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Études réalisées sur les Templiers

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Maison du Temple de Provins

Le premier membre connu de la famille des Britaud, seigneurs de Nangis-en-Brie aux XIIe et XIIIe siècles, est Pierre, qui, suivant le Père Anselme, est nommé dans un acte de 1153 d'Henri Ier le Libéral, comte de Champagne et de Brie, pour les habitants de la Chapelle-Galon (1).
1. Le P. Anselme, Histoire généalogique de la Maison de France, tome VIII, page 603.

Ce seigneur briard est alors un des conseillers du comte son suzerain et, un peu plus tard, il est témoin d'une charte donnée par le même en 1159 et, avec Dreux Britaud, l'un de ses fils, témoin d'un diplôme d'Henri le Libéral, en faveur des chanoines séculiers de Saint-Quiriace de Provins, acte donné en cette ville en 1161 : Petrus Bristaudus, Droqo Bristaudus ; ainsi qu'à une charte de donation par le même à Pierre, abbé de Jouy. Pierre Britaud est encore témoin, du côté de Manasserus, prévôt du Chapitre épiscopal de Troyes, à une charte du même comte de 1164, pour les Templiers de Provins (2).
2. V. Carrière, Cartulaire des Templiers de Provins, n° 52 (Bulletin de la Conférence d'histoire du diocèse de Meaux, 1903.
Page 134


Pierre Britaud est encore témoin à deux chartes d'Henri Ier, le Libéral, l'une peu postérieure au mois de juillet 1172, l'autre donnée à Provins en 1175 ; aussi à une charte de Manasserus, prévôt du chapitre de Saint-Etienne de Troyes (3) ; et enfin à une autre charte du même comte de Champagne de 1178.
3. D'Arbois de Jubainville, Archives Nationales, S. 5162, n° 23 du cartulaire de la commanderie de La Croix-en-Brie.

Un charte d'Henri le Libéral, en date à Provins de 1171, nous montre Pierre Britaud abandonnant aux Frères de la Maison du Temple de Provins, établissement demi-hospitalier, demi-militaire, tout ce qu'il avait en cette ville, en fait de droits et de cens, quelle que fut l'origine de ces possessions, qu'il les tint de la coutume, qu'il les eut en propre ou en fief.
Les Templiers reçurent en même temps d'autres libéralités dont les objets se trouvaient en la même ville, et les donateurs étaient Foucher de Pentecôte et Milon Goldarz, qui, avec l'assentiment de leurs héritiers présomptifs, abandonnèrent tout ce qu'ils tenaient de Pierre Britaud (4).
4. Pièces justificatives, 1.
Page 135


Gilon Britaud a été signalé par le Père Anselme comme vivant, ainsi que Dreux et ses sœurs, en 1209. Il est aussi mentionné sous le nom Egidius, avec Dreux, susnommé, et Marie, ci-après nommée, ses frères et sœur. Tous trois ont consenti à une donation à titre d'aumône faite par leur frère, Henri Britaud, et leur mère Héloïse aux Templiers de Provins (1193) (5)
5. Carrière, Cartulaire des Templiers de Provins, n° 84 et 129.
Page 138


Un Provinois, Emile Lefèvre, dont l'ouvrage, curieux et minutieusement renseigné sur les Rues de Provins, n'a pas été achevé d'imprimer et n'existe qu'à l'état de quelques feuilles, donne (page 77) un autre frère à Henri Britaud, un certain Raoul, mentionné, paraît-il, ainsi que la fille Marie, dans un acte de 1173 que je ne connais pas. J'ai pu retrouver et préciser quelques éléments d'information mal rapportés par Emile Lefèvre.
Ce Raoul Britaud, chevalier, et Marguerite, son épouse, donnèrent aux Templiers du Mesnil-Saint-Loup leurs droits dans leur moulin du Vicomte, à Provins, à l'exception de leur fief. Ils vendirent en outre aux mêmes leurs possessions du Mesnil-Saint-Loup, rue Putoiselle, pour 360 livres provinoises. Raoul tenait de sa femme ces dernières possessions. Ces vente et donation sont, portées à notre connaissance par une charte de Pierre, archevêque de Sens, de mars 1208 nouveau style (6).
6. Carrière, Cartulaire des Templiers de Provins, n° 103.

