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Études réalisées sur les Templiers

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Mémoire sur les établissements de l’ordre du Temple en Lorraine
Duchés de lorraine et de Bar, évêchés de Metz, Tout et Verdun (1)
Par M. Auguste DIGOT.

Chapitre 1
Depuis longtemps les amis de nos antiquités civiles et ecclésiastiques désirent la publication d’une histoire des Templiers plus exacte que celles dont nous sommes déjà en possession. Il est, en effet, certain que les ouvrages consacrés à l’histoire de cet ordre célèbre sont extrêmement incomplets. Un grand nombre de faits nouveaux ont été découverts depuis une cinquantaine d’années et fourniront la matière d’additions considérables aux récits anciens ; tout ce qui concerne les erreurs et la condamnation des chevaliers du Temple est à refaire, parce qu’on a retrouvé une partie considérable de la procédure instruite contre eux, procédure que l’on croyait anéantie, et qui jette un jour tout nouveau sur la question jusqu’ici si obscure et si embarrassée de la culpabilité des Templiers.
1. Séance particulière du 5 Juin, page 57.

Enfin, les renseignements statistiques renfermés dans les ouvrages aujourd’hui publiés sont insuffisants et ne peuvent donner une idée nette du nombre des établissements possédés par les Templiers, de leur importance, des res-sources qu’ils pouvaient fournir et de la destination qu’ils ont reçue plus tard.
Il est évident qu’une statistique nouvelle et aussi complète que possible des maisons appartenant à cet ordre célèbre présenterait beaucoup d’intérêt, et serait d’un grand secours à celui qui voudrait s’occuper de l’histoire des Templiers. Mais il est certain, d’un autre côté, qu’une seule personne ne peut actuellement se charger de la publication d’une pareille statistique, et que les éléments de ce travail doivent être préparés dans chaque province. C’est là seulement que peuvent être élaborés avec succès des mémoires particuliers, dont la réunion permettra de composer plus tard une statistique générale.
C’est, selon toutes les probabilités, dans le but que nous signalons, que la douzième des questions posées à la section d’archéologie et d’histoire du congrès scientifique tenu à Reims était ainsi conçue : « Quelles furent, dans la province de Champagne, les maisons de l’ordre du Temple, et qu’elle en était l’importance ? »

Il est à regretter que cette question intéressante n’ait point été abordée ; mais nous avons voulu profiter de la réunion du congrès archéologique pour traiter une question d’une nature semblable, et nous nous sommes proposés de rechercher, dans le présent mémoire, quels étaient les établissements de l’ordre du Temple dans la province de Lorraine, et quelle était l’importance de ces établissements. Ce mémoire se divisera naturellement en deux parties distinctes. Dans la première, nous rapporterons brièvement les faits qui se rattachent à l’histoire des maisons dont nous venons de parler. La seconde renfermera l’énumération de chacune de ces maisons, et fera connaître la destination qui lui a été donnée après la suppression de l’ordre des Templiers.

Nous devons encore, avant d’entrer en matière, présenter deux observations qui nous semblent utiles.
En premier lieu, nous avertissons que par le mot pro-vince de Lorraine, nous entendons non-seulement le duché de Lorraine, mais encore le duché de Bar, et le temporel des trois évêchés de Metz, Toul et Verdun. Nous avons dit le temporel, parce que, bien que ces pays relevassent presque en entier au spirituel des trois évêchés que nous venons de nommer, cette règle souffrait d’assez nombreuses exceptions : ainsi nous parlerons plus loin de trois maisons de Templiers situées dans le Barrois, et qui néanmoins se trouvaient placées, l’une dans le diocèse de Châlons-sur-Marne, et les deux autres dans celui de Trêves.

En second lieu, il ne faut pas oublier qu’à raison du long espace de temps qui s’est écoulé depuis la suppression de l’ordre du Temple, presque tous les titres et les diplômes concernant les établissements de cet ordre, ont été détruits ou égarés, et qu’il faudra par conséquent attribuer en grande partie à l’absence de ces titres originaux les lacunes ou les erreurs que l’on remarquera dans ce mémoire, pour la composition duquel nous nous sommes livrés à de con-sciencieuses recherches.

Chapitre 2
Nous ne savons pas d’une manière positive à quelle époque furent fondées les premières maisons de l’ordre du Temple en Lorraine ; mais il nous parait probable que son plus ancien établissement est celui de Metz. C’est du moins ce que rapporte Philippe de Vigneulle : « Pareillement tant par apres, dit-il, et durant aussi la vie d’icelluy saint Bernard, c’est assavoir en l’an mil cent et xxiij durant le règne du devant dit Henry l’empereur V de ce nom et du devant dit Loys le Gros roi de France et d’Estienne evesque de Metz, furent premier fondez et establis les Templiers et ceulx de l’hospital de Jherusalem, lesquelx, a ceste heure présente, tiennent leur « siégé a Saint-Jean-de-Rodes » (1)
1. V. la Chronique de Philippe de Vigneulle, manuscrits de la bibliothèque publique de Metz ; Chroniques de la ville de Metz, publiées par M. Huguenin aîné, page 5.

Il est inutile de faire remarquer l’erreur de date commise par le chroniqueur messin ; il est impossible que l’ordre des Templiers, créé à Jérusalem en 1118, ait possédé une maison à Metz, cinq années plus tard. On sait que les deux premiers établissements qu’il eut en Occident furent fondés en 1129 et 1150. Il parait que c’est en 1153 seulement que les Templiers s’introduisirent à Metz ; Agnès, abbesse de Sainte-Glossinde, leur céda, du consentement de sa communauté, une chapelle dédiée à saint Maurice (2) ; mais, des dons considérables leur ayant été faits quelques années après, ils quittèrent cet emplacement et firent construire un assez beau monastère et une église, qui subsiste encore et se trouva plus tard comprise dans l’enceinte de la citadelle de Metz (3).
2. Le titre constatant cette donation porte, chose remarquable, la date de 1123. Il paraît cependant que c’est une erreur de rédaction.
3. V. Histoire générale de Metz, par des religieux bénédictins (Dom Jean François et Dom Tabouillot), tome II, pages 258 et 259.


Une fois établis dans cette ville, les Templiers ne tardèrent pas à s’étendre dans le reste du diocèse. Ils fondèrent des maisons à Cattenom, à Richemont, à Millery, à Gelucourt ; mais nous ignorons les dates de ces fondations.
Les progrès de l’ordre du Temple dans le diocèse de Verdun furent aussi très-rapides. Ils eurent de bonne heure une maison à Verdun ; et, vers le milieu du XIIe siècle, Albéron de Chiny, évêque de cette ville, leur donna des terres au pied de la côte d’Hattonchâtel, pour y construire un hospice destiné aux pèlerins (1). Ils s’établirent successi-vement dans quatre autres localités du diocèse, où on leur céda d’anciens prieurés ; ces prieurés étaient ceux de Doncourt, connu aujourd’hui sous le nom de Doncourt-aux-Templiers, de Marbotte, de la Warge et de Saint-Jean près de la ville d’Étain (2).
1. V. Histoire ecclésiastique et civile de Verdun, par Roussel, page 250.
2. V. le même ouvrage, page civ. Il est probable que le dernier des quatre prieurés cités n’a pris le nom de Saint-Jean qu’après avoir été cédé aux Hospitaliers.


On les voit aussi posséder des maisons dans deux localités qui dépendaient du Barrois, mais relevaient au spirituel du diocèse de Trêves. Nous voulons parler de la petite ville de Longuyon et du village de Pierrevillers.
Leurs établissements dans le diocèse de Toul s’élevèrent au nombre de douze, mais quelques-uns ne furent fondés que dans le cours du XIIIe siècle. Dans la dernière partie de ce travail, nous rapporterons ce qui concerne chacun d’entre eux et nous nous bornerons ici à en citer les noms : Libdo, près de Toul ; Saint-Georges, près Lunéville ; Cercueil, Couvertpuis, Dagonville, Jézainville, Brouvelieures, Baru, Reusanville, Xugney, Norroy et Virrecourt.
On ne sait pas quels furent les fondateurs de la plupart de ces maisons ; mais il est probable que les ducs de Lorraine ne furent point étrangers à plusieurs des riches donations faites aux chevaliers du Temple. Il semble même que la maison ducale fit profession d’un grand attachement pour l’Ordre.
Si l’on peut s’en rapporter aux assertions de Chevrier, quelques Templiers, profitant de leur ascendant sur l’esprit d’Agnès de Bar, veuve du duc de Lorraine, Ferry II, auraient déterminé cette princesse à se rendre en Palestine. Comme il lui fut impossible de remplir cet engagement, ces chevaliers lui persuadèrent que le meilleur moyen d’acquitter sa promesse était de leur donner des biens considérables. Agnès suivit leur conseil et se dépouilla si bien en leur faveur, que ses filles se trouvèrent réduites à un état de gène, indigne de leur rang (1).
1. V. Histoire civile, militaire, ecclésiastique, politique et littéraire de Lorraine et de Bar, tome I, page 224.

Quoi qu’il en soit de la vérité de ce fait, qui nous semble peu probable, il est certain que les Templiers étaient regardés d’un œil favorable par Thiébault 1er, fils d’Agnès de Bar. Ce prince leur accorda, en 1217, des privilèges importants, c’est-à-dire des droits d’usage très-étendus dans les forêts du domaine ducal, ainsi que la glandée et la paisson pour les animaux qui leur appartenaient ; et dans le cas où l’exercice de ces droits aurait occasionné quelque dommage, les Templiers devaient seulement le réparer, mais ne pouvaient être condamnés à aucune amende. Enfin, quand te précepteur de la province se rendait à la cour du prince, il devait être défrayé, ainsi que quatre hommes et quatre chevaux de sa suite (2).
2. V. Dom Calmet, Histoire de Lorraine, 1er édition, tome II, col, 219.

Deux années plus tard (1219), Henri, fils ainé de Hugues III, comte de Vaudémont, constitua pour l’ordre du Temple une maison nouvelle, celle de Norroy, située à peu de distance de Mirecourt (1)
1. V. Histoire critique et apologétique de l’ordre des Chevaliers du Temple de Jérusalem, dits Templiers, par le R. P. M. Jeune, prieur d’Etival, tome I, page 362.

