faites devant la commission pontificale, quelques-uns des templiers d’Auvergne qui s’enfuirent au moment de l’arrestation : Robert Charnier (MICHELET II, 138), Aimeri George, commandeur de La Ronzière (II, 144), Jean Atgier, sergent (II, 147), Humbert Charnier (II, 241), Humbert Blanc, chevalier, commandeur d’Auvergne était alors, en 1311, détenu en Angleterre (II, 130, 147, 248, 250), voir appendice 1. Hugues Daray, signalé en fuite (H. FINKE, Opuscule cité, II, 74) est peut-être un chevalier auvergnat (voir 55). Selon une tradition orale, certains frères se seraient réfugiés dans les grottes de Jonas, situées sur la commune de Saint- Diéry (Puy-de-Dôme, arrondissement Issoire, cant. Besse).

119. L’édifice en question, dénommé le « palais », est-il l’ancien château des comtes d’Auvergne, abandonné par ceux-ci au XIIIe siècle et distinct de l’hôtel de Boulogne, comme le veut M. BOUDET («Le quartier et la rue des notaires à Clermont au Moyen Age », dans Revue d’Auvergne, 1889, p. 406, 412, 418) et comme inciterait à le faire croire le texte de la vente d’Aubert Aycelin ? ou bien le château et l’hôtel de Boulogne ne font-ils qu’un, ainsi qu’inclineraient à le penser le Dr Balme et G. Rouchon (P. BALME, « La paroisse de N.-D. du Port », dans l’Auvergne littéraire, n° 51 (1930), p. 76; G. ROUCHON, « Notre-Dame de Clermont », ibid., n° 73 (1934), p. 124) ? Le palais aurait été hors des murs de la ville (Arch. comme de Clermont, C III b la, texte de 1356, renseignement obligeamment communiqué par M. Fournier que je remercie ici, et A. TARDIEU, Histoire de la ville de Clermont-Ferrand, t. I, p. 703). Il faut en tout cas le situer vers l’actuel hôtel de ville, puisqu’une porte de la ville, la porte de l’ancienne enceinte romaine de Clermont ouverte au nord de la cité, ou une porte voisine, s’appelait porte du Palais, notamment en 1290, 1316, etc. (P.-F. FOURNIER, « L’enceinte romaine de Clermont », dans Revue d’Auvergne, 1949, p. 116 et n. 2, et P.-F. FOURNIER, « L’enceinte romaine, complément », dans Nouvelles recherches sur les origines de Clermont-Ferrand, Clermont 1970, p. 494) à moins que plusieurs édifices n’aient été désignés sous ce nom.

120. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3G, arm. 18, supplt 5 : obligation de l’évêque au chapitre cathédral pour prêt de 240 marcs d’argent in emptionem domus que in Claromonte palatium vulgariter appellatur, du 20 septembre 1308. La Gallia Christiana, t. II (éd. de 1873), instrum, col. 92-93, et d’après elle, A. TARDIEU, Opuscule cité, page 702, la datent à tort de 1312 qui est l’année du vidimus de cet acte, mais l’acquisition est correctement datée de septembre 1308 dans le texte même de la Gallia (ibid. col. 284). Cette maison fut achetée le 30 septembre 1308 (HUILLARD-BREHOLLES, Titres de la maison ducale de Bourbon, t. I (Paris, 1867), n° 1208, p. 208) au comte de Forez Jean I (1278-1333) et à sa femme Alix de Viennois à laquelle elle avait été donnée en dot par contrat de mariage du 28 mars 1296 (HUILLARD-BREHOLLES, ibid., n° 957, p. 169 ; texte partiel dans J.-M. de LA MURE, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, t. III (Paris, 1968), preuves, n° 84 bis, p. 78-81, sans le passage concernant cette maison de Clermont) par son père Humbert Ier, dauphin de Viennois, seigneur de La Tour. Humbert de Viennois était le frère de Guy de La Tour, évêque de Clermont de 1250 et 1286 et de Hugues de La Tour, sénéchal de Lyon et abbé du chapitre cathédral de Clermont de 1278 à 1286. L’acte d’acquisition de 1308 précise que cette maison avait appartenu à Hugues de La Tour, sénéchal de Lyon. Or celui-ci l’avait reçue en don de son oncle, l’évêque de Clermont, Hugues de La Tour (1227-1249), prédécesseur de Guy (Arch. dép. Puy-de-Dôme, IG, 1. 26, c. 2, acte d’hommage de juin 1295) ; l’acte de 1295 en donne les confins, dont à l’est murum civitatis.

