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Monuments des Croisés par M. Rey

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    Tortose - Par Rey (Emmanuel Guillaume)

    Chathédrale Notre-Dame de Tartous
    Chathédrale Notre-Dame de Tartous - Sources Structurae
    Structurae

    On trouverait difficilement une région présentant, sur un espace restreint, autant de sujets d'études archéologiques que la plaine qui s'étend de Tripoli à Tortose, entre la mer et la montagne des Ansariés.

    Là s'élevaient, dans l'antiquité, ces villes, filles d'A'rvad : « Marathus, Enhydra, Carné, Antaradus, qui bordaient la cote, vis-à-vis du rocher célèbre dont elles tiraient leur origine. »

    Les montagnes limitant cette plaine, vers l'est, sont couronnées des châteaux de Gibel-Akkar, d'Archas, de Chastel-Blanc, de la Colée, du Krak des Chevaliers, d'Areymeh et d'une foule d'autres monuments du moyen âge chrétien.

    Plus au sud se voient les ruines d'Orthosia, que les chroniqueurs des croisades mentionnent encore sous le nom d'Artésie, comme une bourgade importante du comté de Tripoli (1).
    1. Guillaume de Tyr, livre XIII, page 558.

    A l'époque romaine, Antaradus, dont Strabon ne parle pas, et qui apparaît pour la première fois dans la géographie de Ptolémée, éclipsa les villes voisines.

    Celles-ci ne sont plus que des monceaux de ruines ; leurs noms défigurés s'appliquent maintenant à de pauvres villages arabes, élevés au milieu des décombres de ces cités, et la bourgade moderne de Tortose a remplacé, de nos jours, l'antique Antaradus.

    Ses environs immédiats portent actuellement le nom d'Isar-de-Tortose : c'est une plaine, jadis fertile, arrosée par de nombreux cours d'eau; malheureusement, par suite de l'incurie des Arabes, qui la laissent inculte, elle est peu à peu devenue marécageuse et est aujourd'hui un des points les plus malsains de la côte de Syrie.

    A peu de distance, à l'est et au nord-est, le terrain s'élève graduellement en collines arrondies : ce sont les premiers contreforts de la montagne des Ansariés.

    Dans le Synecdomos d'Hiéroclès, nous trouvons Antaradus cité avec le surnom de Constantia, après sa réédificalion, par l'empereur Constantin; mais je ne veux point m'étendre ici sur son histoire durant les périodes grecque et romaine, M. Renan ayant traité à fond ce chapitre dans son grand ouvrage sur la Phénicie (2).
    2. Mission de Phénicie, campagne d'Aradus.

    Les historiens des croisades désignent cette ville sous les noms d'Antaradus, d'Antarsous ou Antartous, dont le nom moderne de Tortose n'est qu'un dérivé.

    Ses murs et le château qui se trouve dans l'angle nord-ouest de cette enceinte présentent l'un des ensembles les plus intéressants de constructions militaires élevées en Syrie durant la domination française.

    La forteresse a été bâtie par les Templiers, qui y étaient installés dès l'année 1183 (3) et en avaient fait leur principale place de guerre. Composée d'une double enceinte, munie de fossés taillés dans le roc et que remplissait alors la mer, elle possédait un donjon de proportions colossales, souvent mentionné par les écrivains du moyen âge et dont nous voyons encore les restes.
    3. Codice Diplomatico, n° 209, page 250

    Un premier rempart, flanqué de tours barlongues, ceignait de trois côtés l'emplacement de l'ancienne ville, limitée à l'ouest par la mer. Mais cette défense n'est à proprement parler qu'une muraille crénelée, précédée d'un fossé qui, bien que maintenant en grande partie comblé, est pourtant reconnaissable sur toute sa longueur.

