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Jacques de Molay

Jacques de Molay Fin 1292 - 19 mars 1314
Membre de la famille de Longwy-Rohan, originaire de, Franche-Comté, Jacques de Molay fut élu Maître du Temple à la fin de 1292.

En janvier 1293, il figure à ce titre dans un acte concernant l'île de Chypre. Donc, la date, toujours avancée, de 1298, est fausse.

En 1293, avant juin, il écrivit à Edouard d'Angleterre pour lui annoncer la nomination de Guy de Foresta comme visiteur de l'Ordre dans les îles Britanniques. Nous n'allons pas épiloguer sur le dernier Grand Maître de l'Ordre du Temple, puisque l'étude du procès en fera largement état.

Il mourut sur le bûcher de l'île aux Juifs, le 11 mars 1314, après avoir passé plusieurs années en prison et enduré les plus horribles souffrances.

Quoi qu'il en soit de cette suite de Grands Maîtres, tous les actes se complètent les uns les autres pour donner une liste juste et exhaustive des Supérieurs du Temple.

Quant aux listes des pseudo-templiers, elles sont complètement erronées, et nous répétons ce que nous avons déjà dit dans divers articles: la liste de succession de Jacques de Molay est un faux.

Les dernières paroles de Jacques de Molay

Nul n'est plus propre à nous servir de transition d'une classe à l'autre que Jacques de Molay, dernier grand-maître de l'ordre du Temple. L'auteur anonyme de la vie de cet illustre compatriote, dans la Biographie universelle, après avoir rapporté l'extinction des Templiers et les circonstances de leur condamnation, ajoute que les documents nombreux, apportés de Rome, il y a quelques années ; la publication de la procédure ; les débats auxquels ont donné lieu la tragédie de M. Reynouard, et l'ouvrage récent de M. Hammer, ont jeté un grand jour sur ce terrible événement du XIVe siècle ; et que l'opinion publique paraît désormais fixée sur l'injustice de l'accusation et sur l'innocence de cet ordre célèbre.

Jacques de Molay, né au château de Rahon, tirait son origine des sires de Longwy, et son nom d'un petit village dépendant de cette terre. Vers l'an 1265, il entra dans cette association religieuse et militaire en 1299, il en fut élu grand-maître à l'unanimité, quoiqu'il ne fût pas alors en Orient.
Le pape, en 1305, le rappelle en France ; en 1307, tous les chevaliers qui se trouvent en Europe sont arrêtes. Leur mort avait été concertée d'avance par Philippe-le-Bel à qui les immenses richesses du Temple portaient ombrage, et qui avait besoin d'argent, ainsi que par Clément V qui peut-être se trouvait engagé malgré lui à seconder ce monarque. Tout le monde connaît le résultat que produisit la question sur les suppôts de l'ordre dont les uns avouèrent dans les tortures et nièrent dans les supplices, dit Bossuet.

Molay avait bien d'abord cédé à la douleur mais il ne tarda pas à se reprocher cette faiblesse, au moment où tous ses juges et tout Paris s'attendaient à le voir confirmer publiquement ses prétendus aveux, à l'aspect du supplice de ses religieux fidèles.
Mais l'on fut bien surpris, dit M. René Aubert de Vertot, lorsque ce prisonnier secouant les chaînes dont il était chargé, s'avança jusqu'au bord de l'échafaud, d'une contenance assurée ; puis, élevant la voix pour être mieux entendu:
« il est bien juste, s'écria-t-il, que dans un si terrible jour, et dans les derniers moments de ma vie, je découvre toute l'iniquité du mensonge, et que je fasse triompher la vérité. Je déclare donc, à la face du ciel et de la terre, et j'avoue quoiqu'à ma honte éternelle, que j'ai commis le plus grand de tous les crimes mais ce n'a été qu'en convenant de ceux que l'on impute avec tant de noirceur, à un ordre que la vérité m'oblige aujourd'hui de reconnaître pour innocent. Je n'ai même passé la déclaration qu'on exigeait de moi que pour suspendre les douleurs excessives de la torture, et pour fléchir ceux qui me les faisaient souffrir. Je sais les supplices que l'on a fait subir à tous ceux qui ont eu le courage de révoquer une pareille confession. »

