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Commanderie Hospitalière de Salau (09)

Les possessions de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et du Temple dans le Couserans et le Comminges (1)

Chapelle Hospitalière de Saulau
Sources de l'image Pierre G 09
Pierre G 09

L'ouvrage intitulé : Ordre de Malte. Histoire du Grand Prieuré de Toulouse, par M. A. Du Bourg (Toulouse 1883), contient à la page 143, un court chapitre 10 intitulé : Saint-Girons — Audinat (sic) — Sallan (sic) et ainsi conçu : « Les archives nous faisant complètement défaut, pour ces différentes possessions de l'Ordre dans la partie montagneuse de l'Ariège, nous ne pouvons que les mentionner ici ; elles devaient constituer primitivement une petite commanderie réunie dans la suite à cause de son peu d'importance à celle de Caignac (2). Notre-Dame de Sallan (lire: Salau), qui en dépendait et qui même lui avait donné son nom, était une chapelle bâtie dans les régions les plus abruptes des Pyrénées ».

Et c'est tout. Il est vraiment surprenant que les liasses Salau, Saint-Girons et Caignac aient échappé aux longues recherches faites par l'auteur de l'Histoire du Grand Prieuré de Toulouse dans le fonds de Malte qui se trouve aux Archives départementales de la Haute-Garonne et qui lui ont fourni les éléments d'un ouvrage, considérable en vérité, mais pas toujours exact.

Il eut puisé dans les liasses Salau, Saint-Girons particulièrement, des renseignements qui l'eussent empêché d'écrire que cette commanderie était « de peu d'importance » et qu'il s'agissait simplement « d'une chapelle bâtie dans les régions les plus abruptes des Pyrénées. »
J. de Lahondès et l'abbé Samiac, qui ont connu et apprécié ces documents, s'en sont servis pour des monographies.
Nous n'avons nullement l'intention de refaire l'historique des commanderies qui seront énumérées parmi les possessions des Ordres de Saint-Jean et du Temple en Couserans et en Comminges, — Montsaunès, Saint-Gaudens et autres, — suffisamment exposé dans l'ouvrage précité. Mais nous ferons une exception en ce qui concerne Salau ; elle s'explique surabondamment, puisque l'histoire n'en a pas été rédigée.

Commanderie de Salau (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.)
Dans les Mémoires de la Société Archéologique du Midi, année 1879, M. J. de Lahondès a décrit la chapelle de Salau, dont il a dessiné lui-même sur deux planches l'ensemble et quelques détails caractéristiques, tout à fait remarquables. Il place au XIe siècle la construction de cet édifice, dont il attribue la fondation soit à la seconde femme du roi de Castille Alphonse VI, soit à la femme d'Alphonse le batailleur, roi d'Aragon, en ajoutant toutefois qu'il ne s'agit que d'une « tradition ». Cependant il retient deux dates marquées sur trois pierres « au dix-huitième siècle » : 1081 sur deux pierres et 1081 sur une troisième ; et il se demande si elles n'ont pas été tracées l'une et l'autre pour garder « le souvenir d'une date écrite en caractères du temps et détruite avec les parties du monument qui la portaient », celui-ci ayant subi quelques mutilations à la fin du seizième siècle. Nous ne saurions corroborer cette hypothèse, faute de renseignements. Ces deux chiffres n'indiqueraient-ils pas plutst la distance en toises de Salau à la frontière, marquée lors de la délimitation faite par P. de Marca et les autres commissaires au XVIIe siècle ?

Comme le dit M. J. de Lahondès, on ne connait pas l'époque précise à laquelle les hospitaliers de Saint-Jean vinrent à Salau ; mais nous entrons dans l'histoire certaine de leur établissement avec le XIIIe siècle, par un acte de vente (3) fait en faveur de l'hspital de Sainte-Marie de Salau et du seigneur commandeur d'Artigue, daté de 1203. Les liasses Salau et Saint-Girons ne contiennent, en effet, aux Archives de la Haute-Garonne, que 45 actes allant de 1203 à 1751, ce qui indique bien que pour cette commanderie comme pour un très grand nombre d'autres les documents antérieurs au XIIIe siècle sont peut être irrémédiablement perdus ; il manque même dans cette liasse les numéros 10 et de 14 à 18 (Salau) et 2 dénombrements (Saint-Girons) qui sont analysés dans l'inventaire de la Commanderie de Caignac (même fonds, registre 4.9 bis), ce qui porte à 51 le nombre de document existants.

Quoi qu'il en soit de cette perte des documents antérieurs au XIIIe siècle, les indications succinctes que nous avons données en commençant sur la marche des Hospitaliers et des Templiers dans le massif pyrénéen et le fait historique de la participation de ceux-ci à la lutte contre les Maures pendant le XIIe siècle, — continuation de celle entreprise au XIe siècle sous l'effort de Cluny, — nous paraissent une base suffisante pour affirmer la présence des Hospitaliers à Salau avant le XIIIe siècle ; l'acte de 1203, que nous allons publier, est loin de détruire notre affirmation.

Voici cet acte : In nomine domini. Sabedora causa es que jo, Pey d'Ost (4), le fil d en Arnald de Palars (5), mesi penz (6) la quarta part del me dreit de Saused (7) e la quarta part del camp de la artiga d Angols (8), el me dreit del camp de Peira Fita (9) e I me dreit de las delmas (l0), per mi e per tot mo orden (11) e que ac deg fer bo (12) de totz omes a Dieu e al espital de Sainte Maria de Salau e al comanador Domech de la Artiga (13) e als abitadors del espital qui sober escriut es. per. Xxx. sols de bos morlas que mi prestaren. Vezens et auzens Ponz de Puiol. en Cortes. e W. Joan. et Bertran d Ost. et Roger de Sen Gauzenz. e Pons Delmas. Ista carta Wuilhelmus medicus, scripsit per manament d aquetz qui sober escrius sont anno dominice incarnationis mº, cc. iij. R. F. in Francia. R. Convenarum. Pe Nanar elect (14).

Il résulte de ce document que Salau était une commanderie en 1203. Or, les Hospitaliers, — de même, les Templiers, — ne créaient une commanderie que là où ils pouvaient grouper d'autres possessions appelées : membres, groupement qui, à notre avis, ne se faisait et ne pouvait se faire qu'après une assez longue occupation des différents lieux qui la composaient.
L'acte suivant que nous donnons en entier à cause de son importance linguistique et historique, se rapporte vraiment aux possessions de la commanderie. Il est daté de 1220, si l'on prend à la lettre les indications portées à la datation, mais il est en réalité antérieur à cette date, ainsi que nous le démontrerons dans la note 18 — (15).

In nomino domini nostri Ihu xristi. Sabedura causa es ge Amel Galin e pey galin (16) an uenuda la ila Crabilgas erma e cundreta embes (17) le bazercal a dieu e a senta maria e al espital de Salau per luur e per tut lur orden. per um boeu de. x. x. x. solz aalau (leau ?); e si clam ia, zeisia he turnin e (le) camp da cumbalunga, aualen de la ila. domeh de I Artiga, commanadur, uezens e auzenz calabas. en pey cabut. en ramun bacer e domeh cabapt. e gilera de uit. e ramun de zauina. e mulz (molts). e aco fo fait de uan (sic) la porta de la cleisa mense septembris anno incarnacione domini m. c. c. x. x. llans reg filip franca (sic). Nau. auesce de Coserans. roger senor, fil de na lazi. domeh lo neps. [deu coma]adur scripsit ista carta per manament d ahestz qui sunt sober es[criutz] (18).
En mars 1221 (1222 n. s.), ce même Pierre Galin et Raimond, son fils, avec l'assentiment de son autre fils appelé Amelius et de ses filles, complétèrent la vente de l'île de Crabilgas en cédant au commandeur de Salau la partie de cette ile située au-dessous de Castoaga, depuis le Salat jusqu'à la route, pour xij. sous morlas. Cette île devait être importante, puisque la partie en aval de Castoaga constituait un alleu. A la datation figurent, avec Philippe roi de France, Roger de Comminges, comte de Pailhars et vicomte de Couserans, C. l'évêque de Couserans (19).

La même année, le 4 avril (20), Arnald, Pons et Bertrand, fils d'Arnald d'Ost, donnèrent la terre dite : « a prat », située dans la ville d'Oust, pour le repos de l'âme de leur père, de leur mère et de leurs oncles et de tous les défunts.
Le 8 septembre 1226 R. de Galin, et Amélius d'Acxcessa, (Seix), probablement ceux qui sont désignés comme fils de P. Galin dans l'acte de mars 1222 (n. s.) ci-dessus, donnèrent pour 20 ans la moitié du champ de Combelongue pour le prêt de 15 s. morlas ou d'un boeuf de prix égal, en se réservant que l'hspital pourvoira à leur existence, en cas de maladie ou de misère, et les fera ensevelir à leur mort comme un frère de l'Ordre. Parmi les témoins nous relevons le nom de Amelius Rubeus, scolaris. Factum est istut octavo kal. septembris in die nativitatis Béate Marie, anno ab incarn. domini mº DDmº (sic), XXmº VJtº (21).

En février 1234 (n. s.), Sans de Vela, fils de Maria Bataler, vendit sa terre de Cauzlag (22) à la maison de Salau pour le prix de V. S. morlas. A la datation : R[og]e, coms de Palars. princep en Coserans. C[erebrun], abesque (23).
Le 16 août 1235, Ponz de Pujol et na Gualart, sa femme, donnèrent ce qui leur appartenait sur les dîmes de Seis, leur part dels carts (redevances agraires) (24) et leur fille, na Blanca flor, comme donate de l'Ordre de Saint-Jean. A la datation : Lodoic, reg. de Fransa, (Louis IX), C[erebrun], abesque de Cozerans. Rog[e] de Com[en]ie. coms de Palars (25).

En 1242 (n. s.), le 20 janvier. B. de Bila et Dolsa, , sa femme, vendirent à l'hspital de Salau, la coma (combe) de Peira fita (26) pour 20 s. cle bons morlas. A la datation : xiij. Kalendas febroarii, feria prima. Lodovicus, rez francorum, C[erebrunus], episcopus, Rogerius Convenarum, comes Palarii, princeps, anno Mº CCº, XL. j.
La même année, le 7 février, D. Barau, Pierre Maurin, sa femme et ses fils G. et Pierre, ainsi que Dolsa mira (Doux regard) et la fille de celle-ci Guielma, vendirent à B. Durban, commandeur de Salau et ancien commandeur de Thor-Boulbonne, ce qu'ils possédaient « em burgs (27) » pour 30 s, de bons morlas. Datation : VIj. idus febroarii, sede vacante. Ludovicus, rex Francorum. Rogerius Convenarum, comes Palearii princeps. Anno domini. M. CC. XLj.