Ces donations multipliées engendrèrent l’envie, et il parait que les Templiers virent de temps en temps s’élever contre eux des accusations d’avidité et d’avarice. Chevrier, qui est à la piste de toutes les histoires scandaleuses, rap-porte encore le trait suivant : Un gentilhomme Barrisien, nommé Robert de Sauldrup, qui avait fait le plus mauvais usage de sa fortune, se trouvant dangereusement malade, reçut la visite de quelques Templiers, qui lui offrirent le secours de leurs prières. Robert leur promit une somme considérable, s’ils pouvaient lui sauver la vie. Les chevaliers s’engagèrent à ne rien négliger pour arriver à ce but, mais Robert mourut au moment où il venait de signer l’acte de donation (2)
2. Mémoires manuscrites de Bar, cités par Chevrier, Histoire de Lorraine, tome I, page 225. D’après le P. M. Jeune (tome 1, page 310), ce fait se serait passé en 1220.

Cependant, et malgré tous ces reproches, peut-être calomnieux, les Templiers avaient parmi les Lorrains de très- chauds partisans. Lorsqu’ils eurent, en Palestine, avec l’empereur Frédéric II, des difficultés, qui faillirent dégénérer en guerre ouverte, ce fut un seigneur Lorrain, Gobert d’Apremont, qui prit avec le plus d’ardeur le parti des chevaliers. Il arbora même son étendard sur les murailles du temple de Saint-Jean-d’Acre, pour prouver qu’il était disposé à repousser, de concert avec eux, l’attaque de l’empereur (3).
3. V. Acta Sanctorum Augusti, tome IV, page 381, D-E.

Vers le milieu du XIIIe siècle, les chevaliers du Temple avaient vingt-cinq maisons, la plupart richement dotées ; et le nombre de ces établissements ne doit pas étonner quand on sait que, au rapport d’Albéric, moine de Trois-Fontaines, les Templiers possédaient, en 1240, jusqu’à sept mille maisons, en y comprenant probablement les différentes terres qui dépendaient de chaque temple (1).
1. « ... Dicitur quod ordo Militiae Templi, anno millesimo ducentesimo quadragesimo, habebat domos ad septem millia, licet de novo multas perdidisse videatur sub imperatore Frederico de Apulia. »
— Chronicon. Alberici, monachi Trium-Fontium, édition Leibnitz, page 224.


Le nombre des maisons de l’ordre s’augmenta encore dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Ainsi, ce fut, selon toutes les probabilités, après l’année 1250 que Renauld, troisième fils de Henri II, comte de Bar, fonda le temple de Braux, situé dans le Barrois et dans le diocèse de Chalons-sur-Marne (2).
2. V. Mémoires historiques de la province de Champagne, par Bougier, tome II, page 396 ; et Dom Calmet, Histoire de Lorraine, tome I, col, CXCVJ.

Cette fondation doit être la dernière de celles qui furent faites en Lorraine. Elle porta à vingt-six le nombre des maisons de l’ordre situées dans les duchés de Lorraine et de Bar, et dans le temporel des évêchés de Metz, Toul et Verdun. Ces vingt-six maisons ne formaient point une province particulière. Les temples de la Lorraine et des Trois-Evêchés dépendaient, nous le croyons du moins, de la province d’Allemagne, et ceux du Barrois de la province de France, Mais plusieurs de ces maisons étaient préceptoriales et avaient une assez grande importance.
Les Templiers de Lorraine reçurent jusqu’aux derniers moments de leur existence des preuves de la bienveillance que leur portaient les souverains de cette contrée. En 1297, Ferry III, duc de Lorraine, leur légua, ainsi qu’aux Hospitaliers, tous ses chevaux, palefrois et sommiers ; et comme ce prince mourut six ans après avoir fait son testament, ce fut seulement en 1303 que les Templiers furent mis en possession de ce legs (3).
3. V. Histoire critique et apologétique de l’ordre des chevaliers du Temple, etc., tome II, page 110.

Il ne parait pas qu’au moment où éclata l’orage, les Templiers de Lorraine aient été poursuivis avec autant de sévérité que ceux de France. On commença cependant une procédure contre eux, mais elle ne produisit rien, et l’inquisiteur des Trois-Évêchés manda à Philippe-le-Bel, qui était, comme on sait, le principal moteur de cette affaire, qu’il n’avait rien pu découvrir qui put servir de base à une accusation, et que l’interrogatoire qu’il avait fait subir à plusieurs d’entre eux, n’avait révélé, en ce qui concernait leur réception dans l’ordre, aucune circonstance suspecte (1).
1. On peut consulter sur ce point l’Histoire de la condamnation de l’ordre des Templiers, par Dupuy.

On sait que les Templiers furent traités en Allemagne avec une grande douceur ; on ne les arrêta nulle part dans cette contrée. En 1310, le synode de la province ecclésiastique de Mayence renvoya absous tous ceux de sa circonscription. La même année, un synode de la province de Trêves fut réuni, et, après une enquête, dans laquelle on entendit dix-sept témoins, qui tous furent favorables aux accusés, le synode prononça une sentence d’absolution. Enhardis par ces deux jugements, les Templiers essayèrent de se maintenir sur les bords du Rhin, dans le Luxembourg et le diocèse de Trêves, et probablement aussi dans le duché de Lorraine (3).
3. Voir l’ouvrage du R. P. M. Jeune, tome II, passim.

Cependant le décret prononcé par le pape Clément V au concile de Vienne reçut, bientôt après, son exécution dans notre province. Les Templiers de Metz furent dispersés, et leurs biens partagés entre les Hospitaliers et les chevaliers Teutoniques, ainsi que nous le dirons plus bas, Ceux de Verdun eurent le même sort, à peu près à la même époque ; leurs biens furent donnés aux Hospitaliers ; et leur couvent de Verdun, qu’ils avaient cessé d’entretenir d’une manière convenable, était passé, dès l’année 1302, en la possession des religieux de l’abbaye de Châtillon (1).
1. V. Histoire de Verdun, par Roussel, page cviij.

Nous n’avons pas de renseignements positifs sur le sort des Templiers Lorrains et Barrisiens. Si l’on s’en rapportait à une vie manuscrite du duc Thiébault II, que Dom Calmet avait entre les mains, et à « l’Epitome des Gestes des soixante-trois Ducs de Lorraine, etc. », par le père J. d’Auxy, Thiébault, non content de faire arrêter les Templiers lorrains, et de s’emparer d’une partie de leurs revenus, aurait fait périr un grand nombre de ces chevaliers (2). Mais ces deux ouvrages ne méritent pas assez de confiance, pour qu’on s’en rapporte aveuglément à leurs récits. Il est beaucoup plus probable que dans la Lorraine, comme dans le Barrois, on se borna à expulser les Templiers de leurs maisons. Une partie de leurs biens fut remise aux Hospitaliers, ainsi qu’on le verra dans le troisième paragraphe de ce mémoire ; une autre fut abandonnée à différents ordres religieux ; enfin plusieurs maisons importantes lurent confisquées au profit des princes (3).
3 V. Dom Calmet, Histoire de Lorraine, tome II, col. 436 ; et l’ouvrage du P. J. d’Auxy; manuscrits in-4°, folio 215, recto ; bibliothèque de M. Noël.
4. Telle est l’opinion de Duplessis, dans son Discours sommaire historique des Duchez, pais et estats de Lorraine et Bar rois, etc. ; manuscrits in folio, tome I, page 593 ; bibliothèque de M. Noël. Le P. M. Jeune est du même avis ; v. son ouvrage, tome 11, page 303.


Il parait cependant que quelques Templiers Lorrains par-tagèrent le malheureux sort des chevaliers français. Plusieurs sétaient réfugiés dans le temple de Brouvelieures, situé au milieu des montagnes des Vosges, et où ils espéraient probablement demeurer oubliés. Mais si les renseignements dont s’est servi M. Gravier sont exacts, le temple fut cerné de nuit, en 1515 ; les assaillants, y ayant pénétré, massacrèrent les chevaliers, pillèrent la maison et la rasèrent complètement (1). Il est fâcheux que M. Gravier ait cru pouvoir se dispenser de citer la source où il a puisé ce récit, parce qu’il nous a mis dans l’impossibilité d’en examiner la valeur et l’authenticité.
1 V. Histoire de la ville épiscopale et de Varrondissement de Samt-Dié, page 158.

Chapitre 3
On a vu plus haut que la dernière partie de ce mémoire devait renfermer la liste de tous les temples situés en Lor-raine, avec les détails et les renseignements divers qui se rapportent à chacun d’eux. Nous parlerons d’abord des maisons qui étaient situées dans le diocèse de Metz ; les diocèses de Verdun, Toul, Trêves et Châlons-sur-Marne viendront ensuite.

Diocèse de Metz. 1. — METZ
Département : Moselle, Arrondissement et Cantons : Metz - 57

Maison du Temple de Metz
Maison du Temple de Metz

Nous avons fait connaître l’origine et les commencements du temple de Metz, ainsi que la donation de l’abbesse de Sainte-Glossinde. Les Templiers, dont les richesses s’augmentèrent rapidement, ne trouvèrent bientôt plus cet éta-blissement suffisant, et, vers la fin du XIIe siècle, ils firent construire un nouveau couvent et une église sur l’emplacement où s’éleva plus tard la citadelle de Metz. Nous ignorons, au reste, qu’elle était l’importance et la richesse de cette maison. Nous savons seulement qu’elle subit le sort réservé à l’ordre entier, et que les biens qui en dépendaient, et qui devaient être considérables, furent partagés. « Furent les biens des dits Templiers, écrit Philippe de Vigneulle, cens et rente, haulteur et Seigneurie, toutte donné aux chevaliers de l’ospitaulx de saint-Jehan de Rodes ; et touchant de ceulx de la cité de Metz, partie des Seigneuries desdits Templiers fut donnée aux chevaliers de sainte Elisabeth de Honguerie, desquels auprès des murs d’icelle cite il en fut fondé ung Priouré ; et l’autre partie fut donnée aux dits chevaliers de saint-Jehan de Rodes, desquels pareillement dedans la cité, et en un des trois viez chastiaulx de la première fondation d’icelle, en avoit esté fait ung Priouré, lequel aujourd’hui y est encore, et fut ce Priouré fait chambre de toutte la province par dessa pour lesdits chevaliers de Rodes ; parquoy toutte la plaisse et le marchief fut appelée la plaisse de chambre, et est encore aujourd’hui ainsi appellée. Et ainsi prinrent fin lesdits Templiers »
1. V. la Chronique de Philippe de Vigneulle, manuscrits de la bibliothèque publique de Metz, tome I, folio 278, recto ; Chroniques de la ville de Metz, publiées par M. Huguenin aîné, page 37.

