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Quelques anecdotes trouvées ici et là concernant les Templiers et les Hospitaliers

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Anécdote N° (21)
11/03/2011

Puy-en-Velay, Chapitre 2

Département: Haute-Loire, Arrondissement et Canton: Le Puy-en-Velay - 43
Le Puy-en-Velay
1279 (1278 v. st.) 30 janvier (1)
« Ego Johannes Chalvos presbiter clericus Aniciensis ecclesie....
Imprimis animam meam concedo Domino Jesuchristo, corpori vero meo eligo sepulturam in cimiterio domus milicie Templi Aniciensis...
Item do et lego domui predicte Templi viginti libras podienses ad emendum debitale (2) per manus executorum meorum infrascriptorum ; de quo debitali volo et precipio quod magister dicte domus Templi faciat et facere teneatur annis singulis unum anniversarium X solidorum podiensium in die obitus mei pro anima mea et pro animabus parentum et benefactorum meorum, X sacerdotum, et quod dentur cuilibet sacerdoti X denarios podienses, et residuum X solidorum (3) capellariis et clericis seu diaconibus deservientibus missis dicti anniversarii distribuat.
Item volo et precipio quod residuum dicti debitalis ipsa die distribuatur in dicta domo ad mensam in victualibus inter fratres et donatos ac familiares dicte domus ; quas XXti libras podienses volo et precipio quod universitas clericorum Anicii, seu bajuli ejusdem, executoribus meis solvant et solvere teneantur pro dictis domibus meis, quas eisdem superius donavi....
Item do et lego Petro Moncia clerico, nepoti meo omnes libros meos.
Item domino Guillelmo Batifolet capellano Templi unum capucium meum de camelino cum pona....
Item operi ecclesie sancti Evodii v, solidos podienses.....
Item Repentitis de Valle v, solidos podienses...
Item fratribus de Penitentia (4) Aniciensibus v, soliclos podienses semel tantum do et lego. »

Il est donc avéré que l'établissement des Templiers au Puy, au moment du drame fatal qui amena leur destruction sous Philippe-le-Bel, jouissait depuis longtemps d'un état prospère. Ses hauts créneaux qui dominaient deux vallées ; ses murs, dont l'épaisseur (5) en impose encore lorsqu'on la mesure par l'ouverture de rares fenêtres laissant à peine percer le jour dans les bas corridors à voûte ogivale ; sa tour d'entrée, peut-être octogone (6), dont le pont-levis s'abattait sur le profond et large fossé formé naturellement par le Dolaison, faisaient de cette forteresse, ainsi que de celle de Saint-Jean, placée non loin de la Borne, les deux avant-postes les plus formidables et les plus propres à défendre la ville.

Ce n'était pas, à proprement parler, une commanderie ; c'était un prieuré (7) avec son maître ou précepteur, son chapelain, ses frères chevaliers, ses donats ou affiliés, et ses familiers ou domestiques (8), ainsi que le document numéro 4 nous l'a prouvé.
Toutes les commauderies du Velay relevaient de ce prieuré ; et, à son tour, il dépendait du grand-prieur de la province de Provence, qui siégeait à Montpellier.
En effet, à défaut du titre original, malheureusement perdu, nous lisons ce qui suit dans l'énorme in-folio (8) déposé aux archives de la Préfecture, que M. Adrien Lascombe a pris à tâche de publier :

« Accord fait entre Monseigneur de la Roue évêque du Puy et Révérend frère Chambarut, précepteur de la commanderie de Saint-Jean de Jérusalem du Puy. Ils ont accordé que le commandeur du Puy et de la maison de la Sauvetat (10) qui est et sera, reconnaitre à l'évêché du Puy la maison et Temple du Puy avec ses appartenances, la ville de la Sauvetat et appartenances, la maison et grange de Montredon (11), de Bessamorel (12), de Barlhels (13), Chantonne (14) et leurs appartenances, et tout ce que ladite maison et Temple ont dans la ville et diocèze du Puy ; ledit accord portant hommage, ensemble vidimé du susdit accord aussi en parchemin, est encore au livre (15) cotté A. 1. fol. 75. »

La Sauvetat
Département: Haute-Loire, Arrondissement: Le Puy-en-Velay, Canton: Landos - 43


Domaine du Temple de La Sauvetat
Domaine du Temple de La Sauvetat


En marge de ce compte-rendu, est notée la date et la matière du document : « 1270 en aout, parchemin. » On ne saurait donc douter de son identité avec celui de même date qu'analyse le Nova Gallia (16) ; d'où il résulte que l'évêque accordait, en même temps, la permission de faire bâtir auprès de la maison de l'ordre, à la Sauvetat, une chapelle dédiée à Notre-Dame avec cimetière pour les frères, ou chevaliers, et les domestiques.

Or, il est certain que dans cette charte, il ne s'agissait pas des Hospitaliers, mais des Templiers. Nous en avons, à coup sûr, la preuve dans deux autres pièces non moins intéressantes et qui nous sont fournies par le Nova Gallia lui-même.
Dans la première (17) on voit une transaction passée le 13 janvier 1273 (1272 v. st.), chez les Templiers du Puy, entre Guilhaume de Chambarut, précepteur de cette maison et Guillelmine de la Pierre, abbesse de Saint-Pierre-les-Chases.
Dans la seconde (18), c'est Jourdain de Cereys (19) précepteur, à son tour, de la maison du Temple du, Puy qui, se trouvant le 15 avril 1284 dans celle de la Sauvetat, renouvelle, au nom de cette commanderie, vis-à-vis de l'autorité diocésaine, le même acte de soumission qu'avait fait son prédécesseur.
Ce dernier titre, que Le Jeune a très-étrangement interprété (20), est surtout important, parce qu'on y voit les Templiers du Velay dépendants du maître provincial de Provence.
Aussi la ville de Montpellier est-elle désignée comme centre des assises de leur province, dans le procès poursuivi au château d'Alais, durant le mois d'août 1312, contre frère Bernard de Salgues (21) chevalier commandeur de Saint-Gilles, frère Raymond Segeri prêtre et frère Bertrand de Silva (22) chevalier de la commanderie du Puy (23).
21. Saugues, chef-lieu de canton, arrondissement du Puy.
22. Saint-Didier-la-Séauve.


