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Chartes de Conan IV duc de Bretagne - Hospitaliers

Mise au point
Les possessions des ordres religieux-militaires de l'Hôpital et du Temple dans le duché de Bretagne sont difficiles à recenser avec précision. Leur étude s'appuie principalement sur deux chartes, qui énumèrent de façon sommaire les biens des Hospitaliers et des Templiers en Bretagne, datées respectivement de 1160 et 1182, et attribuées au duc Conan IV.
Elles ont été longtemps tenues pour authentiques, mais leur caractère apocryphe a été démontré en 1872 par Anatole de Barthélemy, qui plaçait leur rédaction dans la seconde moitié du XIIIe siècle.
Pourtant, l'examen des conditions dans lesquelles apparurent les premières copies de ces chartes suggère qu'elles ont probablement été réalisées toutes deux par les Hospitaliers dans la décennie 1310.
La charte concernant les Hospitaliers aurait permis d'obtenir la sauvegarde royale en 1312, celle concernant les Templiers aurait servi peu après à répondre aux contestations auxquelles se heurtaient les Hospitaliers quand ils cherchaient à être investis des biens Templiers.
L'état du temporel des ordres militaires, tel qu'il est décrit dans ces chartes apocryphes, serait donc celui du début du XIVe siècle.
Sources Annales de Bretagne
Relative aux Biens des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem
Conanus dux Britannie et comes Richemundie universis ecclesie filiis per totum ducatum suum salutem. Notum sit vobis omnibus me dedisse et concessisse et hac mea carta confirmasse Domui Hierosolimitane hospitalitatis omnes elemosinas et terras et teneuras que in ducatu meo predicte domui date sunt libéras et quietas ab omnibus consuetudinibus in omnibus locis et in omnibus partibus quorum omnium hoc sunt nomina : in Treker elemosine de Louergat (1), elemosine de Loguanoc (2) et de Pennguenan (3) et de Pederiac (4) et de Pumurit (5) et de Coginiac (6) et de Pleguen (7) et de Mael (8) an Rodoued Gallec (9) en Luch (10), an Folled (11), Bannazlanc (12), elemosine de Fou (13) et de Brithiac (14) et de Pennhart (l5) et de Ploeneth (16) et de Arke (17) et de Gothon (18) et de Mathalon (19) et de Bodoc Kapsithun (20), hospitalis inter duas Kemper (21) et hospitalis super Beloen (22) elemosina de Moelan (23) et de Cloetgal (24) et elemosina de Guasgury (25) in Quemenet Guegamt, elemosinas de Prisiac (26), hospitalis de loco Sancti Maclovii (27), hospitalis de Pontivi (28) elemosine Alani vicecomitis, scilicet unus burgensis in unoquoque castello suo, elemosine domini Conani ducis scilicet unus burgensis in unaquaque civitate sua et in unoquoque castello suo ; in Kemenet Hebgoen, elemosine de Cleker 29) et de Treunnatos (ou Creunnacos) (30) in Broguerec, elemosine de Lannkintic (31) et de Laustenc (32) et de Corvellou (33) et hospitalis in Suluniac (34) et elemosina de Kinstinic Blagueth (35) et de Mollac (36) et d eMalechac (37) et de Kestembert (38) et de Guernou (39) et de Azarac (40) in episcopatu Nannetensi, et domus de civitate Nannetensi cum appendiciis suis et de Guenrann (41) et unus homo in unaquaque parrochia apud Raes (42), et elemosina de Ploearthmael (43) et de Brull (44) et de Kessoe (45) et de Tertre Conaen (46) et de Grandifonte (47) et de Pleherel (48) et de Cruce Hahaguis (49) et de Saltu calvo (50), et de Stablehon (51) et de Grandivilla (52) et de Gangarei et de Ponteterre (53) et de Teuthcael et de Kaerfounric in Comanna (54) et la Bollie (55) cum appendiciis. Ego Conanus dux et comes Richemundie libere et quiete concessi hec omnia domui supradicte pro amore ejusdem domus et fratris Eguen familiaris nostri anno ab incamacione domini Mº. Cº. LXº mo, régnante Ludovico Francorum rege et Henrico Anglorum rege, Corisopitensem episcopatum Gaufrido tenente. Testes Haemo Leonensis episcopus, Gauffredus Corisopitensis episcopus, Riguallonus abbas Kemperlegii, Gradlonus abbas Saucti Guingualoei, prior de Monte sancti Michaelis, Guilelmus Ferron frater de Templo, Robertus cancellarius ducis, Alanus clericus, Margarita ducissa, Martinus ejus cappellanus, Richardus et Alanus Gemelli, Renaldus Boterel, Henricus Bretram, Henricus filius Haervei, Alanus Rufus, Alanus de Mota et clerus Corisopitensis ecclesie, apud Kemper Gorentin (56).