Les chevaliers Teutoniques, connus aussi sous les noms de chevaliers de Sainte-Elisabeth de Hongrie et d’Hospitaliers de Notre-Dame des Allemands, s’établirent à Metz à cette époque, et dans un bâtiment qui probablement avait appartenu aux Templiers. Ce n’est pas cependant dans le couvent primitif de ces derniers, qui avait été cédé aux Augustins. On les retrouve à Metz jusque dans le cours du XVIe siècle ; ils étaient alors appelés les blancsmantéls, et ils ne artagèrent pas l’apostasie de la plupart de leurs confrères.

Quant aux Hospitaliers, ils furent mis en possession du couvent et de l’église des Templiers de Metz, et les possédèrent tranquillement jusqu’au moment où cette ville fut occupée par les Français. Quelques années après cette occupation, le roi de France ordonna la construction d’une citadelle, et cet ordre nécessita la démolition des monastères de Sainte-Marie et de Saint-Pierre-aux-Nonains, et de la maison des chevaliers de Malte. Heureusement l’église de cette maison (qui était celle du Temple), fut changée en magasin à poudre et par suite conservée presque intacte. Il n’entre pas dans le plan de notre travail de décrire cet édifice curieux, auquel M. de Saulcy a consacré une notice assez étendue (1).
1. V. Notice sur l’oratoire des templiers de Metz, dans les Mémoires de l’Académie Royale de Metz, 1834-35, pages 436-445.

Nous nous contenterons de rappeler que cette église, construite au XIIe siècle, appartient au style en quelque sorte mixte qui sert de transition entre le roman et le gothique à lancettes et qu’elle affecte la forme particulière à beaucoup d’églises des Templiers. La nef, si l’on peut donner ce nom à l’octogone où les chevaliers se plaçaient pour assister aux offices, appartient au style roman tertiaire ; mais le chœur et le petit sanctuaire qui le suit se rattachent au style ogival primaire. Les dimensions de cet édifice sont extrêmement restreintes, puisque sa longueur totale est seulement de 12m,80 dans œuvre. La croix pattée des Templiers se remarque encore au-dessus de la porte d’entrée, et on voit contre les murs extérieurs deux arcatures ogivales, dans l’ouverture desquelles se trouvaient autrefois les tombeaux de deux dignitaires de l’ordre. Enfin, l’intérieur de l’église offre des traces nombreuses des peintures qui la décoraient autrefois.

Nous devons encore faire observer, pour terminer ce que nous avions à dire des Templiers de Metz, que près du petit édifice dont nous venons de parler se trouve une vaste salle, servant aujourd’hui de dépôt pour le plomb, et qui a dépendu autrefois d’une des trois maisons religieuses rasées au moment de la construction de la citadelle. Sa proximité de l’église de Saint-Pierre-aux-Nonains a fait présumer qu’elle avait dû faire partie du monastère de ce nom ; mais le choix des peintures qui ornent tes murailles de cette salle doit porter à croire qu’elle était renfermée dans l’enceinte du temple. La poutre principale, qui soutient le plafond, offre, sur l’une de ses faces, la représentation d’un tournoi, sujet qui convenait très-bien dans une maison de Templiers, mais qui eût été assez déplacé dans un couvent ordinaire. Les peintures de la face opposée sont fort burlesques, et l’imagination féconde de M. de Hammer y découvrirait certainement l’expression des doctrines ésotériques attribuées aux Templiers (1).
1. M. de Sauley a publié une notice sur ces peintures dans les Mémoires de l’Académie Royale de Metz, 1834-35, pages 446-456.

I. CATTENOM
Département : Moselle, Arrondissement : Thionville, Canton : Cattenom - 57

Domaine du Temple de Cattenom
Domaine du Temple de Cattenom

Nous ne possédons aucun renseignement sur la fondation du temple de Cattenom, sur l’importance de cette maison et sur la destination donnée aux biens qui en dépendaient ; mais une tradition, que rien ne dément, place dans ce bourg, situé à deux lieues nord de Thionville, une maison de Templiers, et on prétend même que le clocher de l’église paroissiale actuelle est celui de l’église des chevaliers (1). Comme nous n’avons vu ce clocher que de loin, nous n’avons pu déterminer s’il est assez ancien pour qu’on puisse l’attribuer aux chevaliers du Temple.
1. V. Statistique historique, industrielle et commerciale du département de la Moselle, etc., publiée par Verronnais, deuxième partie, page 69.

II. MILLERY
Département : Meurthe-et-Moselle, Arrondissement : Nancy, Canton : Pompey - 54

Domaine du Temple de Millery
Domaine du Temple de Millery

Le temple de Millery (1) fut fondé, selon toutes les appa-rences , par un comte de Bar. Il semble avoir été fort important, car des traditions, assez vagues, il est vrai, placent des maisons de Templiers dans plusieurs localités du voisinage, ce qui veut dire que l’ordre y possédait des terres. Ces localités sont :
— La montagne de Mousson, Champé, Landremont, Belleau, Doncourt (différent de celui dont nous parlerons plus bas) et Autreville.
— A Loisy, un canton de vignes porte encore aujourd’hui le nom de Cour-Chevalier.
— A Sainte-Geneviève, un autre canton de vignes s’appelle Le Cloître (2).
Il résulte de toutes ces traditions que le temple de Millery devait être fort bien doté.
Il faut cependant remarquer que plusieurs des lieux que nous venons d’indiquer sont assez voisins du village de Jezainville, situé dans le diocèse de Toul, et où il y eut aussi un temple. Nous croyons donc que toutes ces fermes et tous ces biens devaient appartenir, les uns à Millery, les autres à Jezainville.

Le temple de Millery retourna probablement à la famille de son fondateur ; et, vingt-six ans après la suppression de l’ordre, en 1538, Henri IV, comte de Bar, céda la terre de Millery au chapitre de la cathédrale de Metz, avec la clause que ni lui, ni ses hoirs, ni ses hommes, qui ne seraient point chevaliers, ne pourraient jamais rien acquérir ni posséder dans ce lieu. Le chapitre demeura propriétaire de ce bien jusqu’à la révolution ; mais, en 1752, il eut la fâcheuse idée de faire démolir l’ancienne église des Templiers, qui était dédiée à saint Préjet ou Prayé, et fit transporter dans l’église paroissiale une cloche, qui avait été fondue par ordre des chevaliers et sur laquelle on avait tracé la figure d’un Templier revêtu de l’habit de son ordre, et les mots Ave Maria> qui rappellent une coutume particulière à l’ordre du Temple (3).
1. Millery est situé sur la rive droite de la Moselle, entre Nancy et Pont-à-Mousson.
2. V. pour plus de détails : Histoire de Metz, par les Bénédictins, tome II, pages 264 et 265.
— le Département de la Meurthe, etc., par Henri Lepage, tome II, pages 565 et 366, 57 et 59, 165, 32, 500 et 317.
3. V. Dom Calmet, Notice de la Lorraine, art. Millery, tome I, supplément, col. 203 et 206. Dom Calmet fait observer que l’église Saint-Préiet, quoique petite était fort bien bâtie en pierres de taille.


III. RICHEMONT
Département: Moselle, Arrondissement: Thionville, Canton: Maizières-lès-Metz - 57

Domaine du Temple de Richemont
Domaine du Temple de Richemont

On n’a aucun renseignement sur le temple de Richemont ; mais une tradition, qui nous semble respectable, place un établissement de Templiers dans ce lieu, qui est situé à peu de distance de la Moselle, et au-dessus de Thionville (1).
1. V. Dictionnaire du département de la Moselle, par M. Viville, tome II, page 344.

IV. GELUCOURT
Département: Moselle, Arrondissement et Canton: Sarrebourg-Château-Salins - 57

Domaine du Temple de Gelucourt
Domaine du Temple de Gelucourt

L’ordre de Malte a possédé jusqu’au moment de la révolution une Commanderie importante à Gelucourt (1). Cette Commanderie était située à une des extrémités du village, à côté d’une tuilerie qui appartenait à l’ordre. Le commandeur était seigneur de Gelucourt. Les Hospitaliers ont succédé dans ce lieu aux Templiers, qui y eurent une maison depuis une époque assez reculée. Il paraît que ces derniers possédèrent aussi des terres assez considérables dans les villages de Bellange, de Bourgaltroff et d’Athienville, et ces trois domaines doivent avoir été des dépendances du temple de Gelucourt. La tour de l’église de Bellange, qui date, dit-on, du XIIe siècle, pourrait bien avoir été celle de l’église des Templiers. La tradition place le domaine de Bourgaltroff au nord de ce village, près de la côte nommée Benesberg (2).
1. Gelucourt est un village de l’arrondissement de Château-Salins, situé à une lieue et demie au midi de Dieuze.
2. V. Le Département de la Meurthe, par Lepage, tome II, pages 213 et 214, 269, 57, 84 et 30.


Diocèse de Verdun. V. — VERDUN
Département: Meuse, Arrondissement et Canton: Verdun - 55

Domaine du Temple de Verdun
Domaine du Temple de Verdun

Les Templiers ont possédé une maison à Verdun ; mais cette maison parait avoir été peu importante, et ils la négligèrent même tellement, que l’évêque Jean de Richericourt, craignant de la voir tomber en ruines, la donna, en 1302, aux religieux Cisterciens de l’abbaye de Chatillon, afin qu’ils pussent s’y retirer, dans le cas où leur monastère serait menacé de quelque danger.
En 1310, au moment de la suppression des Templiers, l’évêque Nicolas de Neuville retira cette maison des mains des Cisterciens et la céda, ainsi que l’église du Temple, aux Hermites de Saint-Augustin, qui s’y établirent.
Mais les biens dépendant de cette maison furent cédés aux Hospitaliers, et les bâtiments eux-mêmes étaient dans un tel état de vétusté, que Nicolas de Neuville donna, en 1310, un mandement, par lequel il exhortait le clergé et les fidèles de son diocèse à contribuer à la reconstruction de ce monastère (1). 1. V. Les Antiquités de la Gaule Belgique, par Wassebourg, folio cccc, recto.
— Histoire de Verdun, par Roussel, pages cviij et 322. M. l’abbé Clouet possède l’acte original constatant la cession faite aux Augustins de Verdun, et cet acte ne fait aucune mention de l’existence antérieure des Templiers ; mais il est bon de faire observer que son silence doit être attribué à cette circonstance que les Cisterciens avaient été propriétaires de la maison pendant quelque temps. M. Clouet, dont les connaissances sur l’histoire de la Lorraine sont, comme on sait, fort grandes, croit que les Templiers n’ont pas possédé d’établissement particulier à Verdun, et que les bâtiments cédés plus tard aux Augustins n’étaient qu’une dépendance du temple de Doncourt, une sorte de maison de ville.