Maintenant, si l'on cherche la cause première de cette confusion, qui non-seulement nous laisse un grand vide à combler, mais aussi de sérieux obstacles à aplanir, nous la trouverons dans le fait indiqué par Médicis ; c'est-à-dire que les chevaliers de Saint-Jean succédèrent aux Templiers du Velay dans la possession de tous leurs domaines. Ce fait, qui s'accorde entièrement avec les données générales de l'histoire (24), a pour garantie, en ce qui concerne notre contrée, bon nombre de titres analysés dans le Répertoire du Père Cazalède.
Nous citons comme exemple ce qu'il dit (25) en date du 10 septembre 1329 : « Transaction passée entre Messire Bernard évêque du Puy d'une part, et Pons de Montlor et frère Artau de Fayne, régent des commanderies de Saint Jean et maison de la Sauvetat, et frère Guillaume Somier procureur dudit ordre, et Sire noble Maurice de la Tour Seigneur de Saint Vidal, Hugon de la Guilhamine, baillie de la cour commune du Puy. »

Mais Cazalède ne sut pas se tenir assez en garde contre l'illusion que nous avons signalée ; et ce n'est qu'avec une extrême réserve que l'on doit accepter celles de ses conclusions (26) qui ont trait aux chevaliers de Saint-Jean, antérieurement à 1312.
Dom Denys de Sainte-Marthe commet aussi la même erreur en citant (27) deux pièces de l'an 1296 (1295 v. st.). Il se trompe en désignant Ponce de Fayne comme précepteur de l'ordre de Saint-Jean, tandis qu'il était l'un des plus célèbres Templiers de ce temps (28).

Vers le 9 octobre de l'an 1300, son successeur était Guy Aymard ; et celui-ci probablement ne fut pas le dernier précepteur de l'ordre dans le Velay, puisque d'après la déclaration (29) faite à Paris, aux inquisiteurs pontificaux, par Guy de Roche-Taillade (30), Gui Aymard, qui le reçut dans l'ordre, était mort au commencement d'avril 1311.
Cette déclaration est très-importante ; car on y mentionne la commanderie de Vauzelle (?) (31) et, de plus, on y constate que, dans l'église Saint-Barthélemy, des novices étaient admis à la profession, privilège qui n'était pas accordé aux simples commanderies.

Du reste, jusqu'à ce que de nouveaux documents viennent confirmer cette opinion, tout donne lieu de croire que le dernier successeur qu'eurent Armand d'Allègre (1263) ?, Raymond de Chambarut (32) (1270-1273), Malfred de Châteauneuf (1275) ?, Jourdain de Sereys (1284), Ponce de Fay (33) (1296) et Guy Aymard (1300), fut bien Bertrand de Silva ou de Saint-Didier-la-Séauve, cité plus haut.

Ne poussons pas plus loin nos recherches. Nous n'avons fait que soulever un coin du voile qui couvre l'histoire des Templiers du Velay, et cela suffit au but que nous nous sommes proposé. Nous venons de voir que, soit au Puy (34), soit à la Sauvetat (35), les Templiers, profitant du privilége à eux accordé par Alexandre IV (1254), avaient un cimetière attenant à chacune de leurs églises dans ces deux endroits.
Il est vrai que quatorze ans plus tard, des discussions s'étant engagées, sous ce rapport, entre eux et l'autorité diocésaine, le pape Clément IV, qui avait été évêque du Puy, régla qu'il leur serait permis de bâtir sur leurs terres des oratoires, et d'y enterrer les sujets de l'ordre, sans préjudicier cependant aux droits des curés. C'est ce qui semble devoir expliquer, en partie au moins, les différents accords ou transactions passées entre les évêques du Puy et les précepteurs du Temple Saint-Barthélemy, que nous venons de citer. Quoi qu'il en soit, il est désormais certain que l'endroit de l'église Saint-Barthélemy, désigné par Jean des Sauvages, comme sépulture de ses ancêtres, doit se trouver dans le cimetière attenant à l'église. Malheureusement, il nous a été impossible de découvrir la place exacte de ce précieux monument. Par des fouilles savamment dirigées, on pourrait, sans doute, retrouver non-seulement ce tombeau, si intéressant au point de vue de l'art par ses bas-reliefs et ses peintures, mais aussi plusieurs épitaphes qui enrichiraient beaucoup les documents, d'ailleurs si peu nombreux, sur les Templiers du Velay. En effet, nous trouvons déjà, presque deux siècles auparavant (1154), le droit de sépulture accordé à des maisons isolées, par exemple, au Temple d'Arles (36). Rien ne nous empêche de supposer que les Templiers du Puy existaient à cette époque. Nous voyons dans les archives du département un titre dans lequel Ponce, frère d'Armand, seigneur d'Allègre, accorde aux Templiers du Puy une indemnité pour réparer les pertes subies pendant la guerre qu'il avait faite au doyen du chapitre, Guy de Châteauneuf (37). Or, Guy de Châteauneuf mourut en 1232 (38), et c'est, par conséquent, avant cette époque, que les Templiers du Puy luttaient pour les évêques contre toute tyrannie féodale. Au reste, quoique les pièces nous manquent pour remonter plus haut, nous savons que déjà, au douzième siècle, d'autres maisons étaient établies dans le Velay (39) ; et dès lors, il faut supposer l'existence antérieure de celle dont toutes les autres relevaient.

D'après les documents que nous avons présentés, il est désormais acquis à l'histoire que les Templiers existaient au Puy au commencement du treizième siècle. Parmi eux se placerait naturellement le célèbre Hugues de Montlaur, maître de Provence. Nous pourrions ainsi revendiquer, comme une gloire de notre département, ce preux chevalier. Après avoir, dans la guerre contre le Maures, sous la bannière de Jacmes 1er, roi d'Aragon, attaché son nom à la conquête de Valence (28 septembre 1238), il serait peut-être venu au Puy un peu plus tard, avec ce grand prince élevé au château de Monzon, parmi les Templiers. C'est dans la ville du Puy que, au mois de juin 1243, Jacmes-le-Conquérant eut une conférence avec le roi saint Louis (40). Notre évêque Bernard de Montaigu, qui reçut les deux rois dans sa cathédrale, était lui-même neveu de Pierre de Montaigu, grand-maître du Temple (41).

Arrivons, enfin, à un dernier fait qui intéresse le monastère de Vals. On sait que les Templiers furent abolis par le concile œcuménique de Vienne (42), dont la première séance se tint le 16 octobre 1311 et la dernière le 6 mai de l'année suivante 1312. Bernard de Castanet, comme évêque du Puy, dut se trouver à Vienne pendant cet intervalle, et partant, ne put donner la règle de saint Augustin aux religieuses de Vals, le 16 mars 1312, ainsi que nos historiens l'avaient supposé. Mais il le fit plutôt à son retour ; ce qui s'accorde parfaitement avec les autres preuves chronologiques que nous avons déjà données.