Raoul Britaud et son épouse donnèrent à titre d'aumône aux Templiers de Provins la dîme du Plessis (de Plesseio), que Jobert de Corgauçon, chevalier, tenait en fief des donateurs (avril 1212), à l'exception des 23 setiers de blé que Provin des Granges (Provinus de Granchiis) tenait de Jobert de Corgauçon sur la même dîme (7).
7. Carrière, Cartulaire des Templiers de Provins, n° 3.
Page 140


Voici un Herbert Bristaud, un Raoul « son frère », un Geoffroi « son frère », et Valin, que nous connaissons comme prévôt, c'est-à-dire mandataire d'une des filles de Pierre Britaud, Lucie, pour ses possessions en Brie, qui se portent garants des donations d'Henri Britaud aux Templiers de Provins, de 1193 (8).
8. Héloïse veuve de Pierre Ier Britaud, eut pour second mari Adam X de Melun, à qui elle apporta des droits certains sur la seigneurie de Nangis, car en 1185 il concourt, en qualité de seigneur de Brie, à une charte relative au marché de Nangis.
Page 141


La libéralité d'Henri Britaud et de sa mère Héloïse, vicomtesse de Provins, permit aux Templiers de cette ville d'accroître l'établissement qu'ils y occupaient déjà. (9)
9. Pièces justificatives, 7.

L'abbé Ythier, le docte historien provinois au XVIIIe siècle, attribue même à Héloïse, d'après Eustache Grillon, autre historien provinois, la dotation et la construction de l'hôpital ou de la Commanderie du Temple, mais cette donation paraît comprendre non pas le lieu de l'Hôpital du Val qui est à Fontaine-Riante, mais le lieu qui fut indiqué dans la suite comme le siège de la vicomté dans la chaussée Sainte-Croix (10).
10. E. Lefevre, Les rues de Provins, page 76 (ouvrage non achevé d'imprimer)

Suivant une charte de confirmation octroyée en 1193 par la comtesse Marie de Champagne (11), Henri Britaud donna en aumône aux Frères de la milice du Temple « la maison de feu maître Etienne et les places qui étaient autour, la maison de feu Hugues de Flandre, sept maisons de la grande place qui lui sont contiguës, un grenier et deux places près de Sainte-Croix, ses prairies de chaque côté de la rue des Prés, touchant à Sainte-Croix et au cours d'eau »
11. Yrhier, Histoire ecclésiastique de Provins, tome VII, page 214
— Bourquetot, Histoire de Provins, tome II, et pièces justificatives, 7, 8 et 9.


Les Templiers, en revanche, donnèrent à Henri Britaud trois cents livres sur la maison du Temple, dite Maison des Bristaud, située rue Sainte-Croix, vis-à-vis l'église, et devenue le chef-lieu d'une commanderie et une sorte d'hôpital, en même temps qu'un asile pour les pèlerins qui allaient à Jérusalem ou en revenaient. Le nom de la maison où cette institution fut établie montre bien que la libéralité d'Héloïse et de son fils aîné permit l'institution elle-même (12).
12. Pièces justificatives, 7.

La donation de 1193 précitée eut lieu en des formes plus solennelles. La comtesse de Troyes, Marie, la ratifia. Ce ne fut pas, de la part d'Henri Britaud, une donation pure et simple, car il reçut des Frères du Temple trois cents livres provinoises. Parmi les témoins à l'acte, il convient de remarquer Herbert Britaud, Raoul, son frère, Geoffroy, son frère, Valin, prévôt de Brie, etc. Voilà trois autres membres de la famille Britaud. Quant à Dreux, frère du donateur, il est indiqué comme garant avec une notation intéressante : il ratifiera la donation après qu'il aura été fait chevalier (13). Il avait donc alors une vingtaine d'années.
13. Pièces justificatives, 8.