Le 17 mars 1243 (n. s.), Calvet de Cortz, sa femme Maria et sa fille Florensa, vendirent au même commandeur le camp de Coma longa (28) qu'ils avaient « per esposalzzi » (esposalisi = épousailles), pour 3 chèvres. Datation : XVJ kalendas aprilii, feria. IIJa. luna. XXa IIJa . Sede vacante. Rogerius Convenarum, comes Palearii, princeps. anno domini. Mº, CCº. XLº IJº (29).

Le 15 décembre de cette même année, Roger de Balaguer et Oden, son fils, donnèrent à l'hspital « la terra Galinaga (30), — qui es de la Taula (31) » a essus, colta e no colta. el casal Saurac (32) la meitad, saub las oblias, que us astancan (que eux, les donateurs, gardent). E la maiso de Salau que us arcuel (les accueille, les fasse participer), en totz los bes feitz (bienfaits) espiritals. nos e ls nostres totz temps, e la maiso que m a feita pratansa (prêt). I. sols sober aquest do ». Datation : mense décembre, feria. IJJa. luna 1a . anno incarnationis domini nostri Jhesu Christi, Mº CCº XLº IIJº (sans autres indications).

Le 25 août 1245, Oger de Fossag, Pierre et Auger, fils d'en Per d'Ost et de na Francha, donnèrent la terre qu'ils avaient « de la Taula a essus (33) » pour 20 s. de bons morlas qu'ils reçurent du Commandeur de Salau W. de Lirbat, et cela « per anima de nostre pair e de nostre mair. » Témoins : B, Cababp. W. de Palars. R. Ueler. Actum fuit hoc octo kalendas septembris. N[icolaus], episcopus. Rogerius Convenarum, comes Paleari, princeps. anno domini. Mº, CCº, XLº. Vº.

Dans un acte fort déchiré datant de 1246, Louis [IX] étant roi de France, Roger (?) comte et seigneur de Palhars (comite Paliarii domino), W. Osset, — dont nous retrouverons la famille dans un acte daté de Saint-Girons en 1271, -donna pour lui et pour tous les siens à Guilhem-Arnaud, commandeur de Salau et de Saint-Martin (34), la terre qu'il avait sur le ruisseau de Vinhals jusqu'à la pena (rocher) d'Anglas et à Fatabera (35) ; il donne également pour aumsne deux maisons provenant de sa « dona mai, na Noniais, » en rédemption de ses péchés et de ceux des fidèles chrétiens.

Le 16 septembre 1251, Guilhelme de la Sale, son fils et ses filles, confirment à frère Dominique, précepteur de Salau, la donation de leur part de la Serra de Peyrafita et du camp de Burx (36) faite antérieurement par leur père Raymond de la Salle. Datation : XVL. kal. septembris. Lodovico [IX]. rege Francorum. N[icolao], episcopo. R[ogerio] Convenarum, comite Paliarensi, dominus (sic). anno domini. M. CC. LJ. Bernardus Orancilii (?), puplicus (sic) notarius vallum hanc cartam scripsit.

Le 27 mars 1260, Centulle d'Aspet (37), fils de Brune de Sueys (38), de la volonté de ses frères Odon, Per Surdi (?) et R., donna à la maison de Salau tout le cens qu'il avait sur Bazer de Amolis (39). Datation : anno domini. Mº, CCº. LXº, quinto (sic) die exitu mensis marcii. Louis [IX], roi de France, Bernard, comte de Comminges (40), Nicolas, évêque de Couserans. Le notaire de Taurignan (41) écrivit cet acte.

Croyant utile de conserver l'ordre chronologique dans les pièces que nous transcrivons, nous donnons en entier le document suivant, d'abord parce qu'il mentionne des possessions de l'Ordre de Saint Jean dans la région de Seix qui ne sont pas indiquées dans les actes particuliers que nous avons utilises et aussi parce que les jugements des cours de Prosomes sont fort peu communs, quand il s'agit du XIIIe siècle. Il porte la date du 14 juillet 1263.

Sabedora causa es que cum fossan demanas e contensas (réclamations et contestations) entre moltas personas d Asseis, de la una partida. e frayr. W. A. comanair del hospital de Salau, de 1 autra, sobre terras qu els ditz homens de Aseis demanauan al dit comanair. e als sos. deuant Cort dels prosomes d Asseis, on se meteren e ma (en main). Auzidas las demanas e las deffensios de cada partida e desparadas (offertes, préentées) razos de cada part agut cosselh de prosomes. la Cort, que es a saber. R. Ner. en R. de Cortes. W. Sirguaut. B. Saurina. acordantz, dizen per judiament que. Pey de Maria. d'Asseis. deu cessar per totz temps de la demana que fazia al espital de Salau de la terra del Cap. de la Coma, de Serra Graeg. per que absoluen de la dita demana l'espital auan dit per totz temps ; e pausan cilenci sober Pey de Maria, o lobels (lire : el o be ls = lui ou bien les) seus, en la dita demana.

Item la dita Cort. de ceisa maneira aqui mazeis, ditz per juddiament. que. W. Peirat. e sos cosis. Pey Roi e At (?) Gendre, deuen cessar de la demana que fazian deuant lor du jornal de terra que es el oap de Bure, de Salau. en la riba. lequal demanauan al espital. per que, auzidas las razos (e) desparadas de cada part, agut coselh de prosomes asoluen l'espital de la dita demana per totz temps.

Item, aqui mazeis per ceisa razo, la dita Cort. per judiament. absoluec l'espital. de la demana d'Ar. A. de Uiela, filh de Gencer. de la terra de la Serra de la Folgarosa. per totz temps.

Item, la dita Cort aqui mazeis dee judiament. que. A. de Comporet. R. Od. deuen asoluer l'espital per totz temps, del deman qu'el fazian de las duas terras de Bure, lasqual son tota la terra que a Bure demanauan per lor e pe ls lors, laqual terra los ditz demanadors solueren per lor e pe ls lors, a l'espital.

Item, la dita Cort disseren per judiament aqui mazeis de la demana de R. Uidalat. de la terra de Bure, de Salau. que fo de. B. de Tolza. que cesse de la dita demana et que la solua. el dit R. Uiclalat que soluec la dita terra per totz temps al dit espital per si e pe ls sos Testes d'aquestas sentencias. frair. W. de Lirbat. e frair. Brus, e frair. D'uarquer. e frair. W. Cortes en R. Brunet. capera d'Aseis. e D. Ysarn, e R. Fauet. e W. Saurina. e Pey de Cortz (?). Aquesta carta fo autrejada el mes de Juli. XIIIJ. dias a l'entrado. anno ab incarnatione domini. M. CC. LXIIJ. Lozoic. rei de Fransa Nicolaus. auesque de Coserans. A. d'Espania, senhor. Aquesta carta B. Tinhos. public notari de Sent Gironz e de l'autra terra del sober dit senhor, la escriuic (42).
Al escriua deuen lo pretz de totz los pleitz sober ditz. on folio IIJ. dias ad Assseis. assignatz. senes continuatios a cels (?) del espital qui m en pregaren. senes las cartas.
Al escriua deuen lo pretz de totz Ios pleitz sober ditz. on fo. IIJ. dias ad Assseis. assignatz. senes continuatios a cels (?) del espital qui m en pregaren. senes las cartas.

R. de Cortz donna, le 1er octobre 1266, à la maison de Salau et aux habitants de ce lieu la terre de Telhed Sauraga (43), qu'il avait acheté à Isarn d'Asseis (Seis) « ab so entrad e ab so alhid... del cel tro abis... Aquesta carta fo autreiada. VIIJ a. Kal. octobris anno domini. Mº CCº LX VJº. Lezoic, rei de Fransa. Nicolaus, auesque de Coserans. Arnaud d'Espanha, senhor.

Le 27 septembre 1266, l'hspital de Salau obtenait de dame Sibille de Blera, épouse de Guilhem de Belera (44), protection pour hommes et messagers (nuntii), bétail et animaux et pour tous les autres biens de la commanderie, dans toutes leurs possessions situées dans le diocèse d'Urgel.

Le 25 janvier 1267 (n. s.), Odon de Taurinhan et sa femme Cerdane vendirent à l'hspital de Salau pour XV s. de bons morlas tout ce qu'ils avaient au lieu appelé vulgairement la Taula. « Actum fuit hoc anno domini Mº, CCº. LXº VJº. vija die exitu mensis januarii. Lod. rege franc. B. comité Convenarum. Nicolao, episcopo Coseran. Testes : frater B. d'Atan. Fr. d'Amolis (Moulis). Pons Cerda, presbit. B de Salinis (Salies) A. Molnerii. Guilhem de Castans. not. publ. de Taurinhan scripsit (45) ».

Le 1er septembre 1267, la veuve de Roger III de Comminges, vicomte de Conserans et comte de Palhars, fit rédiger l'acte suivant, qui, pour nous, présente des points intéressants. Il porte dans la liasse des pièces de la commanderie de Salau la cote 1.

« ... Nos. Domina Grisa de Quér (46), recognoscimus... quod, olim, cum accessimus apud Salau, post paucos dies prius mortem nobilis viri domini Rogerii Convenarum, conjugis nostri quondam. contulimus in perpetum, pura et irrevocabili donatione inter vivos in redemptione peccatorum predicti domini Rogerii et nostrorum, Deo et beate Marie de Salau et fratri Guillelmo de Lirbat, preceptori hospitalis de Salau... illos. vj. sol. morl. quos homine dolus (47), nobis pro amparancia (pour protection) in festo Johannis Baptisti annuatim facere seu solvere tenebantur, et Petrum Pioc, hominem nostrum, et quiquid juris habebamus in dicto homine et omnibus bonis suis tempore donationis predicte... Testes. Bernardus de Embrino. et Rus de Villa d'Ustol, canonici ecclesie sedis Conseranis Bernardus Mercer, de Riuis. et Petrus Dalas. et Petrus de Cera, clerici. et Guillelmus Martini publicus notarius Ville Sancti Geroncii et alterius terre domini Arnaldi de Yspania qui hanc cartam scripsit. Actum fuit hoc prima die introitus mensis septembris, feria. Vta. anno domini. Mº, CCº. LXº. septimo.

L'acte qui suit porte échange de terres appartenant à l'Ordre de Saint-Jean et situées dans le haut Couserans avec des terres appartenant à des particuliers et situées dans la moyenne région, vers Saint-Girons. Il est daté de mai 1268.