Le tirage de notre dernier article était fini, lorsque nous avons eu la bonne fortune de découvrir dans les archives de la préfecture la pièce monumentale que l'on verra ci-après. Datée du 23 avril 1248, cette pièce a pour objet de décider par sentence arbitrale le différend qui s'était élevé entre les chevalier de Saint-Jean et le chapitre Saint-Agrève, auquel l'évêque Etienne de Chalancon avait accordé les droits de paroisse sur le faubourg de l'Ouche. Ce faubourg, à l'orient de la ville, était, pour ainsi dire, encadré par les deux voies qui, partant de la montée de Vienne et des maisons des Hospitaliers, aboutissaient respectivement aux portails du Pozarot et de Penavaire, situés dans l'ancienne muraille. C'est ce que l'on nomme aujourd'hui le quartier Saint-Jean.

Les chevaliers, seigneurs de cet endroit, ne voulurent pas reconnaître la cession des droits paroissiaux faite par Etienne de Chalancon à l'église Saint-Agrève. On voit par là une éclatante confirmation de ce que nous avons avancé à propos de l'ancien établissement de ces chevaliers au Puy ; et il nous paraît vrai de dire que ce faubourg, autant, que celui de Saint-Barthélemy, doit quelque importance aux approches d'une maison religieuse. C'est ainsi que Paris et Londres ont eu leurs célèbres quartiers du Temple. Notre pièce nous apprend encore deux noms, jusqu'à présent ignorés, des recteurs ou précepteurs ou baillis de Saint-Jean au Puy : Guillaume Dumont sous l'épiscopat d'Etienne de Chalancon (1220-1232) et Pierre de Seneujols (23 avril 1248) qui céda aux chanoines de Saint-Agrève la dîme qu'il percevait à Rochalbert Voici ce document.