    Cette enceinte, contenant aujourd'hui des jardins, affecte la forme d'un trapèze. C'est là qu'au milieu des palmiers s'élève majestueusement la vieille cathédrale de Notre-Dame-de-Tortose, magnifique vaisseau du XIIe siècle, qui, durant l'occupation chrétienne, fut un lieu de pèlerinage en grande vénération. Le sire de Joinville fut un de ceux qui s'y rendirent pendant la croisade de saint Louis, et nous trouvons dans ses mémoires la relation d'un miracle qui eut lieu de son temps :
    « Je demandé au roy qu'il me laissast aller en pèlerinage à Nostre-Dame-de-Tortouze, là où il avoit moult grant pèlerinage pour ce que c'est le premier autel qui onques fust fait en l'onneur de la Mere-Dieu sur terre, et y fesoit Nostre-Dame moult grant miracles. Entre autre un homme possédé du dyable. Là où ses amis qui l'avoient céans amené prioient la Mere-Dieu qu'elle lui donnast santé, l'ennemi qui estoit dedans leur répondi : Nostre-Dame n'est pas ci, est en Egypte pour aider au roy de France et aus crestiens qui aujourd'hui arriveront en la terre à pié contre la payenté à cheval. » Ce jour fut pris en écrit et apporté au légat [de qui le sénéchal tenait le récit] et se trouva être le jour même du débarquement de saint Louis en Egypte.

    Une seule des portes de la ville existe encore, assez bien conservée pour mériter d'être étudiée avec soin. Elle était fermée par des vantaux et munie d'une herse, ainsi que d'un mâchicoulis. J'aurai lieu plus loin de m'étendre sur ce sujet.

    Le château, ainsi qu'on le sait déjà, occupe un espace considérable à l'angle nord-ouest de la ville et parait n'avoir eu aucune communication directe avec elle, autant du moins qu'on en peut juger par ce que nous voyons encore. Un large fossé l'en sépare complètement et est lui-même traversé par une chaussée amenant à la seule entrée que possède la forteresse. Sur toute son étendue, ce chemin est en prise aux coups des défenseurs du château. Il était coupé en « B » par un pont à tiroir dont on reconnaît les traces et qui devait être couvert par une barbacane ou une palissade située en « A » (plan VIII).

    La porte qui s'ouvre dans la grande tour « C » est voûtée en tiers-point. Sur la clef se voient les restes d'une croix fleuronnée se détachant au milieu d'un trèfle. Cette entrée était défendue par un mâchicoulis, une herse et des vantaux de bois ferrés et renforcés de barres à coulisse.

    L'intérieur de cet ouvrage est occupé par un large vestibule percé de meurtrières. La voûte forme deux travées supportées par des arcs ogives et un doubleau chanfreiné.

    Dans l'épaisseur du mur occidental de cette tour on a ménagé une chambre de tir communiquant avec le chemin de ronde du rempart, et à l'extrémité de laquelle s'ouvrent deux meurtrières, percées obliquement, permettant de prendre en flanc un assaillant qui aurait tenté de briser la herse ou d'incendier les portes (figure 20).

    A l'intérieur de la place, un escalier qui subsiste encore conduisait du chemin de ronde au couronnement de cet ouvrage, qui est malheureusement dérasé au niveau du sommet des voûtes, ce qui nous empêche de nous rendre un compte exact de la manière dont étaient disposées ici les manoeuvres de la herse.

    Sur le pied droit de l'embrasure de la porte que j'ai décrite plus haut se voit sculptée une pièce héraldique que je considère comme ayant été gravée après la conquête musulmane.

    Après avoir franchi cette entrée, on se trouve dans la première enceinte du château, que flanquent des saillants carrés.

    Entrée première enceinte

    Entrée première enceinte
    Figure 20 - Entrée première enceinte - Sources : Rey (Emmanuel Guillaume)

    Cette première ligne de défense se compose, à la base, d'un massif de rochers taillés et revêtus de maçonnerie vers les dehors de la place.
    Une muraille de plus de trois mètres d'épaisseur, percée de grandes meurtrières pour les machines, augmentait son relief, et un chemin de ronde avec un parapet crénelé couronnait l'ouvrage.

    Première ligne de défense

    Première ligne de défense
    Figure 21 - Première ligne de défense, 3 m de hauteur, chemin de ronde, parapet crénelé - Sources : Rey (Emmanuel Guillaume)

    Nulle part, à cette époque, on ne déploya un pareil luxe dans l'emploi des matériaux, et j'ai tout lieu de penser qu'outre l'exploitation des pierres tirées des fossés, où la présence d'antiques excavations sépulcrales facilitait l'extraction de gros blocs, les ruines phéniciennes d'Aradus, d'Amrit et de Carné durent être mises à contribution pour fournir les matériaux de ces gigantesques murailles.
    La forme générale de la forteresse est celle d'un quart de cercle appuyé à la mer.