Jacques de Molay
Jacques de Molay - Gravure anonyme. - Reproduit sous forme électronique
Source Bibliothèque Sainte-Geneviève

« Mais l'affreux spectacle qu'on me présente n'est pas capable de me faire confirmer un premier mensonge par un second, à une condition si infâme : je renonce de bon cœur à la vie qui ne m'est déjà que trop odieuse. Et que me servirait de prolonger de tristes jours que je ne devrais qu'à la calomnie ? »
« Ce seigneur en eût dit d'avantage, si on ne l'eût pas fait taire. On le brûla vif et à petit feu, avec d'autres religieux de son ordre, dans une petite île de la Seine ; et le grand-maître y soutint le caractère qu'il avait déployé quelques jours auparavant en présence du public, s'accusant encore de sa première faiblesse et s'estimant heureux de l'expier par le sacrifice de sa vie. »

Semblable aux martyrs qui célébraient les louanges de Dieu, il chantait des hymnes au milieu de la flamme. Eudes de Mézeray rapporte que l'on entendit alors le grand-maître s'écrier: « Clément ! Juge inique et cruel bourreau je t'ajourne à comparaître, dans quarante jours, devant le tribunal du souverain juge. »
Quelques-uns écrivent, dit René Aubert de Vertot, qu'il ajourna pareillement le roi à y comparaître dans un an.
Peut-être que la mort de ce prince et celle du pape, qui arrivèrent précisément dans les mêmes termes, ont donné lieu à l'histoire de cet ajournement. Tout le monde donna des larmes à un si tragique spectacle, et des personnes dévotes recueillirent les cendres de ces dignes chevaliers.
Comme on vient de le voir le caractère du Jurassien est fortement trempé de l'esprit de religion.
Sources: Monnier, Désiré. Les jurassiens recommandables, pages 123 à 126. Lons-le-Saunier 1828. - Bnf

Jacques de Molay - 1292 - 1314

Jacques de Molay, né vers 1244 dans une famille noble de Franche-Comté, est élu Grand Maître à la mort du moine Gaudin.
Il est alors Maréchal de l'Ordre. C'est un militaire plus qu'un politique, ce qui ne va pas être sans conséquences, dans la chute de l'Ordre; mais même un diplomate avisé aurait-il pu, face aux « juristes » de Philippe le Bel, sauver l'Ordre ?
Le khan des Tartares Mongols, Kazan, s'est allié au roi d'Arménie pour déclarer la guerre au sultan d'Egypte.

En 1299, il propose aux Templiers et aux Hospitaliers de leur rendre la Terre Sainte (dès qu'il l'aura conquise) s'ils s'associent à son entreprise. Templiers et Hospitaliers lèvent des troupes, et participent à une grande victoire contre le sultan d'Egypte.

Ils retrouvent la Terre Sainte et les villes qu'ils ont quittées dix ans auparavant, mais sans fortifications.
Ils entreprennent de relever les murailles de Jérusalem lorsque le Khan abandonne le terrain conquis pour retourner en Perse mater une révolte.
Templiers et Hospitaliers sont à nouveau seuls face au sultan d'Egypte, et malgré leurs appels pressants à l'Occident, où leur retour dans Jérusalem a provoqué une explosion de joie, les renforts tardent à venir. Pour éviter un carnage comme celui de Saint-Jean d'Acre, ils sont obligés de quitter la ville sainte, et de retourner à Chypre. Le rêve d'une Jérusalem chrétienne est définitivement brisé.
A Chypre, les deux Ordres sont à l'étroit. Le roi de l'île, descendant de Guy de Lusignan, leur a interdit d'y acquérir des propriétés, de crainte qu'ils lui disputent son pouvoir, comme ils l'ont fait aux rois de Jérusalem. Les Hospitaliers s'emparent de l'île de Rhodes, et y installent leur quartier général.
Les Templiers sont tentés de s'implanter en Sicile, dont le souverain entend les utiliser pour une expédition contre la Grèce. Le Templier Roger, qui dirige ce corps expéditionnaire, s'empare d'Athènes, s'avance vers l'Hellespont, ravage une partie de la Thrace.
Lors de l'expédition, les Templiers dédaignent les villes tombées en leur pouvoir; ils ne gardent pour eux que les richesses pillées.
Richesses que, maladroitement, ils étaleront, tandis qu'on leur reprochera de n'avoir pas su garder la Terre Sainte, en insinuant qu'elle était devenue trop pauvre pour eux…

