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Quelques anecdotes trouvées ici et là concernant les Templiers et les Hospitaliers

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Anécdote N° (26)
16/06/2022

Moules à enseigne de pèlerinage et médailles (XIVe siècle)

Département: Vienne, Arrondissement: Montmorillon, Canton: Civray - 86
Moules à enseigne
Le R. P. de la Croix donne lecture d'une note archéologique relative à des moules à enseignes et à médailles de pèlerinages trouvés il y a quelques mois à Civray dans des terrains portant au cadastre le nom de Temple. C'est sur ces terrains que s'élevait autrefois un établissement de Templiers qui fut remplacé par une commanderie de Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Sur ces moules en parfait état de conservation sont représentés:
1° — Un Saint Jean-Baptiste et un Agnus Dei, l'un ayant servi d'enseigne et l'autre de médaille ; 2° un autre saint jusqu'ici indéterminé, mais destiné à une enseigne, et une croix pattée utilisée sans doute comme médaille. Ces moules, d'un grand intérêt, seraient, d'après le R. P., du XIVe siècle et auraient appartenu a cette commanderie.

Une circonstance fortuite m'a mis, il y a quelques mois, en possession de deux moules à Enseignes et à Médailles de pèlerinages, trouvés à Civray (Vienne), dans l'emplacement d'une commanderie, qui s'appelle aujourd'hui le Temple, et qu'occupaient, au XIIe siècle, des Templiers ; au XIVe siècle, des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem (1).
1. — Il y avait à Civray une maison de Templiers, domus Templi apud sivoicum, 1184 (Fontenceau, tome XVIII, page 555), qui devint une commanderie de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem... (Dictionnaire topographique de la Vienne, Redet)

L'intérêt que présentent ces objets m'engage à en donner la description et à ajouter quelques observations.
Ces deux moules, en pierre calcaire lithographique, contiennent chacun deux sujets assez grossièrement gravés en creux. Leurs contreparties, destinées à donner une épaisseur convenable aux objets fondus, n'ont pas été retrouvées ; mais, à l'examen des moules, il semblerait qu'elles auraient été planes ou ne possédaient qu'un simple évidement d'une minime profondeur, et que cet évidement aurait uniquement suivi, non les détails des sujets, mais leurs contours.

Moule n° 1 Image

Après avoir décrit les deux moules et les sujets qui y sont gravés, examinons ce que peuvent représenter les sujets qui s'y voient.
2° — A quelle époque on pourrait les classer.
3° — Enfin, où ils ont dû être confectionnés.

Le moule n° 1 contient deux sujets représentant des personnages, et à la forme d'un parallélogramme irrégulier déformé sur trois de ses côtés ; sa hauteur est de 87 millimètres ; sa largeur, de 77 millimètres, et son épaisseur, de 88 millimètres. Le principal sujet représente un personnage debout, nimbé, vêtu d'une tunique, le bras droit plié au coude vers la gauche et paraissant montrer l'animal qui est sur l'autre bras ; le bras gauche écarté du corps, et le bas des jambes apparent. On voit aussi à côté du bras droit un petit motif fort mat gravé qui pourrait peut-être figurer tige avec des fleurs. Malgré l'incorrection du dessin et de la gravure, l'animal figuré sur les bras et l'épaule gauche du saint semblerait être un agneau.
— Ce personnage occupe le centre d'une ornementation circulaire à doubles traits qui forme encadrement. La partie laissée libre entre les deux traits est remplié par des jambages graves de droite sur gauche, et le trait extérieur est meublé de petites perles. Quatre annelets y sont également annexés et paraissent avoir été destinés à fixer l'objet sur de l'étoffe ou sur du bois. Quant à la grande cannelure qui vient aboutir au bas de cette sorte de cordelière décorative formant cadre, elle n'est autre chose que la coulée par laquelle le métal en fusion entrait dans le moule. Pour ce qui est des quatre traits un peu longs et épais qui rompent le rang de perles circulaires, ils ne sont, ce semble, que les évents destinés à recevoir les bulles d'air que produisait nécessairement le métal en fusion au moment de son introduction dans le moule....

Moule n° 2 Image

Le moule n° 2, beaucoup plus petit que le précédent, possède également deux sujets, mais a subi de regrettables mutilations. Il n'a plus que 55 millimètres de hauteur, 41 millimètres de largeur et 15 millimètres d'épaisseur. Le principal sujet, qui est entier, représente un Agneau ou Agnus Dei marchant de droite à gauche la tête retournée, coupé par une croix latine à longue tige, dont les trois bras supérieurs semblent pattés. Sur ses flancs existent des traits assez mal gravés qui paraissent représenter deux petites croix.

Le tout se trouve enchâssé dans un anneau composé d'un simple cercle garni de perles à l'extérieur. Au haut du cercle se voit un annelet, et au bas une coulée.
Le second sujet représente une croix ancrée à quatre branches égales (il n'en reste que deux), entourée d'un cercle composé d'un seul trait ; de petites ciselures reliaient deux par deux et en courbes opposées à celle du cercle formant cadre, les extrémités des bras de la croix.
Ces deux sujets étant de petites dimensions paraissent n'avoir été que des médailles ou souvenirs pieux, mais non des enseignes de pèlerinages. Si, comme cela parait probable, la partie brisée du moule avait comporté la ciselure d'un annelet semblable à celui qui surmonte l'Agnus-Dei, ces deux médailles auraient pu être suspendues.