Héloïse, dame de Nangis, vicomtesse de Provins, et son fils Henri, donnèrent encore, en 1196, aux Templiers de Provins toute la dîme du lieudit Teistre, finage de Rampillon, près de Nangis. A cette occasion surgit une difficulté soulevée par les religieuses du Paraclet et par le curé du Châtel-lez-Nangis, qui prélevait déjà sur cette dîme certaines redevances. Mais un accord intervint en 1198.
Page 148 et 149

N° 7

1193. — Donation par Henri Britaud aux Templiers de Provins
Archives nationales, S. 5162 B, n° 25, Cartulaire de la commanderie du Temple de Provins (1127-1301), page 3, col. 2.
Super hoc quod Henricus Bristaudus dedit fratribus miticiae Templi in elemosinam domum quœ fuit defuncti Stephani magistri et plateam circa domum, et domum defuncti Hugonis flandrensis et VII thalamos platee maioris domus contiguos et orreum et duas plateas juxta sanctam Crucem, etc.
(Suite comme dans l'acte suivant)

N° 8

1193. — Marie, comtesse de Troyes, confirme la donation faite par Henri Britaud et Héloïse, sa mère, aux Templiers de Provins.
Archives Nationales, S. 5162 B, n° 25 (Cartulaire de la commanderie du Temple de Provins (1127-1301), page 3, col. 2, et page 38, col. 1-2.
Ego Maria trecensis comitissa. Notum facio presentibus et futuris quod Henricus Bristaudus, Helvisa matre sua concedente, dedit in presencia mea deo et fratribus de Templo in elemosinam pro anima sua et pro anima patris sui Petri Bristaudi domum que fuit defuncti Stephani magistri et plateam circa domum, et domum defuncti Hugonis flendrensis et VII talamos platee maioris domus continguos et orreum et duas plateas iuxta Sanctam Crucem et prata sua ex utraque parte vie pratorum versus Sanctam Crucem et cursus aquarum sicut pater suus bec omnia libere et quiete sine omni consuetudine posscdit.
Hanc autem elemosinam sicut pretaxata est laudaverunt et concesserunt fratres eius Drogo, Egidius et Maria soror eius et pro bac elemosina dederunt dicto Henrico fratres de Templo trecentas libras pruvini de elemosinis domus Templi. Hujus rei ita tenende plagii sunt : Willelmus de Brena, Herbertus Bristaudus, Radulphus frater eius, Gautridus frater eius, Stephanus de Rampeillon, Valinus prepositus de Bria, Garnerus de Buato.
Ipsi étiam plegii sunt quod dictus Drogo frater eiusdem Henrici rem istam iterum laudabit postquam faetus erit miles. Huius rei testes sunt frater Aymardus, frater Willelmus elemosinarius, frater Gaufridus Mareschallus, Gaufridus de Turonis, frater Willeimus Poignez, Petrus Orsellus de Pruvino, Guiardus de Quercu, Andreas de Valle, Petrus Monachus de Trecis, Stephanus de Remis cognomine, Odo II paliniera, Jobannes de Alta mina. Quod ut notum permaneat et ratum teneatur sigillo meo feci roborari. Actum anno ab incarnatione Domini M° C° nonagesimo tercio. Datum per manum Galteri cancettarii. Nota Theodorici.

N° 9

1193. — De domo et possessionibus quae fuerunt Henrici Bristaut Pruvini. Donation par Henri Britaud, vicomte de Provins, et Héloïse, sa mère, vicomtesse de Provins, aux Templiers de cette ville.
Noverint universi presentes et futuri quod ego Henricus Bristaudus vicecomes Pruvini et Helvisa mater mea vicecomitissa Pruvini dedimus deo et fratribus de Templo in elemosinam pro animabus nostris et pro anima patris mei Petri Bristaudi, domum.... (Suite comme dans l'acte précédent, confirmation par la comtesse Marie.)
Archives nationales, S. 5163b, n° 25, page 38, col. 1.
Publié par l'Abbé Carrière, Cartulaire du Temple de Provins, n° LXXXIV