Sabedora causa sia a totas personas presentz e endeuenidoras que, nos, frair W. A. comanador del hospital. de Salau. e de Sent-Martin (vyez-le Nº 34). per nos e per totz nostres successors. ab autrei e ab uoluntat de nostre couent. fem camis (escambis = échange) aitals ab b. Garsia, e ab. R. W. frairs, habitadors de la uiela de Sent-Girontz. so es a saber que nos, frair W. Adam camian per totz temps als ditz frairs. e a totz lors ordens. totas las terras coltas e nos coltas que nos auiam e auer deuiam en tot lo terrador de Madies. del Cog. de Uenta Faria tro al Lanese et dels termes e termenals de Sent-Valer. qui son saber las fontz e sober le uerdier que W. de Auzmac planta en la nostra terra sober dita. tot so que nos auiam dels ditz termes enjos tro a la via poblal (publique) de Madies entro le dit. Cog. de Uenta Faria e las altras termes de la coma del casal de Pujol, que es ues le Lanese sober la dita uia (48) et tot so que nos auiam e auer deuiam dejoa aquera mazeisa uia. e te de las termes dejos la uia qui parten (divisent) la partida de W. Orset entro al autre sarrat (49) on es la murazsa sarraziesca (50) assi cum aqel sarrag se deuezeis per aigua bersa. tot en asi cum nos auant dit comanador auiam las ditas terras, e a nostra part partida (à notre portion) eran auengudas quan ab los ditz frairs e ab. W. Orset. las partirem (nous les partageâmes) en assi totas coltas dejos la uia e dessus la uia, cum entro las ditas afrontatios las auiam e auer las deuiam per razo dels linhagges Orssetz. las dam e las liuram ades e las desparam (remettons) totas del cel tro ad abisme ab lors entratz e ab los eisitz e ab tos lors pertiementz e lors bastiementz, que an ni auran d aici enant als ditz frairs per camis d aiso que dejos en aqesta carta sira (sic) dit e pausat e asignat per lor a nos per razo d aqez camis. et de tot aiso, q els manam ferma garentia de totas personas. Donam encara als ditz frairs e laissam pe ls ditz camis totas très las illas de terra qe son entro le riu de Ssuliar (51) e Anglas. las duas. e l autra près del bal al fons del riu. els. ij clotz de. camps, qe son al eretag (anx appartenances) d Anglas. totas aqestas sober ditas terras de totz le dreitz e las proprietatz qe nos i auiam e auer i deuiam, metem e leissam pe ls ditz camis als ditz frairs e a totz lors ordens per totz temps ab totz lors pertiementz,

E nos auant ditz. B. Garasia. e. R. W. frairs. per nos e per nostres ordens... agut cosselh de nostres algus amies e be reguardadas e eonogudas las ditas e ls ditz camis de cada partida, recebem e uolem las ditas terras del dit comanador. per razo dels ditz camis e non (lire : nos en) tien [nous nous en tenons) be per pagadi... e per so dam e camian e leissam per camis de las ditas causas al dit comanador e a totz sos successors e a tot le couent del hospital de Salau e de Sent-Marti. per totz temps, totas las terras e las honors coltas e no coltas e altras causas quals o quantas qe sian qe nos auiam e deuiam auer del riu de Uinhals, qui geis (prend sa source) de la font de Uiela enguentz (52) ues Montait e ues l'espital de Uiela ede Sent Marti e d aqui en la en que sian en l'espital e defora l'espital de Sent Marti e del espital enla ues fara bera : (Faia bera, Hajabère) e ues. Bal. e ues Anglas, del riu de Issuliar enla tro al. Bal. sian logars de masos. o d ortz. o de casals, camps e terras e aiguas. pastencs. e boscs. e arbers. e pratz, e entratz e eissitz aqui apertientz. e qe qe sian dels ditz rius enguentz ues l'espital e ues Uiela de Sogor. tro. al. Bal. En assi, nos. auan ditz frairs. dam e leissam pel ditz canis al dit hospital. totas las ditas terras assi cum nos las auiam e auer las deuiam en totz los sober ditz locs per razo de successio. de na Bonafenna Orseta, sa enrer nostra mair, moler d en. Per Garsia, nostre pair, e en altra maneira...

E totz aqez camis fem nos de cada part nostres dreitz saubs de cada part del sses (cens, tribut) d en R. de Uila naua. e de las partidas (divisions, partages) qe feitas e afer auem en altres locs. e de coma Mauran d Anglas qe es a partir (partager).
Aqesta carta fo autrejada el mes de mai. anno ab incarnatione domini. Mº. CCº. LXº. e. VIIJ. Lezoic, rei de Pransa. Nicolau, auesqe de Coserans. A. d Espania. senior. Aqesta carta B. Tinhos. publipublicus notarius de Sent Girontz e de 1 autra terra del sober dit senhor. 1 a escriut.

Le 19 mars 1272 (n. s.), le même W. Orset, de Saint-Girons, « jazent de malautia en 1 ospital de Sent Marti », donna toutes les terres hermes et cultivées, tous les droits et devoirs qu'il avait sur le lieu de Sogor et le quart de la terre qu'il avait à Shuliar, qui confronte par deux extrémités avec la terre dudit hspital de Saint Martin, par un autre csté avec la terre de Faur de Bétar ; il donne également le « camp de Pomer », qui est dans le territoire de Uiela. W. Marti, notari public de Sent Gironz. aquesta carta recebec. XIIJ. die exitus mensis marcii, anno domini. Mº CCº LXX. Primo Regnante Philipe. Francorum rege. P. R. episcopo Coseranensis (53). Arnaldo Ispania domino.

Vers 1272, — l'acte n'est pas daté, — R. del Verdier. en Amilhat. en B. en P. en W., « toti nos (nous tous) filhi d en. W. de Verdier », confirment le don que leur père fit à l'hspital de Salau « quan se fe espitalers », c'est-à-dire la part de deux casals qu'il avait à Sentenac (54) ; ils la complètent en donnant les dîmes qu'ils percevaient à Sentenac, à condition de pouvoir racheter pour cent sous de bon argent la part de leur père sur ces casals. En somme, c'est une transaction qui fut passée avec le commandeur de Salau, B. d'Aure.

Le 25 novembre 1283, Raimond de Saurina, de Seix (55), et Pierre, son fils, donnèrent en aumsne à l'hspital de Salau, toute la terre qu'ils avaient en ce lieu, c'est-à-dire : la 4e partie de Malagarba et de la Combe de Noal et la moitié de la Combe de Pomer. Actum ... in festo beate Katarine, visginis et martiris. anno christi. Mº. CCº. LXXXº. tertio. Philippo, rege Francorum. Augerio, episcopo Coseraniss (56). d Ispania, domino.

Le 17 octobre 1285, Amel de Cortz, de Seix, vendit à frère Bernard de Rocca, commandeur de Salau, toute la pièce de terre appelée : de Cortz qu'il avait dans les métairies d'Augalt et la Coma de Pomario. Philippo, rege Francorum. Augerio, episcopo Coserani. A. de Yspania, domino.

Le même jour, les frères Ramac (ou : Raniac) vendirent à frère Bernât de Erce, « gérant l'Hspital de Saint-Jean-de-Jérusalem qui est au pied du port de Salau (57) », toute la part qu'ils avaient dans la métairie d'Angouls, pour 5 sous de bons tolozans. Actum... XVa die in exitu hoctobris anno christi Mº. CCº. LXXXº. Vº. Philippo, rege Francorum. Augerio, episcopo Conseranis. A. de Ispania, domino.

Le 26 juin 1290, Arn. Bertrand d'Ost assigna aux Hospitaliers le casal d'Espiacera, qu'il avait dans la ville d'Oust, en garantie de 12 d. tolzas qu'il donnait à l'hspital. Actum... vº. (sic) die in exitu junii. anno domini Mº. CCº. XCº. Philipo, rege Francorum, Augerio, episcopo Conseranensi. A. d'Espania, domino.

L'acte que nous allons analyser ne se rapporte pas directement à l'acquisition de possessions nouvelles, car il n'y est fait mention que de Salau et Pierrefite, Saint-Martin et Saint-Girons, mais il donne des détails intéressants sur l'organisat 28 octobre 1292, frère Guillaume de Villaret, prieur de Saint-Gilles, de l'Hspital de Saint-Jean de Jérusalem, qui devait être 6 ans plus tard Grand-maitre de l'Ordre, vint visiter la commanderie de Salau. La saison étant avancée, il ne put s'engager dans la haute vallée du Salat. Il s'arrêta à Saint-Girons, où il convoqua le commandeur Pierre de Saquet, (appelé : Pierre Payré dans l'étude sur la Chapelle de Salau par M. de Lahondès) et le plus grand nombre des frères et donats de la commanderie. Il s'intéressa d'abord à la manière de vivre de ceux-ci et les morigéna fortement, ceux de Saint-Martin de se rendre sans autorisation du précepteur à Salau et ceux de Salau de descendre dans les régions basses. « Considérantes igitur quanta Dominus in loco de Salauo, ad laudem sui nominis et beate Marie virginis, matris eius, miracula operatur, indecens videretur si, ubi Dominus virtutes facit, obmitteremus errores corrigere negligenter. » En conséquence, il prescrit, avec l'assentiment de son conseil présent à Saint-Girons, que treize (58) frères et trois clercs, donats ou séculiers, seront toujours à Salau pour le service de l'église du lieu ; un frère aura les clefs de la maison et un donat sera chargé du moulin et du four ; un frère ou un donat recevra les personnes se rendant à la commanderie, ainsi que les pauvres ou les malades à recevoir ; deux servantes âgées (veterane) sont attachées au service de la maison de Salau ; 2 donats et 2 séculiers a la garde des chèvres ; un donat ou séculier, à celle des porcs ; 2 donats ou 2 séculiers, à celle des moutons ; à Pierrefite, un frère et 8 hommes pour faire une métairie (59) qui resterait sous la dépendance du commandeur de Salau ; une vieille (antiqua) servante, donate ou séculière, leur était adjointe. Un frère ou donat devra être, sous l'autorité du commandeur, particulièrement chargé de gouverner et régir la maison de Saint-Jean à Salau ; il sera secondé par autant de personnes que le commandeur jugera nécessaires (habeat secum illos in comitiva sua quos preceptor... cognocerit posse suffire) (60). Il est défendu au précepteur de recevoir à Salau un nombre de frères, de soeurs et de donats supérieur à celui fixé ci-dessus sans autorisation expresse du prieur de Saint Gilles ; ceux qui seront à Salau au dessus de ce nombre devront se rendre à Saint-Martin, où il sera pourvu à leurs besoins par le commandeur de Salau. L'hospitalité accoutumée (61) devra être exercée à Salau selon les facultés de la maison, sauf en ce qui concerne la réception par le commandeur de frères, soeurs ou donats s'offrant corporellement à l'Ordre, qui est interdite ci-dessus ; toutefois, si la réception se faisait avec l'autorisation du prieur de Saint-Gilles, le commandeur de Salau devrait s'assurer que ces frères, soeurs ou donats ne sont pas liés entre eux par le mariage. Mais, dans le domaine spirituel, il pourra recevoir ceux ci comme il le jugera utile ; avec la licence du prieur toutefois. Le commandeur ne pourra contracter un emprunt supérieur à cent sous sans l'autorisation du prieur. Les mutations du personnel devront se faire entre Salau et Saint-Martin ou Saint-Girons et nul ne pourra sortir de la commanderie sans autorisation du commandeur. Enfin les frères et donats de Salau devront se dépenser au service de la maison suivant la Règle de l'Hspital... Datum apud sanctum Gerencium in diocesi Coserani die martis ante festum Omnium Sanctorum anno domini Mº. CCº. Nona gesimo secundo.

