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Études réalisées sur les Templiers

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Note sur deux « Esserts » en Haute-Savoie

Temple de la Sauveté
Localisation du Temple de la Sauveté

Cette présentation de deux essarts du Moyen Age est le résultat d'une découverte très récente, qui ne m'a pas laissé le temps d'approfondir cette recherche. Elle se réduira ici à un rapprochement fortuit de deux formes d'essart tout à fait particulières, sur nos magnifiques « mappes » du XVIIIe siècle.

Ces « mappes » dessinées et colorées sur papier entoilé, dont certaines mesurent plus de six mètres de long, sont conservées aux Archives dépar-tementales de la Savoie et de la Haute-Savoie. Elles sont l'œuvre de l'admi-nistration sarde du duc de Savoie, Victor-Amédée II, roi de Sardaigne, et ont été réalisées de 1732 à 1738. Chaque carte couvre le territoire d'une commune, avec ses cours d'eau, ses parcelles boisées ou cultivées, ses bâtiments. Elles sont accompagnées des documents permettant d'étudier l'histoire de chaque maison, de chaque terrain depuis 1732.

Désirant étudier l'histoire d'une sauveté ayant appartenu aux Templiers, dès le début du XIIIe siècle, puis aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, je voulus voir son implantation sur cette carte sarde. Elle se situe en un lieu-dit La Sartaz actuellement, sur la commune de Passeirier, à trois kilomètres environ de La Roche-sur-Foron, dans le bassin de l'Arve, en Faucigny.

Temple de La Sauveté
Le Temple de la Sauveté et sa forme polygonale

En découvrant sa forme polygonale, elle évoqua tout de suite, pour moi, celle des sauvetés telles qu'elles sont décrites dans les textes, notamment celles du Sud-Ouest, étudiées tant par P. Ourliac (1) que par Charles Higounet (2), et plus particulièrement dans le texte relatif à la création de celle de Vieux-en-Albigeois, en 1987 (3). Seul, le diamètre m'en semble plus restreint ici: trois à quatre cents mètres. On y voit encore la chapelle templière, aujourd'hui disparue, le chœur est désaxé par rapport à la nef, était-il polygonal ?

Dans les textes et archives de l'Ordre de Malte, elle est dite: « Temple de la Sauveté » ou « Temple de la Salvettaz » (4), ce qui laisse penser que la sauveté existait antérieurement au Temple, à cet endroit, que ce ne sont pas les Templiers qui l'ont fondée, contrairement à ce qui s'est souvent passé au XIIIe siècle. Il me semble que, dans ce cas, on eut dit: «  la sauveté du Temple  », comme à Devesset, ou en d'autres lieux. Elle est souvent associée dans les textes au membre voisin de Moussy, ces deux membres dépendant de la commanderie de Compesières en Genevois. Elles sont à peine distantes de cinq kilomètres l'une de l'autre.

A Moussy également, on retrouve sur la carte sarde une forme ronde, beaucoup plus vaste et limitée sur le terrain, non par un chemin comme à la Sartaz, mais de vestiges de murs. Là, le diamètre est au minimum de 1.500 mètres. La chapelle templière y subsiste encore, rare vestige de l'art roman en Savoie.

Clermont-en-Genevois

Département: Haute-Savoie, Arrondissement: Saint-Julien-en-Genevois, Canton: Seyssel - 74
Je voulus observer sur la commune de Clermont, en Genevois également, un autre membre de Compesières, appelé l'Hôpital-sous-Clermont, où il ne subsiste rien aujourd'hui. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, à une distance de deux kilomètres environ, un hameau appelé L'Essert, de la même grandeur et de la même forme ronde que celui de La Sartaz

Essert de Clermont
Essert de Clermont et sa forme polygonale

C'est ainsi que je me rendis compte que le Temple de la Sauveté de Passeirier était un essart; en effet, dans les textes on trouve indifféremment la sauveté, appelée La Sartaz ou La Sertaz. Alors que La Sartaz de Passeirier « semble » ne pas se situer sur une grande voie de passage est-ouest, connue des historiens par le réseau de voierie romaine, dans cette région, par contre, l'Essert de Clermont est placé sur un lieu de passage important. Un texte du XVIIe siècle en fait foi. C'est l'acte de fondation d'une chapelle datant de 1682, disant: «  ...en ce lieu d'Exert, qui est un lieu de passage tendant de Rumilly à Genève et à Seyssel...  » (5), il semble qu'à La Sertaz, on se trouve plutôt sur le tracé d'un passage nord-sud, beaucoup plus antique, des voies menant vers Rome et Jérusalem à travers les Alpes. L'église voisine d'Amancy est dédiée à saint Jacques et à saint Christophe.

Elle semble avoir été fondée par la grande famille savoyarde des de Menthon. En effet, dès 1203, elle fait l'objet d'un legs dans le testament de Thomas Ier de Menthon.
Je la retrouve ensuite dans un acte de la même famille, en 1251, où il est question de l'hommage qui lui est dû (6).

Sur le terrain, à La Sartaz, un examen montre encore le chemin circulaire qui a sans doute succédé à une palissade de protection; quelques bâtiments agricoles subsistent; au nord, à l'orée d'un bois, on distingue fort bien des fossés et des levées de terre. Un sondage archéologique apporterait sans doute des éléments de réponse importants sur l'histoire de cette sauveté, le terrain n'ayant subi aucune modification importante depuis le Moyen Age.

Ce sont là les observations les plus frappantes que j'ai pu faire dans un laps de temps très court, et que j'apporte comme humble contribution. J'ai observé quelques vingt autres Esserts sur la « mappe » sarde; seuls, deux ou trois autres pourraient éventuellement être rapprochés de ces deux-là, mais tous les autres semblent plus tardifs, et correspondre simplement à des zones de défrichement forestières.
1. P. OURLIAC, Les sauvetés de Comminges, Toulouse, 1947.
2. Charles HIGOUNET, « L'occupation du sol du pays entre Tarn et Garonne au Moyen Age », dans Annales du Midi, 1953, et « Les sauvetés de Moissac », ibid., 1963.
3. E. MAGNOU-NORTIER, La société laïque et l'église dans la province ecclésiastique de Narbonne, thèse lettres, Toulouse, 1974.
4. Archives départementales Haute-Savoie, 25 H.
1 à 6; Archives départementale Rhône, 48 H, Ordre de Malte.

Sources: Christiane BOEKHOLT

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