En 1306, à la demande du pape Clément V, qui a le projet de faire des Templiers une milice pontificale, le quartier général du Temple est transféré à Paris.
L'Ordre est né de chevaliers partis du royaume de France, il y retourne. C'en est fini de la gloire de l'Ordre, de l'épopée templière, et des exploits des chevaliers à la croix pattée dans les déserts de la Terre Sainte.

Philippe le Bel qui, depuis le palais du Louvre, a vue sur le donjon du Temple, prépare sa chute.

Jacques de Molay par Mansuet

Ce dernier et malheureux Grand-Maître fut recommandé par Boniface à Jean, roi de l'Ile de Chypre qu'il habitait (1298). Le Saint-Père rappelant tous les services de l'Ordre à la mémoire du monarque, lui commanda (1299) de faire une restitution complète des revenus dont il avait privé le Temple et l'Hôpital et de révoquer le décret par lequel il avait interdit aux membres des deux Collèges la construction de maisons et d'églises dans ses Etats [Vertot, t, I. p 622].

Lorsque Gazan, roi des Tartares, eut pillé la Syrie, il députa des ambassadeurs à Rome pour offrir le pays aux Chrétiens et s'y faire envoyer les trois Ordres.

Clément V, assis dans la chaire apostolique, commença de longue main et sans doute sur l'instigation de Philippe-le-Bel, roi de France, à menacer l'Ordre d'une révolution. Le nouveau Pape reprit le projet de fondre en un seul les Instituts du Temple et de l'Hôpital; Jacques de Molay, dans une justification de haute convenance, lui développa péremptoirement les dangers de cette mesure (1306).

Encore que la Terre-Sainte fût retombée au pouvoir des ennemis de la foi, les Chrétiens méditaient une nouvelle Croisade. Le Souverain Pontife recueillit des consultations, et Molay donna la sienne qui prouvait à la fois sa profonde science militaire et le vaste déploiement de forces qu'eût nécessité l'entreprise. Il supplia Clément de ne point la faire avec peu de monde, mais de rassembler tous les princes et les soldats de l'Europe (1306) [Du Puy, p. 179].

Le Grand-Maître, que soutenait Amaury, prince de Tyr, prit Tortose en Syrie, et combattit bravement les Sarrasins. Sa vaillance fut souvent couronnée de succès. Enfin, chassé par le sultan du Caire, il crut trouver asile en France, où la sanguinaire avarice d'un roi lui réservait le plus affreux martyre.
Sources: Par feu Claude Mansuet Jeune. Chanoine Régulier de l'Ordre de Prémontré, Docteur en Théologie, Prieur de l'Abbaye d'Etival. Edité chez Guillot, Librairie de Monsieur, Frère du Roi, rue Saint-Jacques. Paris. M DCC. LXXXIX.

Jacques de Molay

L'an 1298, Jacques de Molay, paraît pour la première fois, en 1298, en qualité de grand maître. Il était de la maison des sires de Longvic et de Raon, dans le comté de Bourgogne. Molay est une terre du doyenné de Neublans, au diocèse de Besançon. Jacques de Molay s'était fait connaître à la cour de France, où il avait eu l'honneur de tenir sur les fonts de baptême un des enfants du roi Philippe le Bel. Les historiens ne rapportent que des traits honorables de sa conduite eu Orient.

L'an 1299, le fameux Casan, roi des Tartares Mogols, étant accouru au secours des Arméniens, les Templiers, le grand maître à leur tête, se joignent à lui, contribuent à la défaite des Musulmans, et reprennent plusieurs places, entre autres Jérusalem, où ils restent en garnison mais: ce ne fut pas pour longtemps.