La charte relative aux chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem est connue par une copie de 1342, déposée aux Archives nationales, et publiée pour la première fois par M. Arthur de La Borderie. A cette époque, plusieurs églises, chapitres, abbayes et prieurés des diocèses de Saint-Brieuc, Saint-Malo et Dol s'empressaient de se mettre sous la sauvegarde, royale et d'affirmer qu'ils ne dépendaient en rien du duc de Bretagne. Leur but principal était, au point de vue judiciaire, de relever du Parlement de Paris dont les sentences étaient moins dures que celles de la justice des grands feudataires : Philippe-le-Bel encourageait ce mouvement qui en augmentant son influence dans les terres de ses vassaux, ne laissait pas que d'être profitable à son trésor, et l'on sait tous les expédients qu'il employait pour remplir celui-ci.

Or en 1342, Geoffroi Pélion, clerc, accompagné de Eudes le Prévôt, chanoine de Saint-Brieuc et procureur du Roi, parcouraient le nord-est de la Bretagne pour constater le droit de garde-royale sur les abbayes de Beauport, Beaulieu, Vieuville, Saint-Jacut-de-la-Mer, Saint-Meen-de-Gaël, Boquen, Saint-Aubin ; sur les prieurés de Saint-Florent de Dol, Lehon, Saint-Malo de Dinan, Combourg, Saint-Etienne de Jugon, Saint-Martin de Lamballe et Saint-Sauveur de Guingamp. A cette enquête comparurent aussi le chapitre de Nantes et Géoffroi Berthou custos domus de Quessoy, accompagné de Perrot, son servant.

La maison de Quessoy était une des commanderies importantes de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, Geoffroi Berthou, alors commandeur, paraît avoir été délégué pour représenter son ordre et le placer sous la sauvegarde royale.

Lorsqu'il vint le dimanche Judica me, en la maison du chanoine Eudes le Prévôt, à Saint-Brieuc, le commandeur de Quessoy n'avait pas entre les mains les titres qui pouvaient servir à appuyer ses prétentions. Il demanda un délai, et apporta un peu plus tard une charte du duc Conan IV, dont l'official de Saint-Brieuc lui avait donné une copie authentique le lundi post invocavit me 1311, d'après un vidimus de l'évêque de Dol, daté de 1277.

Dès 1277, par conséquent, la charte de Conan IV était connue, et admise comme titre authentique ; Eudes le Prévôt s'empressa de la reproduire dans son enquête et c'est le plus ancien texte que nous en possédions aujourd'hui.

Entre le diplôme des Templiers et celui des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem nous trouvons de nombreux points communs. Ils sont de la même date, 1160; ils ont les mêmes témoins; ils sont donnés tous deux à Quimper.

Mais cette date est impossible à admettre, et je suis étonné que jusqu'ici ce détail important n'ait pas été remarqué. Le duc Conan IV était mort onze ans auparavant, en 1161. Geoffroi, évêque de Cornouailles, l'un des témoins, ne monta sur le siège épiscopal de Quimper qu'en 1167; on connaît un acte de Bernard, son prédécesseur, daté de 1166 (57). Un autre témoin, Rivalon, abbé de Sainte-Croix de Quimperlé, ne commença qu'en 1163, date de la mort de Donvalon, son prédécesseur, connue par le nécrologe même de l'abbaye.