121. J’ai pris le parti :
1. de franciser les noms puisque aussi bien on trouvera les formes latines dans le texte.
2. de numéroter les individus afin de faciliter les références en évitant de multiplier les notes.
Des érudits auvergnats ont déjà fourni la liste des templiers interrogés par l’évêque de Clermont, mais d’une façon inexacte. J.B. BOUILLET donne au t. VII de son Nobiliaire d’Auvergne (Clermont, 1853), p. 243-246, une liste de 66 noms, donc incomplète et dont un nom ne se retouve pas dans notre document (Pierre d’Auzon). A. TARDIEU, donne aussi dans son Histoire de Clermont-Ferrand au t. I, p. 4849, une liste de 71 noms, soit deux de trop, résultat de 3 doublets (Guillaume de Chambonnet et Guillaume de Chamborant, Jean Jaornat et Jean de Sornat, Imbert Lafont et Imbert de Tulle) et d’une omission (Bonafous de Tallende).

122. Dit aussi « d’Aigueperse » (MICHELET, I, 418). Il ne faut pas confondre ce templier et son homonyme (26). Les deux sont bien distincts sur la liste des templiers comparant devant l’évêque le 4 juin. Dans l’interrogatoire de Michel du Puy (24) devant la commission pontificale les deux apparaissent : l’un déjà interrogé par cette commission n’y est pas qualifié de prêtre (II, 253), c’est notre n° 26 ; l’autre, prêtre, alors détenu à Riom (II, 254), et non interrogé par la commission est notre n° 4.

123. Ce doit être lui qui est nommé St. de Pena dans la liste de comparution du 4 juin.

128. Ce fait matériel souligne une fois encore l’intérêt exclusif que Philippe le Bel portait aux aveux.

129. Texte, 1 15.

130. Etienne Bourdon est certainement le même que le chanoine de Saint- Genès qui, en tant que notaire, souscrivit le procès-verbal de l’enquête de 1309, à laquelle il assista. Aux côtés de l’inquisiteur il remplissait peut-être le même office notarial.

131. Victor FAVYE, Histoire d’une commune, Montferrand 1191-1731 (Clermont, 1922), page 46, dit que tous les templiers ont été transférés à Poitiers ; ce sont seulement trois députés de Montferrand, D. Dornho, page de Riom et page de Chalus qui partirent non pas à Poitiers mais à Tours, selon les instructions de Philippe le Bel ; voir Archives communales de Montferrand, CC 159. J. SEMONSOUS, Pages d’histoire de la Basse-Auvergne (Saint-Etienne, 1938), page 91-92 a commis l’erreur de prendre ces envoyés pour des templiers.

132. Encore que l’évêque de Nîmes ait interrogé plusieurs templiers le 22 avril 1308 (MENARD, opule cité, preuves, page 181).

133. Voir, par exemple, en une toute autre matière, « une enquête sur la monnaie de Clermont à la fin du XIIIe siècle », publiée par André BOSSUAT dans le Bulletin philologique et historique [jusqu’à 1715], 1942-1943, page 1-93. Lors de cette enquête de 1282-1287, l’interrogatoire des témoins fut fait d’après une série d’articles.

134. Titre identique dans le procès d’Elne (MICHELET, II, 423), analogue dans celui de Nîmes (MENARD, preuves, page 170 : isti sunt articuli super quibus inquiretur contra fratres ordinis milicie Templi).

135. H. FINKE avait déjà attiré l’attention sur ce point, Papsttum und Untergang...., tome I, page 235 et n. 2.

136. H.-Ch. LEA, Histoire de l’Inquisition au Moyen Age, traduit par S. REINACH, tome III (Paris, 1902), page 313. Ce chiffre de quatre-vingt-sept viendrait-il du questionnaire publié sous un titre d’ailleurs erroné par K. SCOTTMULLER, Der Untergang des Templerordens, tome II, page 149 à 152 ? Ce texte ne comporte pas notre numéro 76, concernant la négligence à dénoncer les erreurs à l’Eglise.

137. MICHELET, tome I, 89-96 : Isti sunt articuli super quibus inquiretur contra ordinem milicie Templi.

138. Cette confusion a été reprise par G. ROMAN, opule cité, page 39 : « La base des interrogatoires était la même pour les enquêteurs de tous les diocèses ainsi que pour les commissions pontificales. Elle consistait en une liste de cent vingt-sept articles joints à la bulle Faciens misericordiam. »

139. Le questionnaire utilisé pour les autres enquêtes épiscopales était certainement identique. Pour le diocèse de Nîmes on ne trouve que quelques rares variantes de forme (par exemple absence d’un item à l’art. 50) dans MENARD, opuscule cité, preuves, page 170-171. Pour le procès de Chypre, on trouve quelques différences : des variantes de forme, des inversions de mots voire d’articles (62 et 63), des restitutions qui ne correspondent pas à notre texte (19, 61) un article omis (76) ou même de simples erreurs peut-être dues à la leçon du manuscrit ; mais le sens général reste le même (K. SCHOTTMULLER, opule cité, page 149-152).
En revanche, pour le diocèse d’Elne, MICHELET (II, 423) renvoie au questionnaire publié au tome I, page 89-86 qui est celui de l’enquête contre l’ordre ; il n’a pas dû collationner les deux questionnaires.