L'an 1300, la ville sainte retombe sous la domination des Musulmans, qui achèvent d'en raser les fortifications. Ce malheur n'abat point le courage du grand maître. Retiré dans l'île d'Arade, il incommode les infidèles au point d'obliger le gouverneur de Phénicie à demander du secours pour le repousser.

L'an 1301, un émir étant venu l'attaquer, la victoire se déclare pour le Musulman. Cent vingt chevaliers sont faits prisonniers et conduits au Caire.

L'an 1303, les troupes du Temple et de l'Hôpital, réunies pour la seconde fois à celles de Casan, font de nouveaux efforts contre le Musulmans. Mais elles furent si maltraitées en deux rencontres que les chevaliers prirent le parti de retourner en Chypre. La même année les Templiers de France prennent le parti du roi Philippe le Bel dans ses démêlés avec le pape Boniface VIII. Ils en furent bien récompensés par la suite !

L'an 1305, de Molay, ses hauts officiers, et tous les sujets de l'ordre en général sont représentés au pape Clément V comme des apostats, des hérétiques, des abominables. Le pape mande en France le grand maître du Temple avec celui de l'Hôpital pour ôter tout sujet de soupçon au premier.

L'an 1306, de Molay arrive, avec soixante chevaliers, à la cour d'Avignon. Le pape l'amuse jusqu'à la conférence de Poitiers.

L'an, 1307, cette conférence se tint entre ce pontife et le roi de France. On y concerta les mesures convenables pour supprimer la chevalerie du Temple. Le grand maître et les précepteurs instruits de ce qui se tramait contre eux vont se jeter aux pieds du pape le suppliant d'informer sur les faits dont on les accuse. On informe, et de quelle manière ?
Deux scélérats renfermés pour leurs crimes, l'un Templier, et l'autre bourgeois de Béziers, sont reçus dénonciateurs contre tout l'ordre.

L'an 1307, le 15 octobre, soixante chevaliers, avec le grand maître sont arrêtés à Paris. Le secret fut si bien gardé, que tous furent saisis à la même heure par toute la France.

L'an 1307, le 22 novembre, le pape mande à tous les souverains de l'Europe de sévir contre les Templiers. Le roi d'Angleterre prend leur défense. Depuis ce temps de Molay, passa des prisons de Paris, en celles de Corbeil ; de là, il fut conduit à Chinon, et enfin ramené à Paris, où l'on acheva son procès, après lui avoir fait subir la question.

L'an 1314, (N.S.), le lundi après la fête de Saint Grégoire le Grand, suivant Guillaume de Nangis, c'est-à-dire le 18 mars, il fut condamné au feu pour n'avoir pas voulu confirmer le aveux qu'il avait faits dans la torture, et les avoir même publiquement rétractés.

L'exécution se fit dans ce qu'on nomme aujourd'hui la place Dauphine. Le grand maître eut pour compagnon de son supplice Gui, frère de Robert III, dauphin d'Auvergne. Tous deux protestèrent de leur innocence en mourant. On a parlé sur les conciles de Paris et de Senlis, tenus en 1310, de l'exécution de plusieurs autres Templiers qui firent les mêmes protestations. Le grand maître avait survécu à son ordre. Clément V étant au concile de Vienne, le supprima dans un consistoire secret tenu le mercredi saint, 22 mars de l'an 1312 ; suppression qu'il publia le 3 avril suivant 1313, dans la deuxième session du concile, et non le 22 mai, comme le marquent D. Félibien et l'abbé de Vertot. Il est remarquable que la bulle qu'il donna le 2 mai suivant, « vi nonas maii », porte que cette suppression n'est point ordonnée par jugement définitif ; mais par sentence provisionnelle ; et cependant elle dispose des biens des Templiers en faveur des chevaliers de Saint Jean de Jérusalem. Le parlement de Paris, en conséquence de cette décision, rendit son arrêt le mercredi après l'Annonciation 1312 (V.S.), pour mettre frère Léonard de Tibertis, procureur général du maître et des frères de l'ordre hospitalier, en possession des biens des Templiers. Mais il adjugea au roi sur ces biens deux cent mille livres, somme alors immense, pour les frais de procédures. Ainsi finit la chevalerie du Temple 191 an après son établissement.
Sources: L'Art de Vérifier les Dates des Faits Historiques. Tome Cinquième, Paris - 1818. Par David Bailie Warden, Saint-Allais (Nicolas Viton), Maur François Dantine, Charles Clémencet, Ursin Durand, François.