VII. SAINT-JEAN
Département: Meuse, Arrondissement et Canton: Verdun - 55

Domaine du Temple de Saint-Jean
Domaine du Temple de Saint-Jean

Nous ne savons pas quel nom portait autrefois la Commanderie de Saint-Jean, située près de la ville d’Etain. Il est probable qu’elle ne fut ainsi appelée qu’au moment où les Hospitaliers y succédèrent aux chevaliers du Temple. Cette maison semble n’avoir pas possédé des biens considérables ; cependant, de la Commanderie dépendait, au XVIIIe siècle, le moulin de Varue, placé près d’Elain. Il parait que primitivement celte maison était un prieuré de l’ordre de saint Benoit (1).
1. V. Histoire de Verdun par Roussel, page civ.
— Mémoires alphabétiques pour servir à l’histoire, au Pouillié et à la description générale du Barrois, etc., par M. de Maillet, doyen de la Chambre des comptes de Bar, seconde édition, page 484.


VIII. LA WARGE
Département: Meuse, Arrondissement: Verdun, Canton: Heippes - 55

Domaine du Temple de La Warge
Domaine du Temple de La Warge

On peut en dire autant de La Warge. D’abord prieuré de l’ordre de saint Benoit, puis maison de Templiers, ce lieu devint définitivement une Commanderie de Malte, qui subsista jusqu’à la révolution (1). Nous n’en savons pas autre chose.
1. V. Histoire de Verdun, page civ.

IX. DONCOURT-AUX-TEMPLIERS
Département: Meuse, Arrondissement: Verdun, Canton: Fresnes-en-Woëvre - 55

Domaine du Temple de Doncourt
Domaine du Temple de Doncourt

Le temple de Doncourt (1) fut, comme les deux précédents, un prieuré de Bénédictins, et il est devenu, comme eux, une Commanderie de Malte. Son importance ne semble pas avoir été fort grande. Dans le XVIIIe siècle, le commandeur était seigneur haut, bas et moyen justicier du village de Doncourt, il en percevait les dimes conjointement avec les Jésuites de l’université de Pont-à-Mousson, et possédait un château. Nous ne savons pas quel était le revenu de la Commanderie (2).
1. Doncourt (Doncuria), est situé à peu de distance d’Hattonchâtel, où les Templiers avaient aussi une Maison.
2. Dom Calmet, Notice de la Lorraine s art. Doncourt, tome II, col. 374.
— Mémoires alphabétiques, etc., page 423.


X. HATTONCHATEL
Département: Meuse, Arrondissement: Commercy, Vigneulles-lès-Hattonchâtel - 55

Domaine du Temple de Hattonchâtel
Domaine du Temple de Hattonchâtel

Hattonchâtel (Hallonis Castrum), bourg situé à trois lieues de Saint-Mihiel. Albéron de Chiny, évêque de Verdun, qui siégea de 1131 à 1158 environ, donna aux Templiers une terre située au pied de la montagne sur laquelle ce bourg a été construit. Ils devaient, comme nous l’avons dit, y construire un hôpital destiné aux pèlerins (1). Nous ignorons, ce que devint le temple d’Hattonchâtel, mais il est certain qu’il ne fut pas donné aux Hospitaliers comme les autres temples de l’évêché.
1. V. Histoire de Verdun, page 250. Un titre ancien, faisant partie de la riche collection de M. l’abbé Clouet, mentionne une maison de Templiers, située dans un lieu appelé Avillers. Il existe une localité de ce nom dans l’arrondissement de Briey, mais il est beaucoup plus probable qu’il est question, dans ce titre, du village d’Ă€villers-sous-Hattonchâtel, situé à une lieue au nord de ce bourg. C’était peut-être même dans cet endroit que se trouvait le temple que nous venons de mentionner ; on peut au moins considérer le domaine que les Templiers possédaient à Avillers comme une dépendance de cette maison.

XI. MARBODE MARBOTTE
Département: Meuse, Arrondissement: Commercy, Commune: Apremont-la-Forêt - 55

Domaine du Temple de Marbotte
Domaine du Temple de Marbotte

Marbode ou Marbotte (Marbodus ou Marboda), village situé à une lieue et demie de Saint-Mihiel. Le temple de Marbode était primitivement un prieuré de Bénédictins. Après la suppression de l’ordre du Temple, il fut donné aux Hospitaliers, auxquels il appartint jusqu’à la Révolution (1).
L’histoire a conservé le souvenir d’un fait relatif à cette maison. Vers l’année 1160, il s’éleva une discussion entre les chevaliers de Marbode et Manegaudus, abbé de Saint-Mihiel. Ce dernier prétendait qu’un moulin appartenant aux Templiers, mais bâti sur un fonds de l’abbaye, était sa propriété, ainsi qu’une terre que les chevaliers possédaient dans une localité nommée Mescrin ou Mécraigne.
Enfin les parties s’accordèrent. Manegaudus renonça à ses prétentions, et les Templiers s’engagèrent à payer annuellement à l’abbaye un cens de six sous, qui devait être porté à dix sous en cas de retard. Cette transaction fut confirmée par le grand-précepteur de France, ce qui nous confirme dans l’idée que les temples du Barrois dépendaient de la province de France, et non de celle d’Allemagne (2).
1. V, Histoire de Verdun, page civ.
2. V. Histoire de la célèbre et ancienne abbaye de Saint-Mihiel, précédée, etc., par le R. P. Dom Joseph de l’Isle, abbé de Saint-Léopold, prieur de l’Abbaye de Saint-Mihiel, page 120.


Diocèse de Toul. XII. LIBDO
Département: Meurthe-et-Moselle, Arrondissement et Canton: Toul, Commune: Bruley - 54

Domaine du Temple de Libdeau
Domaine du Temple de Libdeau

Libdo (Liebidos), situé à une lieue au nord de Toul, fut donné aux Templiers à une époque qu’il nous est impossible de préciser. Cette maison fut, après la suppression de l’ordre du Temple, abandonnée aux Hospitaliers, et, réunie à la maison préceptoriale de Xugney dont nous parlerons plus bas, elle forma une Commanderie qui exista jusqu’à la révolution. Le P. Benoit Picart, ordinairement si exact, a commis une erreur assez grave relativement au temple de Libdo, en soutenant que l’évêque de Toul, Amédé de Genève, avait, à la date de 1329, donné cinquante jours de terre aux Templiers de Libdo (1).
Comme Amédée n’est devenu évêque qu’en 1320, et que les Templiers Lorrains ont été dispersés vers l’année 1313 au plus tard, il s’ensuit que la donation n’a pu être faite qu’aux Hospitaliers.
L’église de Libdo existe encore et remonte, dit-on, au XIIe siècle. Le P. Benoit a commis ici une autre erreur.
A l’entendre, cette église, ou pour mieux dire cette chapelle, aurait renfermé les tombeaux de quelques Templiers (2). Mais, à l’époque où le P. M. Jeune écrivit son ouvrage, on ne voyait dans ce sanctuaire qu’une seule tombe, sur laquelle était représenté le premier commandeur de l’Hôpital qui administra cette maison après la suppression de l’ordre du Temple. Il se nommait Frère Bertrand de Burei, était prêtre et mourut en 1526, le vendredi après la saint Gengoul (3).
On voit encore, sur les combles de la chapelle de Libdo, une cloche fort ancienne, et les mots Ave Maria gralia plena qui y sont gravés, semblent indiquer quelle a appartenu à l’oratoire des Templiers.
Au commencement du XVIIIe siècle, la Commanderie de Libdo rapportait 2500 livres. Ses dépendances étaient :
1° — Un hôtel et une chapelle de construction récente dans la ville de Toul même.
2° — L’ermitage de Saint-Jean à Jaillon, qui semble avoir appartenu aux Hospitaliers dès le XIIIe siècle.
3° — Le patronage du village de Fey-en-Haye et les deux tiers des grosses et menues dîmes de cette localité.
4° — L’ermitage de Saint-Nicolas près de l’ancienne forteresse épiscopale de Liverdun.
5° — Le tiers des droits seigneuriaux à Grimonviller (4).

Enfin il est vraisemblable que les Templiers ont possédé autrefois des biens assez importants à Minorville, et on remarque au-dessus de la porte de l’église la croix pattée, qui était celle des chevaliers du Temple (5).
.1 V. Histoire ecclésiastique et politique de la ville et du diocèse de Tout, page 478.
2. Histoire ecclésiastique et politique de la ville et du diocèse de Tout, page 28.
3. V. Histoire des Templiers, tome II, page 45.
4. V. Pouillié ecclésiastique et civil du Diocèse de Toul, par le P. Benoît, t. I, p. 78, 86, 274, 507 et 358.
— Le Département de la Meurlhe, par Lepage, t. II, p. 500 et 301, 263 et 188.
5. V. le même ouv., page 366.