Après avoir décrit les deux moules et les sujets qui y sont gravés, examinons:
1° — Ce que peuvent représenter les sujets qui s'y voient.
2° — A quelle époque on pourrait les classer.
3° — Enfin, où ils ont dû être confectionnés.

1°. — Il semblerait que le personnage debout, nimbé, sur le bras et l'épaule gauche duquel se voit une sorte d'agneau ou de mouton, serait saint Jean-Baptiste. Ce qui porterait à le croire, c'est que d'une part le personnage paraissant nimbé représente par-là même un saint, et possède l'agneau ou le mouton, l'un des attributs de saint Jean-Baptiste ; d'autre part, le moule a été trouvé dans une Commanderie occupée d'abord par des Templiers, puis par les Hospitaliers de
Saint-Jean de Jérusalem, dont saint Jean Baptiste était le patron.
— Nous ne pouvons également méconnaître que cet autre sujet, représentant un Agnus Dei, puisse rentrer, par l'agneau lui-même, parmi les attributs représentés sur les objets ayant trait au culte de saint Jean-Baptiste. Il serait de même possible, croyons-nous, de voir un saint Eloi dans le personnage debout, mitré, revêtu de l'aube et de la chasuble, bénissant de la main droite et tenant de la gauche un marteau. Ce saint était évêque, et c'est dans l'attitude d'évêque debout et tenant à la main un marteau, qu'il est le plus souvent représenté (1).
Quant à la petite croix pattée, elle rentre dans les souvenirs communs à tous les pèlerinages.
1. Père Cahier. Caractéristique des Saints.

2° — Pour ce qui est de l'époque à laquelle ces moules auraient été confectionnés, nous croyons qu'il serait difficile de la placer ailleurs que dans le XIVe siècle. En effet, ces moules ont été trouvés dans une Commanderie qui n'a été habitée par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qu'au XIVe siècle ; de plus, ils représentent des personnages dont les emblèmes sont ceux de saint Jean-Baptiste, patron de ces mêmes Hospitaliers enfin, la chasuble dont est revêtu un des personnages a la forme usitée à cette époque.

3° — Quant à l'usage de ces moules, il parait très probable que celui (n° 1) qui contient, comme nous le pensons, un saint Jean-Baptiste et un saint Eloi, aurait servi à des enseignes de pèlerinages, si l'on en juge du moins par les annelets qui les entourent. Il semblerait au contraire que celui (n° 2) sur lequel sont gravés un Agnus Dei et une croix ancrée était destiné à fondre des médailles de pèlerinages, que l'on pouvait suspendre ou attacher à un morceau d'étoffe ou de bois.

R. P. De la Croix, S. J. Bulletins de la Société des antiquaires de l'Ouest, page 301. Tome V. Poitiers 1892. - BNF


Anécdote N° (27)
08-10-2022

Le Château de Gagny

Département: Seine-Saint-Denis, Arrondissement et Canton: Le Raincy - 93
Domaine du Temple de Gagny
Le musée de souvenirs que constitue notre région, vient de s’enrichir de la découverte d’un plan du XVIIIe siècle, tiré des Archives Nationales, représentant le château féodal de Gagny, l’une de nos plus anciennes forteresses locales, construite selon toute apparence an début du XIIIe siècle.
Cet édifice, qui ne doit pas être confondu avec le château sur l’emplacement duquel s’élève aujourd’hui la Mairie de Gagny, émergeait du vaste étang du parc des Sources, aménagé en vue de sa construction. Ses ruines disparurent vers 1765.

Il avait été donné en 1272 aux religieux du Temple, de Clichy-sous-Bois (Clichy-en-l’Aulnois), avec ses dépendances, fiefs et arrière fiefs, par Guérin de Gagny, chevalier, qui lui-même s’était engagé dans l’ordre des Templiers (1), alors en grande vénération.
1. A. Hustin. Histoire de Gagny.

Ses héritiers avaient solennellement confirmé cette importante donation et accepté de ne conserver de ce domaine que leur part en usufruit, leur vie durant. Son fils, Pierre de Gagny, avait obtenu la promesse d’être inhumé dans leur église (2).
2. A. Hustin. Histoire de Gagny.

Dans le cours du XIVe siècle, le château fut dévolu, ainsi que la Commanderie de Clichy, sous la dépendance de laquelle il resta jusqu’à la Révolution, aux religieux de l’ordre de Malte, et dans la suite, aliéné à la charge d’une rente perpétuelle à percevoir sur tous les héritages qui composaient le fief, au profit de cet ordre nobiliaire. En conséquence de cette réserve subsista un vestige de copropriété d’où il résulta que le prince de Conti, puis M. de Crussol, grands prieurs de l’ordre de Malte, se trouvèrent dans la nécessité de faire dresser en 1730 et 1785, des plans détaillés de l’ancien fief de Guérin de Gagny qui constituent pour l’histoire de cette commune des documents de premier ordre.