Jacques de Molay

Jacques de Molay, le dernier grand-maître des Templiers, prit son nom de Molay, petit village du canton de Vitrey où il possédait un château.

Il était encore très jeune lorsqu'il fut admis dans l'ordre du Temple (1265). Il se distingua dans plusieurs rencontres avec les Infidèles. Aussi, ses compagnons le nommèrent-ils grand-maitre à l'unanimité, à la mort de Guillaume de Beaujeu et bien qu'à ce moment il ne fut pas dans l'Orient.

En 1299, il aida les chrétiens à reprendre Jérusalem ; mais, dans la suite, il fut forcé de se retirer dans l'Ile de Chypre où il se préparait à venger les revers des catholiques. Mais le pape le rappela en France en 1305, sous prétexte de fusionner en un seul les deux ordres des Templiers et des Hospitaliers.

Molay amena avec lui soixante chevaliers et un trésor considérable. Philippe-le-Bel le choisit pour parrain d'un de ses enfants, afin de mieux cacher ses desseins.

Le 13 octobre 1307, tous les Templiers furent arrêtés a la même heure dans toute la France. Des inquisiteurs les livrèrent à la torture et réussirent ainsi à arracher au plus grand nombre d'entre eux l'aveu des crimes honteux dont on les accusait.

Après un procès qui dura quatre ans et qui fut soumis, pour la forme, au concile œcuménique devienne, l'abolition de l'ordre des Templiers fut décrétée par le pape Clément V, sous la pression de Philippe-le-Bel.

Beaucoup de Templiers périrent sur le bûcher en affirmant leur innocence.

Jacques de Molay fut livré à son tour au supplice le 18 mars 1314. Son bûcher était dressé à l'endroit même où est aujourd'hui la statue de Henri IV.
Sources: Histoire du département de la Haute-Saône, avec la biographie des personnages remarquables qui en sont originaires, par A. Fenard. Editeur: G. Guérin Paris 1890

Jacques de Molay

Département: Haute-Saône, Arrondissement: Vesoul, Canton: Vitrey - 70

Village de Jacques de Molay
Village de Jacques de Molay

La seigneurie appartint à l'origine à une vieille famille de chevalerie comtoise qui en portait le nom, et dont Jacques de Molay, grand maître de l'Ordre des Templiers, est le membre le plus illustre; elle passa ensuite aux de Lassau et aux de Lillebonne. Ruines du château féodal. Dans l'église, qui est au hameau de Laître, tombes intéressantes du XVIe siècle.

Molay (Jacques de), grand maître des templiers, né à Molay (Jura) plutôt qu'à Molay (Haute-Saône) vers 1243, mort à Paris le 11 mars 1314. Fils d'un simple gentilhomme et entré dans l'ordre du Temple en 1265, il en fut élu grand maître en 1298, non sans une vive opposition. Comme il avait fait déjà ses preuves de bravoure en défendant la terre sainte et était à Chypre où il avait du se retirer avec ses chevaliers, il reçut de Clément V, en juin 1306 ou 1307, l'invitation de venir conférer avec lui au sujet d'un projet de croisade et de fusion des ordres du Temple et de l'Hôpital.
Les deux mémoires qu'il remit au pape sur ces points se trouvent dans Baluze (Vitae paparum Avenionensium, 1693, t. III, col. 176-85).

