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    Château Baghras

    Château Baghras (Forteresse Gaston, Guaston, Gastin et Guast) du mot Greco-Romain Gastron
    Nous avons longuement parlé du château de Baghras qui fut maintes fois disputé (1). Il occupait une position stratégique de première importance car il défendait au Sud, le col de Beylan. Situé près du chemin direct d'Antioche vers la Cilicie, on comprend pourquoi sa possession a tant excité la convoitise des Princes arméniens.
    Nous résumons ici son histoire : la position fut occupée par les Romains, puis par les Byzantins : Nicéphore Phocas s'en empara en 968.

    Château Baghras

    Château de Baghras
    Château de Baghras - Sources image Castles Nl
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    Il est question de Baghras en 1142.
    Raymond d'Antioche ayant fait appel à l'empereur Jean Comnène pour l'aider contre les Musulmans, celui-ci vint avec son armée camper devant Baghras et lui fit demander, comme condition pour la future campagne, la remise d'Antioche et de sa citadelle (25 septembre 1142), mais les négociations traînèrent et Jean Comnène mourut au début de 1143.

    Il semble que dès avant 1154, les Templiers y tenaient garnison. Car à cette date un corps de troupe de Masoud, sultan de Qonya, qui combattait en Cilicie contre les Arméniens pénétra dans les territoires de la Principauté d'Antioche. Surpris dans le défilé de la Portelle par le Prince arménien Sdéfané et un contingent de Templiers sortis sans doute de Baghras, les musulmans furent massacrés (2).

    Vers 1168-1170, Baghras fut enlevé aux Templiers par un aventurier à la solde de Nûr ad-Dîn, le Prince arménien Mleh. Après sa mort en 1175, ils le réoccupèrent. A la fin de sa campagne en Syrie, Saladin s'en empara le 26 septembre 1188. A l'approche des Croisés de Frédéric Barberousse, le sultan fit démanteler Baghras.

    Les Musulmans l'ayant évacué, le chevalier Franc Foulques de Bouillon s'en empara pour le compte de son cousin, le Prince Arménien Léon II. Celui-ci s'y établit vers 1191 et répara les fortifications. Malgré les réclamations incessantes des Templiers et les interventions répétées du Pape, Léon II (roi de Petite Arménie depuis 1198) ne rendit Baghras à l'Ordre du Temple qu'en 1216 (3). Les Templiers devaient conserver Baghras jusqu'en 1268 où se sentant incapables de défendre cette forteresse devant les menaces de Beibars, ils l'abandonnèrent après l'avoir incendiée (4). Beibars informé, l'occupa aussitôt. En octobre 1280, une armée mongole du Khan de Perse Abagha s'en empara.

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    Ainsi Baghras l'antique Pagrae dont parlent Strabon et Ptolémée fut occupée par les Byzantins, les Templiers, l'arménien Mleh, les Templiers, Saladin, l'arménien Léon II, les Templiers, Beibars, enfin les Mongols.

    Voir la Topographie de la rérion d'Antioche par René Dussaud.

    Description

    Du point de vue de l'architecture, ces ruines d'aspect encore important mais fort délabrées présentent peu d'intérêt. L'appareil est misérable ; ce sont partout de petites pierres cassées au marteau de forme généralement arrondie, calées avec des éclats. Bâtie sur une éminence rocheuse de forme ovale, la forteresse se dresse à l'Ouest au-dessus d'une pente escarpée. Les autres côtés sont moins protégés par la nature surtout à l'Est où l'on a construit deux enceintes. La première est chevauchée par une forte Tour arrondie sur le front de défense. Cette Tour pourrait être l'oeuvre des Templiers. L'entrée de la Place s'ouvre à l'angle Sud-Est. Vers le milieu de la cour on remarque les restes d'une chapelle, bâtie sans doute aussi par les Templiers. Dans le roc étaient creusées des salles soutenues par de gros piliers.

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    Il y avait de grands logements, la place pouvait entretenir une garnison nombreuse, elle était pourvue d'eau par un aqueduc en partie conservé ; en outre au pied des murailles est la fameuse source appelée la Fontaine de Gastin.

