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    Château de Malaïcas

    Château de Malaïcas (latin Castellum Malavans) — Maniqua Arabe, aujourd'hui Qal'at Qsabiyé
    Le Château de Malaïcas ou Castellum Malavans conserve des ruines importantes. A 22 km à vol d'oiseau au Sud-Est de Djebelé, il commande la vallée du Nahr Hreïssoun. Il occupe une grande superficie sur une croupe escarpée. Son plan présente la forme d'un triangle isocèle très allongé dont le sommet est arrondi. Sa longueur est d'environ 400 mètres. Les côtés du triangle sont bordés par de profonds ravins. La base du triangle, au Nord-Est, a environ 120 mètres. Sur ce front on a isolé le château en creusant un fossé dans le roc. C'est là qu'on a construit les défenses les plus importantes, un grand ouvrage flanqué de deux tours aux extrémités. On trouve en sous-sol trois grandes salles voûtées, sans doute des écuries. Du côté du Sud-Est, une partie du sol de la cour est dominée par un rocher qu'on a fait précéder d'un grand saillant carré.

    Cette forteresse avait été construite par les montagnards au XIe siècle ; le constructeur de Maniqa s'appelait Nasr ibn Mousraf ar Rawadifi (1). Plus tard les Byzantins l'occupèrent au temps de Romain III Argyre (1028-1034). Il semble bien que, comme à Saône, comme à Balatonos, les Francs s'y installèrent après eux. Les Ismaéliens le leur enlevèrent assez tardivement, après 1160, peut être seulement entre 1180 et 1186. L'histoire de ce château se rattache au début à celle de Margat. Tancrède avait occupé en mai 1109 le port de Banyas (Valénie), qu'il donna à un seigneur nommé par Azimi « al-Mazouir (2). » C'est la première fois qu'il est question d'un membre de cette famille Masoiers qui devait être une des plus considérables de la Principauté d'Antioche. En juillet 1109 Tancrède prenait Djebelé dont le seigneur Ibn Ammar dut s'éloigner. A la même époque Tancrède s'emparait de Maraclée.

    Le sommet que devait couronner la forteresse de Margat domine la ville de Banyas et la route du littoral. De toute évidence, cette position était indispensable aux Francs pour la sécurité de leur territoire. Elle appartenait ainsi que l'arrière-pays à la famille des Banou Mouhriz. Les Francs paraissent avoir tenté de s'en emparer en 1116-1117. Cette tentative échoua (3). L'année suivante, 1117-1118, Renaud Masoiers, seigneur de Banyas, se fit céder Margat par le seigneur du lieu, Ibn Mouhriz, et installa celui-ci à Maniqa (4). Il semble que Maniqa ne tarda pas à être occupée par les Francs (5) et ils durent garder assez longtemps ce château qui en 1151, appartenait à un seigneur nommé Guillaume de Redos.

    Il céda le Castellum Malavans, c'est-à-dire Malaïcas ainsi que le Casale Anodesim = Ennazé (dans la montagne à 10 km à vol d'oiseau à l'Est de Banyas) à Renaud II Masoiers, seigneur de Margat, qui lui donna en échange deux domaines plus proches de la côte : le casale Blancum que nous situons à Albus sur la côte à 5 km au Sud de Banyas) et le Castellum Ericium : Hreïssoun à 5 km au Nord de Banyas, presque à l'embouchure du Nahr Hreïssoun (6).

    Il paraît évident que Guillaume de Redos ne se sentant pas capable de se défendre contre les empiétements des Ismaéliens dans le Djebel Barah, ait cédé à son suzerain ses deux domaines éloignés contre deux autres où il serait à l'abri. Claude Cahen (7) fait l'observation suivante : « Maniqa même paraît dès 1151 ou perdue par les Francs ou gravement menacée. » Nous préférons la seconde hypothèse. Il semble en effet qu'il s'agit d'un échange effectif : un château et une métairie éloignés contre un château et une métairie dans une région plus sûre. Nous avons vu à propos d'Olleïqa (Laïcas), que neuf ans plus tard en 1160, Renaud II Masoiers devait posséder encore des domaines dans la région. En tous cas les Forts du Djebel Bahra durent être enlevés aux Francs de Margat entre 1180 et 1186, soit par des Ismaéliens soit par d'autres montagnards de cette contrée (8).

    Si l'acte de cession de Margat et de ses dépendances à l'Hôpital établi en 1186 (9) fait mention de Cademois, Laïcas, Malaïcas, il faut reconnaître que ces Places étaient alors occupées par des Ismaéliens et ne dépendaient de Margat que par le paiement d'un tribut.

    Nous avons vu que le sultan Beibars enleva aux Ismaéliens entre 1270 et 1273 les châteaux qu'ils possédaient encore ; parmi ceux-ci figure Maniqa.
    1. — Bibliographie de Maniqa, Claude Cahen, pages 172-173, n. 29. — René Dussaud, page 140, n. 10.
    2. — Claude Cahen, pages 244-245, n. 14, qui cite Ibn al-Oalanisi, page 90 et 92, et Ousama, traduction H. Derenbourg, Revue de l'Orient Latin, tome II, page 81.
    3. — C. Cahen, page 279, n. 14 d'après Ibn Furat.
    4. — Voir Van Berchem, Voyage en Syrie..., pages 319-320. C. Cahen, page 279, n° 16.
    5. — C. Cahen, pages 279-280, n. 17.
    6. — Cartulaire général des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, tome I, n° 201, page 155.
    7. — C. Cahen, page 354.
    8. — C. Cahen, page 428. Voir Contin. Gall de Tyr, 64-65. — Ibn al-Athir, Histoire des Atabegs de Mossoul, page 684.
    9. — Cartulaire général des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, tome I, n° 783, pages 491-496.

    Sources : Paul Deschamps - Les Châteaux des Croisés en Terre Sainte, tome III, La Défense du Comté de Tripoli et de la Principauté d'Antioche. Editeur Paul Geuthner, Paris 1973

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