Venu en France avec soixante chevaliers, il se rendit d'abord à Paris pour rétablir l'ordre dans la maison du Temple, puis se rencontra avec Clément à Poitiers après l'avoir entretenu des attaques dont l'ordre commençait à être l'objet, le pape, qui espérait que l'affaire n'aurait pas de suite, l'avait laissé retourner à Paris et il y avait assisté avec honneur aux obsèques de Catherine de Valois, lorsque le lendemain (13 octobre 1307) Philippe le Bel mit les templiers en état d'arrestation. Interrogé à Chinon par des cardinaux, au milieu d'août 1308, puis à Paris, le 26 novembre 1309, par une commission pontificale gagnée au roi, il eut la faiblesse d'avouer, dans la torture, une partie au moins des excès reprochés aux templiers et de ne pas oser prendre la défense de l'ordre pour ne pas se perdre lui-même; mais, soldat peu lettré, il se laissa circonvenir et racheta d'ailleurs ses fautes par son attitude à ses derniers instants.
Il ne fut jamais mis en présence du pape qui s'était réservé de connaître de son cas, et il semble avoir été oublié en prison jusqu'au 11 (et non 19) mars 1314 où il comparut, avec quelques grands dignitaires dé l'Ordre, devant une commission de cardinaux et de prélats, pour entendre la sentence prononcée contre eux.

Molay, de même que Geoffroi de Charney, ayant rétracté ses aveux, fut livré au prévôt de Paris et, le jour même, brûlé comme relaps dans l'île des Juifs près du Palais de justice. Le peuple recueillit ses cendres et l'on prétendit qu'il avait ajourné à comparaître devant Dieu té roi et le pape qui moururent en effet aux termes assignés.
Sources: M. Barroux. La grande encyclopédie: inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Tome 24 - par une société de savants et de gens de lettres ; sous la direction de MM. Berthelot. Hartwig Derenbourg, F.-Camille Dreyfus, A. Giry. - éditeur: H. Lamirault (Paris)

Jacques-Bernard de Molay

Département: Haute-Saône, Arrondissement: Vesoul, Canton: Vitrey - 70

Village de Jacques de Molay
Village de Jacques de Molay

Dernier grand-maître des Templiers, prit son nom du village de Molay, près de Cintrey, bailliage de Vesoul, et non, comme on l'a prétendu, du village de Molay, bailliage de Dole.
Vers l'an 1265, il fut admis, encore très-jeune, dans l'Ordre du Temple. A peine arrivé en Palestine, il se distingua contre les infidèles. A la mort de Guillaume de Beaujeu, quoique Molay ne fût pas dans l'Orient, une élection unanime le nomma grand-maître. Il se trouva, en 1299, à la reprise de Jérusalem par les chrétiens. Forcé ensuite de se retirer dans l'île d'Arad, et de là dans l'île de Chypre, il allait rassembler de nouvelles forces, pour venger les revers des armes catholiques, lorsque le pape l'appela en France (1305).

Arrivé avec soixante chevaliers et un trésor considérable, il fut reçu avec distinction par Philippe-le-Bel, qui le choisit pour parrain d'un des enfants de France. En rappelant le grand-maître, la politique qui préparait la destruction de l'Ordre des Templiers avait donné pour prétexte le projet de le réunir à celui de l'Hôpital. Le plan de cette destruction, concerté par le roi et ses agents, fut caché avec tant d'adresse que, le 3 octobre 1307, tous les Templiers furent arrêtés à la même heure dans toute la France. Dès ce moment, les destinées de leur illustre chef furent liées à celles de l'Ordre entier. On sait que cet Ordre avait été institué par des croisés français, dans l'unique but de protéger et de défendre les pèlerins qui se rendaient aux saints lieux. La noblesse et la bravoure des chevaliers, l'utilité et la gloire de leur institution, la rendirent recommandable dès son origine. Les statuts furent dressés dans un concile, et, pendant deux siècles, les privilèges accordés par les papes, la reconnaissance des rois, des grands et du peuple, l'autorité et le crédit qu'augmentaient chaque jour les exploits et les grandes richesses des Templiers, en firent l'Ordre le plus puissant de la chrétienté. Il dut exciter la jalousie, même des rois, parce que dans le haut rang où il s'était élevé il était difficile que tous les chefs et tous les chevaliers se maintinssent toujours dans cette sage modération qui aurait pu seule prévenir ou désarmer l'envie et la haine. Malheureusement pour l'Ordre, le roi de France eut plusieurs motifs de le perdre et le principal, peut-être, ce fut la pénurie du trésor royal, laquelle le rendit moins difficile sur les moyens de s'approprier une partie des biens de l'Ordre, et de jouir de tous pendant longtemps. A l'instant où furent arrêtés le grand-maître et tous les chevaliers qui étaient avec lui dans le palais du Temple, à Paris, le roi occupa ce palais, et s'empara de leurs richesses. En arrêtant les autres chevaliers dans les diverses parties de la France, on saisit aussi leurs biens.