N° 9 bis

1193. — Pierre, abbé de Montier-la-Celle, et Jocelyn, prieur de Saint-Ayoul de Provins, échangent avec les Templiers de cette ville dix sols de cens que ceux-ci avaient droit de percevoir sur les biens que Henri Britaud, vicomte de Provins, et Héloïse, sa mère, avaient récemment aumônés aux Templiers.
Originale bibliothèque de Provins, ms. 138 (Michelin, 82).
Publié par l'Abbé Carrière, Cartulaire du Temple de Provins n° CXXIX.
(cf. n° VII)


N° 11 bis

1208 n. st., mars. — Charte de Pierre, archevêque de Sens, relatant une donation, par Raoul Bristauz, chevalier, et Marguerite, sa femme, aux Templiers du Mesnil Saint-Loup (Aube), de leurs droits dans leur moulin du Vicomte, à Provins, à l'exception de leur fief ; et la vente, par les mêmes aux mêmes, de leur possession du Mesnil Saint-Loup, rue (vico) Pute Avite, pour 360 livres provinoises, possession que Raoul Bristauz tenait de sa femme.
Publié par l'Abbé Carrière, Cartulaire du Temple de Provins n° CV. (Cf. Mannier, Les Commanderies du grand prieuré de France.)
Pages 134, 191 à 196


Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem

Les bois ou haies de Brie, dans le même endroit, furent, au même temps, l'objet d'un litige entre, d'une part, les religieux de l'abbaye de Sainte-Colombe de Sens et, d'autre part, nobles Henri Britaud et sa mère Héloïse, et Milon de Courtry (Corteri).
Les parties en présence étaient de telle importance que Michel, archevêque de Sens, amena un accord que le légat du pape confirma.
Les rôles des fiefs relevant du roi Philippe-Auguste et des chevaliers qui devaient être appelés à l'armée montrent l'importance d'Henri Britaud, vassal direct du roi dans la châtellenie de Nangis (Nanges), et à son tour suzerain de tous les seigneurs dont les noms suivent :
Dreux Britaud.
Josbertde Cordenai (Courtenay ?).
Jean Huez.
Aubert de Cortiaco.
Gui d'Aulnoy (Alneto).
Tibaut (Tebodus) de Villeneuve-le-Comte.
Guillaume Batiaus.
Etienne de Rampillon (Rumpellon) (14).
Guillaume de Fontains (Footeris).
14. En 1198, Etienne de Rampillon (Rampillum) est arbitre dans un procès entre le Paraclet et les chevaliers hospitaliers de Rampillon, relatif à des dîmes à la Psauve, Rampillon et Naugis (Lalore, cartulaire du Paraclet). Il est mentionné, sauf lecture incorrecte, sous le nom d'Ettenne de Campillon dans une liste des chevaliers tenant fief d'un autre que du roi dans la chatellenie de Melun et ayant 60 livres de revenu (Recueil des historiens de la France, XXIII, 687 b ; Scripta de Feodis... 1204-1212). Il relevait, en effet, directement de Heurt Britaud, qui, lui, relevait directement du roi, à la même époque.
Page 150


Un procès, en 1283, mit en présence le procureur des Hospitaliers de Rampillon, d'une part, et, d'autre part, Bouchard de Montmorency et Simon de Vienne, celui-ci petit seigneur d'un lieu qui est aujourd'hui une ferme dans le voisinage de Rampillon et de Nangis. Il paraît que ces deux chevaliers ou leurs prédécesseurs avaient dérobé aux Hospitaliers six vaches en leur maison de La Borde, qui était sous la sauvegarde du roi, protection nulle en l'occurrence, et un cheval dépendant de la même maison.