J'ajouterai qu'au point de vue diplomatique, ces deux documents sont rédigés de manière à donner quelques soupçons sur leur authenticité. En effet, on ne connaît pas de chartes confirmatives de tous les biens d'un ordre contenant leur énumération ; le style même ne concorde pas avec l'époque à laquelle régnait Conan IV ; bien plus, on a le droit d'être étonné de voir celui-ci faire acte de souverain pour approuver des donations faites dans des régions de la Bretagne où il n'avait aucun droit. Sous Conan IV, le Léon, le Goëllo, le Penthiêvre, le Rohan, appartenaient à des seigneurs qui étaient encore aussi indépendants chez eux, que Conan IV lui-même dans les fiefs qui étaient à lui.

Tout porte donc à considérer les diplômes dont je viens de donner le texte comme rédigés à la fin du XIIIe siècle (58), alors que les ducs de Bretagne avaient centralisé le pouvoir dans leurs mains, et que les Templiers comme les Johannites avaient besoin de titres pour obtenir la sauvegarde royale. Ces documents n'en sont pas moins importants puisqu'ils nous donnent, pour cette époque, un tableau des possessions des deux ordres dans la province. J'ai déjà eu occasion de constater, tant pour l'histoire des monnaies bretonnes, que pour le prieuré de Saint-Martin de Lamballe et d'autres établissements religieux, l'existence de chartes apocryphes.
Sources : Auteur — Anatole de Barthélémy — Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, année 1872, volume 33, Numéro 1, pages 443 à 454.
Sources Internet document électronique : Les oeuvres reproduites sur le site « persée » sont protégées par les dispositions générales du Code de la propriété intellectuelle.
Notes
1. — Louargat, canton de Belle-Isle-en-Terre, arrondissement de Guingamp (Côtes-d'Armor).
2. — Louannec, canton de Perros-Guirec, arrondissement de Lannion (Côtes-d'Armor).
3. — Penvenan, canton de Tréguier arrondissement de Lannion (Côtes-d'Armor).
4. — Pédernee, canton de Begard, arrondissement de Guingamp (Côtes-d'Armor).
5. — Saint-Gilles, trêve de Peumerlt-Quintin, commune de Saint-Nicolas du Pelem, arrondissement de Guingamp (Côtes-d'Armor).
6. — Cobignac, canton de Châtelaudren, arrondissement de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor).
7. — Plévin, canton de Maël-Carhain, arrondissement de Guingamp (Côtes-d'Armor).
8. — Maël-Carhaix, ou Maël-Pestivien, canton de Callac, arrondissement de Guingamp. (Côtes-d'Armor).
9. — Roudouallec, arrondissement de Pontivy, canton de Gonrin (Morbihan).
10. — Le Louch, trêve de Maël-Pestivien.
11. — La Feuillée, canton de Huelgoat, arrondissement de Châteaulin (Finistère).
12. — Saint-Jean-Banalan, canton de Huelgoat, arrondissement de Châteaulin (Finistère).
13. — Plounevez du Faou, canton de Châteauneuf, arrondissement de Châteaulin (Finistère).
14. — Briec, arrondissement de Quimper (Finistère).
15. — Penhars, arrondissement de Quimper (Finistère).
16. — Plonéis, canton de Plougastel-Saint-Germain, arrondissement de Quimper (Finistère).
17. — Ergué-Armel ou Ergué-Gabéric, arrondissement de Quimper (Finistère).
18. — Cuzon, commune de Kerfeunteun, arrondissement de Quimper (Finistère).
19. — Mahalon, canton de Pontcroix, arrondissement de Quimper (Finistère).
20. — Beuzec-cap-Sizun, arrondissement de Quimper (Finistère).
21. — Quimper, chef-lieu du département du Finistère ; ou le Paraclet en Saint-Laurent, canton de Bégard, arrondissement de Guingamp (Côtes-d'Armor), entre la commune de Quimperven et celle de Quemperguezennec.