Notes chapitre 2
1. Fonds Saint-Mayol, 123.
2. 20 sous.
3. C'est-à-dire 20 deniers.
4. Ces frères de la Pénitence, ou sachets, appartenaient peut-êtr e au même ordre que nos sœurs de la Pénitence, ou Repenties de Vals. Ils étaient alors très-favôrisés par l'évêque Guillaume de la Roue. Cf. Nova Gallia, II, 718.
5. Cette épaisseur est de 1m80.
6. Voyez Arnaud, II, 380. Rien n'autorise la comparaison que fait cet auteur entre l'église Saint-Barthélemy et la chapelle octogonale de Saint-Clair, si ce n'est l'abside vraiment octogonale du corps de l'église quadrangulaire, ainsi qu'il semble être démontré par une partie des fondements que nous avons mesurés avec l'aide de M. Schwab et de M. Camille Robert. Quant à l'âge de l'église, toute en pierre taillée, elle accuse dans sa façade, par un cintre à demi voilé, le style roman du douzième siècle.
7. Sur la distinction entre commanderie et prieuré, voyez Le Jeune.
8. Sur cette nomenclature, voyez Wilker, Geschichte des Ordens des Tempelherren, I, 355, et suivantes; Halle, 1868.
9. Répertoire général de tous les hommages et investisons qui se sont trouvés dans les archives de l'évêché du Puy, rendus aux seigneurs évêques depuis l'an 1154 jusques à présent, tiré de livres et liasses comme il est marqué par frère Jean-François Cazalède, jésuite, et écrit par M. Pierre Fargues, receveur des tailles, conseiller du roy, en l'année 1740 et 1741, par ordre de messire François de Beringhen, évêque, seigneur du Puy, comte de Vellay, etc.. C'est dommage que cette intéressante publication, inaugurée par le journal « La Haute-Loire » dans son numéro du 5 février 1870, n'ait pu se suivre. Puisse-t-elle honorer nos Tablettes, autant par la richesse de ses documents que par le talent illustrateur, de M. Lascombe.
10. Chef-lieu de commune, canton de Pradelles.
11. Commune de Saint-Just-près-Chomelix, canton d'Allègre.
12. Chef-lieu de commune, canton d'Yssingeaux.
13. Commune de Bournoncle, canton de Brioude ; ou de Connangles, canton de la Chaise-Dieu.
14. Chantoin, commune de Bains, canton de Saugues.
15. Ce livre a disparu.
16. Excerpta ex chronico Aniciensi et ex variis chartis de Guillelmo de Rota episcopo : « Guillelmus fratri Raymundo de Chambarone, praeceptori S. Johannis Aniciensis concedit ut juxta domum suam de la Salvetat, construere faciat capellam in honorem B. Mariae, cum cimiterio pro fratribus et familiaribus suis ; eidemque alia indulget privilégia, reservato sibi suisque successoribus homagio solito. M. CCC. LXX. mense Augusti. »
— Nova Gallia, II, Instrum., 236.
17. II, 452. « Item transigit Guillelma de Petra cum religioso viro fratre Raimundo de Chambarut, prœceptore domus militiœ Templi Aniciensis, nomine fratris Guillelmi de Menteyras sive Poget, ejusdem ordinis. Actum in dicta domo Templi Aniciensis anno 1272, die Veneris in festo S. Ilarii. » Nous ignorons quelle charge alors occupait, dans l'ordre, le chevalier Guillaume Pouget, né à Menteyras, commune de la Foraine d'Allègre. Probablement, il se trouvait à la tête de quelque commanderie du Velay, au sujet de laquelle accord fut passé en 1263 entre ladite abbesse Guillermine et le chevalier Armand d'Allègre.
— Cf. Nova Gallia, ibid.; Le Jeune, Opuscule cité, II, 69.
18. II, 719 : « Eo (Guidone IV. episcopo mortuo vel cedente, Casto de Cornon canonicus et prœcentor ecclesiœ Aniciensis, administrator fuit bonorum temporalium ejusdem, sede vacante, una cum abbatibus Secureti et S. Pétri de Turre ac Johanne de Barone canonico Aniciensi ; et hoc nomine transegit cum fratre Jordane de Cereys prœceptore domus militiæ Templi Aniciensis pro domo de Salvitate. Actum apud villam de Salvitate, die sabbati post festum Resurrectionis Domini, anno Domini M. CC. LXXXIV. Quam transactionem confirmavit Pontius de Broeto, magister domorum militiœ Templi in Provincia. »
19. Commune de Saint-Jean-de-Nay, canton de Loudes.
— Il ne faut pas oublier que, pour être chevalier, il fallait être noble. La charge de précepteur ou bailli n'était ordinairement conférée qu'aux membres de familles illustres.
20. II, 82. « En Provence, Ponce de Broet, qui approuve une transaction faite en faveur des chevaliers de la Salvetat par frère Jourdain de Cereys, commandeur de Nice en 1284. Cereys est une ancienne famille du Velay, qui tire son nom d'un château, où l'on voit encore les débris d'un temple dédié à Gérés. »
— Le Jeune a eu la simplicité de traduire Anicium (le Puy) par Nice. Cela, ce nous semble, explique comment Wilcke, dans sa savante Histoire des Templiers (édition cité, II, 20), en faisant l'énumération des villes principales où résidaient ceux de Provence, ne fait aucune mention du Puy, tandis qu'il y fait entrer Nice.
21. Saugues, chef-lieu de canton, arrondissement du Puy.
22. Saint-Didier-la-Séauve.
23. Histoire générale de Languedoc, IV, 141 ; Paris, 1742.
24. Bulle « Ad providam » de Clément V, 12 mai 1312.
25. Folio 162, recto. — Cf. fol. 98, recto.
26. Voir folio 154, verso : « 1273. Permutation entre le commandeur de Saint Jean et l'abbé de Monastier. »
— Folio 54, recto : 1275 en parchemin: « Remission faite par Adhémar et Guilaume, père et fils à frère Malfrait de Chateau-neuf commandeur de Saint Jean du Puy des freres (sic) du chateau de Beaudiné et Montregard pour le payement de six cens cinquante livres ; dans lequel acte Messire Guilhaume évêque du Puy se rend caution ; et en même temps par ledit acte, ils lui ont fait hommage de ces chateaux. »
— Folio 158, verso : « 1305. Transaction entre le seigneur évêque du Puy et le commandeur de Pebulit (liser Pebelit), lous Paudraux (liser Pandraux) et lous Roussilious et de tout ce qu'il a à Saint Germain Laprade. »
CC. XCV. mense Januario. — Guigo de Novavilla cum prœceptore domus hospitalis Sancti Johannis de Jerusalem extra muros Anicii transigit mense Januarii
anno M. CC. XCV. »
27. II, docum. 238 : « Johannes cardinalis transigit nomine Guidonis (episcopi) cum fratre Pontio de Fayno prseceptore Sancto Johannis Aniciensis M.
28. Le Jeune, II, 107.
29. « Die Veneris, 2. Aprilis... frater Guigo de Ruppe Talhata presbiter, preceptor domus Templi de Drulhi diœcesis Ruthenensis, testis suprajuratus, xxx, annorum vel circa, mantellum deferens, cum quo inquisitum fuerat, absolutus et reconciliatus (perdnum epum ?) Ruthenensem, lectis et expositis arliculis..... Dixit enim se fuisse receptum circa instans festum beati Dionisii, erant x, anni in capella domus Templi Aniciensis per fratrem Guigonem Ademari militem quondam, presentibus fratribus Bernardo Usclas (pbro ?), Guillelmo preceptore de Bocelis, Guillelmo de Castro Novo commorante in dicta domo et Johanne l'Alvernhatz servientibus, de quorum vita vel morte non habet certitudinem, etc. »
Procès des Templiers publiés par M. Michelet, membre de l'Institut, II, 154 ; Paris, imprimerie nationale, 1851.
30. Ancienne rue du haut Puy.
31. Commune de Josat, canton de Paulhaguet.
32. Nommé tantôt Chambaron, tantôt Chambarut, par des interprètes qui n'ont pas fait preuve d'habileté dans l'art de lire les anciens documents, nous croyons qu'il tira son nom de la Champ de Baraud, commune de Queyrières, canton de Chapteuil.
33. De Latour-Maubourg. D'après Arnaud (I, 188), il était fils puîné du seigneur de Chapteuil.
34. Document 4.
35. Document 5.
36. Le Jeune, II, 69.
37. Fonds Saint-Mayol, 149 : Item dono et lego hominibus dell Erm et de Chalconiac Aniciensis diocesis centum libras podienses, de quibus, secundum quod fieri poterit volo et precipio quod emendetur unicuique ipsorum hominum illud quod juramento suo dixerunt amisisse in illo forisfacto quod feci eisdem tempore et occasione guerre, quam habui cum Guigone de Castro Novo quondam, decano Aniciensi. Et domo milicie Templi Aniciensis dono et lego CCC, solidos podienses, pro emenda corum, que in eodem forisfacto Templarii ejusdem domus se asserunt amisisse. » Ce testament porte la date de l'an 1252 (1251 v. st.), vendredi avant l'Epiphanie (5 janvier)....
38. Nova Gallia, II, 742.
39. Histoire générale de Languedoc, III, 45. — Camp. Nov. Gall., I, 195.
40. Marca Hispanica, 529 ; Paris, 1688. En fournissant ce titre, dont l'authenticité est incontestable, Baluze a rendu un éminent service à l'histoire générale de France. M. Chassaing, dans ses notes à Médicis (page 211), a savamment prouvé que la seconde arrivée de saint Louis, au Puy, eut lieu du 9 au 11 août 1254. L'erreur de Gissey (I. III, chapitre 13), qui signale le mois de juin comme époque de cette arrivée, ainsi que celles de Brussel et de Médicis, qu'a très-judicieusement critiquées M. Chassaing, s'expliquent aisément si l'on admet que nos chroniqueurs ont confondu les dates de la première venue et de la seconde. D'après Médicis, saint Louis logea chez Pierre Chambafort. Le testament (1) de Catherine, vicomtesse de Polignac et baronne de Bouzols, daté du 18 avril 1332, montre l'emplacement de cette maison : in domo Petri Chambaforti burgensis Anicii, in carreria Montis-Ferrandi, in fornello in quo dicta domina testatrix inhabitat.
41. Nova Gallia, II, 714.
42. La vraie bulle d'abolition « Vox in excelso » donnée par Clément V, sacro approbante concilio, le 22 mars 1312, a été inconnue jusqu'à nos jours à la plupart des historiens qui, par suite, se trompent en assignant tantôt une date antérieure, tantôt postérieure à cet événement. Cette bulle fut cependant publiée par Villanueva dans son Viaje literario à las iglesias de Espana (tom. V, append.; Madrid, 1806). Elle a été reproduite naguère, avec de savants commentaires, par la Civilta cattolica (ser. vi, vol. VII ; Rome, 1866, juillet-septembre).