    Wilbrand d'Oldenbourg passant par Baghras en 1212, vante sa puissance, ses trois murailles munies de tours. Il semble que la majeure partie de la construction est l'oeuvre de Léon II d'Arménie qui fit réparer Baghras dont la démolition avait été ordonnée par Saladin en 1190 lorsqu'il apprit l'arrivée de l'armée de Frédéric Barberousse. Les Templiers durent n'y faire ensuite que des aménagements.
    Sources : Paul Deschamps - Les Châteaux des Croisés en Terre Sainte, tome III, La Défense du Comté de Tripoli et de la Principauté d'Antioche. Editeur Paul Geuthner, Paris 1973

    Château de Baghras

    Un des lieutenants de du sultan Seldjouqide Mas'ud poussa une pointe contre la principauté d'Antioche, et fut surpris dans la défilé de Portella (Portelle) par les Templiers du château de Gastoun (Baghras) et périt avec la plupart des siens (1). Les Turcs, évacuant précipitamment la Cilicie, repassèrent le Taurus en désordre, non sans essuyer de lourdes pertes, les Arméniens étant allés par représailles ravager la Cappadoce Saljûqide. «  Les chefs turcs jetaient leurs armes pour se sauver plus rapidement, et, traversant les hautes vallées boisées et les lieux impraticables, ils s'égaraient en faisant fausse route, si bien que les grands chambellans du sultan et une foule d'autres officiers couraient eux-mêmes à pied (2).  » Cette victoire qui libérait la Cilicie de Turcs est une des plus belles de l'histoire arménienne. Il est intéressant de constater qu'elle avait été obtenue par l'alliance franco-arménienne jouant contre la plus scandaleuse des coalitions gréco-turques

    Renaud de Châtillon agent de la politique byzantine contre les Arméniens de Cilicie.
    Manuel Comnène, n'ayant pu réduire les Arméniens de Cilicie à l'aide des Turcs, songea à faire appel dans le même but aux Francs. Il s'adressa au nouveau prince d'Antioche, Renaud de Châtillon. Entre la principauté d'Antioche et la jeune principauté arménienne de Cilicie existait justement un objet de litige : le château de Gastoun, l'actuel Baghras, situé entre Alexandrette et Antioche, au sud de la passe de Beylan, et qui était disputé entre le prince Thoros et les Templiers (3) Renaud désirait en outre obtenir l'agrément de la cour de Constantinople à son élévation, agrément d'autant plus désirable pour lui qu'en droit byzantin la principauté d'Antioche restait vassale de l'Empire. Quelque motif de rancune que les Byzantins eussent contre l'homme qui avait escamoté la couronne d'Antioche sans même les consulter, ils conclurent contre les Arméniens une entente avec Renaud, celui-ci s'engageant à réduire la révolte arménienne et la Cour impériale s'engageant à supporter tous les frais de la campagne.
    René Grousset. Histoire des Croisades et du Royaume Franc de Jérusalem, tome II, pages 333-334. Paris Plon 1935

    Baghras ou Gaston, château des Templiers situé dans une position stratégique de premier ordre sur la route d'Antioche à la principauté arménienne de Cilicie, capitula le 26 septembre 1188, les défenseurs en ayant reçu l'autorisation de Bohémond III. L'inertie du prince franc étonna les Musulmans eux-mêmes, «  Nous avions été obligés, note Beha al-Dîn, de détacher un corps d'armée pour surveiller la garnison d'Antioche dont une sortie eût pu nous prendre à revers. Ce détachement dressa ses tentes si près des portes d'Antioche que rien n'en pouvait sortir sans être repéré.  » Baghras pris, Saladin démantela la forteresse. Quant aux Templiers faits prisonniers à Baghras, ils furent relâchés contre rançon.
    René Grousset. Histoire des Croisades et du Royaume Franc de Jérusalem, tome II, page 830. Paris Plon 1935