XIII. COUVERTPUIS
Département: Meuse, Arrondissement: Bar-le-Duc, Canton: Montiers-sur-Saulx - 55

Domaine du Temple de Couvertpuis
Domaine du Temple de Couvertpuis

Couvertpuis (Coopertus-Puteus), situé entre l’Ornain et la Saulx, à cinq lieues de Bar. Les plus anciens pouillés du diocèse de Toul y placent une maison de Templiers, et nous avons cru devoir conserver ce lieu dans notre nomenclature. Il est bon cependant de faire observer que Couvertpuis nous parait avoir été, non une maison distincte, mais une dépendance du temple de Ruet ou Ruel, situé dans la Champagne, entre Joinville et Saint-Dizier. Ce qui nous porte à admettre cette dernière hypothèse, c’est une donation faite, en 1219, par Baudouin, chevalier de Nantoye, dans le comté de Ligny. Il abandonne, du consentement de sa femme et de ses héritiers, au temple de Ruet, tout ce qu’il possédait à Couverts-Puits, en hommes, bois, prés, terres, et la portion qui lui appartenait dans les dîmes de deux localités, que l’acte appelle Bacioncos et Vapincelon Cette donation fut confirmée par Henri II, comte de Bar, et le seigneur de Pierrefitte (1). Quoi qu’il en soit à cet égard, le temple de Ruet fut, ainsi que le domaine de Couvertpuis, donné aux Hospitaliers. Ce dernier se composait, au XVIIe siècle, d’une chapelle dédiée à saint Eloy, cent journaux de terre à chaque saison, exempts de dîmes, une justice, un petit bois, un four banal, un douzième dans les grosses dîmes du village, plusieurs cens et autres droits seigneuriaux (2).
Le commandeur de Ruet était encore seigneur de quelques villages du Barrois ; mais nous ne savons si les droits seigneuriaux étaient primitivement attachés à la maison de Ruet ou à celle de Couvertpuis.
1. V. Histoire des Templiers, par le P. M. Jeune, tome I, pages 340 et 514.
2. V. le même ouvrage, tome I, page 344.


XIV. DAGONVILLE
Département: Meuse, Arrondissement et Canton: Commercy - 55

Domaine du Temple de Dagonville
Domaine du Temple de Dagonville

Les Templiers eurent une maison peu importante auprès du village de Dagonville (Dagonis villa), situé à trois lieues de Bar. Elle portait le nom de Saint-Epvre. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, les Templiers de Dagonville eurent de longues discussions avec l’abbaye de Saint-Mihiel, relativement aux sujets respectifs des deux maisons. L’affaire fut portée à Rome, et le pape chargea Conrad Probus, évêque de Toul, et Roger, abbé de Trois-Fontaines, de statuer sur cette difficulté. Ces deux commissaires proposèrent aux parties, en 1284, un accommodement auquel elles consentirent. Il y était stipulé que tous les ans les Templiers donneraient au cellerier de l’abbaye dix-sept septiers de méteil et la même quantité de froment et d’avoine, et que les religieux, de leur côté, n’empêcheraient point les chevaliers de faire des acquisitions à Dagonville. Cette transaction fut conclue en présence de Thierri, archidiacre, de Garin de Festenville, de Gaultier, abbé de Jovilliers, et de Pierre, chapelain de Courcelles (1).
La maison de Dagonville fut cédée aux Hospitaliers et réunie à la Commanderie de Ruel, dont il vient d’être question. Les biens en étaient peu importants dans le siècle dernier (2).
1. V. Histoire de Vabbaye de Saint-Mihiel, par Dom de l’Isle, page 459.
2. V. Pouillié du diocèse de Tout, par le P. Benoît, tome II, p, 350.


XV. JEZAIVILLE
Département: Meurthe-et-Moselle, Arrondissement et Canton: Nancy - 54

Domaine du Temple de Jezainville
Domaine du Temple de Jezainville

On a vu plus haut que les Templiers possédaient une maison à Jezainville, et il est probable qu’une partie des biens que nous avons indiqués à l’article Millery, comme pouvant appartenir au temple de ce lieu, dépendaient en réalité de Jezainville, qui en est peu éloigné. Une partie des terres du temple de Jezainville fut, après la dispersion des chevaliers, donnée aux Antonistes de Pont-à-Mousson. Le commandeur de Saint-Antoine était patron de la chapelle de Sainte-Marguerite à Jezainville (1).
1. V. Pouilliè du diocèse de Tout, par le P. Benoît, tome II, page 350, et l’Histoire des Templiers du P. Jeune, tome II, page 45.

XVI. CERCUEIL ou CERVILLE
Département: Meurthe-et-Moselle, Arrondissement: Nancy, Canton: Champenoux - 55

Domaine du Temple de Cercueil
Domaine du Temple de Cercueil

Cercueil (Sarcofagus), est le nom d’un village situé à une lieue et demie au nord-est de Nancy. Un mémoire judiciaire, publié au commencement du XVIIIe siècle, à l’occasion d’un procès entre le comte d’Ourches et le commandeur de Saint-Jean-le-vieil-Aître, mentionne un acte portant la date de 1296, et par lequel un nommé Liébaut de Cercueil s’engageait à payer aux Templiers de ce lieu une redevance en blé (1). Il est probable qu’une portion des biens dépendant de ce temple fut donnée, vers la fin du XIVe siècle, aux Hospitaliers de Saint- Jean de Nancy.
1. V. Le Département de la Meurthe, par Lepage, t. II, p. 100.

XVII. SAINT-GEORGES de Lunéville
Département: Meurthe-et-Moselle, Arrondissement et Canton: Lunéville - 54

Domaine du Temple de Lunéville
Domaine du Temple de Lunéville

Ce temple était situé hors de la ville, dans le lieu appelé le faubourg de Villers ou Nancy, probablement, près du cimetière. A l’époque du concile de Vienne, les Hospitaliers en furent mis en possession, et il devint une de leurs Commanderies ; mais les protestants allemands qui traversèrent la Lorraine en 1387, en ayant incendié les bâtiments, la Commanderie fut supprimée et unie à celle de Saint-Jean-le-vieil-Aitre, qui s’élevait aux portes de Nancy. Une tradition assez vague place deux maisons de Templiers à Domjevin, et entre Emberménil et Housse. Si cette tradition a quelque valeur, elle se rapporte probablement à des métairies que les Templiers de Lunéville auraient possédées dans ces deux localités (1).
Au commencement du XVIIIe siècle, la Commanderie de Saint-Jean, formée de différentes fondations faites en faveur des Templiers et des Hospitaliers, rapportait 10,000 livres (2).
1. V. Le Département de la Meurthe, etc., t. II, p. 164 et 173.
2. V. Pouillié du diocèse de Toul, parle P. Benoît, t. I, p. 128.


XVIII. VIRECOURT
Département: Meurthe-et-Moselle, Arrondissement: Lunéville, Canton: Virecourt - 54

Domaine du Temple de Virecourt
Domaine du Temple de Virecourt

Virecourt (Virecuria,) village situé près de Bayon. Le temple de ce lieu fut abandonné aux Hospitaliers et réuni plus tard à la Commanderie de Saint-Jean, dont nous venons de parler. C’est comme successeur des Templiers de Virrecourt, que le commandeur de Saint-Jean était patron et décimateur de Virrecourt et de Villoncourt et seigneur du premier de ces deux villages (1).
1. V. l’Histoire des Templiers, par le P. M. Jeune, tome II,page 45.
— Pouillié du Diocèse de Toul, par le P. Benoît, tome II, pages 140 et 172.


XIX. BROUVELIEURES
Département: Vosges, Arrondissement: Epinal, Canton: Bruyères - 88

Domaine du Temple de Brouvelieures
Domaine du Temple de Brouvelieures

Les anciens pouillés du diocèse de Toul mentionnaient une maison de Templiers, qui portait le nom de Bellieuvre, mais ils n’apprenaient rien sur la situation et l’importance de celle maison. Le P. M. Jeune n’avait pu réussir à se procurer le moindre renseignement à cet égard, et cependant les ruines de ce temple étaient bien peu éloignées de l’abbaye où il résidait. C’est, en effet, à Brouvelieures qu’il faut chercher le temple que les pouillés appellent Bellieure ou Bellieuvre. Nous ignorons l’époque à laquelle il fut fondé.
En 1284, un Templier célèbre, Guillaume de Mallain, qui était probablement alors précepteur de Brouvelieures, transigea au profit de cette maison avec le chapitre cathédral de Toul, qui s’engagea à céder aux chevaliers le tiers des droits seigneuriaux à Grimonvillers (1).
Voisins de la ville de Saint-Dié, ces chevaliers eurent de fréquents démêlés avec le chapitre collégial, et les archives de Saint-Dié renfermaient plusieurs pièces relatives à ces discussions, notamment un traité de réconciliation entre le chapitre et frère Martin, de l’ordre du Temple, tant pour eux personnellement que pour leurs sujets respectifs. Cet acte portait la date de 1271 (2).

Nous avons parlé de la catastrophe qui ruina ce temple, en 1313. On voit encore des restes considérables des bâtiments à une demi-lieue de Brouvelieures, dans la forêt de Fremifontaine.
Un bas-relief fort curieux, qui se trouvait placé au-dessus de la porte d’entrée, a été transporté chez M. Vaulot, maître de forges à Mortagne. Il représente un Templier en costume de maison (tunique sans ceinture, manteau et capuchon).
Ce religieux parait tenir un livre de la main droite, et de la gauche relève un coin de son manteau.
A ses pieds est sculpté un chien, qui semble considérer le chevalier avec attention (3).
1. V. l’ouvrage du P. M. Jeune, tome II, pages 44, 84 et 82. On a vu que ces droits passèrent aux Hospitaliers et furent attachés à la Commanderie de Libdo. (V. Pouillié du Diocèse de Toul, par le P. Benoît, tome I, page 358.)
2. V. Histoire de Saint-Dié, par M. Gravier, page 457.
3. V. le même ouvrage, pages 458 et 459.


XX. XUGNEY
Département: Vosges, Arrondissement: Epinal, Canton: Charmes, Commune: Rugney - 88

Maison du Temple de Xugney
Maison du Temple de Xugney

Xugney ou Sugney (Suniacum), près de la ville de Charmes. Ce temple fut fondé au XIIe siècle.
En 1173, Gérard, abbé de Senones, ascensait à Pierre, précepteur (1) de Xugney, moyennant une redevance annuelle de cinq sous, un fonds de terre, situé dans un lieu nommé Volfereis, Vulfericurtis, que Dom Calmet suppose être Vrécourt, mais qui est en réalité le village de Valfroicourt. Cet acte était revêtu des signatures de plusieurs personnages distingués (2).
Le temple de Xugney Ait donné aux hospitaliers et réuni à la Commanderie de Libdo ; le titulaire de cette maison prenait le titre de commandeur de Libdo et Xugney.
Xugney rapportait environ 2000 livres au commencement du XVIIIe siècle. Le commandeur était patron des églises de Bouxainville et de Fraine, et percevait un tiers dans les grosses et menues dîmes de ces deux villages. Il était, de plus, seigneur en partie de Repel et de Bouxainville (3).