Le château fut cédé en 1706, pour le prix de 84.650 livres, par M. de Billy, fils de Madeleine de Férary qui le tenait de son père, Dominique de Férary. La vente en fut consentie à la condition que l’acquéreur, messire Joseph Blondel, chevalier du Saint-Sépulcre de Jérusalem, accepterait le marché que M. de Billy venait de conclure avec un entrepreneur de Paris pour faire réparer les bâtiments du château, moyennant un prix convenu de 14.650 livres. Il y a lieu de croire que cette condition ne fut pas remplie, et que la forteresse s’achemina, faute d’entretien, vers une rapide destruction.

En 1725, le château de Gagny passe aux mains de M. de La Bouexière, financier connu pour ses prodigalités et le faste avec lequel il avait meublé et décoré sa maison du faubourg Montmartre à Paris, dont les glaces et les trumeaux lui avaient coûté cente mille livres, et l’ornementation des cheminées vingt-cinq mille (3).
3. Capefigue. Histoire des Fermiers Généraux.

Soit que les bâtiments du château de Gagny fussent devenus inhabitables, soit que le séjour de ses tours massives lui parût triste ou incommode, M. de La Bouexière abandonna cette demeure et prit possession du prieuré de Maison Rouge, plus logeable et mieux situé, qu’il obtint par bail emphytéotique de cinquante ans, à des conditions qui seront relatées ailleurs, et parmi lesquelles la suppression du prieuré comme établissement religieux lui fut accordée.

L’ancienne forteresse de Guérin de Gagny, depuis longtemps sans raison d’être sous son aspect anachronique, fut définitivement délaissée. Lorsque M. Emmanuel Hocquart, petit fils par sa mère de M. de La Bouexière fit transformer en 1765 le château de Montfermeil, son entrepreneur, Lécluse, accepta en même temps d’enlever ce qui restait des matériaux du château de Gagny.

L’étang qui l’entourait, créé et alimenté par les eaux de la fontaine Saint-Fiacre, que la pente naturelle du sol conduisait en cet endroit, avait été asséché.
Depuis longtemps d’ailleurs, on avait comblé la partie étroite de la pièce d’eau qui séparait l’île de la terre ferme, du côté de la rue de Montfermeil, afin de permettre aux voitures l’accès du château, et de créer une cour spacieuse, de laquelle la carte Delagrive, ainsi que l’ancien plan cadastral de Gagny, indiquent les dimensions et le contour extérieur, en partie conservés par la parcelle n° 1427 de la section A du village, qui forme maintenant plusieurs propriétés (4).
4. La création de cette cour offrit l’inconvénient de modifier le parcours de la rue de Montfermeil et d’obliger les habitants à un détour incommode. La cour bordait au sud la rue Gossec. Des diverses propriétés construites aujourd’hui sur cet emplacement, la plus importante est celle de M. Gaiffe, 41, rue de Montfermeil.

Suivant le plan des Archives Nationales auquel nous nous référons principalement, la citadelle affectait la forme d’un trapèze dont chacun des angles comportait une grosse tour. Elle est représentée, placée entre deux gerbes de jets d’eau d’un goût discutable, situées l’une au Nord, l’autre au Sud du château.

Une rue dite de l’Etang marque aujourd’hui l’endroit le plus profond de l’ancienne pièce d’eau qui se développait le long et au bord même de la rue de Montfermeil. Mais rien ne distingue plus l’emplacement du château des terrains avoisinants. Toutefois, étant donné sa position dans l’axe de la cour qui le précédait, on est fondé à le placer sur les deux parcelles du même plan cadastral n° 1511 et 1513.

Il semble qu’aucun des historiographes de notre région n’ait eu connaissance du plan des Archives Nationales (5) dressé lorsque le prince de Conti voulut se rendre compte de l’état des Commanderies du Grand Prieuré de France confiées à son administration (6).
5. Archives Nationales — Seine-et-Oise, tome III, page 251.
6. Ce plan reproduit également l’ancienne église de Gagny. Le dessin, recueilli par nos soins, est déposé aux Archives de la Société Historique du Raincy, à la disposition de MM. les Sociétaires.


On observe que la forteresse de Gagny, spécimen remarquable de l’architecture militaire du moyen âge, avait subi peu de modifications depuis le XIIIe siècle. Des ouvertures pratiquées dans les bâtiments d’habitation et les tours, pour laisser pénétrer l’air et la lumière, en avaient quelque peu modernisé l’aspect qui, en perdant de sa sévérité primitive, était devenu plus accueillant. On ne peut s’empêcher de regretter qu’elle ne soit parvenue intacte jusqu’à nous, car elle présentait, en même temps que l’image la plus pittoresque, le modèle achevé des châteaux construits antérieurement à la découverte de l’artillerie, mais où cependant les armes à jet et les engins de siège de cette époque avaient atteint la perfection et la variété les plus complètes.