140. MENARD, preuves, page 197 a : veritatem examinent omnimodo quo poterunt, etiam ubi faciendum viderint per tormenta, et si veritatem confiteantur depositiones redigant in publica monimenta.

141. L’ordre du roi d’arrêter les templiers, du 14 septembre 1307, était accompagné d’un Modus executionis, d’un Modus inquirendi et d’une liste des Articuli eorum errorum (texte latin dans MENARD, opule cité, preuves, page 196-197 ; texte français dans G. LIZERAND, Le dossier..., page 24-29). Ces articles correspondent aux articles 1, 2, 4, 6, 9, 10 du questionnaire de 1308.

142. Les frères interrogés reprendront pourtant cette affirmation. Cf. note 166.

143. G. ROMAN, opuscule cité, page 40.

144. Norman COHN, Démonologie et sorcellerie au Moyen Age, fantasmes et réalités (Payot, 1982), page 117 ; le chapitre V, « L’écrasement des chevaliers du Temple », page 101 à 128, est consacré à l’étude de ce problème.

145. Pierre-François FOURNIER, Magie et sorcellerie, essai historique (Moulins, 1979), page 70.

146. Robert DELORT, « L’étrange destin des chats », dans l’Histoire, n° 37 (mai 1983), page 44-59.

147. Il est intéressant d’examiner les gravures sur bois qui, bien que plus tardives, reprennent les mêmes thèmes ; P.-F. FOURNIER, opuscule cité, page 19, 79, 146 et 189 notamment.

148. P.-F. FOURNIER, opule cité, page 160.

149. N. COHN, opule cité, page 128.

150. Elles sont publiées dans le Livre de Guillaume Le Maire, édité par Célestin PORT, Collection de documents inédits, Mélanges historiques, tome II (1877), page 446-448. Voir également G. LIZERAND, Le dossier..., texte IX, page 139

151. H. PRUTZ, opule cité, page 180.

152. Dans les montagnes d’Auvergne, page 125 du tiré à part.

153. H.-Ch. LEA, opule cité, tome III, page 345.

154. Clément V, et Philippe le Bel, page 147. A la note 3, il cite H. PRUTZ, n° CXXXVI, page 327. Son renvoi n’est pas clair. Ou il renvoie à un passage qui ne concerne pas Clermont, ou il cite seulement la première page du passage concernant Clermont.

155. Il n’en fut pas de même dans le diocèse de Limoges : plusieurs témoins se plaignent de mauvais traitements notamment au procès de Poitiers, voir K. SHOTTMULLER, opuscule cité, tome II, page 49, 65, 67.

156. Lors de la présentation orale de cette étude au 88e congrès national des sociétés savantes à Clermont, le 5 avril 1963, par Roger Sève, Charles Perrat avait remarqué cette rapidité ; les journées devaient être bien remplies puisque le 4 juin, la comparution eut lieu à prime, soit vers 6 heures du matin (texte page 103) ; si l’on admet environ dix heures d’interrogatoire par jour, le temps moyen consacré à l’interrogatoire de chacun de ceux qui avouèrent dut être de trois quarts d’heure.

157. Témoins 6, 7, etc. Les exemples sont très nombreux pour les frères avouant seulement.

158. Guillaume de Celles (8), également présent à la réception de Guillaume de Mazayes, n’a pas été interrogé.

159. MICHELET, II, 256.

160. On constate que ce sont presque toujours les mêmes dépositions qui, pour certains articles, font référence soit aux propos du premier témoin interrogé (2, 3, 8, 9, 19, 20, 25, 26, 36, 37), soit à ceux du frère qui précède immédiatement (7, 13, 18, 24, 30, 35), plus rarement aux deux (14, 31).

161. Elle occupe matériellement un folio et demi, alors que les dépositions des autres témoins avouant sont d’environ un demi folio.

162. Voir 21 1, 32 6.

163. Texte, 24 10.

164. Les instructions royales de septembre 1307 prévoyaient bien de faire garder particulariter et divisim les templiers arrêtés, mais on ne connaît pas de précisions de ce genre par la suite. Près de deux ans s’étaient écoulés depuis. D’autre part, dans ses instructions, l’évêque de Paris envisage de faire convaincre les templiers qui nient par un templier qui avait avoué (G LIZERAND, Le dossier..., page 142-143). Ces instructions épiscopales laissent en outre apparaître une différence de traitement entre les deux catégories.

165. La règle cite trente et une fautes entraînant la perte de l’habit (La Règle du Temple publiée pour la Société de l’Histoire de France par H. DE CURZON (Paris, 1886), art. 233 à 266).

