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    Château de la Vieille

    Château de la Vieille (Bikisrael, château de la Vielle ou en latin castellum Vetulæ maintenant Qal'at Bani Qahjan jadis Bikisrael)
    Le Château de Biskisraïl ou Qal'at Beni Israïl, le Castellum Vetulae (château de la Vieille) des Francs, ne présente plus aujourd'hui que des ruines informes. A 19 km à vol d'oiseau à l'Est de Djebelé, il se dresse sur un mamelon peu élevé, long dans le sens Ouest-Est de 215 mètres et large dans le sens Nord-Sud de 51 mètres. Il est bordé au Nord et au Sud par deux ravins aux pentes abruptes au fond desquels coulent deux rivières qui se rejoignent à l'Ouest; l'assiette de la Place est donc comparable à celle de Saône. Les hautes croupes qui dominent la position étaient hors de portée des machines de siège. Bien défendu par la nature sur trois fronts il semble qu'on n'y ait construit que de modestes murailles avec des saillants barlongs de peu de relief.
    Le front Est plus facilement accessible conserve la trace d'une double enceinte avec un donjon de plan trapézoïdal. En 1923, l'entrée de ce donjon percée au milieu de la cour à la base du trapèze était défendue au Nord par une tour de guet de plan carré dont la salle voûtée d'arêtes présentait une clef cruciforme (1). Nous avons vu une clef semblable à la voûte de la salle haute du Donjon de Saône. Aux murailles des deux enceintes on rencontre un certain nombre de pierres à bossages.
    Bikisraïl fut fortifié par les Byzantins vers 1030 (2). Il semble qu'il y avait à l'intérieur du Fort un escalier souterrain qui descendait vers le ravin du Sud.

    Ce Fort commandait le chemin difficile de Djebelé à l'Oronte et facilitait les communications entre ce Port et celui de Lattaquié d'une part et le territoire d'Apamée d'autre part. C'est pourquoi Tancrède, qui savait si bien reconnaître les positions stratégiques nécessaires à la conquête franque, choisit celle-ci la première dans la région du Djebel Bahra. Il s'en empara en 1111. Claude Cahen a donné la preuve formelle que le Bikisraïl des chroniques arabes et le Castellum Vetulae (La Vieille), sont bien le même ouvrage fortifié (3). Le récit d'Albert d'Aix (4) et ceux d'Azimi et d'Ibn Furat concordent absolument (5). Les Francs gardèrent ce Fort au moins jusqu'en 1131 où les montagnards l'enlevèrent à Renaud Masoiers (6)
    En 1180, le Prince Bohémond III d'Antioche concède à l'Ordre de Saint Jacques, ses droits sur le château et le territoire de Bikisraïl s'ils pouvaient s'en emparer dans le délai d'un an (7). Il n'en fut rien. Quand Saladin eut enlevé aux Francs le Port de Djébelé, les montagnards qui occupaient Bikisraïl firent leur soumission au sultan. En septembre 1210, Raymond Roupen fait éventuellement don à l'Hôpital du Port de Djébelé et du château de Bikisraïl si les Chevaliers de l'Ordre parviennent à les reconquérir (8).

    Nous avons dit que les Francs gardèrent Bikisraïl pendant au moins vingt ans. Il est donc probable qu'ils ont contribué à ses fortifications. La clef de voûte de la Tour de guet et les pierres taillées à bossages que les Francs ont toujours employées dans leurs premières constructions militaires permettent sans doute de retrouver des vestiges de leur séjour en ce lieu.
    1. Note du Dr Deyrolle d'octobre 1923.
    2. Claude Cahen, page 172.
    3. Claude Cahen, page 260.
    4. Albert d'Aix, L. XI C. 44-47, H. occidentaux, tome t. IV, p. 685-6.
    5. Voir Claude Cahen, page 260.
    6. Claude Cahen, p. 353 et n. 21 d'après Azimi.
    7. Claude Cahen, page 514, n. 24, cite Bullarium equestri ordinis S. Jacobi. Madrid, 1719, p. 22-23.
    8. Cartulaire général des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, tome II, p. 122-123, n° 1355. — Rôhricht, Reg., p. 226, n° 845.
    Voir C. Cahen, p. 615, n. 48.

    Sources : Paul Deschamps - Les Châteaux des Croisés en Terre Sainte, tome III, La Défense du Comté de Tripoli et de la Principauté d'Antioche. Editeur Paul Geuthner, Paris 1973

    Château de la Vieille - Bikisrâil, relevé dans les ouvrages de Claude Cahen

    Les Francs, comme leurs prédécesseurs, ont quelquefois traduit les noms locaux (Mardj adrdibâdj = Pratum palliorum), mais plus souvent ils les ont transcrits, parfois avec des adaptations libres (Mopsuestia des Grecs, Maçîça des Arabes, est devenue Mamistra; Laodicée, La Liche), ou remplacés par des noms nouveaux (Baghras par Gaston, Bikisrâil par La Vieille).
    Sources : Claude Cahen, La Syrie du Nord à l'époque des Croisades et la principauté Franque d'Antioche, note 2 page 110.