Sources : Fidel Fita S. J.. Tablettes historiques de la Haute-Loire, 1870-1871, pages 193 à 207. Le Puy 1871. - BNF


Anécdote N° (22)
11/03/2011

Puy-en-Velay, Chapitre 3

Département: Haute-Loire, Arrondissement et Canton: Le Puy-en-Velay - 43
Puy-en-Velay
Suite étude critique
1248, samedi avant les Rogations (23 avril). (1)
Nos Poncius de Glavenatio (2) canonicus thesaurarius et bajulus Aniciensis, notum facimus universis presentibus pariter et futuris, quod cum causa esset seu controversia inter capitulum sancti Agrippani Aniciensis et cappellanos ipsius Ecclesie curam animarum habentes ex una parte, et Willelmum de Monte (3) tunc preceptorem et fratres hospitalis sancti Johannis Jherosolimitani Aniciensis ex altera, super perrochianatu vel jure perrochiali Ouche quam vocant Ouchasancti Johannis et hominum in ea commorantium, que contiguatur ex una parte cum domibus dicti hospitalis et extendit se usque ad portale de Posarot, extra et usque ad viam qua itur ad portale de Penavaira inter duas vias dictorum portalium, et usque ad viam qua itur a superiori parte ad domum ViLalis Martini : — dicebant enim canonici, capitulum et cappellani curati ecclesie sancti Agrippani, perrochianatum et jus perrochiale dictorum hominum, vel dicte Ouche ad se pertinere ex collatione venerabilis patris, bone memorie, Stephani quondam Aniciensis episcopi ; et ad hoc litteras sigillo suo sigillatas inducebant : — preceptor vero sive rector et fratres dicti hospitalis e contrario opponebant quod collatio a domino Stephano Aniciensi episcopo, ecclesie sancti Agrippani facta non valebat ; ex eo quod, cum dicta Oucha sit de pleno dominio seu senioria ecclesie sancti Johannis, non poterat perrochianatum vel jus perrochiale dicte Ouche ecclesie sancti Agrippani aliquatenus conferre sine licentia eorumdem. Tandem, cum super hoc esset primo in curia Aniciensi, et postmodum in curia Romana a partibus diutius litigatum, compromisit utraque pars libere et sine omni conditione et retentione, non coacta sed spontanea, per se et successores suos in dictis domibus seu ecclesiis in futurum instituendos, quelibet sub pena centum librarum podiensium super hoc stare et parere dicto nostro arbitrio seu mandato.

Nos vero, auditis positionibus, responsionibus, et diligenter inspectis rationibus utriusque partis, habito prudentum virorum consilio, dictum nostrum arbitrium seu voluntatem nostram tulimus in hunc modum : videlicet, quod canonici, capitulum et cappellani curati ecclesie sancti Agrippani quittent, cedant, remittant, per se et successores suos, quicquid juris habebant, vel habere poterant, in perrochianatu vel jure perrochiali dicte Ouche et hominum ibidem nunc et in futurum commorancium, ecclesie hospitalis sancti Johannis Jherosolimitani Aniciensis, et ipsi hospitali et successoribus suis, predicta ratione, vel quocunque alio modo ; et renuntient donationi seu collationi, quam dicitur dominus Stephanus quondam Aniciensis episcopus ecclesie sancti Agrippani fecisse. Quod, Capitulum et Canonici Sancti Agrippani, scilicet Rotbertus Alazardi, Petrus de Chantamerle (4), Stephanus de Busilio (5), Petrus de Scabrin Lugdunensis, et cappellani dicte ecclesie, scilicet Willelmus de Maizonil (6) et Stephanus Girardi, in nostra presentia conslituti, incontinenti hunanimiter et concorditer omnes et singuli fecerunt.

Item arbitrati fuimus quod capitulum et canonici ecclesie sancti Agrippani Aniciensis, qui pro tempore fuerint, habeant, teneant et possideant, vel quasi, nunc et in perpetuum sine contradictione et inquietalione alicujus, decimam, quam ecclesia sancti Johannis Jherosolimitani Aniciensis, hospitalis, et rector et fratres ipsius hospitalis consueverunt habere, recipere et possidere, vel quasi, in villa et toto tenemento de Rochalber in heremo (7), et vestito cum pertinenciis suis, et cum omni jure suo utili vel directo ; et quod in dicta decima, ecclesia hospitalis predicti et rector et fratres ipsius hospitalis, vel in parte ipsius decime et pertinentiis ejusdem, nichil de celero petant, nec capitulum et canonicos sancti Agrippani per se vel per alium non molestent ; et quittent, cedant et remittant quicquid juris in dicta decima habebant, vel habere poterant aliqua ratione.

Qui incontinenti, decimam cum omni jure et pertinenciis suis, preceptor et fratres dicti hospitalis pura et mera liberalitate capitulo et canonicis dicte ecclesie sancti Agrippani recipientibus donaverunt ; et ipsam decimam cum suis pertinenciis penitus quitaverunt ; et de evictione et re habere licere, in nostra presentia constituti, capitulo sancti Agrippam et successoribus suis fideliter et hunanimiter niehilominus promittentes pleniter resarsire.

Item arbitrati fuimus quod utraque pars, quantis posset viribus, niteretur per se et majores suos quod omnem diligentiam adhiberet quod dictum nostrum mandamentum, arbitrium nostrum, nunc et in perpetuum servaretur et robur obtineret perpetue firmitalis ; et hoc bona fide, et hoc sine omni machinatione utraque pars fideliter repromisit, et omnem firmitatem per majores suos faceret quam Nos vel alius jurisconsultus consuleret faciendam.

Item diximus quod utraque pars rem sibi per Nos, ut superius dictum est, adjudicatam propria auctoritate posset libere nansisci.

Quod dictum nostrum arbitrium, mandamentum, volunlatem nostram, prout superius dictum est utraque pars acceptavit ; et omnia predicla et singula rata et firma habuit, et nunquam contravenire bona fide promisit.

Actum in chesia sabbato ante Rogationes (8) anno Domini M° CC° XL° octavo, presentibus Nobis, assistente magistro Willelmo de Vernassals (9) gerente vices Raimundi Matthei judicis et officialis Aniciensis auctoritate (sic) nobis prestante, Mathya presbitero, Willelmo de Rocha et Willelmo de Villanova clericis Aniciensibus, Johanne cappellano sancti Johannis Jherosolimitani, Petro Pereti, Mattheo Malmorcel, Blanco Baucha, Johanne Pointier, Bertholome (sic) Cortes, Petro Ricardi, et Willelmo sancti Vitalis (10).