D'après l'Inventaire de la commanderie de Caignac (Même fonds, registre 1748). Bernard comte de Comminges échangea avec Guillaume de Villaret, en 1295, la terre de Montgaillard (62), — qui avait été donnée en 1271 (Même fonds. Montsaunès, registre 102) par « noble Madame Grise, dame de Quier, veuve de noble Rougier de Comenge, à l'hspital de Saint-Gaudens, Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (63), — et celle de Cazalia près de Montesquieu (64), avec celle d'Audinac, « sis dans le diocèse de Couserans près le lieu de Montjoye (65) » qui appartenait aux Hospitaliers et était probablement rattaché à la commanderie de Salau au XIIIe siècle. Le comte de Comminges ajouta à ces deux terres « la Cavalerie et juridiction, plus tout le droit qu'il avait en la Cavalerie de Léran (66) et 2 éperviers ou autours.

En 1299, le roi Philippe-le-Bel écrivit à Nicholas de Lazarches, prévst d'Auvers en l'Eglise de Chartres, de rechercher en Couserans (67) en vue de subsides pour les guerres des Flandres, les droits et possessions relevant de la Couronne. Celui-ci reconnut et approuva la vente qui avait été faite, peu avant probablement, par Arnaud d'Espagne à l'hspital de Salau, du moulin de Saint-Girons, sur le Salat, s'étendant jusqu'aux fossés de la ville et clstures de l'église dudit lieu, séparés par un chemin public, Cette approbation fut donnée à Toulouse « die dominica, post festum nativitatis beate Marie Virginis, anno Domini Mº CCCº » (11 septembre 1300).

Le 27 mars 1300, Roger [IV] de Comminges, damoiseau, fils d'Arnaud d'Espagne, vicomte de Couserans, donna à Sainte-Marie-de-Salau 20 s. morlas bons, payables chaque année à la fête-de-Saint-Martin le Confesseur (11 novembre). Il les assigna sur les tailles (questias) dues par les habitants d'Isils, en la vallée d'Aneu (68) (villa Issilis, vallis Aneui). Actum est hoc VJ. kal. aprilis. anno domini Mº. CCº. XCº, nono. Témoins: G. A. B. d'Ustal, chevalier, D. P. de Rivo, Arnald de Son. Gaillard del So Senti Feris. P. de So d'Iteri, et frère B. de Boren et frère R. d'Orgot. R. Noguerii d'Esil (Isil), notarius publicus vallis Aneui, scripsit. » Il semble ressortir de cet acte que la vallée de Pailhars était l'apanage du fils ainé du vicomte de Couserans.

C'est le seul acte de donation concernant la Noguera Palharesa trouvé dans la liasse de Salau ; de plus, c'est le dernier acte du XIVe siècle contenu dans cette même liasse. Du reste, la commanderie de Salau fut supprimée en ce siècle là et rattachée à Caignac (69) ce qui n'empêcha pas peut-être de la reconstituer au XVIe siècle (70). Cependant avant ce rattachement, certainement la commanderie de Salau avait des possessions territoriales dans la Palharesa ; elles sont dénommées dans un rsle de 1606 que nous allons transcrire et qui forme un cahier (incomplet) de 32 pages
(Salau. Liasse 1 nº 19).

[page 21] Rolle des sensals que la commanderie (lisez : rectorerie) de Salau tient et possède en la vallée de Aneu, marquizat de Pallas, reconneu par moy, frère Bernard Artaud, hospitalier du dit Salau, l'an 1606, par debant monsieur le dega (chef de district) de dite vallée, qui se nomme Marc (nom en blanc), habitant du lieu de Son (71) ; et pour m'en servir, moy et mes successeurs à l'advenir, ay faict le présent livre et signé de ma main et sein acostumé. B. Artaud (sign. autogr.)
[page 22] Premièrement, ay recognue à Esterry (72).

Sterry Jaume Canimal, per la pesse que toca a Saint-Vincens, nau quartaus (73) de blat, cad. an. (En marge d'une écriture du XVIIIe siècle) : Nota qu'il baille dis reals).
Isabarre (74)
Lo povil (75) de viza, qui se nomme Raimond Vize, faict de sensal a Salau per lo prat de mossen Pere de Surpe (76) deus quartaus de blat (En marge : Armengol).
[page 23] Boren (77).
Sabran de Pere Massa, qui est Asture (à cette heure) paie Borthomeu Massa, de Esterry, qui fait chesque année dis réals et par ce : 2 liv. 10 s.
Arreu (78).
Gaza (maison, famille) de Jehan Chique, qui Asture (à cette heure) y est Andreu Berenguer, per lo prat de Salau (79) faict chesque année ung cart de Sire (cire) ou bien neuf ardits, monnoi de Espain (Espagne).
[page 27] Rolle des possessions que la chapelle de Salau tient et possède au lieu de Alous (80), recogneus par moy soubzsigné frère Bernard Artaud, comandeur du manbre du dit Salau (voyez Nº 70).
Premièrement, j'ay recogncu au dit lieu d'Alous ung pati de maison avec un cortieu (une métairie avec habitation), laquelle ay mis entre les mains de Jaume Pueg, dit: Serda, et en fait de sensals sis liures olii (huile) chaque année.
[page 28] Item, une petite piesse de terre [d'ung quart de jornal] que les héritiers de feu Jaume Cabaup, dit: de Sabran, détient.
Item, une piesse de terre, qui se nomme : le Campou, contenant un jornal, qui confronte abec Anthonii Guiottarre, ab Guilhem Riu, Arnaud de Bernadau et autres.
Item, autre piesse de terre [d'ung quart de jornal] qui se nomme : le Cantous, qui confronte abec le chemin a part de baig (en bas) et avec le chemin qui va à ... ?
[page 29] Sierre. Laquelle tient Jaume de Poig de Serda et en fait de sensal 6 s. 3 d. de France.
Item, autre terre [de ung jornal] qui ce nomme : les Ortalz, qui confronte abec Joan Colomes et Joan Ferras. Laquelle tient [le] dit Serda et en fait de sensals chesque année 2 liv. 10 s. de France.
Item, une piesse [de demy jornal] apellée : les tartes de Bisorre, qui confronte abec Guilhem de Orgons, ab Joan Vidalo.
[page 30] Item, une autre [de ung jornal] au Quila ? de Bisorre, qui confronte avec la vie publique et Guilhem Badie, alias : Amiel.
Item, une piesse [d'ung quoart de Jornal] en Lax ?, qui confronte abec Anthonii Guiottarre et la vie publique.
Item, au Sauque, ung bousii {bozigue = vacant ?) Jd'ung quart de jornal], qui confronte abec Aristot Gommenge et Vicens Amiel et vie publique.
Item, à Erpiatz, un bousi [d'ung quoart de jornal], qui confronte avec la vie publique et Bernardii Gran, alias : Guiottare.
[page 31] Item, a Moratou, une piesse [d'ung jornal], qui confronte abec Bernardii Gran, alias : Guiottarre et Poubie Cabaup, Jean de Poig la tient, qui faict 3 liv. 2 s. 6 d.
Item, audit Moratou, ung pred [d'ung jornal] qui confronte abec Blasi Gran, alias : Guiottarre, de dus parts, et Jean Barrau.
Item, à la Come de Satou, une piesse de terre [de trois quartz de jornal] qui confronte abec Pey Duran Rogalle et vie publique.
[page 32] Item, en Puic ?, ung prat [d'ung jornal], qui confronte abec les héritiers de feu Gabriel Vise et la vie publique.
Item, au Campou de Pey Chiquet, unne clau (81) de terre [d'ung jornal], qui confronte abec Anthonii Guiottarre et abec ung petit peut tros (lopin) de terre que la chapelle tient.
Item, au Gruau de Ben more, ung trog de terre [de deug quoartz de jornal], qui confronte abec Anthonii Ferras, alias ; Arrabal tient Noguero...
Le manuscrit s'arrête à ce mot, mais on voit très bien qu'il se continuait. Une page au moins manque ; elle est perdue. Il porte le numéro 19 dans la liasse de Salau et la date de 1604. Il commence ainsi :
[page I] Libre contenent toutz et chescuns les affaires touchant la comanderie de Salau faictz et passes du despuis que moy frère Bernard Artaud profes de l'Ordre de Sainct Jehan de Hierusalem, seruant a l'ospital de Salau ; et je suis entré en la dite charge le dernier jour du mois d'octobre 1604 (82) ; et de tout ce qui c et faict et passe du despuis, en foy de quoy. Artaud (sign. autog.)

Et Artaud raconte ce qui suit de ses tribulations.
[page 2] Ce feut que par mort de feu frère Jehan Sirgant, du lieu de Seix, frère Artus de Glandeu Pipin (83), comandeur de Cagniac, m'en fit titre datte du 18 octoubre 1604, comme je 1'ay en mes papiers signe deu dit comandeur et de Anthoine Dagut, son secretayre ; et après la veille de la Toutz Sans, je prins possessions.

[page 3] Premièrement, le susdit an, j ay arrente 1'Ospital et taverne le jour de Ste Chaterine, a Jamet Comenge. Lequel j ay truvé en la maison disent qu'il estoit rentier desja de feu frère Jehan Sirgant, mon prédécesseur ; et au mesme pactes, je luy ay arente pour ung an. L an estant finy, je fus costraint de prier Arnaud Andreu, dit Miramont, de y demurer jusques a tant que je eusse truve rentier, a cause que dit Comenge voloit que je le paiasse si je volues qu'il demurasse. Apres, en février, 1 on nous acorda, le 23e du dit février 1606.

Notes que plus tost qu'il me vossit arrenter, il me falheut présenter requeste au Concel d Ost pour luy faire quiter de tenir pain et vin pour vendre a son logis de Salau, ce qui feut faict comme porres voir [page 4] par ungne desliberation de Concel et toute la populasse avec leur sindic, qui firent la desliberation que ledit Janet Comenge ne tiendroit pain, ni autre choze, pour vendre au préjudice de l'ospital, reteneu ledit acte Me Aratus Barat, notayre roial et pour lors greffier pour le Concel, datte du quinziesme jour du mois de janvier 1606, et le dit Aratus en chargea son registre, et le Concel et moy en primes unne coppie pour eux et pour moi, pour nous en servir en temps et lieu.

Et après, le jour mesmes, le commandement feut faict au dit Comenge par François Salau, bailhe que es pene de cent livres ne tinse pain ni vin [page 5] au prejudisse du dit ospital, comme trouverez l'acte entre mes papiers et au coffre de la ville et registre du dit Barat, notayre.
Après, le dit Comenge et moy passames instrument d'arentement pour sis années ; en la seconde ou troyzième année, je fus prisonnier par ung arrest donne en la Court du Parlement de Tholose, parce que ung François Solan, pour lors bailhe, ung Raimond Campais, Anthoyne Artaud, Pey Rieu et Vidal Lafitte, conceulz, firent ung procès verbal fauz contre moy a cause que ceuls du Concelz et d autres d Ost sont prins toutes les principales piesses [de terre] de Salau, comme sont Fraychet, le Bazercau (voyez ci-dessus l'acte de 1220) et Bazercalau et Espailhou, et ont affieve au dit Comenge, qui est la toutalhe rouyne de la Maison et Eglize ; moy, me volant faire cognyetre et désirant le bien de la Maison, refeusay (?) et me firent ce [page 6] méchant acte fauz. Sur quoy, je demurai quatre mois en prison sans me povoir faire, grâces a Dieu, rien... (sic).