Contentons-nous d’en avoir rappelé l’existence, déterminé l’emplacement, reproduit l’aspect (7), et formons le vœu que quelque chercheur consciencieux nous offre prochainement l’histoire complète du château de Gagny, ainsi que de la construction plus moderne édifiée sur le même emplacement après la disparition de la forteresse, et que la carte Delagrive indique avec la plus parfaite netteté.
7. Voir l’Echo du Raincy du 3 janvier 1931.

Presque tous ces châteaux, nombreux au moyen âge, ont disparu sans qu’aucun dessin ni aucun plan en aient été conservés (8).
8. C’est ainsi que la forteresse qui constituait le chef-lieu du fief du Beauzay, à Montfermeil, n’a laissé d’autre souvenir que le tracé du pourtour extérieur de ses fossés de protection, indiqué sur le plan cadastral de la commune de Montfermeil, section C du bois Thysbé.
Suivant l’avis éclairé de M. le Commandant Bailly-Maître, de qui les études d'architecture militaire du moyen-âge, font autorité, la forteresse du Beauzay, d’après sa forme et ses dimensions, aurait été construite sous Philippe-Auguste. Le fief du Beauzay, bien que situé sur le territoire de Montfermeil, échappait à l’Influence des seigieurs de cette localité. Ses propriétaires avaient pour suzerains les seigneurs de Pomponne.


Le château de Gagny était protégé par de fortes murailles émergeant de l’étang. Une seconde ligne de défense se dressait en arrière de la première, comportant à chacun de ses angles une tour menaçante, faisant saillie extérieure. Enfin, à l’intérieur, près de la paroi de l’enceinte, le donjon, suprême refuge de la garnison, dressait sa silhouette redoutable et commandait les alentours.

On ignore si, à l’origine, la citadelle était reliée à la terre ferme par un pont, quelles en étaient les défenses, et si une issue masquée permettait à la garnison, serrée de trop près à l’intérieur du donjon, de s’échapper en gagnant la campagne.

Les habitants de Gagny vécurent durant les longues années d’insécurité du moyen âge sous la protection de cette citadelle à l’intérieur de laquelle ils accoururent sans doute bien des fois, à l’appel du tocsin, quittant la charrue pour prendre les armes et participer à la défense commune. Respectons et conservons ces souvenirs qui mettent en lumière l’énergie et l’esprit de solidarité dont nos pères ont longtemps continué la tradition.

Sources : Noël, Lucien. Montfermeil et sa région : fragments historiques - BNF


Anécdote N° (28)
29-10-2022

Histoire de Chartres

Département: Eure-et-Loir, Arrondissement et Canton: Chartres - 28
Histoire de Chartres
L’ordre du Temple, à peine au berceau, fondait, entre Beauvoir et le bourg Muret, une maison d’Hiérosolymitains (vers 1115) ; et les religieux de Marmoutier recevaient en pur don l’abbaye de Saint-Martin-au-Val (1128).

Après le désastre de Vitry, Louis-le-Jeune avait formé le vœu de prendre la croix ; l’abbé de Clairvaux encouragea cette résolution et la croisade fut proclamée dans l’assemblée tenue à Vézelay le jour de la Nativité 1145. Parmi les princes qui s’enrôlèrent sous la bannière du Christ, on remarqua Henri, fils aîné du comte Thibault.
Saint Bernard étant venu, sur la demande de l’évêque Geoffroy, prêcher la guerre sainte à Chartres, en 1146, ses discours enflammèrent d’une telle admiration les seigneurs de la Beauce, qu’ils voulurent lui décerner le commandement de l’expédition. Mais l’exemple de Pierre l’Hermite, si malheureux dans la conduite de la première armée de la Croix, détermina Bernard à décliner cette mission. Avec le jeune comte Henri et son épouse, partirent Geoffroy, vicomte de Châteaudun, Guillaume d’Aiguillon, les trois frères du Mesnil-Simon, Robert, frère de Geoffroy d’Orrouer, Philippe de Tréon, Eudes Brunei, Renaud et Hugues d’Ouarville (1147) (1)
1. Renaud d’Ouarville rapporta de Constantinople, pour l’église Saint-Martin d’Ouarville, des reliques qu’il mit sous la garde des chanoines de Saint-Jean-en-Vallée, possesseurs de cette église, à la condition de les exposer, chaque année, le jour de saint Philippe, à la piété des fidèles. (Archives départementales, Cartulaire de Saint-Jean, inventaire n° 242. Charte passée en présence de Garin, abbé de Saint-Jean, de Foucher, abbé de Sainte-Marie de Châteaudun, de Thibault, abbé de Saint-Cheron, d’Eudes de Montigny, de Gervais et de Galatin, chevaliers du Temple.
Les trois frères du Mesnil-Simon eurent les mains écorchées par les infidèles, d’où ils prirent pour armes d’argent à six mains de gueules. (Souchet-Etienne, page 498.)


Des fondations religieuses importantes, dues, sans doute, à la piété de Jean et au zèle ardent de l’évêque Gauthier, augmentèrent vers la même époque la milice monacale de Chartres. Les frères Prêcheurs ou Jacobins, enfants de saint Dominique, et les frères Mineurs ou Cordeliers, enfants de saint François, furent introduits dans la ville en 1231. Les premiers se logèrent près de la maison des frères Templiers, entre les bourgs Muret et de Beauvoir, dans un lieu que leur assigna le doyen Hugues de la Ferté ; les seconds s’établirent dans le faubourg, hors la porte des Épars.