In cujns rei testimonium, memoriam et perpetuam firmitatem ad instanciam et requisitionem utriusque partis fuit liec presens carta sigillis Aniciensis curie, — Poncii de Glavenatio thesaurarii et bajuli Aniciensis, — et Petri de Seniol (11), qui snccessit dicto fratri Willelmo in preceptoria seu bailia dicti hospitalis sancti Johannis Ierosolimitani Aniciensis, de consensu fratrum suorum, — et capituli sancti Agrippani Aniciensis sigillata.

De ces quatre sceaux il ne reste que les deux premiers, dont le second a pour légende : S. P. DE GLA[vanat bajul. a]NICIEN.
Le premier etait en tout semblable a celui de l'an 1200, qu'on a vu ailleurs (12). Il ne conserve de ses deux legendes (sceau et contre-scel) que : (Sigillum cur)IE : ANICIENSIS
SALVE : SAN(cta paen)S.

Ce sceau, disons-le encore, est de l'an 1248. Nous avons là au coutre-scel, par conséquent, le type de l'effigie de Notre-Dame du Puy pendant la première moitié du treizième siècle. La Vierge porte l'Enfant sur le bras gauche, et tient en main le sceptre surmonté d'une fleur de lis.

C'est à ce type et à cette époque qu'il faut rattacher les images en plomb ou enseignes de pèlerinage que faisaient fabriquer les maîtres de l'Hôtel-Dieu du Puy, en vertu d'un acte épiscopal à la date de l'an 1210, et dont le spécimen a été d'abord publié par M. Aymard (13), puis par M. Mandet (14). Ce dernier auteur ajoute (15) que c'est en 1165 (liser 1265), onze ans après le pèlerinage de saint Louis, qu'on remarque le premier changement dans les sceaux du chapitre. Il se fonde apparemment sur cette phrase de Gissey (16) :
« Et pour confirmer davantage ce que je dis de la venue de cet Image, ie diray auoir veu un seel fort ancien du chapitre de Nostre Dame du Puy, en deux hommages et recognoissances faictes audit chapitre de l'an 1263, huit ou neuf ans apres le retour de sainct Louys, par Iausserant, seigneur d'Usson, et l'autre de l'an 1266 par Guillaumme de Bassia son successeur, où l'on y void relevee en cire l'Image de Nostre Dame, toute différente de celle d'aujourd'huy, estant assise comme dans un trhosne portant son Fils au bras droit, et de la main gauche un sceptre avec une fleur de lys au bout, et l'Enfant une semblable en sa gauche. »
On voit par là qu'en 1263, après la seconde visite de saint Louis (9-11 août 1254), le type de l'image n'était plus le même qu'en 1248. La Vierge, au lieu de porter l'Enfant divin sur le bras gauche, le porte sur le bras droit. Ce fait est confirmé par un parchemin des archives départementales (17)daté du mercredi 3 octobre 1286, auquel est appendu le sceau du chapitre (18) parfaitement conservé. D'autres sceaux de la seconde moitié du treizième siècle, portant le même type, se trouvent, soit aux mêmes archives, soit dans celles de l'Hôtel-Dieu ; quant à ceux de l'officialité ou de la cour ecclésiastique, on voit qu'à partir de cette même époque le contre-scel n'est plus en usage. Ce fait, que jusqu'à présent personne n'avait signalé, ouvre un nouveau champ aux recherches sur la forme qu'avait la véritable statue donnée par saint Louis. Nous ne pousserons pas au-delà nos recherches, faute de temps pour analyser tous les documents nécessaires ; mais, assurément, de ce que nous venons d'exposer, nous pouvons conclure que cette forme n'était pas celle de la Vierge portant l'Enfant au giron. Nous ne connaissons pas d'autre sceau avec cette effigie plus ancien que celui publié par M. Aymard (19). Or, il est du seizième siècle, ou tout au plus du quinzième.
Notes Suite étude critique
1. Fonds Saint-Agrève LXXX.
2. Glavenas, commune, canton et arrondissement d'Yssingeaux.
3. Mons (?) comm. près le Puy, dont le château seigneurial existe encore.
Nous avons constaté qu'avant le quatorzième siècle, Vals (Valles) est toujours désigné sous le nom de Val (Vallis).
4. Commune de Chaudeyrolles, canton de Fay-le-Froid.
5. Boussillou, commune de Saint-Germain-Laprade, canton du Puy.
6. La Maisonial, commune de Tence, ou peut-être Mezonnial, commune de Férussac, canton Pinols.
7. Roche-Aubert, commune d'Estables, canton de Fay-le-Froid.
8. Le dimanche des Rogations est le cinqiuème apres Pâques.
9. Vernassal commune, canton d'Allègre.
10. Saint-Vidal, commune du canton de Landes.
11. Senenjols, commune du canton de Cayres.
12. Tablette, pagages 7, 8 et 49.
13. Congrès scientifique de France, vingt-deuxième session tenue au Puy en septembre 1855, tome II, 626 ; Paris, 1856.
— La médaille des Chaperons blancs, publiée par le même auteur (ibidem, 623), offre un type ressemblant, mais plus ancien.
14. Opuscule cité, II, 195.
15. Opuscule cité, 196, notes.
16. L. II, chapitre 7.
17. Fonds Saint-Vosy VIe XX (620).
18. Voici sa légende : SIGILLVM CAPITVLI BEATE MARIE ANICIENSIS.
19. Fonds Saint-Vosy VIe XX (611).

Sources : Fidel Fita S. J.. Tablettes historiques de la Haute-Loire, 1870-1871, pages 193 à 207. Le Puy 1871. - BNF


Anécdote N° (23)
20/03/2011

Val-de-la-Haye

Département: Seine-Maritime, Arrondissement: Rouen, Canton : Saint-Martin-de-Boscherville - 76
Val-de-la-Haye
Après Biessard, dont il a été dit un mot à propos de l'excursion de Quevillon, et qui est encore un hameau de Canteleu, le bateau de La Bouille fait escale au Val-de-la-Haye, l'une des plus coquettes stations du parcours.

L'histoire du Val-de-la-Haye est fort intéressante. Le village avait déjà une certaine importance dès le VIIIe siècle, et les rois d'Angleterre, ducs de Normandie, y venaient volontiers en villégiature au XIIe siècle.
Selon M. l'abbé Tougard, le nom de Haye, qui signifiait, au Moyen-Age, enclos pour la chasse, fut donné à cette localité parce que Guillaume-le-Conquérant y avait bâti un manoir entouré d'un parc. C'est ce manoir, agrandi par Henri Ier et désigné sous le nom de Sainte-Vaubourg, qui fut par lui donné aux Templiers en 1173.