165 bis. Certains ajoutent que le récepteur disait que le baiser aurait dû être sur le nombril nu.

166. Hoc tenetur facere juxta statuta ordinis est-il prétendu en 1307 (MENARD, preuves, page 197 a).

167. Il était d’ailleurs courant pour les corps religieux d’imposer à leurs membres de garder certaines choses secrètes. Ainsi, lors de sa réception, tout nouveau chanoine de Clermont prête serment de ne révéler à quiconque les secrets du chapitre dont il aura été ordonné qu’ils soient tenus cachés, secreta capituli que celari jussa facerint alieni non pandam » (Archives départementales Puy-de-Dôme, 3G supplément 15, folio 27, colonne a ; texte de la fin du XIIIe siècle).

168. Familiarité qu’explique Jean Senaud (2) à l’art. 5 par l’octroi aux carmes par les templiers du Château-Pèlerin du dixième de leurs victuailles.

169. Pour le témoin 1 et 2, ce point a également été inclus dans le premier article.

170. MICHELET, tome I, 144 : « Dixit etiam quod multi voluissent venire ad defensionem ordinis sed non permittitur eis, hec dicens expresse de fratribus apud Montem Ferrandi in Advernia detentis.

171. MICHELET, tome I, page 58-59. On compte trente-trois templiers dans le texte donné par Michelet — chiffre que reprennent certains auteurs comme Albert OLLIVIER, Les Templiers (Le Seuil, 1958), page 156 —, mais il y a un doublet: Bonetus Sansanholi et Bonetus Cassagnoli ne font qu’un, c’est Bonitus Guanhols (51). Parmi les vingt-neuf templiers qui avaient à Clermont rejeté l’accusation, trois sont malaisément identifiables. Mais il est à noter que beaucoup de noms de l’édition Michelet sont déformés. C’est pourquoi je pense que Saint de Gardia, prêtre, est Saint Laghariossa (63), Guillaume de Boncino, Guillaume Rossi (68) et Johannes de Zelzils, J. Saornat (52) qui avait été reçu au temple de Gensit (voir sa déposition). Les vingt-neuf templiers, qui à Clermont avaient nié, semblent donc bien être allés à Paris. Parmi les trente-deux templiers amenés de Clermont, il y en avait en outre trois qui avaient avoué, dont deux sont aisément identifiables : Guill. d’Espinassa (17) dont le nom est déformé (de Spri- massa) et Girbertus La Posta (23) ; le troisième l’est moins facilement ; Guillelmus Bremaz du diocèse de Limoges est sans doute Guill. Brughat (15).

172. MICHELET, tome I, page 89 et 96-99. L’autre groupe est celui des frères détenus dans la maison de Clairvaux.

173. MICHELET, tome I, page 105 et sq. Seuls Pierre Rose et Guillaume de Puy-Minaud n’ont pu être retrouvés. Bertrand de Sartiges, non cité y assistait sûrement (cf. MICHELET, I, 113). Galterius de Marri, dioc. Ebroicensis, cité dans un groupe d’Auvergnats est vraisemblablement Gautier de Messi du diocèse de Genève.

174. MICHELET, tome I, page 124.

175. MICHEIET, tome I, page 131 ; Bernard Charnier, oublié page 131 est cité page 140.

176. MICHELET, tome I, page 160.

177. Pierre Rose et Guillaume de Puy-Minaud, soit qu’effectivement ils ne soient pas notés, soit que la déformation de leurs noms n’ait pas permis leur identification.

178. Elle permet également de retrouver vingt-deux autres frères du diocèse de Limoges qui sont présents à Paris : Pierre Maliani, sergent, vient de Tours (I, 62), Itier de Lombiaco, chevalier, Guillaume de Sauzet, Hélie Aymerici, sergent, Hélie de Chalistrat, prêtre, Gui de Gorse, Etienne de La Mon, Aymeri Chamerlant et Itier de Breveza viennent de Poitiers (I, 75 à 77) ; P. de Teillet, prêtre, vient du diocèse de Cahors (I, 82) ; P. de Clargor du diocèse de Rouen (I, 86) ; Aymond de Pratemi (I, 89), Guillaume Galabru, sergent, commandeur de Viviers, Geoffroy Galabru, Hélie de Celles, Robert de Bernoys, Clément de Saint-Hilaire, prêtre, Bernard La Porte, Aymeri La Tour, sergent et Olivier de Manso-Sereno, sergent, sont amenés du diocèse de Bourges (I, 98 et 99) ; Jean Jacosi vient du diocèse du Mans (I, 230) ; on ne sait d’où vient Guillaume Lancelot, sergent (I, 119).
Tous veulent défendre l’ordre, à l’exception d’Aymon de Pratemi qui y renonce, d’Aimeri Chamerlent qui ne veut s’écarter de sa déposition faite à Poitiers et de Gui de Gorse, Etienne La Mon et Itier de Brevesa qui émettent quelques réserves. Seize d’entre eux sont présents au verger.
Les lieux de détention sont connus pour quatorze d’entre eux : le groupe venu de Bourges est dans la maison du prieur de Cornay (I, 125) à l’exception de Robert de Bernoys non cité et Aymon de Pratemi dans celle de Jean Rosseli (I, 138). Se trouvent d’ailleurs dans ces deux endroits les frères du diocèse de Clermont également venus de Bourges. Pierre Maliani est détenu dans la maison de Guillaume de la Huce (I, 113) ; cinq frères sont à l’abbaye Sainte-Geneviève (I, 119).