Ce moment de paix entre les Seigneurs temporels et spirituels de Chartres fut mis à profit par l’institut des frères Prêcheurs ou Jacobins, fondé récemment, comme on l’a dit plus haut, près de l’hôpital des chevaliers du Temple de Jérusalem. Ces religieux, protégés par le Roi et par le Comte, avaient une réputation de science qui attirait la foule dans leur église et leur faisait de nombreux amis.
En 1258, quelques bourgeois généreux leur donnèrent ou vendirent à prix modéré les maisons, les hébergements et autres héritages qui les avoisinaient ; de sorte que leurs possessions s’étendirent promptement depuis l’ancienne forteresse ou Bretèche, située à la tête du bourg Muret, jusqu’au four de l’Evêque, et de là, jusqu’à la maison des Templiers.
On ne voit pas que le lugubre drame des Templiers, qui se joua de 1307 à 1311, ait fait beaucoup de bruit à Chartres.

On sait seulement que le Chapitre figura par députés au concile provincial de Paris, convoqué par l’archevêque de Sens au mois de mai 1310, qui condamna l’Ordre dans la province ecclésiastique, et que le comte Charles assista, vers la fin de 1311, avec son fidèle conseiller le sire de Valéry, l’évêque Jean de Gallande et les chanoines Jean de Brosse et Jean de Jessia, au concile général de Vienne, où le pourvoi en cassation des condamnés fut rejeté. Les biens que les Templiers possédaient à Chartres et dans le comté passèrent aux chevaliers de l’hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem, en vertu des conditions réglées par le Roi et le Pape (1).

La mort de Philippe-le-Bel (29 novembre 1314), en appelant au trône le jeune Louis X, dit Hutin, donna le pouvoir effectif au comte Charles. Il en profita pour punir les anciens ministres de son frère, qu’il détestait; le plus important d’entre eux, Enguerrand de Marigny, fut pendu au gibet de Montfaucon la veille de l’Ascension 1315.
1. On n’a que des renseignements incomplets sur l’établissement des Templiers à Chartres. La tradition fait connaître que leur maison principale était située à l’endroit où est aujourd’hui la Cour d’assises. Un chirographe (*) de 1183 apprend que cette maison touchait au four des frères de l’Aumône-Notre-Dame et à un terrain possédé jadis par Juquel de Corileto.
(Archives départementales, Chapitre, Maisons canon, K, n° 24, caisse 61.)
* A. - Document portant une signature autographe ; en partie promesse écrite, reconnaissance de dette, contrat.
* B. - Document rédigé en deux parties semblables sur une même pièce de parchemin, découpée après rédaction suivant une ligne brisée qui traverse une inscription (le rapprochement des deux moitiés valant preuve d’authenticité.

Il résulte de deux actes capitulaires de 1320 et 1323, que les chevaliers de l’Hôpital avaient succédé aux Templiers dans la possession d’une autre maison située dans la rue du Grand-Beauvoir, et qui était tenue à vie par M Radulf de Chivry, chanoine, puis doyen du Chapitre.
(Registre capitulaire; Mss. Bibliothèque).

Les Templiers avaient à Sours un vaste domaine à eux aumôné par la comtesse Adèle en 1192.

L’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui prit plus tard le nom de Malte, fut introduit à Chartres longtemps avant la destruction de l’ordre du Temple. On voit par un titre de Saint-Père (1129-1150) que le sellier Gauthier divisa, en mourant, sa maison sise en la Sellerie (rue des Trois-Maillets) entre les couvents de Saint-Père et de Josaphat et l’hôpital des Hiérosolymitains.
(Cartulaire Saint-Père, volume 2, page 336.)

Un acte de 1258 indique que les maisons des Hospitaliers de Chartres étaient situées à peu de distance de celles des frères Prêcheurs ou Jacobins, dans la censive de l’Evêque.
(Archives départementales, Jacobins.)

Enfin dans un chirographe de 1200 environ frère Barthélémy est qualifié procureur des Hospitaliers du bailliage de Chartres, procurator hospit. Carnoten. bajulie.
(Archives départementales, Saint-Jean.)

En 1312, frère Jean Massut était commandeur de l’ordre de l’Hôpital à Ouarville ; en 1316, cette commanderie appartenait à frère Jean du Pont ; en 1357, frère Gilbert du Sceau prenait le titre de Commandeur en chartrain ; frère Thomas de Valleran était commandeur d’Ouarville en 1362.
(Archives départementales, Saint-Jean.)