Apres, estant de retour de Tholose, me retiris a Salau et trobis que ung nommé Pierre Siyes avait prins, le jour et feste Nostre Dame et Sainte Crois, (le 9 et le 14 septembre), tout l'argent du souc (84), sen en rendre aucun, ni moins a moy, fezant le tout comme conselh ; et après n a este aboue du Concel (85) ; mes je l ay laise pour l arnour de Dieu et de ces amis.
Apres, l an après, (1610 ou 1611 déduction du contenu de la p. 5), au jour de Nostre-Dame et Sainte Croix, ledit Comenge ne me vossit faire rien pour ce. — Advises-vous que luy ny les siens ne soient plue rentiers, car s'ils le sont, ils vous feront le pis. Je vous prie, s'ils y sont, les en tirer, comme je feray, s'il plait à Dieu, qu'il aie achave le temps.
[page 7] Après, les conceuls d'Ost firent conceul led. Comenge. Luy estant conceul et mon rentier, un jour l ayent moy invitte a soupe en companie de Me Olivier Som, prebtre, et cetera, de Alous, [il me dit] que s'il me prenoit, il me meneroit prins et lie a Ost, et ung million d autres affrontz qu'il a faitz tant a moy que a mes prédécesseurs.
Nota. Après tout, je vous prie, mes successeurs, pour l'amour de Dieu et de l'Ordre de S. Iehan, ne permetes que aucuns de la rasse y entre pour rentier (et permettez que quelque autre y antre plustost. Ainsin, je me dire (dirai) estre sans fin).
Là s'arrête la narration par B. Artaud, qui était probablement originaire de Salau, (voyez p. 4 Artaud consul) des « affaires » dont il fut tant troublé et qui paraissent avoir laissé dans son esprit une impression bien vive ; il est vrai que « ung million d'affrontz », même répartis entre ses prédécesseurs et lui, doivent être difficilement pardonnables et pardonnés par des gens qui, comme ceux de nos montagnes, ont un tempérament toujours très vif. Et pour adoucir ces misères morales, B. Artaud, peut-être un peu accessible aux richesses matérielles, ne trouva à la Maison de Salau, lorsqu'il en prit possession, que de misérables choses, qu'il vaut la peine d'énumérer, d'après le « Rolle » donné par lui à la p. 15 de sa narration :
« Premièrement, ung per de landriers (chenets). Plus, ung cremailh (crémaillère). Plus, ung ast lonc (broche longue). PIus, deus arcalictz (chalit). Plus, ung banc. Plus une taule (table) de unne post (planche) et les chambres sens portes ny relhes (pantures). Plus une porte a la sale ».

Et c'est tout. Sa « chapelle » — selon le terme qu'il emploie à la p. 11, — n'était guère mieux, pourvue que sa demeure, d'après le « Rolle » qu'il en a établi lui-même en entrant en charge.
« Premièrement, en la porte de l'eglize n avoit point de clefs ; en après, sur le grant autel, il y avoit deux nappes, uns corporals garnis de Sede (soie) noyre, ung misal vieulx, qui n est poinct du Concile de Trente ; ung ensensier.
Item, deus capes, 1 eune verde et al autre rouge ; et une aube, surpellis (surplis) tout deschire ; ung calice d'estain ; ung reliquere de pierre (?) sens y avoir rien dedans; plus, ung petit cofret de belous (velours); y estoit quelques reliques.

« Apres, ay recoubre ung petit calice d argent, lequel m a coste 8 liv. des héritiers de feu Sirgant mon prédécesseur.

« Item, une crois de bois ; plus, ung lampesie (lampe ou lustre d estaing ».
Et au moulin de Salau, (qui aurait pu être pour B. Artaud d'un revenu non négligeable,) il « trube deus piez, une indille (ciseau à bois) et la camme de ferr (arbre du moulin); après ung currou (coin pour coincer l'arbre du moulin), le tout en fer. Tout le reste ne valloit rien ».

Cependant, le 14 février 1642, le commandeur de Caignac donnait le « dénombrement » suivant de l'ancienne commanderie de Salau remplacée par le « membre de Saint-Girons » (Fonds de Malte Caignac. Registre nº 49 pp. 121 à 123.

« Dans la ville de Saint-Girons, jouist led Sr Commandeur un molin a 3 meules sur la rivièrre du Salat, maison, bastan (foulon), masure et chapelle. Plus, sur un parsan ne Ponsetotz, juridiction de S. Girons, prend led commandeur quelques agriers, sens, lods et ventes. Plus, dans la juridiction de Montjoie à deux lieues de S. Girons est le Sr Commandeur seigneur directe d'un parsan composé d'un petit hameau y ayant 7 ou 8 feux, appelé Audignac. Et de même, quelques maisons et terrains appelé : Salau, dans même juridiction. Et là proche est une partie de disme sur un terroir appelé : de St Martin, que fait annuellement en exposse [tribut gagé ?) 7 cestiers bled, 1 cestier avoine, mesure de S. Girons, 50 s. d'argent et 2 pollès, (pogés monnaie du Puy-en-Velay, ou bien : poulets), suivant la reconnaissance que led sieur Commandeur y a recouverte. Desnombre aussi que dud membre de S. Girons est dépendante une église appelée : Notre-Dame de Salau, (il s'agit ici de l'ancien lieu de commanderie) dans les Mts Pyrénées, sur la frontière d'Epagne, auquel lieu de N. D de Salau led Sr commandeur feut, peu de temps après sa prise de possession (86), bien que la propriété lui eut été cachée par les consuls dud St. Girons, qui pour lors étaient fermiers dud membre de S. Gaudens (lire : St. Girons) et ses appartenances. Auquel lieu [de Salau], led Sr commandeur n'a que la nomination du vicaire perpétuel (recteur), où il n'y a que la maison où réside led Sr vicaire, qui est joignant lad Eglise, et quelques terres, prés et jardins pouvant contenir 13 cesterées (7 hectares environ ?), et jadis un moulin d'eau ; mais tout ce porte si peu de revenu, que led vicaire tire le tout... »
Le membre de Saint-Girons et ses appartenances : Montjoie, Seys, Audinac (87) et Salau, donnaient 1260 livres.
En résumé, les possessions de la commanderie de Salau relevées dans les actes ci-dessus sont les suivantes :

Première : Haute région du Salat
2 — Salau (chef-lieu de la commanderie).
Crabilgas (île de) 1220.
Cumbalunga (camp de) 1220-1221-1220 ?-1243.
Cauzlag 1223.
Burgs et Bure. 1243 1245-1263.

3 — conflens.
L'artigue d'Angoul 1203-1235.
Camp de Peyrefite 1203.
Coma de Peyrefite 1242-1251. Etabli en membre de la Commanderie en 1292.
La Taula 1243-1245-1267.
Saurac (Casal) 1243

4 — Seix.
Saused 1203.
Combelongue 1226.
Seix (part des dîmes) 1235 et Dénombrement, de 1642.
Graeg (Cap de la Coma de Serra), 1263.
Fouguère (la Serra de) 1263
Telhed Sauraga ? 1266
Sentenac 1272 ?
Malgarba 1283.
Noal (Coma de) 1283.
Pomar (coma de) 1283-1285.
Cortz 1285.

5 — Oust.
Prat 1221.
Aulus (6 s. morlas) 1267.
Espiacera (casal de) 1290.

Deuxième : Région Moyenne du Salat
6 — St-Girons et St. Martin (membre).
Anglas 1246-1268.
Hajabera 1246.
Madies 1268.
Vignals (terre du) échangée en 1268.
Sogor 1272.
Baliard ? 1272.
Porner 1272.

Audinac (par échange avec Montgalhard, du diocèse de Comminges) 1295. V. aussi Dénombrement de 1642.
Cavalerie (Droits en la) et 2 éperviers au autours 1295.
Montjoie. Dénombrement de 1642.

7 — Moulis
Bader (le cens de) 1260.

Troisième : Diocèse d'Urgel
8 — Belera (protection en la terre de) 1266.

Quatrième : Vallée de Palhars
(Les possessions ci-après dans la vallée de la Noguera Palharesa, tirées d'un rsle de 1605, remontent indubitablement aux 13e et 14e siècles au plus tard.

9 — Isils (tailles d')
Esterri.
Isabarre.
Boren.
Sorpe.
Arreu.
Aneu.
Alos.

Les noms des commandeurs relevés dans les mêmes actes sont :
Domech de l'Artiga. 1221-1251-1272.
B. de Durban. 1241-1242.
W. de Lirbat. 1245.
Guilhem Arnaud. 1246-1258-1260-1268.
R. de Cortz. 1266.
Bernard de Roca. 1285.
Pierre de Saquete 1290-1292-1317.

(1) * Raymond Saquet 1324-1325.
* Jean Mauria. 1388.
* Raymond de Hoamar 1398.
* Adhémar du Mas 1421.
Jean de Foix ? 1497-1507.
1 — (*) L'astérisque désigne les commandeurs cités pat Du Bourg. (Histoire du Grand Prieuré de Toulouse)
Revue de Comminges - Pyrénées Centrales — Bulletin de la Société des Etudes du Comminges du Nébouzan et des Quatres-Vallées. Tome XXXI — Année 1916. Saint-Godens Imprimerie et Librairie Abadie.

