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Les dernières paroles de Jacques de Molay

Nul n'est plus propre à nous servir de transition d'une classe à l'autre que Jacques de Molay, dernier grand-maître de l'ordre du Temple. L'auteur anonyme de la vie de cet illustre compatriote, dans la Biographie universelle, après avoir rapporté l'extinction des Templiers et les circonstances de leur condamnation, ajoute que les documents nombreux, apportés de Rome, il y a quelques années ; la publication de la procédure ; les débats auxquels ont donné lieu la tragédie de M. Reynouard, et l'ouvrage récent de M. Hammer, ont jeté un grand jour sur ce terrible événement du XIVe siècle ; et que l'opinion publique paraît désormais fixée sur l'injustice de l'accusation et sur l'innocence de cet ordre célèbre.

Jacques de Molay, né au château de Rahon, tirait son origine des sires de Longwy, et son nom d'un petit village dépendant de cette terre. Vers l'an 1265, il entra dans cette association religieuse et militaire en 1299, il en fut élu grand-maître à l'unanimité, quoiqu'il ne fût pas alors en Orient.
Le pape, en 1305, le rappelle en France ; en 1307, tous les chevaliers qui se trouvent en Europe sont arrêtes. Leur mort avait été concertée d'avance par Philippe-le-Bel à qui les immenses richesses du Temple portaient ombrage, et qui avait besoin d'argent, ainsi que par Clément V qui peut-être se trouvait engagé malgré lui à seconder ce monarque. Tout le monde connaît le résultat que produisit la question sur les suppôts de l'ordre dont les uns avouèrent dans les tortures et nièrent dans les supplices, dit Bossuet.

Molay avait bien d'abord cédé à la douleur mais il ne tarda pas à se reprocher cette faiblesse, au moment où tous ses juges et tout Paris s'attendaient à le voir confirmer publiquement ses prétendus aveux, à l'aspect du supplice de ses religieux fidèles.
Mais l'on fut bien surpris, dit M. René Aubert de Vertot, lorsque ce prisonnier secouant les chaînes dont il était chargé, s'avança jusqu'au bord de l'échafaud, d'une contenance assurée ; puis, élevant la voix pour être mieux entendu:
« il est bien juste, s'écria-t-il, que dans un si terrible jour, et dans les derniers moments de ma vie, je découvre toute l'iniquité du mensonge, et que je fasse triompher la vérité. Je déclare donc, à la face du ciel et de la terre, et j'avoue quoiqu'à ma honte éternelle, que j'ai commis le plus grand de tous les crimes mais ce n'a été qu'en convenant de ceux que l'on impute avec tant de noirceur, à un ordre que la vérité m'oblige aujourd'hui de reconnaître pour innocent. Je n'ai même passé la déclaration qu'on exigeait de moi que pour suspendre les douleurs excessives de la torture, et pour fléchir ceux qui me les faisaient souffrir. Je sais les supplices que l'on a fait subir à tous ceux qui ont eu le courage de révoquer une pareille confession. »

Jacques de Molay
Source Jacques de Molay - Gravure anonyme. - Reproduit sous forme électronique Bibliothèque Sainte-Geneviève
Jacques de Molay

« Mais l'affreux spectacle qu'on me présente n'est pas capable de me faire confirmer un premier mensonge par un second, à une condition si infâme : je renonce de bon cœur à la vie qui ne m'est déjà que trop odieuse. Et que me servirait de prolonger de tristes jours que je ne devrais qu'à la calomnie ? »
« Ce seigneur en eût dit d'avantage, si on ne l'eût pas fait taire. On le brûla vif et à petit feu, avec d'autres religieux de son ordre, dans une petite île de la Seine ; et le grand-maître y soutint le caractère qu'il avait déployé quelques jours auparavant en présence du public, s'accusant encore de sa première faiblesse et s'estimant heureux de l'expier par le sacrifice de sa vie. »

Semblable aux martyrs qui célébraient les louanges de Dieu, il chantait des hymnes au milieu de la flamme. Eudes de Mézeray rapporte que l'on entendit alors le grand-maître s'écrier: « Clément ! Juge inique et cruel bourreau je t'ajourne à comparaître, dans quarante jours, devant le tribunal du souverain juge. »
Quelques-uns écrivent, dit René Aubert de Vertot, qu'il ajourna pareillement le roi à y comparaître dans un an.
Peut-être que la mort de ce prince et celle du pape, qui arrivèrent précisément dans les mêmes termes, ont donné lieu à l'histoire de cet ajournement. Tout le monde donna des larmes à un si tragique spectacle, et des personnes dévotes recueillirent les cendres de ces dignes chevaliers.
Comme on vient de le voir le caractère du Jurassien est fortement trempé de l'esprit de religion.
Sources: Monnier, Désiré. Les jurassiens recommandables, pages 123 à 126. Lons-le-Saunier 1828.
Bnf

Saint-Chamas

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