    Ici encore un fossé, aujourd'hui à peu près comblé, régnait au pied des murs de la seconde enceinte, construits d'après le même système, mais d'une élévation assez considérable pour que la double ligne crénelée qui la couronnait pût commander tous les ouvrages de la première enceinte et concourir à leur défense. Les figures 22 et 23 représentent sous ses deux aspects une partie de cette muraille qui conserve encore intacte sa double ligne de couronnement.

    Partie de la Muraille

    Partie de la Muraille
    Figure 22 - Partie de la Muraille en double ligne de couronnement - Sources : Rey (Emmanuel Guillaume)

    Une brèche a remplacé la porte par laquelle on pénétrait jadis dans le réduit du château, au milieu duquel s'élevaient toutes les parties constitutives d'une importante forteresse du moyen âge : grand -salle, chapelle, donjon, etc.

    Vers la mer, une muraille à laquelle se butaient les diverses enceintes que je viens de décrire complétait de ce côté les défenses du château. Elle est revêtue à sa base de grands talus de maçonnerie destinés, tout à la fois, à amortir le choc des vagues se brisant au pied de ces murs et à prévenir toute tentative venant du côté de la mer.

    En pénétrant dans la cour intérieure du château, le visiteur laisse à sa gauche un vaste bâtiment « D » en forme de galerie, dont une partie de la voûte subsiste encore.

    C'est la grande salle, importation européenne en Orient et qui tenait une place essentielle dans la vie et les habitudes du moyen âge. La France a conservé peu de spécimens de ce genre d'édifice, tandis qu'on en voit encore un grand nombre en Angleterre.

    La salle était le lieu où se tenaient les chapitres de l'Ordre, décorée de panoplies, de trophées et d'étendards pris sur l'ennemi, ainsi que de riches tentures qui en complétaient l'ornementation ; elle servait à la réception des envoyés étrangers, à la réunion des conseils ou aux banquets. Celle que nous avons sous les yeux est à coup sûr la plus belle et la plus vaste dont les débris se voient en Syrie; malheureusement il ne subsiste plus guère que la moitié de cet édifice.

    Ce vaisseau mesure 44 mètres de longueur dans oeuvre sur une largeur de 15 mètres. Une épine de cinq piliers rectangulaires le séparait en deux nefs de six travées chacune. Ces piliers ont aujourd'hui disparu; mais, autant que j'ai pu en juger par les fragments épars qui sont encastrés dans les maisons modernes, ils semblent avoir été, sur chacune de leurs faces, cantonnés de pilastres sur lesquels venaient s'appuyer les doubleaux et les arcs ogives des voûtes, dont les retombées le long des parois de la salle étaient supportées par des culs-de-lampe en forme de chapiteaux ornés de figures fantastiques et de feuillages byzantins.

    Partie de la Muraille

    Partie de la Muraille
    Figure 23 - Partie de la Muraille en double ligne de couronnement - Sources : Rey (Emmanuel Guillaume)

    Pour diminuer de ce côté la charge, on l'avait répartie sur une plus grande hauteur; car ici, outre les culs-de-lampe formés de trois assises posées en encorbellement, les trois premiers sommiers des doubleaux et des arcs ogives sont pris dans des blocs de pierre de grande dimension profondément engagés dans la muraille.

    Vers la place, six grandes fenêtres en plein cintre, s'ouvrant irrégulièrement dans les travées, éclairaient la salle. La décoration de ces fenêtres dut être très-élégante, à en juger par ce qu'il en reste ; malheureusement elles ont été fort mutilées durant ces dernières années. Celle du milieu, seule, nous est parvenue presque intacte. L'arcade repose sur deux colonnettes de marbre à chapiteaux, ornés de feuilles crochetées, et l'archivolte était décorée d'arabesques entrelacées où l'on reconnaît au premier coup d'oeil l'influence de l'art byzantin. Au claveau un agneau portant un oriflamme à la croix, autrement dit l'agneau pascal, se voit encore parfaitement.