Des inquisiteurs procédèrent aussitôt contre tous, et les interrogèrent en les livrant aux tortures, ou en les menaçant de les y soumettre, ou en joignant aux menaces des moyens de séduction. Partout, ou presque partout, ils arrachèrent au plus grand nombre des chevaliers l'aveu des crimes honteux dont on les accusait, et qui offensaient à la fois la nature, la religion et les mœurs. On croit généralement que le grand-maître lui-même céda comme ceux-ci, à la crainte des tourments et de la mort, ou à l'espérance qu'il obtiendrait quelques conditions favorables pour l'Ordre s'il ne résistait pas aux projets de la politique du roi. Après avoir réussi à justifier ainsi la rigueur des mesures employées, Philippe-le-Bel mit en usage les moyens qui pouvaient achever de perdre l'Ordre et les chevaliers dans l'opinion publique, et réclama dans ce but le concours de Clément V. Cependant le pape, obligé de donner une apparence juridique à son intervention, convoqua un concile œcuménique à Vienne, et nomma une commission qui se rendit à Paris, afin de prendre, contre l'Ordre en général, une information nécessaire et même indispensable pour motiver la décision du concile. La bulle portait que l'Ordre comparaîtrait devant le concile par le ministère de ses défenseurs. Jacques de Molay fut amené en présence des commissaires du pape, et on lui lut, en langue vulgaire, les pièces de la procédure. Quand il entendit des lettres qui lui prêtaient certains aveux, il manifesta son étonnement et son indignation contre une telle assertion.

Un grand nombre de Templiers comparurent après leur chef. L'affaire prit alors un caractère imposant et extraordinaire les chevaliers se montrèrent dignes et de l'Ordre, et d'eux-mêmes, et des grandes familles auxquelles ils appartenaient. La plupart de ceux qui, forcés par les tourments ou la crainte, avaient fait des aveux devant les inquisiteurs, les révoquèrent devant les commissaires du pape. Ils se plaignirent hautement des cruautés qu'on avait exercées envers eux, et déclarèrent, en termes énergiques, vouloir défendre l'Ordre jusqu'à la mort, de corps et d'âme, devant et contre tous, contre tout homme vivant, excepté le pape et le roi, etc. etc. Le grand-maître demandait sans cesse qu'on le conduisît en présence du pape, qui devait le juger. Cinq cent quarante-six Templiers, soit de ceux qui avaient fait des aveux, soit de ceux qui avaient toujours résisté aux moyens des oppresseurs, se constituèrent défenseurs de l'Ordre. Bientôt d'autres chevaliers, détenus dans les diverses prisons de la France, demandèrent à partager cet honorable péril, et ils furent transférés à cet effet dans les prisons de la capital. Alors le nombre des défenseurs fut d'environ neuf cents. Il était facile de justifier l'Ordre ; et comme ils commençaient à le faire avec un succès qui déconcertait le roi et le pape, on imagina un expédient aussi cruel que prompt ce fut de livrer au jugement des inquisiteurs les chevaliers qui, ayant rétracté les aveux précédents, soutenaient l'innocence de l'Ordre. Tous ceux qui persistèrent dans leurs rétractations furent déclarés hérétiques relaps, livrés à la justice séculière, et condamnés au feu. Ceux qui n'avaient jamais fait d'aveux et qui ne voulurent pas en faire furent condamnés à la détention perpétuelle, comme chevaliers non réconciliés. Quant à ceux qui ne rétractèrent pas les aveux des impiétés et des turpitudes imputées à l'Ordre, ils furent mis en liberté, reçurent l'absolution, et furent nommés Templiers réconciliés. Pour accuser, interroger, juger les prétendus relaps, les condamner aux flammes et faire exécuter le jugement, il suffit du temps qui s'écoula du lundi 11 mai 1308 au lendemain matin. Cinquante-quatre chevaliers périrent à Paris ce jour-là.

