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Guillaume de Sonnac

Guillaume-de-Sonnac 1245 - 3 juillet 1250

Guillaume de Sonnac apparaît au début de l'année de 1245 dans un acte concernant l'ordre de Saint Thomas d'Acre. Cet acte, daté, dans la copie du XIII e siècle, du mois de février, permet de dire que l'élection dut se dérouler au début de cette même année.
Son magistère est surtout connu grâce aux chroniques de Joinville. Nous savons qu'il défendit le roi de France, et qu'en voulant le protéger, il fut mortellement blessé à la bataille de Mansourah, le 3 juillet 1250.

Guillaume de Sonnac - 1247-1250

La victoire des Kharismiens, la chute de Jérusalem aux mains du sultan d'Egypte, qui en refuse l'entrée aux pèlerins, a ému l'Occident. Le pape et les évêques, réunis au concile de Lyon (juin 1245) en pleurent, dit-on. Tournois et réjouissances publiques sont interdits pendant quatre ans. Cardinaux et évêques sont taxés de 10 à 20 % sur leurs revenus ecclésiastiques pour financer une nouvelle croisade. Louis IX, futur saint Louis, est chargé par le pape Innocent IV d'en prendre la tête; ce sera la septième croisade.

Louis IX va mettre deux ans à la préparer. En attendant, il envoie aux Templiers et aux Hospitaliers des secours de troupes, afin de remplacer les chevaliers morts, et d'argent, afin de racheter les prisonniers.

A l'arrivée de ces secours, le Conseil de l'Ordre élit Grand Maître Guillaume de Sonnac, issu d'une famille languedocienne, ancien Commandeur d'Auzon, près de Châtellerault. Les Templiers, sur la défensive dans leurs forteresses (les musulmans ne les redoutent plus comme auparavant) attendent l'armée de Louis IX.

Lequel embarque enfin à Aigues-Mortes le 28 août 1248. La flotte, composée de plus de 1500 bateaux fait escale à Chypre pour y passer l'hiver. Louis IX y déploie beaucoup d'énergie à tenter d'apaiser les multiples différents entre les Templiers et les Hospitaliers de France qui tous, se sont joints à l'expédition. Il est décidé de débarquer en Egypte.

Les Grands Maîtres des Templiers et des Hospitaliers, qui sont en négociation pour faire libérer les chrétiens toujours prisonniers depuis la bataille de Gaza appellent à la prudence.

Mais la seule proposition d'une paix, voire d'une trêve avec les Infidèles est sujet de scandale pour les nouveaux croisés, qui ont été persuadés, à force de prêches enflammés, qu'ils vont à jamais anéantir dans l'immense Orient tous les ennemis de Jésus-Christ !

Une rumeur, en outre, accuse Guillaume de Sonnac d'avoir échangé son sang avec le sultan d'Egypte, lors d'une cérémonie aussi trouble qu'improbable: les deux hommes, pour sceller leur scélérate amitié, se seraient fait saigner ensemble au-dessus d'une coupe à demi remplie de vin, puis auraient bu, toujours ensemble, le mélange !

La flotte de Louis IX arrive en juin 1249 à Damiette, qui se rend sans bataille. Louis IX s'y installe et entreprend, lentement, la conquête de l'Egypte. En avril 1250 a lieu la bataille de Mansourah. L'avant-garde de l'armée, qui inclut les Templiers, est dirigée par le comte d'Artois, frère du roi.

Ce dernier, apercevant la ville de Mansourah, veut aussitôt l'investir. Guillaume de Sonnac, qui connaît la stratégie des musulmans nombre de fois les Templiers se sont fait tuer dans des guets-apens lui suggère d'attendre que toute l'armée ait passé le Nil. Le comte d'Artois le traite de lâche.

Ordonnez, Messire, réplique le Grand-Maître blessé par l'insulte, les Templiers n'ont pas la couardise pour habitude; ordonnez, mais soyez assuré qu'aucun de nous n'en reviendra !

Et d'Artois, le glaive haut, au grand galop, d'entrer en une charge brouillonne dans Mansourah. Où il est encerclé avec ses chevaliers par les musulmans qui coupent la route du Nil par laquelle arriveront « trop tard » les renforts.

Le Grand-Maître l'avait prédit: le massacre est total. Le comte d'Artois, qui a pris cette croisade pour un tournoi de chevalerie, est tué, comme la plupart de ceux qui l'accompagnent. 280 Templiers sont morts; 3 seulement survivent au désastre, dont Guillaume de Sonnac, blessé en plusieurs endroits, et à l'oeil arraché (5 avril 1250).

Bien que grièvement blessé, il permet, trois jours plus tard, le retrait de l'armée de Saint Louis qui, sans son sacrifice et celui de ses Templiers, aurait subi de lourdes pertes. Pendant plusieurs heures, il tient tête aux Sarrasins. Le combat est tel qu'on ne voit plus le sol, tant il est couvert de flèches et de javelots. Aucun Templier, le Grand-Maître y compris, n'en réchappe, mais les Sarrasins, épuisés, ont renoncé à poursuivre Louis IX.

Cette victoire sera d'ailleurs inutile. Une épidémie de peste s'abat sur l'armée croisée, les musulmans interceptent les vivres jusqu'à ce qu'ils puissent s'emparer de ce qui reste de l'armée croisée.
Louis IX et ses frères sont faits prisonniers.

Guillaume de Sonnac par Mansuet

Guillaume de Sonnac fut nommé dans ce moment difficile. Le comte Richard, depuis roi de Rome, envoya quelque argent aux Chrétiens. Leur espoir de secours était dans le voeu prononcé par Saint-Louis en 1244, et qu'aucune raison d'Etat ne pouvait l'empêcher d'accomplir.