22. — Saint-Jean-en-Riec, canton de Pontaven, arrondissement de Quimperlé.
23. — Moëlan, canton de Pontaven, arrondissement de Quimperlé (Finistère).
24. — Je n'ai pu trouver une assimilation satisfaisante pour ce nom de lieu.
25. — Guiscriff — Canton de Faouet, arrondissement de Pontivy (Morbihan).
26. — Priziac, canton de Faouet, arrondissement de Pontivy (Morbihan).
27. — Loc-Malo, canton de Guemené-sur-Scorff, arrondissement de Pontivy (Morbihan).
28. — Pontivy (Morbihan).
29. — Cléguer, canton de Pontscorff, arrondissement de Lorient (Morbihan).
30. — Assimilation à chercher.
31. — Languidic, canton de Hennebon, arrondissement de Lorient (Morbihan).
32. — Naustanc près Merlévénez, canton de Port-Louis, arrondissement de Lorient (Morbihan).
33. — Gorvello en Sulniac (Morbihan).
34. — Sulniac, canton d'Elven, arrondissement de Vannes (Morbihan).
35. — Quistinic-Blavet, canton de Plouay, arrondissement de Lorient (Morbihan).
36. — Molac, canton de Questembert, arrondissement de Vannes (Morbihan).
37. — Malensac, canton de Rochefort-en-Terre, arrondissement de Vannes (Morbihan).
38. — Questembert, arrondissement de Vannes (Morbihan).
39. — Le Guerno, trêve de Noyal-Muzillac, canton de Muzillac, arrondissement de Vannes (Morbihan).
40. — Assérac, canton d'Herbignac, arrondissement de Savenay (Loire-Inférieure).
41. — Guérande, arrondissement de Savenay (Loire-Inférieure).
42. — Rézé, canton de Bouay, arrondissement de Nantes (Loire-Inférieure).
43. — Ploërmel (Morbihan).
44. — Assimilation à chercher.
45. — Quessoy, canton de Moncontour, arrondissement de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor).
46. — Le Tertre-Conan en Hénanbihen, canton de Matignon, arrondissement de Dinan.
47. — La Grand-fontaine en Hénanbihen, canton de Matignon, arrondissement de Dinan (Côtes-d'Armor).
48. — Pléhérel, canton de Matignon, arrondissement de Dinan (Côtes-d'Armor).
49. — La Croix-Huis, en Pléboulle, arrondissement de Dinan (Côtes-d'Armor).
50. — Le Boischauff en Jugon, arrondissement de Dinan (Côtes-d'Armor).
51. — Saint-Jean de Estublehon en Sainl-Sulliac, canton de Châteauneuf, arrondissement de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
52. — La Grandville ?
53. — Pont-de-Terre en Pleudihen, canton de Dinan (Côtes-d'Armor).
54. — Kaerfounric en Cammana, canton de Sizun, arrondissement de. Morlaix (Finistère).
55. — La Bouillie, canton de Matignon, arrondissement de Dinan (Côtes-d'Armor).
56. — D. Morice, volume, I, col. 638. — Archives nationales, J, 241, A, nº 26. — Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t. IV, p. 255 et suivantes.
7. — Histoire de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, par D. Pl. Le Duc, éditée par M. Le Men, p. 601.
58. — La personne qui a composé ces deux chartes les aurait rendues plus admissibles, au premier coup d'œil si elle avait inscrit la date de 1170, comme on la trouve à un acte de cette année, donné en faveur du Mont-Saint-Michel avec les mêmes témoins (D. Mor. 1 vol. 662 et 663). On ne peut supposer un lapsus de copiste, puisque la même erreur de date se trouve dans deux actes distincts. Il est seulement permis de supposer que des Templiers comme les Johannites eurent recours au même clerc qui intercala dans la même formule les notes que chacun des ordres lui avait fournies pour l'énumération de leurs biens.
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