Ce procès, toutefois, n'eut pas la simple curiosité d'un fait divers, de larcin plus ou moins qualifié, mais il avait un autre objet plus intéressant, car il permit aux Hospitaliers de La Croix-en-Brie et de Rampillon de prouver qu'ils avaient seuls qualité, à l'encontre du seigneur de Nangis, de bailler et tailler mesure à blé, à vin et à huile aux hôtes de La Croix et de Rampillon (1), soit à ceux que les documents latins appellent hospites, hôtes, individus serfs, lides, colons ou même hommes libres, auxquels le seigneur laissait cultiver, non pas à titre durable ou héréditaire, mais à titre précaire, des portions de terre qu'il pouvait leur enlever si leur culture ne lui donnait pas satisfaction.

Il semble qu'il ne faisait pas bon vivre en voisin du seigneur de Nangis et que les gens soumis aux Hospitaliers, en la maison du Pré de Rampillon, aujourd'hui la ferme du Pras, souffraient parfois de ses incursions violentes et de celles de ses gens, ainsi que de Simon de Vienne. Ces deux seigneurs prétendaient bien avoir quelque droit de suzeraineté sur ce lieu comme sur celui de La Borde. Le Parlement retint cette affaire comme cas soumis à la juridiction royale. Les Hospitaliers eurent donc gain de cause.

On connaît un acte d'amortissement par Bouchard de Montmorency, sire de Saint Leu et de Nangis, et Philippe, son épouse, des héritages vendus à l'abbaye du Lys sur le territoire de La Croix-en-Brie par Gilon de Nesles (2), nouvel accroissement des importantes propriétés de cette abbaye en ce lieu et dont l'origine a été indiquée plus haut.
Bouchard de Montmorency mourut en 1284, avant la Pentecôte, car, à cette époque, la Cour du Parlement eut à s'occuper du règlement des affaires laissées pendantes par suite de ce décès.
1. Semaine religieuse du diocèse de Meaux, 1887, page 352 ; cf. Th. Lhuillier, Notice historique sur Rampillon, - Ci-après Pièces justificatives, 45.
2. Archives de Seine-et-Marne, H. 578.
Pages 180, 181


Les religieux hospitaliers de La Croix-en-Brie n'étaient pas des voisins commodes et Jean Britaud, seigneur de Nangis, et Jean, seigneur du Châtel-lez-Nangis, eurent maille à partir avec eux. Les litiges allèrent jusqu'au Parlement qui, au mois de juillet 1273, attribua au seigneur de Nangis seul la justice du Mondé (Mons Dei), localité alors habitée, aujourd'hui simple lieudit situé à environ six cents mètres au nord de la station actuelle de Nangis, et aux deux seigneurs de Nangis et du Châtel la haute justice de La Croix-en-Brie et ce à l'encontre des prétentions des Hospitaliers.
Ceux-ci avaient inhumé une femme au Mondé, dans une terre leur appartenant ; ils l'avaient pendue pour un délit, aux fourches patibulaires érigées en ce lieu, y exerçant donc un acte de justice.

Le procureur de Jean Britaud exhuma le corps et renversa l'instrument de justice. Les Hospitaliers se plaignirent de ce qu'ils appelaient une spoliation, prétendant que leurs fourches patibulaires étaient restées debout en ce lieu pendant plus de trois mois. Le chevalier seigneur de Nangis répliquait n'avoir agi que dans la plénitude de son droit, sa possession de ce lieu lui venant de ses ancêtres mêmes et sa juridiction s'étendant et sur les terres des Hospitaliers et sur les terres à celles-ci contiguës appartenant à des chevaliers. D'ailleurs, les Hospitaliers n'avaient-ils pas, pour ainsi dire clandestinement, fait ce que Britaud leur reprochait, lui absent en de lointains pays.

En vérité, la justice du Mondé était le réel objet du litige. Ce village était bien dans la limite de la juridiction et de la seigneurie de Nangis, et même sur le territoire de la paroisse de Nangis toute justice haute et basse en ce lieu appartenait donc, de droit commun, dans les limites de cette châtellenie, au seigneur titulaire de celle-ci. D'ailleurs, il continuait à user, comme avaient fait ses prédécesseurs, du droit de percevoir la taille, de borner les chemins ou voies publiques, de rendre toute justice dans le lieu du Mondé et dans les lieux adjacents.