179. MICHELET, tome I, page 99 à 112. On relève dans cette liste un treizième templier dit du diocèse de Clermont, Guillaume de Scoralha, mais il s’agit vraisemblablement d’une erreur, car ce personnage est dit ailleurs du diocèse de Toulouse, il vient de cette ville (I, 74), est détenu avec d’autres frères de ce même groupe (I, 125).

180. MICHELET, tome I, page 89 et I, 98-99. Jean de Buffevent est dit page 89 du diocèse de Nevers mais son interrogatoire (I, 509) le dit du diocèse de Clermont; un doute peut toutefois subsister car sa réception a eu lieu dans le diocèse de Nevers.

181. MICHELET, tome I, page 125 et tome I, page 138.

182. MICHELET, tome I, page 99.

183. MICHELET, tome I, page 126-128.

184. MICHELET, tome I, page 139-144 traduit par R. OURSEL, Le procès des templiers, page 85-89.

185. Les notaires se font accompagner par eux à partir du 5 avril, MICHELET, tome I. page 154-161.

186. MICHELET, tome I, page 165 et G. LIZERAND, Le dossier..., page IX.

187. MICHELET, tome I, page 169.

188. MICHELET, tome I, page 172, 174, 201, 232-233, 259.

189. Les trois autres avaient réclamé en vain, le 18 mai, la présence de Pierre de Bologne, MICHELET, I, page 281.

190. MICHELET, tome I, page 286-287.

191. Clément V et Philippe le Bel, page 159.

192. R. OURSEL, opuscule cité, page 264, a dénombré quatorze templiers originaires du diocèse de Clermont ; en fait, on en compte dix-neuf, quinze venants de Clermont et quatre d’autres diocèses. Guibert Roger n’appartient pas au diocèse de Clermont comme il est dit à tort (II, 151) mais à celui de Rodez où il a été reçu et où il est commandeur (II, 169).
Quant aux frères du diocèse de Limoges, vingt-et-un ont comparu devant les commissaires pontificaux, à savoir les quatre frères venant de Clermont, onze frères absous par l’évêque de Limoges : Gui les Chaussandes, sergent (II, 225), Jean Fabre, sergent (I, 614), Hugues de Faure, chevalier (II, 220), Etienne Las Gorsolas, sergent (I, 604), Hugues la Hugonie, sergent (I, 616), Bosco de Malvaleix, sergent (II, 228), Pons de Malvaleix, sergent (I, 611), Jordan Pauta, sergent (II, 227), Pierre Pufandi, sergent (II, 231), Géraud de Rocamadour, prêtre (I, 602), Gui de La Roche-l’Abeille, prêtre (II, 219).
Jean Durand, sergent (II, 91) et Géraud Judicis de Augnihaco, sergent (II, 82), ont été absous par l’évêque de Poitiers ; ils sont même cités comme appartenant à ce diocèse (II, 52). Pierre de Nobiliaco, sergent (II, 214) a été absous par l’évêque de Saintes. Raymond de Vassignac, chevalier, vient de Bourges (I, 233) ; on l’aurait empêché de venir défendre l’ordre (I, 101). Humbaud de la Boissade, sergent (II, 85) et Guillaume de Vernège, chevalier (II, 178) ne sont pas encore réconciliés avec l’Eglise.

193. Jean de Buffevent, MICHELET, tome I, page 509-511 et Robert Vigier, tome I, page 512-514.

194. MICHELET, tome I, page 510. Ce passage a été traduit par R. OURSEL, opuscule cité, page 192-193.

195. MICHELET, tome I, page 514 ; c’est par erreur qu’il est dit de Chartres page 511. En revanche, Pierre de Blois est bien de Chartres et non de Clermont comme il est faussement indiqué, tome I, page 514.

196. MICHELET, tome II, 181. Il est appelé de Monchanson, II, 165. Les Archives départementales d’Indre-et-Loire ne possèdent aucun renseignement complémentaire.