    La question de Baghras : lutte des Templiers et des Arméniens.
    Le château de Baghras, que les Francs appelaient Gaston, Gastoun ou Gastin et qui gardait les avancées de la passe de Beylan au nord-ouest du lac d'Antioche, sur la route d'Antioche à Alexandrette, avait naguère appartenu aux Templiers. En septembre 1188 Saladin s'en était emparé. Mais à l'approche de la Croisade de Frédéric Barberousse, les Musulmans évacuèrent Baghras et Léon II l'occupa (1190). Les Templiers, faisant état de leur ancienne propriété, réclamèrent la forteresse, et c'est parce que Léon II refusa de la leur rendre qu'ils prirent contre lui et contre Raymond-Roupen parti pour Bohémond IV. Mais le prince arménien, dans le moment où, sous le nom de son neveu, il cherchait à établir sa tutelle sur Antioche, ne pouvait renoncer à une forteresse qui commandait précisément le passage entre Antioche et la Cilicie. En vain, à la demande des Templiers, le pape Innocent III le somma-t-il de restituer Baghras à ceux-ci. Plutôt que de céder et quelque précieuse que pût lui être la bienveillance de la Papauté dans la succession d'Antioche, il préféra se laisser excommunier par Rome (1205). Naturellement, les Templiers resserrèrent leur alliance avec Bohémond IV au point d'accepter la mission de garder pour lui la citadelle d'Antioche.
    René Grousset. Histoire des Croisades et du Royaume Franc de Jérusalem, tome II, page 252. Paris Plon 1935

    La bataille de L'Ager Sanguinis

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    La bataille engagée en 1119 entre Roger, prince d'Antioche qui y trouva la mort, et Ilgazi porte des noms différents suivant les auteurs, parce qu'elle eut pour théâtre une plaine touchant à plusieurs localités importantes. L'Ager sanguinis de Gautier le chancelier est entouré de plusieurs villages ou places fortes dont les plus connus sont Tell A'de, Tourmanin, Arhab, Tell 'Aqibrin, Sarmeda. Dans le voisinage d'Arhab, les villages de Sahhara et de Toqad ou Touqat figurent dans les sources syriaques. Vers le milieu de la plaine s'étend Dana. On a essayé sans grand succès d'expliquer ce nom d'Ager sanguinis (1).
    1. «  Campus sanguinis  » dans Guillaume de Tyr, livre XII, 9. Hagenmeyer, Galt. Bella Antioche, page 210 et suivantes, dit que ce vocable est inspiré par la couleur rouge de la terre. Le souvenir de combats sanglants ne suffît-il pas ?

    La forteresse de Tell 'Aqibrin avait été édifiée par les Francs près d'un lieu dénommé Balat, que les cartes ne notent pas. Le site a été anciennement occupé comme le prouvent les ruines qu'on y a relevées et le nom de TiΛoxδxpivoς qui figure dans une inscription grecque encore inédite.

    Un peu vers l'Ouest, Sarmad ou Sarmeda remonte au temps des conquêtes égyptiennes et n'a pas cessé jusqu'aux croisades de faire figure de place forte. Les chroniqueurs occidentaux la désignent sous le nom de Sarmit, non sans confusion avec Sermin (2)
    2. En effet, Hagebmeyer, Galt. Bella Antioche, pages 182-183 et 195 a démontré que Sarmit de Gautier le Chancelier mentionné à l'occasion de la bataille de Danith, n'est autre que Sermin, tandis que Sarmeda est rendu par Samartanum.
    Sources : René Dussaud, Topographie Historique de la Syrie antique et médiévale, pages 220, 221. Librairie Orientaliste Paul Geuthner. Paris 1927

    La topographiques aux alentours d'Antioche

    Pour résoudre les problèmes topographiques relatifs aux abords du lac d'Antioche, dans sa partie septentrionale, il faut se rendre compte du système routier de cette région.

    Dans l'antiquité et au moyen âge, c'est-à-dire au temps de la prospérité d'Antioche, les caravanes qui descendaient du col de Beylan, passaient par Baghras, Antioche, Djisr el-Hadid, pour gagner Qinnesrin (Chalcis) et Alep. Ce chemin se recommandait comme le plus commode ; il avait l'avantage de traverser les centres les plus importants.