    Représentation de la Grande Salle

    Représentation de la Grande Salle
    Figure 24 - Représentation de la Grande Salle - Sources : Rey (Emmanuel Guillaume)

    Au-dessus de ces larges baies sont pratiquées de petites ouvertures carrées (une par travée) percées dans des embrasures ogivales.
    Deux portes précédées de perrons s'ouvrent aux deux extrémités de cette salle et y donnent entrée. Au-dessous, une série de petites pièces, aujourd'hui remplies d'immondices, paraissent avoir été des magasins ou des prisons.

    Au sud-est de la grande salle s'élève en « E » la chapelle : c'est une nef régulièrement orientée, formée de quatre travées et terminée carrément sans abside. Ses voûtes sont supportées par des doubleaux chanfreinés avec arcs ogives, et elle était éclairée par de hautes fenêtres en lancettes. Le style de ce monument se rapproche beaucoup de celui de la grande salle; malheureusement l'intérieur est encombré de constructions modernes qui gênent beaucoup pour juger de l'effet qu'il devrait produire.

    Représentation de la Grande Salle

    Représentation de la Grande Salle
    Figure 25 - Représentation de la Grande Salle - Sources : Rey (Emmanuel Guillaume)

    Un petit porche, dont l'existence ne nous est révélée que par quatre corbeaux fixés dans le mur où s'ouvre le portail, paraît avoir précédé cet édifice.

    Au milieu de la place se trouve un grand puits « F », dont la margelle présente encore quelques restes de moulures.
    Vers le sud s'étend la ville moderne, composée d'une centaine de maisons occupant l'espace où, selon toute apparence, s'élevaient les logements de la garnison, le palais du châtelain, etc. etc.

    Le long des remparts règne en « G » et en « H » une longue série de magasins voûtés, qu'éclairent des meurtrières percées à la hase des murailles, vers les dehors du château.
    A l'ouest et au nord il en existe de semblables en « I » et en « J ».
    Jacques de Vitry désigne Tortose sous le nom de Turris Antaradi.

    Vilbrand d'Oldenbourg (1) parle avec admiration d'une tour élevée qu'il vit dans ce château et dont il attribue la construction à un roi de France.
    1. Je pense que le texte de cet auteur peut trouver ici sa place : « Inde venimus Tortosi. Hec est civitas parva, non multum munita, super mare sita, in capite habens castrum fortissimum, optimo muro et undecim turribus sicut undecim reciosis lapibus coronatum. Nec mirum, si duodecima turris ei subtrahatnr, eum illa turris quam rex Francie ad subsidium terre edificavit, sua pulchra fortitudine suppleat illius defectum. Hoc Castrum a Templariis. quia ipsorum est, optime custoditur..... » (Laurent, Peregrinatores medii evi quatuor, page 169 (Vilbrand d'Oldenbourg). Leipsick. 1864.)

    L'historien arabe Ibn-el-Atyr, en racontant l'attaque dirigée; par Salah-ed-din contre Tortose, en 1188, nous apprend que le grand maître du Temple et ses chevaliers s'étaient retirés dans une tour très-forte qui résista victorieusement aux efforts des musulmans. Or, le base d'un énorme donjon, de forme barlongue, revêtue d'un talus de maçonnerie, se voit en « K »; il ne mesurait pas moins de trente-cinq mètres de côté, et vers l'ouest était flanqué de deux tours carrées. C'est évidemment là l'ouvrage dont il est question dans les deux textes que je viens de citer.

    De vastes casemates existent encore sous ce massif et communiquent avec la mer par une poterne qui, s'ouvrant à fleur d'eau, permettait aux navires chrétiens de ravitailler les défenseurs de cette tour, isolée elle-même du reste du château par un profond fossé dont il subsiste encore quelques traces.

    Nous savons par l'historien Makrizi que c'était à Antarsous qu'était déposé le trésor des Templiers.
    D'après Page, ce serait seulement en 1102 que les Francs s'établirent définitivement à Tortose.