197. MICHELET, tome I, 415420, partiellement traduit par R. OURSEL, opuscule cité, page 187-188.

198. MICHELET, tome II, page 280.

199. Voir par exemple M. BARBER, The Trial..., page 57.

200. Ibidem, opuscule cité, tome t. III, page 330.

201. Des frères faisant partie du premier groupe signalent comme étant détenus à Riom, Durand Charnier (MICHELET, tome II, page 125, 138),
Guillaume Avril (II, 139) et Etienne du Cellier (II, 147) qui comparaissent au mois de mai.

202. Ils sont cités ici dans l’ordre de leur interrogatoire de Clermont et accompagnés du numéro qui leur a été alors attribué. A la suite de leur nom, sont indiquées la date de leur interrogatoire et la référence à l’édition de Michelet.

203. Les 29 mars (MICHELET, tome II, page 121-122) pour partie d’entre eux et 19 mai (tome II, page 233-234) pour les autres.

204. J.-M. RAYNOUARD, Monuments historiques relatifs à la condamnation des chevaliers du Temple (Paris, 1813), page 254 à 256 a relevé quelques points des dépositions de Guy de Chatanède, Guillaume Avril, Hugues Charnier, Etienne d’Egletons et Pierre de Bonnefont dont les noms sont déformés.

205. S’appelle-t-il Bernard ou Bertrand ? Il est appelé Bertrand en 1311. Il y a eu quelque part erreur d’un rédacteur des procès-verbaux.

206. A ce propos R. OURSEL, Le procès des templiers, page 224-225, sur la seule déposition de B. de Villars (appelé Bertrand de Villiers) devant la commission pontificale, qu’il compare à celle de Gui de La Roche, prêtre du diocèse de Limoges, (MICHELET, tome II, page 219-220) le suspecte fortement de faux témoignage.

207. MICHELET, tome II, page 139 et R. OURSEL, opuscule cité, page 206-207. La prosternation des frères l’un derrière l’autre aurait fait supposer à qui les voyait à travers les trous des portes qu’ils se donnaient des baisers malhonnêtes.

208. MICHELET, tome I, page 645.

209. Salomon REINACH analyse les origines de cette histoire dans « La tête magique des Templiers », Revue d’histoire des religions, tome LXIII (1911), page 25-39.

210. En fait, seul le prénom diffère puisque « del Boysso » et « de Dumo » sont l’équivalent roman ou latin de « du Buisson », ce que n’a pas remarqué RAYNOUARD, opuscule cité, page 2.

211. Sur les habitudes médiévales, voir le chapitre « Comment dormir » dans Norbert ELIAS, La civilisation des mœurs (Calmann-Lévy, 1973), page 263 à 275. La même remarque est faite par Aimeri de Bures, MICHELET, tome I, page 317.

212. Il s’agit du golfe d’Antalya en Turquie ; la forme Satalia est donnée comme courante dans les sources occidentales par Fr. TAESCHNER, Encyclopédie de l’Islam (1960).

213. Les ouvrages que j’ai pu consulter ne donnent aucun nom d’évêque de l’ancienne Byblos vers 1283 ou 1286, années où il aurait été reçu d’après ses dépositions ; quoi qu’il en soit, l’exactitude du nom de l’évêque, qu’il n’y a pas de raison particulière de mettre en doute, ne serait pas une preuve de la véracité de son affirmation.
214. Ce phénomène est d’ailleurs courant ; voir à ce sujet Françoise AUTRAND, « Les dates, la mémoire et les juges », dans Le métier d’historien au Moyen Age, sous la direction de Bernard GUENEE (Paris, 1973), page 157-182 et la communication de J.-P. DELUMEAU au 13e congrès des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur, à Aix : « La mémoire des gens d’Arezzo et de Sienne à travers des dépositions de témoins (VIIIe et XIIe siècles) »

215. 2e dimanche de Carême (42), Pâques (14, 36), Ascension (3), 1e dimanche après la Pentecôte (2), Saint Jean-Baptiste (1, 8, 11, 24, 29, 37), Assomption (9), mi-août (6), Saint-Barthélemy (26), début septembre (20), Toussaint (34), dimanche avant Saint-Martin d’hiver (19), Saint-Martin d’hiver, (18, 32), Noël (10, 21).

216. MICHELET, tome II, page 139 ; ce dernier fait permet de dater un chapitre général tenu à Nicosie.

217. J.-M. RAYNOUARD, opuscule cité, page 255.

218. La majeure partie des vingt et un frères interrogés en 1311 a été reçue dans l’ordre entre 18 et 25 ans, exception faite de quatre frères reçus entre 33 et 45 ans, d’un très jeune (15 ans) et d’un autre exceptionnellement âgé (72 ans). Leur âge en 1311 varie de 30 à 60 ans (80 reste une exception) et le nombre des années passées au sein de l’ordre va de 5 à 35 ans. On constate là encore que tous les frères donnent leur âge en chiffres ronds ; voir F. AUTRAND, opuscule cité, page 158-160.