    Une autre route, après la descente du col de Beylan, obliquait, non plus vers le sud, mais vers le nord du lac d'Antioche. Arrivée dans la vallée de l'Afrin, à Djindaris, un embranchement remontait cette vallée vers Doliché. La première partie de cette route est actuellement suivie par la route carrossable d'Alexandrette à Alep qui peut ainsi desservir 'Azaz par un simple embranchement.

    Le chemin antique qui menait à Alep était plus direct que le moderne. El-'Omari le mentionne au XIVe siècle : Bayas, Baghras, Yaghra, Tizin, Arhab et Alep (1) ; c'est aujourd'hui le chemin des muletiers qui se détache de la route carrossable à el-Hammam, avant Djindaris, pour traverser le massif montagneux par Hazré, Tourmanin, Arhab, Tokat et atteindre Alep.

    Cela dit, nous pourrons suivre le récit de voyage de Qait-bey lorsqu'il se rend d'Antioche à Biredjik sur l'Euphrate. Les bagages furent expédiés d'Antioche directement sur Alep, c'est-à-dire par Djisr el-Hadid. Quant au sultan, sa première étape est marquée par Baghras, de là, d'après la conjecture de M. Clermont-Ganneau, il se rend à Darb-Sak : «  Le sultan inspecta les lieux consistant en un château-fort, se dressant sur une colline, dont le gouverneur est nommé par celui d'Alep, et un petit village sans aucun commerce.  » Darb-Sak commandait donc le passage du col de Beylan pour les caravanes venant d'Alep ou de la vallée de l''Afrin. Le défilé au-dessus de Darb-Sak que prend Beibars dans sa campagne contre Sis est bien le col de Beylan, puisque le sultan passe à Bab Iskanderoun ou La Portelle. Nous verrons dans un instant que cette localité s'identifie au Sochoi antique.

    Il faut rapprocher de cet itinéraire ce qu'Aboul Féda dit de Darb-Sak dont la position exacte est notée pour la première fois par la carte d'Etat-Major 1920 sous la forme Terbezek (1), dominant la rive droite du Nahr el-Aswad ou Qara-Sou. «  C'est une forteresse élevée, au milieu d'une contrée fertile avec des sources et des jardins. A l'Est, s'étendent des prairies traversées par le Nahr el-Aswad. Darb-Sak est au Nord-Nord-Est de Baghras et à une distance de D X milles. A l'est de Darb-Sak, se trouve Yaghra, distant environ d'une marche ; c'est un bourg peuplé de chrétiens s'occupant presque exclusivement de pêche. La route qui conduit hors de Syrie, par Baghras et Darb-Sak, passe par Yaghra.  » Ce dernier trait nous explique l'itinéraire de Qait-bey, car le sultan se proposait d'inspecter la frontière. De Darb-Sak il chevauche jusqu'au voisinage de Yaghra, à la limite de l''Amq où il franchit le pont es-Soultani, laissant Yaghra à droite.
    1. La position approximative de Darb-Sak était indiquée par les géographes arabes ; mais aucun voyageur ne l'avait encore établie et aucune carte ne le portait ; voir Van Berchem, Journal asiatique, 1902, tome I, page 434. Darb-Sak (Trapesac des Francs) défendait au Nord l'accès du col de Beylan, tandis que Baghras défendait cet accès par le Sud. En plus de la forme Darb-Sak donnée par Aboul Féda, page 261 (Le Strange, page 436, identifie à tort avec le Tourbessel des croisades qui est Tell Basher), on a Deir Bessak donné par Yaqout, tome II, page 647 ; Le Strange, page 428.
    Ces indications sont fort précieuses ; elles vont nous permettre de déterminer le pont dont il est ici question et de fixer approximativement la position de Yaghra. Le pont es-Soultani ne peut être que celui dont on fait honneur à Mourad-Pasha, long actuellement de dix-sept arches qui permettent de franchir le cours d'eau marécageux qui sort du G?l-Bash et se jette dans le lac d'Antioche en se mêlant aux eaux du Qara-Sou ou Nahr el-Aswad.
    Sources : René Dussaud, Topographie Historique de la Syrie antique et médiévale, pages 434, 435, 436. Librairie Orientaliste Paul Geuthner. Paris 1927

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