Toute contraire était la thèse de l'adversaire le Mondé était dans la châtellenie de Melun ; les Hospitaliers avaient toujours exercé tout droit de justice dans ce lieu.
Le Parlement trancha ce premier point en attribuant au chevalier toute justice dans le village et sur le territoire du Mondé.

Autre chose. Jean Britaud et Jean du Châtel, écuyer, disputaient aux mêmes adversaires un autre droit tous deux prétendaient que le village de La Croix-en-Brie était situé dans les limites de la juridiction ou de la châtellenie de Nangis et soumis au péage de cette châtellenie ; que toute justice haute et basse dans ces mêmes limites leur appartenait ; qu'ils avaient le droit de percevoir le péage et la taille, de limiter les chemins, voies et rues publics, poser des bornes le long des rues dans le village de La Croix et dans l'étendue du territoire de ce village et des territoires contigus, ainsi que d'exercer tout acte de justice envers les hommes et les hôtes des Hospitaliers, demeurant à La Croix et tout cela de temps immémorial ; et encore d'établir le ban en ce village sur les hommes et les hôtes des Hospitaliers, demeurant à La Croix même et dans son territoire, et de les employer pour dresser, relever, consolider les haies de Brie, communément appelées la forteresse du château de Nangis (fortalicium castri Nangiaci), cet cela chaque dimanche depuis la Nativité jusqu'à la fête de la Résurrection.

La commune renommée reconnaissait bien le bon droit des deux seigneurs en l'occurrence ; mais leurs adversaires n'en soutinrent pas moins leur droit de possession du village de La Croix-en-Brie, à l'exception des hommes et des hôtes y appartenant aux deux seigneurs ; leur droit d'exercice, au même lieu, de la justice haute et basse, depuis un temps plus que suffisant pour prescrire contre toute réclamation, sauf la même exception ; et enfin la situation du village dans la châtellenie de Melun et hors des limites de celle de Nangis.
Et le Parlement trancha encore en faveur des deux seigneurs et leur attribua la haute justice et l'appel dans le village et son territoire, ainsi que le droit de lever le péage, de percevoir la taille, de limiter les voies ou rues publiques dans la même étendue, d'exercer la justice sur les hommes et les hôtes des Hospitaliers, y demeurant, de recevoir les appels contre leurs décisions de justice et l'usage de tous les droits rappelés au sujet des haies de Brie. Toutefois, les Hospitaliers conservaient le droit de justice en cas de vol et d'homicide, et la basse justice, sauf les exceptions ci-dessus. Ainsi jugea le Parlement de Paris au mois de juillet 1275 (1).
1. Pièces justificatives, 37.
Pages 168, 169, 170


N° 37

1275, juillet, Paris. — Arrêt du Parlement de Paris, attribuant, contre les prétentions du grand-prieur de France, la justice de Mont Dieu (1), à Jean Britaut, chevalier, seigneur de Nangis, et la haute justice de La Croix-en-Brie au même et à Jean du Châtel, écuyer.
Archives nationales, MM. 895, n° 43 et 44 (deux originaux)
1. Le Mondé, lieudit territoire de Nangis, à 600 mètres environ au nord de la station actuelle, sur la route de Gastins.
Publiée par J. Delaville Le Roulx, Cartulaire général de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (1100-1310), tome III (Paris, Leroux, 1894, in-folio), Pages 325-327.

Voir le texte en latin sur cette page 213
BNF

N° 45

1283. — Arrêt du Parlement dans un procès entre Bouchard de Montmorency et Simon de Vienne, chevaliers, d'une part, et les Hospitaliers, d'autre part.
Duchesne Histoire de la Maison de Montmorency (1634), preuves, page 371.
Extrait du registre des arrêts prononcez au parlement de la Pentecôte l'an MCCLXXXII.
Voir le texte en latin sur cette page 221.
BNF

Sources : Bulletin de la Société d'archéologie, sciences, lettres et arts du département de Seine-et-Marne, XIIe volume, (1907-1908). Melun 1908.
BNF

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