Enfin, il avait quelques sujets à Forceiles-sous-Gugney (4). La chapelle des Templiers de Xugney existe encore, mais très délabrée. Sa construction remonte au XIIe siècle, et quelques détails de l’intérieur sont assez curieux.
1. Dom Calmet emploi le mot commandeur, mais nous croyons qu’il se trompe.
2. V. Notice de la Lorraine, tome II, col. 962.
3. Il faut remarquer cependant que le commandeur n’exercait les droits de patronage dans cette localité qu’alternativement avec l’abbé de Saint-Epvre.
— V. Pouillié du Diocèse de Tout, par le P. Benoit, tome I, page 382 et 384, tome II, page 216.
— Histoire des Templiers, par le P. M. Jeune, tome II, page 44.
4. V. Le Département de la Meurthe, par Lepage, tome II, p. 195.


Commanderie de Xugney
Lorsque l’on suit la route de Charmes à Mirecourt, après avoir dépassé le village de Florémont, on aperçoit à gauche la maison de ferme de Xugney. C’est une cense dépendant actuellement de la commune de Rugney.

Xugney, autrefois Suniacum, était une des nombreuses maisons que possédaient les Templiers dans le duché de Lorraine. Après la suppression de leur ordre, cette maison fut donnée aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui la conservèrent jusqu’à la Révolution. Les seuls titres qui soient parvenus jusqu’à nous, concernant la commanderie de Xugney, ne sont pas, antérieurs à l’année 1630. On sait cependant que sa fondation par les Templiers remonte au XIIe siècle. Il en est fait mention dans un acte d’acensement passé, en 1173, entre Gérard, abbé de Senones, et un nommé Pierre, précepteur à Xugney.
Elle souffrit beaucoup des guerres du XVIIe siècle, ainsi que l’on en peut juger d’après un pied-terrier de l’année 1656, dans lequel on y lit ce qui suit (1) :
« La commanderie de Xugney, située entre les villages de Rugney, Savigny et Bouxerieul (Bouxurulles), et entre les villes de Mirecourt et Charmes, est circuite de murailles tout à l’entour, ruinées et démolies en beaucoup d’endroits, consistant aujourd’hui en un bâtiment neuf y construit, contenant un corps de logis avec les granges, étableries au milieu, etc., tout cela en bon état et bâti au-dessus de la cour, du côté du bois de ladite commanderie, vers Savigny. »
1. Le fragment suivant a été publié par M. H. Lepage, dans sa Notice sur quelques établissements de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem situés en Lorraine (Annuaire de la Meurthe, 1853).

« Plus bas, du côté de Rugney, y a une tour servant de colombier.... Du même côté, une autre petite tour en partie ruinée et découverte (elle avait servi de prison), et à la suite un vieux bâtiment presque entièrement démoli, n’y restant que quelques pans de murailles qui sont encore droits, le surplus étant ruiné. »

« Joignant lequel bâtiment, et environ le milieu de la cour, est située l’église sous l’invocation de saint Jean-Baptiste, aussi ruinée, particulièrement le chœur, la nef étant couverte tout à neuf, servant d’écurie, les murailles de part et d’autre étant droites et en assez bon état. »

Au derrière dudit bâtiment, du côté du village de Florémont, y a un mur et curtille fermés de haies et murailles tout à l’entour, lesdites murailles ruinées... »

« Au dehors de ladite commanderie, y avoit un moulin avec le cours d’eau, le tout aujourd’huy ruyné, et aux environs tant de ladite commanderie que dudit moulin quelques six jours d’héritages... lesquels sont aujourd’hui en buissons et broussailles pour la plupart incultes et infertiles.... »

Voilà l’état misérable dans lequel se trouvaient les bâtiments de la commanderie de Xugney après les guerres qui ensanglantèrent la Lorraine, peu de temps après l’avènement du duc Charles IV.

Cependant il est à croire que l’on profita de quelques années de tranquillité pour faire des réparations nécessaires aux bâtiments d’exploitation et à la chapelle. Voici l’extrait d’un procès-verbal d’inventaire, dressé en l’année 1679, qui nous donne plusieurs renseigne-ments à ce sujet :
« Mil six cens septente neuf, nous commissaires susdictz, accompagnés dudit sieur commandeur et dudit Henrion notaire, en continuant nostre visitte, sommes partis de la ville de Toul pour aller de suite à Vézelize, distant de cinq lieues, en la maison ditte de Sainct Claude, dont estans sortis, nous nous sommes transportés en la maison seigneurialle de Xugny, chef-lieu de ladite commanderie, où ayant mis pied à terre, accompagnés comme dessus, serions entrés dans l’église, que nous avons trouvé être sous l’invocation de sainct Jean-Baptiste, notre patron, et après avoir fait nos prières, avons procédé à la visitte de ladicte chapelle. »

« Nous y avons trouvé un devant d’autel de satin bigarré à fleurs jaulnes, la chasuble, estolle et manipulle sont en petite estoffe blanche et rouge de mesme estoffe ; un corporal de jolie toille, le tout très-bon, y ayant peu de temps que les ornements sont faicts. Il y a aussi un calice d’estain fin, une patène et les chopinettes de mesme. Un missel, une aube, un amict et ceinture, trois nappes d’autel, le tout de bonne toille et honneste, deux chandeliers et une croix, le tout en bois..... »

Le commandeur de Xugney était haut, moyen et bas justicier à Xugney et bans voisins dépendant de la commanderie. Une pièce, datée du 6 février 1682, et intitulée : Déclaration des droits de la commanderie de Sugny, est conçue en ces termes :
« ... Premièrement est composée d’une maison enceinte de murailles autour et possédée par ledit sieur frère Gaspard de Pernes, avec les usuines, bassecourt, grange, escuerie, colombier et four, et possédés avec les droits cy-dessus de haute justice, moyenne et basse, avec création et destitution des officiers pour le service d’ycelles.... »
v Le commandeur avait également le droit du cri de la fête, le jour de la Saint-Jean, patron du lieu ; il faisait rendre la justice tant au civil qu’au criminel ; lorsque ses officiers avaient fait le procès d’un criminel, ils devaient conduire ce dernier, nu et son procès au cou, de l’autre côté du ruisseau de Jemenel , et le remettre au prévôt de Charmes, lequel en faisait faire l’exécution (1).
1. V. Annuaire de la Meurthe, 1853.

En l’année 1695, divers achats furent faits pour l’ornementation et l’ameublement de la chapelle. Dans une liasse ayant pour titre : Améliorissements de Xugney, nous trouvons les quittances suivantes, présentées aux commissaires chargés d’examiner l’état de la commanderie : « Quittance sous seing privé, signée François Toussaint, sculpteur à Toul, de la somme de 5 livres pour vente d’un marbre posé à la chapelle dudit Xugny, en date du 3 avril 1695. Gy .......... 5 livres. »

« Quittance sous seing privé de la somme de 9 livres payée par ledit sieur commandeur à Nicolas Vincent, libraire à Toul, pour un missel romain posé à la chapelle de Xugny, du 25 avril 1095. Signée N. Vincent. Gy ....... 9 livres. »

« Quittance, par acte reçu Henrion, de la somme de 89 livres payée à François Lanty, orphebvre à Toul, pour vente et délivrance d’un calice et Patène d’argent dont la coupe et la Patène sont dorées, icelle somme payée par ledit sieur commandeur qui a destiné ledit calice pour l’usage des chapelles de sa commanderie suivant que nous l’avons remarqué dans notre procès-verbal cy-dessus en date du 9e juin 1696. Cy.............. 89 livrés. »

« Plus nous a encore esté produit quittance par acte reçu Henrion, du 9e juin 1696, de la somme de 62 livres payée à Luc Lamoureux pour fourniture et façon d’une chasuble d’étoffe à la mode, fournye de ses manipule et étoile, voile de calice et corporalière, un parement d’autel de mesme, d’une aube avec son cordon et amict, etc. Cy ....................... 62 livres. »

On trouve ensuite une quittance relative à la desserte des chapelles, et qui est ainsi conçue : « Une quittance sous seing privé, signée N. V., chanoine régulier, procureur de St Léon, en date du 11e juin 1696, de la somme de 140 livres payée aux chanoines réguliers de son ordre et de sa maison pour la desserte de la chapelle de S Jean de Libdo, érigée dans les bâtiments étans à Toul, et ce pour les années 1692, 93, 94 et 1695 inclusivement, l’année 1696 ne devant écheoir qu’au 5e d’aoust de l’année présente, estant à remarquer que cette desserte est pour satisfaire à celle due à la chapelle de Xugny qui n’a pu être desservie jusqu’à présent pour les raisons cy-devant dittes. Cy .......... 140 livres.

Le procès-verbal suivant, daté de juin 1696, relate les différents objets mentionnés dans les quittances qu’on vient de lire, et les raisons qui empêchèrent la desserte de la chapelle pendant plusieurs années :
« .... Le lendemain huitième étant sortys dudit Sepvigny (Savigny), serions venus à Xugney, distant d’un quart de lieue dudit Sepvigny, et y estant arrivez sur les sept heures et demy du matin avons trouvé Charles Cuny, fermier de ce lieu, auquel nous nous sommes adressez pour qu’il eût à nous remettre les clefs des chapelle et bastimens affin d’en faire la visitte à laquelle avons procédé comme s’ensuit, sçavoir : « Que nous étant présentez à la porte de la chapelle et ouverture d’icelle ayant été faitte après nos prières ordinaires, nous ont été apportez plusieurs ornements qui se conservent chez le fermier, desquels on se sert pour la célébration de la sainte messe, et premièrement :
— Un calice armorié des armes de feu M. le commandeur de Pernes, avec sa Patène d’argent dont le pois peut être d’un marc et quelques onces dans son étuy de bois noircy.
— Une chasuble de brocantine fournye de ses manipulle, étolle, voile de calice et corporal, de mesme estoffe, avec un parement d’autel, le tout galon d’or faux, fourny par ledit sieur commandeur.
— Une autre chasuble de futaine à fleurs, fournye d’étolle et manipule, voile de calice et deux pannes, cinq corporaux, deux essuye mains, une palle (1), deux aubes, l’une toute neuve fournye par ledit sieur commandeur, avec son cordon et amict, l’autre vieille sans cordon avec son amict seulement, quatre nappes d’autel, une de grosse toille pour mettre dessous, une seconde de toille finne, toutes les deux neuves et fournyes par ledit sieur commandeur ; les deux autres vieilles et en partye usées, un missel romain tout neuf couvert de veau gris, doré sur tranche, au dedans duquel sont escripts ces mots : In nomine Domini, amen ; le présent missel a été fourny par M. de Certaine de Vilmolin, commandeur de Xugny..........
1. On nomme pale ou palle un carton carré, garni en dessous de toile blanche et en dessus de divers ornements, qui sert à couvrir le calice quand on dit la messe.