Notes
1 — Voie Revue de Comminges, 3e trimestre 1912, pp. 209-212.
2 — Aujourd'hui commune de l'arrondissement de Villefranche (Haute-Garonne).
3 — M. de Lahondès s'est trompé, dans cette étude, sur la nature de l'acte : il s'agit d'un prêt sur gages (penhs), et non d'une vente faite à Domech de la Artiga, commandeur, de Salau, en 1203. Il a rectifié cette erreur dans le Bulletin de la Société Ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts 1882-85.
4 — Oust, arrondissement de Saint-Girons.
7 — Sauced, près de Seix (Ariège).
8 — Angouls, près de Conflens sur le Salat (Ariège).
9 — L'abbé Samiac situe Peyrefite au Nord-Ouest du village de Conflens, sur les flancs de la colline de Capvert, où un pré conserve encore ce nom ; ce lieu devait s'étendre, par la Coma de Peyrafite, vers le vallon d'Angouls.
10 — C'est-à-dire : dîmes.
11 — C'est-à-dire: lignage.
12 — La Curne de Sainte Palaye, au mot : bon Faite bon, garantir Il s'agit de la guirentia qui se trouve dans tous les actes similaires de cette époque.
13 — Le nom de ce commandeur ne figure pas dans l'Histoire du Grand Prieuré de Toulouse, op, cit.
14 — Il faut tire: R[egnante F[ilipo]... R[ogerio] convenarum p[rincip]e. Navar[ro. episcopo] elect[o]. Philippe-Auguste, roi de France (1180-1223). Roger 1er de Comminges, fils cadet de Bernard Dodon, comte de Comminges. L'article concernant l'évêque Navarre est dans Gallia Christ très imprécis. Il y est dit : « assumptus est ad épiscopatum Conseranensem saltem 1208 ». L'acte de Pey d'Ost donne un renseignement utile, puisqu'il indique que Navarre était élu évêque en 1203 ; il se peut qu'il n'ait été nommé que vers 1208 par le Pape.
16 — Un affluent de gauche de l'Angouls (Vallée du Salat), porte ce nom. Il prend sa source au pic de Galine (prononciation de Galin) dans la région (Voyez la carte de Roussel citée n. 5 ci-dessus) ou de Garie (carte au 100.0000 ; mutation de l en r et chute de n intervocatique). Quant à l'île de Crabilgas, nous n'avons pu la situer.
17 — On a pu remarquer dans l'acte transcrit ci-dessus h aspiré employé au lieu de : ch, ou k, ou g ou q. M. Bonnet, dans son étude sur le « Latin de Grégoire de Tours » (p. 162 et n, 4), a relevé quelques particularités sur l'emploi du phonème : ch ; il signale que « déjà pour Grégoire Chilpericus, Chidebertus paraissent être : Hipericus, Hildebertus » ; il constate la transformation de ch en h dans une copie des actes de cet auteur datant du IXe siècle, le maintien et la disparition simultanés de ce phonème dans l'Histoire Franc. du même, où on lit indifféremment, dans les copies des XIe et XIIIe siècles, pascha et casta. (Cf. aussi Domeg et Domeh) u figure 5 fois comme consonne et 1 fois dans le même mot comme consonne et voyelle : uenuda (benuda ou venuda) ; il a partout ailleurs la valeur de : ou français, comme en Catalan, sauf peut-être à : luur et lur, um boeu. — Quant à : embes, nous avions pensé qu'il était le contraire de : enant employé dans le sens de : au-dessus, en amont ; M. l'abbé Saminc nous écrit que : embes a le sens de : vers dans les dialectes locaux. Cependant Mistral a employé : ems = sous dans les Olivades [Au pople nostre], alors qu'il n'indique pas cette acception dansle Trésor dou Félibrige. Cf. l'expression : aigua bers = versant de montagne, etc. En outre, il faut remarquer l'expression : aualen = avalan (v. fr.) c'est-à-dire descendant, en aval, au-dessous (Lacurne de Sainte Palaye) au sujet du champ de Combelongue cité dans le même acte un peu plus loin. — Le mot : bazercal, nous ne l'avons trouvé sur aucun de nos dictionnaires ; M. l'abbé Samiac propose de le rattacher aux mots : vadaculum, vadellum, (Du Cange, Glossar). = petit gué, petit passage, ce que la contexture de l'acte rend admissible. V. aussi, ci-après, les notes 39 et 40, relatives à bazer et bader. Cependant, dans les hautes vallées montagneuses de la Garonne et du Salat, — par exemple, à Melles, (Hte-Garonne) et à Salau même (Ariège), — on appelle : barercal ou badercal, bazer-calou, un champ ou pré situé à une altitude parfois très-élevée, sur un versant de montagne, abrupte souvent ; il est constitué par une sorte de tertre ou palier propre à la culture, parce que les alluvions provenant de la partie supérieure s'y arrêtent.
18 — La date de 1220 ne concorde pas avec les indications concernant le comte et l'évêque de Couserans qui figurent dans l'acte ; il en serait de même si aux chiffres décimaux romains on réunissait les deux barres qui précédent : ans, ce qui pourrait se faire à la rigueur de façon à lire : 1222. En effet, IIans ou Uans n'a aucune signification. M. l'abbé Samiac, qui a vu la charte, lit : stans ; MM. Pasquier et Galabert, archivistes, ainsi que M. Catmette, professeur d'Histoire méridionale à la Faculté des Lettres de Toulouse, rejettent cette lectute tant au point de vue paléographique que linguistique ; ils préfèrent admettre une erreur de transcription faite par le scribe. M. Galabert propose de lire : M. CC. — XX. ans, etc., et de faire de ces deux derniers chiffres l'indication de l'année du règne de Philippe-Auguste ; mais en raison des autres informations inscrites dans la datation, il s'arrête à l'interprétation suivante : M. CC. X. — XXX ans, etc. du règne de Philippe-Auguste. M. Calmette partage cette manière de voir. Il faut donc, d'après eux, rectifier comme il vient d'être dit l'erreur manifeste du copiste, car nous n'avons pas l'original de l'acte. Il est certain que la date de 1200 cadre d'une manière exacte avec le règne du roi de France, qui commence en effet en 1180 et dont 1200, constitue la 20e année de ce règne ; en cette même année 1200, le seigneur de Couserans est peut-être Roger Ier de Comminges, mais aucun acte n'affirme le fait. (Voyez de Jaurgain. La Vasconie. t. 2 p. 824, qui cite, d'après l'Histoire de Languedoc t. VIII col. 475, un traité de 1202 dans lequel Roger de Comminges figure sans qu'il soit possible d'en tirer la moindre conclusion de coseigneurie ni de parenté avec la maison de Foix). Quant à l'évêque Navarre, Gallia Christ, dit de lui assumptus est ad episcopatum Consoranensem saltem an. 1208. Nous avons vu dans l'acte qui précède celui que nous annotons qu'il était élu en 1203, ce qu'ignorent les auteurs de Gallia Christ. ; Il peut n'avoir été nommé que vers 1208. Conclusion : la date de 1200 est très problématique. Il n'en est pas de même de celle de 1210, à laquelle M. l'abbé Samiac prefère celle de 1209 ou 1211, « le scribe, dit-il, ayant mis un X pour un I. » Enfin, la date de 1220 ou 1222 ne cadrerait qu'avec le roi de France et le vicomte de Couserans, qui serait alors Roger II, mais elle ne s'accorderait pas avec l'évêque Navarre, qui était décédé. Nous nous sommes permis de proposer la lecture suivante : m. c. c. x. — xtians reg, etc. Cette lecture a été rejetée par les autorités dont nous avons cité les noms au commencement de cette « note, parce qu'il n'y avait pas de précédent de l'emploi de cette formule appliquée à Philippe-Auguste ou à autre roi de France antérieur au XVe siècle. » Ceci semble exact au point de vue officiel. Mais depuis que cette observation nous a été faite, devant laquelle nous nous étions incliné, nous avons trouvé dans le Glossar., de Du Cange au mot : Chtistianitas (col. 596 de l'édit. de 1733) une lettre de donation faite par Jean II, comte de Ponthieu, datée de 1191, dans laquelle Philippe-Auguste lui-même est traité de : chritianissimo Francorum rege. (Voyez aussi au Suppl. sous le même mot (col. 952), le même qualificatif attribué à saint Louis par l'abbé de Cluny. En nous appuyant sur l'autorité généralement admise du Glossaz., nous croyons pouvoir maintenit notre lecture, qui offre l'avantage de ne rien modifier dans la contexture de l'acte ; il suffit d'admettre que le copiste n'a pas su lire : xtians, qu'il a pris pour un chiffre romain l'X du chrisme incomplet dont s'était servi le neveu du commandeur et que, ne comprenant plus rien à ce qui suivait il a fait de t et i deux barres qui ne sont, à vrai dire, ni deux l ni un u majuscule, ni enfin un s et un t. Cf. la graphie : xristi en tête de l'acte.
Ce même acte, toujours à la datation, contient une autre indication donnant lieu à interprétation. MM. de Lahondès et Samiac ont lu : Roger... fil de nalaa (avec signe abréviatif entre les deux derniers a) là où MM. Pasquier, Galabert et Calmette ont lu comme nous : nalazi MM. de Lahondès et Samiac, sous l'inspitation probablement de renseignements puisés dans le P. Anselme ou dans l'Art de vérifiez les dates (édit. G. Despré. 1770. p. 630. Comtes de Comminges), ont fait de ce nalaa, na La[utenci]a, en substituant ce dernier a à la lettre i qui finit indubitablement ce nom. Or, il est dit dans ce dernier ouvrage que Dodon-Bernard, comte de Comminges, « épousa N de Toulouse... nommée Laurence par le P. Anselme. » Cette N. de Toulouse s'appelait, d'après l'acte que nous annotons, non Laurence, mais Alazaïs (ou Alazi, dans nos idiomes d'Oc,) nom fréquent dans les familles seigneuriales de Toulouse, Narbonne, etc. ; elle était la fille d'Alphonse Jourdain, comme cela se confirme par la Grande Charte de Saint-Gaudens de 1203 qui s'exprime ainsi : B, lo comte de Comenges, lo cal fo filh de la filha Nanfos. Ce Bernard était le frére de Roger Ier, vicomte de Couserans.
Il est vrai que si nous repoussions à 1220 la datation de l'acte, après avoir admis que le nom de l'évêque Navarre doit être remplacé par : celui de son successeur, nous aurions Roger II, ainsi que nous l'avons dit, au lieu de Roger Ier. D'après de Jaurgain, (La Vasconie, t. 2, p. 324), ce dernier épousa N. de Foix. Cette N. pouvait être alors : Alazaïs. Mais il semble qu'il n'y ait pas lieu de s'arrêter à cette hypothèse, car cette fille N. ne figure pas dans le tableau généalogique de son prétendu père Roger-Bernard Ier, comte de Foix, donné à la page 31 de ce même tome.