Innocent IV travailla pour la Croisade avec ardeur au Concile de Lyon (1245); dans cette assemblée, il fit lire la lettre du Patriarche, et déposa Frédéric II, mesure que motivèrent en partie les spoliations que l'empereur avait commises sur le Temple et l'Hôpital, et qu'il se refusait à réparer.

Saint-Louis commença le passage et descendit en Chypre (1248). Pendant son séjour dans l'île, le roi de France régla de nouvelles disputes survenues entre les Ordres. L'année suivante, il fallut arrêter le plan de campagne. Les Templiers et les Hospitaliers proposèrent de marcher sur Acton; mais le roi de Chypre, croyant qu'il convenait d'aller à Damiette, se croisa, sous condition qu'on prendrait ce parti. Les Chrétiens s'embarquèrent et détruisirent la flotte du sultan Nodgemeddin-Ayoub; Damiette fut incendiée et désertée par ses habitants. Bientôt maîtres du feu, les Chrétiens firent route pour le Caire ; à Mansourah, leurs armes dispersèrent les Ottomans (1250).

Tant de succès furent perdus par la témérité d'un seul homme. En dérision de sa promesse à Louis, le comte Robert d'Artois donna la chasse aux Infidèles et dépassa les Frères du Temple, qui, se jugeant offensés, puisqu'ils étaient d'avant-garde, le rejoignirent avec deux cents Anglais de leur suite et le laissèrent en arrière à son tour. Les ennemis couraient sur le chemin du Caire, et les Croisés entrèrent pêle-mêle avec eux à Mansourah. Robert fit alors l'imprudence de suivre les fuyards par-delà cette ville, quoi qu'en eût le sage Guillaume de Sonnac. En vain il lui représentait le péril ; en vain il lui disait que c'était folie de s'aventurer plus loin ; le comte appela traîtres les Chevaliers des deux Ordres. Furieux de l'outrage, ils oublièrent tout pour atteindre les musulmans, si bien que, refoulés par le nombre, ils se virent enfermés dans Mansourah.

Les gens de la ville accablaient les Croisés de pierres et de feu grégeois. Robert, le comte de Salisbury, deux cent quatre-vingts Templiers et nombre d'autres hommes de rang périrent. Guillaume en sortit borgne. Louis vint à leur aide et trouva les ennemis sous la ville, qui faillirent le prendre dans le feu du combat. La nuit sépara les armées. A l'honneur des Chrétiens, la supériorité numérique des Ottomans ne les fit pas rompre. Quelques jours après on rendit une seconde et très-chaude bataille, où le sultan Moadhem-Touran-Shah donna le signal de la retraite.

Le Grand-Maître succomba dans une de ces rencontres.

Au lieu de retourner à Damiette, le roi resta dans son camp, que désolaient la famine et les épidémies. Moadhem offrit une paix avantageuse aux Croisés, s'ils consentaient à lui remettre Louis en otage.

Quand ils voulurent rétrograder, le roi tomba malade. Il fallut faire la paix avec le Sultan qui consentit à tout pour recouvrer Damiette. Par une faute des Chrétiens, le roi dut se livrer aux musulmans avec tout son monde. Dans cette nouvelle situation, Damiette et les captifs furent le prix d'une trêve décennale. Les Chrétiens conservaient leurs possessions et Louis rachetait ses soldats pour cent mille besants d'or. Il demanda des avances aux Templiers ; mais le commandeur Etienne d'Outrecourt s'excusa sur un serment qui leur défendait d'ouvrir le trésor du Temple, sinon au Grand-Maître. Les officiers du prince fouillèrent les navires de l'Ordre et s'apprêtaient à forcer une caisse d'argent, lorsque le Maréchal, livrant la clé, laissa prendre la somme nécessaire [Dupuy, p. 161].

L'extravagance du comte Robert venait de perdre encore une Croisade.

Nous croyons que, vers ce temps, le margrave Othon fut Grand-Prieur de Brandebourg [Buchholz].
Sources: Par feu Claude Mansuet Jeune. Chanoine Régulier de l'Ordre de Prémontré, Docteur en Théologie, Prieur de l'Abbaye d'Etival. Edité chez Guillot, Librairie de Monsieur, Frère du Roi, rue Saint-Jacques. Paris. M DCC. LXXXIX.

Guillaume de Sonnac

L'an 1247, Guillaume de Sonnac ou de Sénai, d'une famille distinguée en Languedoc, fut élu en 1247, pour remplira dignité de grand maître. On s'occupait alors sérieusement en France des affaires de la Terre Sainte.

L'an 1248, Saint Louis arrive en Chypre le 28 septembre, suivi de plusieurs templiers français. Sonnac va joindre ce prince devant Damiette, et se distingue au siège de cette place qui tomba au pouvoir des croisés. Le monarque français témoin de sa valeur, de sa prudence et de son habileté, lui confie l'an 1250, l'avant garde de son armée, avec ordre au comte d'Artois de le suivre. Le comte, pour avoir désobéi et méprisé les avis de Sonnac, est cause de la déroute des Francs à Mansourah, où lui même périt le 5 avril ; Sonnac y perdit un oeil. Trois jours après il fut tué dans une nouvelle action, qui entraîna la ruine de l'armée et la captivité du saint roi. Mathieu Paris qualifie Sonnac, sans le nommer, d'homme prudent, circonspect et très versé dans l'art militaire.
Sources: L'Art de Vérifier les Dates des Faits Historiques. Tome Cinquième, Paris - 1818. Par David Bailie Warden, Saint-Allais (Nicolas Viton), Maur François Dantine, Charles Clémencet, Ursin Durand, François.

Renaud de Vichiers

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