La commanderie de Sainte-Vaubourg prospéra et était l'une des plus florissantes de l'ordre du Temple quand s'ouvrit, sous Philippe-le-Bel, le procès qui se termina par la spoliation des biens de cette puissante institution.

Le débarcadère du bateau de La Bouille est en aval d'une très vieille maison du XVe siècle ; c'est plus loin, à la station dite de Couronne, que l'on rencontre la route qui monte à l'église du Val-de-la-Haye. Le presbytère est à droite, le château moderne, à gauche. En continuant de gravir la petite côte, on voit ce qu'il subsiste de l'ancienne commanderie de Sainte-Vaubourg.
Une partie de la ferme actuelle est une construction du XIIe siècle ; dans la cour, on remarque une belle et vaste grange, bâtie sous Saint-Louis, et où le clergé de la contrée enfermait les produits de la dîme. L'intérieur en est partagé en trois nefs par des piliers de bois.
Tout au sommet du coteau, on a, à droite et gauche, une magnifique route, ombragée de grands arbres et sur laquelle descend une pelouse gazonnée.

Grange dîmeresse, au Val-dela-Haye
Grange dîmeresse, au Val-dela-Haye
Dans le bois de la Commanderie, qui confine à la forêt de Roumare, on trouve des bornes de pierre où l'on distingue encore les armoiries des commandeurs.

Si l'on redescend vers la Seine, dans la direction du courant, on arrive auprès d'une autre station du bateau de La Bouille, celle de Couronne, dont il vient d'être parlé, près de la colonne commémorative érigée par souscription le 15 août 1844. Elle marque l'endroit où, le 9 décembre 1840, les cendres de Napoléon Ier, ramenées de Sainte-Hélène par le prince de Joinville, touchèrent pour la première fois le sol français. C'est un monument d'ordre dorique, surmonté d'une aigle de bronze aux ailes à demi-repliées.

Le Val-de-la-Haye a conservé une légende sur Sainte-Vaubourg, fille d'un chef normand nommé Richard.
Elle avait l'habitude de traverser la Seine pour se rendre en prière à l'église de Grand-Couronne, et toujours les flots s'écartaient devant elle, la laissant passer à pied sec.

Un jour, elle se croisa sur la berge avec une bande de soldats qui entraînaient au gibet un malheureux condamné à mort. Le pauvre diable implora sa compassion ; elle s'arrêta et demanda pourquoi on le voulait pendre.
— C'est, lui dirent les soldats, un misérable qui s'appropriait le bien d'autrui.
— Oh bien ! Répondit-elle, que justice soit faite. Et elle continua sa route.
L'homme fut pendu ; mais le soir, quand la trop peu compatissante Vaubourg, revenant de Couronne, voulut franchir le fleuve comme elle en avait l'habitude, l'eau continua de couler, et le miracle ne se renouvela plus.
Il y a, sous cette fiction ingénieuse, une assez jolie leçon de charité.

Sources : Müller, Louis. Autour de Rouen, page 148 à 150. Rouen 1890 - BNF


Anécdote N° (24)
03/04/2011

Vicomtes de Saint-Antonin

Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Commune: Saint-Antonin-Noble-Val - 82
Saint-Antonin-Noble-Val
La Décadence des Vicomtes de Saint-Antonin
Appauvris par leurs expéditions outre-mer, diminués moralement peut-être par la concession des coutumes, les vicomtes de Saint-Antonin virent bientôt pâlir leur étoile ; ni la haute fortune de leur frère Raymond, évêque de Toulouse, ni la gloire littéraire du troubadour Raymond-Jourdain, fils de Guillaume-Jourdain, ne purent arrêter la décadence.

Dès 1155, ils durent bailler en fief honoré une notable partie de leurs droits à Guillaume de Fontanes et à Humbert de Fontanes, frères, et aux fils de ce dernier. Quand les vicomtes eurent fait le partage de leurs biens, les frères Fontanes reconnurent à Pierre, l'un d'eux, 11 albergues de chevalier et 45 sols d'acapte, et à Isarn 4 albergues de chevalier et 45 sols d'acapte seulement. Remarquons que le droit d'albergue consistait à se faire défrayer avec chevaux une fois par an chez les vassaux, et l'acapte était un droit à payer en argent à la mort des vassaux. La part de Guillaume-Jourdain fut nulle dans ce partage, soit qu'il eût été déjà indemnisé, soit parce qu'il avait épousé l'héritière des Paris, seigneurs de Parisot. La reconnaissance de ces droits avait eu lieu au mois de juin 1155, et c'est le 2 août que se fit le partage des possessions vicomtales (1).
1. Inventaire Philippy.
Cependant, le vicomte Isarn fit encore figure pendant quelque temps, car, le 1er octobre 1180, il fut témoin à l'acte par lequel Raymond, comte de Toulouse, fils de Faidite, prit sous sa protection Pierre, abbé d'Aurillac, contre les habitants, et que celui-ci céda en retour ses droits sur Tonnac, et sur le four de Puycelsi (2).
2. Histoire de Languedoc, VIII, 344-345.
Cependant, la dépossession avait déjà commencé.
La fortune se retira des vicomtes comme aussi des chanoines, et elle passa aux Templiers de Vaour qui s'étaient établis vers 1145. A partir de ce moment, c'est à ces derniers que vont les donations ; les chanoines impuissants leur cèdent la défense de leurs terres et leur en confient l'exploitage, avec quelques réserves.

Peu à peu les vicomtes font vente au Temple de leurs biens, ou bien ils ratifient les cessions antérieures. C'est ainsi que, en 1182, le vicomte Frotard et son frère Sicard confirment la vente de leurs terres, pâturages, abreuvoirs, cabanes et bois, pour la somme de 300 sols melgoriens. Cette somme, qui, comme d'autres, fut dissimulée sous le nom d'aumône, leur fut payée, à la côte de Parriac, en face de Bonne.

Au mois d'avril de cette même année, quand Armand de Penne abandonna la dîme de Cogusac et celle des Albis, le vicomte Isarn dut consentir à cette donation, à cause des droits qu'il avait sur ces redevances.

Au mois de mai, le même vicomte ratifia toutes les acquisitions faites par les Templiers, dans ses terres, pâturages, fontaines, cabanes, usage des bois par les bergers, et il reçut de ce chef une somme de 200 sols melgoriens, à titre de charité, que, dans la rue de Penne, lui donna Fortz Sans, maître de la commanderie de Vaour.

Au mois de décembre 1184, le vicomte Sicard, pressé vraisemblablement par le besoin, céda aux Templiers ses droits sur Castres et sur les biens acquis des chanoines ; il céda aussi ses droits sur ses bois, fontaines et pâturages, même sur les bêtes sauvages du masage de l'Olmet, et il reçut sans honte 200 sols melgoriens.