19 — Il s'agit de Roger II de Comminges, fils de Roger Ier mort vers 1211 et frère cadet de Bernard-Roger de Comminges, comte de Pailhars, qui avait épousé vers 1210, Andrée, comtesse de Pailhars, fille de Garcia-Perez. (De Jaurgain. La Vasconie. t. II. p. 325). Par la mort de Bernard-Roger, à une date inconnue, mais postérieure à 1212, la comté de Pailhars cessait d'appartenir à la maison de Couserans. Dans le but de la maintenir dans cette maison, probablement, Roger II épousa la veuve de son frère vers 1225, d'après La Vasconie. Notre acte permet de fixer ce mariage à une date antérieure, puisqu'en 1222 Roger II est comte de Pailhars et vicomte de Couserans. En 1222, son frère aîné Bernard-Roger était donc mort, au moins depuis un an, c'est-à-dire: fin de 1220 ou commencement de 1221. Cependant de Jaurgain (Op. cit.) avance que « au mois de février 1224, Andrée, sa veuve », faisait une donation au roi de Navarre. — Quant à C., évêque de Couserans, Gallia Christiana ne donne que cette initiale. Son épiscopat s'étend de 1216 à 1226.
20 — L'acte porte : m. ce. xxi. feria, ij. nonas aprilis. D'après M. de Lahondès (Bulletin de la Société Ariégeoise), il faut le dater du 5 avril 1221 (n. s.) et non, comme nous le faisons, du 4 avril 1222 (n. s.). Dans les actes que nous produisons ici, l'année vieux style commence certainement à Pâques. L'année 1221 (v. s.) — c'est celle que porte l'acte, a commencé le 11 avril 1221 (n. s.), c'est-à-dire: le 3 des ides d'avril, et a fini le 2 avril 1222 (n. s.), c'est-à-dire : le 4 des nones d'avril. Par conséquent la date du 5 avril 1221 (n. s.) donnée par M. de Lahondès ne se trouve pas inscrite dans l'année 1221 (v. s.) que porte l'acte. Il s'agit de l'année 1222 (v. s.), qui a commencé le dimanche 3 avril 1222 (n. s.) et dont la 2e férie (lundi) est le 4 avril, c'est-à-dire : le 2 des nones d'avril. Le scribe, qui a écrit l'acte le 5 lendemain du jour de la nouvelle année du vieux style, a négligé d'ajoutée un j. à la désignation de la nouvelle année du vieux style, ce qui n'est pas extraordinaire. Ou bien, il a mis une unité de trop. En effet, s'il avait écrit: m. cc. feria. ij. nonas aprilis, nous aurions le date du 5 avril 1221. Il y a donc une erreur dans la date inscrite sur l'acte, et des deux hypothèses que nous présentons, celle de l'oubli d'une unité commise le lendemain du jour du changement d'année nous parait la plus plausible.
21 — Une erreur s'est également glissée dans la datation de cet acte en dehors des deux d mis pour c. Le 8 des calendes de septembre 1226 indique le 25 août, mais la mention : in die nativitatis Beate Marie reporte cette date au 8 septembre 1226 qui était le 6 des ides. Il faut donc lire : sexto idus septembris.
22 — Nous ne pouvons situer ce lieu-dit.
23 — Cerebrenus de Gotherio ou Gotberio, dans Gallia christiana.
24 — V. Glossar., Du Gange, aux mots: Quarta 6. Tasqua et Facheria = Peoestatio agraria.
25 — Il s'agit encore de Roger II (Voyez ci-dessus notes 18 et 19).
26 — A Conflens, en aval de Salau. (Renseignement donné par l'abbé Samiac).
27 — Près de Salau. (Voyez note 36).
28 — Voir l'acte de 1220 concernant la vente de Crabilgas pae Amel et Pey Galin, quoique les lieux-dits Comba longa ou Coma longa soient nombreux dans la région.
29 — Nous avons donné la datation complète des actes du 20 janvier, du 7 février 1242 (n. s.) et du 17 mars 1243 (n. s.) en raison des renseignements qu'ils contiennent sur l'évêque de Couserans Cerebrun. Gallia Christ., s'arrête dans la biographie de ce dernier à l'an 1240. Si notre computation est exacte, — et c'est pour permettre de la vérifier que nous l'avons donnée entière, — Cerebrun aurait cessé d'être sur le siège de Couserans entre le 20 janvier et le 7 février 1242.
30 — Le domaine des Galins ? Voyez ci-dessus note 28.
31 — Le Pont de la Taula (douane) se trouve à l'embouchure de l'Alet dans le Salat.
32 — Saurac n'a pu être situé.
33 — A rapprocher de la note 31.
34 — Nous trouverons fréquemment à partir de cette date S. Martin ajouté à Salau. M. l'abbé Samiac écrit : « Cette terre était un fief de près de 100 h. d'étendue occupant, à l'extrémité du territoire de Saint-Girons, le vaste espace triangulaire compris, autant qu'on en peut juger, entre les frontières de Baliard, à l'E., Hajebere, le pied du Garié et la cime de Bento-Hario, au S. et S. E. ; enfin le sentier de Bento-Hario aux Mariats, au N.-O. et au N. Dans cette délimitation, nous négligeons, parce qu'elles furent de bonne heure aliénées, les dépendances situées sur le versant des collines opposées à celui de S. Martin. Depuis le cog de Bento-Hario, aujourd'hui, ferme Bascans, elles formaient lisière des deux côtés du chemin de Madies (petit hameau de Rivière-nert,) établi sur la croupe de Bento-Hario, et descendaient jusqu'aux parages de Pujolo ».
35 — Vigneau, près et au S-E d'Erp ; Anglas est dans la circonscription de Saint-Valier, qui est la 2e paroisse de Saint-Girons. Hajebère, au S. de Baliart, et au S-E de Saint-Girons.
36 — La serra de Peyrafita est située près de Conflens. Burx (écrit Bure dans le jugement de la cour de Seix en 1263), est près de Salau.
37 — Seigneurie du Comminges répartie aujourd'hui entre trois cantons de l'arrondissement de Saint-Gaudens et une partie du canton de Saint-Girons, (Ariège).
38 — Soueich, canton d'Aspet, et non celui situé sur le Salat.
39 — M. l'abbé Samiac nous écrit : « Bader, paroisse d'Auber, commune de Moulis, hameau séparé de Moulis par le ruisseau de Bader. La baronnie d'Aspet s'étendait jusqu'à deux pas de Bader, [c'est-à-dire] jusqu'au village de Mongauch, au N. de Bader ».
40 — Au sujet de la mention du Comte de Comminges, (au lieu de celle du vicomte de Couserans), qui de prime abord parait anormale, M. l'abbé Samiac donne le renseignement suivant : « La vicomté de Moulis, dont Bazer (Bader) était une dépendance, appartenait au comte de Comminges avec tout le Castillonnais ». Ceci modifie sensiblement les limites de la baronnie d'Aspet décrites dans la Revue de Comminges (4e trimestre 1896 p. 433) d'après M. de Froidour ; cependant c'est l'évêque de Couserans et non celui de Comminges, qui est cité, ce qui semble indiquer que le diocèse de Couserans comprenait le Castillonais, lequel ne figure pas en effet dans le Pouillé du diocèse de Comminges de 1387. Cependant Bonac, dans un acte de Sainte-Mayronne (Fonds de Malte. Archives de la Haute-Garonne L. I. nº 1) en date du 11 avril 1331, est indiqué comme étant en Castillonnais et l'acte porte : Bernardo, Convenarum comite. Gº Convenarum episcopo.
41 — Taurignan, près de Gajan et de Marcenac, au N. de Saint-Lizier (Ariège). M. l'abbé Samiac prétend que Taurignan-Vieux et Taurignan Castet faisaient partie de la Comté de Comminges et appartenaient au diocèse de Couserans.
42 — A propos du nom d'un des prosomes, Ner, nous signalerons ce nom sur la carte au 100000e au haut de la vallée du ruisseau d'Esbints, au S.-O de Seis. Nous n'avons pu situer la Coma de Serra Graeg. Bure est peut-être Boures (?), près de Conflens de Salau même carte, et Folgarosa, Fouguère au S. et près de Seix. Le 13 octobre 1283, R. de Favet, de Seix, reconnut définitivement à l'Ordre de S. Jean la possession de Folgarosa.
43 — Nous ne connaissons pas ce lieu-dit.
44 — Un G. de Belera figure comme témoin en 1328 dans un mémoire adressé par l'évêque d'Urgel à l'archevêque de Tarragone contre Arnaud, vicomte de Castelbon et les siens. (Baudon de Mony. Relations politiques des comtes de Foix avec la Catalogne, t. II. p. III).
En 1239, ce même nom est cité avec R. de Belera dans le même Mémoire, toujours comme témoin (p. 112).
En 1278, un G. de Beyllera est témoin dans les conventions passées le 20 août entre le roi d'Aragon et le comte de Foix au sujet des affaires d'Urgel (p. 160). Raymond Roger de Comminges, comte de Pailhars, avait épousé Blanche de Belera, qui, en 1296, engagea plusieurs lieux de son domaine au comte de Foix (De Jaurgain. La Vasconie. t. II. p. 328).
45 — La désignation du comte de Comminges et de l'évêque de Couserans dans cet acte concorde avec l'indication donnée note 41 sur Taurinhan relevant du comte de Comminges au civil et de l'évêque de Couserans au religieux. — Quant au lieu-dit : la Taula, il ne s'agit probablement pas de celui qui appartenait à Seix. Taurinhan, étant sur la frontière du Comminges et du Couserans politiques, pouvait avoir sa taula (douane).
46 — Aujourd'hui Quié, canton de Tarascon (Ariège). — Cet acte nécessite une double observation :
1 — La veuve de Roger III est appelée Guise, dans l'Histoire de Languedoc, (t. VI. p. 887) et Grise d'Espagne, dans La Vasconie (de Jaurgain t. II p. 820), qui la dit fille et héritière d'Arnaud d'Espagne, seigneur de Montespan [?]. Dans l'acte d'elle daté de 1256, qui est cité dans La Vasconie, elle est désignée seulement par les noms et titre de : Domina Grisa uxoz domini Rogerii Convenarum. Dans l'acte ci-dessus de 1267, elle se nomme elle-même : Grisa de Quér, ainsi que dans un autre acte du 29 janvier 1272, où elle est désignée ainsi qu'il suit par le notaire, de Saint-Gaudens qui a dressé l'acte ; Nobilis mulier domina Grisa, domina Quier, uxor quondam nobilis viri Rogerii de Comenge (Archives départementales de la Haute-Garonne. Fond de Malte. Sainte Mayrone L. 1. nº 17. Donation de Montgailhard, canton de Salies).
2 — D'après l'Histoire de Languedoc (t. VIIJ. coL 1898), en novembre 1220, Quer (ou Quiè) appartenait à l'abbaye de Boulbone ; le mari de Grise rendit, le 10 mars 1243, hommage pour ce château au comte de Toulouse (t. vj. p. 757). Celui-ci aurait été renouvelé en 1267, (t. vj. p. 889), date de notre acte, et en 1272, d'après Castillon (d'Aspet), que nous ne citons qu'avec défiance. Or, d'après les mss. de Doat (zeg. 170 Bibliothèque Nationale), cité dans Le château d'Ausson (Revue de Comminges. 1895. Baron de Lassus), « en septembre 1267, — ce qui répond exactement à la datation de notre acte, — Roger, comte de Foix, donna à Grise d'Espagne le château de Quiers par devant Pierre, notaire à Foix. » L'acte que nous annotons est, sans conteste, du 1er septembre. Il serait bizarre que Grise d'Espagne, si l'acte du Doat est exactement transcrit, prit dans une donation faite par elle-même étant à Saint-Girons un titre qu'elle acquérait seulement le jour où elle la souscrivait.