    A la mort de Raymond de Saint-Gilles, comte de Tripoli, cette ville, ainsi que le mont Pèlerin, fut un moment attribuée à Guillaume Jourdain, comte de Cerdagne; mais après lui Tortose passa de nouveau au comte de Tripoli. Elle fut alors érigée en évêché, et la liste des évêques qui en occupèrent le siège durant les croisades se trouve dans la Syrie Sainte de Du Gange (1).
    1. Familles d'Outre-Mer, page 809.

    Pendant la plus grande partie du XIIe siècle, Tortose et son territoire formèrent un des grands fiefs de la principauté de Tripoli, et paraissent avoir été possédés par une branche de la famille de Maraclée. Un acte du mois de juin 1183 nous apprend qu'à cette date une commanderie de l'ordre du Temple existait déjà à Antarsous.

    Peu de mois après la bataille de Hattin, où les chevaliers du Temple avaient presque tous succombé, et à la suite de laquelle le grand maître lui-même était tombé entre les mains des musulmans (2), Salah-ed-din parut sous les murs de Tortose. Les Templiers, ne se trouvant pas assez nombreux pour défendre la ville et les divers ouvrages qui composaient le château, se retirèrent dans le donjon; là, sous les ordres de leur grand maître Gérard de Ridefort, qui venait d'être mis en liberté en échange du château de Beit-Gibrin (3) ils opposèrent une telle résistance aux efforts de Salah-ed-din que ce prince se vit contraint de lever le siège.
    2. Ibn-el-Atyr, extrait des Historiens arabes, pages 480.
    3. Ibn-el-Atyr, extrait des Historiens Arabes des Croisades, page 593.


    Ce fut sous les murs de cette ville qu'au mois de septembre 1188 Salah-ed-din rendit la liberté au roi Guy de Lusignan, au prince Amaury, son frère, au grand maréchal du royaume, ainsi qu'à plusieurs autres chevaliers illustres.

    Selon toute apparence, par suite de la cession de Maraclée à l'Hôpital, la seigneurie de Tortose et ses dépendances passèrent à l'Ordre du Temple. Il parait que ce territoire était considérable, puisque nous savons par le texte de la paix, dite de Tortose, signée en 1282, entre Guillaume de Beaujeu, grand maître du Temple, et le sultan égyptien Kélaoun, alors que l'Ordre avait déjà perdu Safita et Areymeh, qu'il comprenait encore trente-sept cantons, tous nommés dans cet acte.
    Les noms de quelques-uns des châtelains de Tortose nous sont parvenus. Les voici :
    Frère Rainald de Clamcourt - 1243 (2) Aimard - 1282 (3) Adhémar de Peyrusa (4) 2. Codis diplomatico, tome I, n° 179, page 220
    3. Mas Latrie, Histoire de Chypre, tome III, pages 662, 668.
    4. Procès des Templiers, tome II, page 144.
    Requisitus si credit quod illicita confessata per eum intervenirent communiter in recepcionibus aliorum fratrum vel post, respondit se credere quod sic, quia vidit recipi, sunt XXVI anni vel circa, ultra mare, in quadam camera domus Templi de Tortosa, fratrem Johannem lo Test de Apulia servientem, de cujus vita vel morte non habet certitudinem, per fratrem Ademarum de Peyruza militem, quondam castellanum de Tortossa, presentibus fratribus Johanne de Acon, Johanne de Nivernis servientibus, Bertrando Amblardi et Bertrando de Savinhac militibus, deffunctis, et pluribus aliis quos credit obiisse.


    Ademarum Peyruza semble avoir été le dernier, et nous le trouvons cité dans le procès des Templiers (5). 5. Procès des Templiers, tome II, page 153.
    Requisitus si viderat aliquos alios recipi in ordine, respondit quod sic, fratrem Bertrandum de Sartiges militem, ad ordinis deffensionem assumptum in quadam camera domus Templi de Tortosa ultra mare, per fratrem Adeum de Peyrucza quondam, tunc castellanum dicte domus, presentibus fratribus Hugone de Nays, Visiano de Moret militibus, deffunctis, et pluribus aliis de quibus non recordatur.