Ouarville paraît avoir été au XIVe siècle le siège principal des possessions chartraines de l’ordre de l’Hôpital, L’évêque Jean de Gallande trépassa à Berchères le jeudi après la Saint-Rémy 1315 (1).
1. Jean de Gallande possédait un hôtel sur le quai des Célestins, à Paris. (Sauval, Antiquités de Paris, volume 2, page 264)

Il fut inhumé dans l’église des frères mineurs et remplacé, avec la permission du Roi donnée à Royaumont, par Robert de Joigny, chanoine de Notre-Dame depuis longues années. Ce prélat, neveu de Mahaud de Châtillon, troisième épouse du comte Charles, débuta par enjoindre au Chapitre de lancer des excommunications contre les rebelles flamands, selon l’ordonnance d’un concile provincial tenu à Sens vers la fin de 1315, et auquel le doyen et le chanoine Giles de Fortensia avaient été députés. Une dîme pour la guerre projetée par le Roi frappa les biens ecclésiastiques en 1317 et fut continuée jusqu’en 1319, alors même que le royaume, échu à Philippe-le-Long, n’était plus agité par la question flamande (2).
2. Registre capitulaire Séance du jour de la lune après la Purification 1319. Mss. Bibliothèque.

Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem
Nous avons donné, dans le chapitre VIII de cette histoire, les seuls renseignements qui nous soient parvenus sur les Templiers de Chartres.
Les Hospitaliers ou Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, connus plus tard sous le nom de Chevaliers de Rhodes, puis de Malte, réunirent, en 1312, aux biens de leur ordre, à Chartres, les maisons que possédaient les Templiers. Néanmoins cette agglomération de propriétés ne forma en aucun temps une commanderie, et le chapitre de Notre-Dame s’opposa toujours à ce que les Hospitaliers fissent bâtir dans leur hôtel une chapelle ou même un simple oratoire (3).
3. Archives départementales Registre des Privilèges du Chapitre, Cap de Capellis et oratoriis, folio 5, recto.

En 1496, le procureur des Chevaliers, chargé de la régie des revenus de Chartres, et demeurant dans la maison de l’Ordre voisine de celle des Jacobins, fut obligé, malgré la prépondérance militaire et religieuse de ses maîtres en France, de composer avec les gagers de Saint-André, moyennant quelques sommes de deniers, pour éviter d’être mis à la taille comme un simple paroissien (1).
1. Archives départementales. Livre de bois de Saint-André.

Cette position subalterne dans les rangs de la milice monacale chartraine décida probablement l’Ordre à se défaire de ses domaines urbains. Vers 1656, il céda aux Carmélites l’antique maison des Templiers et disparut définitivement de la liste des gens de mainmorte de Chartres.

Les Frères Prêcheurs, dits Jacobins, ordre de Saint-Dominique.
Comme nous l’avons dit plus haut, les frères Prêcheurs ou Jacobins n’entrèrent à Chartres qu’en 1231, mais l’édification des bâtiments réguliers commença vers 1221 et fut poursuivie jusqu’à parfait achèvement, quoique avec lenteur grâce aux libéralités du doyen Hugues de la Ferté, de l’évêque Gauthier et des religieux de Saint-Jean-en-Vallée. La première messe conventuelle fut célébrée, le dimanche de l’octave de la Fête-Dieu 1231, dans une vieille chapelle concédée aux nouveaux venus par les Templiers, leurs voisins.

Sources : Lépinois, Eugène de. Histoire de Chartres. Tome 1. Chartres 1854 - BNF


Anécdote N° (29)
11-11-2022

Commanderie de Sainte-Vaubourg

Département: Seine-Maritime, Arrondissement et Canton: Rouen - 76
Commanderie de Sainte-Vaubourg
L’histoire du Val-de-la-Haye est fort intéressante. Le village avait déjà une certaine importance dès le VIIIe siècle, et les rois d’Angleterre, ducs de Normandie, y venaient volontiers en villégiature au XIIe siècle.
Selon M. l’abbé Tougard, le nom de Haye, qui signifiait, au Moyen-Age, enclos pour la chasse, fut donné à cette localité parce que Guillaume-le-Conquérant y avait bâti un manoir entouré d’un parc. C’est ce manoir, agrandi par Henri Ier et désigné sous le nom de Sainte-Vaubourg, qui fut par lui donné aux Templiers en 1173.

La commanderie de Sainte-Vaubourg prospéra et était l’une des plus florissantes de l’ordre du Temple quand s’ouvrit, sous Philippe-le-Bel, le procès qui se termina par la spoliation des biens de cette puissante institution.

Le débarcadère du bateau de La Bouille est en aval d’une très vieille maison du XVe siècle ; c’est plus loin, à la station dite de Couronne, que l’on rencontre la route qui monte à l’église du Val-de-la-Haye. Le presbytère est à droite, le château moderne, à gauche. En continuant de gravir la petite côte, on voit ce qu’il subsiste de l’ancienne commanderie de Sainte-Vaubourg.
Une partie de la ferme actuelle est une construction du XIIe siècle ; dans la cour, on remarque une belle et vaste grange, bâtie sous Saint-Louis, et où le clergé de la contrée enfermait les produits de la dîme. L’intérieur en est partagé en trois nefs par des piliers de bois.
Tout au sommet du coteau, on a, à droite et gauche, une magnifique route, ombragée de grands arbres et sur laquelle descend une pelouse gazonnée.

Grange dîmeresse, au Val-de-la-Haye


Grange dîmeresse, au Val-de-la-Haye

Grange dîmeresse, au Val-de-la-Haye


Dans le bois de la Commanderie, qui confine à la forêt de Roumare, on trouve des bornes de pierre où l’on distingue encore les armoiries des commandeurs.