C'est le besoin d'argent qui obligea Isarn IV à aliéner, le 22 février 1197 (1198) le grand pré, dit vicomtal, qui longe la Bonnette ; il reçut de ce chef 2000 sols cahorsins que lui payèrent les consuls mentionnés ici pour la première fois. Furent témoins : S. de Paris, Guillaume de Granoillet, fils de R..., R. de Cregoalla (Cargoale), et autres encore. La preuve de la détresse du vendeur se prouve par le fait de dégager un prêt de 200 sols assis sur ce pré, et dont il était redevable aux banquiers ou usuriers : et outra aquetz II M sols, feiro lo assolve de CC sol que ell devia allz peingnaters acui ell n'avia
empeignat aquest prat.


La famille comprenait les membres suivants : Isarn IV, Frotard, son frère, mort peu après, Isarn V, fils de Frotard et de Bertrande de Caussade, Armant, vicomte, et Pierre, son frère, créancier de l'évêque d'Albi pour la monnaie, et Adhémar Jordas (Aymar Jourdain), leur cousin, qui était fils du troubadour.

Il est vrai que, le 4 octobre 1185, le vicomte Isarn céda à Raymond, Raymonde et à Raymond Isambard les biens qu'il avait à Négousas, et cela par bienveillance ou amitié (3).
— Témoins : Bertrand de Granolhet, Jean de Fontanes.
3. Inventaire Philippy. — Les actes de vente des possessions vicomtales se trouvent dans Cabié, Le Cartulaire des Templiers de Vaour.

Frotard, devenu chef de famille, avait épousé Bertrande de Caussade. Celle-ci vendit à Ratier, fils de Ratier, vicomte, le 6 des nones de juillet 1198, dans la galerie du château de Caussade, les droits que, du chef de sa femme, ce dernier avait à Caussade et sur le territoire de la paroisse de Saint-Cirq. A cet acte, et pour en souligner l'importance, furent présents : Amiel de Penne, Olivier, son frère, Rocafors, Mafre de Penne, G. del Cause, Peyre Armand, plus vingt-cinq autres personnages, et R. Marcandairus qui écrivit l'acte, et R. Begon, qui le dicta (4).
4. Archives de Saint-Antonin, DD16. Teulet. Layettes, I, 196. — Publié par Clovis Brunel. Chartes en provençal page 312.

Au mois de juin 1166, indiction 14, Alexandre III étant pape, et Louis VII, roi, le vicomte Flotard fut présent à la donation que fit Pierre Verrouls, à Géraud, abbé de Beaulieu, de trois domaines ou masages de Saint-Journet, Guillaumens, Charrens, situés en la paroisse Notre-Dame de Servanac, où il avait le quart des oublies, esplèches, services, vicairie, mondanie, donnant au mois de septembre une rente de cinq setiers froment et cinq setiers mixture. Il est vrai que par un dernier testament le dit- Pierre Verrouls donna tous les droits susmentionnés aux charités de Saint-Antonin.
Je n'ai pas tout copié de cette étude, c'est juste pour les Templiers de Vaour et les quelques noms de lieux cités. Vous pouvez lire la suite à la BNF

Sources : Le Chanoine Firmin Galabert. Bulletin archéologique, historique et artistique de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, page 27 et suivantes. Tome LXII, année 1934. Montauban 1935 - BNF


Anécdote N° (25)
14/06/2022

Itinéraire, 77

Département: Seine-et-Marne, Arrondissement: Fontainebleau, Canton: Château-Landon - 77
Itinéraire, 77
De Sully-sur-Loire à l'orée de la forêt de Bière
Jusqu'à Bellegarde (20 km au plein nord de Sully) aucun problème : c'est à partir de là, on l'a vu, que les avis divergent, la thèse du trajet direct par Melun infléchissant l'itinéraire plus à l'ouest. S'il faut abandonner cette thèse, ainsi qu'on le pense généralement, et chercher un peu plus à l'est, d'autres suppositions sont offertes.

Trois auteurs (1) proposent les étapes suivantes : Château-Landon atteint par une ancienne voie celtique (2), La Chapelle-la-Reine par « le grand chemin de Bourgogne », Ury, Fontainebleau, Avon. L'un de ces auteurs, Eugène Plouchart, est plus précis que les deux autres (3).
A partir de Bellegarde, il fait passer l'itinéraire par Ladon, Le Temple, d'où, avant le XIVe siècle, les Templiers assuraient la sécurité des routes proches de pèlerinage, et Grand-Gasson, un peu en aval de Château-Landon. Entre Landon et Le Temple et Grand-Gasson se trouvait un ancien chemin presque en ligne droite (4) que les premiers Capétiens avaient longtemps entretenu pour faciliter leurs déplacements vers Lorris-en-Gâtinais, important centre rural plus au sud : le Gâtinais ayant été réuni au domaine royal en 1068.

A Grand Gasson la petite troupe rejoignait « le grand Chemin » Paris-Lyon. Mais elle devait se porter vers le nord-ouest pour éviter Nemours, tenue par les Anglais.
1. Abbé Casimir ROUETTE, Itinéraire de Jeanne la Pucelle, Vulaines-sur-Seine, 1894, 2 vol.
– Eugène PLOUCHART, Jehanne à Fontainebleau, ivi, 1929.
– Marie-Paule RENAUD, op. cit., page 70.
– L'abbé ROUETTE intercale deux étapes, à Gien et à Montargis, entre Sully et La Chapelle-la-Reine. Mais on peut écarter ce détour qui rallonge l'itinéraire, inutilement semble-t-il. Après Fontainebleau, l'abbé fait passer la Seine par Jeanne d'Arc au pont de Samois : puis, de là, place l'arrivée à Melun ; ce qui, nous l'avons vu, n'est pas vraisemblable.
2. Les Anglais s'étaient retirés de Château-Landon en 1427. Georges PEYRONNET, L'action des combattants de l'ombre de la guerre de Cent Ans à l'heure du plus grand péril (1420-1429), Bulletin de l'Association des Amis du Centre Jeanne d'Arc, Orléans, n° 24, 2000, page 21.
3. PLOUCHART, op. cit., pages 15-6 et 20.
4. Cf. la carte en couleurs de l'Institut Géographique National au 1/100 000, série verte, n° 21, Paris-Montargis.

Sources : Connaissance de Jeanne d'Arc (Chinon, Indre-et-Loire). Chinon 2006. - BNF


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