219. Les informations circulaient en effet relativement bien, puisque les frères auvergnats savent, lors de leur déposition devant la commission pontificale, qu’Humbert Blanc est détenu en Angleterre ; ce dernier, interrogé à Londres le 4 mars 1310, précise qu’Audin de Vendat, frère niant qu’il a reçu dans l’ordre, se trouve à Paris.

220. MICHELET, I, 512. Ces deux frères avaient été reçus vers 1269.

221. Bien que qualifié alors de chevalier, il s’agit sans doute du même personnage, car il est présent en Terre Sainte à la même période.

222. Voici les noms des avouant emprisonnés à Riom : Pierre d’Auteyrac (MICHELET, tome II, 125, 130), Guillaume Reynier (II, 134), Durand de Lastic (II, 138, 248), Pierre de Moncel (II, 242), Jean de Menât, prêtre (tome II, 254), Etienne des Clos (II, 87).

223. B. Coheta (II, 222), E. Lajarousse (II, 255), G. de Messi (II, 244), H. de Seyssel (II, 246), J. Robert (II, 248, 253).

224. page de Montinhac (tome II, 134), B. Charnier (tome II, 130). A. Jacob (tome II, 181), G. Brughat (tome II, 86).

225. MICHELET, tome II, page 243-244.

226. MICHELET, tome II, page 150.

227. L’évêque de Clermont, Aubert Aycelin, y assistait, Semaine religieuse du diocèse de Clermont, 8 juin 1901, page 441.

228. G. LIZERAND, Clément V et Philippe le Bel, page 268.

229. G. MOLLAT, « Dispersion définitive des templiers après leur suppression », dans Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Paris, 1952), page 376.

230. G. LIZERAND, Clément V et Philippe le Bel, page 346.

231. Alfred GANDILHON, « La ville et le diocèse de Bourges, aperçu d’histoire religieuse », extrait du Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, col. 178 à 211, ainsi que Guy DEVAIIALY, Le diocèse de Bourges (Letouzey et Ané, 1973) citent comme premier concile au xiv siècle un concile réuni en 1336.

232. MANSI, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, tome XXV (Venise 1782, Paris 1803), col 551-552.

233. Archives départementales Puy-de-Dôme, 3G, armoire II, sac A, c. 17 ; Etienne Chausit, entre autres, y représente le chapitre cathédral. Voir J.-B. CHAMBAT, « Conciles tenus en Auvergne », dans Bull, historique et scientifique de l’Auvergne, tome XXXV (1971), page 131-132.

234. Les Templiers... en Haute-Auvergne, tome XVI (1914), page 107.

235. G. MOLLAT, opuscule cité, page 377. Pour celle adressée à l’archevêque de Bourges, voir Lettres communes du pape Jean XXII analysées... par G. MOLLAT, n° 3186.

236. Ibid., Lettres communes, n° 8721.

237. Archives départementales du Rhône, 48 H 24, vidimus du 19 mai 1319.

238. Lettres communes, n° 3985, 54570, 57671 et 64087. Ces frères se trouvent respectivement dans les diocèses de Limoges, Poitiers, Tulle et Saint-Flour (alors démembré du diocèse de Clermont).

239. Lors d’un colloque tenu à Madrid en mai 1983, sur Les ordres militaires dans la Méditerranée occidentale (XIIe et XVIIIe siècles), les principales conclusions de cette étude ont fait l’objet d’une communication qui sera publiée dans les actes, A.-M. CHAGNY-SEVE, « L’affaire des templiers en Auvergne : l’interrogatoire de 1309 »

240. Pour H. PRUTZ ils sont une preuve de la culpabilité de l’ordre ; R. OURSEL (opuscule cité, page 226) et J. FAVIER (Philippe le Bel, page 443 et 446) admettent l’existence de cette pratique alors qu’elle paraît sans fondement à H.-Ch. LEA, (Histoire de l’Inquisition, III, 323) en raison de la diversité contradictoire des témoignages.

241. H.-Ch. LEA, opuscule cité, t. III, page 397. G. MOLLAT fait remarquer que la question « ne se pose que pour la portion française de l’ordre du Temple », article « Templier », du Dictionnaire Apologétique de la foi catholique, Paris, Beauchesne, vol. 4 (1928), col. 1596.