Tous les historiens qui ont parlé de leur supplice attestent la noble intrépidité qu'ils montrèrent jusqu'à la mort ; entonnant les saints cantiques, et bravant les tourments avec un courage chevaleresque, ils se montrèrent dignes de l'admiration de leurs contemporains. Les commissaires du pape crurent qu'il n'était plus possible de continuer la procédure quand la franchise, dont la religion faisait un devoir pour éclairer le concile qui devait juger l'Ordre, devenait un prétexte pour conduire les accusés au bûcher ils se retirèrent. Le 13 octobre 1311, jour anniversaire de celui où, quatre ans auparavant, les Templiers avaient été arrêtés dans toute la France, Clément V ouvrit le concile œcuménique de Vienne. On lisait les procédures faites contre l'Ordre quand tout à coup neuf chevaliers se présentent comme délégués de quinze cents à deux mille, et offrent de prendre la défense de l'Ordre accusé. Le pape les fit mettre aux fers, et l'Ordre ne fut point défendu par ces dignes mandataires, quoique les membres du concile fussent d'avis de les entendre.
Pour imposer aux pères du concile, Philippe-le-Bel arriva dans Vienne, accompagné de ses trois fils et d'une suite nombreuse de gens de guerre. Bientôt le pape, sans consulter le concile, publia le décret portant abolition de l'Ordre du Temple. Il parait qu'après ce décret la persécution contre les chevaliers cessa. Cependant Molay restait en prison, réclamant toujours son jugement, que le pape s'était réservé. Clément V nomma enfin trois commissaires ad hoc, en les chargeant de juger en même temps trois autres chefs de l'Ordre. Ces commissaires, ayant appelé les accusés sur un échafaud dressé dans le parvis Notre-Dame, leur lurent une sentence qui les condamnait à la réclusion perpétuelle. Aussitôt Jacques de Molay, rendant hommage à l'innocence de l'Ordre, déclara qu'en parlant ainsi il se dévouait à la mort, mais qu'il aimait mieux renoncer à la vie que de faire des mensonges. L'un des trois chevaliers, Guy, grand prieur de Normandie, parla de même.
Le conseil du roi, assemblé à l'instant, les condamna tous deux à la mort, sans reformer la sentence des commissaires du pape, sans appeler aucun tribunal ecclésiastique à se prononcer. Le bûcher fut dressé à la pointe de la petite île de la Seine, à l'endroit même où est la statue d'Henri IV. Les deux chevaliers montèrent sur le bûcher, que l'on alluma lentement, et ils furent brûlés à petit feu (18 mars 1314). Jusqu'au dernier soupir, ils protestèrent de leur innocence et de celle de l'Ordre (Biographie universitaire, tome XXIX, page 276)

Beaucoup d'ouvrages ont été publiés sur ces événements. Si quelques écrivains ont tenté d'établir la réalité des crimes imputés aux Templiers, d'autres en plus grand nombre se sont constitués les défenseurs de cet Ordre célèbre, et l'opinion publique paraît désormais fixée sur l'injustice des accusations qui servirent de prétexte pour en prononcer l'abolition (1).
1. Un des plus estimables membres de l'académie de Besançon, M. Bousson de Mairet, professeur émérite de littérature, aujourd'hui bibliothécaire de la ville d'Arbois, est auteur d'un poème sur Jacques de Molay, dont M. Rappetti a parlé avec éloge dans la Biographie Didot.
Sources: Suchaux, Louis. Galerie biographique du département de la Haute-Saône, pages 401 à 405. Vesoul 1864 - Bnf

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