— Deux burettes d’estain, une clochette pour la messe, qui sont tous les ornements destinez pour la desserte de cette chapelle, qui, à l’instant, ont été restituez audit Cuny.
— Et sur l’autel est un gradin à deux marches sur lequel sont deux figures en relief, l’une de la Vierge et l’autre de sainct Jean-Baptiste, notre patron, sous l’invocation duquel est dédiée cette chapelle.
— Une croix de bois noircy avec son christ et plusieurs plaques de cuivre, deux chandeliers de mesme métail, un vieil parement d’autel de damas blanc au milieu duquel est une croix de Malthe de galon de soye blanche, attaché sur un cadre de bois de chesne.
— Un marbre encastré suivant qu’il étoit énoncé par l’ordonnance prioralle, deument consacré, suivant que nous l’avons reconnu par les marques y étantes ; un marchepied d’aix de sapin tout neuf fourny par ledit sieur commandeur, de mesme que le marbre, le gradin, les crucifix et chandeliers cy-dessus énoncez, le tout conformément à l’ordonnance prioralle. »

« Et nous estant enquis du sieur de La Magdelaine, au nom dudit sieur commandeur, quelles sont les obligations de messes en cette chapelle, il nous auroit répondu y en être dit une par fête et dimanche, et pour avoir connaissance si on s’en acquittoit exactement, nous nous serions addressez audit fermier qui nous a assurez que ce n’étoit aucunement par la faute dudit sieur commandeur que la desserte ne se fait point régulièrement en cette chapelle qui se trouve éloignée de tous secours pour ce fait, attendu que les prestres et curés sont en obligation de desservir les églises les jours auxquels échet l’obligation de cette chapelle, et en même temps nous auroit ledit sieur de La Magdelaine représenté que pour en quelque manière parvenir à icelle, M. le commandeur avoit fait toutes ses diligences et par plusieurs fois auprès de Monsieur l’évesque de Tout pour qu’il luy plût accorder le binage à quelques curés voisins qui, au moyen de ce, pussent se charger de cette desserte, et n’en ayant pu rien obtenir qu’à des conditions onéreuses et préjudiciables aux droits et intérêts de cette commanderie, il auroit été obligé de faire célébrer lesdites messes d’obligation dans sa chapelle de Toul, où la chose s’exécute très ponctuellement et a ledit La Magdelaine signé avec ledit Cuny, qui nous a assuré de la mesme chose. »
Du mois de juin 1696 au mois d’avril 1711, nous n’avons rien trouvé concernant la commanderie, si ce n’est un inventaire analogue aux précédents.
En 1722, après avoir procédé à un inventaire, les commissaires délégués s’expriment ainsi : De plus, nous avons fait comparaître Louis André pour prêter serment sur le saint Evangile de dire vérité sur les demandes que nous avons à lui faire.

« Premièrement l’avons requis de nous déclarer si l’on célèbre la messe avec exactitude dans ladite chapelle ; a répondu que de temps immémorial on y avoit célébré le service divin selon l’intention des fondateurs et comme étant le chef-lieu de la commanderie, mais que par le malheur des guerres on avoit interrompu le service divin et on avoit esté obligé de le transférer à la chapelle domestique du sieur commandeur, attenante l’hôtel de Malthe à Toul, et que feu M. le commandeur Duchon, voyant la tranquillité de la guerre que jouissoit le païs, demanda au chapitre d’ordonner à frère Claude Royer, en qualité de grand-vicaire, qu’il eût, aussitôt le chapitre fini, à se transporter sur les lieux pour s’informer si ladite chapelle n’avoit pas été profanée ; y étant arrivé, non seulement François André, ancien admodiateur de la commanderie, mais aussy M. Fery Vautrin, curé de Savigny, et plusieurs autres particuliers assurèrent qu’à la vérité ce service actuel avoit été interrompu, non seulement par rapport à ce que MM. les évêques de Bissy et de Camilly n’ont jamais voulu permettre à aucun de leurs prêtres de biner, et cependant les admodiateurs jusqu’aujourd’huy n’ont pas cessé d’y faire dire la messe de temps en temps par des religieux exempts ; l’ayant donc trouvée dans cette situation, avons requis le sieur Dominique Royer, comme représentant la personne de mondit sieur le commandeur, de remettre les choses sur l’ancien état ; a répondu que les messes d’obligation se célébroient à Toul, comme il l’a déjà déclaré en l’article qui concerne la chapelle proche l’hôtel de Malthe ; mais aujourd’huy, pour suivre les intentions de nous commissaires, il les fera célébrer à Xugny qui est le chef-lieu, à l’effet de quoy tiendra la main à ce que les amodiateurs y soient exacts. Ce que ledit Louis André nous a promis par serment. Ensuitte de quoy nous avons procédé à la visite de ladite chapelle, en dehors et en dedans, que nous avons trouvée en très bon état ; et ayant remarqué qu’il n’y avoit jamais eu de barreaux aux vitrages, ce qui étoit cependant de grande conséquence, de mesme qu’une croix au pignon qui est la marque que c’est là le temple du Seigneur, le sieur Royer s’est soumis a y en faire mettre, et que la croix sera de fer en forme de croix de chevalier de Malthe... »

Ainsi qu’on a pu le voir dans les titres qui précèdent, la commanderie de Xugney était, comme beaucoup de commanderies de Lorraine, une ferme exploitée par un amodiateur ou fermier, moyennant un canon annuel.
La pièce suivante nous montre quelles étaient les diverses redevances et obligations dues par le fermier : 1696. — Admodiations en grains.
« Acte en papier du 21 septembre 1693, reçeu D. Etienne, notaire royal à Charmes, d’un bail passé pour six ou neuf années, au choix dudit sieur commandeur, au profit de Charles Cuny, laboureur et fermier de Xugny, pour la moitié des terres et preys dépendant de ladite commanderie, moyennant la quantité de 37 paires de rezaux, par moitié froment et avoyne, mesure de Nancy, pesant le rezal cent soixante livres, en outre six chapons, trois cochons gras propres, d’un an et demy à deux ans, huit livres de chanvre, etc. ; faire exercer à ses frais la justice à Xugny et desservir la chapelle y étant, et en fournir quittance, lesdits grains, cochons chapons et autres choses devant être conduits à Toul aux frais dudit Cuny. »

« Il est à présumer qu’en 1762 des réparations importantes furent effectuées à la commanderie, car nous trouvons, à la date du 23 août de cette année, un inventaire détaillé des bois employés à la réparation de la maison de Xugney. »
« Le 25 août de la même année eut lieu la visite des commissaires chargés de procéder à l’inventaire et à l’inspection du mobilier et des bâtiments. Le procès-verbal d’inventaire que nous trouvons en-suite est de 1780. Il est conçu dans les mêmes termes que ceux qui sont mentionnés plus haut.
Nous nous bornerons à reproduire le passage suivant : « Enquis dudit sieur Chevalier de Fontenoy s’il y a des messes de fondation à acquiter en ladite chapelle, et si le vénérable bailly a soin de l’y faire célébrer les dimanches et festes. »
« A dit que le vénérable bailly y fait régulièrement célébrer la messe, les festes et dimanches, et qu’elles sont acquittées par le sieur Vosgin, vicaire de Rugney, que le fermier est tenu d’en acquitter la rétribution. »
« Enquis de François Toussaint, fermier dudit Xugny, si lesdites messes s’acquittent exactement, a répondu que oui, et qu’il paye annuellement pour rétribution au vicaire de Rugney la somme de cent livres de Lorraine »
Voilà les seuls titres concernant la commanderie de Xugney que l’on possède, les archives ayant été probablement vendues ou détruites, comme bien d’autres, à l’époque de la Révolution.
La commanderie possédait des terres sur le territoire d’un grand nombre de communes, telles que : Rugney, Florémont, Bouxurulles, Ambacourt, Rapey, Jorxey, Vaubexy, Bazegney, Bouzanville, Blémerey, Fresnes, Saint-Firmin, Forcelles-sous-Vaudémont, Frenelle-la-Grande, etc..., ainsi que nous l’indiquent les terriers faits en 1656, 1682, 1711, 1736 et 1763.

Le terrier de 1656 a été fait par ordre de Me Pons Renepont, commandeur de Xugney.
Celui de 1682, par ordre de Me Gaspard de Pernes, commandeur.
Celui de 1711, par ordre de messire Louis Descrot-Duchon, commandeur. En tête se trouve un lavis fort bien exécuté, représentant les armes du commandeur, et portant la mention : « Nobilis Houat fecit »

Celui de 1736, a été fait par ordre de messire Claude de Thiard de Bissy, commandeur. Ses armes, au lavis, se voient en tête du terrier, et sont évidemment de la même main que les précédentes, quoique non signées. Enfin, le terrier de 1763 a été fait par ordre de Me Louis Robert de Bermonde, commandeur.
Voici la liste des commandeurs de Xugney dont les noms sont parvenus jusqu’à nous (1)
1. j’emprunte cette liste au travail de M. Lepage, cité plus haut.
1459. — Ferry, dit de Lunéville, fils naturel de Charles II et d’Alison Dumay.
1630. — Charles de Lorraine.
1656. — Pierre Pons de Rennepont, receveur général au grand prieuré de Champagne, commandeur de Xugney et Libdeau.
1682. — Gaspard de Pernes, commandeur de Xugney et Libdeau.
..... — Certaine de Vilmolin, commandeur.
1711. — Louis Descrot Duchon, commandeur de St-Jean-de-Toul, de Xugney et Libdeau, chef d’escadre des galères du roi.
1736. — Claude de Thiard, chevalier de Bissy, bailli, grand-croix de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem.
1739. — Biaise-Léopold Le Prudhomme de Fontenoy, chevalier bailli, grand-croix de l’ordre, grand prieur de Champagne, commandeur de Toul et Xugney.
1740. — M. de Vagny.
1763. — M. Louis-Robert de Bermonde, commandeur de Toul, Xugney et Libdeau.