    Non loin de Tortose, sur le versant oriental des montagnes des Ansariés, étaient situés les châteaux appartenant aux Ismaéliens ou Bathéniens de Syrie. Cette secte, d'origine persane, est souvent mentionnée chez les historiens occidentaux sous le nom d'Assassins. Elle était gouvernée par le Daïl-Kébir (espèce de grand prieur de l'Ordre), résidant à Massiad, et comptait environ soixante mille adeptes en Syrie.
    Guillaume de Tyr dit que les Ismaéliens possédaient six châteaux aux environs d'Antarsous. De là partaient les Fedawi (sicaires), chargés d'assassiner les princes musulmans ou chrétiens qui avaient encouru la haine de l'ordre.

    C'est ainsi qu'en 1152 périt Raymond II, comte de Tripoli, tué aux portes mêmes de Tripoli (1) avec un de ses écuyers, nommé Raoul de Merle. Aussitôt les Templiers, pour venger la mort du comte de Tripoli, envahirent le pays habité par les Bathéniens, et ce ne fut qu'après leur avoir imposé un tribut annuel de 2,000 dinars et de cent boisseaux de froment, qu'ils consentirent à leur accorder la paix. A la suite de ce traité, l'intérêt des Templiers était d'empêcher un rapprochement entre les Francs et les Ismaéliens, et c'est à quoi ils s'efforcèrent malgré les tentatives de ces derniers. Ceux-ci l'essayèrent à plusieurs reprises, et notamment sous le règne d'Amaury en 1165.
    1. Les Familles d'outre-mer, page 482.

    En 1194, le comte Henri de Champagne, se rendant en Arménie, reçut à son passage à Tortose une ambassade du Daïl-Kébir, qui le faisait complimenter et l'invitait à venir le trouver à Massiad, qui ainsi que je l'ai dit plus haut, était alors le chef-lieu de l'ordre des Ismaéliens en Syrie. Au retour de son voyage, le comte de Champagne visita les châteaux de ces mystérieux sectaires et revint comblé des plus riches présents.
    Malgré ces démonstrations, l'église de Tortose fut le théâtre du meurtre de Raymond, fils aîné de Bohémond IV (2), prince d'Antioche, assassiné par deux Ismaéliens en 1219 (3).
    2. Les Familles d'outre-mer, page 205. - 3. Les Familles d'outre-mer, page 205.

    Dans cette même église se célébra, en 1339, le mariage d'Alix deChampagne, veuve d'Hugues, roi de Chypre, avec Bohémond V, d'Antioche.
    Le château de Tortose fut un des derniers points occupés par les chrétiens en Terre Sainte, et les Templiers ne l'abandonnèrent que le 5 juin 1291.
    Ils se retirèrent alors à Chypre, d'où ils firent, au commencement du siècle suivant, une tentative pour reprendre cette place (1). En l'année 1300, une expédition partie, sous les ordres d'Aimery de Lusignan, prince de Tyr, et de Jacques de Molay, grand maître du Temple, s'empara de Tortose, que les Templiers conservèrent quelque temps. Mais ils furent bientôt attaqués par les troupes du sultan égyptien Malek-el-Mansour-Lagyn. La place ayant été investie par terre et par mer, ils durent capituler, et les chevaliers furent faits prisonniers au nombre de cent vingt.
    1. Les Familles d'outre-mer, grands maitres du Temple page 892.

    D'après Aboulfeda, ce serait seulement dans les derniers mois de l'année 1302 ou au commencement de l'année suivante que les Templiers perdirent l'île d'Aradus, qui dépend de Tortose. Je transcris ici le texte de l'historien arabe :
    « En l'année 702, un parti considérable de Francs s'était fortifié dans l'île d'Aradus, située près de la côte, en face de Tortose. A l'abri de leurs remparts, ils s'avançaient jusque sur la côte voisine... Seif-ed-din-Assendemour, qui gouvernait la Syrie, sollicita une flotte du gouvernement égyptien. La flotte arriva devant l'île au mois de moharrem et s'en empara. »
    Sources : Rey (Emmanuel Guillaume), Etude sur les monuments de l'architecture militaire des croisés en Syrie et dans l'Ile de Chypre. Paris, Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXI.
    Sources : Rey (Emmanuel Guillaume), Etude sur les monuments de l'architecture militaire des croisés en Syrie et dans l'Ile de Chypre. Paris, Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXI.

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