47 — Aujourd'hui orthographié Aulus, canton d'Oust (Ariège). Le texte porte : dolus, dont la prononciation était probablement : doulus (dou lue = du torrent), comme celle d'Aulus est aujourd'hui dans le pays : aou lus (= au torrent). C'est encore un exemple de l'incorporation de l'article au nom, si fréquente dans la transcription qu'ont inconsciemment faite des appellations de lieux les notaires et les cartographes du roi.
48 — « Madies, le cog de la Bento-Hario, le Lanis, Pujolo, sont des quartiers qui entourent le domaine de Saint-Martin ; et ce domaine est sur le territoire de la commune de Saint-Girons, aux confins de la localité de Baliar. Voyez carte au 100.000 ». (Note de M. l'abbé Samiac).
49 — Sarrat = partie bombée, convexe, d'un versant de montagne compris entre deux ravins, et située au-dessous de la serra (crête ou pelouse) proprement dite.
50 — D'après un renseignement donné par M. Pasquier, ancien archiviste de l'Ariège et présentement archiviste de la Haute-Garonne, l'indication : muraille sarrazine serait appliquée dans le Gouserans et la comté de Foix à des ouvrages non construits peut-être par les Sarrarins. Quicherat (Mélanges darchéologie et d'histoire. t. II. p. 352) écrit: « Le sol de France était alors (au XIe siècle) couvert de ruines romaines, et tous les restes d'édifices bâtis à la romaine, le peuple les appelait oeuvre aux Sarrarins, murs Sarrazinois. Mais toutes les constructions à la romaine ne pouvaient être considérées comme Vouvrage des païens ». C'est fort bien dit, mais cela n'exclut pas des « constructions à la romaine » les ouvrages des Sarrarins, comme on peut s'en rendre compte à Carcassonne et aussi à Toulouse, malgré ce que dit M. de Malafosse dans son étude sur le « Château Narbonnais, Toulouse romaine ? dans la Revue des Pyrénées (1896. 4e livr. p. 362), où il ne voit que des murs romains dans ceux, peut-être visigothiques, qui sont appelés : Sarrarinals et Sarrazines dans la Chanson de la Croisade contre les Albigeois (éd. Meyer, vers 6310 et 8069). Historiquement cependant la qualification : Sarrarins vaut mieux que : romains au moins en ce qui concerne les murs rencontrés près de quelques cols dans le massif des Pyrénées centrales.
51 — Le Ssuliar (ou Shuliar, dans un acte de 1272 qui suit) est le ruisselet qui, du bois de Navarrat descend vers Saint-Martin et va se jeter dans le Baup (ou Volp). Il ne porte pas de nom sur la carte au 100.000e. Dans le cadastre, il prend le nom des terres qu'il traverse ». (Note de M. l'abbé Samiac).
52 — D'après M. l'abbé Samiac, enguentz n'est pas, comme nous l'avions cru d'abord, un nom propre. C'est possible, mais nous ne trouvons pas ce mot dans les dictionnaires que nous possédons. Il ne semble pas, par son acception ici, rentrer dans la formation de : laguentz, lahens, laintz = léans, dedans, là dedans. Serait-ce une contraction de : enseguentz en suivant ? La signification du mot, s'il n'est pas un nom propre, est dans le présent acte, où il est répété plus bas : coulant, allant.
53 — Gallia Christiana donne Pierre II de Sabouliès comme évêque vers 1270. Mas-Latrie. Trésor de chronologie. (c. 1415) rectifie ainsi: « 1273. Petrus II ; Raym. II. de Sobole (Sabouliès) 16 octobre 1275 ». Gams et le P. Eubel répètent Gallia Ch. et Mas-Latrie. D'après notre acte, ces indications sont inexactes. La vérité est probablement dans la combinaison qui suit: Pierre II et Raymond II de Sabouliès ne sont qu'un seul et même personnage qui reçut l'épiscopat de Couserans à la mort de Nicolas en 1270 et qui mourut lui-même le 16 octobre 1275. Ainsi le P. R. de notre acte serait identifié Pierre-Raymond.
54 — Sentenac, N.-O. de Seix.
55 — W. de Saurina figure parmi les témoins du jugement rendu le 14 juillet 1263 par la Cour des prosomes de Seix. Raimond est certainement de cette famille.
56 — Voir dans Gallia Christiana, l'article, fort embrouillé, consacré à Auger II.
57 — Voir Revue de Comminges 3e trimestre 1912, p. 211.
58 — L'acte est déchiré en cet endroit après : tre... d'une petite quantité. Nous pensons qu'il faut lire : tres.
59 — Le texte porte : laurantiam, sive laborem et comodum. Du Gange a : Laura = Monastère et hermitage ; Laurarius = colon, laboureur. Nous traduisons par : métairie ou grange, parce qu'il s'agit, à notre avis, d'un domaine agricole à constituer ou que constituait la commanderie de Salau.
60 — J. de Lahondesa lu : in cortina sua praeceptor... ut cognoscere poscit.
61 — Le texte porte : helemosina consueta fiat semper apud Salau secundum posse domus. L'acception de : elemosina n'est pas ici, à notre avis, celle de : aumône, quête, avec le sens actuel de ces mots. L'admission de frères, soeurs et donats, est fréquemment indiquée ainsi dans les statuts de l'Ordre : per elemosinam.
62 — Montgaillard sur l'Arbas, canton de Salies (Haute-Garonne).
63 — Le registre 102, établi en 1657, porte: « à l'hôpital de Montsaunès qui est en la ville de Saint-Gaudens ». En 1271, l'hôpital de Saint-Gaudens n'appartenait pas aux Templiers de Montsaunès, mais à l'Ordre de Saint-Jean, détail probablement inconnu du notaire Guitard qui dressa le Répertoire en 1657. Voyez aussi note 46 supra, L'acte porte que Ferrangs (aujourd'hui Herran), et la Molère sont donnés à la commanderie de Montsaunès ; il fut fait à Montsaunès par un notaire de Saint-Gaudens.
64 — Montesquieu-Avantès, canton de Saint-Lirier (Ariège). Cazalia (aujourd'hui : Cazalas) confrontait avec les ruisseaux de Riupeyrous et de Dejos et avec le Pas de Valiars. (Baliard).
65 — Audinac-les-Bains, commune de Montjoie, canton de Saint-Lizier (Ariège).
66 — Cette cavalerie était située au N. du Pas de Baliard entre Lescure, Montjoie et Audinac. Il s'agit peut-être aussi de la Cavalerie de Saint-Cyprien à Toulouse, confrontant avec le quartier de Montgaillard, ou de la Cavalerie de Léran (Pamiers).
67 — Voyez Histoire de Languedoc t. ix pp. 270-273 ; t. x Preuves col. 438.
68 — Aneu et Isils sont sur la Noguera Palharesa (carte 100.000e Minist. Intérieur. Feuille Mont Rouch). L'hôpital de S. Jean est mentionné sur cette carte.
69 — Caignac, arrondissement de Villefranche (Haute-Garonne) — commanderie de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
70 — Un acte du 7 décembre 1502 (liasse 1 nº 2o) portant contrainte contre les emphytéotes de Salau, prononcée par le Sénéchal de Toulouse, François de Rochechouart, chevalier, seigneur de Champdenier, Jonzac, Mothe et Saint-Aignan, fait connaître que cette contrainte est faite « requisitione religiosi viri fratris Johannis de Fuxio, preceptoris beate Marie de Salau, diocesis Coseranensis ». Mais nous croyons qu'il ne faut pas ajouter grande importance à cette indication, parce que, — ainsi que nous allons le voir pour le recteur Bernard Artaud qui, certainement, n'était pas commandeut de Salau en 1604, — les anciennes commanderies conservaient dans le langage courant leur titre, même longtemps après qu'elles l'avaient perdu, même, ajouterons-nous, quand elles n'étaient plus qu'une rectorerie, c'est-à-dire : une cure pourvue par les soins de l'Ordre de Saint Jean.
71 — Son, au S. d'Isils sur la Noguera Palhazesa.
72 — Esterry-de-Aneu, S, d'Isils.
73 — En Béarn, en 1615, le quartau = mesure de capacité pour les grains (50 litres), d'après Lespy. Dictionnaire béarn.
74 — Isabarre, sur la Noguera Palharesa, au S. d'Isils.
75 — Homme marié avec une héritière (catalan). — La Borde de Bize existait encore en 1725. (Carte de Roussel Bull. pyz. juin-juillet 1912) ; elle était au fond de la vallée d'Espot, près de la Noguera Palharesa (Pont Espot, v. carte 100.000e).
76 — Sorpe, S. d'Isils.
77 — Boren, S. d'Isils.
78 — S.-O. d'Isils. (même carte).
79 — Ainsi que nous l'avons fait déjà remarquée, l'Ordre de Saint-Jean donnait souvent le nom de la commanderie à des possessions éloignées du siège de celle-ci. On peut admettre, par suite, que ce « pré de Salau » était un lieu-dit de Arreu.
80 — Alos de Isils, sur la Noguera Palharesa, au N. d'Isils. (carte citée).
81 — Le Dict. béarn. de Lespy donne à ce mot la signification de circonscription de plusieurs lieux, ce qui ne se rapporte pas au paragraphe concernant la campou de Pey Chiquet. Il faut lire probablement : claus = enclos.
82 — L'acte de « prise de possession de la rectorerie ou chapelle Nostre-Dame de Salau, par laquelle il se voit qu'elle est de la domination du commandeur de Caignac », le 31 octobre 1604, se trouve dans la liasse sous le nº 11. La cérémonie eut lieu à Salau, « environ midi » ; elle fut présidée par Guilhem Allène, curé de Sentenac.
83 — Arthur de Glandevez Pépin, commandeur de Caignac de 1559 à 1607 d'après l'Histoite du Grand prieuré de Toulouse, par Du Bourg. — Frère Jean Sirgant connut aussi des tribulations à Salau, car il dut recourir à l'autorité du Sénéchal de Toulouse, qui, par sentence du 4 mars 1600, le maintint à Salau comme vicaire perpétuel. (lnv. de Caignac. Reg. 49 bis).
84 — Ce mot signifie exactement : tronc (d'un arbre), et non : tronc (pour les offrandes). Bernard Artaud l'emploi ici dans ce de dernier sens.
85 — C'est-à-dire : a été désavoué pat le conseil de la commune.
86 — Le Commandeur de Caignac était de 1635 à 1657 Louis de Tersac Montberaud. (Histoite du Grand Prieuré de Toulouse, par Du Bourg). Il faut lire très probablement : 1667 (Voyez la note 87 et suivante).
87 — L'an 1658, le syndic du chapitre de Couserans faisait acte au commandeur Louis de Tersac de ne pas prendre la qualité de seigneur haut justicier du lieu d'Audinac sur les reconnaissances qu'il ferait consentir. Un jugement des requêtes du 3 féveier 1662 maintint Louis de Tersac en la jouissance de la terre d'Audinac avec défense au Chapitre de Couserans de le troubler. (Invent, de Caignac. Registre 49 bis).

Revue de Comminges - Pyrénées Centrales — Bulletin de la Société des Etudes du Comminges du Nébouzan et des Quatres-Vallées. Tome XXXI — Année 1916. Saint-Godens Imprimerie et Librairie Abadie.

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