    Correspondant à la ligne côtière Djabala-Marqab se trouve à mi-hauteur des diverses vallées une ligne de forteresses intérieures, dont la première place, au sud de Balâtonos, est Bikisrâil, dans le Djabal Bahrâ septentrional, appelé au moyen-âge Djabal ar-Rawâdifî. Bikisraïl, construit ou fortifié par les Byzantins vers 1030 en réplique à l'édification de Manîqa par les indigènes, s'élevait au milieu d'une vallée sur une croupe ovale peu élevée ; elle surveillait le chemin difficile mais court unissant Djabal à L'Oronte. Elle consistait en un château supérieur entouré par une enceinte inférieure, l'un et l'autre aujourd'hui assez délabrés.
    Il n'y a pas à douter que Bikisrâil soit le château appelé par les Francs Vetula, La Vieille. Plusieurs actes de Raymond Roupen établissent une relation certaine entre La Vieille et Djabala-Gibel ; on pourrait sans doute penser aussi bien à Balâtonos, mais un autre acte cite autour de la Vieille quatre villages, dont deux, aux noms caractérisés de Bessil et Carnehalia, se retrouvent aujourd'hui près de Bikisraïl dans Besseïn et Garnéhali; surtout, les récits de la prise de la Vieille par Tancrède, en 1111, dans Albert d'Aix, et de Bikisrâil, dans Kamâl ad-dîn et Ibn al-Fourât, se correspondent exactement, tandis que Balâtonos fut occupée, dans des circonstances inconnues, vers 1118.
    Source : Claude Cahen, La Syrie du Nord à l'époque des Croisades et la principauté Franque d'Antioche, page 172.

    Au début du printemps Tancrède, dont l'activité pendant cette période est vraiment prodigieuse, avait réalisé encore une précieuse conquête dans une région toute différente. Entre ses récentes acquisitions côtières au sud de Lattakié et ses possessions de la région d'Apamée, il n'existait pour lui aucune communication possible tant que la montagne qui s'interposait restait aux mains de ses habitants autonomes. La soumission de cette région, oeuvre de longue haleine et particulièrement difficile, ne devait pas être achevée par Tancrède, mais ce fut son mérite de l'entreprendre en s'attaquant à Bikisraïl. Le caractère abrupt d'un des côtés de la forteresse empêcha un moment les Francs de l'assiéger complètement ; mais un habitant finit par les guider dans l'oued de façon à empêcher les occupants de se ravitailler ; mettant alors le feu derrière eux, ceux-ci profitèrent d'une nuit sombre pour s'échapper. Un autre château dépendant de Djabala fut soumis aussitôt après (Albert d'Aix).
    Sources : Claude Cahen, L'établisement de la domination Franque dans la Syrie du Nord et la région d'Edesse, page 260.

    Tancrède, après s'être emparé de la forteresse de Bikisraïl (1) en 1111, faisait.des incursions dans le pays de Cheïzer. Campé devant cette place, il avait commencé des travaux, de réparation à Tell-Ibn-Ma'char ; il y faisait fabriquer des tuiles et construire des souterrains pour emmagasiner du blé. Mais dès qu'il apprit que l'armée du sultan Mohammed assiégeait Tell-Bachir, il abandonna son campement.
    1. Ce nom, écrit par l'auteur du Mo'djem, tpme I, page 706, se retrouve sous la même forme dans la chronique d'Ibn-el-Athir, tome XII, page 6 ; il désigne une forteresse qui s'élevait sur les hauteurs dominant l'Oronte en face de Djebela (Zibel). Voir aussi Historiens orientaux des Croisades, tome I, page 719.
    Source Albert d'Aix.

    Au sud, les Francs, entre la côte où ils possédaient Lattakié, Djabala, Boulounyâs, et la vallée de l'Oronte, n'avaient pénétré encore dans la montagne, âprement défendue par les occupants, qu'à l'extrême nord, à Çahyoûn, acquise en une date indéterminée, certainement antérieure à 1118, probablement contemporaine d'opérations contre Lattakié, et, plus récemment, à Bikisrâïl, une des dernières conquêtes de Tancrède.
    Sources : Claude Cahen, L'établisement de la domination Franque dans la Syrie du Nord et la région d'Edesse, page 278.