Si l’on redescend vers la Seine, dans la direction du courant, on arrive auprès d’une autre station du bateau de La Bouille, celle de Couronne, dont il vient d’être parlé, près de la colonne commémorative érigée par souscription le 15 août 1844. Elle marque l’endroit où, le 9 décembre 1840, les cendres de Napoléon Ier, ramenées de Sainte-Hélène par le prince de Joinville, touchèrent pour la première fois le sol français. C’est un monument d’ordre dorique, surmonté d’une aigle de bronze aux ailes à demi-repliées.

Le Val-de-la-Haye a conservé une légende sur Sainte-Vaubourg, fille d’un chef normand nommé Richard.
Elle avait l’habitude de traverser la Seine pour se rendre en prière à l’église de Grand-Couronne, et toujours les flots s’écartaient devant elle, la laissant passer à pied sec.

Un jour, elle se croisa sur la berge avec une bande de soldats qui entraînaient au gibet un malheureux condamné à mort. Le pauvre diable implora sa compassion ; elle s’arrêta et demanda pourquoi on le voulait pendre.
— C’est, lui dirent les soldats, un misérable qui s’appropriait le bien d’autrui.
— Oh bien ! Répondit-elle, que justice soit faite. Et elle continua sa route.
L’homme fut pendu ; mais le soir, quand la trop peu compatissante Vaubourg, revenant de Couronne, voulut franchir le fleuve comme elle en avait l’habitude, l’eau continua de couler, et le miracle ne se renouvela plus.
Il y a, sous cette fiction ingénieuse, une assez jolie leçon de charité.

Sources : Müller, Louis. Autour de Rouen, page 148 à 150. Rouen 1890 - BNF


Anécdote N° (30)
21-11-2022

Templiers Esternay

Département : Marne, Arrondissement : épernay, Canton: Anglure - 51
Mont-Aiguillon ou Mont-Aigu (Mons aculeus)
La France se trouvait divisée entre la faction des Orléanistes et celle des Bourguignons (1418) ; les provinces, partagées d’intérêt ou d’inclination, étaient en proie aux pillages, aux incendies et aux massacres. Toutes les villes, les bourgs et les moindres villages, engagés dans l’un ou l’autre parti, s’étaient couverts de remparts et ressemblaient à des places de guerre.
Alexandre Leboursier restaura son château et le mit en état de défense ; mais ses soins furent inutiles.
Les Anglais, sous la conduite de Salisbury, s’étant avancé dans la Champagne, en 1425, sous le règne de Charles VII, vinrent assiéger Sézanne ; ils lui livrèrent bien des assauts, depuis Pâques jusqu’à la Saint-Jean. Il avait établi leur camp dans la forêt qui se trouve entre Sézanne et Esternay, qui en retint le nom de bois de l’Armée. Mais la ville de Sézanne voyant tomber, sur ses remparts, Marin, fameux capitaine qui la défendait avec un courage invincible, et Royer de Criquelot, capitaine de Normandie, fait prisonnier, fut forcée de se rendre. Après la prise de cette ville, les Anglais attaquèrent successivement toutes les forteresses de la Champagne et de la Brie ; ils se rendirent maîtres de Vertus, d’Epernay ; rien ne pouvait leur résister. Mont-Aiguillon qui est à deux lieues et demie d’Esternay, était vaillamment défendu par les seigneurs de Bourbe et de Coligny. Cette forteresse était la place la plus forte et la plus importante de la Champagne et de la Brie ; mais, après six mois de siège, elle fut contrainte de se rendre (1).

La France se trouvait divisée entre la faction des Orléanistes et celle des Bourguignons (1418) ; les provinces, partagées d’intérêt ou d’inclination, étaient en proie aux pillages, aux incendies et aux massacres. Toutes les villes, les bourgs et les moindres villages, engagés dans l’un ou l’autre parti, s’étaient couverts de remparts et ressemblaient à des places de guerre.

