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Monuments des Croisés par M. Rey

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    Château Le Toron (Tebnin)

    Ce château fut fondé par Hugues de Saint-Omer, prince de Tabarie, vers l'année 1104, au lieu dit l'ancien Tebnin, et c'est encore sous ce nom que les Arabes désignent le château élevé au XVIIe siècle sur les fondations de la vieille forteresse des sires du Toron.

    L'assiette de cette place a été choisie au sommet d'une colline arrondie, d'où lui est venu son appellation du vieux mot français touron, ou toron, signifiant éminence ou colline isolée.
    Ce sommet domine les hauteurs qui séparent la vallée du Nahar-el-Kasmieh de celle de l'Ouad-Aïoun.

    La forme arrondie du plateau détermine celle de la forteresse, dont le plan paraît avoir été à peu près identique à celui du Krak de Mont-Réal, nommé aujourd'hui Schaubek et relevé par M, Mauss durant l'expédition scientifique de M. le duc de Luynes. Ce château est également de forme arrondie, avec des saillants carrés et des tours barlongues.

    Au Toron il ne reste plus aujourd'hui que les substructions et quelques assises de gros blocs taillés à bossages encore en place sur presque tout le pourtour, ce qui a conservé la configuration extérieure de l'ancienne forteresse au château bâti par Daher-l'Omar, lorsqu'il se révolta, il y a deux cents ans, contre l'autorité de la Sublime Porte.

    A en juger par ce qui se voit de l'édifice du moyen âge, il devait présenter à l'oeil un aspect assez semblable à celui des châteaux arabes d'Alep, de Hamah, de Schoumaimis, de Szalkhad, etc., étant comme eux élevé sur un tertre conique et flanqué de tours carrées.

    En France nous trouvons peu d'exemples de forteresses de cette forme (1), si ce n'est, toutefois, en Guyenne, dans les châteaux de Podensac et de Blanquefort, élevés dans le cours du XIIIe siècle, et dans ceux de la Brède et de Savignac.

    La position du Toron en faisait une place de guerre importante, dont la possession assurait aux Francs tout le pays compris entre Tyr et Safed.

    Après Hugues de Saint-Omer (2), mort sans postérité, le Toron fui donné à une famille qui en prit le nom et a fourni un chapitre aux Lignages d'Outre-Mer.

    Le château fut deux fois pris par les musulmans : d'abord en 1187 par Saladin, puis en 1219 par le sultan Malek-Mohadam, qui le fit détruire. Relevé en 1229, il devint l'objet d'une contestation entre les chevaliers Teutoniques et les héritiers de Philippe de Montfort, qui, par son mariage, avait acquis des droits sur cette seigneurie.

    L'empereur Frédéric II (3) attribua Toron, que nous trouvons alors désigné dans les chartes contemporaines sous la dénomination de Turo-Militum, à Eléonore de Montfort, et donna aux Teutoniques, à titre de compensation, une rente annuelle de 7,000 besants, à percevoir sur les entrées du port d'Acre.

    Nous devons donc conclure de là que le peu qui subsiste de cette forteresse doit être considéré comme datant de la première moitié du XIIIe siècle.

    Notes Torin

    1. Léo Drouyn, La Guyenne militaire tome II, pages 56, 346-354.
    2. Familles d'Outre-Mer, page 468.
    3. Huillard-Bréholles, Histoire diplomatique de Frederici secundi, tome II.

    Sources : Rey (Emmanuel Guillaume), Etude sur les monuments de l'architecture militaire des croisés en Syrie et dans l'Ile de Chypre. Paris, Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXI.

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