Je terminerai cette courte notice en donnant la description des bâtiments encore debout de la commanderie de Xugney. Les bâtiments d’exploitation n’offrirent rien de remarquable, si ce n’est la tour, qui est à un angle du mur de clôture, et dont il est fait mention au commencement de ce travail. Mais la chapelle, qui subsiste encore dans son entier, quoique mutilée et séparée en deux parties par une muraille élevée en avant du chœur, mérite l’attention. Les voûtes ont disparu, mais le portail est conservé et offre d’intéressants détails.
Il se compose de six colonnes, placées trois de chaque côté et ornées de chapiteaux variés. L’archivolte est formée de gros tores de même grosseur que le fût des colonnes, mais sans aucune sculpture.
Les chapiteaux, tous variés, sont ornés de feuilles de différente nature ; sur quelques-uns on voit des rosaces dans le tailloir et l’on remarque à la base des colonnes, sur l’angle de la partie carrée du socle, des pattes sculptées, ainsi que cela se trouve dans les monuments d’architecture romane (1).
Au-dessus du portail se voit une corniche offrant une particularité remarquable. Elle se compose de deux rangs, placés l’un au-dessous de l’autre, de petits arcs trilobés d’un effet gracieux (2).
Il existait primitivement une rosacé, malheureusement cette façade de l’édifice a été affreusement mutilée par l’ouverture de deux fenêtres carrées, l’une à la place de la rose, l’autre à la place du cintre et du tympan du portail.
La nef était percée de six fenêtres à plein-cintre avec ébrasement évasé sur les deux faces. Elle était plus élevée que le chœur, ainsi qu’on peut le voir par le profil joint à cette notice (3).
Les murs sont fortement déversés en dehors et ne se trouvent soutenus que par des constructions modernes qui y sont adossées.
Le chœur, à pans coupés, indique déjà l’époque de transition de l’architecture romane à l’architecture ogivale, c’est-à-dire la fin du XIIe siècle ou le commencement du XIII siècle.
Il est éclairé par cinq fenêtres à plein-cintre avec ébrasement évasé comme celles de la nef. A l’extérieur, les fenêtres sont décorées de grandes arcades feintes, reposant sur des pilastres formant l’angle des pans coupés. Au-dessus et tout autour du chœur règne une corniche ornée de modillons cubiques, sans ornement, mais cependant variés (4).
On voit encore l’autel, composé d’un massif de moellons, couronné par une tablette de pierre, sur laquelle on distingue la place du marbre consacré, mais qui a été enlevé. On montait à cet autel par trois marches en bois, dont il reste quelques débris.
Dans l’intérieur de la chapelle il n’y a ni inscription, ni sculpture, et on ne voit rien de remarquable qu’un chapiteau roman d’un bon style et une retombée de voûte se terminant en cul de lampe.
1. Voyer plan I, figures 1, 2, 3, 4.
2. Voyer plan II, figure 3.
3. Voyer plan I, figure 5, et plan II, figure 2.
4. Voyer plan II, figures 2 et 3.

Plans
Sources : QUINTARD. Mémoires de la société d’archéologie de Lorraine et du Musée,Historique Lorrain, troisième série, 5e volume, page 355. Nancy 1877. Google

XXI. NORROY
Département: Vosges, Arrondissement: Neufchâteau, Canton: Vittel - 88

Domaine du Temple de Norroy
Domaine du Temple de Norroy

(Nogaretum-ad-Variam). On a vu plus haut que le temple de Norroy fut fondé vers l’année 1219, par Henri, fils aîné de Hugues III, comte de Vaudémont (1). Nous croyons que cette maison était préceptoriale.
En 1239, Ferry de Morhange, qui la gouvernait, fit un accord avec les religieux prémontrés de Flabémont, au sujet des propriétés qu’ils possédaient dans une localité que l’acte nomme Sarcels, et que nous ne connaissons plus sous cette dénomination.
Le temple de Norroy fut administré plus tard par un précepteur de la maison d’Anglure, dont, au siècle dernier, on voyait encore l’écusson sur les murs d’enceinte.
Au moment où l’ordre fut supprimé, la maison de Norroy devint la propriété des Hospitaliers, qui l’unirent à leur ancienne Commanderie de Robécourt (2). Le revenu de cette Commanderie était de 3000 livres, au moment où le P. Benoit rédigea son Pouillié ; mais comme il ne fait pas connaître le détail des biens qui dépendaient de Robécourt, il nous est impossible d’indiquer la valeur et même la situation de ceux qui avaient appartenu au temple de Norroy.
1. La Maison de Vaudémont était fort dévouée à l’ordre du Temple, et Hugues de Vaudémont, fils du comte Gérard II et frère de Gérard, évêque de Toul, avait fait profession dans cet ordre, pendant la seconde moitié du XIIe siècle. En 1186, il se trouvait dans l’abbaye de Beaupré, où l’avaient amené les affaires de son ordre.
— V. L’ouvrage du P. M. Jeune, tome I, page 362.
2. V. Le même ouvrage, tome I, page 362 et tome II, pages 44 et 45. C’est à tort que le P. Benoit et Dom Calmet ont écrit que Robécourt avait primitivement appartenu aux Templiers ; les anciens pouillés du diocèse de Toul ne mentionnent que douze maisons de cet ordre.


XXII REUSANVILLE
On n’a pu jusqu’à présent déterminer la position de ce temple, dont les biens ont dû être réunis au domaine ducal, et qui n’est mentionné que par les anciens pouillés du diocèse de Toul.

XXIII. BARU OU BARROIS
Nous ne savons rien non plus sur le temple de Baru ou Barrois, qu’indiquent cependant les anciens pouillés.

Diocèse de Trèves. XXIV LONGUYON
Département: Meurthe-et-Moselle, Arrondissement: Briey, Canton: Longuyon - 54

Domaine du Temple de Longuyon
Domaine du Temple de Longuyon

Le temple de Longuyon fut, selon toutes les apparences, établi au XIIe siècle ; et il paraît qu’à la maison servant de logement aux chevaliers, était annexé un hôpital destiné aux pèlerins. Nous avons dit plus haut que la duchesse Agnès, veuve de Ferry II, avait, pour se dispenser d’aller elle-même en Palestine, fait des donations considérables aux Templiers. Le temple de Longuyon fut un de ceux qui eurent part à ses bienfaits ; en 1226, elle donna à celte maison le moulin de Longwy, à charge d’en employer les revenus à secourir les chrétiens de Syrie.

L’hôpital de Longuyon fut supprimé plus tard, et il ne resta de l’établissement des Templiers qu’une chapelle dédiée à Saint-Nicolas. Celte chapelle subit, en 1750, le même sort que l’hôpital ; lesbiens qui en dépendaient furent affectés à l’entretien de l’hôpital de Longuyon, et le titre de la chapelle fut réuni à la cure de la ville. Vers l’époque de cette réunion, on voyait encore au-dessus de la porte d’entrée de l’édifice une croix et douze croissants, qui dataient, selon toutes les probabilités, du temps où les Templiers étaient propriétaires de cette chapelle (1).
1. V. Notice de la Lorraine, tome I, col. 683 et 685.

XXV. PIERREVILLERS
Département: Moselle, Arrondissement: Metz, Canton: Rombas - 57

Domaine du Temple de Pierrevillers
Domaine du Temple de Pierrevillers

Pierrevillers, village du Barrois, à deux lieues de Longuyon. Le Temple fut cédé aux Hospitaliers et devint une Commanderie, dont le titulaire était seigneur et décimateur de Pierrevillers ; il y exerçait les droits de haute, moyenne et basse justice ; mais nous ne connaissons pas le revenu et par conséquent l’importance de cette Commanderie (1).
1. V. Mémoires alphabétiques, etc., par de Maillet, page 306, et l’ouvrage de M. Viville, cité plus haut, tome II, page 319.

XXVI. BRAUX. Diocèse de Chalon-sur-Marne.
Département: Meuse, Arrondissement: Bar-le-Duc, Canton: Ancerville - 55

Domaine du Temple de Braux
Domaine du Temple de Braux

Braux (Bracus ou Braca), près d’Ancerville, dans le Barrois et le diocèse de Chàlons-sur-Marne.
Celle maison fut fondée par Renauld de Bar, seigneur d’Ancerville, troisième fils du comte Henri II. Ce prince mourut sans enfants, le 22 juillet 1271, et se fit enterrer dans l’église des Templiers de Braux ; au commencement du siècle dernier, on y voyait encore son tombeau en bronze. Cette maison devint, comme tant d’autres, la propriété des Hospitaliers et forma une Commanderie du rang des Frères-Servants, qui rapportait annuellement environ 1600 livres (1).
1. V. Mémoires historiques de la province de Champagne, par Baugier, tome II, page 396.

CONCLUSION
Telles sont les maisons de l’ordre du Temple dont l’existence est constatée, soit par des témoignages historiques, soit par d’anciens pouillés, qui ont une grande autorité en matière semblable. Nous aurions pu augmenter considérablement la liste que l’on vient de parcourir, si nous avions donné créance à toutes les traditions concernant cet ordre célèbre.
De même que l’on décore du nom de camp romain ou de camp de César toutes les élévations de terrain où l’on croit remarquer les vestiges d’un agger ; de même on appelle maison de Templiers toutes les ruines du moyen âge dont on ne connaît ni l’origine ni la destination.
C’est ainsi que l’on place des Temples à Toul, à Bacourt, à Morey, à Hampont, à Foulcrey, à Haraucourt, à Hattigny, à Giriviller, et dans une foule d’autres lieux où les Templiers n’ont jamais paru.
Au reste, nous ne nous dissimulons pas qu’il est possible d’ajouter quelque chose à ce travail qui n’est point exempt de lacunes et peut-être même d’erreurs ; mais nous nous flattons cependant d’y avoir réuni des matériaux fort utiles pour l’écrivain qui voudrait composer une nouvelle histoire de l’ordre du Temple.
Sources : Digot Auguste. Congrès archéologique de France. Séances générales tenues à Metz, à Trêve, à Autun, à Chalons et à Lyon, en 1846. Paris 1847. Google

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