Alexandre Leboursier restaura son château et le mit en état de défense ; mais ses soins furent inutiles. Les Anglais, sous la conduite de Salisbury, s’étant avancé dans la Champagne, en 1425, sous le règne de Charles VII, vinrent assiéger Sézanne ; ils lui livrèrent bien des assauts, depuis Pâques jusqu’à la Saint-Jean. Il avaient établi leur camp dans la forêt qui se trouve entre Sézanne et Esternay, qui en retint le nom de bois de l’Armée. Mais la ville de Sézanne voyant tomber, sur ses remparts, Marin, fameux capitaine qui la défendait avec un courage invincible, et Royer de Criquelot, capitaine de Normandie, fait prisonnier, fut forcée de se rendre. Après la prise de cette ville, les Anglais attaquèrent successivement toutes les forteresses de la Champagne et de la Brie ; ils se rendirent maîtres de Vertus, d’Epernay ; rien ne pouvait leur résister. Mont-Aiguillon qui est à deux lieues et demie d’Esternay, était vaillamment défendu par les seigneurs de Bourbe et de Coligny. Cette forteresse était la place la plus forte et la plus importante de la Champagne et de la Brie ; mais, après six mois de siège, elle fut contrainte de se rendre (1).
Ce texte est de 1850. Il est inutile de rechercher cette forteresse de nos jours.
1. Mont-Aiguillon ou Mont-Aigu (Mons aculeus), fortesse située sur la crête d’un monticule, au milieu d’un bois, fut construit par les Templiers, comme le prouve l’inscription d’une pierre qui gît dans les herbes, à droite en entrant. Quand les Anglais furent chassés de Troyes par Jeanne d’Arc, ils évacuèrent aussi Mont-Aiguillon, après y avoir mis le feu; mais il fut bientôt rétabli.
Au commencement du règne de Louis XIII, lorsque les grands cherchaient à rompre l’unité de l’état, en couvrant de nouveau le royaume de duchés, comtés, baronnies, il devint indispensable d’abattre ces forteresses nombreuses. Celle-ci, comme la plus redoutable, fut une des premières à subir le sort que les autres devaient éprouver dans la suite. Le Gouvernement l’acheta, en 1615, à M. de Villemonté, son possesseur, pour une somme de soixante mille écus, et la fit démanteler. On fut forcé d’employer la mine ; mais elle était bâtie avec une telle solidité en pierres de grès que des murs entiers sautaient sans se déjoindre. On voit une tour, qui n’a pu être entamée, qui a été soulevée tout entière, et qui s’est rassise par son propre poids : elle est restée fortement inclinée. Dans l’état où le temps et la mine l’ont réduite, cette forteresse présente encore une masse imposante et pleine de grandeur.
Elle forme un carré parfait: chaque angle est défendu par une tour ronde ; mais, au milieu de la façade principale, il y a deux tours entre lesquelles se levait et se baissait un pont-levis. Ces tours étaient crénelées et communiquaient entre elles par un chemin qui régnait sur le sommet des murs, et qui subsiste encore en quelques parties. On remarque les traces des divers étages qui formaient les logements ; mais les séparations en ont disparu. On voit des débris d’escaliers dans l’épaisseur des murs, et des fragments de cheminées gothiques qui s’élèvent encore à plus de quarante pieds de hauteur. Il reste encore quelques parties de murs à ogives d’une chapelle. On descend dans un souterrain fort large et dont la voûte est très hardie, d’où l’on passe dans un autre souterrain qui forme la croix : on ne peut savoir s’il conduisait plus loin. Il y a d’autres souterrains qui s’étendent dans la plaine, et que la tradition populaire fait aller jusqu’à Provins; mais on ne peut y pénétrer fort loin, parce que les lumières s’éteignent et qu’il y a des éboulements de terre. Tous les murs en grès étaient de plus de trois mètres d’épaisseur à la base; des pans d’une immense dimension gisent dans les larges fossés. Le côté Est est moins conservé que le côté opposé. Pendant la révolution (1793), les habitants des pays circonvoisins ont enlevé une grande quantité de pierres. On admire, dans des restes de salles, des peintures sur joint, qui datent de six cents ans. On voit, au milieu de la cour, un puits fort profond, construit en grès et de deux mètres de largeur. Il parait qu’il y a un souterrain qui y communique. Ces ruines majestueuses appartiennent à Madame la marquise de Saint-Chamans, de Bouchy-le-Repos. Où sont les superbes guerriers qui ont défendu cette forteresse, qu’ils croyaient imprenable ?
Du haut de ces tours gigantesques, ils défiaient leurs ennemis. Hélas ! Ils ne sont plus : on ignore même leurs noms. Leur oeuvre, toute magnifique qu’elle est encore, n’est toujours qu’une ruine. Elle a beau braver la main destructive du temps, elle présente toujours l’image de la caducité humaine.

Sources: Boitel, Alexandre-Clément. Recherches historiques, archéologiques et statistiques sur Esternay, son château et les communes du canton. Chalons 1850. BNF

Maison de Saint-Chamans
La maison de Saint-Chamans, originaire du Limousin, apparaît dès le 12e siècle. On croit que sa tige est un cadet de la maison d’Armagnac. Elle a donné un grand maître à l’ordre du Temple, des Templiers, et un autre à l’ordre de Saint-Jean de
Jérusalem. Les seigneurs de Saint-Chamans étaient si puissants qu’ils traitaient librement avec les rois de France et d’Angleterre. Sous Charles VIII et Louis XII. Ils étaient premiers chambellans de France.
Sources: Boitel, Alexandre-Clément. Recherches historiques, archéologiques et statistiques sur Esternay, son château et les communes du canton. Chalons 1850. BNF

Maison d’hospitaliers
Non loin de Champguyon (Marne) s’élevait une maison d’hospitaliers ou de l’ordre de Malte, dont : il ne reste aucun vestige. Elle relevait de la commanderie de Chevru, près Coulommiers ; tous les biens dont elle jouissait avaient été réunis à cette commanderie ; mais ils furent vendus en 1793 et 1794 avec d’autres biens, ainsi que le presbytère.

Sources: Boitel, Alexandre-Clément. Recherches historiques, archéologiques et statistiques sur Esternay, son château et les communes du canton. Chalons 1850. - BNF


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