242. G. LIZERAND a noté à ce sujet (Clément V et Philippe le Bel, page 78-80) qu’on reprochait aux templiers «leur mendicité..., leur recrutement..., la jalousie qu’ils témoignaient aux hospitaliers..., leur fortune..., leur orgueil... On incriminait leurs mœurs ; on les accusait d’aimer la bonne chère, de boire, de manquer à leur vœu de chasteté... On leur reprochait enfin de tenir leurs réunions secrètes » Une trace de cette hostilité est relevée en Auvergne lors d’une enquête sur le connétable faite à Riom, un témoin indique le 17 septembre 1263 que « des templiers avaient occupé des biens du comte de Poitiers » ; voir Enquêtes administratives d’Alphonse de Poitiers, arrêts de son parlement tenu à Toulouse et textes annexes, 1240-1271, édités par Pierre-François FOURNIER et Pascal GUEBIN (Paris, 1959), page 143, col. b.

243. Advertendum est quod commissarii mittant regi... copiam depositionis eorum qui confitebuntur dictos errores, vel saltem abnegationem, articulum principalem. (MENARD, preuves, page 197 b). Les ordres du roi furent exécutés à la lettre, G. LIZERAND, Clément V et Philippe le Bel, page 100-101.

244. Commissoriis inquisitoris subsequenter vocatis. Cette confirmation devant les inquisiteurs eut lieu à Nîmes le lendemain et à Aigues-Mortes le surlendemain, car le lendemain était un dimanche.

245. G. MOLLAT, Les pays d’Avignon (Paris, 1912), page 254.

247. MICHELET, tome II, 195 ; G. LIZERAND, Le dossier..., page 191-193.

248. N. VALOIS, « Deux nouveaux témoignages sur le procès des templiers », dans Comptes rendus des séances de VAcadémie des Inscriptions et Belles Lettres, 1910, page 239-240.

249. Remarque faite par M. MELVILLE, La vie des templiers (Paris, 1951), page 270 : « Ni les arrestations massives, ni les accusations truquées, ni les aveux arrachés par la torture ne nous sont étrangers »

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La Bibliothèque nationale conserve, dans la collection Baluze, sous le n° 395, un gros volume contenant, sous la même reliure, deux rouleaux de parchemin, autrefois numérotés 4 et 5 ; ces rouleaux ont été découpés et les morceaux reliés les uns à la suite des autres. Le rouleau, autrefois numéroté 5 (1), est le document authentique contenant le procès-verbal de l’interrogatoire dirigé par l’évêque de Clermont contre soixante-neuf templiers, arrêtés et détenus dans son diocèse.
Description du document :
Ce rouleau, primitivement constitué de 18 peaux de parchemin, avait une longueur de 13,30 mètres et une largeur d’environ 50 centimètres. A chaque couture reliant les peaux de parchemin, in juncturis membranarum sive pellium, les notaires Etienne Bourdon et Audin Boyer ont, ainsi qu’ils l’indiquent dans leur souscription finale, apposé leur seing manuel respectivement du côté gauche et du côté droit (2). Il se trouve actuellement découpé en trente-six feuilles (3), dont la dernière est restée vierge.
Les six premiers feuillets ont souffert d’importantes détériorations et le parchemin en est percé de trous ; les deux premiers feuillets sont largement déchirés de chaque côté, si bien que des fragments

1. L’étude du premier de ces rouleaux est l’objet de l’appendice 2. Roger Sève a démontré qu’il s’agit d’un instrument de travail aux mains d’un membre de la commission pontificale d’enquête.
2. A l’exception de la dernière jointure — entre les peaux 17 et 18 — car elle est recouverte par la mention de publication du notaire Audin Boyer (fol. 35) ; les trois seings manuels se trouvent à gauche.
3. Le découpage du rouleau en feuillets est postérieur à la numérotation des templiers par un lecteur du XVIIe siècle, car la mention primus testis se trouve à la fin du fol. 4 alors que son nom est à la première ligne du fol. 5 et de la même façon, testis au bas du fol. 22 a été coupé du numéro 28 auquel il était suscrit et qui se lit en haut du folio 23.


Pour toute recherche dans les Archives du Comité, s’adresser aux Archives nationales, 60, rue des Francs-Bourgeois, 75141 PARIS CEDEX 03.
Pour tout renseignement relatif à la rédaction des publications du Comité des travaux historiques et scientifiques, écrire au Comité, 3-5, bd Pasteur, 75015 PARIS

MÉMOIRES ET DOCUMENTS D’HISTOIRE MÉDIÉVALE ET DE PHILOLOGIE
Publiés par la Section d’Histoire Médiévale et de Philologie du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques.

LE PROCÈS DES TEMPLIERS D’AUVERGNE (1309-1311)
Edition de l’interrogatoire de juin 1309 par
Roger SÈVE Conservateur en chef des archives de la région d’Auvergne et Anne-Marie CHAGNY-SÈVE Directeur des services d’archives de la Nièvre PARIS Editions du C.T.H.S. 1986
ISBN 2-7355-0108-6
C.T.M.S., Paris, 1986

Sources numérique: (fichier PDF) Excerpts-Numilog

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