    La mort de Joscelin, à demi-écrasé par une mine pendant le siège d'une place musulmane, accident auquel il avait survécu juste assez pour conjurer par une suprême levée d'armes une attaque dânichmendite, était un malheur pour les Francs, car son fils Joscelin II, malgré des qualités de bravoure et parfois de générosité, n'avait pas son sens politique ni ses qualités militaires (1). Pendant la guerre de Zengî et du calife, Sawâr s'abstint de toute opération importante, mais encouragea et au besoin aida des raids turcomans (1232) (2).
    En 1133, Khîrkhân étant toujours prisonnier de Zengî, et Boûrî de Damas ayant été « assassiné » en représailles des massacres de 1128, les Turcomans sont un moment détournés vers Homç ; mais, ce faisant, ils surprennent Pons de Tripoli, qui avait de son côté fait un coup de main sur Salamiya (3), près de Ba'rîn, où Foulques en personne doit venir, non sans peine, le délivrer. Cependant, les Turçomans, appuyés par Sawâr, se regroupent près de Qinnasrîn, où le roi parvient par surprise à leur infliger un sévère échec. Mais tout de suite Sawâr réagit, et bat un corps franc lancé à la poursuite des fuyards ; d'autre part, les arrivées de Turcomans en Syrie se multipliaient, peut-être grâce à l'alliance du pacifique Timourtach et du belliqueux Zengî ; Joscelin, malgré de durs combats dans le Chabakhtân contre un cousin de Timourtach, envoyait à Foulques un renfort, mais Sawâr, près de Bouzâ'a, l'écrasa ; puis en 1134, Foulques est obligé de se désintéresser de la Syrie du Nord parce que le successeur de Boûrî, Ismâ'îl, provisoirement tranquille du côté de Zengî, lui a enlevé Bânyâs, si bien que Sawâr peut conduire des raids impunis à
    1. Au physique, fort et trapu, de teint et de cheveux foncé, le nez gros, les yeux saillants, il tient de son ascendance arménienne (il était neveu, par sa mère, du Roupénien Thoros) et non de ses aïeux francs. Les Arabes l'appellent Joscelin l'Arménien.
    2. Raid turcoman sur Ma'arra, riposte franque sur Hiçn al-Qoubba, diversion de Sawâr sur Tell-Bâchir (hiver 1232-1233).
    3. Az., 526. Khîrkhân fut mis à mort par Zengî, en 1135.

    Sources : Claude Cahen, L'établisement de la domination Franque dans la Syrie du Nord et la région d'Edesse, pages 351, 352

    Ce qui est grave pour les Francs est que spontanément les montagnards du Djabal Bahrâ, qui avaient été si longs à soumettre, déjà cherchaient à s'affranchir. Dès 1131, certains d'entre eux enlevaient Bikisrâil à Renaud Mazoir, probablement retenu à Antioche ; il est étrange de constater que la place appartint alors à un seigneur d'origine turcomane, Mangoukhân (?). Cinq ans plus tard il était appelé à la rescousse par les habitants de Balâtonos, qui venaient de se soulever contre leur garnison franque et la tenaient assiégée ; en promettant une capitulation si on laissait leurs familles gagner en paix Çahyoûn et Djabala, ce qui fut-fait, les Francs parvinrent à résister assez longtemps pour recevoir des secours antiochiens qui les délivrèrent. Bikisrâil fut aussi réoccupée par les Francs, mais dans des circonstances et en un moment inconnu.
    Sources : Claude Cahen, L'établisement de la domination Franque dans la Syrie du Nord et la région d'Edesse, page 353

    Les conquêtes de Saladin ; Antioche pendant la troisième croisade. Ce qu'il y a de remarquable dans la campagne de Saladin en Syrie du nord est qu'à la différence de ce qui avait lieu en Palestine, elle commença par une sollicitation indigène, émanant des Noçaïrîs du Djabal Bahrâ. Depuis quelques années (entre 1180 et 1186), les indigènes de Bikisrâil, reprenant la tentative avortée du lendemain de la mort de Bohémond II, s'étaient affranchis de la tutelle franque, et, plus généralement, les montagnards de la région comprise entre Bikisrâil et Abou Qobaïs étaient devenus des voisins insupportables pour les seigneurs francs de Marqab.
    Au même moment nous voyons Djabala gouvernée pour Bohémond III par un cadi musulman et investi, semble-t-il, d'un mandat général sur les musulmans de la région, sans qu'on puisse dire s'il s'agit d'une innovation de ces années ou d'une situation ancienne ; des otages musulmans à Antioche répondaient de la fidélité de leurs frères, traités ainsi en groupe autonome vassal. Ce fut précisément ce cadi qui appela Saladin, en conformité de vue évidente avec les gens de Bikisrâil ; Saladin passa donc vite devant le Krak des Chevaliers, Tortose, Maraqya, Marqab. Le passage de Marqab n'allait pas sans risques, car le chemin longeait juste le bord de la mer et était fort étroit, et devant lui s'était postée la flotte sicilienne que nous avons vue engagée peu auparavant par Isaac Comnène ; Saladin parvint cependant par des palissades mobiles à protéger ses hommes des flèches siciliennes ; la traversée du Nahr as-Sinn eût pu être dangereuse aussi, mais aucun Franc n'avait osé y attendre les musulmans, si bien que le 15 juillet Saladin pénétrait dans Djabala, dont la garnison franque obtenait de se retirer contre promesse de renvoi des otages musulmans gardés à Antioche. Les montagnards de Bikisrâil portèrent leur soumission à Saladin. La liaison ainsi établie avec la Syrie intérieure fut consacrée par l'attribution de Djabala à Sâbiq ad-dîn ibn ad-Dâya, auquel, lors de sa prise d'Alep, Saladin avait fait restituer l'héritage. familial de Chaïzar.
    Sources : Claude Cahen, L'établisement de la domination Franque dans la Syrie du Nord et la région d'Edesse, page 428

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